Je suis un bâtard mais tu es pire – Tome 1 – Chapitre 13

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Chapitre 13 : Les fous ne cessent jamais de marcher

Point de vue Sullivan Nommes

« Merde ! Merde ! Pourquoi, pourquoi est-ce arrivé !? »

Mon nom est Sullivan. Je suis le prince héritier de ce royaume… non, je l’étais.

L’autre jour, à cause d’une série d’erreurs et de malentendus, on m’avait retiré de ma position de membre de la famille royale et j’avais fini par devoir me marier dans la famille d’un baron sans le sou dans la cambrousse.

J’étais dans la chambre qui m’était assignée au manoir des Nommes, écrasant une lettre que je venais de recevoir.

Cette lettre était la réponse d’un ami de la capitale après que je lui avais demandé de m’aider à retrouver mon titre de prince héritier.

J’avais envoyé quinze lettres de ce type, mais je n’avais reçu que trois réponses.

Elles disaient toutes la même chose : « Je ne peux pas vous aider. »

« Pourquoi… pourquoi !! Pourquoi personne n’essaye de m’aider ! ? Leurs serments de loyauté étaient-ils tous faux !? »

Tous mes amis m’avaient offert leur loyauté : c’était des camarades avec lesquels j’avais juré de rendre ce pays meilleur.

Mais dès que j’avais perdu mon titre de prince héritier, ceux-ci avaient immédiatement coupé tout lien avec moi. Je ne pouvais pas leur pardonner.

« Pourquoi dois-je passer par quelque chose comme ça… !? »

C’était à cause de Maxwell, ce psychopathe meurtrier, et de mon idiote de femme, Selena.

J’avais été fiancé avec une fiancée parfaite une fois. Son nom était Marianne Rosais.

Elle était belle, noble, raffinée… c’était une femme vraiment digne d’être mon épouse, moi, le prochain roi de Lamperouge.

Mais, un peu submergé par sa perfection, j’avais fait une petite erreur et j’avais fini par la tromper un peu.

Oui, c’était vraiment une petite erreur, un cas insignifiant de tromperie.

Marianne, cependant, n’avait pas pu pardonner cette petite erreur et avait vraiment rompu nos fiançailles.

En y repensant maintenant, je m’étais dit que je ne voulais pas vraiment rompre nos fiançailles.

Je voulais simplement confirmer ses sentiments honnêtes à mon égard.

Je voulais simplement voir Marianne s’accrocher à moi, les larmes aux yeux, en disant : « S’il te plaît, ne me quitte pas », pour confirmer qu’elle m’aimait vraiment.

Tout ceci n’avait pour but que de voir les vrais sentiments de ma fiancée, je ne voyais tout ceci que comme une farce.

Et pourtant… ce Dyngir Maxwell… !

Ce maudit Dyngir Maxwell, ce noble de campagne, avait exagéré ma petite erreur et ma relation avec Marianne avait été ruinée au-delà de toute réparation.

Sans l’ingérence de cet homme, nous aurions immédiatement fait la paix…

La relation entre Marianne et moi serait revenue à la normale si facilement.

Je pourrais encore être le prince héritier.

Selena a aussi sa part de responsabilité. Malgré tous mes labeurs et mes souffrances, elle ne dit pas un mot pour me consoler, elle est toujours en train de pleurer dans sa chambre… !!

La femme que j’avais épousée après avoir jeté tout ce que j’avais n’était pas, franchement, quelqu’un de mon standing.

Elle n’avait aucun rang, aucune éducation. Son apparence et sa silhouette étaient toutes deux très inférieures à celles de Marianne.

Elle n’était pas mieux en privé : J’avais été un peu brutal une fois et elle avait crié : « Ça fait mal, ça fait mal ! », tuant l’ambiance depuis lors.

Maintenant que j’avais l’esprit plus clair, je ne me souvenais vraiment pas pourquoi j’étais tombé amoureux d’elle.

Cette fois-là, elle a dû secrètement me donner une drogue étrange… cela pourrait-il aussi faire partie du plan de Maxwell ?

Il était parfaitement logique que Dyngir Maxwell utilise sa fiancée pour me piéger, moi, le prince héritier accompli du royaume…

Je n’ai rien fait de mal… tout est de la faute de cet homme… !! Merde, merde, merde, merde, merde, merde !!!

