Chapitre 2 : Mangeons des légumes d’été
Table des matières
***
Chapitre 2 : Mangeons des légumes d’été
Partie 1
Des nuages dérivaient dans le ciel rougeoyant à l’extérieur de la fenêtre. J’avais été surpris de constater que la journée se terminait déjà.
Je m’étais souvenu en enlevant mes chaussures que j’avais passé une journée assez chargée à marcher et à transpirer.
Le ventilateur fonctionnait assidûment, même lorsque nous étions partis chercher des ingrédients pour le dîner, et nous avions été accueillis par une brise agréable lorsque nous étions entrés dans la pièce. La chatte noire qui paressait n’était pas en train de surveiller la maison en notre absence, elle était juste là parce qu’elle refusait de quitter la pièce pour pouvoir faire une sieste. Je ne m’étais toujours pas habitué à voir les méduses semi-transparentes qui flottaient dans la pièce.
Marie passa sa tête sous mon aisselle et elle leva les yeux.
« Oh, regarde, l’esprit fonctionne toujours. C’est une bonne chose. Il semble qu’il n’y ait aucun problème même si je m’en éloigne pendant un court moment. L’esprit de glace est très facile à vivre et aime dormir souvent, alors tu peux le pousser doucement s’il arrête de bouger. »
« J’imagine que c’est différent de la gestion d’une clim ou d’autres appareils si on peut s’en sortir en les poussant… »
« Bien sûr que oui, » déclara Marie en riant et en enlevant ses cache-oreilles, révélant ses longues oreilles d’elfe caractéristiques. Elle se dirigea ensuite vers le ventilateur pour rafraîchir la sueur sur sa peau.
« Ahh, c’est bien ! Hee hee, c’est bien de ne pas avoir à se soucier de la facture d’électricité. Je n’arrêtais pas d’y penser quand on avait la clim toute la journée. » Marie fit claquer sa jupe en parlant. Je m’étais retourné, et c’est là que j’avais compris. Le coût de l’électricité pour garder l’endroit frais avait été pratiquement réduit à zéro.
« Quoi ? Mais nous dépensions environ 5 000 yens par mois avant ! »
« Oh, tu viens de le réaliser ? Cela devrait aider à alléger le coût de la vie, et c’est ce qu’on appelle l’écologie, non ? »
Vraiment, je n’avais jamais vu un climatiseur aussi écologique de toute ma vie. Je n’avais pu m’empêcher d’être surpris et impressionné, et je m’étais approché pour poser les sacs de courses sur le sol. Des légumes ordinaires que l’on pouvait trouver dans n’importe quel supermarché en sortirent en roulant.
Une main se tendit à côté de moi et ramassa un des légumes, puis une paire d’yeux violets l’inspecta. Le regard de Marie n’était pas de la curiosité, mais semblait plutôt dire « Pourquoi les légumes existent-ils ? » Elle hésitait.
« J’attendais avec impatience le dîner, mais de penser qu’il sera rempli de légumes… Je pense que je vais pleurer, » avait-elle déclaré.
« Allons, allons. Les légumes d’été sont vraiment bons. Les légumes de saison sont particulièrement riches en nutriments. Ta mère ne t’a-t-elle pas grondé parce que tu détestais les légumes ? » je l’avais demandé, et Marie avait poussé un gros soupir tout en continuant à fixer le légume. Le souvenir d’avoir été grondée avait dû repasser dans son esprit.
« Puis, comme nous l’avions promis… »
« Oui, je ne ferai pas de plats de légumes sans ton accord, » avais-je répondu tout de suite pour la rassurer. Marie cligna des yeux, apparemment décontenancée par mon absence de protestation. Je ne voulais pas la forcer à manger ce qu’elle ne voulait pas, et j’aurais toujours pu équilibrer les nutriments avec d’autres aliments.
« Mon Dieu, n’es-tu pas sûr de toi ? As-tu peut-être une sorte de plan secret ? »
« Hm ? Non. Je vais juste cuisiner normalement pour que tu puisses profiter de la nourriture. » J’avais ajouté que c’était pour le bien d’une elfe qui déteste les légumes, et Marie avait émis un son sans engagement et elle m’avait regardé d’un air dubitatif. Je voyais bien qu’elle était sur ses gardes, et je m’étais empressé de commencer les préparatifs.
J’avais ouvert l’eau, et Marie s’était approchée de moi en mettant son tablier. La méduse flottait derrière son maître, et je m’étais demandé si elle était curieuse de la cuisine faite par un humain barbare comme moi. L’épaule de Marie s’était doucement pressée contre la mienne, et elle m’avait déplacé devant la planche à découper. Il semblait qu’elle voulait diviser nos tâches.
