Chapitre 8 : Alerte au typhon
Table des matières
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Chapitre 8 : Alerte au typhon
Partie 1
C’était peut-être vrai pour n’importe quel ménage, mais nous regardions habituellement les nouvelles et la météo le matin. C’était l’un de ces matins-là, et nous écoutions le présentateur télévisé en rangeant la vaisselle. J’avais remarqué que les fenêtres claquaient, peut-être parce que le vent était particulièrement fort aujourd’hui.
Mariabelle fixait la télévision d’un air sérieux. Elle serrait le dossier de sa chaise, les oreilles dressées, et écoutait la voix du présentateur. Quand je m’étais mis à côté d’elle, ses yeux violets m’avaient regardé.
« Le temps semble particulièrement mauvais aujourd’hui. Pourquoi les humains vont-ils au travail même les jours comme celui-ci ? C’est vraiment incroyable. »
« Oh, ça sera là à midi, hein ? C’est plus tôt que prévu, » avais-je dit nonchalamment. J’aurais été heureux que nous ayons un jour de congé, mais malheureusement, je n’avais pas été prévenu. Mon patron aurait peut-être fini par nous dire de rentrer plus tôt chez nous à ce rythme, mais je rentrais toujours chez moi à heures fixes, alors les choses n’auraient pas été différentes.
Wridra avait entendu notre conversation depuis le siège d’en face et avait plié le journal qu’elle tenait dans ses mains. Elle portait des lunettes ces derniers temps, peut-être parce qu’elle aimait ce look. L’Arkdragon n’en aurait certainement pas besoin pour corriger sa vision.
« Hm, c’est ce qu’on appelle un “typhon”. Il pleut assez souvent ici, et il n’est pas inhabituel que les pays insulaires proches de la mer aient parfois du mauvais temps. » Toutes les chaînes parlaient de l’arrivée du typhon. Un tiers de l’écran affichait un message avertissant de son approche, avec des lettres géantes qui disaient « Typhon géant en approche ! » « La région de Kanto a été touchée ! » « Attention aux fortes rafales ! » Je ne pouvais pas blâmer Marie d’avoir peur, n’en ayant jamais connu auparavant. Elle s’était serrée contre le dossier, se concentrant sur la voix du journaliste.
J’étais inquiet de ne pas pouvoir être avec elle pour son premier typhon. Heureusement, Wridra serait présente. Elle était comme une grande sœur sur laquelle on peut compter, alors je me sentais beaucoup mieux avec elle dans les parages.
« Regarde, ça dit de se méfier. Les typhons sont-ils vraiment si effrayants ? »
« Eh bien, le Japon est proche de l’océan. Cela signifie que les gros typhons se forment souvent à partir d’air chaud. Ils sont connus pour leurs vents violents et pluvieux, et selon la région et l’échelle, il arrive que l’on ne puisse même pas se tenir debout. » Soit dit en passant, les pays de ce côté-ci de l’océan Pacifique les appelaient typhons, en Amérique, on les appelait ouragans, et dans l’océan Indien, on les appelait cyclones. Ils avaient donc en fait trois noms différents, selon la région.
Marie ouvrit grand les yeux. Une image terrifiante était diffusée à la télévision, avec des parapluies qui s’envolaient et des arbres déracinés par le vent puissant.
Même Marie, habituellement calme, avait pâli en voyant les dégâts qui s’affichaient sur l’écran. Je ne voulais pas trop l’effrayer, mais c’était un gros coup, alors je devais m’assurer qu’elle reste à l’intérieur.
« Si tu dois faire des courses, tu devras les faire avant midi. Nous avons des ingrédients pour le déjeuner, mais pas assez pour le dîner. Mais j’achèterai quelque chose sur le chemin du retour, alors ne t’inquiète pas pour ça. »
« O-Okay. Je vais rester à la maison et lire quelques livres. Sois prudent là-bas, d’accord ? Appelle-moi si quelque chose arrive. » C’était elle qui s’inquiétait pour moi. Mais j’étais habitué aux typhons, et je ne serais qu’un peu mouillé, alors je n’étais pas trop inquiet. J’avais tapoté ses cheveux soyeux en signe de gratitude, et elle avait souri, semblant apprécier.
