Chapitre 9 : Le cauchemar
Partie 5
Les cadavres de Casimilo et des membres adultes de sa famille avaient été exposés à la vue de tous dans le domaine de la maison Berkeley. La population, longtemps tourmentée par les nobles pirates, avait trouvé un grand soulagement dans leur mort.
Invisible dans la foule, le Guide observeait tout, le visage tordu par la douleur.
« Au moins, tu en as voulu à Liam. Laisse-moi avoir tes émotions négatives. »
Le Guide aspirait les nuages de haine et de ressentiment qui s’accrochaient aux corps de Casimilo et de sa famille. Il absorba également le ressentiment des citoyens dont les proches avaient servi comme soldats et qui étaient morts à cause de Liam. Il était logique qu’ils détestent Liam alors que leurs proches étaient partis à la guerre pour le combattre et n’étaient jamais rentrés chez eux.
Après avoir aspiré toutes les émotions négatives de la région, le Guide parvint à trouver un certain soulagement. Il avait encore de l’espoir pour la femme à qui il avait donné le pouvoir un peu plus tôt.
« Je peux maintenant supporter un peu la douleur. Tout mon espoir repose sur Eulisia. Cette femme a aiguisé ses crocs, attendant le bon moment pour frapper. Je suis sûr qu’elle est à côté de Liam en ce moment même, observant et attendant un moment de vulnérabilité. »
Eulisia était allée jusqu’à se porter volontaire pour les forces spéciales afin de préparer sa vengeance. Un tel désir de vengeance n’était pas banal, aussi, le Guide attendait-il beaucoup d’elle. De plus, en tant qu’adjointe de Liam, elle était dans une position idéale pour l’assassiner.
« Ne sois pas trop arrogant après ta défaite contre la Maison Berkeley, Liam. Le danger n’est pas encore écarté pour toi ! »
Le Guide fit surgir une porte de nulle part pour se téléporter aux côtés d’Eulisia. Il voulait être témoin du moment où elle atteindrait son but. En tournant violemment la poignée de la porte, il l’ouvrit d’un coup sec et la franchit.
☆☆☆
Trois mois après la guerre avec la Maison Berkeley, Eulisia, l’adjointe de Liam, était assise avec lui dans son nouveau bureau, l’aidant dans son travail. Sa flotte de patrouille avait terminé ses tâches et était retournée sur la Planète Capitale, et Liam lui-même était descendu sur la planète pour occuper un poste de bureau dans une installation militaire. Son service militaire actuel touchait à sa fin et il se préparait à entrer dans les forces de réserve de l’armée.
Liam et Eulisia étaient seuls dans son bureau. Eulisia plissa les yeux en le regardant travailler avec diligence.
C’est peut-être le bon moment.
Comme elle connaissait tous de l’emploi du temps de Liam, Eulisia était persuadée que c’était l’occasion rêvée pour elle. Liam était un homme, il avait donc des désirs sexuels. En fait, il avait probablement plus de désir qu’un homme moyen. Il n’avait jamais levé la main sur les femmes qui l’entouraient, et il n’était donc pas très doué pour libérer cette énergie. Eulisia pensait que cela devait être une source de frustration cachée pour lui.
Sentant qu’Eulisia était sur le point de faire un geste, le Guide l’observa avec impatience, s’assurant qu’aucun d’entre eux ne sente sa présence. De la même façon, l’esprit du chien observait pour s’assurer que le Guide ne le sente pas. Il plissa les yeux et quitta la pièce pour aller ailleurs.
Le Guide était entièrement concentré sur l’adjuvante de Liam. Bien, Eulisia ! Tu dois tuer Liam !
Eulisia, avec son obsession incessante pour Liam et sa rancune profonde à son égard, lâcha soudainement son stylo. Elle tourna le dos à Liam et se pencha… sa jupe courte se soulevant et dévoilant sa culotte.
Liam avait réagi à la manœuvre calculée, ses épaules se soulèvent par à-coups. À l’intérieur, Eulisia prit la pose de la victoire. Il a mordu à l’hameçon !
