Chapitre 12 : Un chien de compagnie
Partie 2
Alors qu’elle me suppliait, les larmes aux yeux, j’avais regardé Chino. Maintenant que la bataille était engagée, elle jetait des coups d’œil tout autour d’elle, comme si elle s’était réveillée en sursaut.
« Chino est en train de paniquer. Ramène-la dans mes quartiers, et prenez un goûter ensemble. »
Nous étions au milieu d’une bataille, mais mes quartiers étaient particulièrement bien protégés, elles y seraient donc très bien. Ellen prit à contrecœur la main de Chino, et Amagi les conduisit toutes deux hors du pont.
La capitaine de la garde royale attendait de me faire un rapport, et elle s’avança. « Seigneur Liam, nous avons reçu un message des pirates. Ils souhaitent se rendre. »
C’est pathétique. Ils pensaient qu’ils pouvaient entrer dans mon domaine et s’en tirer à bon compte ? C’est peu probable.
« Refusé. C’est de leur propre faute s’ils sont venus ici. Sur ce, convoque le vaisseau de classe forteresse stationné à proximité. Ça permettra de nettoyer ces minables. »
J’avais donné des ordres normaux, mais la capitaine signala quelque chose d’inattendu.
« Seigneur Liam, certains parmi les pirates prétendent être des nobles. L’un d’entre eux se présente comme Burns de la faction du prince Cléo. Devons-nous cesser l’attaque ? »
Burns ? Je connaissais plusieurs personnes portant ce nom, et je n’avais aucune idée de laquelle il s’agissait. En fait, maintenant que j’y pense, je me souvenais d’un flagorneur trop amical, qui avait récemment rejoint la faction de Cléo et s’était présenté à moi sous le nom de Burns. Serait-ce lui ? Eh bien, si c’est le cas, cela ne change rien.
« Quoi ? Crois-tu que des nobles s’allieraient à des pirates ? Quel manque de respect », avais-je averti la capitaine en souriant malicieusement.
Elle comprit ce que je voulais dire et haussa exagérément les épaules. « Je m’excuse pour mon impolitesse. C’est exactement comme vous le dites, seigneur Liam — de fiers nobles ne s’allieraient jamais à des pirates. J’accepterai la punition que vous jugerez nécessaire pour ma transgression. »
Je ne la punirais pas, évidemment. J’étais un type tolérant envers ceux qui m’obéissaient. « Soit juste prudente à l’avenir. Maintenant, comme je l’ai dit, ne laisse pas un seul vaisseau pirate s’échapper. »
Bien sûr, j’avais compris qu’il y avait des nobles parmi les pirates, il n’était pas rare qu’ils s’allient. En fait, les deux sont fondamentalement identiques. Les nobles impériaux n’étaient au fond que des pirates bien élevés, il n’y avait donc rien d’étrange à ce qu’ils travaillent ensemble. Nobles ou non, cependant, je ne pouvais pas leur pardonner d’avoir mis la pression sur mon domaine. Je n’avais d’autre choix que de les écraser.
« Il est temps de montrer mon nouveau vaisseau. Faisons-en un véritable spectacle. »
La capitaine de la garde royale inclina la tête avec révérence.
Le commandant de la passerelle, qui avait écouté notre conversation, tendit la main vers l’avant en criant : « Navire amiral, avancez ! Préparez-vous à charger ! »
☆☆☆
Les nobles et les pirates s’étaient aperçus qu’ils étaient attaqués par une flotte comptant moins d’un tiers de leurs effectifs.
« Pourquoi ne pouvons-nous pas les battre ? » s’écria l’un d’eux.
« Ce sont les forces d’élite de la maison Banfield ! Et l’un de leurs vaisseaux est… étrange ! »
Un énorme superdreadnought éliminait les navires pirates les uns après les autres, et aucune de leurs attaques ne l’affectait. Tout ce qui traversait son champ de protection rebondissait sur sa coque.
Ce superdreadnought, en revanche, détruisait plusieurs navires pirates à chaque attaque. Un seul tir de son canon principal pouvait transpercer des dizaines de leurs navires. Il faisait des ravages sur le champ de bataille, anormalement efficace pour un navire de sa vaste taille.
À présent, les nobles cachés au sein de la flotte pirate étaient préoccupés par leur survie.
« Contacte-les et rends-toi ! »
« Nous avons essayé, mais ils ne veulent pas négocier ! Leur dernier message était “mort aux insolents pirates de l’espace qui se font passer pour des nobles” ! »
Le noble tapa du poing sur son accoudoir. « Maudit chien de Liam ! A-t-il vraiment l’intention de nous tuer ? Je fais partie d’une précieuse lignée impériale ! Je ne peux pas mourir dans un endroit comme celui-ci ! Continue de les appeler ! »
Alors même qu’il criait, le superdreadnought continuait à faire exploser les navires pirates en morceaux les uns après les autres. Le massacre — il était trop unilatéral pour être appelé bataille — ne s’était interrompu que lorsque Liam accepta finalement leurs demandes de communication.
Affiché sur l’écran principal de leur pont, Liam arborait une expression arrogante. Le noble lui sourit désespérément, les cheveux ébouriffés par la panique. « Seigneur Liam, ça fait une éternité ! Vous vous souvenez de moi, n’est-ce pas ? C’est Burns ! »
Il avait à peine réussi à garder son calme que Liam était apparu à l’improviste. Qu’est-ce qu’il fait là ? Je croyais qu’il avait disparu ! Le prince Calvin aurait-il pu nous tromper ?