J’avais fini par enfiler mon costume, Marie m’avait souhaité une bonne journée, et j’étais parti au travail.
Je suis inquiet. J’espère qu’elle va s’en sortir. Je devrais aller la voir plus tard. Ces pensées troublantes traversaient mon esprit alors que je marchais dans le vent puissant. Le ciel au-dessus de moi était complètement noir, et ce n’était pas du tout comme mes matins habituels.
§
Wridra était habituée aux changements de climat.
Ayant vécu si longtemps, elle comprenait mieux que quiconque le pouvoir de la nature. Elle avait vu des gens et des animaux périr sous sa force imparable et savait comment y faire face. À ses yeux, les immeubles d’habitation de Koto Ward étaient aussi sûrs que possible. La zone était bien préparée pour une inondation, et même si des objets étaient projetés en l’air par une rafale, ils ne seraient pas arrivés jusqu’ici.
Cependant, l’elfe assise à la table était vraiment agitée et nerveuse. Il était encore dix heures et peu de temps s’était écoulé depuis que Marie avait commencé à lire son livre. Son attention était tellement attirée par la vue au-delà de la fenêtre qu’elle n’avait pas beaucoup avancé.
Beaucoup considéraient sa maison, la forêt elfique, comme un lieu mystique. Les elfes étaient protégés par la bénédiction des esprits, et ils conféraient à ces derniers des pouvoirs qui leur permettaient d’atteindre une paix supérieure à celle que l’on peut trouver dans un village humain.
Même si Marie avait vécu une centaine d’années, cela ne faisait que quelques années qu’elle avait quitté son village. Sans compter que la région d’Alexei était particulièrement stable en termes de météo. Marie était considérée comme jeune parmi les elfes, et elle n’avait manifestement jamais connu un changement de temps aussi spectaculaire auparavant.
Le ciel s’assombrissait à mesure que le temps passait, et elle s’inquiétait en voyant les nuages devenir de plus en plus denses. Wridra ferma le magazine de voyage d’Izu qu’elle lisait et s’adressa à Marie.
« Le Japon est parfaitement préparé en cas de tremblement de terre ou d’inondation. Ces bâtiments semblent assez stables. Je doute que quelque chose se produise. »
« Oui, je suis sûre que c’est vrai, mais… ne sachant pas ce qui pourrait arriver, je ne peux m’empêcher de me sentir nerveuse. J’ai du mal à rester tranquille. » Wridra avait réfléchi pendant un moment. Il semblait que les typhons étaient assez courants, et même Marie comprenait que ça ne servait à rien d’avoir peur. Mais les espèces proches des esprits s’agitaient lorsqu’elles ne pouvaient pas comprendre les choses avec leurs cinq sens.
Les téléviseurs étaient très pratiques, et l’idée d’observer à distance l’endroit où frappait un typhon était un concept que les habitants du monde des rêves n’auraient jamais pu imaginer. Mais le fait de ne pas pouvoir le voir en personne ne faisait qu’amplifier l’anxiété de Marie, qui avait du mal à avancer dans son livre.
Ainsi, Wridra pensait secrètement qu’il aurait été préférable de l’emmener dehors. Comme Marie ne pouvait pas voir les esprits, il aurait été plus facile pour elle de l’accepter en allant dehors plutôt que de regarder des images. Sinon, elle aurait simplement supposé que c’était quelque chose d’effrayant sans le comprendre.
« Kitase est vraiment surprotecteur avec elle, » pensa l’Arkdragon et laissa échapper un soupir.
« Alors que dirais-tu de te préparer au typhon avec moi ? Par exemple, nous pourrions acheter les ingrédients pour le dîner de ce soir à sa place. »
« Mais il a dit qu’il récupérera… »
« Hm. J’ai le sentiment que le temps va empirer, et que le retour de Kitase sera assez tardif. J’ai entendu dire que ces trains sont assez vulnérables à la pluie et au vent. » Marie se retourna, les yeux écarquillés, et cessa d’essayer de lire son roman. Elle avait réalisé que Kazuhiro pouvait être en plus grand danger qu’elle. Wridra regretta d’avoir mentionné Kitase et s’adressa à la timide petite elfe.
« Même s’il finit par rentrer plus tôt, les restes peuvent être utilisés pour le repas de demain. Tu ne seras pas en danger avec moi. » Marie avait cligné des yeux et avait réfléchi.
