Je suis le Seigneur maléfique d’un empire intergalactique ! – Tome 7 – Chapitre 14

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Chapitre 14 : Un seigneur maléfique décent

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Chapitre 14 : Un seigneur maléfique décent

Partie 1

De retour sur la planète d’origine de la famille Noden, Baori se préparait à entrer dans la clandestinité.

Sa famille était terrifiée, car elle avait commencé à préparer sa fuite dès son retour.

Sa femme lui posait des questions en hurlant. Elle était vêtue de façon voyante et avait dépensé une fortune en traitements anti-âge pour préserver sa jeunesse et sa beauté.

« Est-ce vrai que Liam est revenu ? »

« Oui ! C’est pourquoi nous devons nous enfuir tout de suite, avant d’être tués ! »

Les pirates de l’espace — et ceux qui se faisaient passer pour des pirates — qui avaient envahi le territoire de la famille Banfield avaient déjà été éliminés par l’armée privée de Liam, qui était de nouveau sous son contrôle depuis son retour.

Le visage de Baori se tordit d’angoisse. « J’avais juste besoin d’un peu plus de temps ! Si seulement Liam n’était pas revenu si tôt. »

Né dans une baronnie à la périphérie de l’Empire, Baori était habitué à ce que les autres nobles le traitent de rustre lorsqu’il se rendait sur la planète capitale. Pendant des années, il avait aspiré à mener une vie somptueuse, mais la planète qu’il dirigeait était trop démunie en raison des impôts élevés que des générations de dirigeants avaient imposés. C’était la même situation que celle de la maison Banfield auparavant.

Lorsque Liam avait accédé au pouvoir, le baron Noden avait enfin pu vivre un peu plus confortablement. Sur simple demande, Liam avait aidé à développer gratuitement la planète de Baori. Les améliorations apportées aux infrastructures avaient augmenté les recettes fiscales de la maison Noden. Cependant, Baori avait immédiatement surtaxé son peuple, ce qui avait annulé les effets de ce progrès. Liam aurait sans doute pris Baori pour un idiot s'il avait découvert comment le baron gérait sa planète.

« Je n’ai accepté que parce que tu as dit que ça irait ! » hurla sa femme.

« Qu’est-ce que tu comptes faire à ce sujet ? Tu n’as jamais dit que la maison Banfield s’en prendrait à nous ! »

« Je ne pensais pas qu’il reviendrait ! — Argh. Les gens de l’arrière-pays ne peuvent pas espérer le moindre luxe, n’est-ce pas ? »

Telle était la vision de Baori, qui avait tenté de devenir le tuteur d’Isaac afin d'obtenir un poste confortable. Bien que le baron ait exploité son peuple et vécu somptueusement grâce aux recettes fiscales, il estimait que sa famille était injustement pauvre par rapport aux nobles de la planète capitale. Pourtant, on ne pouvait pas dire qu’il était un juge impartial de sa propre situation.

Alors qu’il était sur le point de fuir son manoir, un groupe de soldats fit irruption dans la bâtisse. Il s'agissait de membres de l'armée privée du baron Noden.

Baori fronça les sourcils face à cette intrusion soudaine. « Quoi !? — Si vous êtes là pour nous escorter, nous ne sommes pas prêts. »

Avant qu'il ne termine sa phrase, ses hommes avaient silencieusement appuyé sur la gâchette de leurs fusils. Après avoir tué Baori et sa femme, ils entourèrent les corps étendus.

« Ils essayaient de s’enfuir tout seuls, n’est-ce pas ? Le culot de ces gens-là ! »

« Ils nous ont torturés assez longtemps. Nous avons enfin eu notre chance de nous venger. »

« Veux-tu les accrocher sur la place ? Ça devrait faire plaisir à tout le monde. »

La trahison contre Liam du baron Baori avait incité ses sujets à se soulever contre leur bourreau. Si des civils se rebellaient contre leur seigneur sans raison valable ou sans l’approbation d’un autre noble, l’Empire pouvait ordonner la destruction de leur planète. Le baron Baori avait pourtant trahi son seigneur et les rebelles estimaient avoir de bonnes chances d'échapper au châtiment s'ils livraient la tête du baron à Liam. Ils attendaient cette occasion depuis longtemps.

