Chapitre 1 : Les sœurs
Partie 2
« Ah, euh… Laura ? »
« Pourquoi t’excuses-tu seulement auprès de Laura ? »
« Est-elle la seule dont tu te soucies ? »
« I-Ichika !? »
Eh bien. J’avais maintenant vraiment mis les pieds dans le plat. Je pourrais devoir faire beaucoup d’excuses à genoux dans mon futur proche.
◇
« Ouf… » Deux heures plus tard, j’avais enfin échappé aux filles et j’étais allongé sur mon lit. « Je devrais prendre une douche. »
Au moment où je me levais, la porte de ma chambre s’était ouverte.
« Ta-dah ! Tatenashi vole la vedette ! »
« S’il te plaît, va-t’en. »
J’avais claqué ma porte. Dès que je l’avais fait, j’avais entendu le bruit de l’eau qui coulait de l’autre côté.
« Quoi !? »
Une lame d’eau avait coupé ma porte en deux. De l’autre côté se trouvait Tatenashi avec son épée à chaîne, la Chaîne Rouillée serrée dans sa main. « Maintenant, je ne peux pas te laisser m’ignorer. »
J’abandonne. J’avais affaissé mes épaules.
« Puis-je entrer ? »
« Vas-y… »
Tatenashi avait déjà échangé la Chaîne Rouillée contre son éventail habituel. Sur celui-ci étaient écrits les mots « triste sort ». Aurait-elle pu — non, elle avait dû faire un jeu de mots. Et attends, c’était sa propre faute si c’était un triste sort !
« Qu’est-ce que tu veux ? Fait vite, j’allais me doucher. »
« Oh ? Alors, pourquoi ne pas parler sous la douche ? Je n’ai pas apporté mon maillot de bain cette fois-ci, mais ce n’est pas grave. »
« Gah, non ! Pourquoi est-ce que ça doit être comme ça !? Dis juste ce que c’est maintenant ! »
« Bien, bien. Tu es tout feu tout flamme. C’est absolument adorable. »
« Peu importe. » Me sentant vraiment abattu, j’avais fait du thé pour elle.
« Oh, gyokuro. Un bon choix. Mais tu as encore beaucoup à apprendre avant de prendre la relève du conseil des élèves. »
Hum. Je pensais que mon rôle était celui de vice-président.
« Tatenashi. »
« Oui ? »
« Je te mets à la porte. »
« Aïe. »
J’avais laissé échapper un dernier soupir. Je ne pouvais pas lutter contre ça. Elle allait me faire tourner autour de son doigt de façon permanente, et je ne pouvais rien y faire. Adieu, soupirs.
« Alors, qu’est-ce que tu voulais ? »
« Tu as été attaqué, n’est-ce pas, Ichika ? Dois-je t’assigner certains de mes gardes du corps ? »
« Merci pour l’offre, mais je vais devoir passer mon tour. »
Mon ennemi avait un IS. Je ne voulais pas y penser, mais une personne normale pouvait très bien finir morte si elle s’impliquait.
« Je pensais bien que tu dirais ça. »
« Je vois. » Je suppose qu’elle avait raison.
« Alors, il y a une autre chose… »
« Oui ? »
Pour une fois, Tatenashi grimaçait à contrecœur avant de dire « … S’il te plaît ! »
Clack ! Ses mains s’étaient jointes et elle avait baissé la tête.
« Hein ? Quoi ? »
« Prends soin de ma sœur ! »
« Ta sœur !? »
Je n’avais aucune idée de ce qui se passait.
◇
« Alors, euh. Ta petite sœur ? Elle doit être en première année ? »
« Oui. Elle s’appelle Sarashiki Kanzashi. Tiens, voici une photo. » Tatenashi avait ouvert son téléphone et m’avait montré la photo d’une fille qui avait l’air un peu fatiguée de la vie.
Voici donc la petite sœur de Tatenashi. Elle semble un peu…
« Mais… s’il te plaît, ne lui dis jamais que je te l’ai demandé. »
Normalement, Tatenashi ne se serait jamais lancée dans ce genre de choses.
« Ta sœur a l’air un peu, uhh… » Pour une raison inconnue, j’avais senti que je devais être prudent dans ma façon de le formuler.