L’intuition de Wridra était juste la plupart du temps. En fait, elle ne s’était jamais trompée jusqu’à présent. Elle avait dû se dire qu’il serait préférable d’aller faire du shopping avant l’arrivée du typhon.
Il y avait un portefeuille à la maison, juste au cas où. Marie avait regardé l’horloge sur le mur, se rappelant qu’on lui avait dit de faire les courses avant midi si elle voulait y aller.
Elle avait encore peur des fenêtres tremblantes, mais elle avait fait un petit signe de tête.
Marie avait enfilé un capris et un imperméable, puis elle était sortie et avait fermé la porte d’entrée derrière elle. Elle avait été déçue de voir que son amie portait son pantalon et sa chemise habituels, contrairement à sa propre tenue, tout à fait appropriée au temps.
« Wridra, tu sembles sous-estimer les typhons. Les vents sont si forts qu’ils peuvent arracher les toits des bâtiments ! » Alors même qu’elle réprimandait l’Arkdragon, Marie s’accrochait fermement à la chemise de Wridra et la regardait avec une expression inquiète. Elle avait un regard d’enfant dans les yeux que Wridra trouvait tout à fait adorable.
« Pourquoi souris-tu ? Hé, ne me tape pas la tête comme un enfant, » protesta Marie.
« Hah, hah, mon corps a bougé de sa propre volonté. Ne t’inquiète pas, j’ai apporté un parapluie. Je suis venue toute préparée, » dit Wridra en montrant son parapluie en plastique. Marie semblait satisfaite et se détourna. L’elfe tendit alors la main vers l’air vide à côté d’elle. Elle avait essayé de tenir la main de Kazuhiro, absent, par habitude.
Wridra avait saisi l’autre main de Marie avant qu’elle ne puisse faire une grimace. On aurait dit qu’elle voulait dire quelque chose, mais son sentiment de mécontentement avait semblé se dissiper lorsque l’Arkdragon avait serré sa main à plusieurs reprises. Marie avait serré la sienne en réponse, comme pour montrer qu’elle allait bien.
« D’accord, alors allons-y. Pour commencer, nous devrons appuyer sur le bouton de l’ascenseur avec précision. Si nous appuyons sur le mauvais, nous serons très embarrassées. »
« Hm, je souhaite également appuyer dessus. Ces boutons sont assez agréables à presser pour une raison inconnue. Sans compter qu’ils s’allument ! » Marie n’avait pas pu s’empêcher de sourire à cette explication trop dramatique. Alors qu’elles avaient des conversations aussi idiotes, Marie se surprenait à commencer à s’amuser.
Il y avait beaucoup d’humidité dans le vent rugissant. Lorsque Marie était sortie de l’ascenseur, elle avait levé les yeux vers le ciel sombre et avait senti l’air. Elle avait alors réalisé que la pluie approchait.
« Dépêchons-nous, les nuages de pluie sont beaucoup plus proches que ce qui était annoncé dans les rapports. » Les deux femmes se dirigèrent vers le supermarché à travers le ciel sombre et un sentiment de malaise, avec le vent dans le dos et l’imperméable de Marie qui battait au vent. Alors qu’elles progressaient régulièrement le long du lit de la rivière, elles étaient tombées sur un spectacle complètement différent de l’habitude.
« Wôw, l’eau de la rivière est si haute. Il doit vraiment pleuvoir fort en amont. »
« Hm, c’est beaucoup plus fort que d’habitude. Le système de contrôle des inondations est assez impressionnant. » Elles pouvaient entendre la rivière rugir bruyamment alors qu’elles marchaient sur le chemin qui la bordait. L’eau était beaucoup plus haute que d’habitude, et il aurait été assez dangereux qu’elles glissent et tombent. Cependant, une rivière qui s’agitait de façon aussi sauvage attirait les regards, qu’elles le veuillent ou non. Sa masse intimidante fascinait aussi bien les humains que les elfes. À ce moment-là, des nuages noirs avaient été aperçus au loin.
