Je suis le Seigneur maléfique d’un empire intergalactique ! – Tome 4 – Chapitre 7

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Chapitre 7 : La flotte de Berkeley

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Chapitre 7 : La flotte de Berkeley

Partie 1

Sur la planète d’origine de la maison Berkeley, Casimilo s’entretenait avec un soldat venu le voir dans son bureau.

« J’ai jeté un coup d’œil à votre stratégie. C’est un travail remarquable, même s’il faudra la réorganiser si nous voulons l’utiliser contre ce sale type de Banfield. »

Il s’agissait de Dolph, qui avait atteint le grade de major. Après avoir perdu contre Liam lors de leur match à l’école militaire, sa vie avait été bouleversée et, malgré son grade, il s’était retrouvé dans une position sans intérêt au sein de l’armée. Lorsqu’il avait entendu les rumeurs selon lesquelles la Maison Berkeley se préparait à combattre Liam de front, il s’était empressé de rencontrer Casimilo. Désireux d’avoir une nouvelle chance d’affronter Liam, Dolph était prêt à mettre tout ce qu’il avait dans cette stratégie pour le vaincre.

« Si vous me permettez de le dire, » répondit Dolph, « Je ne suis même pas sûr que ce soit suffisant. C’est le moins que je puisse faire, en tenant compte d’un budget et d’un calendrier réalistes. »

Casimilo s’étonna que Dolph juge son plan insuffisant. « Il ne suffira pas de remplacer toute ma flotte et de changer nos stratégies de combat ? Je n’ai jamais entendu parler d’une formation spécialisée dans le combat à moyenne et courte portée. »

Dolph projeta un hologramme devant Casimilo. Il s’agissait d’une image volée de la flotte régulière de la maison Banfield.

« La qualité de la flotte de la maison Banfield est du même niveau que celle de l’armée impériale. Quant à sa taille, des sources indiquent qu’elle a récemment doublé, passant de trente mille à soixante mille navires. »

« Bien sûr, c’est beaucoup pour un comte, mais ils ne sont toujours pas une menace pour la Maison Berkeley. »

« Le problème, c’est qu’ils n’ont pas que des chiffres de leur côté. »

Ensuite, Dolph projeta une vidéo de la flotte de la Maison Berkeley massacrant des pirates. Leur puissance militaire était évidente.

« La force de la maison Banfield réside dans son haut niveau d’organisation et dans la qualité du matériel mis à sa disposition. »

« Pourquoi ne pouvons-nous pas les écraser par le nombre ? Tout ce qu’ils peuvent rassembler, c’est soixante mille vaisseaux au maximum, n’est-ce pas ? »

« Même si nous leur opposons cent mille navires, s’ils parviennent à percer notre formation, les deux camps subiront de gros dégâts. Si nous n’avons pas de chance, nous perdrons le commandant de notre flotte, et nous serons comme perdus dans le chaos. »

Fort de son expérience lors de leur précédent face-à-face, Dolph avait imaginé cette stratégie spécialement pour affronter la maison Banfield.

« Par conséquent, nous anticipons le mode d’attaque de Liam et nous sommes prêts à le recevoir. Essentiellement, nous les ferons tomber dans un piège qui les rendra vulnérables. C’est pourquoi notre flotte doit concentrer ses efforts sur le combat à moyenne et courte portée. »

Dolph avait dit à Casimilo que pour battre la flotte de la maison Banfield, il devait préparer une flotte de plus de cent mille navires et jeter par-dessus bord les tactiques traditionnelles à longue portée. Casimilo l’estimait pour ce conseil, même s’il allait à l’encontre des tactiques de combat établies. En fait, il avait été impressionné parce que cela allait à l’encontre des tactiques attendues.

Tous les autres pensent sous estime totalement ce gamin. Ils disent qu’il suffit d’être plus nombreux pour le battre… mais pas lui. Personne ne m’a conseillé de prendre le danger que représente ce garçon aussi sérieusement que lui.

« Que comptez-vous faire de notre formation si l’ennemi décide de rester à distance et de s’en tenir à des attaques de longue portée ? » demanda Casimilo, testant Dolph.

« Ce serait dangereux, je l’admets, mais je connais le style de Liam. La maison Banfield a toujours assuré ses victoires par des charges offensives. On ne se débarrasse pas d’une stratégie utilisée depuis des décennies quand elle n’a jamais failli. Plus ils remporteront de victoires avec cette stratégie, plus il leur sera difficile de changer de tactique au milieu d’une bataille. »

Dans ses conflits avec les bandes de pirates, la maison Banfield avait passé les dernières décennies à charger en avant dans les combats, et en était toujours sortie victorieuse. Elle avait fait de la charge agressive un art, ses navires étaient toujours parfaitement coordonnés et ses vaillants soldats ne connaissaient pas la peur. Lors d’un affrontement avec la Maison Berkeley, ils ne manqueraient pas de s’appuyer sur la même technique qui ne leur avait jamais fait défaut auparavant.

Casimilo était convaincu que Dolph avait compris et anticipé les méthodes de la maison Banfield. C’est lui. C’est lui qui doit assurer notre victoire.

Dolph parlait avec passion pour rallier Casimilo à ses idées, sans se rendre compte que ce dernier était déjà convaincu. « Certes, il faudra du temps et de l’argent pour mettre les choses en place, mais ce sont des dépenses nécessaires si nous voulons vaincre la maison Banfield ! Il vous faudra préparer une flotte entièrement nouvelle et moderne, et former vos officiers à la stratégie que je propose pour la mener à bien. Mais votre adversaire mérite cet effort, il ne faut pas sous-estimer la Maison Banfield ! »

La flotte de la Maison Berkeley devrait être entièrement reconfigurée pour lutter contre ce seul adversaire. La nouvelle flotte serait prête à répondre à la charge de l’ennemi, mais aurait des problèmes lors d’une bataille à longue distance. Tous les autres soldats que Casimilo avait consultés lui avaient simplement dit que tant qu’il avait le nombre, il pouvait se battre normalement et triompher, mais Casimilo s’était toujours douté que cela ne suffirait pas.

« Serons-nous prêts à temps ? La maison Banfield a pris une longueur d’avance dans la construction d’une nouvelle flotte. »

« Nous ne pouvons qu’essayer. Non, j’y veillerai ! Nous allons commencer immédiatement, afin de préparer autant de navires que possible dans les temps ! »

La passion de Dolph avait renforcé la détermination de Casimilo.

« Alors, très bien. Considérez-vous comme engagé. »

Dolph ne put s’empêcher de sourire aux paroles de Casimilo, mais il se reprit rapidement et répondit solennellement : « Merci beaucoup, monsieur ! J’aimerais que vous commenciez par rassembler des pirates. »

« Quoi ? On va les utiliser aussi ? »

« La flotte de la maison Berkeley sera celle qui affrontera la maison Banfield, mais j’aimerais que vous fassiez pression ailleurs avec des forces pirates pour empêcher les autres maisons d’apporter leur soutien à la maison Banfield. »

« Bien vu. Le morveux n’a pas beaucoup d’alliés, mais il en a quelques-uns. Très bien. »

Une partie du plan de Dolph consistait à faire pression sur ceux qui s’étaient alliés à Liam afin qu’il ne soit pas en mesure d’appeler des renforts.

« Le fait est, » poursuit Dolph, « que j’ai entendu une rumeur selon laquelle Liam serait en train de mettre sur pied une flotte d’armée régulière… D’après mes investigations, c’est vrai. Il pourrait avoir l’intention de s’en servir comme arme secrète. »

Une flotte régulière se composait de dizaines de milliers de navires. Lorsque Casimilo entendit cela, sa confiance vacilla. Si c’était vrai, même le fait de rassembler des pirates pour augmenter leurs propres forces risquait de ne pas suffire. « Eh bien, ce n’est pas bon ! » dit-il.

