Chapitre 2 : Mangeons des légumes d’été
Partie 1
Des nuages dérivaient dans le ciel rougeoyant à l’extérieur de la fenêtre. J’avais été surpris de constater que la journée se terminait déjà.
Je m’étais souvenu en enlevant mes chaussures que j’avais passé une journée assez chargée à marcher et à transpirer.
Le ventilateur fonctionnait assidûment, même lorsque nous étions partis chercher des ingrédients pour le dîner, et nous avions été accueillis par une brise agréable lorsque nous étions entrés dans la pièce. La chatte noire qui paressait n’était pas en train de surveiller la maison en notre absence, elle était juste là parce qu’elle refusait de quitter la pièce pour pouvoir faire une sieste. Je ne m’étais toujours pas habitué à voir les méduses semi-transparentes qui flottaient dans la pièce.
Marie passa sa tête sous mon aisselle et elle leva les yeux.
« Oh, regarde, l’esprit fonctionne toujours. C’est une bonne chose. Il semble qu’il n’y ait aucun problème même si je m’en éloigne pendant un court moment. L’esprit de glace est très facile à vivre et aime dormir souvent, alors tu peux le pousser doucement s’il arrête de bouger. »
« J’imagine que c’est différent de la gestion d’une clim ou d’autres appareils si on peut s’en sortir en les poussant… »
« Bien sûr que oui, » déclara Marie en riant et en enlevant ses cache-oreilles, révélant ses longues oreilles d’elfe caractéristiques. Elle se dirigea ensuite vers le ventilateur pour rafraîchir la sueur sur sa peau.
« Ahh, c’est bien ! Hee hee, c’est bien de ne pas avoir à se soucier de la facture d’électricité. Je n’arrêtais pas d’y penser quand on avait la clim toute la journée. » Marie fit claquer sa jupe en parlant. Je m’étais retourné, et c’est là que j’avais compris. Le coût de l’électricité pour garder l’endroit frais avait été pratiquement réduit à zéro.
« Quoi ? Mais nous dépensions environ 5 000 yens par mois avant ! »
« Oh, tu viens de le réaliser ? Cela devrait aider à alléger le coût de la vie, et c’est ce qu’on appelle l’écologie, non ? »
Vraiment, je n’avais jamais vu un climatiseur aussi écologique de toute ma vie. Je n’avais pu m’empêcher d’être surpris et impressionné, et je m’étais approché pour poser les sacs de courses sur le sol. Des légumes ordinaires que l’on pouvait trouver dans n’importe quel supermarché en sortirent en roulant.
Une main se tendit à côté de moi et ramassa un des légumes, puis une paire d’yeux violets l’inspecta. Le regard de Marie n’était pas de la curiosité, mais semblait plutôt dire « Pourquoi les légumes existent-ils ? » Elle hésitait.
« J’attendais avec impatience le dîner, mais de penser qu’il sera rempli de légumes… Je pense que je vais pleurer, » avait-elle déclaré.
« Allons, allons. Les légumes d’été sont vraiment bons. Les légumes de saison sont particulièrement riches en nutriments. Ta mère ne t’a-t-elle pas grondé parce que tu détestais les légumes ? » je l’avais demandé, et Marie avait poussé un gros soupir tout en continuant à fixer le légume. Le souvenir d’avoir été grondée avait dû repasser dans son esprit.
« Puis, comme nous l’avions promis… »
« Oui, je ne ferai pas de plats de légumes sans ton accord, » avais-je répondu tout de suite pour la rassurer. Marie cligna des yeux, apparemment décontenancée par mon absence de protestation. Je ne voulais pas la forcer à manger ce qu’elle ne voulait pas, et j’aurais toujours pu équilibrer les nutriments avec d’autres aliments.
« Mon Dieu, n’es-tu pas sûr de toi ? As-tu peut-être une sorte de plan secret ? »
« Hm ? Non. Je vais juste cuisiner normalement pour que tu puisses profiter de la nourriture. » J’avais ajouté que c’était pour le bien d’une elfe qui déteste les légumes, et Marie avait émis un son sans engagement et elle m’avait regardé d’un air dubitatif. Je voyais bien qu’elle était sur ses gardes, et je m’étais empressé de commencer les préparatifs.