« Attends, est-ce que c’était…, » Marie avait glapi en entendant le tonnerre qui avait suivi, serrant involontairement la main de Wridra. Bien sûr, elle avait vu des éclairs à plusieurs reprises durant sa jeunesse. Cependant, c’était la première fois qu’elle était confrontée à un tonnerre provenant de nuages aussi épais. Les cieux grondèrent encore un peu, puis virent un éclair de lumière.
« Kya ! » Marie s’accrocha cette fois au bras de Wridra, puis se rendit compte du changement d’environnement en essayant de se calmer.
***
Partie 2
Le vent devenait beaucoup plus fort qu’il ne l’avait été quand elles avaient quitté l’appartement. Il les poussait par l’arrière et l’odeur de la pluie était plus forte qu’avant. Marie avait senti ses genoux faiblir alors qu’il la poussait vers la rivière. « Hm, » se dit Wridra en regardant.
La chose la plus facile à faire maintenant aurait été de prendre Marie par la main et de la ramener chez elle. Mais Wridra avait reconnu que sa façon de penser avait changé au fil du temps passée dans ce monde. Elle avait donc pensé au visage de Kitase, qui s’était accroupi et elle avait fixé les yeux de Marie. Elle avait alors parlé d’une manière lente et douce comme il l’aurait fait.
« J’ai entendu dire que les typhons sont quelque chose que l’on peut réellement apprécier tant que l’on se prépare correctement. »
« Qu-Qu’est-ce que tu veux dire ? »
« Hm, par exemple… Tu fais des provisions de bonbons, tu prépares un film digne d’un typhon et tu le regardes avec moi. Qu’est-ce que tu en penses ? »
Un changement s’opéra dans les yeux de Marie, qui étaient emplis de peur il y a quelques instants. Elle avait peut-être imaginé ce que ce serait de discuter de ce qu’elle avait aimé dans le film tout en mangeant de délicieuses collations. Bien que le typhon l’effraye toujours, elle avait senti que ce ne serait pas si terrifiant de passer son temps comme ça.
« Tu es plus compétente que moi en matière de cinéma. J’aimerais regarder quelque chose qui corresponde à ce temps clément. »
« Oh, d-d’accord. Et aussi, il y a un plat que j’ai toujours voulu faire. Je pense que ce serait parfait pour regarder un film, mais… peut-être que ce ne serait pas une bonne idée de dépenser de l’argent inutilement ? » Kitase aurait sûrement secoué la tête à ce sujet. Wridra sourit, réalisant que l’attitude facile de cet homme avait affecté sa propre personnalité. Elle devait admettre que cela lui convenait tout à fait.
« Haha, haha, j’ai hâte d’y être. Tu devrais t’entraîner à cuisiner lorsque tu regarderas des films avec Kitase. Je suis sûre qu’il sera ravi si tu le fais. » Les vents rugissants étaient encore assez terrifiants. Pourtant, l’elfe sourit joyeusement et serra la main de la dragonne, puis commença à avancer. Il était difficile de croire qu’elle était trop effrayée pour faire un autre pas en avant il n’y a pas si longtemps.
Et ainsi, les deux files avaient affronté leur premier typhon ensemble.
Le vent soufflait de toutes parts, faisant voler bruyamment leur sac en plastique. Cependant, la grande femme qui tenait le sac semblait indifférente et regardait autour d’elle tandis que ses cheveux dansaient dans le vent.
Les arbres du parc se balançaient de façon spectaculaire, éparpillant leurs feuilles dans les rues. Marie, qui se faisait conduire par la main, commençait à avoir du mal à marcher contre le vent violent sans s’en détourner.
Quelque chose avait éclaboussé sa joue, puis une autre, et avant qu’elle ne le sache, des gouttes de pluie avaient commencé à tomber partout. Le bruit du vent s’était rapidement transformé en quelque chose de lourd et de solide, et les yeux de Marie s’étaient ouverts en grand.
« Ah ! Il pleut ! Ça tombe fort, on devrait se dépêcher ! »
« Oui, c’est une sacrée averse. Si je lâche ta main, tu risques de t’envoler, petite elfe. J’aimerais voir si tu peux vraiment voler sur ces toits. »
« Oh, arrête ! » Marie avait entouré Wridra de ses bras par-derrière. L’Arkdragonne fut prise au dépourvu par cela, mais se retrouva à se sentir plutôt ravie. Les nuages denses qui volaient au-dessus de leur tête s’écoulaient aussi rapidement que la rivière qu’elles avaient vue plus tôt. Mais alors que les gouttes de pluie tombaient sur leurs vêtements et sur leur peau, elles s’amusaient bien plus qu’elles ne l’avaient jamais fait sous la pluie auparavant.