Le chef les regarda avec dédain. « Nous les enverrons à la maison Banfield. Nous devons montrer au seigneur Liam que nous sommes loyaux. Contrôlez-vous, d'accord ? »

Les soldats transportèrent les cadavres hors du manoir. Peu de temps après, la flotte de la maison Banfield descendit sur la planète du baron Noden.

 

☆☆☆

 

À son arrivée sur la planète Noden, Tia avait lu un rapport sur la passerelle de son vaisseau. Elle soupira doucement en jetant un coup d’œil rapide sur plusieurs documents projetés devant elle.

« Le baron Noden devait être méprisé par ses sujets pour être trahi dès qu'il a défié le seigneur Liam. Je savais qu’il était incompétent, mais là, c’est le pompon. »

Des soldats ordinaires avaient tué Baori, sa femme, ses concubines et ses enfants. Lorsque la flotte de Liam était arrivée dans son domaine, les rebelles s'étaient immédiatement et volontairement rendus, sans opposer la moindre résistance.

Claudia, l’adjointe de Tia, voulait savoir comment ils allaient procéder avec les soldats qui avaient tué leur seigneur. « Assassiner son souverain est un crime grave. Devons-nous exécuter les coupables ? Je suis sûre qu’ils sont préparés à leur sort. Nous devrions en finir rapidement. »

Quelles que soient leurs raisons, ils avaient commis un délit majeur. Tia l’avait compris. Mais au lieu d'accepter de les exécuter, elle sourit malicieusement. Elle avait fait savoir à Liam ce qu’il était advenu de Baori, et elle venait de recevoir une réponse : il était ravi d’apprendre la triste fin du baron. Tia lui livrerait un rapport plus détaillé plus tard, mais sa première évaluation avait été très bien accueillie.

« Notre rapport a été bien reçu par le seigneur Liam », dit-elle à Claudia, puis elle répondit à la question de l’adjudante. « Renvoyez les délinquants de l’armée et faites-les migrer vers de nouvelles planètes sous de nouvelles identités. L’histoire « officielle » sera qu’ils ont été exécutés. »

Claudia avait été déconcertée. Laisser vivre les rebelles représenterait beaucoup plus de travail que de les tuer. « C'est terriblement indulgent. Leur courageuse volonté de sacrifier leur vie ne servira à rien. »

« Ils ont rendu le seigneur Liam heureux, alors je les récompense personnellement. Maintenant, ça va être pénible, mais nous allons devoir gérer le domaine du baron Noden pendant un certain temps. »

La flotte avec laquelle Tia avait été envoyée devait gérer la planète jusqu’à ce qu’un dirigeant de remplacement soit installé. Il était parfois difficile de s'en rendre compte, mais Tia était une cheffe plus que compétente et un chevalier impressionnant.

Les données que Claudia avait lues sur le domaine du baron Noden la dégoûtaient. « C’était un noble de la Bordure extérieure parfaitement pourri. Pas étonnant que son peuple le détestait. Son territoire aurait connu bien plus de problèmes si la maison Banfield ne l’avait pas aidé. »

La situation ici était si désastreuse qu’elle en était presque stupéfiante. Le soutien de Liam avait amélioré les choses, mais le baron avait augmenté les impôts dès qu’il en avait eu la possibilité, appauvrissant davantage son peuple déjà misérable. Leur hostilité était facile à comprendre.

« Il est tout le contraire du Seigneur Liam, alors montrons à ces gens à quoi ressemble son règne », répondit Tia. « Il n’abandonnerait pas des gens comme ça, qui ont clairement besoin de lui. »

Elle avait décidé de tout donner pour gouverner cette planète ravagée par son précédent tyran, car elle savait que Liam aurait fait de même.

