Bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe – Tome 9 – Chapitre 7

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Chapitre 7 : À la bibliothèque universitaire

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Chapitre 7 : À la bibliothèque universitaire

Partie 1

Je m’étais brossé les dents à côté de l’adorable mademoiselle elfe, et elle me jeta un coup d’œil à travers le miroir. Elle cligna des yeux, ses yeux violets étaient comme des pierres précieuses étincelantes sous le soleil du matin. Ses cheveux étaient blancs comme du coton et sa peau jeune était radieuse. Elle portait un pyjama avec un motif de mouton qui comprenait de mignonnes petites cornes bouclées sur sa tête.

Après s’être rincé la bouche avec un peu d’eau, elle l’essuya avec une serviette. Ses yeux de couleurs de l’améthyste avaient alors rencontré les miens directement et non plus cette fois-ci à travers le miroir.

« Les matins sont de plus en plus froids, » déclara Marie. « Qu’est-ce que vous utilisez pour rester au chaud dans ce monde ? Je n’ai pas vu de cheminée sur les maisons d’ici. »

Je m’étais rincé la bouche, je m’étais essuyé avec la serviette qu’elle m’avait tendue et je m’étais tourné vers elle pour lui répondre.

« En général, on utilise la climatisation ou des chauffages au gaz en ville. Tu peux trouver des cheminées dans les régions plus froides comme Aomori. Oh, dans la région, il fera plus froid que là où tu as grandi. »

« Oh, ça a l’air terrible. Je n’aime vraiment pas le froid. Chaque fois que quelqu’un monopolisait la place devant la cheminée, j’ai toujours pensé à le déplacer », dit-elle en fronçant les sourcils, ce qui me fit rire.

La forêt où elle et sa tribu elfique vivaient possédait un climat très doux. Il n’y neigeait que légèrement, voire pas du tout, et elle ne supportait pas bien le froid ou la chaleur extrêmes parce qu’elle était tellement habituée à cet environnement confortable. Pour être honnête, j’aimais bien qu’elle se plaigne comme ça, alors je m’étais contenté de glousser en quittant les toilettes.

Marie me suivait tout en tenant ma manche à la main, évoquant un sujet au hasard après l’autre. En y réfléchissant, je n’aimais pas seulement quand elle se plaignait, j’aimais aussi parler avec elle en général. Elle était de meilleure humeur que d’habitude parce que c’était mon jour de congé, et c’était également mon cas.

Nous étions retournés dans notre chambre pour trouver une femme qui étalait le journal. Elle nous jeta un coup d’œil pendant que Marie et moi bavardions, ses longs cheveux noirs attachés derrière sa tête. Mais elle n’avait rien dit et était simplement retournée à son journal, comme si elle était habituée au bruit que nous faisions. La femme avait acquis un certain intérêt à porter des lunettes, peut-être parce que je lui avais dit qu’elle avait l’air intelligente avec la dernière fois. Combinée à la longue jupe, elle avait presque l’air d’une autre personne.

Habituellement paresseuse sous sa forme de chat, elle profitait pourtant aujourd’hui du soleil matinal avec une tasse de café bien arrosée de lait. D’après elle, elle était venue au Japon pour la première fois depuis longtemps, car il y avait quelque chose qu’elle voulait étudier.

 

 

« Bonjour, Wridra. As-tu déjà dessaoulé ? » avais-je demandé.

« Haha, haha, je peux me dégriser quand je le souhaite. Chaque fois que je suis en état d’ébriété, c’est parce que j’ai choisi de l’être. »

Wridra avait une grande tolérance non seulement à l’alcool, mais aussi au froid. Sa tenue laissait le haut de ses bras nus, alors que l’on s’acheminait déjà vers l’hiver. Ses clavicules apparentes et son nez lisse et galbé la faisaient ressembler à un mannequin. Elle n’aimait pas se maquiller et n’utilisait que du rouge à lèvres ou se faisait tout au plus une manucure.

Elle me tendit sa tasse vide et je l’acceptai en douceur sans y penser, peut-être à cause de mon temps de travail au manoir. C’était presque comme si j’étais son serviteur, mais j’avais haussé les épaules et je m’étais dirigé vers la cuisine pour préparer du thé.

Si Marie était de si bonne humeur, c’était en partie grâce à la présence de son amie Wridra. La jeune fille elfe s’était approchée d’un pas sautillant et s’était assise à côté de moi, les yeux pleins de joie.

« Est-ce que tu as froid quand tu es un chat, Wridra ? » demanda Marie. « Crois-tu qu’on devrait acheter une chaufferette ? »

« Un futon moelleux et un peu de chaleur seraient les bienvenus, même si le froid ne me dérange pas trop. Contrairement à une certaine elfe qui ne supporte pas un peu de froid », répondit Wridra avec un sourire taquin.