Le son vif des rires endiablés et des cris aigus semblait détourner le bruit du torrent pluvieux. Leurs voix résonnaient sur tout le chemin du retour.
Marie retira ses vêtements trempés de sa peau, puis elle fit une tête plutôt mécontente. Même dans la cabine d’essayage sombre et non éclairée, le bruit de la pluie pouvait encore être entendu.
« L’imperméable n’était pas de taille face à un typhon. Il était inutile d’en porter un. »
Ses vêtements étaient complètement mouillés. Il avait été difficile de se déshabiller tout de suite, et elle s’était plainte tout le temps en luttant pour les enlever. Elle frissonna au contact de l’air frais et de l’eau qui ruisselait dans ses cheveux et dans son dos.
Quand elle jeta un coup d’œil dans la salle de bain, elle vit que Wridra tournait le bouton de la douche. L’eau chaude commença à jaillir, remplissant la salle de bain de vapeur.
« Quel luxe que de pouvoir distribuer de l’eau chaude immédiatement ! »
« Wridra, tu devrais arrêter de l’apprécier et te déshabiller. Nous n’avons pas le temps de prendre une douche à tour de rôle alors que nous sommes toutes les deux trempées. Dépêchons-nous et entrons. »
Wridra hocha la tête, puis retira sa chemise et son pantalon d’un seul coup. Peut-être avait-elle prévu le coup et choisi de porter des vêtements faciles à enlever ? Alors que Wridra se tenait là, avec son corps séduisant exposé sans la moindre pudeur, Marie s’était aperçue que c’était elle qui était gênée pour une raison ou une autre. Sa bouche s’était ouverte avant de se fermer à la chaîne pendant un moment, puis elle avait émis une plainte.
« Tu devrais apprendre à être un peu plus modeste. Tu devras te changer correctement dans les vestiaires quand nous irons à Izu, tu sais ? »
« Hm ? Mais nous pouvons simplement nous habiller dans la voiture. Agh, fais comme tu veux. Je préférerais ne pas avoir affaire à une petite elfe et un humain acariâtres. J’utiliserai le soi-disant vestiaire si tu insistes. » Wridra savait déjà qu’il n’y avait pas à discuter quand Marie fronçait les sourcils et faisait cette moue mécontente. Elle avait agité ses mains dans un geste de reddition, et Marie avait semblé satisfaite.
La pluie continuait de s’abattre sur Koto Ward à l’extérieur, mais la douche chaude semblait atténuer un peu sa frayeur. « Tu as failli être emporté par le vent sur les toits, petite elfe, » taquina Wridra dans la salle de bain remplie de vapeur. Dans le salon, le DVD qu’elles avaient loué les attendait. Marie était impatiente de le regarder, et elle avait l’impression que sa peur des typhons sera complètement oubliée à ce rythme.
Juste à ce moment-là, de l’eau chaude avait été projetée sur elle, et elle avait éclaté de rire pour une raison quelconque. Peut-être était-ce à cause de la joie qu’elle avait vue sur le visage de Wridra.
Il y a un proverbe qui dit : « Danger passé, Dieu oublié. » Le typhon qui avait semé la peur dans le cœur de Marie changeait de forme à l’intérieur d’elle. Bien que ce soit toujours une journée effrayante dans l’ensemble, elle comprenait maintenant que ce n’était pas aussi terrible qu’elle l’avait pensé, tant qu’elle était préparée.
Lorsque le typhon était pleinement arrivé dans la zone, il avait répandu d’énormes perles de pluie et des vents de tempête tout autour de Koto Ward. Les fenêtres de la pièce avaient tremblé et grincé terriblement. Cependant, il semblait que le typhon s’éloignait de la résidence d’une certaine elfe, peut-être à cause des voix joyeuses qui résonnaient dans la salle de bain.
