Chapitre 170 : Les malentendus sont résolus !
Table des matières
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Chapitre 170 : Les malentendus sont résolus !
Partie 1
[Point de vue d’Illsyore]
Juste quand j’étais sur le point de gagner, la mère de Nanya avait mis fin à mon duel de combat mortel avec ce donjon qui prétendait être le père de Nanya et elle m’avait ensuite invité dans son palais à Akardia. Au début, j’étais un peu réticent, car je n’arrêtais pas de regarder le vieil homme qui ressemblait maintenant plus à un paysan qui venait de faire une chute en bas de la colline qu’à un prestigieux Seigneur du Donjon connu par beaucoup et craint par tous.
Je n’étais pas non plus en meilleure position, la bataille m’avait obligé à y mettre tout mon cœur ! Ahem… et ce n’était pas du tout une bagarre d’enfants pathétique si on la voyait de loin… certainement pas ça !
Avant de quitter cette zone stérile, je m’étais assuré que Nanya allait bien et qu’elle n’était pas blessée ou maudite ou autre chose du genre. La dernière chose dont j’avais besoin était une surprise comme ce nauséabond ancien empereur draconien nous avait fait à la toute dernière minute.
Si j’avais appris quelque chose de cette bataille, c’est que dans ce monde, il n’y avait aucun moyen d’être préparé à absolument tout, peu importe la puissance et les connaissances que l’on avait, mais en même temps, il ne fallait pas s’en vouloir pour des choses qui étaient hors de son contrôle à ce moment-là. Même si j’avais eu l’inspiration d’essayer de lever la malédiction sur tout le monde là-bas, aurais-je pu le faire de manière furtive et à temps pour la réunion d’Ayuseya avec ce Draconien ? Non, attendez, elle n’avait pas besoin de ma présence, mais… oui, ce blâme allait encore s’attarder un peu plus longtemps.
C’est pourquoi, d’une certaine manière, je ne souhaitais pas que le passé se répète si je pouvais faire quelque chose pour l’empêcher.
Alors que mon esprit était piqué de telles pensées, j’avais entendu ce que la mère de Nanya avait dit à son mari. « Il semblerait que… nous avions tort… »
Le donjon s’était juste effondré et avait détourné le regard, mais cela m’avait fait réfléchir à quelque chose. Si j’étais conscient du fait que c’était peut-être ma faute si la situation avec les proches d’Ayuseya avait atteint ce point tragique, étais-je encore assez fort pour l’admettre ? Pourrais-je accepter que j’aie pu faire quelque chose de plus et reconnaître le fait que peut-être… juste peut-être... J’avais eu un peu trop confiance en mes capacités ?
Pour l’instant, j’avais laissé ces pensées au repos, quant à l’affaire avec Nanya. Il semblerait que tout cela n’était qu’un énorme malentendu. Je me souviens lui avoir dit ce que faisait le bouton rouge de l’appareil, et elle m’avait confirmé que cet appel n’était en aucun cas urgent ou mettant sa vie en danger. Peut-être qu’elle avait fait une erreur en appuyant sur les boutons ? Mon arrivée à pleine puissance avait dû effrayer les démons endurcis présents ici et mettre son père au bord du gouffre. J’aurais probablement fait la même chose si mon Anette avait appelé son mari et l’avait vu arriver en force sur son territoire de donjon avec une attitude et une présence peu amicales.
Donc, d’une certaine manière… c’était ma faute… encore ? pensais-je…
Le voyage vers la capitale se faisait en voiture pour les démons sans ailes et par la voie aérienne pour ceux qui réussissaient à conquérir le ciel. Il était également plus rapide de voyager par les airs, et pour ne pas causer un autre malentendu, cette fois-ci, j’avais limité au strict minimum mon territoire et ma présence de donjon tout en utilisant des sorts de vent pour parvenir à voler.
Pendant que nous volions, j’avais remarqué que la petite fille aux ailes d’ange continuait à regarder vers moi, mais quand je m’étais retourné vers elle, ses joues étaient devenues rouges et elle s’était ensuite cachée derrière sa mère avec un battement d’ailes gêné. Elle était mignonne et m’avait fait souhaiter que j’aie aussi une fille à moitié démon comme elle. Le vieil homme grincheux qui était son père avait probablement mal compris mon regard curieux et m’avait lancé un regard menaçant. Il pensait certainement que j’avais l’intention de lui voler sa fille à nouveau. Sachant à quel point une telle idée était ridicule, j’avais décidé d’ignorer sa réaction stupide.
D’après ce que j’avais pu voir en volant dans le ciel, j’avais compris pourquoi ce continent était marqué sur cette carte avec un niveau 1500. À l’exception de quelques oursons et bébés, il n’y avait aucun monstre sous le niveau 200, avec un niveau moyen de 600. Il y avait très probablement des zones où la moyenne était de 1000, mais si je devais faire une comparaison avec les trois continents et celui-ci, alors la carte indiquait le niveau estimé d’un individu d’élite. Il n’y avait pas tant d’aventuriers de niveau 1000 qui se promenaient, après tout.
La mère de Nanya était également assez puissante, atteignant un niveau bien supérieur à celui de 2000, tandis que son père était étonnamment plus faible. Malgré cela, ce donjon avait été capable de faire preuve d’une grande force de frappe et de m’envoyer dans un vol plané, quelqu’un qui dépassait largement le niveau 3000. En fait, je commençais à penser que le niveau de Donjon ne fonctionnait pas de la même façon que celui d’une autre espèce. Si j’en avais l’occasion, ça ne me dérangerait pas de lui demander ça.