« Les légumes de ce pays ont certainement de jolies couleurs et formes. Ils ont de l’éclat. Ils doivent être très bien entretenus. » Marie regarda les légumes, impressionnée, et elle commença à les laver soigneusement. Puis, elle me tendit une grosse aubergine qui avait l’air savoureuse.
« Les aubergines sont aimées dans ce pays depuis les temps anciens. Au début, seules quelques personnes influentes étaient autorisées à en manger. Une fois qu’elles sont devenues accessibles au commun des mortels, elles se sont rapidement répandues dans tout le Japon en raison de leur bon goût. Elles ont été modifiées au fil du temps pour améliorer leur saveur et leur rendement, et c’est ainsi qu’elles se sont retrouvées devant toi, » avais-je expliqué en coupant l’aubergine. Je voulais que Marie s’intéresse aux légumes et je pensais sincèrement que l’aubergine de saison avait l’air délicieuse. Elle m’avait regardé fixement tandis que je coupais de plus petites tranches dans le légume pour m’assurer que la cuisson sera uniforme, mais il semblerait qu’elle n’avait pas encore baissé sa garde.
« Je suppose que tu as fini par détester les légumes à cause de ton passage à la guilde des sorciers ? » avais-je demandé.
« Oui, c’est parce que l’odeur du noinoi bouillant s’était infiltrée dans ma chambre depuis la cuisine. Au début, ça ne me dérangeait pas, mais au bout d’un mois, j’en faisais des cauchemars. Un noinoi est apparu à côté de mon oreiller et m’a intimidé pour que je le mange. C’est impardonnable. D’après mon colocataire de l’époque, je me plaignais de l’odeur et de l’amertume dans mon sommeil. Tu l’aurais probablement aussi détesté dans un tel environnement. » Marie m’avait ensuite tendu un oignon, qui ressemblait beaucoup à un noinoi. Elle m’avait fait les yeux doux, comme pour me dire : « Je n’arrive pas à croire que tu aies mis une telle chose sur notre table à dîner. »
J’avais coupé les oignons en rondelles en pensant à ça. Elle devait détester autant les légumes à cause d’un traumatisme de son passé. À mon avis, Marie était un peu inhabituelle pour une elfe. Elle aimait les sucreries et la viande, et ne s’intéressait pas aux autres aliments, comme les légumes. Mais ce n’est pas qu’elle les détestait complètement. Les plats mijotés et les salades qui n’avaient pas l’odeur des légumes crus ne semblaient pas la déranger. Elle m’avait même demandé de faire du hot pot à plusieurs reprises.
« Donc tout espoir n’est pas perdu. Oh, ne fais pas attention à moi. Je me parle à moi-même. Tu n’es pas retourné dans la forêt elfique alors même que tu étais dans un environnement aussi horrible, hein ? Est-ce parce que tu voulais vraiment devenir un sorcier ? »
« Oui. Je ne pouvais pas rentrer chez moi sans avoir accompli mon objectif de devenir un sorcier. Aja le Grand est à peu près le seul sorcier d’Arilai, et il m’a toujours surpris par sa maîtrise des outils magiques et ses idées créatives. Mon professeur à la guilde était également très gentil, et je les respectais tous les deux énormément. » Marie avait soudainement semblé se souvenir de quelque chose. Ses mains avaient cessé de laver les légumes, et ses yeux violets s’étaient tournés vers moi.
« J’ai oublié de le mentionner, mais nos mérites dans le nettoyage du deuxième étage ont été reconnus, et on m’a dit que je pouvais être promue sorcière avancée à condition de passer un examen. »
J’avais failli répondre par un joyeux « Oh, c’est bien, » mais mes yeux s’étaient agrandis. Seuls quelques rares utilisateurs de magie très talentueux étaient autorisés à devenir sorciers, et Marie faisait déjà partie d’une classe extrêmement rare, étant une sorcière spirituelle. Cela signifiait qu’elle allait passer à une classe encore plus élevée.
« Tu es donc à un pas de devenir un sorcier. Je ne faisais que profiter de mon séjour dans l’ancien labyrinthe, mais je suis content d’avoir pu être utile. »
« C’était la même chose pour moi. Je déteste l’admettre, mais c’est vrai. J’ai pu manger tellement de plats délicieux, et nous avons pu séjourner dans un manoir luxueux récemment. Nous sommes même allés pêcher au deuxième étage. Je me demande si je mérite vraiment d’être promu comme ça. J’ai repoussé l’examen parce qu’il pesait lourd dans mon esprit. » Marie avait poussé un profond soupir. Cela semblait être une chose étrange pour laquelle il fallait s’inquiéter.