Marie gonfla un peu les joues et parla : « Ce n’est pas juste ! Tu ne peux pas me comparer à un chat recouvert d’une fourrure chaude et duveteuse. Je n’aime peut-être pas le froid, mais c’est aussi le cas de tous ceux qui m’entourent. »

« Alors tu devrais demander à cet homme de t’acheter des vêtements chauds », suggéra Wridra. « Porte quelque chose qui te couvre jusqu’au cou. Même les vents froids ne devraient pas te gêner. Celui-là a la peau dure quand il s’agit du froid, alors n’hésite pas à lui faire part de tes inquiétudes. »

Alors que je leur tournais le dos, mes oreilles s’étaient dressées lorsqu’elles avaient parlé de moi. J’avais grandi à Aomori, mais j’avais déménagé ici à la fin de mes études primaires, alors ce n’était pas comme si je tolérais remarquablement bien le froid. Cette année, il vaudrait mieux que je me procure de vrais vêtements thermiques et un chauffage.

Alors que j’y réfléchissais, la bouilloire s’était éteinte en émettant un sifflement aigu. J’avais éteint la cuisinière, puis je m’étais souvenu de quelque chose.

« Marie, est-ce qu’on peut utiliser les lézards de feu comme chauffage ? Comme lorsque tes esprits de méduses nous ont aidés en été ? », avais-je demandé.

« Hmm, ce serait difficile, » déclara Marie. « Ce sont des créatures très curieuses, alors il pourrait être dangereux de les amener ici. Je pourrais les contenir. Ils pourraient s’égarer et déclencher un incendie, c’est pourquoi ils sont interdits dans beaucoup de villes de l’autre monde. »

Cela semblait effrayant. Comme nous vivions dans un appartement, un incendie mettrait les autres résidents en danger. Il était sans doute préférable d’utiliser un chauffage au gaz.

Nous avions déjà mangé dans le monde des rêves, et il n’était pas nécessaire de préparer le petit déjeuner. Tout ce que j’avais à faire, c’était de préparer du thé que nous avions apporté pour profiter de cette matinée rafraîchissante. Le fait d’aller dans le monde des rêves nous avait aussi été bénéfique sur le plan financier. Nous pourrions même ramener de la nourriture ici si nous le voulions. Même si Wridra s’occupait généralement de ses propres affaires, Marie était une travailleuse acharnée et une acheteuse avisée, alors elle m’aidait beaucoup pour les finances et les tâches ménagères.

J’avais préparé du thé et je m’étais retourné pour trouver les dames en train de parler de leur tenue pour la journée, bavardant comme si elles étaient des sœurs proches.

« Nous allons rencontrer les Ichijos aujourd’hui, alors vous devriez bientôt tous les deux essayer de trouver vos tenues », avais-je dit.

« D’accord ! » dirent-elles à l’unisson en riant. Je n’avais pas pu m’empêcher de sourire en voyant à quel point l’elfe et la dragonne étaient synchronisées.

C’est ainsi que ma journée de congé commença.

§

Un homme avait gémi en regardant fixement une voiture. C’était un homme qui vivait dans le même immeuble que moi et qui était le mari de Kaoruko Ichijo.

Quand j’avais vu son embonpoint, je n’avais pas pu croire que c’était le même garçon que j’avais vu dans le monde des rêves. Je ne pouvais pas en vouloir à Kaoruko d’être si excitée de l’autre côté après avoir vu à quel point il avait changé. Pourtant, lorsqu’il s’était retourné, il avait le même sourire amical sur le visage.

« Je n’ai jamais vraiment aimé les voitures, mais je t’envie d’en avoir une », déclara Toru.

« Cependant, ce n’était pas facile pour le portefeuille », répondis-je. « J’ai toujours rêvé d’avoir une voiture parce que j’ai grandi dans une région rurale, mais j’envisageais sérieusement de la vendre avant que Marie ne vienne ici. »

Toru fit une grimace comme pour dire qu’il comprenait ce que je ressentais. Les transports étaient si pratiques en ville qu’il n’était pas nécessaire d’avoir une voiture. Cette commodité se fondait dans le loyer élevé, ce qui rendait difficile le paiement des frais de stationnement et d’inspection des véhicules.

Pendant que nous parlions, les dames étaient sorties de l’immeuble. Marie fit un signe de la main, et Kaoruko était derrière elle dans une tenue adaptée à la saison automnale, nous regardant avec une expression quelque peu embarrassée. Sa tenue semblait être pour quelqu’un de plus jeune que d’habitude, et je supposais que Wridra y était pour quelque chose. L’Arkdragon avait appris chaque jour un peu plus sur la mode et s’amusait à peaufiner son charme féminin. Toru était ébloui.

« Je comprends », avait-il dit. « Quand tu es avec une femme adorable, tu veux la conduire partout. »

« Exactement. C’est pour cela que j’ai gardé la voiture, même si j’ai dû resserrer mon budget ailleurs », avais-je dit.