À ce propos, Shanteya m’avait parlé du donjon qu’elle avait rencontré sur Sorone, mais elle n’avait pas l’impression qu’il était si menaçant. Cependant, si ce type savait comment utiliser son territoire de donjon comme le père de Nanya, elle aurait pu être en grave danger. Mais c’était un Donjon sur Sorone, et apparemment tous ceux qui étaient nés en dehors du continent des Donjons n’avaient pas les mêmes connaissances et la même formation que les autres, donc il était aussi très probable qu’il ne représentait pas vraiment une menace pour elle.
Avant Illsyorea, la connaissance d’un donjon humanoïde n’était pas quelque chose qui était caché au public, mais il n’y avait pas non plus beaucoup de gens qui le croyaient ou le savaient. Ces individus étaient si rares qu’ils étaient souvent considérés comme des créatures au sens des mythes et des légendes. Une fois que j’avais créé mon académie, je n’avais aucune raison de cacher le nom de mon espèce et j’avais également informé tous ceux que je pouvais sur ce qu’étaient les Donjons en général. Le fait qu’il y avait beaucoup de fous là-bas n’avait pas non plus été ignoré.
Cependant, ce que nous savions d’eux et comment nous agissions avec eux semblait différent sur les autres continents, ou du moins, c’est l’impression que j’avais eue après avoir rencontré le père de Nanya, qui était venue ici du continent des Donjons.
En arrivant à Akardia, la capitale de tout cet empire continental, j’avais été surpris d’abord par la diversité de l’architecture et ensuite par la diversité des apparences de tous les démons qui vivent ici. Du plus jeune au plus vieux, on ne pouvait même pas dire s’ils étaient de la même espèce ou non. Nanya m’en avait parlé, mais le voir de mes propres yeux, c’était autre chose. En même temps, je ne savais pas quoi dire sur leur sens de la mode et de l’art. Certaines choses ici étaient tout simplement bizarres.
Nous avions atterri dans la cour de l’immense palais au centre de la ville. Les hauts murs et les hautes tours donnaient certainement un sentiment d’importance et d’intimidation, mais les regards que les gardes me lançaient étaient comme un rappel de faire attention à ce que je faisais ou disais. Si je n’avais pas l’habitude de voir les gardes royaux de l’empereur du Paramanium me lancer des regards comme si j’insultais leurs mères lorsque je n’utilisais pas la politesse avec lui, je me serais peut-être senti un peu obligé de… vous savez, de faire attention à la façon dont j’osais agir !
Mais tout cela aurait pu être attribué à ma mentalité antérieure d’humble homme du peuple. En Roumanie, il n’y avait pas de nobles ni de rois, tout au plus une bande de politiciens et de riches qui pensaient qu’ils dirigeaient le monde jusqu’à ce que la loi leur tire le tapis sous les pieds.
La mère de Nanya s’arrêta à l’entrée même du palais et se tourna ensuite vers moi, elle parla sur un ton solennel et royal. « En tant que Reine de cet Empire Demonarkiar, je voudrais vous souhaiter officiellement la bienvenue dans mon empire et mon palais, Illsyore Deus, époux de Nanya Demonarkiar la 2e Deus. »
« Je suis heureux d’être ici, Votre Majesté, » avais-je répondu avec un petit sourire en baissant respectueusement la tête une fois.
Ayuseya m’avait appris que lorsqu’il s’agit de visiter des nations étrangères, je devais toujours me rappeler que je n’étais plus sur Illsyorea. J’étais le dirigeant d’une nation, il était donc indigne de moi de faire une révérence complète ou d’agir de manière soumise ou servile envers un autre dirigeant. En fait, j’étais autant un invité dans leurs nations qu’ils l’étaient dans la mienne.
« Dans l’enceinte de ce palais, vous pouvez m’appeler Akardia. Mon mari s’appelle Graymore. Je vous accorde ce privilège parce que, techniquement, nous sommes une famille et je ne pense pas qu’il serait poli de le faire autrement, mais en toute autre circonstance, j’aimerais que vous utilisiez un langage poli lorsque vous vous adressez à nous. » Elle me l’avait dit avec un regard calme, mais ses mots m’avaient rendu un peu confus sur ses intentions réelles.
Voulait-elle que je sois plus amical et ouvert avec eux ou que je reste froid et indifférent ?
« Bien sûr, » j’avais fait un signe de tête en réponse.
« Il devrait toujours utiliser un discours poli lorsqu’il s’adresse à nous. » Graymore grogna.
« Ne devrait-il pas en être de même pour vous aussi ? Je suis aussi une sorte de dirigeant là d’où je viens, » avais-je rétorqué.
Il me dévisageait, mais avec une seule toux sèche, la mère de Nanya l’avait calmé.
Une fois à l’intérieur du Palais, ces deux-là s’étaient excusés et étaient retournés dans leur chambre pour se changer, pendant que je suivais ma femme dans ses quartiers.
J’avais hâte de voir la pièce dans laquelle elle avait passé son enfance. C’était littéralement une partie du passé de ma femme que je n’avais jamais pu connaître ou dont je n’avais jamais entendu parler jusqu’à présent. Naturellement, cela m’avait rendu très curieux, et j’avais voulu jeter un coup d’œil à tout ce qui s’y trouvait. Alors, dès que j’avais franchi la porte, je l’avais regardée avec de grands yeux et un grand sourire sur mon visage.
Ce n’était pas aussi extravagant ou exagéré que je le pensais au départ. Il n’y avait pas d’armurerie spéciale pour les armures à pointes ni de laboratoire pour le développement d’outils de farces, cela ressemblait à la chambre de n’importe quelle autre noble dame. Une grande bibliothèque couvrait la moitié du mur, un lit à deux places était placé à côté ainsi qu’un bureau avec des rayures et des marques dessus pas très loin, une commode de l’autre côté, et il y avait aussi un support d’armure pour un vieil ensemble martelé.
« T’attendais-tu à une sorte de laboratoire de farces ? » demanda Nanya en riant, en se dirigeant vers le lit et en s’asseyant.