 

☆☆☆

 

« Chéri ! »

Lorsque Rosetta était revenue au manoir, elle s'était précipitée sur moi et m'avait serré dans ses bras. J’avais accepté de la prendre dans mes bras. Comme elle pleurait déjà, je ne voulais pas l'émouvoir davantage. De plus, Amagi se trouvait à proximité. Elle m’aurait fait des reproches si je repoussais l’affection de Rosetta.

« Tu as l’air d’aller bien », lui avais-je dit. « Ou peut-être pas. As-tu perdu du poids ? » Je m’étais éloigné.

Rosetta essuya ses larmes et me raconta à quel point elle avait trouvé les choses difficiles. « J’étais tellement dévastée par ta disparition, mon chéri. Maintenant, je comprends vraiment à quel point tu es important pour ton domaine. Je ne pouvais rien faire… ! Ne pas pouvoir t’aider m’a rendue si frustrée et pathétique ! Tu avais raison, je ne te suis d'aucune utilité, chéri. »

De toute évidence, non. C'est mon domaine, après tout, pas le tien. Te donner un poste officiel ou un vrai pouvoir serait ridicule ; ce serait un gros problème si tu pouvais faire tout ce que tu voulais. Si je donnais un pouvoir important à quelqu’un, ce serait à un pion loyal, certainement pas à toi.

« Ne t’inquiète pas pour ça », lui dis-je. « Mais il pourrait y avoir des situations comme celle-ci à l’avenir. Je vais constituer une unité de garde pour toi, afin que tu ne revives jamais plus tout cela. »

« Tu n’as pas besoin de faire ça. Ce serait du gâchis. »

Bon, cela allait représenter une dépense, mais c'était aussi une mesure de protection nécessaire. Cette fois-ci, seule Marie s'était envolée avec Rosetta, mais si cela avait été un ennemi, la débâcle aurait été totale.

« C’est pour te protéger. »

« Pour me protéger ? — Mais… »

« Je veux aussi que tu m’aides un peu au travail, alors je vais te mettre à rude épreuve en tant que stagiaire. »

« Tu veux dire… ? »

« Tu as intérêt à bien faire, Rosetta. »

« Tout ira bien ! »

Elle était ravie, mais ne comprenait pas mon raisonnement. Lui confier une unité de garde spéciale et la laisser participer à la gouvernance de mon domaine pouvait sembler contredire mes plans, mais j’avais une raison de vouloir donner à Rosetta une autorité limitée. Suite à l'incident de l'invocation, j'avais appris qu'il était risqué de ne pas lui accorder le moindre pouvoir. Je ne faisais pas d'elle une codirigeante — et je ne le ferais plus à l'avenir — mais je n'étais pas totalement opposé à lui accorder des pouvoirs de direction révocables dans des circonstances particulières.

En ce qui concerne mon armée, je ne laisserais à Rosetta que le commandement de son unité de garde. Je ne voulais pas qu'elle sème le trouble dans mon domaine par excès d'enthousiasme. Je savais qu’elle était bienveillante et qu’elle pourrait essayer d’interférer avec l’exploitation que je faisais de mes sujets à un moment ou à un autre. Il faudrait donc que je lui donne des compétences précises pour qu’elle ne puisse pas faire ce qu’elle veut de mon armée et de mon gouvernement.

Je ne faisais que prévenir les problèmes, je ne lui donnais pas ce qu’elle voulait. De plus, si elle avait sa propre unité de garde, elle pourrait faire du travail de fond. Elle voulait m’aider ; mon brillant stratagème lui donnait l’impression de le faire, tout en l’empêchant d’apporter de réels changements dans mon domaine.

« Je te donnerai les meilleurs gardes que nous ayons, d'accord, Rosetta ? »

« Penses-tu vraiment que je serai capable de les commander ? »

J’avais souri pour apaiser sa nervosité. En voyant le poids qu’elle avait perdu récemment, je me sentais un peu mal par rapport à ce qu’elle avait vécu. « Ne t’inquiète pas. Ils seront tes seuls gardes et tu pourras les diriger à ta guise. »

Rosetta m’avait déçu après nos fiançailles en passant d’une volonté d’acier à une attitude facile. Cependant, j’avais réalisé qu’elle constituait un excellent atout pour un seigneur du mal comme moi. Je la tenais dans la paume de ma main ; donc autant l’utiliser.

