Chapitre 2 : La beauté endormie sur l’île solitaire
Partie 7
Comme si je comprenais et comme si je ne comprenais pas… Ses connaissances et ses explications étaient d’un niveau enfantin, tout comme son apparence.
« Vraiment… ? Alors pourquoi Mel m’appelle-t-elle chéri ? »
Mel avait acquiescé avec un grand sourire.
« C’est simple. Car Chéri épousera Mel ! »
Je m’étais soudainement et involontairement étouffé. Qu’est-ce que cette enfant est en train de dire tout d’un coup ?
« Et tu me feras donner naissance à un bébé ! »
J’avais toussé violemment.
« Attends un peu ! Il y a trop de problèmes de toutes sortes ! »
« Hmm ? Comme quoi ? »
Comme si j’allais prendre autant de responsabilités avec un baiser… Quel genre d’événement est-ce ?
« Ah ! Je veux dire… tu n’es pas majeur et ─ tu n’es pas majeur et ─ tu n’es pas majeur. »
Est-il inutile de prêcher les lois et l’éthique du monde réel aux personnages PNJ du jeu ? L’IA ne semble pas si intelligente que ça.
« Se pourrait-il que Chéri se sente inférieur parce qu’il est un être humain ? Si c’est le cas, tu n’as pas à t’inquiéter. »
Ce n’est pas ça !
Je m’en moque, et les êtres humains sont-ils vraiment inférieurs ?
« Mel ne fait pas de discrimination raciale. D’ailleurs, Mel est à moitié dragon et à moitié humaine ! »
« Eh bien… en même temps que cela, nous devons mieux nous connaître et… »
« Certainement. Quel est le nom de mon chéri ? »
Il fallait bien commencer par là !
« … Je m’appelle Doumeguri Kakeru. Je suppose que je suis plus ou moins un aventurier ? »
*Wooow*, cria Mel en signe d’admiration
« Un aventurier ! C’est trop cool ! »
« Pas vraiment… pas autant que d’être un dragon. »
« Avec cela, il n’y a plus d’obstacles au mariage, chéri ! »
C’est trop rapide !
« J’ai d’autres questions à poser… Par exemple, Mel, pourquoi as-tu été enfermée dans un tel endroit ? Et quelle est cette île ? »
Le visage perplexe, Mel regarda autour de moi et à l’intérieur de la pièce.
« … Je ne me souviens plus. »
Sérieusement ?
« Hum, que faisais-tu avant cela ? Avant d’entrer dans ce cercueil. »
Mel avait penché la tête et avait gémi pendant quelques secondes, mais à la fin, elle laissa tomber ses épaules.
« Comme je le craignais, je ne sais pas. »
Hé, ne me dis pas que tu n’as aucune information ? Je ne sais pas trop quoi faire maintenant, j’ai l’impression qu’on vient de me lier à un PNJ gênant !
« … Hmm ? »
J’entendis alors quelque chose qui venait de l’extérieur.
─ Pas question !
Lorsque j’avais vérifié l’heure, il restait dix minutes avant la fin du temps imparti.
Bon sang ! Adra et Grasha, même si je vous l’ai dit, pourquoi êtes-vous revenus ?
J’avais commencé à courir et j’avais descendu les escaliers.
« Ah ! Attends ! Chéri ! »
Le PNJ que j’avais l’intention de quitter s’était mis à courir après moi. Oh merde, la situation va devenir de plus en plus grave. Comment dois-je expliquer à Adra et Grasha ce qui s’est passé avec Mel ?
Tout en pensant cela, j’étais passé devant la pièce où Miyakoshi avait congelé une Carmilla, et j’avais débouché sur un endroit qui ressemblait à une petite terrasse ouverte.
Ah, j’ai encore mon apparence humaine. Je vais bientôt devoir porter l’Armure du Roi-Démon.
J’avais arrêté de courir.
Il n’y avait pas de plafond, et la brise de mer qui venait me frapper me donnait un sentiment de liberté. J’avais levé les yeux vers le ciel, d’épais nuages recouvraient ma tête. Puis, quand j’avais baissé mes yeux, un large escalier continuait à descendre de la terrasse ─,
Des guerriers aux visages de crocodiles y étaient alignés.