Mais une sorcière avancée, hein… ? Je me demandais quel genre d’avantages accompagnaient cette promotion. N’étant pas au courant de la structure interne de la guilde des sorciers, j’avais posé cette question à Marie. Elle avait levé les yeux au ciel et y avait réfléchi un moment.
« L’avancement en grade s’accompagne de nombreux avantages. Tout d’abord, il y a une augmentation de salaire, mais je suis déjà bien payée ces derniers temps, donc ce n’est pas le plus important. »
Elle avait raison. Nous avions tellement travaillé qu’Arilai nous avait payés en pièces de platine, alors une augmentation de salaire ne semblait pas être un avantage. Nous n’avions pas grand-chose à dépenser de toute façon, et même si Marie voulait être riche, le salaire d’une sorcière avancée était loin d’être suffisant pour atteindre ce but.
« J’obtiendrais également le droit d’accéder aux archives, dont on dit qu’elles sont un trésor de connaissances. Mais personnellement, je préfère les bibliothèques d’ici. J’aurais aussi ma chambre personnelle, mais le Manoir des Roses Noires est bien plus confortable, alors…, » Marie s’était arrêtée au milieu de son explication. Elle semblait être plongée dans ses pensées, un légume toujours en main, puis m’avait regardé avec une expression curieuse.
« Pour une raison inconnue, j’ai l’impression que devenir une Sorcière avancée n’a pas vraiment d’importance. C’est étrange. J’ai fait trop d’efforts jusqu’à présent, pensant que je pourrais faire du shopping et déguster des plats savoureux si j’augmentais mon salaire… »
« Peut-être est-ce parce que nous avons fait du shopping et mangé de la bonne nourriture pendant tout ce temps ? Comme je l’ai déjà dit, nous avons passé tout notre temps à jouer dans l’autre monde. »
Marie cligna des yeux, puis elle laissa échapper un « Ah ! » Elle venait de se rappeler que depuis que nous avions déménagé notre base à Arilai, nous logions dans un manoir noble, et que nous avions également mangé de la nourriture délicieuse et des sucreries au Japon. De tels désirs se dissiperaient naturellement après avoir vécu un tel style de vie.
« J’ai l’impression que je finirai par être corrompue en elfe noir un jour, » nota Marie.
« Je ne qualifierais pas exactement notre mode de vie de modeste. Pourtant, je pense que nous vivons assez modestement ici au Japon. Après tout, mon style de vie est aussi ordinaire que possible. » J’avais réalisé que nous avions fini le travail de préparation. De l’eau s’écoulait du panier rempli de légumes lavés. J’avais stocké quelques aubergines de saison, du potiron, des asperges, des poivrons shishito, des poivrons et des feuilles de shiso. Les oignons que j’avais achetés étaient là juste parce que j’aimais les oignons.
Le potiron que j’avais acheté était déjà coupé en quartiers, il ne me restait plus qu’à retirer les graines et à le couper en petits morceaux. Au menu de ce soir, il y avait des tempuras de légumes d’été, comme le montrait l’huile que je préparais. Marie était apparue portant un foulard sur la tête et était prête à apprendre un autre plat étranger.
***
Partie 2
« C’est facile pour la tempura de finir trop détrempée, donc c’est assez difficile à faire. C’est pourquoi je n’en fais pas souvent. Mais quand j’en fais, je veux m’assurer qu’elle est bonne. »
« Oh ? Qu’est-ce qui rend ça si difficile ? Est-ce l’assaisonnement ? » C’est en fait la gestion de la température. La température idéale variait selon le légume, et la différence de température entre la pâte et l’huile était également importante. En d’autres termes, il fallait gérer parfaitement les températures pour obtenir des tempuras délicieux et croustillants. Et comme je ne pouvais pas m’embêter à faire ce travail supplémentaire, j’avais utilisé de la mayonnaise à la place des œufs pour éviter que la pâte ne soit détrempée. La mayonnaise était souvent utilisée comme substitut dans les plats qui utilisaient des œufs.
Alors que je mélangeais la mayonnaise avec l’eau, une pensée m’était venue. Je m’étais demandé si l’esprit flottant ressemblant à une méduse pouvait aider.
À titre d’expérience, j’avais posé un bol en verre près de lui et je lui avais donné une tape. Il avait semblé comprendre qu’on lui demandait de faire et il avait attrapé le bol avec ses petits appendices. J’avais senti l’air se refroidir, et j’avais ri quand j’avais découvert que l’eau avait été joliment refroidie. L’esprit n’était pas seulement utile pour la climatisation, mais aussi pour la cuisine. Cette créature s’avérait indispensable pour l’été.