Je m’étais alors tourné vers Amagi. « Mets sur pied une unité de garde pour Rosetta. Prépare un vaisseau qu’elle pourra également commander et assure-toi que c’est un bon navire. »

« Comme tu le souhaites, Maître. »

Rosetta était ravie de cette récompense inattendue. « Un vaisseau dont je peux me servir quand je veux, c’est un sacré luxe, n’est-ce pas ? Que dois-je en faire quand je ne l’utilise pas ? »

Elle semblait s'inquiéter du fait que ce serait du gaspillage de faire réserver un navire alors qu'elle n'en avait pas besoin. Elle était vraiment économe.

« Si tu ne veux pas qu’il tourne au ralenti, il suffit de lui donner des ordres permanents. Et tu peux utiliser ton unité de garde comme tu le souhaites, à condition de ne pas la surcharger de travail. »

« Puis-je vraiment ? Il va falloir que je trouve des idées ! Oh, et j’ai aussi entendu dire que tu avais ramené un animal de compagnie à la maison, chéri. Quel genre d’animal ? »

Elle avait entendu dire que j’avais ramené quelque chose, mais pas ce que c’était. « Je te le présenterai bientôt. Elle est chez le médecin en ce moment pour passer un examen. »

« J’ai hâte ! »

Je savais que Rosetta s'attendait à ce que je ramène un chien. Elle serait très surprise de voir Chino.

Maintenant, je dois y aller. Il est temps de punir les transgressions de mes sujets.

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Partie 2

Dans mon bureau, je donnais des ordres à des subordonnés dont les visages flottaient sur des écrans holographiques tout autour de moi. Je les avais tous réunis pour qu’ils soient efficaces, mais après la purge qui venait de se produire, ils semblaient plutôt nerveux. J’étais simplement heureux qu’ils soient attentifs.

« Pardon », dit Ciel, la servante de Rosetta, en entrant. Comme je travaillais, je ne l’avais saluée que d’un signe de tête.

En regardant la sœur de Kurt préparer du thé, je continuai à donner des ordres à mes subordonnés. « C’est vrai. Je veux que tous ces sujets idiots qui me mettent encore sur un piédestal sachent ce qu’il en est. »

« Très bien, mon seigneur », répondit un vassal. « Mais en êtes-vous certain ? Vos registres d’activité sur la planète capitale ne mentionnent que des fêtes. »

« Je ne me répéterai pas. »

Après avoir réglé cette question, j’avais avancé la fenêtre du chef de service suivant. Juste avant de donner mon prochain ordre, j’avais surpris Ciel en train de me lancer un regard méprisant, sans même essayer de dissimuler son mépris. C’était vraiment amusant de l’avoir à mes côtés.

Je l’avais ignorée et j’avais continué : « As-tu des nouvelles pour moi ? »

« En ce qui concerne la hausse des impôts, il y aura de la désapprobation si aucune justification n’est fournie. Et en premier lieu, la maison Banfield n’a pas besoin d’une augmentation des recettes fiscales. »

« C’est moi qui le détermine. Mais je suppose que nous devrions fournir une justification, n’est-ce pas ? »

Voyons voir. Quelle était la raison la plus irritante qu’ils donnaient pour augmenter les impôts dans ma vie passée ? Il y en avait beaucoup, mais je dirais « l’aide sociale ». Ça sonne bien, donc on ne peut pas vraiment s’y opposer, même si l’on ne constate aucune amélioration par la suite.

Je m’étais souvenu avoir vu des reportages sur la corruption au sein du gouvernement et m’être demandé, avec frustration, à quoi servaient les hausses d’impôts. Entendre parler d’une augmentation d’impôt pour « l’aide sociale », qui ne produit aucun résultat particulier… Oui, c’est bien !

« Nous l’appellerons une taxe sur la protection sociale. La protection sociale, c’est important, non ? »

« Alors, je vais prendre les dispositions nécessaires. »

L’appel avec ce service prit alors fin. À mesure que j’abordais d’autres questions, les visages qui planaient disparaissaient progressivement. Lorsqu’ils furent tous disparus, j’eus finalement le temps de faire une pause.