« Cependant, il y a beaucoup de gens dans l’armée qui n’ont pas une bonne opinion du petit Banfield. Ce ne serait pas une mauvaise idée de les rassembler. »

« Ce serait fantastique ! », s’enthousiasmait Casimilo. S’ils pouvaient rassembler toutes les flottes de patrouille restantes et les soldats nobles, cela ferait des dizaines de milliers de navires supplémentaires. De plus, les soldats mécontents ne seraient pas les seuls à s’allier à Casimilo. Il avait déjà été approché en secret par des marchands et des représentants des Première et Seconde Fabriques d’armement, amers que Liam n’utilise pas leurs services.

« Dolph, pouvez-vous constituer une flotte avec les soldats que nous pouvons rassembler ? »

« Je peux essayer, mais je ne sais pas si ce sera utile. Il pourrait peut-être servir de leurre. »

Ni Dolph ni Casimilo n’accordaient beaucoup d’importance aux personnes qui se portaient volontaires pour aider.

Casimilo déclara : « Vous rassemblez ces patrouilles en une seule flotte, et je vais contacter quelques usines d’armement pour qu’elles les remettent en état. »

« En êtes-vous sûr ? Cela augmentera considérablement votre budget. De plus, ce genre de soldats se plaindra et désertera au premier signe d’un traitement un tant soit peu médiocre. »

Dolph avait des doutes sur le fait de dépenser autant d’argent pour une flotte qui risquait de devenir un pion sacrifié, mais Casimilo lui avait dit de ne pas s’inquiéter de cette dépense.

« Je m’en fiche ! Si nous devons le faire, nous allons y aller à fond ! Quoi qu’il en coûte, si cette flotte inadaptée est capable de faire le moindre dégât contre lui, ça en vaut la peine ! »

Casimilo avait encore un autre stratagème en tête.

« De plus, les pirates serviront également d’appât pour la maison Banfield. »

« Appât ? »

« C’est bien cela. Nous commencerons par demander à nos alliés pirates d’engager le combat avec les forces de la maison Banfield, mais ils se battront de manière conventionnelle, à longue distance, pour que Banfield reste bloqué dans sa stratégie habituelle de charge frontale. Ainsi, lorsque nous lui rendrons la pareille au corps à corps, la surprise sera plus grande. »

En entendant que Casimilo était déterminé à réussir même au prix du sacrifice de ses alliés pirates, Dolph eut des sueurs froides. Pourtant, il souriait. « C’est une bonne idée. Je me sens déjà plus proche de la victoire. »

Invisible, le Guide regardait ces plans prendre forme et applaudissait. Savoir que des pirates, des usines d’armement et des soldats rancuniers allaient s’allier à la maison Berkeley le réjouissait.

« Merveilleux ! Faites tout ce que vous pouvez pour faire tomber Liam, vous deux. Je serai là, dans l’ombre, pour vous soutenir jusqu’au bout. »

Dolph avait un dernier plan en poche, par souci d’assurance. « Seigneur Casimilo, puis-je vous suggérer une dernière chose ? »

« Qu’est-ce que c’est ? »

« J’ai entendu dire que Liam allait avoir sa propre flotte de patrouille. Nous devrions essayer de la saboter. Parce qu’il est jeune et inexpérimenté, je doute sérieusement que l’armée laisse une flotte sous son seul commandement. Nous devrions essayer de recruter le commandant de sa flotte de patrouille dans notre camp. »

« Vous êtes plein de bonnes idées ! »

Le sourire du Guide s’élargit encore en écoutant les deux se délecter de leurs plans diaboliques.

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Partie 2

« Qu’est-ce que c’est ? »

J’étais censé être affecté à une flotte de patrouille, et j’avais demandé à Tia de m’en constituer une, mais ce que je voyais maintenant devant moi, c’était une flotte militaire complète, plusieurs fois plus grande que la norme. Depuis le pont d’un nouveau superdreadnought de plus de trois mille mètres de long, je contemplais une ligne de navires apparemment sans fin. La vue des cuirassés remplissant entièrement mon champ de vision était stupéfiante, mais comment les choses en étaient-elles arrivées là ?

Dans le cadre de la cérémonie célébrant ma nomination, un message holographique de félicitations avait été projeté dans l’espace au-dessus des vaisseaux. À mes côtés se tenaient mon adjointe, Eulisia, et mon chevalier Marie, de retour de sa mission dans les forces spéciales. Wallace était également là, en tant que sous-fifre. Et puis…

« Officier d’état-major spécial, monsieur, merci beaucoup de m’avoir nommé capitaine ! Vraiment, merci ! »

Un grand homme aux cheveux courts et hérissés tenait mes deux mains dans les siennes et les secouait vigoureusement de haut en bas.

Il s’agissait du général de brigade Cedric Noah Albareto, récemment promu. En tant que demi-frère de Wallace, il était techniquement un prince impérial, mais il n’avait pas plus de droit au trône que Wallace. En d’autres termes, c’était un autre prince impérial sans valeur comme Wallace. Il sera le capitaine de mon superdreadnought, le vaisseau amiral de la flotte.

Bien que j’aie été promu lieutenant-colonel, j’avais reçu pour cette nomination le titre unique d’« officier d’état-major spécial ». C’était un poste qui avait été spécialement créé pour moi.

Wallace était exaspéré par l’enthousiasme de son frère. « Vas-tu vraiment te mettre à pleurer de bonheur ? »

« Bien sûr que oui ! As-tu la moindre idée de ce que c’est que de passer d’innombrables jours à patrouiller inutilement dans le vide ? Et comment as-tu fait pour obtenir un patron aussi exceptionnel ? »

Cédric avait attrapé Wallace et lui avait fait frotter les oreilles par jalousie.

« Assez ! » s’écria le jeune frère.

Tia finit par faire venir le commandant nominal de la flotte sur la passerelle.

« Lord Liam, permettez-moi de vous présenter le commandant. »

Cet homme semblait avoir une quarantaine d’années, mais il était difficile de déterminer son âge réel en raison de la popularité de la technologie anti-âge. Dans ce monde, avoir l’air d’être d’âge moyen était la preuve d’une vie très longue.

« Je compte sur vous, commandant », lui avais-je dit.

L’homme avait souri d’une manière affable. « Je n’aurais jamais cru devoir m’occuper du comte, qui est un tel sujet de conversation ces derniers temps. Eh bien, tout ce qu’il y a à faire, c’est d’accomplir mon devoir. »

Il n’était pas vraiment en train de me lécher les bottes, mais pour arriver à la position qu’il occupait, il était probablement tout à fait capable. J’étais déterminé à ne pas me frotter à ce type, car avec tout ce que j’avais à faire avec la maison Berkeley, je n’avais pas besoin de nouveaux maux de tête. La maison Berkeley… Ils étaient si persistants.

Nos salutations terminées, Tia m’avait informé de nos projets immédiats.

« Lord Liam, nous commencerons à surveiller nos bases sur la frontière demain. »

« Les bases de l’arpentage ? »

« Oui. En partie pour nous présenter à eux, et en partie pour nous assurer que nos itinéraires sont sûrs. »

Normalement, une telle activité serait menée avec beaucoup moins de vaisseaux. Mais avec autant de vaisseaux dans ma flotte de patrouille, ce serait un énorme gaspillage de ressources. Quoi qu’il en soit, nous étions là, alors j’avais pensé que nous pourrions au moins rendre les choses plus amusantes.

