Chapitre 9 : Première bataille
Partie 2
Les soldats voisins discutaient de la même chose. « J’ai entendu dire qu’ils ont beaucoup d’anciens soldats. »
« Avec cette différence de nombre, ils vont avoir de gros problèmes s’ils sont plus qu’incompétents. »
Je m’étais retourné vers le soldat à côté de moi. « Est-ce que toutes les batailles ressemblent à ça ? »
« Non, pas toujours, mais les commandants doivent toujours se préoccuper du timing de leurs attaques. »
Petit à petit, les deux forces s’étaient rapprochées et avaient réajusté leurs formations. L’ennemi n’était pas à portée de vue, mais les deux camps étaient conscients de l’existence de l’autre. Sur une représentation 3D simplifiée du champ de bataille, je pouvais voir nos ennemis tenter de nous encercler.
« Combien de temps allons-nous devoir attendre ? » Au moment où j’envisageais d’ordonner à ma flotte de charger, j’avais été alerté par le cri d’un des opérateurs de la passerelle.
« Échec des communications ! Le brouillage vient de… directement au-dessus de la flotte ! Ennemis en approche depuis le haut ! Cinq cents navires ! »
Le commandant avait calmement donné ses ordres. « Préparez-vous à intercepter, mais ne les laissez pas vous distraire de la force principale ! »
Ma flotte, qui se déplaçait rapidement, avait fait demi-tour, de sorte que le nez des navires pointait vers le haut, vers l’ennemi qui attaquait.
Pendant ce temps, le commandant grimaçait. « Ils ont donc agi les premiers. »
J’avais demandé au soldat à côté de moi de m’expliquer. « Ne devriez-vous pas éviter de diviser nos forces ? Pourquoi nous attaqueraient-ils avec seulement cinq cents navires ? »
« Ils essaient de briser notre formation. Peu importe la vitesse à laquelle nous interceptons, ils seront capables de nous déstabiliser d’une manière ou d’une autre. »
« Ils devraient juste tout faire dès le début, » m’étais-je plaint.
Ce soldat avait alors remarqué quelque chose à propos des ennemis qui chargeaient, et la couleur avait disparu de son visage. « Monseigneur, ce ne sont pas des pirates… Ce sont des navires qui se sont rendus aux pirates. Ce sont les militaires d’un autre territoire — utilisés comme des pions sacrificiels. »
Ces vaisseaux ne semblaient pas appartenir à l’Empire, ils devaient donc provenir d’une autre nation intergalactique.
« Ils capturent une force ennemie et l’envoient sur un autre ennemi. Dites-moi, s’ils pouvaient couper nos communications, pourquoi ne l’ont-ils pas fait avant ? »
« Cela affecterait aussi leurs propres communications. Pensez-y comme quelque chose à n’utiliser qu’à un moment crucial. »
S’ils ne pouvaient pas communiquer, ils ne pouvaient pas envoyer d’ordres. Ce serait une vraie douleur pour les deux côtés.
Quand la flotte avait lancé son attaque, nous l’avions interceptée et avions riposté. Toutes sortes de faisceaux avaient filé entre nous. Il y avait une certaine beauté dans les éclairs de lumière qui illuminaient l’obscurité de l’espace.
Mec, des explosions dans l’espace… Je dois dire que les mondes imaginaires sont assez étonnants.
☆☆☆
Depuis le pont de son vaisseau, Goaz avait applaudi son ennemi. « Le morveux sait se battre. Ou alors il a des gens talentueux qui travaillent pour lui. »
Ils avaient repoussé cinq cents de ses navires alliés, mais Goaz s’en fichait. Les troupes vaincues n’étaient que de la chair à canon qui s’était rendue à lui, alors il n’avait pas à s’inquiéter de les perdre. De plus, son avantage était si écrasant que la perte de seulement cinq cents navires n’aurait rien changé à l’issue de la bataille.
Son adjudant n’avait pas l’air particulièrement gêné non plus. « Les choses sont chaotiques pour eux, patron. C’est le moment d’attaquer. »
La flotte de la Maison Banfield était déjà désorganisée, et il n’y avait aucun moyen pour eux de retrouver leur organisation avec des communications interrompues. Pendant que leur détachement se battait, les pirates avaient avancé.