Quelque temps plus tard, Wridra avait sorti le DVD du sac pour y découvrir l’image d’un dinosaure montrant ses crocs. Le film qu’elles avaient choisi de regarder pendant le typhon portait sur les créatures anciennes connues sous le nom de dinosaures. Marie s’était demandé si elle pouvait utiliser la carte de membre de Kitase, et elle avait été soulagée lorsque l’employé du magasin de location n’avait rien dit à ce sujet.
« C’était plutôt amusant de ne pas avoir d’autres clients dans le coin à cause du typhon, » dit Marie en ouvrant le réfrigérateur pour prendre du jus. Elle avait déjà enfilé son pyjama à demi manches et une serviette de bain pendait sur son épaule.
« En effet, la ville avait l’air complètement différente aujourd’hui. Les volets étaient baissés un peu partout. Cela me rappelait le pays de l’autre côté… Ah, ce jus est pour moi ? Hm, tu feras une bonne épouse un jour, Marie. » Wridra sourit joyeusement en acceptant le verre de jus de pêche que Marie lui tendit.
Il n’y avait rien de mieux qu’un verre de jus de pêche bien frais après une douche chaude pour se laver de la pluie. La texture épaisse, l’arrière-goût rafraîchissant et la douceur fruitée étaient un pur bonheur lorsqu’elle le buvait.
« Simplement paradisiaque. Hm, tu sembles maintenant avoir une connaissance approfondie des boissons de ce pays. Ne me dis pas que tu as essayé différentes boissons tous les jours. » Les épaules de Marie se contractèrent, mais elle ne se retourna pas d’où elle se tenait dans la cuisine. À en juger par la façon dont ses longues oreilles se balançaient, la supposition de Wridra était probablement correcte.
Elle avait pris une autre gorgée de sa boisson rafraîchissante, puis regarda par la fenêtre. La pluie qui éclaboussait la vitre devint de plus en plus forte et gronda bruyamment.
***
Partie 3
Il était compréhensible qu’un enfant le trouve intimidant. Mais s’il restait simplement dans sa chambre, sa peur ne serait jamais résolue. Kitase était surprotecteur dans ce sens, mais s’il avait été en vie aussi longtemps que Wridra, il aurait également pu adopter son processus de pensée.
Wridra considérait à quel point elle avait été influencée par lui. Au début, elle était si fatiguée de s’occuper de ses petits, mais maintenant, elle ne pouvait plus s’en passer. C’était en partie la raison pour laquelle elle envoyait de moins en moins souvent son double au Japon. Mais il était difficile pour elle d’arrêter complètement les visites. Après tout, elle aimait Mariabelle et Kitase comme s’ils étaient ses propres enfants. Peut-être qu’un jour, elle les laisserait jouer avec sa propre progéniture. Si ce jour devait arriver, le manoir qu’ils construisaient au deuxième étage du labyrinthe serait l’endroit idéal pour le faire.
« Hah, hah, on dit que les enfants ont tendance à ressembler à leurs parents. Je ne m’attendais pas à devenir plus humaine à la place. » Elle ne pouvait plus empêcher son sourire de s’étendre. Wridra n’avait jamais imaginé qu’elle deviendrait le type de parent adorateur, mais il n’y avait pas grand-chose qu’elle pouvait faire maintenant qu’elle l’était. Elle continuerait à profiter de la vie et à les regarder grandir. Alors que ces pensées occupaient son esprit, une douce odeur avait rempli l’air. Cela ressemblait à des pommes de terre rôties, et cela semblait provenir de ce que Marie était en train de cuisiner. Mais quelle pouvait être cette odeur séduisante ?
Elle se leva et jeta un coup d’œil par-dessus l’épaule de Marie pour découvrir la nourriture appétissante qui se trouvait devant elle.
« Ah, un plat frit. Ça sent très bon. Je vais en goûter un morceau… »
« Quand as-tu l’intention de changer de serviette de bain ? Il est interdit de se promener en ne portant qu’une serviette de bain dans cette maison. Tu ferais mieux de t’habiller, ou pas de film et d’encas pour toi. »
« Non, attends ! Je vais m’habiller, donne-moi juste un instant ! » Il était difficile de croire que Marie avait été effrayée par le typhon qui s’était abattu sur elle plus tôt dans la journée. Wridra avait failli dire cela à voix haute, mais au lieu de cela, elle s’était précipitée à grandes enjambées de peur de se faire confisquer les collations.
