Chapitre 5 : La maison Banfield est dans le chaos
Partie 1
À la suite de la disparition de Liam, la maison Banfield était en émoi, ce qui n’avait fait que prouver l’importance de Liam pour son domaine.
Brian, le majordome de Liam, qui était chargé de gérer le manoir de la maison Banfield, s’était pris la tête dans les mains, pleurant. « Augh ! Je n’arrive toujours pas à croire que Maître Liam ait été enlevé ! Si seulement nous savions qu’il va bien ! »
Aux côtés de Brian, qui mouillait son mouchoir de ses larmes, se tenait Amagi, qui menait sa propre enquête sur l’enlèvement de Liam. Elle aurait aimé pouvoir prendre la tête des forces de la maison Banfield et diriger les recherches pour retrouver son maître disparu, mais elle avait décidé il y a quelque temps de limiter son temps en dehors du domaine de la maison Banfield. La famille comptait aujourd’hui suffisamment de personnel compétent pour qu’elle décide de se retirer de son poste d’autorité. De ce fait, elle n’exerçait que peu d’influence au sein du domaine à l’heure actuelle. Amagi n’était considérée comme importante pour la maison Banfield qu’en raison des sentiments de Liam à son égard. Son pouvoir ayant été réduit, elle ne pouvait pas faire grand-chose si Liam n’était plus là.
Amagi affichait plusieurs vidéos d’actualité autour d’elle sous forme d’hologrammes, traitant rapidement les informations trouvées dans chacune d’entre elles. Ses yeux s’étaient immédiatement rétrécis sur ce qu’elle vit dans l’une des vidéos.
« La nouvelle a été divulguée. »
La tête de Brian se retourna à ce rapport de mauvais augure. « Qu’est-ce que vous dites ? »
« L’information selon laquelle le Maître a disparu dans un cercle d’invocation a fuité. Non… elle a été diffusée intentionnellement. »
« Qui ferait une telle chose ? »
Tandis que Brian paniquait, Amagi cherchait calmement la source de l’information. Sa divulgation était une affaire sérieuse pour la maison Banfield. Et pourtant…
« La piste est trop alambiquée pour déterminer la source de l’information. Avec l’autorité du Maître, je suis sûre que je pourrais découvrir le nom de l’individu responsable, mais… »
« Je ne peux pas croire que quelqu’un puisse trahir la maison Banfield de cette façon. »
L’absence de Liam était un problème si grave pour la maison Banfield. Le visage de Brian pâlit à l’idée que des gens complotent à un tel moment. Le majordome s’effondra sur le sol, maugréant contre le comportement de leurs meilleurs chevaliers. « Elles sont censées rassembler le domaine dans des situations d’urgence de ce genre ! »
Même Amagi, qui était habituellement sans expression, arborait un regard qui semblait correspondre à celui de Brian. « J’admets une certaine responsabilité pour ne pas avoir mis en place de meilleurs plans en cas d’absence du Maître, mais… qu’est-ce que Christiana et Marie font, à jouer la comédie dans un moment pareil ? »
Les deux chevaliers très compétents de Liam auraient dû maintenir l’unité de tout l’ordre des chevaliers et étouffer la confusion qui régnait dans le domaine. Tia et Marie surpassaient la plupart des chevaliers de l’Empire, on aurait donc pu penser qu’elles étaient parfaitement capables de prévenir les troubles au nom de la maison Banfield, même si Liam n’était plus là. Cependant, ce n’était pas la réalité du moment.
Brian tapa du poing sur le sol. « Maître Liam, revenez-nous s’il vous plaît ! », s’écria-t-il.
☆☆☆
Dans l’un des couloirs du manoir, un grand groupe de chevaliers se tenait divisé en deux, chaque côté lançant un regard à l’autre. La moitié appartenait à la faction de Tia — un groupe de chevaliers partageant les mêmes idées et portant tous leur uniforme conformément au règlement.