Après avoir ajouté la farine et remué le mélange, la poêle à tempura avait chauffé et était prête à fonctionner.
Tout serait une question de vitesse et de timing à partir de là. J’avais séché les feuilles de shiso et ajouté de la pâte d’un côté, puis je les avais prises avec des baguettes et les avais jetées dans la poêle chaude, les faisant grésiller joliment. Surprises par ce son inconnu, les longues oreilles de Marie avaient tremblé.
« Nous allons les mettre dans la poêle, en commençant dans l’ordre par ceux qui sont les plus faciles à frire et qui sentent le moins. Lorsqu’elles remontent à la surface et que les bulles deviennent plus petites, cela signifie qu’elles sont prêtes à être retirées. » J’avais retiré l’excès d’huile, placé la feuille sur un tamis, puis je m’étais mis au travail pour ajouter le reste. La gestion de la température était cruciale, tout comme le timing. Ce plat aurait pu être préparé dans n’importe quel foyer, mais la tempura était tout de même assez difficile. En tout cas, je n’avais jamais aimé le faire.
J’avais fait frire le shiso, les asperges et les poivrons shishito dans l’ordre, et la pièce avait été remplie d’une odeur chaude et douce. Les éléments légers étaient amusants à frire en raison de leur rapidité de cuisson. Alors que je continuais le processus, j’avais senti quelque chose en dessous. J’avais regardé en bas et j’avais trouvé une chatte noire qui errait autour de mes pieds et miaulait sans arrêt.
« Je suis occupé pour le moment, donc pas de grignotage pour toi. Tu devras attendre que j’aie fini de cuisiner. » En premier lieu, la nourriture frite n’était pas bonne pour les chats. Je ne savais pas si cette logique s’appliquait aux familiers, mais comme je l’avais dit plus tôt, faire frire de la nourriture était un jeu de vitesse et de timing.
Mais la chatte ne se souciait pas de ces choses triviales. J’avais été surpris lorsqu’elle avait enfoncé ses griffes dans mon pantalon et avait grimpé le long de ma jambe. Ses yeux semblaient dire « Laisse-moi goûter ça, humain », et elle s’était rapprochée avec un regard qui me disait qu’elle était déjà décidée à prendre quelque chose à manger. C’était douloureux, mais les chats étaient vraiment mignons. J’avais cédé et j’avais pris un poivron shishito avec mes baguettes, puis je l’avais rapproché de la chatte qui était suspendue à mes fesses. La chatte avait ouvert en grand la bouche, ce qui était peut-être ou non une menace de me manger tout entier.
La chatte mâchouilla le poivron, puis elle écarquilla les yeux d’un air heureux. Elle semblait satisfaite de la texture et du parfum de ce légume savoureux. La chatte émit un son étrange qui était un mélange de ronronnement et de grognement, puis elle afficha une expression de pure félicité.
Les choses étaient calmes maintenant que l’embêtante n’était plus là, alors j’avais décidé de finir de cuisiner le reste de la nourriture.
J’avais ajouté les légumes les uns après les autres, en les plaçant sur la grille au fur et à mesure de leur cuisson. Le processus avait pris moins de temps que d’habitude pour préparer le dîner, et je n’avais eu besoin que d’une vingtaine de minutes.
J’avais ensuite placé les aliments dans des assiettes, j’avais apporté de la sauce à tremper et du sel, et j’avais terminé. Pendant que Marie et la chatte noire regardaient les tempuras fumants, j’avais posé le riz et la bière sur la table.
Nous avions déclaré nos remerciements habituels avant le repas, puis chacun avait pris ses baguettes.
Marie semblait encore prudente, et j’étais curieux de savoir ce qu’elle en pensait. Elle mordit dans la tempura croustillante avec un son satisfaisant, et l’odeur et la saveur de la pâte lui remplirent la bouche. La tempura d’asperges était bien cuite à cœur, ce qui lui avait permis de la mâcher facilement. Ensuite, il y avait la douceur inhérente au légume.
C’était un goût chaud et réconfortant qui n’était que rehaussé lorsqu’il était trempé dans la sauce tempura, et encore plus lorsqu’il était combiné avec du riz. L’elfe fronça les sourcils, se tortillant tout en mâchant.
« Hmmf… ! » Je m’attendais à entendre sa réaction, mais elle semblait reprendre ses esprits et attraper sa bière fraîche. Elle prit le verre et l’inclina vers sa bouche.