J’avais ouvert l’eau, et Marie s’était approchée de moi en mettant son tablier. La méduse flottait derrière son maître, et je m’étais demandé si elle était curieuse de la cuisine faite par un humain barbare comme moi. L’épaule de Marie s’était doucement pressée contre la mienne, et elle m’avait déplacé devant la planche à découper. Il semblait qu’elle voulait diviser nos tâches.
« Les légumes de ce pays ont certainement de jolies couleurs et formes. Ils ont de l’éclat. Ils doivent être très bien entretenus. » Marie regarda les légumes, impressionnée, et elle commença à les laver soigneusement. Puis, elle me tendit une grosse aubergine qui avait l’air savoureuse.
« Les aubergines sont aimées dans ce pays depuis les temps anciens. Au début, seules quelques personnes influentes étaient autorisées à en manger. Une fois qu’elles sont devenues accessibles au commun des mortels, elles se sont rapidement répandues dans tout le Japon en raison de leur bon goût. Elles ont été modifiées au fil du temps pour améliorer leur saveur et leur rendement, et c’est ainsi qu’elles se sont retrouvées devant toi, » avais-je expliqué en coupant l’aubergine. Je voulais que Marie s’intéresse aux légumes et je pensais sincèrement que l’aubergine de saison avait l’air délicieuse. Elle m’avait regardé fixement tandis que je coupais de plus petites tranches dans le légume pour m’assurer que la cuisson sera uniforme, mais il semblerait qu’elle n’avait pas encore baissé sa garde.
« Je suppose que tu as fini par détester les légumes à cause de ton passage à la guilde des sorciers ? » avais-je demandé.
« Oui, c’est parce que l’odeur du noinoi bouillant s’était infiltrée dans ma chambre depuis la cuisine. Au début, ça ne me dérangeait pas, mais au bout d’un mois, j’en faisais des cauchemars. Un noinoi est apparu à côté de mon oreiller et m’a intimidé pour que je le mange. C’est impardonnable. D’après mon colocataire de l’époque, je me plaignais de l’odeur et de l’amertume dans mon sommeil. Tu l’aurais probablement aussi détesté dans un tel environnement. » Marie m’avait ensuite tendu un oignon, qui ressemblait beaucoup à un noinoi. Elle m’avait fait les yeux doux, comme pour me dire : « Je n’arrive pas à croire que tu aies mis une telle chose sur notre table à dîner. »
J’avais coupé les oignons en rondelles en pensant à ça. Elle devait détester autant les légumes à cause d’un traumatisme de son passé. À mon avis, Marie était un peu inhabituelle pour une elfe. Elle aimait les sucreries et la viande, et ne s’intéressait pas aux autres aliments, comme les légumes. Mais ce n’est pas qu’elle les détestait complètement. Les plats mijotés et les salades qui n’avaient pas l’odeur des légumes crus ne semblaient pas la déranger. Elle m’avait même demandé de faire du hot pot à plusieurs reprises.
« Donc tout espoir n’est pas perdu. Oh, ne fais pas attention à moi. Je me parle à moi-même. Tu n’es pas retourné dans la forêt elfique alors même que tu étais dans un environnement aussi horrible, hein ? Est-ce parce que tu voulais vraiment devenir un sorcier ? »
« Oui. Je ne pouvais pas rentrer chez moi sans avoir accompli mon objectif de devenir un sorcier. Aja le Grand est à peu près le seul sorcier d’Arilai, et il m’a toujours surpris par sa maîtrise des outils magiques et ses idées créatives. Mon professeur à la guilde était également très gentil, et je les respectais tous les deux énormément. » Marie avait soudainement semblé se souvenir de quelque chose. Ses mains avaient cessé de laver les légumes, et ses yeux violets s’étaient tournés vers moi.