« Exact, » avais-je répondu en détournant les yeux.
Elle avait gloussé et avait ensuite regardé le support de l’armure. Un peu de tristesse se trouvait dans son long regard dans lequel se reflétait un souvenir d’il y a longtemps.
« On m’appelait le plus faible de tous…, » dit-elle d’une voix douce et triste.
Je m’étais approché d’elle et j’avais plié un genou juste devant elle, puis j’avais tenu sa petite main dans la mienne et lui avais frotté le dos avec mes doigts. Un doux sourire s’était formé sur ses lèvres pendant que je le faisais.
Si l’on ne tient pas compte du fait que Nanya était littéralement un surhomme capable de réaliser des prouesses de force assez extraordinaires, elle pouvait parfois avoir l’air si fragile et si douce qu’on ne pouvait même pas penser à la toucher avec une plume de peur de lui faire du mal. Pourtant, il fut un temps où les gens qui l’entouraient, à commencer par sa propre famille, ne la voyaient que comme un être inutile incapable de supporter son propre poids. Par rapport aux monstres qui l’entouraient et qui étaient tous au moins cent fois plus forts qu’elle, on pouvait dire qu’elle était dépassée, surpassée en nombre, littéralement en enfer. Elle ne pouvait pas se comparer à eux, peu importe les efforts qu’elle déployait, et pourtant, malgré tout cela, elle se battait et luttait jusqu’à ce qu’elle puisse atteindre ce niveau de force.
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Partie 2
« Tu sais, cela peut paraître un peu dur, mais d’une certaine manière, je suis heureux que tu aies été considérée comme le plus faible de tous, » lui avais-je dit.
« Quoi? » Elle avait été un peu surprise et déconcertée par mes paroles alors qu’elle me regardait avec de grands yeux.
« Contrairement à eux, tu as vécu un véritable défi. » J’avais continué et j’avais tourné ses mains, là sur ses paumes et ses doigts se trouvaient les marques de callosités qui avaient presque disparu. « Une vraie personne faible n’aurait jamais eu la force, la puissance et la persévérance que tu avais. Une personne faible n’aurait jamais été capable de faire ne serait-ce qu’un quart de ce que tu as accompli dans ta vie. Tu t’es battue, Nanya, contre vents et marées. Lorsque tout le monde était contre toi, tu es devenue plus forte, tu ne t’es pas laissée abattre à cause de leurs paroles, et je suis presque sûre qu’ils ont essayé de le faire, mais ta présence ici est la preuve que tu as réussi à te relever et à réessayer. »
« Même si j’ai quitté le Continent des Démons pour fuir vers les trois continents ? » demanda-t-elle alors que des gouttes de larmes se formaient aux coins de ses yeux et coulaient sur ses joues roses.
« Oui, tu as fui le Continent des Démons, mais tu ne l’as pas abandonné. Si tu l’avais fait, tu ne serais jamais revenue ici. Quand tu étais jeune, tu as pris conscience, à ta manière, que le Continent des Démons était trop difficile pour la force que tu possédais à l’époque, alors tu es allée dans un endroit qui te convenait, où tu pouvais grandir à ton propre rythme et réaliser les merveilles dont tu avais toujours rêvé, » lui avais-je dit en essuyant doucement ses larmes.
« Merci, Illsy, » dit-elle dans un doux murmure.
Nous avions ensuite attendu dans sa chambre un signe de ses parents pendant qu’elle me racontait diverses choses de son passé. Elle m’avait montré les livres qu’elle aimait lire, les choses bizarres auxquelles elle pensait quand elle était enfant, et les farces idiotes qu’elle essayait de faire. Le « elle » d’avant était vraiment innocent. Si quelqu’un se mettait maintenant de son mauvais côté, se réveiller chauve le matin serait probablement le dernier de ses soucis.
Parmi tous ces souvenirs, je n’avais rien pu voir qui soit pertinent pour ses anciens amants ou les démons sur lesquels elle se trouvait en train de jeter des regards langoureux.
Devinant mes pensées, elle m’avait dit. « Ce que je ressentais pour eux… n’était pas de l’amour. Surtout après t’avoir rencontré, je peux en être certaine. Ces sentiments étaient plutôt du côté de l’admiration ou même du désir d’être comme toutes les autres démones normales qui existent. Je n’ai même pas pensé une seule fois à élever une famille avec eux… Au contraire, une telle pensée m’était impossible à l’époque, mais avec toi…, » elle m’avait regardé dans les yeux et m’avait embrassé. « Avec toi, je peux voir mon avenir… Je me vois bien passer mes journées à tes côtés en tant qu’épouse, et pas seulement comme une démone avec un rang qui te donne plus de pouvoir et d’autorité. »
Une dizaine de minutes plus tard, on avait entendu frapper à la porte. Un des serviteurs était venu nous annoncer que Sa Majesté nous attendait dans la chambre d’amis. Nous étions sortis et l’avions suivi.
En arrivant dans la chambre d’amis, la première chose que j’avais remarquée, ce sont les meubles extravagants, chacun d’eux étant sculpté à la main avec de petites gravures détaillées. Ce n’était pas quelque chose qu’un donjon était capable de faire à moins de se concentrer spécifiquement sur cette seule chose pendant très très longtemps. Dans cette pièce, il y avait deux bibliothèques avec des portes vitrées, toutes deux placées l’une à côté de l’autre, avec un cintre en or et en argent juste entre les deux. Au milieu de la pièce, il y avait une grande table basse de huit mètres carrés et deux canapés placés de part et d’autre. Leur design était exquis et semblait très confortable, mais les couleurs or et argent le rendaient un peu difficile à avaler. Les rideaux de la fenêtre étaient également en velours doré, tandis que le sol était recouvert d’un tapis persan, extrêmement moelleux au toucher, mais aussi enchanté de divers sortilèges qui contribuaient à maintenir son aspect propre malgré sa blancheur presque totale. Il n’y avait pas d’autres meubles extravagants dans cette pièce, ce qui la faisait paraître très vaste et inutilement spacieuse. Le lustre au-dessus de la table basse était couvert de minuscules cristaux et pesait probablement pas mal.