« Pourquoi ne pas diviser la flotte et faire une course jusqu’à notre destination ? Le premier groupe à arriver et à s’occuper des problèmes, comme les pirates qui repèrent la base, recevra une belle prime de ma part. »

Lorsque j’avais suggéré de faire de cette excursion un jeu au lieu de la prendre au sérieux, Tia avait affiché un rare froncement de sourcils. « Cette flotte sert aussi à afficher votre autorité, Seigneur Liam. Je ne conseillerais pas de l’utiliser de cette façon. »

« Ah oui ? »

Je commençais à me dire qu’il serait amusant d’avoir une flotte aussi importante, quand Marie était intervenue pour exprimer son désaccord avec Tia.

« Oh ? Tu refuseras quelque chose au Lord Liam ? Je te conseille de le laisser faire ce qu’il veut. C’est un gaspillage de ressources que de déplacer une telle flotte en bloc. »

Le regard de Tia se porta sur Marie, qui souriait comme pour la provoquer. « C’est une expérience d’apprentissage pour Lord Liam que de contrôler une flotte aussi importante, mais je suppose que tu ne peux pas le comprendre. »

« Pourquoi la flotte devrait-elle rester groupée tout le temps ? Nous nous retrouverons tous au but. Ne soit pas si inflexible, chevalier en chef. »

Voyant les deux chevaliers se disputer, Cédric et Wallace se rapprochèrent et parlèrent à voix basse.

« Les chevaliers de votre patron ne s’entendent pas, Wallace ? »

« Bien sûr que non. Cela arrive tout le temps, il faut s’y habituer. »

Wallace souriait, mais mes deux meilleurs chevaliers qui se battaient ainsi devant tout le monde n’avaient rien de drôle. De toute évidence, Eulisia ne supportait pas non plus de regarder, et elle prit la parole.

« Lieutenant-colonel, est-ce que ce sera une course jusqu’à notre destination ? »

Elle ignorait le commandant et essayait de régler le problème directement avec moi. J’avais jeté un coup d’œil au commandant, qui s’était contenté de hausser les épaules.

« Cela ne me dérange pas dans les deux cas », avait-il déclaré. « Nous n’avons pas d’affaires urgentes à régler pour le moment. »

Il semblait penser que je pouvais en faire ce que je voulais. Même à cette taille, ce n’était qu’une flotte de patrouille après tout.

« Alors, nous ferons la course. Je sais — je donnerai des points pour battre les pirates que nous rencontrerons. Par exemple, dix points pour un grand groupe. Le nombre de points déterminera la récompense du groupe. »

Plus tard, j’avais appris qu’il y avait eu une réunion entre certains hauts responsables et qu’ils s’étaient enflammés à propos de mon petit jeu. Quant à moi, j’étais trop occupé à profiter des avantages d’être un seigneur du mal, alors je n’ai pas pu m’en préoccuper.

 

☆☆☆

 

Avec trois mille vaisseaux dans mon groupe, j’avais atteint la planète qui nous servait d’objectif. La base qui s’y trouvait était encore en développement et sous le contrôle direct de l’Empire. Je me demandais quand mes concurrents avides de récompenses arriveraient ici.

Assis sur le pont dans un fauteuil confortable, je faisais tourner la boisson dans mon verre. « Divertis-moi, Wallace. »

« Hé, veux-tu un autre spectacle de ma part ? Eh bien, désolé, mais je suis à court d’idées. »

J’avais déjà fait tourner Wallace en bourrique des dizaines de fois pour m’amuser. Je n’avais pas été surpris qu’il n’ait rien trouvé de nouveau à partager. Cela faisait des jours que nous étions là, sans rien faire, et j’en avais assez.

« Je m’ennuie tellement… »

J’avais pensé qu’il serait agréable de se prélasser sur mon paquebot de luxe personnel, et les installations du navire étaient en effet impressionnantes. Il possédait même son propre petit centre commercial et quelques chaînes de magasins, dont le personnel était composé de civils. Lorsque l’équipage était en pause ou avait un jour de congé, il y avait beaucoup à faire. Le navire était comme sa propre colonie mobile.

J’avais envie de profiter moi-même de ces commodités, mais de quoi aurait l’air un seigneur du mal qui se promènerait en public comme une personne ordinaire ? Et pourtant, je n’avais rien à faire dans mes quartiers. J’avais l’impression de n’avoir rien fait d’autre ces derniers temps que de pratiquer le style d’épée connu sous le nom de Voie du Flash.

« Fais une imitation, Cédric », dis-je au frère de Wallace.

« Héhé… J’ai fait le tour de ce que je pouvais faire, monsieur le comte. »

Même Cédric était à court d’idées. J’avais l’impression de ne plus avoir d’options, jusqu’à ce que Marie propose une idée.

« Pourquoi ne pas construire un port spatial ? Vous pouvez faire faire le travail par les soldats, et cela vous fera gagner du temps. De plus, un spatioport vous facilitera la tâche à l’avenir. »

« Un port spatial, hein ? »

La planète en développement que nous visitions n’avait pas de port spatial fonctionnel. Il y avait bien quelques structures bricolées, mais un véritable port spatial faciliterait grandement les choses.

En regardant un moniteur, sous nos nombreux vaisseaux stationnaires, j’avais vu une planète riche en ressources. Même depuis la passerelle, je pouvais voir que le développement de la terre venait à peine de commencer. Pour cette raison, et parce qu’il n’y avait pas de véritable port spatial, ce n’était pas un endroit qui pouvait supporter une flotte de grande envergure. Si ma flotte de patrouille était venue jusqu’ici, c’est parce que l’Empire ne pouvait pas se permettre de faire des voyages réguliers.

L’Empire m’avait ordonné de vérifier si la région n’était pas infestée de pirates ou d’autres dangers. En d’autres termes, « allez au milieu de nulle part et tuez tous les fauteurs de troubles que vous trouverez ». En plus de nous demander d’être des chiens de garde, ils ne nous avaient pas donné d’autres instructions sur ce que nous devions faire une fois arrivés ici. Je ne voyais pas pourquoi l’Empire s’opposerait à ce que je construise un port spatial, ou une autre installation.

« Bonne idée », avais-je dit à Marie. « Mais un port spatial ne suffira pas. Pendant qu’on y est, pourquoi ne pas finir de développer toute cette planète pour gagner encore plus de temps ? »

L’équipage de la passerelle s’était mis à hurler lorsque j’avais dit cela, mais un regard noir de Marie avait fait taire tout le monde.

« Pensez-vous que c’est bien ? » me demanda-t-elle. « Cette planète est sous le contrôle direct de l’Empire, Lord Liam. Je ne vois pas en quoi le fait de la développer vous serait bénéfique. »

Peu importe la quantité de travail que je mettrais dans cette planète, elle ne deviendrait toujours pas la mienne, et pourtant je ne m’en souciais pas.

« C’est juste pour le plaisir… Comme je l’ai dit, c’est juste pour faire quelque chose. Allez, on commence tout de suite. »

Voyant ma motivation, Eulisia fit une suggestion. « Lieutenant Colonel, la planète est déjà partiellement colonisée. Si vous soutenez également les colons, je pense qu’ils vous rendront la pareille lorsque nous utiliserons cette planète comme station de relais dans le futur. »

Pour être honnête, je me fichais complètement des habitants de la planète, mais tant qu’à faire, autant être minutieux. Dans mon propre domaine, je laissais la plupart des questions pratiques à Amagi parce que je préférais me concentrer sur l’argent, mais ici, ce serait plus amusant de superviser tout cela moi-même. Cela commençait à ressembler à un jeu de simulation de la vie réelle. Si mes efforts n’étaient pas couronnés de succès, eh bien, c’était la planète de l’Empire et cela ne me ferait pas de mal.