N’ayant plus besoin de se retenir, Ciel prit la parole. C’était impoli pour une servante de s’adresser ainsi au maître de maison, mais je la laissai faire; j’appréciais son air agacé.

« Vous trouvez une raison d’augmenter les impôts parce que vous le voulez, au lieu de les augmenter pour une raison particulière ? N’est-ce pas un peu rétrograde ? »

C’était un point de vue raisonnable. Je trouvais tout de même hilarant qu’un seigneur maléfique comme le baron Exner ait une fille aussi gentille. N’a-t-elle pas compris l’ironie de la situation ?

J’avais décidé de la taquiner un peu. « Ce n’est pas du tout rétrograde. J’augmente les impôts pour tourmenter mes sujets. Je n’ai pas besoin de plus de raisons que ça. »

Les yeux de Ciel s’étaient écarquillés en entendant mes paroles. En même temps, elle ne semblait pas surprise d’entendre ma déclaration. « C’est donc ton vrai visage. Je n’ai jamais cru que tu étais aussi sage et bienveillant que tout le monde le dit. »

Soudain, elle se montra beaucoup plus décontractée et laissa tomber la politesse, ayant réalisé à quel point j’étais tyrannique. C’est exactement ce que je voulais ! J’attendais qu’une personne comme elle se présente.

« Toutes ces conneries de “sage et bienveillant”, ce ne sont que des idiots qui m’interprètent mal. Mais tu es intelligente, tu as vu la vérité. Tu mérites une récompense pour cela. Veux-tu des bonbons ? » J’avais désigné un bocal sur mon bureau.

Elle me jeta un regard noir. « Tu ne devrais pas exploiter ton peuple. As-tu oublié ce qui est arrivé au baron Noden ? À la fin, ses sujets l’ont tué, lui et toute sa famille. »

Le baron Noden ? C’était hilarant que cet idiot soit tué par ses sujets, mais cela n’avait rien à voir avec moi. « C’était un imbécile, et je ne le suis pas. C’est tout ce qu’il y a à dire. »

Il fallait savoir jusqu’où l’on pouvait aller sans se faire prendre. C’est ainsi que procède un seigneur du mal digne de ce nom. Si tu n’y parvenais pas, tu n’étais qu’un idiot.

« Tu ne dois pas augmenter ces impôts. »

« C’est mon domaine. Qu’y a-t-il de mal à faire ce que je veux ? »

Après une courte pause, Ciel changea de tactique. « S’il vous plaît, ne torturez pas votre peuple. »

Elle se souciait tellement de mes sujets, qui n’étaient même pas des citoyens de son royaume. J’avais vraiment eu l’impression d’avoir pris la bonne décision en l’accueillant. Elle était droite et juste, et même si elle me craignait, elle s’était élevée contre ma tyrannie, c’était génial !

« Je veux juste voir les visages de mes sujets se tordre de douleur », insistai-je. « Il n’y a aucun avantage pour moi à accéder à ta demande. »

Je n’avais pas besoin de sauver les apparences avec elle. Après tout, j’étais ami avec son père, le baron Exner, et avec son frère, Kurt. Ciel pouvait faire autant d’histoires qu’elle le souhaitait, cela ne me ferait pas de mal.

« Tu es le pire des gouvernants. »

« J’apprécie le compliment. »

Cela faisait vraiment du bien. Je n’aurais jamais cru que Ciel aurait la volonté d’acier que j’attendais de Rosetta. J’adorais qu’elle ait le courage de s’opposer à un type comme moi. Et encore mieux, elle n’avait aucun pouvoir pour m’arrêter ! C’est tout ce qu’elle pouvait faire. J’étais ravi de trouver la personne exacte que j’avais cherchée — mon petit oiseau bleu du bonheur — sous mon nez. Et tout cela n’était qu’un heureux hasard.