Jusqu’à présent, tout se passe comme prévu. Ce matin-là, elle avait consciemment choisi des sous-vêtements purement pratiques et non sexy, mais vu le temps qu’elle passait avec Liam, elle savait que c’était ce qu’il préférait. Pourtant, elle savait qu’elle ne pouvait pas être complètement dénuée de charme. Les goûts de Liam étaient difficiles à cerner et pouvaient être très spécifiques, mais avec ceci, elle avait atteint la cible.
Tu aimes les sous-vêtements de ce type, n’est-ce pas ?
Sentant son regard sur elle, Eulisia prit le temps de se redresser, puis se tourna vers lui avec un sourire. Elle fit mine de déplacer sa main pour ajuster sa jupe, prenant un air faussement gêné. Ce n’était qu’une comédie, bien sûr.
« Je suis terriblement désolée, Lieutenant Général. »
« Euh, euh, c’est bon. Mmhm. »
En voyant l’énervement de Liam, Eulisia était assurée de sa réussite. Ton visage est rouge, petit !
Tandis qu’Eulisia regardait Liam comme un prédateur observant sa proie, le Guide l’encourageait depuis l’ombre. La situation lui paraissait un peu étrange, mais le désir de vengeance de la jeune femme était parfaitement clair. Il décida de ne pas s’en faire.
« Bien, Eulisia ! Séduis-le pour qu’il baisse sa garde, puis enlève-lui la vie ! Tu peux le faire ! »
Eulisia sourit, mais avant qu’elle ne puisse passer à l’action suivante…
« Seigneur Liaaam ! »
Nias fit irruption dans la pièce en pleurant — et elle semblait porter un maillot de bain. Le vêtement bleu marine d’une seule pièce comportait un rectangle de tissu blanc sur la poitrine, sur lequel son prénom était griffonné dans une écriture enfantine.
En la voyant, Eulisia s’emporta intérieurement. Pas toi encore !
Il ne s’agissait pas seulement pour Nias d’interrompre et de distraire Liam avec un sujet insignifiant. Si c’était le cas, Eulisia pourrait simplement la chasser. Le problème venait de ce qu’elle portait. Il s’agissait d’un nouveau style de sous-vêtements pour le travail, qui se voulait pratique, mais qui pouvait être considéré comme subtilement sexy… Et c’était quelque chose de parfaitement adapté aux goûts de Liam.
Il oubliera complètement mes sous-vêtements maintenant !
Eulisia se retourna pour regarder Liam, mais celui-ci réagit de manière inattendue. Le regard froid, il marmonnait pour lui-même : « On dirait un maillot de bain d’école. » Cela aurait dû être exactement le genre de chose qui l’intéressait, mais pour une raison ou une autre, il semblait dénué d’intérêt. En fait, il regardait Nias comme si elle était plutôt à plaindre.
Ne remarquant pas du tout sa réaction, Nias s’accrocha à lui et continua à pleurer. « Écoutez ça, Seigneur Liam ! Mes supérieurs ont repris le budget et tout le matériel qui devait être pour moi !!! Ils m’ont dit qu’ils prendraient la responsabilité du développement, et que je devais donc m’asseoir et être sage ! N’est-ce pas terrible !? »
Qu’avait-elle fait exactement ? Les dirigeants de la Septième Fabrique d’Armement avaient dû faire quelque chose de fou pour lui confisquer ses affaires. Eulisia secoua la tête avec dégoût.
« Capitaine Carlin, le lieutenant général travaille. Sors de son bureau. »
Malheureusement pour Eulisia, Liam semblait avoir pitié de la Nias en pleurs et avait l’intention de l’écouter. « C’est bon… Personne ne va se plaindre si mon travail est un peu en retard. De toute façon, je ne fais que perdre du temps ici. Mais tu es vraiment un sacré numéro, Nias. Mais qu’est-ce que tu portes ? »
Nias s’effondra sur le sol et retira ses lunettes, le visage baigné de larmes. « Mon patron m’a ordonné de le porter quand je travaille ici ! Oh Seigneur Liam, il y avait tant de nouvelles technologies que je voulais expérimenter ! Ne comprennent-ils pas que tout processus de développement comporte un risque d’explosion ? »
Euh, non, ce n’est pas le cas, répondit Eulisia en silence. Elle regarda Liam et resta sans voix devant sa réponse.