Marie saupoudra de sel les pommes de terre fraîchement frites. Et ainsi, le plat parfait pour regarder des films était complet… celui que l’on appelait communément « frites ».
Cependant, il était essentiel de ne pas sous-estimer cet aliment en raison de sa simplicité. Il fallait enlever l’amidon en trempant les pommes de terre dans l’eau, puis les essuyer et les frire deux fois à feu doux et à feu vif. Les dents des filles s’étaient enfoncées dans l’extérieur croustillant des frites et dans leur intérieur chaud et doux. Elles avaient souri en goûtant la saveur simple, mais délicieuse sur leurs langues.
« Ah, c’est excellent ! Vraiment le casse-croûte parfait pour regarder des films. Non seulement tu es une beauté, mais tu sais aussi cuisiner. Tu feras une excellente épouse. »
« Héhé, je me suis entraînée tous les jours, tu sais. S’il y a bien une chose pour laquelle Kazuhiro-san est doué, c’est la cuisine. Je ne peux pas me permettre de perdre face à lui en tant que femme. » Hmm, elle ne nie même pas être appelée une épouse… pensa Wridra. Elle voulait le faire remarquer, mais décida que le risque de se voir retirer ses frites n’en valait pas la peine.
Et c’est ainsi que le film de dinosaures avait commencé avec le bruit du typhon en arrière-plan. Pour l’anecdote, elles avaient choisi ce film par curiosité, puisque les dinosaures n’existaient pas dans leur monde.
« Maintenant que j’y pense, ils sont similaires aux Koopahs qui sont apparus à l’oasis. »
« Oh, oh, regarde-moi ça ! Si grand. » C’était beaucoup plus réaliste que ce à quoi elles s’attendaient, et il y avait une variété étonnamment large d’espèces. Il semblait qu’elles étaient largement séparées entre les carnivores et les herbivores.
« Les humains sont assez audacieux pour utiliser ces créatures à des fins lucratives. Oh, cet herbivore a un si long cou. Ses yeux de fouine sont adorables. »
« Ils semblent être différents des dragons. Ils ont l’air super, cependant. J’apprécie tous les carnivores puissants aux crocs acérés. » Les deux femmes se regardèrent avec étonnement en mâchonnant leurs frites.
L’intrigue du film était assez simple. Les humains avaient ressuscité des dinosaures afin de les utiliser pour gagner de l’argent, mais un accident les avait rendus incontrôlables, provoquant une panique générale.
Elles avaient loué la vidéo par pure curiosité pour les dinosaures, mais il est devenu évident que l’histoire était parfaite à regarder pendant un typhon. Alors que les hommes du film criaient avec impuissance, un puissant torrent arrivait dans le quartier de Koto.
La pluie battante à l’extérieur leur donnait l’impression d’être vraiment dans le film, amplifiant leur tension et leur peur. Elles avaient l’impression qu’il était impossible d’échapper aux créatures terrifiantes, même en courant. Ce sentiment d’horreur faisait partie du plaisir, mais comme elle n’avait pas encore développé une grande tolérance pour ce genre de divertissement, Marie s’était simplement figée sur place avec des frites encore dans sa main.
Le prédateur colossal avait regardé l’un des personnages de ses yeux horribles et affamés. Tout être confronté à une telle créature était rendu complètement impuissant. Et ainsi, une autre victime était tombée.
« Je n’aime pas ça. Où sont passés tous les mignons herbivores ? »
« Hm, celui-ci est assez puissant. Peut-être même plus fort qu’un Koopah avancé. » L’homme à l’écran avait finalement trouvé la lampe qu’il avait fait tomber, et il l’avait allumée pour trouver du réconfort dans la lumière.
Cependant, la lumière avait révélé l’œil géant d’un reptile, et la façon dont ses pupilles s’étaient dilatées avait fait naître la peur dans le cœur des spectateurs. C’était le côté effrayant de ces films à suspense. Ils avaient toujours une façon de bercer le spectateur dans un faux sentiment de sécurité avant la frayeur. Bien que simple, cette méthode était très efficace.
« Eeeeeek ! » Wridra ne savait pas comment réagir lorsque Marie l’entoura de ses bras en réaction.