J’avais tapé du poing sur la table et m’étais levé de la chaise, rempli d’indignation. Chaque fois que je pensais à cet homme, je devenais furieux.

« J’ai besoin d’un verre ! Je ne peux plus supporter ça !! »

J’avais violemment ouvert la porte et m’étais dirigé vers l’entrée.

J’avais rencontré quelques serviteurs du manoir sur mon chemin, mais ils ne m’avaient même pas salué en me frôlant rapidement. Encore plus irrité, je m’étais dirigé vers la sortie du manoir avec des pas plus furieux et plus forts.

« Vous allez vous promener, monsieur ? »

« Quoi !? »

J’étais sur le point d’ouvrir la porte quand un homme m’appela. C’était le fils aîné de la maison, Cray Nommes.

« Où pourriez-vous aller, alors que tout votre travail en tant que prochain chef de la maison est laissé ici ?. »

« … Je vais faire une inspection en ville. »

J’avais répondu avec le moins d’émotion possible.

Regarder son visage me rappelait l’humiliation que j’avais subie lors de notre visite au manoir des Maxwell, où il m’avait claqué le visage contre le sol à plusieurs reprises.

Attends un peu… quand je serai à nouveau prince héritier, tu vas payer… !!

J’allais certainement tuer l’homme devant moi — ainsi l’avais-je solennellement juré dans mon cœur.

Cray réagit avec une surprise affectée.

« Oh là là, une inspection ! C’est très admirable. Permettez-moi de vous conseiller d’inspecter la ville également au-delà de ses tavernes. »

« Tch, naturellement !! »

Ma destination avait été découverte : je sentais mon visage rougir de honte.

« Faites attention sur le chemin du retour, s’il vous plaît. On dit que personne ne pleure quand un ivrogne est poignardé et meurt. »

« … !! »

Je m’étais à peine retenu de lui répondre en criant et j’avais ouvert la porte. En échange, je l’avais claquée.

« Merde ! !! Toute cette maison de baron me regarde de haut !! Et tout cela… »

– la faute de Maxwell ! !

J’avais laissé échapper un rugissement d’indignation dans mon cœur tout en quittant le manoir des Nommes.

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« Merde…merde…putain !! »

Après avoir enfin atteint la taverne, j’avais commencé à absorber de l’alcool verre après verre.

J’avais visité cet endroit plusieurs fois déjà : certains des autres clients semblaient savoir qui j’étais.

Pourtant, personne n’avait jamais eu la décence de me saluer : ils se contentaient de me regarder de loin.

Eh vous tous, je suis le prince héritier !! Le sang dans mes veines n’a rien à voir avec le vôtre ! !! Montrez un peu de respect ! !

« Maudits soient-ils !!! »

Je n’étais pas assez fou pour exprimer mes plaintes à voix haute, mais je ne pouvais pas empêcher ces mots de s’échapper parfois.

Les personnes qui m’entouraient prenaient encore plus de distance après m’avoir entendu jurer. Je le savais très bien, mais je ne pouvais pas l’empêcher.

Merde, merde ! !! Pour qui ils se prennent !?)

« Donnez-m’en un de plus !! »

« … Monsieur, avez-vous assez d’argent pour payer aujourd’hui… ? »

Le ton impuissant du serveur m’avait irrité encore plus.

« Je suis un noble, espèce de roturier insolent ! Nous n’utilisons pas vos “portefeuilles” ou autres ! Envoyez la facture à la maison Nommes !! »

J’avais crié en direction du serveur, qui soupira.

« Il est alors temps pour vous de partir. La porte est par là. »

« Quoi !? À qui crois-tu parler ? Je suis le successeur de la maison Nommes ! ! »

L’incroyable manque de respect du serveur fit bouillir mon sang.

J’avais crié encore plus fort, tapant mes poings contre la table, mais le serveur s’était contenté de me regarder d’un air désespéré.

« Malheureusement, monsieur, nous avons été contactés par cette même maison Nommes : nous avons été informés de ne pas laisser monsieur Sullivan boire gratuitement. Vous pouvez oublier le paiement des boissons d’aujourd’hui, mais pourriez-vous vous abstenir de revenir ici ? »

« E-êtes vous sérieux !? »

Les Serviteurs de la Maison les ont contactés !? Pour ne pas me laisser boire gratuitement !? Jusqu’où iront-ils pour m’insulter !?