« Tu es vraiment désespérée, n’est-ce pas ? Ne t’inquiète pas, je vais parler à la Septième usine d’armement. »
« Merci beaucoup ! »
Liam s’était montré agacé par le fait que Nias s’accrochait à lui, mais en même temps, il semblait heureux. Eulisia avait déterminé que ce qu’il ressentait n’était pas de la luxure… Il semblait simplement apprécier la situation, d’une certaine manière. Quoi qu’il en soit, le sourire satisfait qu’il arborait obligea Eulisia à s’avouer vaincue. Elle avait beau se démener, elle ne gagnerait jamais contre quelqu’un d’aussi peu rusé que Nias. Elle avait l’impression qu’on lui avait jeté ce fait à la figure.
Eulisia se mit à genoux. Ignorant la surprise du Guide, elle se mit à sangloter et Liam se tourna vers elle, inquiet.
« H-hey, qu’est-ce qu’il y a ? »
Se souvenant de toutes les épreuves qu’elle s’était imposées, Eulisia fondit en larmes comme une enfant. « J’ai travaillé si dur ! J’ai trimé pendant des décennies, prévoyant de te séduire et de te jeter ensuite ! »
« De quoi parles-tu ? Me séduire ? »
« Eh bien, à la maison Razel, tu ne t’es même pas intéressé à moi ! J’ai essayé de te séduire à d’autres moments, mais tu m’as complètement ignoré, Lieutenant Général — Comte ! »
« Hein ? »
Sous les yeux de Liam et de Nias, complètement déconcertés, Eulisia se blottit contre ses genoux.
Liam déclara : « N’agis-tu pas ainsi, car tu ne peux pas m’attirer en me séduisant avant de me rejeter ? »
Nias renifla en entendant ce plan de vengeance. « Bonne chance pour le jeter alors que tu ne peux même pas l’avoir en premier lieu. »
Eulisia se sentit complètement humiliée d’entendre ces mots de la bouche d’une adulte en maillot de bain. Elle enfouit à nouveau son visage dans ses genoux. « J’ai fait tellement d’efforts ! Je suis retournée à l’armée et je suis entrée dans les forces spéciales, et après avoir obtenu toutes sortes de qualifications, je me suis finalement retrouvée à tes côtés ! Tout ça pour te faire croire que tu pouvais me faire ce que tu voulais, et même tout me prendre si tu le désirais ! J’ai travaillé pendant des décennies pour y parvenir ! »
Liam avait l’air de ne pas savoir quoi dire. « Tout ça, pour moi ? »
Eulisia fit un petit signe de tête. Tout le travail qu’elle avait accompli avait eu pour but de séduire Liam.
Lorsque le Guide apprit la vérité, il tomba lui aussi à genoux dans un coin de la pièce. « Tu te moques de moi ! »
Il était vrai qu’elle nourrissait un désir de vengeance, mais le Guide ne s’attendait pas à ce que ce désir se résume à attraper Liam avec ses ruses féminines et à le larguer… juste pour le blesser et l’humilier.
Liam se gratta la joue. « Tu es un cas plutôt malheureux aussi, n’est-ce pas ? Tu parles d’un plan alambiqué. »
Nias ajouta triomphalement. « Oh ? Y a-t-il d’autres malheureuses filles autour de vous, Lord Liam ? Ça doit être dur. »
« Oui, c’est toi. »
« Hein !? »
Ignorant la réaction sincèrement choquée de Nias, Liam s’accroupit pour se mettre au niveau des yeux d’Eulisia. « J’ai compris. Ok, tu peux me larguer si tu veux. »
Eulisia leva les yeux et renifla en grommelant : « Tu ne m’as même pas encore demandé d’être avec toi. »
Il était essentiel pour elle qu’il la veuille en premier.