« Tu as fait ce qu’il fallait », avait-il approuvé, et j’avais hoché la tête.

J’avais ouvert la portière côté passager à Marie qui se tenait devant, et elle avait souri. Elle avait l’air un peu gênée en montrant son gilet brodé de fleurs, même si ses yeux pétillaient d’impatience, comme si elle voulait des compliments. Toru et moi nous étions figés, ce qui avait semblé la satisfaire et approfondir son sourire séduisant.

« Bonjour », déclara Marie à Toru en s’inclinant, puis elle se tourne vers moi. « Désolée pour l’attente. »

Toru me jeta un coup d’œil, comme si le fait de se faire saluer par une belle voix était trop pour lui. Je ne pouvais pas lui en vouloir, car elle avait cet effet sur les gens. Marie le savait et me regarda avec ses beaux yeux d’améthyste.

Il regarda la voiture et secoua la tête, indiquant qu’il aurait aimé en avoir une aussi. Mais je ne l’avais pas laissé faire. Les garçons étaient capables de communiquer sans paroles comme ça.

« Allons-y, nous avons beaucoup de recherches à faire aujourd’hui », déclara Marie en m’étreignant le bras. Je l’avais guidée vers le siège passager, l’avais tenue par le bout de ses doigts fins et l’avais aidée à se baisser dans la voiture.

« Alors, pourquoi allons-nous à la bibliothèque universitaire ? » demanda Toru.

« Oh, c’était en fait la demande de Wridra. Elle voulait aller dans un endroit tranquille où elle pourrait lire beaucoup de livres. Nous aimons aussi les livres et nous avons pensé que ce serait bien de lire ensemble », expliquai-je avec un sourire, sentant qu’il se passait quelque chose. Wridra avait été furieuse hier soir, il était donc difficile de croire qu’elle était d’humeur à lire.

Quant à Wridra, elle s’était faufilée derrière Toru et elle posa sa main sur son épaule. Il s’était retourné, surpris de trouver son beau visage souriant juste à côté de lui. « Hm, il semble que de nombreux Japonais soient très utiles. C’est peut-être parce que la capacité à se battre n’est pas aussi importante ici que dans l’autre monde. J’ai entendu dire que tu avais déjà aidé Kitase à cuisiner. Puis-je présumer que tu es doué pour cela ? »

« Ah. » Wridra voulait recruter Toru comme chef cuisinier. Cela m’aiderait certainement s’il travaillait à ma place, même si je ne voulais pas transformer ses rêves en cauchemars. Voyant que je ne savais pas si je devais dire quelque chose, j’étais resté silencieux. Après tout, je ne voulais pas me retrouver dans le collimateur de Wridra.

« Oui, je suppose. Je cuisine comme un passe-temps, mais je reçois une tonne d’ingrédients de ma famille à la campagne et j’ai parfois des restes », dit Toru avant de se tourner vers moi. « Je crois que tu as dit qu’il était possible d’apporter de la nourriture dans l’autre monde ? »

J’avais hoché la tête.

« Ah, alors on peut peut-être apporter quelque chose au manoir », dit-il, ce qui réjouit Wridra et Marie.

Quand j’y avais réfléchi, j’avais constaté qu’ils avaient partagé de la nourriture avec nous dans le passé. Ils nous avaient donné de la viande et des légumes de grande qualité, que nous avions dégustés chez nous et emportés dans l’autre monde. Lorsque Wridra s’était souvenue de cela, ses yeux s’étaient rétrécis, elle avait souri et avait donné une claque dans le dos de Toru.

***

Partie 2

« Comme c’est merveilleux d’avoir des amis. Kaoruko a aussi été très gentille avec nous. Je te remercie d’avoir accepté de nous faire visiter la bibliothèque aujourd’hui », dit Wridra.

« Non, ce serait un honneur », dit Kaoruko. « Mais es-tu sûre que c’est bien pour moi d’être à côté de toi et de Marie-chan, de respirer le même air — Ah, je veux dire... Qu’est-ce que je dis !? »

Je n’étais pas sûr non plus de ce qu’elle disait. Une sueur froide coulait sur mon visage, et Toru avait une expression similaire et maladroite. Kaoruko couvrait son visage rouge vif, marmonnant des excuses dans ses propres mains. Mais Wridra ne s’inquiétait pas du tout et affichait un sourire joyeux.

« Eh bien, partons. Mais je dois d’abord parler de quelque chose… Toru, c’est quoi cette tenue ? »

Toru portait un costume complet, qui n’était manifestement pas adapté à une sortie décontractée et semblait un peu déplacé.

