Chapitre 1 : Une école primaire amusante
Partie 3
Le lendemain, j’avais abordé la fille qui faisait de son mieux pour être inaccessible.
Rosetta était assise dans la classe, dégageant une aura intimidante, comme si elle essayait délibérément d’empêcher les masses modestes de lui parler. Son visage affichait toujours une expression austère, et si on lui parlait, elle répondait avec une méfiance évidente.
Nous étions actuellement en pause entre les cours, et les étudiants qui étaient proches les uns des autres discutaient amicalement.
Je m’étais approché d’elle et j’avais dit : « Salut, Rosetta. »
« … Que me voulez-vous ? » Elle ne m’avait accordé qu’un bref regard du coin de l’œil avant de reporter son regard sur une image holographique projetée devant elle. Elle utilisait même son court temps de pause pour étudier.
Quoi, étudier est plus important pour elle que de me parler ?
« Je voulais juste discuter avec vous. Déjeunez avec moi. »
« Je dois respectueusement refuser. »
Elle m’avait rejeté en un instant. J’avais grimacé, et certains camarades de classe qui nous observaient avaient gloussé. Je leur avais lancé un regard noir et le groupe s’était dispersé.
« Allez, ne soyez pas comme ça. Soyons amis. »
Comme elle était dirigée par une duchesse, la famille de Rosetta était de rang supérieur à la mienne. Je ne savais pas quel pouvoir ils exerçaient réellement, mais il n’y avait rien à faire contre la différence de notre statut. J’avais fait un nouvel essai modeste, mais Rosetta m’avait lancé un regard gêné.
« Je m’excuse, mais je suis occupée. J’aimerais déjeuner seule. »
« J’ai compris. »
Je suppose qu’elle ne m’aime pas beaucoup. Je me voyais comme une personne relativement connue. Un bon nombre de personnes de ma classe parlaient de moi, et il en allait de même pour le reste de l’école. Apparemment, les élèves des classes supérieures me cherchaient parfois pour essayer de me voir. Il était possible que Rosetta ne sache pas qui j’étais, mais c’était peu probable. Je m’étais demandé si elle ne m’aimait pas parce qu’elle savait que j’étais un méchant.
Eh bien, je suppose que je n’ai aucune chance avec elle.
☆☆☆
J’étais allé déjeuner à la cafétéria des étudiants, sans elle.
À présent, les élèves de première année s’étaient habitués à l’école primaire, et des groupes d’amis discutaient confortablement ici et là dans la cafétéria. Je m’étais assis à une table avec mes copains seigneurs du mal, Kurt et Eila.
« Brian n’arrête pas de dire que je dois rester en contact avec lui. »
« C’est ton majordome à la maison, non ? Tu peux au moins lui passer un petit coup de fil de temps en temps, n’est-ce pas ? »
Alors que Kurt me donnait une réponse sérieuse, Eila répondait en mangeant dans une boîte de pudding. « C’est toujours ennuyeux quand ils sont surprotecteurs, n’est-ce pas ? Je me fais toujours gronder par ma grand-mère, alors je comprends. »
J’étais tout à fait d’accord avec Eila. « Ça doit aussi être dur pour toi. Je ne sais même pas de quoi il y a à parler maintenant, de toute façon. Ce n’est pas comme si quelque chose se passait ici. Tous les jours, c’est la même chose. La seule chose intéressante que j’ai faite dernièrement, c’est de trouver un moyen de me faufiler hors du dortoir. »
« As-tu trouvé un moyen de t’échapper, Liam ? Tu me raconteras ça plus tard, d’accord ? » répondit Eila.
En général, nous n’étions pas autorisés à quitter l’école, sauf les jours de congé, donc si je voulais m’amuser en dehors de ces jours, je devais pouvoir me faufiler hors du dortoir. Ce n’était pas une tâche facile, puisque l’école entière était entourée de hauts murs. Bien sûr, j’aurais pu essayer de soudoyer le gardien, mais comme je m’ennuyais tellement, j’avais fini par trouver un moyen de sortir en douce, juste pour avoir quelque chose à quoi m’occuper.
Kurt ne semblait pas très heureux de la façon dont je passais mon temps libre. « Je ne peux pas dire si tu es un gars sérieux ou pas, Liam. »
« Je ne semble probablement pas très sérieux pour un gars sérieux comme toi. Cependant, tu es trop sérieux. »
« Le penses-tu vraiment ? » Kurt semblait mal à l’aise avec ma petite trouvaille.
Tu vois ? Il est si sérieux qu’il s’inquiète même d’être sérieux.
Eila avait souri en nous regardant, bien que je ne sache pas ce qui était si amusant dans notre conversation. Elle avait fini son pudding et avait maintenant posé ses coudes sur la table, reposant son menton dans ses mains.
« Qu’est-ce qui est si drôle ? »
« Oh, je me rappelais juste quand je vous observais tous les deux pendant notre formation à la maison Razel. Vous me rendez nostalgique. »
De retour à la maison Razel, hein ?
« Ça me ramène en arrière, » dit Kurt. « À l’époque, Liam et moi… »
« Ouais ! Vous ne vous entendiez pas du tout au début, mais… »
Je les avais laissés évoquer leurs souvenirs et j’étais retourné à mon déjeuner. Le menu de la cafétéria n’était pas populaire auprès de ces étudiants nobles et de leurs palais raffinés, mais bien que la nourriture soit spécifiquement équilibrée sur le plan nutritionnel, je ne la trouvais pas mauvaise. Manger des repas luxueux tous les jours pourrait être trop. Cela me semblait parfaitement satisfaisant.