« … !? »
Ce sont des hommes-lézards, des crocodiles qui marchent sur deux jambes comme les humains. Ce sont des monstres ordinaires, mais assez forts. De plus, ils sont une trentaine. Ils portent tous un équipement en lambeaux qui semble avoir été volé aux ennemis qu’ils ont tués. Ils ressemblent à des bandits violents. J’imagine qu’il s’agit d’une classe de haut niveau parmi les hommes-lézards.
« Les voilà. »
Rétrécissant leurs pupilles verticales, leurs petits yeux me fixèrent.
« Est-il seul ? »
« Ils devraient être douze. »
« Recherchez-les et tuez-les. »
« Ceux qui ne sont pas qualifiés pour vivre dans ce monde. »
─ !?
Pas possible… ces gars-là.
Des sueurs froides coulèrent sur mes joues.
Ce sont des assassins qui visaient la guilde 2A… et probablement leur vie ─.
« Akagami… est-ce lui ? »
Par réflexe, j’avais serré le poing, mes dents de derrière avaient émis un son.
Tous les hommes-lézards avaient des expressions faciales terriblement fortes. Comme ils avaient reçu l’ordre absolu d’Akagami, ils ne m’obéiraient pas même si je devenais Hellshaft. Et si leur équipement était également renforcé… Puis-je vraiment me battre contre leur nombre ?
« Je t’ai enfin rattrapé. Bon sang, qu’aurais-tu fait si je m’étais perdue, Chéri ? »
D’une voix insouciante, Mel s’approcha de moi.
« Hé, Mel ! Sauve-toi vite ! Ces types vont nous tuer ! »
Mel me regarda puis elle regarda les hommes-lézards alternativement avec un regard étonné. Vexé, j’avais involontairement poussé un grand cri.
« Nous n’avons pas le temps ! Je vais vaincre ces types dans les minutes qui me sont imparties, tu dois t’échapper de l’île ! Alors, pars vite ! »
« Hmm ? C’était donc ça, le marché, hein. »
Mel avait soudain surgi devant moi.
Elle regarda les hommes-lézards d’un air autoritaire. Ses yeux étaient complètement différents par rapport à quand elle me regardait. C’était les yeux d’un monarque absolu qui voyaient des proies sans défense et misérables. Percevant cette attitude hautaine, l’intention de tuer émanant des hommes-lézards vacilla.
« Qu’est-ce qu’il y a, cette morveuse est... »
« Est-elle aussi notre cible d’abattage ? »
« Mais ça n’a pas d’importance. Nous devons tuer toutes les créatures de l’île, donc c’est pareil. »
Tenant leurs haches ensanglantées, les hommes-lézards montèrent les escaliers.
« Ils ont l’air si joyeux. Et oui, tout le monde a des visages mignons. »
Mel afficha un sourire innocent ─ et leva vivement les yeux.
« Mais je ne peux pas leur pardonner d’avoir fait peur à Chéri. »
À ce moment-là, les yeux de Mel brillèrent d’une lueur dorée et ses pupilles s’allongèrent à la verticale. Des crocs acérés scintillèrent dans sa jolie bouche. Les pieds des hommes-lézards s’arrêtèrent tandis que son petit corps se mit à briller finement. Des frissons me parcoururent le dos.
C’était une peur pure, instinctive.
Une peur similaire au sentiment de désespoir face à un être au pouvoir écrasant.
« Parce que j’ai dormi longtemps. Il s’agit d’un exercice d’échauffement léger. »
─ !!
Une rafale s’échappa du corps de Mel. Les longues queues de cheval et la cape de Mel étaient frappées par son propre vent, agissant violemment. Et un peu au-dessus de ses fesses ─ une épine argentée était sortie.
Elle ressemblait à un coccyx qui apparaît sous la peau, comme une queue en métal. Et lorsqu’elle s’étira en longueur, elle devint une queue de reptile et comme si elle était faite de platine, elle était d’une belle et brillante couleur argentée qui bougeait avec souplesse.
Du métal tranchant apparut sur les côtés gauche et droit de sa taille fine.
C’étaient des ailes de squelette. Les os de platine étaient merveilleusement grands, à tel point que je me demandais où se terminait son petit corps. Lorsqu’on les ouvrait en grand à gauche et à droite, comme si on les étirait, une membrane rose et brillante s’étendait entre les os. Les ailes étaient solides et belles, elles m’inspiraient même de l’admiration.