Tia se plaça à la tête de son groupe et lança un regard à Marie, qui lui faisait face. « Ne m’as-tu pas entendue quand je t’ai dit de bouger ? » grogna-t-elle à voix basse. « Je suppose que tu es devenue dure d’oreille quand tes oreilles se sont transformées en pierre. »
Marie avait souri à la provocation de Tia, mais ce sourire n’atteignait pas ses yeux. « Tu es bien fière de toi pour un morceau de viande hachée, n’est-ce pas ? Qu’est-ce que tu crois faire au juste en te mettant constamment en travers de notre chemin ? »
Lorsque Marie était trop énervée, elle avait tendance à perdre son ton royal habituel, si bien qu’un observateur pourrait la considérer comme relativement calme en ce moment. Cependant, derrière son calme se cachait une envie incontrôlable de tuer la femme qui se trouvait devant elle.
Les chevaliers de la faction de Marie étaient un peu moins raffinés que ceux de Tia. Chacun avait modifié son uniforme à sa guise, si bien qu’ils ne présentaient pas un front uni comme la faction de Tia. Le seul domaine dans lequel ils s’alignaient parfaitement était l’attitude. Ces chevaliers étaient tous grossiers et violents, comme Marie.
Les deux groupes étaient comme l’huile et l’eau. Cependant, ils s’étaient rencontrés par hasard. Normalement, la présence de chevaliers dans le manoir n’aurait pas été remarquable. Mais lorsque les serviteurs de passage repérèrent les deux factions, ils s’enfuirent aussi vite qu’ils le pouvaient en poussant des cris.
« Cours, avant que nous ne soyons pris dans l’engrenage ! »
« Oh, si seulement Maître Liam était là ! »
« Retraiiiiite ! »
Lorsque Tia s’était assurée que tous les serviteurs aient fui, elle dégainea sa lame et s’élança sur Marie, qui s’était déjà armée. « Meurs, fossile ! »
Bloquant la frappe homicide de Tia avec ses doubles lames, Marie grimaça. « Tu veux redevenir de la viande hachée, c’est ça ? Je peux t’aider pour ça ! »
Lorsque les deux s’affrontèrent, les autres chevaliers commencèrent à se battre à leur tour. Leurs armes brisaient les fenêtres et entaillaient les piliers et les murs avoisinants. Des affrontements de ce genre avaient souvent éclaté depuis la disparition de Liam, et bien qu’il n’y ait pas encore eu de victimes, de nombreuses personnes avaient été gravement blessées.
Alors que les chevaliers s’affrontaient et que le sang volait partout dans le couloir, une servante robot solitaire apparut. Elle tenta de jouer les médiatrices, sa voix étant faible dans la clameur.
« U-umm… S’il vous plaît, ne vous battez pas ! »
Interrompus, les chevaliers s’étaient rués sur la servante-robot, les yeux étant emplis d’une forte intention meurtrière. Lorsque Tia et Marie virent cela, elles firent rapidement un bond en arrière, rappelant leurs factions.
« Restez en retrait ! »
« Arrêtez, bande de crétins ! »
Aux cris de leurs chefs, les chevaliers mirent sur-le-champ fin à leurs agressions. Baissant rapidement leurs armes, ils regardèrent nerveusement. Tia et Marie n’avaient reculé que grâce à l’intervention du robot domestique. S’il s’était agi d’une parfaite inconnue, elles ne se seraient pas arrêtées un instant, mais la servante qui était intervenue était Tateyama, l’une des favorites du seigneur Liam. Il était fort possible que si Liam revenait et que la nouvelle de cet affrontement lui parvenait, tous ceux qui se trouvaient là finissent décapités.
« Tu peux remercier Tateyama de t’avoir permis de continuer à exister, fossile », déclara Tia en se retournant pour s’éloigner.