Pendant que je mangeais, nous avions entendu une agitation venant d’une autre table.
Eila s’était arrêtée de parler et avait regardé dans cette direction, en plissant les yeux. « C’est encore Wallace. »
Elle ne l’appelait plus « Son Altesse le Prince Wallace », mais utilisait son prénom avec dégoût. Il en allait d’ailleurs de même pour le reste de nos camarades de classe.
J’avais jeté un coup d’œil et j’avais vu que Wallace était occupé à ses activités habituelles.
« Mes petits chatons, voulez-vous manger avec moi ? » Il avait réclamé de force un siège à une table occupée par plusieurs filles en y déposant son plateau-repas. Les filles lui jetaient des regards tendus.
Ignorant leur malaise, il poursuivit : « Au fait, je suppose qu’aucune de vos familles ne cherche un gendre de bonne lignée à accueillir ? Ou possède une fortune assez importante pour récompenser avec une indépendance financière un certain gendre ? »
Les filles détournèrent maladroitement le regard devant son désir sincère d’être marié à l’une de leurs familles afin d’y obtenir un rôle important.
« Je ne suis qu’une deuxième fille, donc… »
« Mon frère est l’héritier de ma famille. »
« M-Mes parents prévoient d’avoir un fils. »
Hé, Numéro Trois, cela ne veut-il pas dire que ta famille n’a pas d’héritier mâle ? « Planifier » ne veut pas dire que ça va arriver !
Wallace avait cependant accepté toutes leurs excuses. « Je vois. C’est vraiment dommage. Ah, désolé, les filles, vous allez devoir m’excuser. »
Wallace avait sauté de son siège et avait commencé à discuter avec une autre fille qu’il avait repérée à proximité.
« Toi là ! Ta famille aimerait-elle avoir un beau-fils génial ? Je suis disponible dès maintenant ! »
Il n’avait pas l’air d’un prince.
« Ce n’est pas normal que ce type soit en lice pour le trône. »
Les tentatives embarrassantes de Wallace pour draguer les filles brisaient complètement l’image que j’avais d’un prince impérial. Il ne s’était pas contenté d’approcher nos camarades du Premier Campus, mais il avait aussi dragué sans discernement toutes les femmes des classes supérieures qu’il voyait. Il avait même essayé de draguer Eila, mais quand elle lui avait dit que sa famille n’était pas à la recherche d’un gendre, il avait juste dit « Oh ! » et il s’en était désintéressé.
« Il fait ça tous les jours », avais-je dit. « N’en a-t-il pas marre ? »
« Eh bien, Prince Wallace a ses raisons, » dit Kurt. De la façon dont il l’avait dit, on aurait dit qu’il comprenait, ou peut-être qu’il avait juste pitié du gars.
Je ne pouvais pas imaginer quelles pouvaient être ces raisons, mais j’étais curieux, alors j’avais demandé : « A-t-il des circonstances particulières ? »
Kurt m’avait expliqué ce qui arrive aux princes et princesses inutiles. « Apparemment, tous ceux qui dépassent le centième de la lignée pour le trône ne sont pas très bien traités. Du premier au trentième, ils ont un certain standing, mais après cela, ils peuvent être considérés comme encore moins importants que des nobles sans argent. »
« Je suppose que même les princes impériaux peuvent avoir des problèmes. »
« Ceux qui sont nés dans la famille royale ne peuvent pas renoncer à leur statut de noble, et s’ils ne peuvent rien accomplir en tant que membres de la famille royaux, leur seule option pour avoir une position respectée est d’essayer de devenir un fonctionnaire du gouvernement ou un membre de l’armée. Certains d’entre eux se font un nom dans d’autres domaines, mais le prince Wallace ne semble pas être du genre à faire cela. »
De nombreux membres de la famille royale s’aventuraient dans des domaines comme l’art, mais Wallace semblait avoir décidé de devenir indépendant.
Le ton d’Eila était froid lorsqu’elle parlait du prince. « Il veut se marier et prendre la tête d’une autre maison, mais sa façon d’agir montre clairement qu’il n’est pas du tout fiable. »
Et l’Empire ?
J’avais alors posé une question à Kurt, « L’Empire ne peut-il pas simplement financer son indépendance ? »
Comme la famille de Kurt s’était fait un nom, il ne semblait pas savoir comment répondre à cette question, alors Eila avait pris la parole à sa place. « Ce n’est pas si facile de devenir un noble indépendant. Sans aucun soutien, il n’y a rien qu’il puisse faire par lui-même. Comme le dit Kurt, il a trop de frères et sœurs pour que sa famille se soucie de l’installer comme ça. »
Je comprends maintenant combien il est difficile d’être un prince impérial qui n’a aucune chance de devenir héritier, mais le fait que Wallace ait choisi de courir après les filles pour devenir indépendant m’avait fait rire.
Je regardais Wallace se dépêcher, plateau à la main, de draguer les filles sans discernement, mais ses efforts se soldaient par un échec à chaque fois. Il avait même abordé certaines filles deux ou trois fois, ayant apparemment oublié qu’il leur avait déjà parlé. Il devenait négligent et désespéré.
merci pour le chapitre