Ma colère avait finalement pris totalement le dessus sur moi. J’avais attrapé la poignée de l’épée à ma taille quand j’avais senti une voix aiguë derrière moi.

« Y a-t-il un problème avec notre serveur, monsieur ? »

Une main avait fermement saisi mon épaule. Je m’étais retourné et j’avais trouvé la silhouette imposante du videur engagé de la taverne.

« V-vous n’av-av-avez pas honte… »

« Pour qui tu te prends, espèce d’éponge ! »

« Hyeek !? »

Mes épaules avaient tremblé de surprise et j’avais lâché mon épée.

Le gardien engagé m’avait traîné de force hors de la taverne, tandis que les clients riaient bruyamment.

« Hahaha ! !! Regardez-moi ça ! Pathétique ! »

« Bien fait pour ce type qui a demandé à boire gratuitement ! Comme on s’y attendait de la part d’une ancienne royauté ! »

« Uugh… »

Les railleries des ivrognes m’avaient profondément blessé à la poitrine. Je ne m’étais jamais senti aussi misérable de ma vie.

Quand suis-je devenu si faible… ? Ma vie de gloire et de victoire… où est-elle passée… !?

J’étais sur le point de quitter l’endroit, comme le pitoyable perdant que j’étais, quand —

« Messieurs, je crois que ça suffit. »

Une main miséricordieuse s’était tendue vers moi.

J’avais levé la tête et j’avais trouvé un homme élégamment habillé.

Il semblait avoir environ 40 ans : sa barbe bien taillée et ses traits donnaient l’impression qu’il faisait partie de l’élite cultivée.

Il était soit un noble, soit un serviteur de haut rang d’une famille noble. En tout cas, certainement pas quelqu’un qui fréquenterait une taverne aussi miteuse.

« Messieurs, le sang noble de l’honorable famille royale de Lamperouge coule dans les veines de cet homme. Il a peut-être été rayé du registre royal, mais nous, vassaux de Lamperouge, avons le devoir d’honorer sa lignée. Ne croyez-vous pas que vilipender cet homme est un acte honteux pour un fils de ce royaume ? »

« Aagh… »

« Oui, mais… »

Les ivrognes tentèrent de protester faiblement, mais le gentilhomme leur lança un regard glacial.

« Mais, quoi ? Je suppose que vous avez une raison légitime de vilipender la lignée de la famille royale ? »

« Ah… non… rien. »

Les mots du gentleman avaient rendu la taverne complètement silencieuse.

Il sortit alors un portefeuille en cuir de sa poche de poitrine.

« Ceci devrait couvrir les boissons de cet homme. S’il vous plaît. »

« Ah… eh… et la monnaie ? »

« Gardez-la. »

Le gentleman avait jeté plusieurs pièces d’or aux pieds du serveur. C’était plus qu’assez pour payer dix fois ce que j’avais bu.

Le gentleman ignora le serveur paniqué et s’était approché de moi.

« Je m’excuse de mon impertinence, Seigneur Sullivan. Veuillez me pardonner. »

« N-non, merci. »

Le ton et les manières du gentleman étaient empreints de déférence envers moi.

C’était la première fois que j’étais traité avec un respect digne de la royauté depuis mon arrivée dans la province de l’Est, et j’étais ému jusqu’aux larmes.

« Mes plus profondes excuses, monseigneur, je ne me suis pas encore présenté. Mon nom est Zaill, je travaille comme commissaire royal dans la capitale. Je séjourne actuellement dans cette ville pour certaines tâches. »

Le gentleman qui s’était présenté comme Zaill m’avait gentiment souri.

« Une de mes connaissances gère une taverne à proximité. Voulez-vous vous joindre à moi pour boire un verre ? Je vous en prie, faites-moi l’honneur de recevoir un descendant de la famille royale. »

« Oh, hmm, oui… je vous y autorise. »

« Merveilleux, merveilleux. S’il vous plaît, par ici. »

J’avais suivi Zaill dans une petite ruelle du quartier des tavernes.

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