Les parents de Nanya étaient déjà là, nous attendant sur le canapé qui était face à face avec les deux bibliothèques. Sa mère portait une élégante robe longue rouge foncé avec des volants noirs et des broderies dorées sur le côté, elle collait à sa forme et remontait sur sa poitrine. À côté d’elle se trouvait Graymore, qui portait un smoking bleu marine foncé, avec une chemise dorée et un nœud rouge foncé. Il avait les bras croisés à la poitrine et me regardait dès que j’entrais.
Nous nous étions approchés du canapé vide et avions pris un siège. J’avais essayé d’être aussi amical que possible, car je ne voulais pas qu’il y ait d’animosité entre nous.
« Vous êtes en retard. » Graymore grogna.
« Ils ne le sont pas, » Akardia l’avait contredit.
Après un autre moment de silence gênant, c’était la mère de Nanya qui avait rompu le silence.
« Illsyore, ce que j’ai dit précédemment tient toujours. Vous êtes accueilli dans mon empire en tant que dignitaire étranger, mais comme vous êtes aussi mon beau-fils, j’aimerais que vous me racontiez comment vous avez rencontré ma fille et tout ce que vous avez accompli depuis. » Elle avait parlé d’un ton calme, mais avec une force qui exigeait le respect.
Graymore avait levé la main et avait fait un signe au majordome à la porte.
« Le thé sera bientôt servi, » dit-il en ronchonnant.
« Eh bien… par où commencer ? Tout d’abord, c’est Nanya qui m’a donné ce nom, donc on peut dire que je la connais depuis que je suis né ? » leur avais-je dit et j’avais commencé à leur raconter notre histoire, mais j’avais enlevé les petits détails comme la véritable origine des Ténèbres, le contact avec ce dieu déchu et bien sûr les détails intimes de notre vie nocturne.
De temps en temps, Nanya ajoutait un commentaire sur certaines choses dont je n’étais pas conscient de mon propre point de vue, mais seulement quand elle le jugeait nécessaire. Pendant ce temps, l’une des servantes de ce château nous apportait à chacun une tasse de thé et quelques friandises salées, qui, à ma grande surprise, étaient les préférées de Tamara… des sardines séchées. Je trouvais bizarre qu’on serve du poisson avec du thé, mais après en avoir pris une gorgée, j’avais compris pourquoi, le goût se mélangeait parfaitement et rendait le poisson d’autant plus délicieux.
« Après qu’Ayuseya ait tué Dankyun, nous avons réalisé que certains d’entre nous avaient encore des problèmes à régler. Shanteya est partie en mission de recherche et de destruction après la guilde de la Rage fantomatique, Ayuseya a affronté les politiciens idiots et sa propre famille bizarre dans le Royaume de Teslov, tandis que Nanya a décidé de venir ici pour retrouver sa famille et bien… vous connaissez la suite, » j’avais haussé les épaules et je m’étais mis une sardine séchée dans la bouche.
« C’était… toute une histoire, » dit Akardia.
« Oui, c’est toujours amusant dans les fêtes. » J’avais plaisanté, mais les deux individus devant moi avaient juste froncé les sourcils.
« Bien que je ne pense pas qu’il y ait une raison de raconter une telle chose lors d’une fête, je suis quand même heureuse que vous me l’ayez fait savoir. Je comprends maintenant pourquoi Nanya est devenue si puissante, mais ce que je ne comprends pas, c’est ce que vous vouliez dire par réparer ses canaux magiques, » dit-elle en prenant calmement une gorgée dans sa tasse.
« Cela signifie qu’après avoir enlevé mon ruban la dernière fois, mes canaux magiques étaient bien trop endommagés pour que je puisse maintenir mon pouvoir magique. Cela me tuait lentement sans même que je m’en rende compte. Illsy a remarqué ce problème et il l’a corrigé, » Nanya répondit en regardant sa paume.
« N’importe quoi, » Graymore grogna.
« Ce n’est pas un non-sens, » lui avais-je répondu en fermant les yeux.
Pour l’instant, il ne faisait qu’insulter.
« C’est un non-sens. Ce ruban est censé protéger Nanya des débordements de magie, mais ses canaux magiques étaient comme ça depuis sa naissance. C’est pourquoi elle était la plus faible ! » déclara Graymore.
« Quoi? » Nanya était celle qui avait été surprise maintenant.
« Je suppose qu’il n’y a plus de raison de le cacher maintenant…, » Akardia poussa un grand soupir.
« Que veux-tu dire, mère ? Qu’est-ce qui n’allait pas chez moi ? » demanda-t-elle.
Avant de poursuivre, le majordome revint avec le thé fraîchement infusé promis. Akardia attendit patiemment que le démon nous serve à chacun une tasse de thé, puis retourna à son poste près de la porte. L’odeur du thé était certainement délicieuse, mais pour l’instant, personne n’était prêt à tendre la main pour en prendre une tasse. Mais cette petite pause était arrivée au bon moment pour que Nanya se calme un peu et écoute attentivement ce que sa mère avait à dire.
« Nanya, ma douce fille, tu es née malade… J’ai même considéré cela comme un miracle d’atteindre l’âge de 100 ans. La raison en était que, bien que tu sois une démone et un demi-donjon, tu ne pouvais pas utiliser correctement ton énergie magique et tu finissais souvent par te blesser. Lorsque tu étais bébé, chaque fois que tu pleurais, tu émettais des ondes puissantes qui te faisaient tousser du sang. Tu m’as donné de terribles frayeurs quand tu étais petite…, » nous dit-elle.