« Bien sûr, nous pouvons soutenir les colons. Nous commencerons par installer notre quartier général sur la planète, et Wallace, je te nommerai chef de chantier. »

« Qu’est-ce que tu dis ? »

J’avais chargé le réticent Wallace de se rendre sur la planète et de préparer un immeuble de bureaux pour le gouvernement. Toutes les autres installations que je pensais devoir construire m’étaient venues à l’esprit l’une après l’autre. Et puis… un souvenir de ma vie passée m’était revenu.

« Je sais… Construisons aussi un tas d’équipements publics. »

Je voulais que la colonie soit l’incarnation de l’excès, après tout, avec un design agréable comme objectif principal.

Tia joignit les mains et me regarda débiter mes idées, les yeux pétillants. « Incroyable comme toujours, Lord Liam. Tendre la main pour aider personnellement au développement d’une planète frontalière… C’est vraiment digne d’un souverain sage et vertueux tel que vous. »

Elle se fait vraiment une fausse idée de moi. Je joue avec la vie des habitants de cette planète comme s’il s’agissait d’un jeu, et elle m’en félicite ! Eh bien, contrôler la vie des autres, c’est ce que fait un seigneur du mal, et je développerai cette planète comme je l’entends.

***

Partie 3

La flotte de Liam avait progressivement éliminé tous les pirates qui opéraient dans cette région. Il fallut environ six mois après le début de sa mission pour que cette information parvienne au Premier ministre de la planète capitale. Celui-ci écarquilla les yeux à la lecture du rapport.

« C’est incroyable. »

Le Premier ministre avait placé quelques informateurs au sein de l’équipage de Liam, afin d’apprendre à quel point la flotte spéciale de Liam s’avérait puissante et efficace. Les rapports de ses agents ne contenaient que des éloges à l’égard du noble.

Debout à côté du Premier ministre, l’un de ses assistants semblait soulagé. « Il semble qu’il ait fait en sorte que sa flotte se déploie et fasse la course pour éliminer les pirates de la région. Mais ce qui est particulièrement surprenant, c’est qu’il a remis en état la planète qui sert de point de rencontre à sa flotte. Nous l’avions presque abandonnée, n’ayant pas les fonds nécessaires pour achever son développement. »

Liam était arrivé le premier sur la planète cible et, en attendant les autres, il s’était attelé au développement de la planète frontière. Son équipe avait rapidement construit un véritable port spatial, ce qui avait facilité le développement futur de la planète. En fait, après avoir entendu parler de la nouvelle construction, les marchands commençaient déjà à se rendre sur place pour faire des affaires avec Liam. Il avait également supervisé des projets de développement à la surface de la planète. Le Premier ministre ne put s’empêcher de sourire en lisant les rapports.

« Hmm, je vois qu’il a construit quelques installations pour les colons. Tout est très fonctionnel et bien pensé. »

En fait, il n’y avait jamais eu d’installations adéquates sur la planète avant cela, et les habitants se seraient contentés d’à peu près n’importe quoi. Cependant, les nouveaux bâtiments avaient été construits dans un souci de beauté et, en regardant les photos, le Premier ministre avait trouvé qu’ils étaient très bien faits.

Si je devais évaluer ce projet, je lui donnerais 80 points. Avec un peu plus d’expérience, je suis sûr qu’il pourrait faire encore mieux. Ce sont ses exploits militaires que les gens ont tendance à voir en premier, mais le comte s’est d’abord fait connaître pour ses talents politiques.

Ces dernières années, Liam s’était surtout distingué par son succès dans l’élimination des pirates, mais lorsqu’il avait été reconnu, c’était pour son habileté à gouverner son domaine. Maintenant qu’il était stationné au milieu de nulle part, il développait seul une nouvelle base planétaire. Le Premier ministre ne pouvait s’empêcher de sourire en pensant à la façon dont la planète allait pouvoir s’améliorer d’elle-même, grâce à l’aide de Liam.

Cependant, le Premier ministre n’était pas du genre à faire aveuglément confiance aux motivations de qui que ce soit. Il ne pouvait imaginer que Liam ait fait tout ce travail sans penser à la récompense de ses efforts.

« Dites aux militaires que je souhaite que le comte soit promu colonel et qu’il reçoive également une médaille pour ses exploits. »

« Vous pensez qu’ils seront d’accord avec ça ? »

« C’est une récompense dérisoire pour ce qu’il a fait pour nous. L’année prochaine, il deviendra peut-être général de brigade. En fait, avant qu’il ne quitte l’armée, je veux qu’il devienne général de corps d’armée. »

Si cela ne le satisfait pas, je devrai trouver autre chose à lui proposer…

 

☆☆☆

 

« Votre statut de naissance est vraiment tout, n’est-ce pas, Commandant ? »

Les épaulettes étincelantes de mon uniforme me désignaient désormais comme général de corps d’armée. Je trouvais amusant d’être devenu général de corps d’armée en quelques années seulement, simplement en jouant à un jeu de simulation de vie réelle. Dans le temps qu’il fallait à un soldat ordinaire se battant sur des champs de bataille sanglants pour monter d’un rang, je pouvais monter de quatre rangs simplement en m’amusant. Voilà ce que signifiait être un noble — être un seigneur maléfique.

En discutant avec le commandant de mon navire pendant que nous jouions à un jeu de type mah-jong, j’avais jeté une tuile en toute confiance.

« Oh, comptez. Juste là. J’ai aussi l’ura dora maintenant. »

Mais le commandant, qui attendait ma tuile, m’avait frappé de plein fouet.

« Pas question ! »

Lorsque je m’étais levé de mon siège, le commandant avait révélé sa main. Bien sûr, il avait atteint yaku et avait aussi ura dora. Le commandant était bien trop doué à ce jeu, et j’avais perdu plus de fois que je n’avais gagné contre lui.

« Ai-je encore perdu ? »

« Ha ha, désolé ! »

Ce commandant était un joueur chevronné. Il était si habile qu’il avait déjà éliminé Wallace et Cédric, qui étaient venus me voir en pleurant pour me dire qu’ils n’avaient plus un sou pour le reste du mois. Tia et Marie, qui partageaient la table avec nous, lançaient des regards assassins au commandant qui continuait à gagner.

« Comment le Seigneur Liam perd-il encore avec moi et ce fossile qui travaillons ensemble ? »

« Hé ! Vous n’avez pas intérêt à tricher ! » déclara le commandant en souriant.

Même en trichant et en faisant équipe à trois contre le commandant, je continuais à perdre. Normalement, on aurait pu penser que je ne pouvais pas perdre, mais je n’avais rien fait d’autre.

J’avais lancé au commandant un bâton de score. « Même avec tout ça, je perds encore ? Vous avez un tour dans votre sac, commandant ? »

« J’ai de la chance, c’est tout. C’est pour cela que je gagne de l’argent avec des jeux comme celui-ci, et je suppose que c’est aussi pour cela que je commande un si beau navire. Il n’y a pas que la chance, bien sûr… Il faut savoir lire le flux des choses. »

« Le flux ? »

« C’est vrai. On ne peut pas tout forcer. Quoi qu’il en soit, un autre tour ? »

Le flux, hein… C’est vrai qu’il semble y avoir un flux dans la vie contre lequel on ne peut pas toujours lutter. Je devrais peut-être demander au commandant de m’en apprendre davantage à ce sujet.

J’avais perdu encore et encore. L’argent n’avait aucune importance pour moi. Mon portefeuille ne se viderait jamais, quel que soit le montant de mes paris. J’avais décidé de dépenser tout ce qu’il fallait pour en apprendre davantage sur le flux du commandant.