« Sombre, oui. »
« Je vois… »
« Pourtant, elle a du talent. C’est pourquoi elle a son propre IS, mais… »
« Mais ? »
« Elle ne l’a pas encore. »
« Hein ? » Elle l’a ou elle ne l’a pas ?
« C’est une cadette japonaise, donc son IS n’est pas encore prêt. C’est pourquoi elle ne l’a pas. »
« Hein ? »
« Qu’est-ce que tu veux dire, “hein” ? C’est de ta faute. »
« Eh !? » Comment ai-je été impliqué dans tout ça ?
« L’IS personnel de Kanzashi était développé par Kuramochi Engineering, donc… »
« Oh… Le même laboratoire que le Byakushiki ? »
« Oui. Byakushiki était un effort de tous les instants, donc il n’est pas encore terminé. »
« Je vois… »
« Alors — C’est ta faute ! »
« Désolé, m’dame… » C’est pour ça que lorsqu’ils nous alignaient tous avec nos IS personnels, le pilote de la classe D était toujours absent. Ça doit être assez embarrassant d’être une cadette nationale et de ne pas avoir le sien. « Alors, que voudrais-tu que je fasse pour elle ? »
« Eh bien, après l’attaque qui s’est produite au Cannonball Fast, ils prévoient un tournoi de duo sur toute l’année pour aider les pilotes avec leur IS personnel à se mettre rapidement à niveau. »
« Oh, vraiment ? »
« Alors, s’il te plaît ! Fais équipe avec Kanzashi ! » Elle ferma son éventail et le posa à côté d’elle, puis joignit à nouveau les mains.
« Hé, allez, tu sais que je serais d’accord pour ça même si tu ne me supplies pas. »
« Donc… Donc, tu le feras ? » demanda-t-elle encore, hésitante. La différence avec son attitude habituelle la faisait paraître minuscule, presque fragile.
Quel gâchis… ! Pour une raison inconnue, quand quelqu’un qui était normalement si insouciant avait soudainement demandé si poliment, j’avais eu l’impression que je devais absolument aller jusqu’au bout.
« Alors, euh… Quel était son nom ? Kanzashi, c’est ça ? Devrais-je aller lui parler de ça ? »
« Oui. Mais si tu peux l’éviter, ne lui dis pas que je te l’ai demandé. »
« Hein ? Pourquoi ? »
« Elle… Elle a toujours eu l’impression que je lui faisais de l’ombre… Donc… »
Tatenashi était évasive. Je pouvais dire qu’il y avait des problèmes entre elles.
« Alors tu ne t’entends pas avec ta sœur ? »
« Ahh… » Son soupir avait juste confirmé que j’avais raison. Des sœurs qui ne s’entendaient pas, avec la grande sœur qui essaie à sa manière de recoller les morceaux et la petite sœur qui se rebelle… Cela m’avait fait penser à une autre famille que je connaissais.
On dirait presque que la relation entre Houki et Tabane… Même si Houki avait reçu un IS de sa sœur, les choses étaient encore un peu tendues. On n’avait pas revu Tabane depuis, donc ça n’avait pas dû s’améliorer. De toute façon, si c’était comme ça, je devais vraiment le faire.
« Je ferai de mon mieux pour faire croire que c’était mon idée. »
« Merci. Oh, et essaies de faire attention à ta façon de formuler les choses. Elle peut être un peu piquante. »
« C’est d’accord…, » J’avais mentalement noté ce qu’elle m’avait dit sur Kanzashi.
« Merci encore. Mais vraiment, n’en fais pas trop. Si ça ne marche pas, ça ne marche pas. »
« Ça ne te ressemble vraiment pas, Tatenashi. Je m’attendais plutôt à ce que tu me dises “Et si tu le fais, je te lave le dos”, ou quelque chose comme ça. »
« Vraiment ? Ahahah… Eh bien, si tu veux vraiment que je le fasse… »
Elle n’était vraiment pas elle-même aujourd’hui.
« On dirait que tu as besoin d’un massage du dos. »
« Hm ? Ichika ? »
« Allez. »
« Bon… »
J’avais fait le tour derrière Tatenashi, puis j’avais grimpé sur le lit à genoux et j’avais commencé à masser.