Goaz acquiesça à l’évaluation de la situation par son adjudant. Sa voix entraînante résonnait sur le pont. « Les gars, il est temps de charger ! Pendant qu’ils sont encore confus, apprenons-leur comment les pirates font les choses ! »
À la suite de l’ordre de Goaz, toute la flotte pirate avait chargé. Ils n’étaient pas en formation, mais ils s’en fichaient. Vu la désorganisation de leur ennemi, ils pouvaient facilement être vaincus par un simple assaut frontal.
La flotte de la Maison Banfield avait battu en retraite tout en restant en formation, le nez des navires pointant toujours vers l’ennemi.
« Ils fuient. Nous allons les poursuivre, et… Hm ? »
Les pirates attaquants avaient volé droit dans un piège — un champ de mines. Une cinquantaine de vaisseaux à l’avant de la charge avaient été pris dans les explosions et avaient été mis en pièces. Les explosions avaient même atteint certains navires derrière eux, créant des dommages importants.
« Sournois. »
Ils avaient dû répandre les mines pendant que les deux forces s’affrontaient, ou pendant qu’elles battaient en retraite. Quoi qu’il en soit, en termes de force de combat totale, ils n’avaient pas perdu beaucoup.
Imperturbable, l’adjudant évalua les forces de House Banfield. « Ils sont meilleurs que nous le pensions. »
Goaz était plutôt amusé par leur résistance. « C’est mieux quand ils nous amusent un peu. Quelques pertes ne vont pas… »
Soudain, leurs navires de première ligne avaient été touchés par un barrage ennemi et ils avaient commencé à exploser.
« Hein ? » Goaz avait plissé les sourcils et s’était tourné vers son adjudant pour obtenir une explication.
L’autre homme s’était empressé de répondre, l’air anxieux. « Leurs troupes semblent être assez expérimentées, et leur équipement n’est pas mal non plus. »
Goaz avait fait claquer sa langue. Ils n’étaient pas en mesure de communiquer avec leurs autres vaisseaux ou d’intercepter les transmissions ennemies, les communications étant interrompues des deux côtés, mais d’ici, il semblait que ces gars se battaient mieux que prévu. Les rôles étaient inversés sur la ligne de front.
« Plutôt impressionnant, mais qu’est-ce que ça change ? Vous pensez vraiment que vous pouvez compenser la différence de chiffres avec ça ? »
Même si l’autre camp s’avérait plus expérimenté, les pirates avaient toujours une supériorité numérique écrasante. Peu importe le nombre de navires qu’ils perdaient, il y en aura d’autres derrière eux pour continuer l’attaque contre la flotte de la Maison Banfield.
Les deux camps s’affrontèrent, et les deux flottes subirent des dommages sur leurs lignes de front, mais aucune des attaques n’atteignit le vaisseau de Goaz. Son vaisseau était équipé d’un bouclier énergétique, et plusieurs vaisseaux spécialisés dans la défense étaient disposés autour du sien, le protégeant. Il n’avait rien à craindre de son ennemi.
« Continuez à pousser — nous avons l’avantage ! Écrasez-les ! »
Ils se battaient un peu, c’est tout. Les pirates avaient avancé, se dirigeant vers la flotte de la Maison Banfield.
L’adjudant avait anticipé les mouvements de leur ennemi. « Normalement, l’armée privée d’un noble commence à fuir à ce moment-là. Dès que l’un d’entre eux rompt le rang et prend la fuite, ils vont tous s’effondrer. »
Lorsqu’un navire s’enfuit, les autres finissent par suivre, brisant la formation de la flotte. Il était plus facile d’écraser un ennemi en fuite, c’est ce que l’adjudant espérait.
« Eh bien, ils ont les couilles de ne pas fuir. S’ils veulent tellement se battre, on va leur en mettre plein la vue. »
« Tu l’as bien dit, patron. »
Les équipages mal entraînés appartenant à la noblesse avaient tendance à fuir dès qu’ils étaient en situation de désavantage, soit par manque d’expérience, soit par simple manque de loyauté. Cependant, jusqu’à présent, la flotte de la Maison Banfield restait soudée et se battait en faisant preuve de persévérance. Pensant qu’ils finiraient par les épuiser, les pirates avaient continué leur charge.
