Je suis le Seigneur maléfique d’un empire intergalactique ! – Tome 7 – Épilogue – Partie 3

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Épilogue

Partie 3

Lorsque Kanami ouvrit les yeux, elle se retrouva dans le parc où elle avait été convoquée.

« Hein ? Qu’est-ce que je fais ici ? »

Au début, son esprit était flou et tout ce qui lui était arrivé semblait relever du rêve. Avait-elle vraiment été convoquée dans un autre monde en tant qu’héroïne ? Il était maintenant matin, et il était naturel pour elle de penser qu’elle avait dormi dans le parc et rêvé toute l’aventure. Pourtant, le petit sac qu’elle tenait à la main lui disait le contraire. En l’ouvrant, elle vit les pierres précieuses et les pièces d’or qu’elle avait espéré trouver.

« Ah ha ha ! Ce n’était pas un rêve. »

Assise sur un banc du parc, Kanami regardait le ciel matinal et repensait à Liam. Il lui avait caressé les cheveux avec douceur. Cette sensation avait été très nostalgique; elle avait eu l’impression que son papa lui caressait les cheveux. Cette pensée lui arracha une larme. Elle savait que Liam n’était pas son père, mais elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle l’avait enfin revu.

« Pourquoi me rappelle-t-il mon papa ? Mon papa n’était pas du tout comme Liam. »

Les personnalités des deux hommes étaient aussi différentes que possible. Pourtant, le cœur de Kanami se sentait plus léger.

Elle serra plus fort le précieux sac. « Bon, je n’en ai pas vraiment envie, mais je devrais rentrer chez moi au moins une fois. Ça fait quelques jours, maman pourrait bien s’inquiéter pour moi. Non, probablement pas », marmonna-t-elle avec autodérision.

En réalité, sa mère était probablement inquiète, mais uniquement parce que sa source de revenus avait disparu. L’humeur de Kanami s’assombrit lorsqu’elle pensa que sa mère accordait plus d’importance à l’argent qu’à elle. Malgré tout, elle devait rentrer chez elle pour l’instant, et c’est à contrecœur qu’elle se leva du banc.

 

☆☆☆

 

Kanami ouvrit la porte de son appartement et entra d’un pas hésitant. C’était bien sa maison, mais elle n’y était pas venue depuis longtemps. Elle avait besoin de rassembler un peu de courage pour s’aventurer à l’intérieur.

« Je suis à la maison », annonça-t-elle tranquillement, mais la seule réponse qu’elle reçut fut le ronflement de sa mère.

Elle regarda le kotatsu dans lequel sa mère dormait, ainsi que les bouteilles qui traînaient autour d’elle, et elle fut prise d’un dégoût profond. Sa mère n’avait même pas essayé de la chercher; elle s’était contentée de boire jusqu’à ce qu’elle s’endorme, comme d’habitude.

Alors qu’elle se tenait là, de plus en plus en colère, elle remarqua quelque chose d’étrange. Elle regarda autour d’elle et ses yeux s’écarquillèrent de surprise. « Ça n’a pas changé ! »

La pièce était exactement la même que le jour où elle s’était enfuie pour aller au parc. Elle jeta un coup d’œil à la cuisine et constata que le dîner qu’elle avait préparé avait été mangé, mais pas encore nettoyé. La vaisselle n’avait pas l’air d’avoir traîné pendant des jours, mais seulement pendant la nuit.

Elle alluma la télévision pour vérifier la date aux informations du matin et fut surprise de constater qu’elle avait été convoquée et renvoyée en une seule nuit. Elle était sûre d’avoir passé plus d’une semaine dans le royaume d’Erle, mais seules quelques heures s’étaient écoulées dans ce monde.

Alors que la surprise de Kanami s’estompa, la colère envers sa mère prit le dessus. Elle savait que sa mère ne l’avait pas cherchée après qu’elle s’était enfuie la veille. Au lieu de cela, celle-ci avait simplement mangé le dîner que Kanami n’avait pas terminé de préparer, puis s’était endormie en buvant. Si elle avait cru que Kanami reviendrait bientôt, elle n’avait manifestement pas compris les raisons de son départ. Sa mère ne ressentait-elle donc aucune culpabilité pour avoir suggéré à Kanami de faire un travail minable la nuit afin de financer son train de vie ? Cette pensée remplit Kanami d’un mélange de rage et de tristesse.