« Bien sûr, » répondis-je. « Laissez-moi étudier vos méthodes, commandant. »

« Je ferai ce que je peux. »

Lorsqu’un nouveau jeu commença, Tia et Marie étaient toutes deux enthousiastes.

« Cette fois, nous prendrons tout ce qu’il a. »

« Confirmons nos signaux, Seigneur Liam. »

Le commandant continuait à gagner, même si nous trichions effrontément. J’avais l’étrange sentiment qu’il se passait quelque chose d’inhabituel ici. C’était la même impression que celle que me donnait mon instructeur de sabre, Yasushi.

Maître… Allez-vous bien ces derniers temps ? Comme toujours, je n’avais aucune idée de l’endroit où il se trouvait, mais c’était un maître des arts martiaux, donc je n’avais aucune raison de m’inquiéter pour lui.

 

☆☆☆

 

Pendant qu’ils jouaient, le commandant pensait : « Pourquoi continuent-ils à tomber dans le panneau alors qu’ils trichent eux aussi ?

Liam trichait ouvertement, et pourtant le commandant continuait à le battre à plate couture. C’est le commandant qui avait préparé le plateau de jeu pour leur partie de mah-jong, et il s’était naturellement arrangé pour que ce soit toujours lui qui gagne. Il avait apporté le jeu ici au cas où il aurait l’occasion de dépouiller quelques riches nobles de leur argent, mais Liam et ses amis en étaient devenus accros.

Le commandant était le même genre d’individu que Yasushi, le maître d’épée de Liam : un imposteur.

C’était censé être un travail facile !

Après avoir mené une vie de noble, le commandant n’était dans cette position que grâce aux circonstances de sa famille, aux circonstances de l’Empire et à toute une série de circonstances interdépendantes. Ses notes à l’académie militaire étaient médiocres, mais il avait pu aller aussi loin grâce à l’influence de sa famille.

Il se passe quelque chose de bizarre ici ! Qu’est-ce qui se passe avec ces nobles ? Ils font ce qu’ils veulent et montent en grade grâce à cela. Il a fallu que je soudoie pour arriver jusqu’ici !

Même les nobles n’étaient pas promus bon gré mal gré dans l’armée. Normalement, même les membres des grandes maisons n’étaient pas promus aussi rapidement que Liam. Cela ne faisait que montrer à quel point il était un cas particulier.

Qu’est-ce qui lui arrive ? Pourquoi développe-t-il une planète alors qu’il n’en tirera aucun bénéfice ? Je ne le comprends pas du tout.

Commençant un nouveau jeu, le commandant grommela pour lui-même, perplexe devant les différences entre lui et Liam.

Pendant qu’ils jouaient, Eulisia les observait. Soudain, elle reçut un message sur sa tablette.

« Lieutenant Général, » dit-elle, « il y a une demande de renforts de la part du seigneur local. »

« Encore ? Pour quoi faire ? Et combien ? »

« Il s’agit d’une demande d’aide pour lutter contre les pirates venant d’une autre région. Il demande mille navires. »

« Dispatcher ceux qui ne font rien. Et ramasser tous les déchets que nous accumulons. »

« Je les envoie tout de suite. Quant aux pirates… »

Eulisia s’apprêtait à demander s’ils devaient capturer l’un ou l’autre des pirates, mais Tia lui coupa la parole.

« Tuez-les tous. Les pirates ne valent rien vivants. N’est-ce pas, Lord Liam ? »

Son ton avait été extrêmement froid et ferme, mais lorsqu’elle cherchait à obtenir l’accord de Liam, elle ressemblait davantage à un chat gâté qui demandait de l’attention.

Marie fit claquer sa langue, mais Liam se contenta d’un petit hochement de tête en étudiant sa main.

« Il faut les anéantir. »

Le commandant frémit devant la manière glaciale dont Liam traitait ses adversaires.

Il n’a pas besoin d’aider ce seigneur local, et pourtant il envoie ses alliés juste pour éliminer quelques pirates. La rumeur selon laquelle il les méprise absolument doit être vraie. La maison Berkeley veut que je le trahisse, mais… si le comte découvre ma trahison, qui sait ce qu’il me fera !

Liam était déjà assez intimidant à lui tout seul, mais avec Tia et Marie en plus, le commandant avait une peur bleue.

Eulisia confirma les ordres de Liam, exaspérée par la façon dont les autres ne cessaient de se concentrer sur leur jeu. « Alors je vais envoyer mille navires, et nous ferons comme d’habitude avec les pirates. »

Comme s’il ne l’avait pas entendue, Liam baissa les yeux sur sa main et marmonna : « Maintenant, qu’est-ce que je jette ? »

Le commandant observa Liam avec curiosité. Il n’a rien à gagner à aider un petit seigneur comme celui-ci. Personne ne se serait plaint s’il avait laissé cette planète frontalière sans aide. Oh, comme je déteste les moralisateurs !

Du point de vue du commandant, Liam était un noble diligent qui travaillait bien plus que nécessaire. Il aidait les petits seigneurs chaque fois qu’on le lui demandait et répondait volontiers aux appels à l’aide de ses alliés personnels. Il avait une bouche un peu méchante, mais pour le reste, il représentait tout ce qu’un noble devait être. Pour quelqu’un comme le commandant, qui se considérait comme un pragmatique, Liam brillait presque trop pour être regardé.

Il ne fait pas grand-chose personnellement, donc je n’ai pas grand-chose à faire non plus, ce qui me convient parfaitement.

« Compte, Ron », dit le commandant.

« Qu’est-ce que c’est ? »

***

Partie 4

Dans le hangar du vaisseau amiral de Liam se tenait une rangée de chevaliers mobiles imposants. Marie, les bras croisés et les cheveux lilas se balançant derrière elle, regardait en particulier l’une des unités de Nemain produites en série. Autour d’elle, d’autres chevaliers de sa faction regardaient également le Nemain. Le vaisseau violet sur lequel tout le monde se concentrait avait été conçu pour Marie. Tout comme celui de Tia, il avait été conçu pour un as du pilotage, mais Marie et ses compagnons n’étaient pas satisfaits.

« Ce n’est pas un mauvais appareil, » dit Marie, « mais il manque quelque chose. »

Le Nemain était un chevalier mobile de nouvelle génération, créé par la Troisième Fabrique d’Armement et fourni très tôt à la flotte de patrouille de la Maison Banfield et de Liam. Il coûtait plus cher, mais c’était une unité de qualité supérieure, dotée d’une grande puissance. Pourtant, Marie trouvait qu’il n’était pas à la hauteur. Elle se souvint de son époque, deux mille ans plus tôt. Avant qu’elle ne soit capturée par des pirates et pétrifiée, les appareils comme le Nemain n’étaient pas utilisés.

« Les fonctions d’assistance sont gênantes. Pourquoi y a-t-il autant de technologies d’assistance dans tous les modèles de chevaliers mobiles, à l’exception de l’Avid de Lord Liam ? »

Pour faire une comparaison facile, c’était comme la différence entre une voiture à transmission manuelle et une voiture à transmission automatique. Pour Marie, qui avait l’expérience d’engins beaucoup plus anciens, toutes les fonctions d’assistance automatisées réduisaient la sensation de piloter réellement la machine. C’est là que réside l’origine de son insatisfaction.

Un chevalier qui servait d’assistant à Marie parla de Tia et de sa faction en termes défavorables. « C’est parce que les chevaliers de cette époque sont faibles. Cette femme viande hachée est censée être le chef des chevaliers, mais son appareil a aussi des fonctions d’assistance. »

« Elle n’est pas vraiment qualifiée pour s’appeler chevalier. De toute façon, nous ne pourrons pas montrer toutes nos capacités dans ces unités Nemain, n’est-ce pas ? »

Le Nemain était un modèle supérieur, mais Marie et ses chevaliers voulaient toujours des appareils plus à leur goût. Alors qu’ils restaient là à s’interroger, Liam s’approcha, accompagné de Nias. Eulisia, l’adjointe de Liam, était également avec eux, mais elle avait l’air plutôt mécontente. Marie et les chevaliers les saluèrent, et les ouvriers d’entretien qui se trouvaient à proximité firent de même.