Il s’était gratté la tête et avait dit : « Je suis désolé, j’ai été appelé au travail après avoir accepté de te faire visiter la bibliothèque aujourd’hui. Mais j’ai contacté une connaissance qui vous fera visiter la bibliothèque même si elle est fermée aujourd’hui. Ça aurait été une bonne occasion de mieux se connaître, alors je suis déçu de ne pas pouvoir y aller. »

Je lui étais reconnaissant qu’il se soit donné la peine de tout planifier pour nous, mais je n’avais pas pu m’empêcher de remarquer que Kaoruko lui lançait un regard plein de ressentiment. Je trouvais dommage qu’il gaspille son jour de congé en travaillant.

« C’est dommage que ton travail te prenne autant de temps alors que tu as trouvé quelque chose de nouveau et d’amusant. Peut-être que tu ne devrais pas travailler autant », dit Kaoruko.

« Je suis tout à fait d’accord. J’aimerais pouvoir rester dans le monde des rêves pour toujours », répondit Toru avec tristesse.

Travailler dans l’administration me paraissait dur, mais j’avais peut-être la vie trop facile, car je n’avais presque jamais eu à faire d’heures supplémentaires. À mon avis, l’important était d’avoir un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Kaoruko n’avait pas fini de se plaindre et avait l’air très contrariée. Elle loucha sur son mari et lui parla : « À ce rythme, je vais coucher avec Kitase-san avant que tu ne rentres du travail. »

Si nous avions bu quelque chose, nous l’aurions immédiatement recraché. Si quelqu’un nous avait entendus, il aurait pu — non, il aurait certainement eu une mauvaise idée. Toru avait retenu la leçon de la fois où il avait dit quelque chose de semblable auparavant, et j’en étais ravi. Il avait failli divorcer.

« Bien sûr, ça ne me dérangerait pas si tu couchais avec lui, mais… » dit Toru, puis il se tourna vers moi. « Je n’ai pas besoin de m’inquiéter, n’est-ce pas ? Tu ne le prends pas mal, n’est-ce pas ? »

« Bien sûr que non ! Je sais qu’elle l’a dit littéralement ! Juste aller dormir, rien de plus, rien de moins ! »

Il jeta un coup d’œil à Marie, qui penchait la tête en signe de confusion sur le siège passager, puis soupira finalement de soulagement. Je ne savais pas ce que je ressentais à l’idée que mes paroles ne suffisent pas à la rassurer. Quoi qu’il en soit, je ne me souvenais pas d’avoir fait quoi que ce soit qui aurait pu la pousser à me soupçonner.

En vérité, j’étais heureux que les Ichijos aient hâte de revisiter le monde des rêves. J’aurais juste aimé qu’ils fassent un peu plus attention à leur formulation lorsqu’ils en parlaient. Toru et moi avions l’air plutôt fatigués de cet échange, mais les femmes à l’arrière étaient tout sourire.

En voyant leurs expressions joyeuses, mes inquiétudes semblaient arbitraires. Il faisait beau en cette belle journée d’automne, et nous nous apprêtions à aller profiter de notre visite dans une bibliothèque universitaire historique.

« Allons-y, tout le monde, » déclarai-je, puis je me tournai vers Toru. « S’il te plaît, fais-nous savoir quand tu auras fini ton travail. »

« Une chose est sûre. Amusez-vous bien ! » répondit Toru.

Nous avions mis nos ceintures de sécurité et salué Toru alors qu’il s’éloignait. À en juger par son expression, il envisageait sérieusement de prendre moins de travail pour la première fois.

J’avais commencé à conduire la voiture lentement et en toute sécurité, en remarquant que les ginkgos qui bordaient les rues avaient pris une belle couleur jaune.

§

Le soleil était chaud, mais il faisait encore froid quand j’avais abaissé la vitre. C’était juste avant l’heure du déjeuner, un week-end, alors nous allions sûrement rencontrer des embouteillages d’ici peu. Sur le siège passager, Marie semblait beaucoup aimer sa tenue d’automne, car elle balançait ses pieds et se tournait vers la banquette arrière. Elle avait également l’air impatiente de parler à notre invitée inhabituelle.

« Tu t’es endormie au manoir avant nous, n’est-ce pas ? » demanda Marie à Kaoruko. « Vous êtes-vous réveillées dans le même lit ? »

Kaoruko fixa l’Arkdragon et l’elfe, et parut un peu surprise lorsqu’elles la mentionnèrent. Peut-être était-elle nerveuse à l’idée de se trouver dans la même voiture que les femmes d’un monde imaginaire. Ce n’était pas souvent que la plupart des gens se retrouvaient entourés d’êtres mythiques, après tout.

« Oh, non, je me suis vraiment réveillée dans mon lit », déclara Kaoruko. « Je parlais juste de l’étrangeté de la situation et je me demandais si c’était vraiment un rêve au début. »

Même moi, je m’étais posé la question. Elles n’étaient pas là quand je m’étais réveillé ce matin-là, et j’avais même vu que ma porte d’entrée était fermée à clé. Cela signifiait que nous étions allés dans le monde des rêves dans mon lit, mais qu’elles s’étaient réveillées dans leur propre lit à la maison. C’était en effet étrange, mais pratique. Je ne voulais pas que tout le monde s’entasse dans le lit, et j’aimais bien prendre mon temps pour me réveiller. Est-ce que cela pourrait être la raison ? Est-ce qu’une puissance supérieure nous a fait de la place pour que nous puissions nous réveiller confortablement ?