C’était quelque chose auquel même moi je n’avais pas pensé. À l’époque, je prenais les paroles de Nanya pour la vérité et je pensais qu’elle s’était retrouvée dans cet état précaire à cause de la libération forcée de son sceau, mais de penser que c’était en fait quelque chose qui devait lui sauver la vie… et que ses propres canaux magiques avaient été endommagés bien avant cela.
Parmi la surprise qui s’était manifestée sur son visage, il y avait aussi une lueur de compréhension. Il semblait que certains événements de sa vie ne pouvaient pas être expliqués autrement.
En théorie, les canaux de magie brisés rendaient difficile la pratique de la magie et l’utilisation de celle-ci pour lancer aussi facilement que les autres de la magie. Cela ne les coupait pas entièrement de la magie, mais les rendait bien plus dépendants de l’énergie qui les entourait et de celle des divers artefacts. Le meilleur style de combat pour quelqu’un dont les canaux magiques sont endommagés ou brisés était un style similaire à celui que Nanya pratiquait. Bien que cela soit dû en partie à sa propre personnalité et à sa nature, c’était un style qui lui profitait bien plus qu’un lanceur de sorts comme Tuberculus ou un attaquant puissant comme Ayuseya. Cependant, sa nature de demi-donjon la rendait plus dépendante de ses canaux magiques et en même temps plus efficace.
Quand j’avais réparé son corps, je n’avais même pas pensé à cette possibilité. J’avais guéri tout ce que je pouvais sur son corps et je l’avais amélioré de la manière la plus harmonieuse possible pour que ça ne lui cause pas de problèmes plus tard. Il était donc fort probable que j’avais peut-être guéri sans le savoir des malformations congénitales ou même des maladies génétiques. Même si je savais que Nanya était née avec de tels problèmes de santé, je l’aurais quand même soignée. Laisser ma propre femme souffrir alors que j’avais à la fois le pouvoir et la capacité de la guérir aurait été tout simplement sadique et idiot en ce qui me concerne.
« Donc, laissez-moi résumer, » avais-je dit après avoir vu qu’aucun d’eux ne disait autre chose. « Nanya est née avec un mauvais ensemble de canaux magiques ? Alors, si vous le saviez, pourquoi ne l’avez-vous pas guérie ? Vous êtes un Seigneur du Donjon comme moi, n’est-ce pas ? Un Divin comme moi aussi, donc… ça aurait dû être faisable pour vous, non ? » demandai-je en regardant son père.
« La guérir ? Croyez-vous que je ne l’aurais pas fait si j’avais pu ? » Il grogna et me lança un regard furieux.
« Vraiment ? » J’avais cligné des yeux, surpris.
« Aucune magie de guérison n’était assez puissante pour agir sur elle… Nous avons tout essayé, y compris la mystérieuse pilule sphérique de Tempérage du Corps du continent caché, » me dit Akardia en baissant son regard.
« Oui. » Graymore fit un signe de tête. « J’ai épuisé toute ma magie plusieurs fois en essayant de la guérir quand elle était bébé, mais je n’y suis pas arrivé. Par la suite, quand elle a grandi, j’ai fini par accepter l’idée qu’elle pouvait mourir à tout moment. Alors je l’ai entraînée, en essayant de lui offrir une chance supplémentaire de survie, de la laisser vivre même un jour de plus si possible. » Le ton de sa voix s’était adouci, apportant une note de tristesse, et montrant ainsi son côté plus humain.
Leurs paroles, cependant, m’avaient paru un peu étranges. Je ne comprenais pas pourquoi la guérison n’avait pas fonctionné ?
***
Partie 3
« Peut-être avez-vous fait quelque chose auquel nous ne pouvions pas ou ne pensions pas à l’époque ? » demanda Akardia.
« Je n’ai rien fait de spécial... juste de la chirurgie normale et un peu de thérapie génique, » j’avais haussé les épaules.
Quand j’avais dit cela, elle et son mari s’étaient regardés pendant un moment puis ils avaient tourné la tête vers moi.
« Qu’est-ce que la chirurgie ? Et qu’est-ce que la thérapie génique ? » avaient-ils demandé en même temps.
« Hein ? » Cette fois-ci, c’était moi qui avais été surpris. « Eh bien… » J’avais alors commencé à expliquer les concepts.
Pour être honnête, je n’avais pas vraiment rencontré de médecins, seulement des guérisseurs, des chamans, et des trucs comme ça. Sur Illsyorea, je m’occupais de tout ce qui pouvait ressembler, même de loin, à une épidémie, mais je n’avais jamais pensé que quelque chose comme ça était si rare sur le Continent des Démons.
« Donc… dans cette opération, vous coupez la chair et enlevez la mauvaise chair, alors que pour la thérapie génique, vous corrigez cet ADN de la même manière ? Mais, que faites-vous pour ceux qui peuvent se régénérer très vite ? Ou ceux qui se jettent des sorts de guérison ou boivent une potion magique ? » demanda Graymore.
« Vous utilisez un médicament pour ralentir la régénération dans cette zone pendant la durée de l’opération, tandis que pour les autres, vous les empêchez de le faire jusqu’à ce que vous ayez terminé l’opération. Bien sûr, le morceau de chair qui a été retiré peut aussi commencer à se régénérer, mais il est fort probable que ce soit un tissu sain maintenant. » J’avais expliqué ce que j’avais appris lorsque j’étais prisonnier de mon esprit intérieur, essayant désespérément de construire mon corps actuel.
« C’est… incroyable…, » déclara Akardia en me regardant avec de grands yeux. « Les démons, en général, n’ont rien qui ressemble à ça. On coupe des membres inutiles et on les régénère entièrement, mais je vois comment cela pourrait fonctionner pour une espèce plus faible comme les humains ou les El’Doraws…, » dit-elle d’un signe de tête.