Marie lui tourna également le dos. « Tu parles beaucoup pour n’être guère plus qu’un tas de viande hachée », dit-elle à Tia. « Je vais m’abstenir aujourd’hui, par respect pour la douce petite Tateyama, alors j’espère que tu m’en es reconnaissante. La prochaine fois, je te ferai la peau. »
Les deux factions de chevaliers partirent, laissant Tateyama jeter un coup d’œil sur le désordre et commencer à nettoyer. « Quand le maître reviendra, j’ouvrirai à nouveau mon stand ici, alors je ferais mieux de tout ranger. »
C’est là que Tateyama installait habituellement son petit stand de vente, où elle vendait l’attirail de nouveautés du seigneur Liam. Elle voulait garder l’endroit propre, car elle le rouvrirait à son retour.
Outils de nettoyage en main, Tateyama baissa la tête d’un air sombre. « Maître… S’il vous plaît, revenez vite. »
☆☆☆
Pendant que tout cela se passait, un chevalier qui se trouvait ailleurs dans le manoir se tenait la tête entre les mains. Il s’agissait de Claus Sera Mont, un chevalier de premier plan qui venait de mener un énorme bataillon à la victoire pour l’Empire. Bien sûr, c’était Tia qui avait commandé leur flotte, Claus ne servant que de soutien. L’homme était douloureusement conscient de ses propres insuffisances. Les attentes démesurées des autres à son égard lui donnaient constamment mal à l’estomac, et en ce moment même, cela le tuait.
« Le Seigneur Liam n’est toujours pas revenu ? »
Graaah ! Avec le départ du seigneur Liam, rien n’arrêtera Lady Christiana et Lady Marie ! Quelqu’un, s’il vous plaît, faites quelque chose à ce sujet !
À l’extérieur, Claus s’était contenté de soupirer tranquillement, sans expression. À l’intérieur, il paniquait. Claus avait une confiance absolue dans l’une de ses compétences : son visage impassible. Quelle que soit la situation dans laquelle il se trouvait, il pouvait toujours empêcher ses émotions de transparaître dans son expression ou son attitude. Ces derniers temps, il n’avait jamais eu autant d’occasions de mettre en pratique cette compétence, qui ne faisait donc que s’affiner.
Alors même que Claus se lamentait sur l’absence de Liam, son expression froide suscitait l’admiration de ses subordonnés.
« Il est si calme, même dans une situation comme celle-ci », fit remarquer l’un d’entre eux. « Le Seigneur Claus est vraiment le pilier de la maison Banfield ! »
« Les autres factions sont un véritable gâchis en comparaison. »
« Ne croyez-vous pas que c’est vraiment Lord Claus qui devrait commander les forces de la maison Banfield ? »
Leurs attentes démesurées et leurs regards passionnés donnaient la nausée à Claus.
« Arrêtez de me flatter et remettez-vous au travail », marmonna-t-il sous sa respiration.
S’il vous plaît ! Ma position actuelle est déjà trop lourde pour moi ! Si vous me soumettez à ces normes, mon estomac va exploser ! Si seulement je pouvais dire ce que je pense… Mais si mes subordonnés découvrent à quel point je suis pusillanime, cela les rendra anxieux. Je dois éviter cela.
Pendant que Tia et Marie intensifiaient le conflit entre leurs factions, Claus faisait de son mieux pour maintenir l’ordre dans le domaine de la maison Banfield. En fait, c’était plutôt lui qui s’occupait du travail qui s’empilait, négligé, pendant que les deux se querellaient. Le domaine souffrirait si quelqu’un ne s’occupait pas de ces tâches, alors Claus et ses subordonnés faisaient tout leur possible pour ne pas s’en laisser compter. Bien que Claus ait l’habitude de tirer la courte paille, il s’en voulait d’infliger la même chose à ses subordonnés.
Une fois que le seigneur Liam sera revenu — ou que les choses se seront un peu calmées —, il faudra que je les remercie. Attends un peu… Où est mon plus gros problème ?
Claus avait jeté un coup d’œil autour de lui, mais il ne vit Chengsi Sera Tohrei nulle part.
Il posa à l’un de ses subordonnés une question redoutée. « Où est Chengsi ? »
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