Liam s’approcha de Marie et leva la main. « Continue à travailler. »

Les soldats retournèrent à leur travail d’entretien des chevaliers mobiles. Marie demanda : « Seigneur Liam, que faites-vous ici dans le hangar ? »

Liam fit un signe de tête en direction de Nias. « Une rencontre avec celle-ci. Ma commande est presque terminée, alors je fais une dernière vérification. »

Les yeux de tout le monde se posèrent sur Nias, et le capitaine ingéneur avait souri joyeusement. « C’était une demande plutôt amusante. »

Eulisia déclara : « Qu’est-ce qu’il y a de si amusant ? » Reportant son regard sur Marie, elle lui demanda ensuite : « Et que faites-vous dans le hangar, colonel ? »

Marie reporta son regard sur le Nemain violet, attirant l’attention de tous dans la même direction. « Nous discutions de ces chevaliers mobiles. Le Nemain est une arme puissante, mais nous craignons que ces unités ne correspondent pas à nos capacités. »

Eulisia, ancienne membre de la Troisième Fabrique d’Armement, avait froncé les sourcils en entendant les propos de Marie. « Le Nemain est un candidat de premier plan pour être produit en masse comme modèle principal de la prochaine génération. Il n’y a pas de meilleure machine dans l’Empire. »

« Eh bien, c’est dommage. » Marie haussa les épaules.

Pressentant une occasion d’affaires, Nias se lança : « Dans ce cas, la Septième Fabrique d’Armement doit-elle créer un appareil parfaitement adapté à vos capacités ? »

Les autres lui jetèrent un regard qui semblait dire : « Qu’est-ce qu’elle raconte encore ? » Liam, cependant, était le seul à montrer de l’intérêt.

« Ce n’est pas une mauvaise idée. Je suis sûr que vous n’avez rien d’autre à faire. Je pense que nous allons vous prendre au mot. »

Liam accorda si facilement sa permission à Nias que c’était comme si elle avait seulement suggéré de construire une maquette de bateau en plastique. Ignorant les autres, elle se pencha vers Liam, les yeux brillants d’excitation.

« Vraiment ? On peut vraiment les construire ? Le pouvons-nous ? »

« Je t’ai dit de continuer. Mais peux-tu vraiment les construire ? » Il lui lança un regard dubitatif.

Nias réajusta ses lunettes et parla avec une confiance absolue. « Avez-vous oublié ? Lorsque j’ai modifié l’Avid pour vous, le colonel Marie était le pilote d’essai. J’ai encore toutes ces données à la Septième Fabrique d’Armement. Tant que nous avons les fonds nécessaires, nous pouvons commencer le développement tout de suite. »

Alors que Nias souriait hardiment, Eulisia lui lança : « Ne soyez pas ridicule ! Le Nemain est le chef-d’œuvre de la Troisième Fabrique d’Armement ! Vous ne trouverez pas mieux jusqu’à la prochaine génération ! »

« Quelle impolitesse ! Certes, le Nemain est une machine bien équilibrée, mais malgré toute sa polyvalence, il n’est pas fait pour un as du pilotage, n’est-ce pas ? »

« Argh ! Il y a aussi des Nemains personnalisés pour les as ! »

« J’ai entendu dire que l’un de ces appareils personnalisés avait été endommagé. Sa puissance a été tellement augmentée que personne ne pouvait plus le piloter. N’est-ce pas ? »

« Comment sais-tu cela ? »

« Je viens d’apprendre quelque chose… à propos d’un appareil défectueux que personne ne peut manipuler. La Troisième Fabrique d’Armement est excellente pour les unités produites en masse, mais franchement, elle est nulle pour les personnaliser pour les as. »

« Tu es insolente… »

La faiblesse du Nemain résidait dans le fait que, bien qu’il s’agisse d’un engin polyvalent, il n’excellait dans aucun domaine.

Marie était intriguée par cette unité surpuissante de Nemain dont Nias avait parlé. « Cette appareil a l’air intéressant. » demanda-t-elle à Eulisia, « Avez-vous accès à ses données ? »

Eulisia hésitait à partager publiquement des informations sur une machine défectueuse, mais il fallut que Liam s’y intéresse.

« Je suis également curieux. Si tu peux avoir accès aux données, regardons-les. »

Eulisia renonça et utilisa sa tablette pour afficher les données de la Troisième manufacture d’armement. « N’en parlez pas trop, s’il vous plaît, d’accord ? »

Une image de l’unité Nemain modifiée fut projetée dans l’air devant eux. Alors que Marie étudiait une vue de la structure de la machine sans son armure, elle fronça les sourcils.

« Cela ne marchera pas », avait-elle déclaré.

Les épaules d’Eulisia s’affaissèrent. « Même pas pour vous, colonel ? »

« Je pourrais le piloter s’il le fallait, mais je ne pourrais pas utiliser toutes ses capacités. L’unité normale de Nemain me conviendrait mieux. Le seul à pouvoir contrôler cette machine serait Lord Liam, ou un autre pilote de génie. »

Comme Liam n’abandonnerait jamais l’Avid pour piloter un Nemain, il était inutile de l’impliquer dans cette affaire.

Nias gonfla sa poitrine pour montrer son assurance. « Eh bien, vous n’avez qu’à attendre. Je vais vous montrer ce que la Septième Fabrique d’Armement peut inventer ! »

Marie attendait beaucoup d’elle. « Je vous en prie, Nias. Je compte sur vous pour créer quelque chose qui corresponde à nos capacités… un engin aussi gracieux et puissant que nous. La performance est cruciale, bien sûr, mais je ne veux pas non plus que vous lésiniez sur l’apparence. Après tout, il doit être digne de se tenir aux côtés de Lord Liam. »

« Laissez-moi faire ! Je vous satisferai à cent pour cent ! »

 

☆☆☆

 

Peu de temps après, une nouvelle machine arriva de la Septième fabrique d’armement. Le corps était de conception simple et robuste, mais ses spécifications surpassaient celles du Nemain. Il manquait un peu de maniabilité, mais ce n’était pas un problème s’il était piloté par quelqu’un de très compétent. Il s’agissait d’un appareil surpuissant spécialement conçu pour un as du pilotage.

Nias annonça : « Voici le nouveau modèle de la Septième Fabrique d’Armement : le raton laveur ! »

Tous les pilotes et mécaniciens réunis dans le hangar avaient regardé avec stupéfaction les spécifications communiquées à leurs tablettes. Cependant…

« Le raton laveur ! » s’exclama Tia. Elle se couvrit la bouche d’une main, mais elle ne put cacher son rire. « Tu as entendu ça, Marie ? Le raton laveur ! Comme c’est gentil pour toi ! »

Marie tremblait, les poings serrés, en regardant l’appareil géant d’en bas. Voyant cela, son entourage de chevaliers chercha désespérément à l’apaiser.