C’est alors qu’elle se souvint de ce que Liam lui avait dit. Elle se le murmura. « C’est moi qui dois prendre la responsabilité de mon chemin. »

Elle pouvait facilement accepter les paroles de Liam en voyant sa mère dans cet état. À ce rythme, sa propre mère risquait de ruiner sa vie. Kanami serra le poing, frustrée, et serra le sac contenant des pierres précieuses et de l’or.

« Si je ne change pas maintenant, je ne le ferai jamais », se dit-elle.

Elle commença immédiatement à chercher les coordonnées des parents de sa mère, qui s’étaient éloignés d’elle et de sa fille. Ils avaient renié la mère de Kanami après qu’elle ait été abandonnée par l’homme avec lequel elle l’avait trompée, et qu’elle était venue les trouver sans la moindre honte. Ils lui avaient interdit de retourner chez elle et l’avaient privée de tout soutien. Kanami n’était pas sûre de connaître toute l’histoire, car elle n’avait pas eu de contact avec eux depuis lors.

« Mince. Je ne trouve rien. Que dois-je faire ? »

Elle ne pouvait pas parler à ses grands-parents si elle ne savait pas comment les joindre. Kanami commençait à perdre courage, mais elle se leva rapidement, ôta son uniforme d’écolière et attrapa son portefeuille, se préparant à partir.

« J’irai chez mes grands-parents si je ne peux pas les appeler. Je crois me souvenir de la station où je dois descendre. » Elle se souvenait en effet avoir visité leur maison quelques fois lorsqu’elle était enfant.

Aujourd’hui, c’était un jour de semaine, elle aurait donc dû aller à l’école, mais elle voulait agir rapidement. C’est du moins ce que Liam lui aurait conseillé de faire. « Je peux contacter l’école plus tard. »

Kanami quitta son appartement, ne se retournant qu’une seule fois. Elle n’éprouvait aucun remords à l’idée de quitter sa mère; pour le meilleur ou pour le pire, elle était prête à couper les ponts avec elle dès maintenant. Il y avait toutefois une chose qu’elle voulait dire à son papa. Même si elle savait qu’il ne pouvait pas l’entendre, elle voulait prononcer ces mots à voix haute.

« Je suis désolée, papa. À partir de maintenant, je vivrai ma vie en regardant vers l’avant. Si tu peux me pardonner, j’espère que tu veilleras sur moi. »

S’armant de courage, elle courut jusqu’à la gare. Elle ne voulait pas perdre une seconde de plus.

 

☆☆☆

 

Les choses s’étaient étonnamment bien passées par la suite. Lorsque Kanami rendit visite à ses grands-parents, ceux-ci furent surpris de la voir, mais ils l’accueillirent chaleureusement. Elle leur raconta toute son histoire, sans rien omettre. Elle leur avait dit que sa mère était au chômage, qu’elle était obligée de travailler pour subvenir à leurs besoins à toutes les deux et qu’elles étaient très endettées. Ses grands-parents avaient dû avoir pitié d’elle lorsqu’elle s’était mise à pleurer au milieu de son récit, car le jour même, ils avaient décidé de l’héberger.

Le lendemain, ils se rendirent ensemble à son appartement. Sa mère, qui ne s’attendait pas à voir ses parents, se renfrogna de frustration lorsqu’ils se présentèrent soudainement. Elle était gênée par sa situation et furieuse qu’ils ne l’aient pas aidée, sans compter qu’elle en voulait à Kanami de les avoir amenés là.

Lorsque les grands-parents de Kanami la réprimandèrent, sa mère écouta d’abord tranquillement, mais elle finit par ne plus supporter les critiques. Elle explosa de rage contre ses parents, affirmant que tout ce qui lui était arrivé était de leur faute parce qu’ils ne l’avaient pas aidée.

C’est à ce moment-là que Kanami comprit qu’elle avait pris la bonne décision en partant et qu’il était inutile d’attendre le moindre bon sens de la part de cette femme. Après cet incident, les grands-parents de Kanami la ramenèrent chez eux pour qu’elle vive avec eux.

 

☆☆☆

 

Quelques mois plus tard, Kanami menait une nouvelle vie. Elle avait été transférée dans une école qu’elle pouvait rejoindre depuis la maison de ses grands-parents. Ils vivaient à la campagne, et tout était donc très différent. Elle se déplaçait en bus et, même si elle aurait voulu travailler, il n’y avait pas d’endroit à proximité pour le faire. Cette région manquait de beaucoup de commodités, mais Kanami n’en aimait pas moins y vivre.