J’avais l’impression que quelqu’un gérait notre transport vers le monde des rêves. Par exemple, lorsque j’étais tombé dans la lave, je m’étais retrouvé dans un endroit sûr à une certaine distance lors de ma prochaine visite. Avec les Ichijos, j’avais eu l’impression qu’un apport émotionnel personnel avait joué un rôle, et que quelqu’un avait décidé qu’il serait préférable qu’ils se réveillent chez eux. Si j’avais un jour la chance de rencontrer ce mystérieux administrateur, j’aimerais lui demander ce que tout cela signifie.

Peu après, j’avais tapé sur le volant et j’avais dit : « Hmm. Donc, tu te réveilles de ton rêve si tu t’endors de l’autre côté, même si je ne suis pas là. Alors tu es peut-être comme moi. Si je meurs, si je m’endors ou si je me fais vaporiser, je me réveille dans mon lit. »

« Je voudrais éviter de mourir. C’est effrayant, même dans mon rêve », déclara Kaoruko. « Mais quand mon mari a fait une sieste, il a dit qu’il s’était endormi normalement. Je sais que j’ai mal choisi mes mots tout à l’heure, mais il m’arrive de penser que j’aimerais bien aller jouer dans ce monde avec vous deux. S’il te plaît, protège-moi si je reviens, Kitase-san. »

Elle avait l’air plutôt enthousiaste. J’étais tout à fait d’accord et j’avais hâte de leur faire découvrir le monde des rêves, mais je voulais d’abord savoir certaines choses.

« Je me demande pourquoi tu ne retournes pas dans ton monde quand tu y fais une sieste », avais-je dit.

Marie, qui mangeait des snacks sur le siège à côté de moi, m’avait regardé avec une expression confuse. Elle s’était léché le doigt, puis s’était tournée vers la banquette arrière.

« En y réfléchissant, je ne suis pas sûre. Je me demande comment ça marche. »

« C’est aussi ainsi que cela fonctionne pour moi. Sans Kitase, je n’aurais pas pu retourner au Japon ni dans mon monde. Peut-être que ceux qui viennent du Japon et nous sommes traités différemment. Notre monde est un royaume de rêve du point de vue de ceux de ce monde, mais nous ne le voyons évidemment pas de cette façon. Je me pose des questions sur ce Kitase qui a l’air endormi. Regardez son visage. S’il meurt au Japon, je ne serais pas surprise qu’il se réveille dans notre monde en marmonnant qu’il a bien dormi », dit Wridra en me montrant du doigt dans le rétroviseur.

J’avais aussi surpris dans le miroir Kaoruko en train de rire. Est-ce que j’ai vraiment l’air si endormi ?

Kaoruko était une grande fan de jeux vidéo, et elle se rendait compte qu’elle pouvait visiter un monde imaginaire quand elle le voulait. Elle m’avait regardé avec un petit sourire dans les yeux et m’avait demandé : « Est-ce qu’on peut choisir n’importe quelle compétence ? J’ai toujours voulu être un lanceur de sorts ! »

« Eh bien, tu as de la chance », dit Wridra. « Il se trouve que Marie et moi sommes d’excellents lanceurs de sorts. Cependant, je soupçonne que ton trait serait plus proche de celui d’un elfe. »

Cela m’avait rappelé l’incident survenu il y a longtemps, lorsque Kaoruko avait vu un esprit de glace qui n’aurait pas dû être visible pour les gens ordinaires. Je me souvenais d’avoir dit qu’elle était peut-être très à l’écoute des esprits. Curieux, je m’étais joint à la conversation.

« J’avais toujours voyagé en solo, donc je ne sais rien de mon trait de caractère. Je n’ai pas eu l’occasion de voir les compétences des autres. Est-ce que c’est comme un talent naturel ? »

« En effet. C’est une capacité qui a un fort potentiel de développement et qui peut devenir la caractéristique déterminante de quelqu’un. Alors qu’elle pourrait devenir une compétence sans valeur, elle pourrait être charmante et utile à sa manière. Je ne recommande pas de te forcer à entrer dans un archétype tel qu’un chevalier ou quoi que ce soit d’autre qui soit populaire de nos jours. »

Je trouvais que les chevaliers étaient cool et j’aurais aimé en être un. Si j’avais été plus grand, j’aurais aimé brandir un bouclier en métal et une épée géante. En y réfléchissant bien, mes limites de poids n’étaient plus aussi strictes depuis que ma compétence de mouvement avait changé.