« Je suppose que la nature des démons fait que le travail d’un médecin est à des lieues de celui d’un guérisseur spécialisé en magie. La médecine met généralement des décennies, voire des siècles, à se développer avant de parvenir à quelque chose de très proche de ce que certains sorts et potions magiques peuvent accomplir, mais les maladies génétiques et autres affections similaires ne peuvent pas être soignées sans chirurgie ou thérapie génique. Les sorts et potions contourneront la zone affectée, car, en théorie, le corps n’est pas blessé. Il n’est pas nécessaire de le guérir. » Avais-je expliqué.
« Je crois que je comprends…, » dit Graymore d’un signe de tête.
« Selon les pays, il y a des médecins, des guérisseurs ou des chamans. Ils portent tous des noms différents, mais ils utilisent généralement les mêmes méthodes pour guérir quelqu’un. Ce que tu as expliqué à propos de cette opération est quelque chose que seuls les paysans qui n’ont pas les moyens de se payer un guérisseur font, » Nanya m’avait dit cela.
« Ah, je suppose que oui, d’ailleurs, on n’a pas vraiment besoin d’un médecin sur Illsyorea tant que j’y suis. » Je m’étais tapoté la poitrine avec une paume.
« Cependant, maintenant que j’y pense, nous n’avons pas non plus de cours sur la médecine et la guérison…, » dit-elle en se frottant le menton et en regardant la tasse de thé maintenant vide devant elle.
Nous avions pris de petites gorgées de temps en temps pendant toute cette conversation. Ma tasse avait été la première à se vider, mais pour ma défense, le thé était délicieux.
« En effet, ce serait une bonne idée d’ajouter un cours ou plus sur la physique du monde, » avais-je dit.
« Les étudiants ont posé beaucoup de questions sur la façon dont les cristaux dans les rues produisent aussi de la lumière. Les réponses que nous leur apportons semblent bien trop simples pour certains d’entre eux, » Nanya m’avait fait cette remarque.
« Donc, quelque chose comme une formation avancée ? Une sorte d’université où les personnes intéressées peuvent apprendre des choses plus compliquées et plus spécifiques ? Mais compte tenu de l’orientation actuelle, il faudrait que ce soit quelque chose de très rudimentaire ou… largement utilisé, » avais-je dit.
« L’économie avancée ? » avait-elle demandé.
« C’est une option…, » déclarai-je.
« AHEM! » Akardia avait simulé une toux, puis nous avions tourné notre attention vers elle. « Je suis désolée d’interrompre votre petit moment, mais vous semblez avoir oublié que nous étions au milieu d’une importante discussion. »
« Je m’excuse, Mère… parfois, nous avons tendance à nous égarer avec des choses concernant Illsyorea et l’académie en général, » Nanya répondit avec un sourire ironique.
« Est-ce si amusant ? » lui demanda Graymore en plissant un sourcil.
« Pardon ? » elle cligna des yeux et le regarda.
« Est-ce si amusant ? Votre académie ? » demanda-t-il.
« Oui ! C’est merveilleux de travailler là-bas, et cela m’apporte de la joie d’aider tout le monde sur l’île. Nous l’avons construite nous-mêmes, donc naturellement, elle nous est chère. Mes deux enfants pourront certainement la voir se développer et s’épanouir au fil des ans, » elle leur avait montré un sourire éclatant, rempli d’énergie et de joie.
« Est-ce que c’est si…, » Graymore détourna le regard.
« Nanya, ma chère, nous sommes heureux que tu aies trouvé quelque chose qui te plaise tant… Cependant, la barrière… Comment vas-tu rentrer ? » demanda Akardia.
« Avant cela, j’ai une autre question… Tu as dit que tu avais donné naissance à deux enfants, n’est-ce pas ? » demanda Graymore.
« Oui. Vous êtes tous les deux grands-parents maintenant. » Nanya fit un signe de tête et leur montra un sourire éclatant.
« Oui, en effet, » dit-il. « Et l’un d’entre eux est un donjon ? » demanda-t-il en fronçant les sourcils.
« Oui. » Nanya avait fait un signe de tête.
« Comment cela est-il possible ? » a-t-il demandé.
« Eh bien, vous savez… quand un homme et une femme s’aiment beaucoup… Vraiment, vous avez une belle femme et plusieurs enfants, en quoi est-ce une question !? » avais-je rétorqué un peu irrité par cela.
« Comment est-ce possible ? Vos enfants sont les tout premiers à naître ainsi ! » rétorqua-t-il en claquant la main sur la table, assez puissant pour provoquer une petite bouffée d’air, mais pas assez pour détruire les meubles.
« Hein ? » C’était moi qui étais confus maintenant.
« Illsy, je ne pense pas que ce qui est arrivé à Shanteya et moi soit quelque chose… Les donjons ont essayé ? » Nanya déclara en regardant vers le bas et en serrant ses mains en petits poings.
« Que veux-tu dire ? » lui avais-je demandé.
« Mère ? » Nanya la regarda et lui demanda de s’expliquer.
Rien qu’en regardant ce petit échange de mots, je savais que cette affaire n’était pas aussi simple que je l’avais d’abord pensé. Lorsque nous étions sur Illsyorea, alors que Shanteya était sur le point d’accoucher, je me souvenais que Nanya m’avait parlé de cette affaire, ce qui était aussi la raison pour laquelle j’avais pris la peine de trouver une solution, mais elle ne m’avait jamais dit que son père n’était pas capable de le faire aussi. Je pensais qu’il ne voulait tout simplement pas. D’après ses récits, Graymore n’était pas exactement le plus agréable des donjons à avoir autour de soi, mais d’après ce qui avait été révélé aujourd’hui, il se peut que cela soit sorti comme ça parce que ses deux parents faisaient de leur mieux pour la garder en vie.