« Ses performances dépassent celles de l’Avid, Lady Marie ! »

« Je trouve que c’est plutôt mignon, non ? »

« Restez calme, Lady Marie ! »

En termes de spécifications, ce chevalier mobile était exactement le genre de machine que Marie et ses chevaliers préféreraient piloter. Mais il y a un problème…

« Puis-je demander qui a eu l’idée de cette carrosserie ronde ? »

Nias avait souri. « C’était mon idée ! Il ressemble à un Tanuki, mais cette partie arrière qui ressemble à une queue peut être changée selon les circonstances. Attendez de voir… le raton laveur deviendra le modèle principal de la prochaine génération ! »

Une veine se creusa sur le front de Marie, qui lança un regard meurtrier à Nias. Elle en voulait aussi à Tia et à sa faction de se moquer d’elle, mais pour l’instant, son courroux se concentrait surtout sur celle qui avait conçu cette unité et qui avait l’audace de prétendre qu’il était parfaitement adapté à elle et à ses chevaliers.

Nul ne pouvait ignorer que le raton laveur était une unité lourdement blindée. Il était également indéniable que le chevalier mobile était plutôt rondouillard. Certains le trouveraient sans doute mignon, mais il n’avait tout simplement pas l’air d’un engin qu’un chevalier devrait piloter.

 

 

Marie avait saisi Nias par les revers et la souleva du sol. « A quoi je ressemble exactement pour vous ? Essayez-vous de me dire que je devrais voler à l’intérieur d’un tanuki ? Qu’est-ce que je suis censée considérer comme gracieux ? »

« Que voulez-vous dire ? C’est une œuvre d’art ! C’est tout simplement… courbe ! Et puissant ! Je pense que c’est un grand design ! »

« Pensez-vous sérieusement qu’une telle unité me convient ? Laissez-moi vous ouvrir la tête pour que je puisse voir ce qui s’y passe ! Je vais vous tuer ! »

Alors que Nias tremblait de peur, Tia s’avança avec un sourire moqueur.

« Allons, ne t’énerve pas. Ça te va bien. »

« Ça y est, tu es morte ! » Marie jeta Nias de côté et dégaina son épée. Tous ses camarades autour d’elle dégainèrent à leur tour.

Tia et les chevaliers de sa faction firent de même sans hésiter. « Allez-y ! »

Alors que les deux groupes hurlaient des menaces et faisaient des pas l’un vers l’autre, Liam entra dans le hangar avec Eulisia à sa suite. Il était le seul sur les lieux à être de bonne humeur.

« Regardez-moi ça ! » s’exclama-t-il en regardant le raton laveur. « C’est un beau design, Nias. Je trouve qu’il est mignon. »

Nias avait été jetée au sol, mais à la remarque de Liam, elle se mit à quatre pattes et s’accrocha à ses jambes. « Seigneur Liam, s’il vous plaît, aidez-moi ! Tout le monde se moque de mon précieux raton laveur ! C’est pourtant un chef-d’œuvre… J’en étais si fière ! »

Alors qu’elle gémissait sous lui, Liam lança un regard à Marie et Tia. « Est-ce vrai ? Il se trouve que j’aime ça, mais pas vous deux, hein ? Eh bien, si vous avez une plainte à formuler, je vous écoute. Mais d’abord, pourquoi ne pas me dire exactement pourquoi vous êtes toutes armées ? Allez, dépêchez-vous de me répondre ! »

Au moment où Liam passa d’un climat ensoleillé à un climat rigoureux, tout le monde rangea ses armes. Tous les mécaniciens et les soldats du hangar poussèrent un soupir de soulagement.

Marie et Tia se précipitèrent toutes deux vers Liam et tombèrent à genoux, la tête pendante et tremblante.

« S-S’il vous plaît, pardonnez-moi. »

« Je suis vraiment désolée. »

Liam les regarda de travers. « Il faut que vous vous mettiez d’accord. Quoi qu’il en soit, j’aime bien le Raton laveur, mais je ne suis pas tout à fait sûr de son design. Recommence, Nias. Il faut l’alléger un peu. »

« Qu’est-ce que vous dites ? Mais j’étais tellement sûre que vous l’utiliseriez que j’en ai déjà produit trois cents ! »

Eulisia regarda l’ingénieur avec une incrédulité totale. « Pourquoi fais-tu une telle supposition ? »

***

Partie 5

Pendant que Liam et ses compagnons s’amusaient, la maison Berkeley avait presque fini de constituer une énorme flotte de plus de trois cent mille navires. L’un des fils de Casimilo avait été nommé commandant, avec Dolph comme officier d’état-major. Bien sûr, en réalité, c’était Dolph qui contrôlait la flotte.

L’énorme flotte stationnaire alignée dans l’espace était le résultat de la mobilisation de toutes les ressources de la Maison Berkeley. Elle avait vendu d’innombrables élixirs et rassemblé tous les métaux rares qu’elle pouvait. Elle avait perdu la plupart de ses collaborateurs pirates, qui servaient d’appâts pour distraire la Maison Banfield, mais comme pour compenser cette perte, des collaborateurs de l’armée impériale avaient à leur place rejoint la flotte. La Maison Berkeley disposait désormais de plus de navires qu’elle ne l’avait espéré au départ, mais la flotte n’excellait pas seulement par son nombre — grâce aux usines d’armement avec lesquelles elle avait travaillé, ses navires étaient également de grande qualité.

« Nous devrions pouvoir écraser la maison Banfield avec tout ça, Dolph », déclara Gene, le fils aîné de Casimilo et l’un des principaux dirigeants de la famille.

Dolph fit un signe de tête ferme. « Si cette flotte ne peut pas le faire, je ne pense pas que quiconque puisse arrêter Liam. »

« C’est suffisant. Très bien, tout le monde… Allons-y ! Avancez ! »

Une flotte monstrueuse de plus de trois cent mille navires avait alors commencé à avancer vers la maison Banfield.

 

☆☆☆

 

Dans le même temps, la maison Banfield avai t également pris des mesures.

Alors que Brian s’occupait de son travail habituel, une Serena à l’air anxieux le cherchait. Elle courait pratiquement dans le couloir vers lui, un spectacle qui frappa Brian comme étant inconvenant pour une femme de chambre, ou du moins c’est ce que Brian pensait…

« Brian, la maison Berkeley est en mouvement ! »

« Quoi ? Maître Liam n’est pas encore rentré ! »

Une règle tacite de l’étiquette du combat voulait qu’aucun seigneur n’attaque un autre seigneur qui se trouvait loin de son territoire pour s’entraîner. Ce que faisait la maison Berkeley était clairement une attaque sournoise, un sale coup pour un noble — et qui indiquait que la maison Berkeley ne se souciait pas de l’image qu’elle donnait aux autres.

« Contacte immédiatement Maître Liam, Brian. »

« J’ai compris ! »

La maison Banfield avait étendu sa puissance militaire en prévision de ce jour, mais cela ne rassurait guère Serena.

« Plus de trois cent mille vaisseaux, Brian ! Nous prenions la maison Berkeley trop à la légère… »

Malgré les préparatifs militaires de Liam, la maison Banfield ne disposait même pas de quatre-vingt-dix mille navires. De la force qu’ils pouvaient réellement envoyer au combat, ils n’en avaient que soixante-dix mille à disposition. Leur adversaire avait une force de frappe quatre fois supérieure à la leur.

« Ce n’est vraiment pas le bon moment pour que Maître Liam ne soit pas là », se dit Serena, alors que Brian se précipitait pour le contacter. « La maison Banfield pourrait vraiment… » Elle ne put se résoudre à dire le reste. Serena était irritée par la conduite effrontée de la Maison Berkeley.

Elle n’était pas seule dans le couloir. Le Guide la regardait joyeusement, le visage fendu d’un sourire. « C’est ça, la panique ! Je parie que tu penses que si Liam revient, tu seras sauvée, mais tout ce qui t’attend, c’est la mort ! »

Le Guide avait ri, bruyamment du moins à ses propres oreilles, en imaginant la destruction complète de la maison Banfield.