« Oui, j’ai décidé. Je vais m’acheter une armure et une cape cool — ! »

« Non », Marie m’interrompit, faisant s’évanouir ma résolution comme une volute de fumée. J’avais regardé la fille elfe qui faisait un « X » avec ses bras, et une perle de sueur roula sur mon visage.

« Je déteste l’idée que tu puisses porter une telle tenue. Si tu achètes quelque chose comme ça, j’écrirai “Kazuhiho” sur ton casque. »

« Marie… Je ne le ferais pas seulement parce que je trouve ça cool. C’est pour pouvoir protéger tout le monde… » J’avais essayé d’expliquer, mais elle n’avait pas voulu.

« J’écrirai aussi “Kazuhiho est ici” sur ta cape. »

Cela n’avait servi à rien. Marie n’allait pas reculer sur ce coup-là.

Je lui avais alors dit que j’avais abandonné, et elle hocha la tête comme si elle s’y attendait. Wridra et Kaoruko avaient également hoché la tête. Les femmes ne comprenaient pas que les hommes aimaient ce look. Je pensais qu’il était plus anormal de se promener dans le donjon en tenue décontractée. Pourtant, je n’arrivais à convaincre aucune d’entre elles d’être d’accord avec moi.

Comme je m’y attendais, nous avions rapidement ralenti. Après avoir dépassé la gare de Kinshicho et alors que la rivière Sumida apparaissait devant nous, nous avions été confrontés à une circulation dense de stop-and-go. Au lieu d’être frustrées, les passagères semblaient s’amuser.

« J’ai toujours pensé que vous étiez quelqu’un de spécial, Mlle Wridra. Vous semblez encore plus merveilleuse maintenant que je sais que vous êtes un dragon », dit Kaoruko.

« Hah, hah, il y a beaucoup de dragons, mais très peu sont aussi intelligents que moi. Tu as un œil très perspicace », répondit Wridra en touchant le bout du nez de Kaoruko. À ce moment-là, Kaoruko pressa ses paumes contre ses joues et poussa un cri.

« Depuis quand a-t-elle commencé à l’appeler “Mme Wridra” ? » m’étais-je demandé. Kaoruko était folle d’elle. Je m’étais demandé si je devais dire quelque chose à Toru ou s’il valait mieux qu’il ne le sache pas. J’avais finalement décidé que c’était mieux ainsi et je m’étais tu.

« Et toi, Marie-chan — quand je pense que tu es une elfe bien plus âgée que moi. J’ai toujours pensé qu’il y avait un air mystique chez toi, comme un personnage de conte de fées. Je suis si heureuse d’avoir appris à te connaître », dit Kaoruko en approchant son visage de celui de Marie.

Marie était un peu déconcertée. Même si elle avait toujours eu beaucoup d’attention, c’était un peu différent.

***

Partie 3

« Merci, mais c’est un peu trop. Il n’y a pas beaucoup d’elfes, mais nous ne sommes pas si rares que ça », dit Marie.

« Oh, ne sois pas si modeste », poursuit Kaoruko. « S’il y avait beaucoup de gens aussi mignons que toi, je ne saurais pas quoi faire ! Ah, je risque de m’évanouir en te voyant de si près ! Tu ne le sais peut-être pas, mais j’aime les belles femmes ! »

Est-ce qu’elle vient de dire ce que je pense qu’elle a dit ? La sueur roula sur mon visage pendant que je conduisais, mais ce n’est pas ce qu’elle avait voulu dire. Elle voulait probablement dire qu’elle appréciait ces femmes comme on apprécie l’art, et non dans un sens romantique. J’avais décidé de croire que c’était le cas.

Kaoruko était semblable à moi en ce sens qu’elle aimait les mondes fantastiques du fond du cœur. C’est pourquoi les elfes et les dragons l’avaient émue, la rendant étourdie à l’idée de visiter l’autre monde. Cela expliquerait pourquoi elle avait rapidement accepté la situation malgré le fait qu’elle soit si peu crédible. Ainsi, lorsqu’elle disait aimer les femmes, elle devait parler de celles des mondes fantastiques. Oui, c’est forcément ça. Je ne savais pas trop pourquoi je tenais tant à me convaincre, mais cela me paraissait logique.

Sa question suivante ne m’avait pas seulement surpris, mais les deux autres aussi.

« Alors, quelle langue dois-je apprendre en premier ? »

Quiconque aurait suivi un cours de langue étrangère à l’école sait combien il faut de temps et d’efforts pour apprendre une nouvelle langue. Ce qu’elle prévoyait de faire s’apparentait à un apprentissage de l’anglais à partir de zéro, et sa volonté de relever le défi m’avait surpris.

Marie posa un doigt sur son menton d’un air pensif, puis se tourna vers moi.