L’Arkdragon réalisa qu’elle pouvait murmurer quelque chose d’effrayant à l’oreille de l’elfe pour obtenir une réaction encore plus forte de sa part. L’idée était terriblement tentante. En même temps, elle était impressionnée que Kitase ait été capable de résister à une telle réaction pendant tout ce temps.
Marie s’accrocha à Wridra de toutes ses forces, tremblant au son de la pluie qui claquait contre les fenêtres. Maintenant qu’elle était à la place de Kitase, elle était étonnée qu’il puisse supporter la sensation du cœur battant et des seins de Marie pressés contre lui. On ne pouvait nier qu’il avait beaucoup de retenue.
« Hm, je te suggère de ne jamais regarder de films avec un autre homme. »
« Hein ? Qu’est-ce que tu… Oh non ! Il court après la voiture ! » Marie semblait plutôt angoissée, mais ce film était considéré comme l’un des films à suspense les plus gentils. Après tout, les bonnes personnes avaient survécu à la fin, et après le point culminant de l’histoire, la nuit d’horreur avait pris fin et le spectateur avait été récompensé par la vue d’un beau ciel bleu. Marie poussa un soupir de soulagement.
Puis, Wridra remarqua quelque chose.
Elle avait poussé l’épaule de l’elfe, puis elle fit un geste vers la fenêtre. On pouvait voir la lumière du soleil à l’extérieur. Après le passage d’une violente tempête, une vue fascinante était toujours laissée dans son sillage. Un beau ciel bleu et clair, à perte de vue.
« Wow… Ça s’est éclairci tout de suite. » En voyant l’expression de stupéfaction sur le visage de Marie, Wridra ne put s’empêcher d’éclater de rire. Elle avait ensuite ouvert complètement la fenêtre, laissant entrer une bouffée d’air frais. Les deux femmes prirent béatement de profondes respirations, leurs cheveux à moitié séchés ondulant dans le vent rafraîchissant.
« Mm, ça fait du bien ! »
« Hah, hah, tout à fait sensationnel. C’est donc à ça que ressemble le sillage d’un typhon. Je dois dire que je pourrais m’habituer à cette sensation. »
Il était difficile de croire que Marie était trop figée par la peur pour faire un seul pas en avant. « Ouais ! » Elle acquiesça aux paroles de la dragonne, ses yeux violets s’illuminent d’étonnement. Alors que le générique défilait derrière elle, elle fixa le ciel bleu.
À ce moment-là, elle avait eu le sentiment que la prochaine fois qu’un typhon arrivera, elle l’attendrait avec un cœur plein d’anticipation et d’émerveillement.
Les deux femmes se tenaient épaule contre épaule, profitant ensemble de la vue du ciel d’été.
§
Mariabelle était en train de lire lorsqu’elle entendit la porte d’entrée s’ouvrir, et elle se leva aussitôt de sa chaise. C’était, bien sûr, Kitase qui était apparu en costume et arborait une allure pleine d’excuses, si rare pour lui.
« Désolé d’être en retard, Marie. Le train a été retardé à cause des vents violents, et je n’ai pas pu acheter de nourriture pour le dîner. Attends, qu’est-ce qui sent si bon ? » Marie avait pris son sac avec une expression joyeuse, et Kitase avait desserré sa cravate en reniflant l’air, confus. La pièce était remplie d’une odeur d’épices et d’assaisonnement. Il ne put cacher sa surprise lorsqu’il vit ce qui se trouvait dans la cuisine.
« Wôw, tu as fait du curry ? C’est incroyable. Moi aussi, j’avais faim. »
« Héhé, je pensais bien que tu rentrerais tard. Maintenant, prends un siège une fois que tu t’es changé. Nous avons la descente au troisième étage qui arrive ce soir, tu sais. » Wridra avait observé les deux individus du coin de l’œil en lisant un magazine, et elle les avait trouvés réconfortants pour une raison inconnue. Elle ne pouvait pas s’en empêcher après avoir vu les efforts de Marie pour agir comme si elle n’avait pas eu peur du typhon. Sans compter que l’expression de son visage indiquait qu’elle était impatiente de lui faire goûter son curry.
Wridra prit une gorgée de son café et cacha son sourire pour que les autres ne le voient pas. Il semblerait que le typhon et la journée de travail de Kitase se soient terminés sans incident.