La synergie était exquise. L’huile et la douceur naturelle des légumes ne gênaient pas la saveur de la bière, en fait, ils la complétaient parfaitement en tant qu’accompagnement de la boisson. Comme nous avions tous deux beaucoup transpiré pendant la journée, la bière gazeuse qui descendait dans sa gorge avait dû lui procurer une sensation extraordinaire. Le familier au nez rose de Wridra regarda l’elfe pendant qu’elle buvait, puis Marie fit pratiquement claquer le verre sur la table avec un « Ahhh ! »
« Hé, qu’est-ce que ça veut dire !? Tu appelles ça de la cuisine modeste ? Essaie de le redire avec un visage impassible. C’est si parfumé et satisfaisant… Ah, je comprends maintenant. C’est à cause de ça. C’est pourquoi mon désir de devenir une Sorcière Avancée a diminué. J’en suis sûre. »
« Quoi ? Ce n’est pas possible. Il n’y a pas moyen que le tempura puisse changer ta vie de façon si dramatique. Plus important, ici. Essaie un peu de cette aubergine. Je viens de la faire frire, donc je suis sûr qu’elle est bonne. » L’expression de Marie s’était soudainement transformée en une moue, et elle jeta un regard furieux à l’aubergine pour une raison inconnue.
Je pouvais dire ce qu’elle pensait en raison de son visage. Elle se disait : « Ça doit être un piège. C’est la représentation des légumes que je déteste tant, et les transformer en tempura ne fera pas de différence. »
Mais l’aubergine s’était, en fait, transformée en un être complètement différent. En la cuisant à fond et en la laissant absorber l’huile, la texture de l’aubergine était devenue incroyablement douce. En mordant dans l’aubergine, Marie avait été choquée par la texture distinctive de son extérieur et son intérieur crémeux.
« Oho ho ho. »
« Hm ? Qu’est-ce que c’était ? » Je ne pouvais pas dire si elle commentait le goût ou si elle riait, alors j’avais dû demander. Marie avala sa bouchée, puis tourna son visage légèrement rougi vers moi.
« Ok, ok, j’ai compris ! Je comprends ce que tu essaies de faire ici, et ça ne me dérange pas du tout ! L’aubergine a un laissez-passer. Je peux comprendre pourquoi les gens influents les amassent et pourquoi elles se répandent dans tout le Japon si elles ont ce goût. J’ai eu tort de les détester, d’accord !? » Elle avait haussé la voix en se plaignant, puis avait pris une autre gorgée de sa bière. Submergée par la béatitude, Marie laissa échapper un autre soupir de satisfaction.
« Les aubergines sont également délicieuses lorsqu’elles sont frites. Tu dois faire attention, car elle absorbe l’huile, mais tu peux emprisonner l’umami si tu la retires assez tôt. » La raison de leur popularité est qu’elles se marient bien avec n’importe quel ingrédient. Ce qui était étrange avec ce légume, c’est qu’il devenait la star du spectacle lorsqu’il était frit dans l’huile.
La tempura de légumes était un plat assez intéressant. Il suffisait d’ajouter de la pâte et de la faire frire, mais la texture et la saveur changeaient radicalement. Nous avions continué à apprécier notre nourriture, en prenant tel ou tel morceau avec nos baguettes. Le shiso était agréable et parfumé, et le potiron était doux et chaud. Et puis, il y avait le sel. L’utilisation du sel au lieu de la sauce tempura changeait ça en une saveur plus simple, mais c’était toujours délicieux.
« Hmm, délicieux ! J’adore la légèreté des tempuras de légumes. Je pourrais en manger un million. »
C’était difficile de croire qu’elle détestait les légumes il n’y a pas si longtemps. Mais je ne me sentais pas mal de l’entendre dire cela, en fait, je voulais qu’elle mange encore plus. J’avais l’impression d’être une vieille dame regardant une émission de voyage et souriant lorsque l’animateur disait à quel point la nourriture était savoureuse. Mais pour ce soir, j’aurais été encore plus heureux si j’avais réussi à l’aider à surmonter son dégoût pour les légumes.
En regardant la chatte noire grignoter des tempuras sur une petite assiette, je sirotais lentement ma boisson. Bien sûr, je n’aurais pas donné ce genre de nourriture à un vrai chat.
Les assiettes étaient vite devenues vides, et l’estomac de la jeune elfe était plein de nourriture.
La créature ressemblant à une méduse flottait dans l’air, et un ventilateur continuait à souffler une brise agréable.
J’avais gloussé en voyant cette vision familière et j’avais commencé à faire la vaisselle. J’avais envie de me prélasser aussi, mais cela aurait été plus compliqué si j’avais laissé la vaisselle pour plus tard, et je voulais prendre un bain tôt et me préparer à me coucher.