« Il serait plus rapide de demander à quelqu’un qui a de l’expérience dans ce domaine. Quelle langue de notre monde lui suggérerais-tu d’apprendre en premier ? »

J’avais presque oublié que j’avais appris plusieurs langues. C’était amusant d’élargir mes horizons avec chaque nouvelle langue que j’avais apprise, même si elles étaient inutiles dans mon monde. Après y avoir réfléchi un moment, j’avais décidé de partager mon point de vue.

« Compte tenu de ce que Wridra a dit à propos des traits de caractère, je suggère l’elfique. C’est peu courant, mais tout le monde ici peut le parler. L’important, c’est que tu puisses l’utiliser pour contrôler les esprits. Pour communiquer avec d’autres personnes, la langue commune est utile aussi. Mais… » Nous nous étions heurtés à d’autres embouteillages, alors j’avais fait demi-tour. Les yeux de Kaoruko étaient illuminés par une fascination pour l’inconnu. J’avais senti que je devais dire ce que je voulais vraiment recommander. « Vous devriez apprendre la langue ancienne à un moment ou à un autre. C’est l’origine et le centre de toute la culture. Avec votre volonté d’apprendre tout et n’importe quoi, je vous recommande vraiment de l’apprendre. »

J’avais cru voir quelque chose changer dans ses yeux, comme des lumières qui scintillent alors qu’elle absorbait mes paroles. Peut-être l’avais-je imaginé, mais c’est ce qu’il m’avait semblé.

« Je le ferai, Kitase-sensei », dit-elle en affichant un joli sourire, ses cheveux noirs jusqu’aux épaules se balançant avec le mouvement. Ses yeux étaient pleins de joie, et je trouvais son expression éblouissante.

Nous étions proches en âge, mais la relation entre le professeur et l’élève me semblait juste.

« Bienvenue dans le monde des rêves », lui avais-je dit. « Et bienvenue à Toru, même s’il n’est pas là. J’espère que vous prendrez plaisir à apprendre de nombreuses choses qui enrichiront vos vies. »

J’avais l’impression de prononcer des mots de bienvenue ringards lors d’une cérémonie d’entrée à l’école. En tant que personne ayant passé près de vingt ans à visiter le monde des rêves, personne n’était plus qualifié que moi pour les prononcer.

Mais je n’étais pas sûr de ce que ressentait Kaoruko, même si je la vis frissonner. Elle s’était serrée avec ses bras comme si elle était submergée par une vague d’émotions, puis elle poussa un soupir chaleureux. Elle approcha son visage du mien, un peu trop près pour quelqu’un qui n’était qu’un voisin, et écarta ses lèvres brillantes.

« J’ai hâte d’y être. Et… Je te serais reconnaissante que tu n’en parles pas trop parce que j’ai déjà du mal à attendre. »

Elle devait être plus excitée que je ne l’avais imaginé, vu qu’une larme roula sur ses joues roses. Ensuite, elle l’essuya rapidement d’un doigt, me surprenant, mais sa réaction n’avait pas été négative.

Wridra lui tapota la tête pour la réconforter. Elle était enfin prête à entrer sérieusement dans ce nouveau monde. Peut-être envisageait-elle un avenir où ses amis l’accueilleraient à bras ouverts et discuteraient de ce qu’ils feraient dans la journée. Je voulais qu’elle profite pleinement du monde des rêves et je ferais tout mon possible pour l’aider.

La circulation s’était calmée avant même que je m’en rende compte, et le trajet était devenu beaucoup plus fluide. Nous étions partis il y a seulement une trentaine de minutes et j’étais heureux de voir à quel point les dames s’étaient déjà rapprochées.

Je n’avais pas pu m’empêcher de me demander pourquoi mes paroles de tout à l’heure semblaient avoir affecté Kaoruko si profondément. À ce moment-là, j’avais pensé que quelque chose que j’avais dit avait peut-être touché sa corde sensible et j’avais lentement appuyé sur l’accélérateur.

§

Je regardais une feuille jaune tomber lentement sur le sol. Le cycle des saisons existait ici comme dans n’importe quel monde, et il y avait un net air de mélancolie à l’approche de l’hiver. Pourtant, c’était la façon de faire de la nature et c’était quelque chose d’autre que ce que nous, les humains, pouvions faire. Le changement des saisons était inévitable, et j’avais déjà vécu la transition vers l’hiver à de nombreuses reprises. Cela faisait partie des événements prédéterminés qui se répétaient, comme travailler, faire des tâches ménagères ou aller à l’école lorsque j’étais encore étudiant. J’aurais déjà dû me lasser de tout cela.

Ce spectacle était certainement l’un de ceux que j’avais déjà vus un nombre incalculable de fois. Je n’avais aucune raison qu’il m’affecte à mon âge, du moins c’est ce que je pensais. Avant même de m’en rendre compte, je m’étais arrêté de marcher parmi la myriade de feuilles qui dansaient dans l’air autour de moi. Elles tombèrent doucement en un tas sur le sol à côté d’un banc où était assise une belle fille qui ressemblait à une fée.