« J’ai oublié de le mentionner, mais nos mérites dans le nettoyage du deuxième étage ont été reconnus, et on m’a dit que je pouvais être promue sorcière avancée à condition de passer un examen. »
J’avais failli répondre par un joyeux « Oh, c’est bien, » mais mes yeux s’étaient agrandis. Seuls quelques rares utilisateurs de magie très talentueux étaient autorisés à devenir sorciers, et Marie faisait déjà partie d’une classe extrêmement rare, étant une sorcière spirituelle. Cela signifiait qu’elle allait passer à une classe encore plus élevée.
« Tu es donc à un pas de devenir un sorcier. Je ne faisais que profiter de mon séjour dans l’ancien labyrinthe, mais je suis content d’avoir pu être utile. »
« C’était la même chose pour moi. Je déteste l’admettre, mais c’est vrai. J’ai pu manger tellement de plats délicieux, et nous avons pu séjourner dans un manoir luxueux récemment. Nous sommes même allés pêcher au deuxième étage. Je me demande si je mérite vraiment d’être promu comme ça. J’ai repoussé l’examen parce qu’il pesait lourd dans mon esprit. » Marie avait poussé un profond soupir. Cela semblait être une chose étrange pour laquelle il fallait s’inquiéter.
Mais une sorcière avancée, hein… ? Je me demandais quel genre d’avantages accompagnaient cette promotion. N’étant pas au courant de la structure interne de la guilde des sorciers, j’avais posé cette question à Marie. Elle avait levé les yeux au ciel et y avait réfléchi un moment.
« L’avancement en grade s’accompagne de nombreux avantages. Tout d’abord, il y a une augmentation de salaire, mais je suis déjà bien payée ces derniers temps, donc ce n’est pas le plus important. »
Elle avait raison. Nous avions tellement travaillé qu’Arilai nous avait payés en pièces de platine, alors une augmentation de salaire ne semblait pas être un avantage. Nous n’avions pas grand-chose à dépenser de toute façon, et même si Marie voulait être riche, le salaire d’une sorcière avancée était loin d’être suffisant pour atteindre ce but.
« J’obtiendrais également le droit d’accéder aux archives, dont on dit qu’elles sont un trésor de connaissances. Mais personnellement, je préfère les bibliothèques d’ici. J’aurais aussi ma chambre personnelle, mais le Manoir des Roses Noires est bien plus confortable, alors…, » Marie s’était arrêtée au milieu de son explication. Elle semblait être plongée dans ses pensées, un légume toujours en main, puis m’avait regardé avec une expression curieuse.
« Pour une raison inconnue, j’ai l’impression que devenir une Sorcière avancée n’a pas vraiment d’importance. C’est étrange. J’ai fait trop d’efforts jusqu’à présent, pensant que je pourrais faire du shopping et déguster des plats savoureux si j’augmentais mon salaire… »
« Peut-être est-ce parce que nous avons fait du shopping et mangé de la bonne nourriture pendant tout ce temps ? Comme je l’ai déjà dit, nous avons passé tout notre temps à jouer dans l’autre monde. »
Marie cligna des yeux, puis elle laissa échapper un « Ah ! » Elle venait de se rappeler que depuis que nous avions déménagé notre base à Arilai, nous logions dans un manoir noble, et que nous avions également mangé de la nourriture délicieuse et des sucreries au Japon. De tels désirs se dissiperaient naturellement après avoir vécu un tel style de vie.
« J’ai l’impression que je finirai par être corrompue en elfe noir un jour, » nota Marie.
« Je ne qualifierais pas exactement notre mode de vie de modeste. Pourtant, je pense que nous vivons assez modestement ici au Japon. Après tout, mon style de vie est aussi ordinaire que possible. » J’avais réalisé que nous avions fini le travail de préparation. De l’eau s’écoulait du panier rempli de légumes lavés. J’avais stocké quelques aubergines de saison, du potiron, des asperges, des poivrons shishito, des poivrons et des feuilles de shiso. Les oignons que j’avais achetés étaient là juste parce que j’aimais les oignons.
Le potiron que j’avais acheté était déjà coupé en quartiers, il ne me restait plus qu’à retirer les graines et à le couper en petits morceaux. Au menu de ce soir, il y avait des tempuras de légumes d’été, comme le montrait l’huile que je préparais. Marie était apparue portant un foulard sur la tête et était prête à apprendre un autre plat étranger.
merci pour le chapitre