Alors que je lavais les plats un par un, j’entendis la voix de Marie derrière moi.
« Les légumes d’été étaient si délicieux. J’étais tellement heureuse pendant tout le temps où je mangeais. Je pouvais imaginer des légumes marchant dans ma tête ! Tous les légumes de l’autre monde ont un goût si horrible que je n’aurais même pas pensé à en manger. » Quand je m’étais retourné, j’avais trouvé Marie qui se blottissait contre le dossier d’une chaise, le visage encore rose à cause de l’alcool.
« C’est vraiment comme ça. C’est difficile de garder la nourriture fraîche là-bas. Même le noinoi que tu détestes tant a bon goût et ne sent pas trop mauvais quand il est de saison. Pour les gens ordinaires, il est difficile de les stocker en les gardant frais. »
Peut-être que l’élevage sélectif y était aussi pour beaucoup. Les agriculteurs s’efforçaient constamment de rendre leurs aliments plus savoureux, plus gros et plus faciles à cultiver. C’est juste que les agriculteurs de notre monde avaient passé beaucoup plus d’années à faire des essais et des erreurs… De plus, le fait qu’il n’y avait aucun moyen de stocker les légumes dans l’autre monde devait être une raison importante pour laquelle ils avaient ce goût.
Je l’avais dit à Marie, et elle avait fait une tête qui disait « C’est vraiment dommage. »
« Ah… Si seulement je pouvais aussi manger des légumes du Japon dans l’autre monde. Bien que les terres agricoles à Arilai soient très limitées, et qu’elles appartiennent déjà toutes à d’autres personnes. »
« Ouais, il n’y a aucun moyen de trouver commodément une terre à cultiver… »
Quelque chose ne tournait pas rond. Nous nous étions regardés l’un l’autre, et le temps avait passé tranquillement. Nous avions l’impression d’avoir oublié quelque chose, et que nous devions nous en souvenir pour résoudre le problème qui se posait à nous. Marie, la chatte noire et moi, nous avions tous regardé le plafond en silence pendant un moment.
***
Partie 3
« C’est frustrant. C’est comme si je sentais que j’allais éternuer, mais que ça ne sortait pas. »
« Oui, c’est exactement ce que je ressens. Cependant, nous ne pourrions pas apporter de graines dans l’autre monde. Je peux seulement apporter de la nourriture et des boissons. Mais attends, tu peux faire cuire des graines de citrouille et les manger, alors elles comptent comme de la nourriture ? »
« Meowww ! » La chatte noire, qui était recroquevillée sur la table tout à l’heure, s’était écriée en réalisant son rêve. Ces yeux semblables à de jolies perles de verre s’étaient illuminés, et la chatte avait posé ses pattes sur Marie, qui était assise là, dans le vide. Il semblait nous supplier de remarquer quelque chose. Marie, qui était satisfaite de son estomac rempli de tempura, s’était contentée de glousser et de noter à quel point la chatte était mignonne.
Je commençais à m’habituer à cette expression agacée sur le visage du chat. Après avoir essuyé quelques assiettes, j’avais apporté des tasses de thé à la table où les autres étaient assises. À ce moment-là, j’avais entendu Marie pousser un cri de joie.
« Wôw, tu peux te tenir debout ? J’ai déjà vu une vidéo comme ça à la télé. » J’avais été surpris, moi aussi. J’avais failli renverser le thé partout. La chatte se dandinait sur la table.
« Hein, je ne savais pas que les chats pouvaient se tenir debout s’ils essayaient. C’est mignon la façon dont il enroule ses pattes devant sa poitrine. » Marie rit en signe d’approbation. Pendant ce temps, la chatte nous regardait fixement comme s’il nous demandait de prendre ça au sérieux. Peut-être qu’elle ne s’amusait pas, mais qu’elle essayait de nous dire quelque chose.
« Aha, ce dandinement est si adorable ! Prenons des photos. »
« On dirait qu’elle imite un fantôme avec cette pose. Wôw, pourquoi me fais-tu un câlin tout d’un coup ? » La chatte avait passé ses bras autour de mon épaule, puis m’avait regardé avec des yeux brillants. Mais qu’est-ce qu’elle a bien pu essayer de nous dire ? La chatte semblait réagir à ce que je venais de dire, elle devait donc essayer de transmettre un message. Marie avait fini par comprendre aussi et avait fixé la chatte d’un air contemplatif.
« C’est moi, ou elle a réagi au mot “fantôme” ? »
« Peut-être qu’elle veut revoir un film d’horreur… ? Non, ce n’est pas ça. Hé, ne me griffe pas. Ça fait mal, » avais-je dit à la chatte.