On aurait dit une page tout droit sortie d’un livre d’images colorées. Elle fixait un ginkgo, ses pieds scintillants d’or dans la chaude lumière du soleil, ses cheveux aussi blancs que du coton. Si les fées existaient dans ce monde et si l’une d’entre elles pouvait se transformer en humain pour une seule journée, il serait possible de recréer une vue aussi fantastique et pittoresque.

Mariabelle aurait pu attirer mon regard et celui de tous les passants rien qu’en s’asseyant sur le banc couvert de feuilles parce qu’elle était une elfe. Cela ne m’aurait pas étonné qu’elle me dise qu’elle avait utilisé la magie. Tout ce qu’elle avait fait, c’est de me regarder avec ses yeux améthystes et d’adoucir son visage en souriant pour me sortir de ma transe et me faire bouger à nouveau.

Elle me fixait directement alors que je m’approchais, et je sentais mon cœur battre dans ma poitrine. Puis mes nerfs s’étaient quelque peu calmés lorsque je remarquais le chat noir qui dormait sur ses genoux. Une feuille de ginkgo était posée sur sa tête lorsqu’il se réveilla, et je n’avais pas pu m’empêcher de glousser. Cette créature avait l’air bien trop mignonne pour être le familier du légendaire Arkdragon.

« Écoute, » dit Marie, « J’ai dit à Wridra que je voulais faire une promenade toutes les deux, alors elle a envoyé un garde du corps. »

« Il a l’air aussi endormi que moi, mais je ne pouvais pas demander un meilleur gardien », avais-je répondu.

Le familier siffla, ce qui nous fit rire tous les deux.

Pendant ce temps, les tasses que j’avais achetées plus tôt étaient remplies de café latte chaud. J’en avais tendu une à Marie, et ses yeux s’étaient illuminés à la lumière du soleil. Elle avait un air sophistiqué, comme si elle était une dame de haute naissance. Lorsqu’elle avait souri si innocemment, j’avais dû prendre une autre grande inspiration pour stabiliser mon esprit.

« Hm ? Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda-t-elle.

« Oh, ce n’est rien », avais-je dit. « C’est juste que la vue des ginkgos ici m’a coupé le souffle. »

« Je comprends ce que tu veux dire ! Les belles couleurs sur le sol et dans le ciel m’ont stupéfiée. J’ai remarqué cela avec les cerisiers en fleurs. Au Japon, les gens ont planté de nombreux arbres au même endroit, ce qui donne des vues incroyablement vives comme celles-ci. »

Marie m’avait coupé le souffle, mais j’avais fermé la bouche et tendu ma main à la place. Elle l’avait immédiatement prise dans sa main et avait continué à faire l’éloge des ginkgos en se levant du banc.

J’avais acquiescé en l’aidant à se relever, puis j’avais regardé les arbres qui avaient la forme adorable de chapeaux pointus. « Les arbres sont tellement pleins de vie. J’ai été dans beaucoup d’endroits, et ils m’ont émerveillé partout où je suis allé. »

« Ils poussent à de telles hauteurs pour capter la bénédiction de la lumière du soleil. C’est pourquoi les forêts sont si profondes et sombres, et elles ne sont presque jamais aussi colorées qu’ici. »

C’était étrange d’écouter une fille elfe se plaindre de la nature. Ayant vécu dans son village, je savais que les elfes aimaient se plaindre malgré leur apparence d’une beauté stupéfiante. Ils aimaient les sucreries, s’habillaient pour se faire beaux et posaient souvent des questions sur la civilisation humaine lorsqu’ils s’ennuyaient. Marie était particulièrement curieuse dans ce sens. Je trouvais soulageant qu’ils soient comme les gens normaux et qu’ils puissent profiter des mêmes choses que nous.

« Des moments comme ceux-ci vous donnent vraiment un avant-goût de l’automne au Japon », se souvint Marie. « Dans mon village, les oiseaux migrateurs sont les premiers signes du changement de saison. Ils me disaient qu’ils venaient en fuyant parce que l’hiver approchait. »

« En y réfléchissant, j’ai souvent vu des oiseaux se reposer chez toi. »

« Oui, ils devaient avoir besoin de se recharger après avoir volé de très loin. Ils avaient un appétit ridicule. Ils fixaient même longuement mes repas », dit-elle. « Oh, quant aux signes de l’approche de l’automne, tu pouvais le deviner aux fruits qui poussaient, aux bonnets bleus et aux fleurs de Sicrasus. »

« Hm ? C’est quoi un bonnet bleu ? » avais-je demandé.

« Oh, tu as vécu dans notre village et tu ne connais pas les bonnets bleus ? C’est une honte et un peu incroyable, pour être honnête. Tu es vraiment passé à côté de quelque chose. »

Pourquoi me regardait-elle de haut comme ça ?

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