« Lorsque j’étais enceinte de tes frères et sœurs aînés, Graymore m’a parlé de cette affaire. Il m’a expliqué avec des mots aimables comment, même si je portais deux vies dans mon ventre, je ne pouvais qu’en embrasser et en rencontrer une seule. Il a dit que c’était le destin des jeunes Donjons de se réveiller dans leur propre petit coin du monde et, à partir de là, d’évoluer au mieux de leurs capacités. Bien sûr, cela ne m’a pas plu, et j’ai aussi essayé de trouver une solution, j’ai demandé à Graymore d’en chercher une, mais il m’a dit qu’il n’y en avait pas. Au cours des milliers d’années qui se sont écoulées depuis la création du continent des donjons, personne n’a trouvé de solution à ce problème. Ainsi, c’était le destin…, » Akardia expliqua et baissa le regard, sa main reposant sur son ventre.
« Mais maintenant… Vous dites que vous avez réellement découvert une solution à cette affaire que personne n’a réussi à trouver pendant tous ces millénaires ? Vous, qui n’êtes qu’un jeune donjon même pas d’un millénaire et incapable d’utiliser correctement son propre territoire de donjon ? Hah! Ne me faites pas rire ! » Graymore me regarda comme s’il voulait me frapper à nouveau, mais je restai calme et je le regardai simplement.
« En fait, c’est exactement ce qui s’est passé, » avais-je rétorqué.
« Impossible ! » grogna-t-il.
« Et pourtant, Kormian et Anette témoignent du bon fonctionnement des méthodes d’Illsy. » Nanya déclara cela en regardant son père avec un regard compréhensif.
Elle ne l’avait pas jugé ni rabaissé pour son incapacité à sauver son frère jumeau Donjon. Il ne m’était jamais venu à l’esprit de lui demander si elle voulait elle aussi sortir dans le monde et chercher son frère jumeau. Peut-être était-il quelque part dans le monde et pouvait-il reconnaître Nanya, tout comme Anette et Bachus se reconnaissent mutuellement, ou Kormian et Natrasku. Ces petits bonheurs attendaient toujours que leur mère leur revienne.
***
Partie 4
« Mais comment... Je n’ai même pas… » Graymore secoua la tête et regarda en bas, la main serrant le poing.
En les voyant comme ça, j’avais poussé un soupir et je leur avais dit. « Vous savez, je comprends maintenant que ce que j’ai fait est peut-être un peu inhabituel pour vous deux, mais cette technique fonctionne. Si vous voulez, je peux vous dire comment j’ai fait pour que vos enfants naissent en toute sécurité et ensemble. »
« Vous le feriez ? » demanda Graymore en clignant des yeux, surpris.
« Oui, vous êtes mes beaux-parents, après tout. » J’avais haussé les épaules et je m’étais dit. En plus, si je refuse de faire ça, je vais probablement finir par dormir sur le canapé pendant les trois prochaines années…
En entendant cela, Graymore avait cligné des yeux surpris et Akardia m’avait regardé avec de grands yeux et la bouche grande ouverte. Un instant plus tard, le donjon éclata d’un grand rire, qui ne s’arrêta qu’après une minute environ. Pendant ce temps, j’attendais juste qu’ils se calment tous les deux en tenant la main de Nanya.
« Je suis désolé, c’est juste qu’après tout ça, je ne m’attendais pas à ce que vous… mais… cette méthode… Je… J’aimerais la connaître, s’il vous plaît, » déclara Graymore avec un changement dans ses yeux, toute cette colère et cette haine avaient maintenant disparu. « Cependant, cela ne veut pas dire que je vous approuverai comme mon beau-fils ! » ou peut-être ai-je parlé trop vite.
« Graymore. » Akardia l’avait dit en lui montrant un sourire forcé qui l’avait fait déglutir.
« Bien, je l’approuve ! » déclara-t-il. « Mais Nanya est ma jolie petite fille… » il grogna à voix basse, mais on l’entendait encore.
« Ensuite, il ne reste plus que la question de cette barrière. Vous avez dit que vous ne l’avez pas sentie quand vous l’avez franchie ? » demanda Akardia, et je pense que j’avais vu un peu d’inquiétude dans ses yeux, ou était-ce juste mon imagination qui me jouait des tours ?
« Voulez-vous dire celui qui entoure les trois continents ? » avais-je demandé.
« Oui. » Elle avait fait un signe de tête.
« Que se passe-t-il avec cette barrière, que savez-vous à ce sujet ? Je veux dire, je l’ai aussi vu sur une vieille carte, mais à l’intérieur de la barrière, la connaissance de celle-ci est presque inexistante, » lui avais-je dit.
« La barrière a été placée là par un ancien donjon, l’un des premiers Primordiaux, ou du moins c’est ce qu’on dit. La raison de sa création varie d’une source à l’autre, mais pour la plupart, ils parlent de piéger l’une des espèces les plus dangereuses à l’intérieur de cet endroit, » avait-il dit.
« Les humains ? » avais-je demandé.
« Non, les Mérions, » répondit-il en secouant la tête.
« Hein ? », Nanya et moi avions été surpris.
« Les mérions, dans leur jolie petite forme faible, sont inoffensifs et faciles à tuer, mais une fois qu’ils ont franchi un certain seuil, ils deviennent très violents et dévorent tout ce qui se trouve à leur portée. Ce sont les nuisibles les plus méprisés de tous. Pire encore, il existe des Mérions qui ont une fourrure dorée et qui sont connus pour être capables de dévorer l’énergie magique comme les anciens Léviathans, » avait-il expliqué.
« Euh, les Léviathans ? » avais-je demandé.
