Chapitre 3 : Une soudaine mission de rang S
Partie 4
Mais il semblerait que ce n’était pas le cas pour Eve. Elle m’avait touché les épaules d’une manière excessivement amicale en faisant cette suggestion, et ses yeux étaient illuminés d’excitation à l’idée d’aller à la mer, mais ce n’était pas comme si nous allions capturer des scarabées dans la forêt ou quelque chose comme ça. C’était une tâche un peu trop lourde juste pour aller jouer à la mer. C’était mon opinion honnête, mais j’avais quand même décidé de demander à Aja.
« Quand la réouverture de l’exploration du labyrinthe est-elle prévue ? Elles sont toujours arrêtées, pour autant que je sache. »
« Cela sera encore fermé pendant un certain temps. Nous devrons d’abord restructurer l’équipe de raid. Une formation à grande échelle comme avant ne sera pas possible, et nous ne pouvons pas simplement demander l’aide des aventuriers cette fois-ci. » Nos yeux s’écarquillèrent de surprise, et le vieil homme regarda chacun d’entre nous avant de continuer. Il semblait que c’était là que le sujet principal allait commencer.
L’ancien labyrinthe était actuellement fermé. Nous avions entendu dire que c’était parce qu’il fallait du temps pour évaluer le trésor qui s’y trouvait, mais lorsque j’avais soulevé cette question, Aja avait secoué la tête.
« Si c’était le cas, ce ne serait que la gestion du trésor public qui serait en cause. Non, le vrai problème est le niveau de difficulté du troisième étage où se cachent les rebelles. » Selon lui, l’enquête sur l’étage suivant était toujours en cours. Cependant, le troisième étage était si difficile que le problème n’aurait pas pu être résolu en y jetant simplement un grand nombre de soldats. Sans compter qu’ils devaient faire face aux rebelles eux-mêmes qui se cachaient à cet étage.
« Si vous voulez mon avis, il y a eu beaucoup trop de pertes au deuxième étage. On s’est retrouvé dans une situation étrange où les forces principales ont été anéanties, et votre équipe a nettoyé l’étage. »
« Voulez-vous dire que même si nous augmentons le nombre de soldats, cela ne ferait que finir par ralentir leur mobilité globale ? » demanda Mariabelle après avoir écouté le vieil homme avec beaucoup d’intérêt. Elle avait l’impression d’avoir changé petit à petit ces derniers temps. Elle avait commencé à montrer un intérêt pour les batailles de groupe, le placement des soldats et la stratégie globale comme ce dont on discutait maintenant. Il semblerait qu’elle ait grandi après que nous ayons lancé une opération conjointe avec une autre équipe. Le vieil homme semblait satisfait de son commentaire, et il souriait affectueusement, comme s’il parlait à un étudiant compétent.
« En effet. Le labyrinthe est grand, et il est impossible d’en contrôler complètement chaque partie. Nos pertes ne feront qu’augmenter si nous essayons de combattre les monstres qui se multiplient à l’infini. Nous devons à tout prix éviter de perdre d’autres vies. »
« Les méthodes utilisées au premier étage ne vont donc plus fonctionner…, » fit remarquer Marie, et le vieil homme demanda sans mot dire ce que nous devions faire dans ces circonstances. J’étais curieux de connaître la réponse, mais je décidai de penser à autre chose pendant que Mariabelle gémissait et délibérait sur la question. Ce que je devais savoir, c’était pourquoi il était si important de passer par tout cela et de continuer le raid ?
S’il était impossible de s’en sortir avec les forces militaires du pays, la solution la plus évidente aurait été d’engager d’autres organisations comme des aventuriers, comme mentionnées précédemment. Pour peu qu’ils y consacrent du temps, ils auraient pu recevoir un paiement en échange d’un trésor, et tous ceux qui se seraient rassemblés auraient eu l’avantage supplémentaire d’améliorer l’économie. Mais pour une raison inconnue, Aja n’avait pas voulu faire cela. Cela signifiait soit qu’il ne voulait pas partager le trésor avec les aventuriers, soit qu’il ne voulait pas investir le temps qui serait nécessaire.
Une autre chose qui avait attiré mon attention était la façon dont il avait dit que nous ne pouvions pas nous permettre d’avoir plus de pertes. Jusqu’à présent, ils avaient envoyé leurs forces sans se soucier des pertes. Cela signifiait-il qu’ils voulaient préserver les forces qui leur restaient ? Il pouvait y avoir d’autres raisons, mais il était difficile de spéculer à ce stade.
Maintenant, j’avais décidé de regarder ça sous un autre angle. La seule chose qui différenciait le labyrinthe ancien de tous les autres labyrinthes était l’augmentation massive de la difficulté. Les trésors que l’on pouvait y obtenir étaient également bien plus précieux, notamment les Pierres magiques, que je n’avais vues nulle part ailleurs. Oui, les Pierres magiques. Cela m’avait fait me demander ce qu’elles étaient en premier lieu.
Mais le fil de mes pensées s’était arrêté là. Mariabelle avait levé la main comme si elle était en classe, semblant être arrivée à sa conclusion.
« Y a-t-il besoin d’une petite équipe de soldats d’élite ? Il me semble que contrairement au genre de déploiement nécessaire dans une guerre, nous aurions besoin d’une force plus puissante et concentrée dans l’ancien labyrinthe. » Le vieil homme avait fait un signe de tête satisfait, puis il avait regardé les personnes assises autour de la table.
« Exactement. C’est pourquoi je suis venu ici, pour vous assigner une mission spéciale à vous, les élites. » Il avait sorti une sorte de carte de sa poche de poitrine, puis l’avait placée devant Puseri et moi. C’était la première fois que je voyais l’objet, qui brillait comme s’il était fait de plastique. Puseri avait sursauté.