La maison de ses grands-parents était vieille, mais grande, et Kanami avait donc sa propre chambre. Comme elle n’avait pas à travailler, elle pouvait se consacrer pleinement à ses études, ce dont elle était reconnaissante. Sa grand-mère s’occupait de la plupart des tâches ménagères, mais Kanami l’aidait à cuisiner et à faire le ménage. Comparée à la vie avec sa mère, c’était le paradis.

Alors qu’elle venait de terminer son dîner, Kanami s’assit à son bureau pour étudier assidûment. Elle voulait rattraper le temps perdu et espérait recevoir une bourse d’études. Elle devait avoir de bonnes notes pour obtenir une bourse ou un prêt sans intérêt, mais la situation familiale était également prise en compte, ce qui lui donnait une chance. Pourtant, ce ne serait pas facile, compte tenu de ses notes actuelles. Auparavant, elle avait passé tellement de temps à faire le ménage et à gagner de l’argent qu’elle n’avait pas pu étudier. Elle faisait des efforts maintenant, mais il n’y avait peut-être rien à faire à ce stade. Elle envisageait de renoncer aux études supérieures et de profiter simplement du reste de son temps au lycée. Mais chaque fois qu’une telle idée lui venait à l’esprit, elle se rappelait la même chose :

« C’est à moi d’assumer la responsabilité de mon parcours », se répétait-elle en étudiant, comme un mantra. Chaque fois qu’elle songeait à abandonner, elle se rappelait les paroles de Liam.

Curieusement, ses souvenirs d’Enola, avec qui elle s’était rapprochée dans cet autre monde, s’estompaient avec le temps. Elle se souvenait qu’Enola était gentille, travailleuse et une bonne amie. Pour une raison ou une autre, elle pensait toutefois beaucoup plus souvent à Liam.

Elle ouvrit un tiroir de son bureau et en sortit le petit sac en cuir qu’elle y avait soigneusement rangé. Chaque fois qu’elle perdait courage, elle se surprenait à tendre la main vers ce sac de pierres précieuses et d’or qui avait un poids réconfortant.

« Je n’ai pas pu me résoudre à les vendre, après tout », murmura-t-elle.

Elle avait plusieurs fois pensé à le faire et à utiliser le produit de la vente pour payer ses frais de scolarité. Après quelques recherches en ligne, elle avait estimé qu’elle pourrait obtenir plusieurs millions de yens en échange. Avec cette somme, elle pourrait au moins commencer l’université, puis trouver un emploi pour payer le reste de ses études. Elle pouvait facilement imaginer Liam penchant la tête d’un air exaspéré et lui demandant pourquoi elle ne les avait pas encore vendues.

L’une des raisons était qu’elle n’avait pas de moyen facile de le faire, bien sûr. Mais surtout, elle ne voulait pas se séparer de son trésor. En tant qu’adolescente, elle n’était pas indifférente aux pierres précieuses et aux bijoux, mais ce n’était pas au point de ne pas pouvoir s’en séparer. Ils lui semblaient plus précieux que l’argent qu’elle aurait pu en tirer.

Pour Kanami, le contenu de ce petit sac était la preuve de l’aventure extraordinaire qu’elle avait vécue ce jour-là — une expérience qu’elle ne voulait jamais oublier.

« Je parie que Liam serait dégoûté par moi. »

Quand elle se souvint qu’il lui avait dit qu’elle ne savait pas bien juger les hommes, elle se sentit un peu en colère, mais elle savait que c’était grâce à lui qu’elle avait pu commencer cette nouvelle vie. Grâce à lui, elle pouvait s’asseoir ici pour étudier tranquillement. Bien sûr, il y avait une autre personne qu’elle devait remercier pour sa situation actuelle : son papa.

 

 

Ses souvenirs de lui s’étaient estompés depuis qu’elle l’avait connu enfant, mais sa conversation avec Liam l’avait aidée à se souvenir de certaines choses. À l’époque, elle n’en avait pas pris conscience, mais ces jours-ci, elle se surprenait à penser : « Je me souviens que papa disait ça à l’époque », « Il me grondait toujours comme ça » ou encore « C’est ce qu’il essayait de m’apprendre ».

Elle n’aurait jamais cru qu’un voyage dans un autre monde l’aiderait à se souvenir de son papa bien-aimé.

« D’accord, je devrais étudier un peu plus. »

Une fois sa pause terminée, Kanami se remit à lire. Mais d’abord, elle rangea le sac dans son tiroir pour ne pas oublier cette expérience. Elle garderait certainement le sac et son contenu un peu plus longtemps.

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