« C’est important, hein ? Bon, d’accord. »
Pour exaucer le vœu d’Eulisia, Liam fit semblant de se confesser. Si elle allait de toute façon le rejeter, il s’était évidemment dit qu’il n’avait pas besoin d’être sincère.
« Eulisia, quand tu auras quitté l’armée, tu pourras venir avec moi. »
« Euh ! »
Lorsqu’elle entendit la promesse gentiment formulée par Liam, Eulisia rougit de surprise, un sourire illuminant son visage. Puis elle fronça les sourcils et réalisa : attends… Si je rejette cette invitation, je serai coincée dans l’armée pendant des siècles, n’est-ce pas ?
Elle s’était entraînée pour servir dans les forces spéciales de l’armée, et cette formation n’était pas gratuite. La formation d’un soldat hautement qualifié coûtait beaucoup d’argent. Et si l’on s’entraînait davantage pour obtenir des qualifications supplémentaires, cela coûtait encore plus cher. L’armée avait beaucoup investi dans Eulisia, elle ne la laisserait donc pas partir facilement. De plus, il y avait un autre problème à prendre en compte.
Même si je pouvais réussir à séduire un autre noble, est-ce qu’un noble serait meilleur que lui ?
L’objectif initial d’Eulisia avait toujours été de s’assurer une place de maîtresse ou de concubine auprès d’un noble à l’avenir prometteur. Lorsqu’elle prenait cela en considération, refuser l’offre de Liam était impensable. Il y avait peu de chances qu’elle rencontre un jour un noble plus prometteur que lui.
Eulisia réévalua Liam de son point de vue actuel. Sur le plan de l’apparence, il avait du succès. Sa personnalité était tout juste bonne à être retenue. Cependant, ses atouts étaient dignes d’une étoile d’or et ses possibilités d’avenir étaient inégalées.
Eulisia fixa son visage. Confus par cette attitude et son hésitation, Liam attendit néanmoins qu’elle le rejette. « Hé, qu’est-ce qui ne va pas ? N’allais-tu pas te venger en me repoussant ? »
Eulisia s’élança vers Liam. « Je resterai avec toi pour toujours, mon seigneur ! »
En tant que femme, Nias comprit immédiatement le raisonnement d’Eulisia. « Tu as réfléchi et tu as décidé que ce serait du gâchis de le laisser partir, n’est-ce pas ? Sache que le seigneur Liam est mon protecteur ! »
Liam s’emporta contre l’affirmation de Nias. « Je ne suis rien du tout ! Et laisse-moi partir, Eulisia ! Je croyais que tu voulais te venger de moi en me larguant ! »
Toujours désespérément accrochée à lui, Eulisia lui expliqua pourquoi elle avait changé d’avis. « Tu as un avenir si prometteur, Monsieur le Comte ! En plus, tu n’as qu’une seule femme et pas d’autres maîtresses ou concubines ! »
Si Eulisia était capable d’occuper une position telle que celle de maîtresse ou de concubine de Liam, elle s’élèverait bien plus haut dans le monde que sa position actuelle. Et quand elle y pensait, si elle était capable de le séduire, elle prouvait déjà sa supériorité. Inutile d’aller plus loin. Ce serait un véritable gâchis de refuser son invitation maintenant.
« Pourquoi es-tu un tel désastre, Eulisia ? »
« Tu as dit que je devais venir avec toi ! »
Observant l’agitation entre les trois humains, le Guide finit par perdre patience. Il sortit de l’ombre et s’avança.
« Arrêtez un peu ! Ce n’est pas du tout de la vengeance !!! »
Il claqua violemment des doigts, arrêtant le temps. Ce faisant, il révéla sa véritable forme à Liam.
Les yeux de Liam s’écarquillèrent à l’apparition soudaine du Guide.
« Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vus, Liam ! »
Le Guide avait décidé qu’il était temps de tout lui révéler.
merci pour le chapitre