« Wôw, tu es vraiment tendue. Est-ce que tu as travaillé tard ces derniers temps ? »
« Oui, un peu… Aïe ! »
« Les muscles de ton cou sont si raides. Tu devrais faire quelques étirements, puis prendre un long bain. »
« Je sais. Hmm… »
« Devrais-je aider aux travaux ? »
« Allez, ne sois pas trop fier de toi. Tu dois t’occuper de ton travail avec les clubs. »
« Eh bien, oui, mais… »
« Bon sang. Tu ne peux pas tout laisser tomber. Je ne t’aimerai plus si tu fais ça. »
« Je sais, je sais. » J’avais passé une autre demi-heure à masser Tatenashi, qui était enfin redevenue elle-même.
« Hmm ! Ça fait du bien. Merci. »
« De rien. Ne t’inquiète pas, je vais m’occuper des choses avec ta sœur. »
« Ouais. Bonne chance. » Elle s’était inclinée une dernière fois avant de partir, avec toute la grâce que l’on attend d’une grande sœur.
« Quant à ceci…, » j’avais regardé les deux morceaux de ma porte sur le sol. « Je vais faire une demande de maintenance pour une nouvelle porte… »
◇
Dans une pièce sombre, Madoka avait changé les bandages de sa main droite. L’utilisation répétée de nanomachines régénératrices avait déjà scellé la blessure. Des seringues vides étaient éparpillées dans la pièce.
« J’entre, M. » Squall, la leader de l’Unité Fantôme, était entrée sans frapper. Ses volumineux cheveux blonds se balançaient en marchant. « Alors, Orimura Madoka. As-tu une explication pour tes actions d’hier ? »
Le sourire de Squall était resté figé sur place. Madoka avait jeté un coup d’œil avant de se retourner vers ses bandages sans répondre.
« Tu as peut-être apprécié le côté théâtral de la chose, mais un contact non autorisé comme celui-là pourrait faire capoter toute la mission. Ne pars plus jamais seule comme ça, compris ? »
« Compris… »
« Ta mission est la capture d’IS. Si tu comptes utiliser ton IS pour autre chose… »
Blam ! Une explosion avait retenti, et la trousse de premiers secours avait été soufflée de la table. Un instant plus tard, Madoka avait été attrapée par le cou et projetée contre le mur.
« Pas trop mal. »
Squall flottait dans les airs, son IS déployé, mais derrière Madoka, quatre des unités mobiles du Zéphyr Silencieux étaient pointées et prêtes à tirer.
« … »
Libérée, Madoka s’était effondrée sur le lit. Squall avait dématérialisé son propre IS, atterrissant à côté d’elle. Les ressorts du lit grincèrent sous le poids de deux personnes.
« Rappelle-toi, M. Tu es peut-être Orimura Madoka, mais ça n’a pas d’importance pour moi. J’ai besoin que tu sois M. M de l’Unité Fantôme. »
« Je le serai, jusqu’à ce que je règle les choses… »
« Régler les choses… Veux-tu dire avec Ichika Orimura ? »
« Hmph. Ce petit ver ? Je pourrais le tuer quand je le veux. »
« Alors avec Chifuyu Orimura, hein… » Alors que Squall parlait, la bouche sans expression de Madoka s’était transformée en un sourire. Un sourire vicieux. « Chifuyu Orimura. Elle n’a même pas d’IS pour le moment. Elle n’a pas l’air d’être une grande menace. »
À la seconde où les mots de Squall avaient quitté sa bouche, elle avait bloqué le coup de poing de Madoka et l’avait renvoyée au sol. En regardant le visage de Madoka, son sourire avait été remplacé par une rage foudroyante.
« Ne t’avise pas de le faire. Tu n’es même pas digne de respirer le même air qu’elle. »
« Bien, bien. Maintenant, range ce couteau avant de faire un trou dans le mur. »
« Hmph. » Embarrassée d’avoir été provoquée si facilement, Madoka avait rengainé son couteau.
« Maintenant, je vais aller me reposer pour ma beauté. Il reste encore un bon bout de temps avant la prochaine mission. Essaie de ne rien faire d’irréfléchi. Compris, M ? »
« Oui. »
« Bien. J’aime les filles qui savent écouter. Bref, à plus tard. » Squall était sortie, aussi indifférente à l’opinion de Madoka sur le sujet qu’elle l’avait été en entrant.
merci pour le chapitre