« En parlant de fantômes, ça me rappelle le deuxième étage où nous avons passé du temps dans l’autre monde. Il y avait des fantômes partout à l’époque. Cependant, c’était plus étrange qu’effrayant. »
« C’était surtout des morts-vivants avec des formes physiques, comme les armures vivantes et les faucheuses. La maîtresse des lieux, Shirley, était peut-être la plus fantomatique de toutes. Elle était semi-transparente et prenait après tout les âmes des gens. Wôw, pourquoi te frottes-tu contre moi tout d’un coup ? » J’avais été surpris lorsque la chatte avait soudainement ronronné et frotté sa tête contre moi. Non seulement cela, mais elle avait aussi approché son visage du mien.
Elle frappa à plusieurs reprises sa patte contre mon épaule, comme si elle me poussait à donner ma réponse. Il semblait que j’étais très proche, mais je ne savais toujours pas où cela allait me mener.
« Shirley, Shirley… Hmm, qu’est-ce que tu essaies de me dire ? Je comprends que c’est censé être un indice, mais… maintenant que j’y pense, de quoi essayions-nous de nous souvenir plus tôt ? On parlait de légumes, non ? »
« Ahhh !!! » cria Marie et se leva d’un bond de sa chaise. L’elfe et la chatte noire se fixaient l’une et l’autre, la lumière brillant dans leurs yeux… Malheureusement, j’étais le seul à ne pas participer à cette conversation.
« Hein ? Quoi ? As-tu trouvé ? Qu’est-ce que c’était ? »
« Hee hee, alors laisse-moi donner un indice pour le petit Kazuhiho au visage endormi. Ici, nous avons une graine de citrouille. Quelle est la chose dont elle a besoin pour pousser ? » Je veux dire, la réponse était évidemment une terre agricole. J’avais regardé fixement, ce qui semblait être une réaction appropriée. Marie avait vu que je ne pouvais pas répondre et avait souri joyeusement.
« Te rappelles-tu avoir vu des terres appropriées dans l’ancien labyrinthe ? »
« Une ferme dans l’ancien labyrinthe ? Allez, c’est d’un étonnant labyrinthe des temps anciens dont nous parlons. S’il y avait un terrain comme ça dans la région, je me serais souvenu… » J’avais traîné en longueur.
Attends un peu, n’avais-je pas fait quelque chose d’inhabituel là-bas ? N’avais-je pas eu une expérience contre nature qui n’avait pas sa place dans l’ancien labyrinthe ? La première chose qui m’était venue à l’esprit était le fait que j’étais devenu ami avec le maître des lieux, Shirley. C’était vraiment difficile à croire, mais c’était la vérité, et j’avais passé du temps à jouer au deuxième étage où elle vivait.
Pour ce qui est de ce que j’avais fait en particulier, j’avais réussi quelque chose qui ne pouvait normalement pas être fait, même ici au Japon. Je m’étais souvenu de l’ombre de l’arbre chaud et de la sensation agréable du vent qui caressait mon visage. Les insectes criaient partout, et l’odeur de la terre et de l’herbe était nostalgique. C’était comme si j’étais arrivé dans une retraite rurale d’été.
La canne à pêche dans ma main se balançait tandis que je fredonnais et marchais aux côtés de Marie. J’avais entendu la rivière couler doucement alors que nous avancions sur un sentier et j’avais déclaré que j’en attraperais une grosse aujourd’hui, et ensuite…
« Oh, le hall du deuxième étage ! Quelque chose comme une rivière et un soleil ont été créés par le pouvoir de Shirley. Est-ce que c’est ce dont tu parlais !? »
« Exactement. Je n’ai jamais vu un sol aussi sain à Arilai, et si nous apportons des graines, nous pourrions peut-être même commencer une ferme. Je suis sûre que Shirley sourirait et serait d’accord, elle aussi. Je veux dire, nous pourrions manger tant de délicieux légumes ! » Marie avait touché mon bras et avait souri à côté de moi. Ses yeux étaient pleins de curiosité, même si une partie de sa motivation était le désir de manger, comme elle venait de le mentionner.
« Alors ? » demanda-t-elle en me regardant. Ses grands yeux semblaient dire : « Cultivons à cœur joie et dégustons de délicieux plats. » Avec ces yeux et ce sourire dirigés vers moi, je n’avais pas d’autre choix que de me rendre. Je n’avais aucune chance.