L’attitude de Liam resta froide. « Je ne connais aucun de vous, pirates, et un noble ne pourrait pas envahir mon territoire à l’improviste. Par conséquent, vous mourrez ici. »
Burns resta sans voix pendant un moment avant d’exploser de rage, le visage rouge. « Savez-vous ce qui se passera si vous me tuez ? J’ai des gens puissants qui me soutiennent ! »
Sa menace n’avait eu aucun effet sur Liam. « Je m’en fiche. Je ne peux pas imaginer qu’un pion comme toi ait des informations dignes d’intérêt pour moi. »
Cela dit, Liam coupa la communication. La négociation avait échoué.
« A -Attendez — ! » Burns tendit la main vers le moniteur d’où Liam avait déjà disparu, comme pour s’accrocher à lui. Il avait réalisé qu’il était vraiment sur le point de mourir.
« Un vaisseau de classe forteresse est apparu ! », cria un opérateur. « Ainsi qu’au moins six mille autres vaisseaux ! Nous pensons qu’il s’agit de la maison Banfield. Ils n’arrêtent pas d’entrer en distorsion ! »
De plus en plus de vaisseaux de Liam se joignaient à la bataille. Burns observa sur l’écran principal les puissants vaisseaux spatiaux de la maison Banfield qui éliminaient un à un les vaisseaux de ses alliés. L’ennemi avançait régulièrement, et parmi eux, ce superdreadnought monstrueusement puissant. Maintenant que sa faction était décimée par un ennemi bien plus puissant, Burns perdit complètement l’envie de se battre.
« Alors, c’est… Le chasseur de pirates Liam », marmonna Burns, alors que son vaisseau fut enveloppé de lumière et se vaporisa.
☆☆☆
Près de la deuxième planète de la maison Banfield, des vaisseaux sortaient en masse d’une forteresse construite à l’intérieur d’un astéroïde. Parmi eux se trouvait le Vár, le superdreadnought dont Tia était la capitaine. Elle se trouvait sur la passerelle et communiquait avec un membre de son équipe.
« Ont-ils répondu à nos messages ? »
« Seulement pour nous traiter de sales traîtres. En bref, la 381e flotte de patrouille a refusé de coopérer avec nous. »
« Je vois. C’est malheureux. »
Tia prit note mentalement de la flotte non coopérative avec un sourire en demi-teinte.
Une fois l’appel terminé, son adjointe Claudia lui jeta un regard inquiet. « Ne vous laissez pas perturber, Lady Tia. »
Tia sourit à son adjudante prévenante. « Ça ne me dérange pas, mais j’avoue que j’espérais qu’ils étofferaient nos forces lorsque nous aurons affaire à ce fossile. »
À ce jour, la faction de Tia avait rassemblé dix-huit mille navires. Cela aurait pu sembler suffisant, mais compte tenu de l’adversaire qu’ils prévoyaient de combattre, Tia voulait avoir le plus grand nombre de vaisseaux possible à sa disposition.
Claudia évalua la taille de la flotte ennemie. « Le fossile utilise la présence de Lady Rosetta pour attirer les vaisseaux. J’estime qu’ils ont actuellement environ douze mille vaisseaux spatiaux. »
Tia porta une main à son menton, les sourcils froncés. « Six mille vaisseaux, c’est un avantage décent sur eux, mais c’est un ennemi redoutable. J’en veux plus. »
Tia qualifiait toujours Marie de « fossile », mais elle ne sous-estimait pas les capacités de l’autre chevalier. Claudia non plus, Marie était une ennemie détestée, mais Claudia analysait calmement la force de sa faction.
« Les chevaliers qui pilotent les Teumessas vont poser des problèmes », dit-elle à Tia. « Honnêtement, ils nous surpassent en capacité — ce sont des pilotes incroyablement doués. »
Sur le plan individuel, Marie et ses chevaliers étaient plus compétents que ceux de Tia, et Tia le comprenait.
« Les Teumessas seront difficiles à combattre avec les Nemains », pensa-t-elle.
« Oui. Les Nemains sont excellents pour les machines produites en série, mais les Teumessas les surpassent en performance. »
Les Nemains, les principaux chevaliers mobiles utilisés par la maison Banfield, étaient des machines extrêmement performantes. En plus de leurs spécifications élevées, ils étaient faciles à construire et à entretenir. La construction et l’entretien des Teumessas, plus coûteux, étaient plus difficiles, mais ils étaient si performants qu’ils convenaient parfaitement aux as du pilotage. N’importe qui pouvait piloter un Nemain, alors que les Teumessas étaient conçus pour les as.
Tia croisa les bras et réfléchit aux options qui s’offraient à elle, en tapant du pied. Bientôt, elle prit une décision. « Très bien… Je vais autoriser l’unité sous mon commandement direct à utiliser des Valkyries. »
La Valkyrie était une option de Nemain qui se distinguait par son coût d’utilisation extravagant.
Les yeux de Claudia s’étaient agrandis. « Êtes-vous sûre ? Les Valkyries nous permettraient certainement de les battre, mais… »
Tia sourit. « Eh bien, je dirais que nous les avons sous la main pour ce genre de situation. Prépare Brunhild pour moi, veux-tu ? »
Alors que Claudia fit un salut de chevalier à Tia, une goutte de sueur froide coula sur sa joue. « Oui, madame. »
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merci pour le chapitre