« Ce sont également des espèces très dangereuses. Ils ne mangent que de la terre, mais si une meute s’approchait trop près d’un continent, ils pourraient l’anéantir en quelques années, » répondit-il.
« OK ! Y a-t-il autre chose qui a été dit sur cette barrière ? » demandai-je.
« On dit qu’elle a été mise en place d’une manière mystérieuse par une technique qu’un Donjon a découverte tout seul. Peu importe la puissance, il était impossible de la traverser. Cependant, je sais pertinemment que rien n’est éternel… même les dieux, » m’avait-il dit en tournant les yeux sur moi.
« Mais les dieux sont intemporels, l’éternité n’a pas d’importance pour eux, » répondis-je en penchant la tête vers la gauche.
« Quoi ? » il avait plissé les yeux vers moi.
« Quoi ? » Je clignais des yeux, surpris.
« D’où savez-vous quelque chose comme ça ? » me demanda-t-il.
« Vous voulez savoir quoi ? » demandai-je.
« Ce que vous venez de dire ! » avait-il crié.
« Doucement, je ne comprends pas de quoi vous parlez…, » avais-je dit pour ma défense, honnêtement, je ne l’avais pas fait, je lui avais juste demandé à propos de la barrière et maintenant je me demande pourquoi il s’était énervé tout d’un coup.
Akardia avait placé sa main sur les épaules de Graymore pour le calmer et avait ensuite dit. « Peu importe ce qu’il a dit, mais que la barrière soit toujours là ou non, est un sujet de grande préoccupation pour tout le monde. Nous ne voulons pas d’une infestation de Mérions, cependant, nous ne pouvons pas être certains de cette question avant d’avoir pris les airs et de l’avoir regardée de nos propres yeux. »
« Maman, si je peux comprendre comment Illsy a pu le manquer, je n’ai pas non plus ressenti de barrière lors de mon passage, » Nanya l’avait fait remarquer.
« À ce propos, tu aurais dû être bien au courant de son existence. Pourquoi as-tu quand même pris le risque de venir ici si tu en connaissais l’existence ? » avait-elle demandé.
« En effet, pourquoi ? » J’étais aussi curieux.
« Même s’il y avait un obstacle, j’avais pleinement confiance que mon mari et mes sœurs-épouses finiraient par trouver un moyen de me ramener. S’il y a une chose que j’ai apprise jusqu’à présent, c’est qu’Illsy a tendance à vous surprendre quand vous vous y attendez le moins, » dit-elle en me regardant dans les yeux.
« Mais si je ne pouvais pas ? » demandai-je.
« Finalement, d’une manière ou d’une autre, tu aurais trouvé une solution, et je suis sûre que tu y penses déjà en ce moment même. » Elle ricana.
« Eh bien, tu m’as eu là…, » avais-je dit en me grattant la joue.
Pour être honnête, je ne m’étais pas précipité ici sans penser à un plan B et C. Cette barrière avait toujours été dans mon esprit, mais depuis que j’avais rencontré Zoreya, j’avais réfléchi à différentes façons de créer des barrières, mais aussi de les détruire. Dans le cas où mon île serait attaquée par une force ennemie, je voulais que mon peuple soit en sécurité. Puis, si par hasard, quelqu’un me piégeait à l’intérieur d’une barrière, je voulais savoir quel était le moyen le plus efficace pour en sortir. À ma grande surprise, j’avais appris que le simple fait de la briser par la force brute n’était pas la meilleure solution. Si quelqu’un était assez intelligent, il pouvait créer une barrière avec un dispositif de sécurité qui forçait toute l’énergie à être restituée à l’agresseur.
« Alors, quel était votre plan, exactement ? » demanda Graymore en fronçant les sourcils.
« Eh bien, j’essaierais d’abord de tromper simplement le circuit magique de détection du niveau de la barrière. En gros, nous faire apparaître comme si nous étions assez faibles pour être autorisés à passer. Ensuite, j’aurais pu tester le point de réaction de la barrière en lui lançant de puissants diablotins non réutilisables. En d’autres termes, à quelle vitesse devions-nous être pour passer sans problème ? Si la barrière était comme un mur incassable en permanence, elle aurait affecté de manière catastrophique le flux des océans et le mouvement des plaques tectoniques. Cela nous amène également à la question de savoir si une créature magique surpuissante placée à l’intérieur d’un récipient scellé par magie peut ou non passer à travers la barrière ? Fondamentalement… J’ai quelques moyens, » j’avais haussé les épaules.
« Hmph ! Bravo ! » Graymore grogna, et je fis un rire gêné.
« Quand veux-tu partir, Nanya ? » demanda Akardia.
« Je pensais à deux jours à partir de maintenant. Cela devrait donner à Illsy tout le temps nécessaire pour enseigner cette technique à Père et en même temps assez de temps pour que je puisse… vous en dire plus sur vos petits-enfants, » elle lui avait montré un sourire chaleureux.
« Nous pourrions rester un peu plus longtemps, ça ne me dérange pas, » lui avais-je dit.
« Non, Illsy, je me contente de savoir que je peux revenir ici à tout moment, mais je ne peux pas être égoïste au point de prolonger mon séjour loin de mes petits, » elle me montra un regard doux en posant sa main sur son cœur.
« Alors, je suppose que c’est réglé ! » avais-je dit d’un signe de tête, puis j’avais regardé ses parents.
Je ne m’attendais pas à ce que cette réunion se déroule ainsi, mais j’en étais heureux. Nanya avait réglé le malentendu qu’elle avait avec ses parents, je ne m’étais pas avéré être un mauvais garçon, et il y avait aussi la perspective d’établir une relation diplomatique pacifique avec une nation au-delà des trois continents. Plus important encore, j’étais heureux de ne pas avoir à entrer en guerre avec mes propres beaux-parents !