Elle m’était visible de dos, avec une queue qui se développait et d’immenses ailes qui se déployaient à partir de la taille. Sa silhouette, qui émettait des particules lumineuses blanches sur tout son corps, ressemblait à celle d’un dragon de platine.
Les hommes-lézards, qui semblaient avoir vécu une scène de carnage, tremblaient de peur.
« Pas possible… »
« Un… dr-dragon ? »
Comme si ce marmonnement avait été un signal, la peur que ressentaient les hommes-lézards leur perdit toute retenue.
« Couuuurrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrezzzzzzzzzzzzzz !!
« Uawaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa ! »
Sans se soucier de ce que pensent les autres, ils avaient crié et s’étaient enfuis.
─ C’est mauvais !
Si nous les laissions partir, la nouvelle atteindra Akagami !
« Mel ! Ne laisse aucun d’entre eux s’échapper ! »
Mel m’avait jeté un coup d’œil puis elle avait affiché un sourire intrépide.
« Compris. »
Les crocs s’alignaient dans la bouche ouverte. L’arrière de sa bouche brilla de mille feux.
Puis elle se tordit et secoua la tête de toutes ses forces, comme pour frapper les hommes-lézards qui couraient.
Un torrent de lumière massif avait surgi d’un coup.
Il brillait tellement que je n’arrivais pas à garder les yeux ouverts.
La flamme se transforma en un flot de lumière blanche et des éclairs qui s’enroulèrent autour d’elle. L’éclat magnifique et violent avait totalement englouti les hommes-lézards. Ils s’évaporèrent et disparurent en un clin d’œil.
C’était comme s’il s’agissait d’une lumière de destruction. C’était l’évidence d’une violence écrasante.
Les pierres de l’escalier se détachèrent et s’élevèrent. Les flammes de Mel soufflèrent également les pierres brisées et ils pulvérisèrent les hommes-lézards qui avaient échappé de justesse aux flammes. Les terribles flammes du dragon avaient creusé un énorme trou dans le sol sous l’escalier, perçant une ouverture vers le sous-sol.
C’est là où j’avais repris mes esprits, moi, celui qui avait assisté, médusé, à la malédiction des événements.
« M… Mel ! Ça suffit ! »
Les flammes de Mel s’amenuisèrent peu à peu et finirent par disparaître.
Lorsque le silence revint, les trente hommes-lézards avaient disparu. Comme si c’était un mensonge qu’ils aient été là il y a quelques instants. Les fragments de lumière flottant dans l’air et la lumière des restes des hommes-lézards morts m’avaient fait prendre conscience qu’ils étaient là il y a quelques secondes.
Mel me regarda fixement.
« Mel, tu… »
Après nous être regardés un moment, Mel parla en faisant la moue.
« Ne vas-tu rien dire ? Chéri ? »
Elle s’approcha rapidement de moi et, sans hésitation, avança sa tête vers moi.
C’est, ne me dis pas…
Avec crainte, j’avais tendu la main et touché la tête de Mel. Ses cheveux blonds, fins et gracieux, étaient très agréables à toucher. Quand j’avais déplacé ma main plus loin, j’avais pu constater que c’était encore mieux. Je voyais que Mel souriait énormément, elle affichait une expression de plaisir sur son visage.
« Nous… bien jouée, bon travail. Voilà, voilà. »
« Ehehehe, c’est vrai, c’est vrai ♪ ! Mel est une enfant utile. »
D’une certaine manière, j’avais l’impression que je pouvais la caresser comme ça pour toujours.
Ah ! Il n’y a pas de temps pour se détendre !
Lorsque j’avais retiré ma main, elle avait approché sa tête comme pour s’en prendre à ma main. Puis elle frappa sa tête contre ma poitrine.
« Tapote-moi davantage. Ne sois pas avare. »
« Non, attends. Ce n’est pas le moment ! »
« Oh, si je me souviens bien, tu as dit que tu voulais t’échapper, oui ? Si c’est le cas, mets-toi à quatre pattes. »
Me mettre à quatre pattes ?
« Je t’ai dit que nous n’avions pas le temps de jouer ! »
« Je ne joue pas. C’est le moyen le plus rapide de quitter l’île. »
Alors que je marche à quatre pattes sans comprendre pourquoi, Mel s’était assise sur mon dos. Elle était légère. Inhabituellement légère, malgré une queue et des ailes grandes et résistantes. Ne sont-elles pas en métal ?
merci pour le chapitre