« Reviens vite, Liam ! Non, ce serait bien que tu viennes après que tout le monde soit déjà mort et parti, n’est-ce pas ? J’ai hâte de voir ton visage se tordre de désespoir ! »

 

☆☆☆

 

Un jour, Thomas était arrivé au simple port spatial que nous avions construit sur la planète frontière.

« Je vois. Rapide à agir comme toujours, Lord Liam. »

Était-il sarcastique à propos de la construction précipitée du spatioport ? Je l’avais créé pour avoir quelque chose à faire, et je savais qu’il n’était pas luxueux, mais il disposait de toutes les installations nécessaires.

« J’étais juste en train de tuer le temps. Quoi qu’il en soit, pourquoi es-tu ici aujourd’hui ? »

« J’espérais obtenir la permission de faire des affaires ici, bien sûr. J’ai apporté quelques produits pour le personnel de votre flotte, si vous êtes d’accord. »

Je suppose qu’il voulait vendre des produits à l’équipage de la flotte.

« Fais ce que tu veux. »

« Merci beaucoup. Je m’y mets tout de suite, alors — . »

Alors que Thomas et moi parlions affaires, la sirène d’alerte du spatioport se déclencha.

« Qu’est-ce que c’est ? » dis-je avec méfiance.

Un appel d’Eulisia avait immédiatement été reçu.

« Que s’est-il passé ? »

« Un groupe de vaisseaux de transport vient d’arriver. Ils ne semblent pas hostiles, mais ils sont arrivés soudainement, nous sommes donc en alerte. »

L’apparition soudaine de vaisseaux sans notification préalable qu’ils entreraient dans votre région de l’espace était en fait une infraction au Code de la route.

J’avais fait claquer ma langue. « Qui sont ces idiots qui entrent en guerre ? »

« Ce sont des représentants de la firme Clave et de la compagnie Newlands. Un marchand nommé Patrice souhaite vous rencontrer immédiatement, Lieutenant Général. »

Avant même de demander ce qui se passait, j’en avais une bonne idée. J’avais jeté un coup d’œil à Thomas et son visage était devenu pâle.

« Oh non ! » dit-il. « Vous ne pensez pas que la Maison Berkeley a commencé à bouger, n’est-ce pas ? »

Encore, la maison Berkeley… J’en avais marre d’en avoir marre.

 

☆☆☆

 

J’étais monté à bord de mon navire amiral et, lorsque j’avais atteint le pont, je l’avais trouvé emplie de voix inquiètes.

« Combien de navires en ont fini avec la maintenance et le réapprovisionnement ? »

« Environ dix mille à l’heure actuelle ! »

« Préparez-en le plus grand nombre possible pour le décollage ! »

Tia était au centre de l’action, prenant le commandement. Le commandant la regardait en silence, les bras croisés. J’étais allé lui parler, car il avait l’air de s’ennuyer.

« Vous avez l’air plutôt calme, commandant. »

« Rien ne sert de paniquer. Il faut toujours garder la tête froide dans ces moments-là. Si l’on veut augmenter ses chances de gagner, du moins. »

Cela faisait-il partie de la méthode du commandant pour « lire le cours des choses » ? Mais il avait raison, la panique rendait négligent.

« Je suppose que c’est vrai. »

J’avais empêché Tia d’envoyer les vaisseaux qui étaient prêts. « Tia, ne les mobilise pas tant que toute la flotte n’est pas prête. Clave et Newlands viennent de nous envoyer une tonne de provisions, alors distribue-les. »

Tia fut surprise par ce changement de plan. « Seigneur Liam ? M-Mais… »

« Dites à la flotte restée au pays de ne pas charger et de gagner du temps. »

Ce commandant affûté m’avait donné un conseil précieux, et j’avais l’intention d’en tenir compte. Je devais garder mon sang-froid et ne pas me contenter de plonger.

Marie s’était précipitée sur la passerelle avec un rapport. « Lord Liam, la flotte de la maison Berkeley compte environ trois cent mille navires ! De plus, d’après nos informations, des vaisseaux de l’armée impériale se sont rassemblés dans la zone où nous allons nous transférer. »

« L’armée impériale ? »

Apparemment, des navires de l’armée impériale se tenaient prêts à nous couper la route. Mais pourquoi… ?

 

☆☆☆

 

Liam attendait dans la zone de distorsion une flotte commandée par des soldats délinquants, composée de trente mille vaisseaux fournis par la Maison Berkeley et ses usines d’armement alliées. Si la plupart des vaisseaux n’étaient pas neufs, leur nombre était stupéfiant.

Sur la passerelle du vaisseau amiral de la flotte se trouvaient plusieurs généraux aux origines nobles. Leurs uniformes avaient été personnalisés avec soin, et leurs médailles affichées sur leurs poitrines.

« Il est probablement en train de se rendre ici dans une panique aveugle à l’heure où nous parlons. »

« Si la maison Berkeley devient sérieuse, c’en est fini de ce gamin. »

« Nous allons lui montrer ce qu’est une bataille de l’armée impériale. »

Alors que les généraux gloussaient ensemble, le cri strident d’un opérateur retentit.

« Commandant ! A- Attaque ennemie ! »

« Il est déjà là ? Détruisons-le alors. Ouvrez la communication avec le petit… Je veux entendre ce qu’il a à dire ! »

Cependant, lorsqu’ils avaient contacté le vaisseau amiral ennemi, ce n’est pas Liam qui était apparu à l’écran. Au lieu de cela, le moniteur avait révélé un soldat avec un cache-œil qui avait l’air d’un général chevronné.

« Qui êtes-vous ? » demanda l’un des généraux de l’armée impériale, et l’étranger s’empressa de répondre.

« Vos actions constituent une violation flagrante des règles militaires. Par conséquent, nous allons maintenant arraisonner vos navires. »

« Qu’est-ce que vous dites ? »

« Vous pouvez éviter cette escarmouche si vous retournez immédiatement à vos postes. Sinon, vous vous retrouverez face à nous. »

Les généraux se rendirent compte que les navires qui leur faisaient face étaient des flottes de l’armée régulière stationnées près des frontières de l’Empire. Au total, ils étaient quarante mille.

« Vous osez défier les nobles de l’Empire ? » cria le général corrompu, mais le général adverse ne se laissa pas abattre.

« Vous vous trompez. C’est vous qui défiez l’Empire. »

« Vous prenez le parti de ce morveux !? »

Le général dont les forces s’étaient alliées à Liam avait dit la vérité aux nobles et à leurs soldats renégats.

« Il ne faut pas que la maison Berkeley remporte la victoire dans ce conflit. Si la noblesse gagne en influence au sein de l’armée, l’armée impériale elle-même s’effondrera. Contrairement à vous tous, le comte a une conduite exemplaire. S’il se bat contre la maison Berkeley, alors toute l’armée aux frontières se rangera de son côté. »

Trop de soldats impériaux honnêtes avaient souffert de l’influence exercée par de tels généraux nobles. En particulier, les flottes aux frontières de l’Empire étaient de plus en plus frustrées par la noblesse. Jusqu’à présent, elles avaient dû se contenter de subir, mais Liam les avait encouragées à passer à l’action. Pour ces soldats des frontières, il était bien plus intéressant de soutenir Liam et de voir la maison Berkeley tomber.

« Attaquons-les ! » cria l’un des généraux nobles à ses hommes.

Son adversaire ne semblait pas le moins du monde inquiet.

« Je me doutais bien que ça se passerait comme ça. Désolé, mais je pense que vous allez vous rendre compte que vous êtes plus que dépassés en termes d’expérience. Il est temps pour vous d’apprendre une leçon des vrais soldats. »

En conséquence, la flotte des nobles avait été anéantie par l’armée régulière impériale sans que Liam ait à lever le petit doigt.

***

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