« Je parie qu’ils vont bientôt s’enfuir, » dit Goaz.
Finalement, les mouvements des vaisseaux de la Maison Banfield avaient changé. Voyant cela, l’adjudant s’était dit que l’affrontement touchait à sa fin. « On les tient dans les cordes, patron. »
« C’est ce que j’attendais d’eux. »
Les deux hommes pensaient que leur ennemi brisait sa formation et que la bataille était terminée.
Cependant, quelque chose n’allait pas.
☆☆☆
Combien de temps cette bataille va-t-elle encore durer ? Irrité, je m’étais levé de ma chaise et j’avais fait signe au commandant. Il avait l’air occupé, mais je m’en fichais.
« Hé, combien de temps va-t-on faire ? »
« C’est le mieux que nous puissions faire pour le moment, monseigneur. Pour gagner, nous devons faire durer la bataille aussi longtemps que possible en attendant que l’armée régulière… »
C’est ça ton plan ? Je n’aurais pas dû te laisser faire.
« Attendre l’armée régulière ? Qui vous a ordonné de faire ça ? Je vais me battre ici et maintenant, et gagner avec ma seule force. On va finir ça avant même que les autres n’arrivent. »
« M-Mais, mon seigneur… »
« L’ennemi est plus nombreux. Que va-t-il se passer s’ils envoient une force détachée sur ma planète ? »
« Eh bien… il est possible que notre unité défensive ne soit pas en mesure de les repousser. C’est pourquoi nous devons les occuper ici ! »
« Ne soyez pas ridicule ! Vous voulez juste les laisser entrer dans mon domaine ? »
Je n’en avais rien à foutre de ma planète, mais Amagi était là. Eh bien, et Brian aussi. La victoire n’avait aucun sens si mon territoire était déchiré et si Amagi était morte. En fait, est-ce que je me fichais vraiment de ce qui arrivait à ma planète et à mon peuple ? Après tout le travail qu’il m’avait fallu pour en arriver là, ce serait humiliant que quelqu’un d’autre détruise tout.
« Nous allons les écraser ici. Ne laissez aucun d’entre eux s’échapper ! Je ne permettrai pas à un seul d’entre eux de poser le pied sur ma planète ! »
« Mais qu’en est-il de votre propre vie, mon seigneur ? »
Il est vrai que je tenais à ma propre vie, mais il n’y avait aucune raison de prolonger cette partie de jeu avec les pirates. En combattant un ennemi plus puissant, vous devez tout faire pour le ramener à votre niveau. Nous sommes contre des pirates, ils n’ont pas peur de jouer salement. Je ne veux pas leur donner plus de temps pour élaborer une stratégie.
« Ne discutez pas avec moi. Maintenant, j’ai apporté mon unité personnelle puisque c’est ma première bataille et tout… Nous devrons nous rapprocher de l’ennemi pour que je puisse aller le combattre, non ? »
Tout le monde me regardait avec des yeux durs, comme pour dire : « Qu’est-ce que ce morveux croit faire en parlant de choses qu’il ne comprend pas ? » Mais je m’en fichais. En plus, si j’attendais l’intervention de l’armée régulière, ils réclameraient mon trésor. Goaz est ma proie ! Je ne le donnerai à personne d’autre !
« À tous les navires, chargez. »
Face à mon ordre, le commandant avait écarquillé les yeux. « Quoi — ? »
« Vous ne m’avez pas entendu ? J’ai dit, chargez avec tous les navires. Dépêchez-vous et faites-le. Je vais me déployer avec l’Avid, dites-moi quand on sera assez près. Nous enverrons aussi les autres chevaliers mobiles. »
J’en avais assez de rester assis sur le pont, alors je m’étais dirigé vers le hangar, où l’Avid était entreposé. Bon sang, si vous vouliez juste les occuper, vous auriez dû me le dire plus tôt. Quelle perte de temps !
merci pour le chapitre