Ciel avait la tête baissée et les poings serrés. « Tu trompes tout le monde. Ce n’est pas juste. »

« Ce n’est pas moi qui ai tort, c’est le monde. Tu n’as aucune influence, donc personne n’écoutera un mot de ce que tu dis. Maintenant que tu as terminé ce que tu étais venue faire ici, pourquoi ne pas aller t’occuper de tes devoirs ? »

J’aurais pu l’énerver davantage, mais j’avais moi aussi du travail à faire. C’était dommage, mais notre petite discussion devait s’arrêter là. Je m’apprêtais à diffuser les images de mes réjouissances sur la planète capitale pour mes sujets. Je commencerais par leur dire : « Regardez comment je dépense mon argent ! », puis je leur infligerais une hausse des impôts. Je leur ferais regretter de m’avoir mis dans l’embarras avec ces protestations pour un héritier.

Ciel se dirigea vers la porte, les larmes aux yeux, impuissante. En sortant, elle ajouta : « J’aiderai tout le monde à te voir telle que tu es. Si mon frère apprend la vérité à ton sujet, je suis sûre que… »

Elle voulait apparemment remettre Kurt dans le droit chemin, mais c’est Ciel qui s’était fourvoyée au sujet de son frère.

« Kurt n’est pas le genre de gars que tu crois. Tu ne le savais pas ? » C’était tragique qu’elle ne reconnaisse pas le chemin diabolique sur lequel son propre frère s’était engagé.

Mais il y avait quelque chose d’étrange dans l’apparence de Ciel. Ses joues rougirent, elle trembla et des larmes coulèrent sur ses joues. « Tu te trompes ! Mon frère n’est pas comme ça. Ce n’est pas possible ! »

Elle se précipita hors de la pièce en pleurant. Elle ne pouvait apparemment pas supporter la vérité sur les mauvaises habitudes de son frère.

Après son départ, une silhouette sortit de mon ombre : Kukuri. En sortant la tête, il me regarda. « Êtes-vous d’accord avec ça, maître Liam ? Cette fille était terriblement impolie. »

Si on le laissait faire, Kukuri pourrait assassiner Ciel. J’avais décidé d’étouffer cette idée dans l’œuf.

« Ne lève pas la main sur elle, c’est une invitée très importante pour le baron Exner. Et puis, elle est amusante à taquiner. D’ailleurs, si tu remarques qu’elle a des problèmes, tu dois l’aider, d’accord ? »

Voyant mon amusement, Kukuri renonça à donner une leçon à Ciel. Il semblait cependant un peu exaspéré. « Vous ne devez pas vous laisser emporter, maître Liam. »

Kukuri devait se plaindre de moi. J’avais également épargné Kunai.

« J’aime bien Ciel. Tu peux me permettre quelques amusements, n’est-ce pas ? » avais-je insisté. « Alors, de quoi as-tu besoin ? — Tu es venu juste pour me demander si tu pouvais assassiner Ciel ? »

« J’ai quelque chose à vous dire, Maître Liam, » répondit Kukuri. « Nous venons de mettre la main sur ces éprouvettes contenant votre matériel génétique. Elles étaient en possession de Christiana et de Marie. »

Cette paire s’était-elle promenée avec mes spécimens génétiques ? Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Mon amusement disparut instantanément et mon expression se durcit.

« Kukuri, tu fais du bon travail. Je te récompenserai plus tard. »

J’appréciais d’avoir des subordonnés compétents.

« Comment comptez-vous punir ces deux-là, maître Liam ? »

« Je m’en occuperai personnellement. » Qu’est-ce qu’elles voulaient faire de mon matériel génétique ? « Je n’arrive pas à croire ces deux-là. Et toi, Kukuri ? »

« Non plus, Maître Liam. »

Tia et Marie se trouvaient dans des régions différentes de mon domaine, mais il faudrait que je les rappelle toutes les deux et que je les réduise à la portion congrue. Sérieusement, avaient-elles voulu vendre ces éprouvettes ? L’idée d’un héritier illégitime me mettait en rage. Étaient-elles conscientes de la gravité de leurs actes ? Quoi qu’il en soit, leur plan avait capoté et elles ne s’en sortiraient pas comme ça !

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