« Est-ce que ça pourrait être… une mission de rang S !? Incroyable… il y a même le nom du roi écrit dessus. Cela signifie que ce doit être un ordre direct de Sa Majesté elle-même. » Nous avions tous été surpris par sa déclaration.
Au recto de la carte figurait l’image d’une paire de balances, et le texte indiquait le dieu de l’arbitrage. Cela signifiait que le contrat était absolu, et que le rompre aurait infligé une punition adaptée à la gravité du contrat. En d’autres termes, c’est le roi d’Arilai lui-même qui prenait le risque de cet accord.
« L’objectif est de nettoyer le troisième étage. Si vous parvenez à éliminer tous les rebelles qui s’y trouvent, vous obtiendrez des récompenses supplémentaires. Non seulement vous pourrez voyager librement par la suite, mais vous aurez droit à des vacances plus luxueuses que celles que vous aviez prévues. »
J’avais d’abord pensé qu’il plaisantait, mais il semblait qu’Aja était sérieux. Il poursuivit en expliquant qu’ils fourniraient tous les renforts, les renseignements et les provisions de nourriture nécessaires, et nous avions finalement compris. C’était la mission la plus difficile à laquelle nous avions été confrontés jusqu’à présent.
Aja nous avait dit qu’il voulait que nous y réfléchissions, puis il quitta le manoir.
Nous étions sortis et avions marché lentement le long de l’allée.
On nous avait dit que nous pouvions utiliser la calèche, mais nous avions poliment refusé. Ce n’est pas que nous voulions aller quelque part en particulier. Nous voulions juste faire une promenade pour mettre de l’ordre dans nos idées.
« Une mission de rang S... qui l’aurait cru ? » J’avais réfléchi à voix haute.
« Et dire que ça venait d’Aja le Grand lui-même… J’étais tellement surprise, » avait convenu Marie en marchant à mes côtés. Elle tenait la chatte dans ses bras et nous regardions la carte avec curiosité. La carte émettait une lumière pâle sous le ciel bleu, ce qui rendait évident qu’elle n’était pas faite de papier ordinaire. Je l’avais retournée pour découvrir que la partie signature était vierge, et il semblait que c’était là que nous devions signer pour sceller le contrat. À ce moment-là, Marie fronça les lèvres.
« Je suis heureuse qu’ils aient de grandes attentes à notre égard, mais je ne sais pas si nous devons l’accepter. Il y a quelque chose qui me dérange. »
« Je ressens la même chose. On dirait qu’ils veulent que nous fassions partie des forces principales, et ce sera plus dangereux que jamais. Il semble que Puseri et les autres vont organiser une réunion à ce sujet, mais elles vont probablement accepter. » Il semblerait que leur équipe soit toujours aux prises avec des problèmes financiers, alors qu’elle venait de se reformer sous une nouvelle direction. Bien qu’elles n’aient plus Zarish, elles voudraient probablement réussir leur mission avec leur fierté en jeu en tant que meilleure équipe.
J’avais regardé de mon côté pour voir que Marie faisait toujours la moue. Pourtant, quand je lui avais tendu la main, ses doigts s’étaient entrelacés avec les miens. Elle serra ma main tout en gardant cette expression de mécontentement. Elle le faisait probablement inconsciemment, mais la façon dont elle frottait ma main avec son pouce me chatouillait.
« Alors, as-tu trouvé pourquoi tu t’es senti si ennuyé par tout ça ? »
« Hmm… Eh bien, je suppose que c’est parce que je ne comprends pas pourquoi ils ferment les frontières justes parce que quelqu’un pourrait faire sortir clandestinement des pierres magiques. Elles sont peut-être précieuses, mais je doute qu’elles le soient au point de risquer le pays tout entier pour elles. Et autre chose, même s’ils ont besoin d’une petite équipe d’élites, nous sommes encore bien trop peu nombreux. Ces deux points n’ont cessé de me turlupiner. D’ailleurs, qu’est-ce que les pierres magiques au juste ? »
Ah, alors Marie se demandait la même chose. D’après ce que nous avions entendu plus tôt, il semblerait qu’Aja ait laissé entendre que la restriction de la frontière ne serait pas levée à moins que nous ne soyons capables de capturer les rebelles qui tentaient de faire sortir clandestinement les pierres magiques. Ces pierres étaient censées être très importantes, mais nous ne savions toujours pas ce qu’elles étaient. Alors que je réfléchissais à tout cela, Marie avait semblé prendre conscience de la situation et ses jolis yeux violets s’étaient tournés vers moi.
« Dis, on n’a pas eu une pierre magique avant ? »
« Oh, j’avais complètement oublié ça ! Nous l’avons laissé à l’atelier de Mewi pour la faire affiner, » avais-je répondu, et Marie avait de nouveau gonflé ses joues avec cet air mécontent. Même la chatte dans ses bras me lançait un regard moqueur… Attends, ne l’avaient-elles pas aussi oublié ?
« Allons visiter l’atelier maintenant. Nous apprendrons peut-être quelque chose, et je commence à me poser de plus en plus de questions sur les pierres magiques. »
« Oui, faisons ça. Nous avons encore du temps jusqu’à ce que nous devions donner notre réponse, de toute façon. » Marie m’avait pris par la main, et je m’étais perdu dans son sourire éblouissant et ses cheveux blancs.
La longue ligne droite de la route, le ciel bleu pur… Ce pays désertique rappelait un peu l’été au Japon. Alors que le soleil se levait directement au-dessus de nous, je marchais le long du chemin ombragé avec Marie.
merci pour le chapitre