« Hm, même si la ferme finit par échouer, nous en serions seulement un peu tristes. Donc, nous pourrions aussi bien essayer. Nous n’avons rien à perdre, après tout. »
« Oui ! J’ai hâte d’aller dans le monde des rêves. En tant qu’elfe, je suis très attachée à l’agriculture. Est-ce qu’un homme moderne et maigre comme toi sera capable de le supporter ? » Elle m’avait tapé sur le nez avec un doigt taquin, un sourire enjoué sur le visage. Je ne savais pas pourquoi, mais Marie était si belle dans ces moments-là.
Elle était comme étourdie lorsqu’elle avait sauté sur mes genoux, ses orteils s’agitant d’avant en arrière, comme pour m’achever. Cela aurait été assez cruel si elle me faisait ressentir cela inconsciemment.
« Hee hee, je suis impatiente de cultiver des plantes. D’abord, nous devons savoir si nous pouvons apporter des graines. Si ça marche, commençons à préparer notre voyage au deuxième étage. Il faudra une journée entière pour se rendre à l’oasis où se trouve le labyrinthe antique, et nous devrons attendre d’avoir l’ordre d’y aller en tant qu’équipe Améthyste, donc nous devrons trouver un moyen de transport. Bien, maintenant que nous savons quoi faire, je vais prendre un bain. Tu devrais aussi te dépêcher. Ne reste pas assis sans rien faire, ou je devrai te laisser derrière moi. »
Marie sauta de mes genoux, me fit un signe d’adieu et se dirigea vers la salle de bain. C’était difficile de croire que quelqu’un d’aussi agité ait vécu pendant tant d’années. Si l’on considère que tout cela était dû à l’envie de manger de bons légumes, elle semblait encore plus humaine que moi. Je m’étais enfoncé dans mon fauteuil.
+
Je voyais que le soleil s’était couché par la fenêtre, et je m’étais assis seul à la table.
Il semblerait que la chatte ait pris un bain ces derniers temps, et je pouvais entendre le faible son de voix joyeuses provenant de la salle de bain. Quant à moi, je réorganisais mes documents et travaillais pour mon entreprise.
La plupart des gens auraient été réprimandés pour avoir ramené du travail à la maison, mais je voulais rentrer chez moi le plus vite possible. Tant que je finissais mon travail comme prévu, personne n’avait le droit de se plaindre. C’était bon tant que personne ne le découvrait.
J’étais en train d’écrire avec mon stylo quand j’avais remarqué quelque chose. L’esprit de glace flottait doucement dans l’air. Je m’étais dit qu’il aurait pu disparaître s’il avait essayé de suivre son maître, et j’avais décidé de lui parler.
« Hey, merci pour ton travail acharné. Je vais probablement beaucoup dépendre de toi cette année, alors merci d’avance. » La méduse s’était mise à briller d’une lumière pâle, comme pour dire : « Laissez-moi faire ! » Ma chambre s’animait, même sans la présence des deux autres. Cela me semblait très étrange.
+
Leurs voix étaient devenues plus fortes. Il semblait qu’elles avaient fini de se baigner.
J’avais décidé de préparer du thé glacé pendant qu’elles se séchaient les cheveux. Alors que je rassemblais les documents et me préparais à me lever, j’avais entendu la porte s’ouvrir derrière moi. Elles se sont changées très vite ce soir, avais-je pensé en me retournant…
« Hey, bon retouuuuurrr !? »
« Troooop chauuud ! » Je n’en croyais pas mes yeux. Mariabelle avait ouvert la porte sans s’habiller. Je m’étais figé sur place en la voyant enveloppée dans une serviette de bain, ses cheveux mouillés s’accrochant à son corps. Il y avait de la sueur sur sa peau pâle, et malgré la serviette qui recouvrait ses seins, le morceau de tissu trempé de sueur semblait accentuer ses légères protubérances.
Marie marcha pieds nus vers le ventilateur, faisant signe de la main à son visage échauffé.
« Je suis surprise… Je n’avais pas réalisé qu’il ferait si chaud en sortant du bain en été. Hm, c’est une bonne brise ! Je suis si heureuse que nous ayons décidé de faire ça. » Le visage de Marie exprimait une pure félicité alors qu’elle se penchait en avant dans le vent froid. Elle devait vraiment aimer ça, car elle s’était assise devant le ventilateur et laissa échapper un « Waaah... » Puis, l’esprit en forme de méduse flotta à la recherche de son maître, et se posa sur sa tête.
Marie était de plus en plus faiblement habillée à mesure que l’été avançait. Elle exposait ses épaules plus souvent ces derniers temps, mais ne porter qu’une serviette de bain était une tout autre histoire… Cela rendait son incroyable attractivité encore plus évidente.
La serviette de bain collée à son corps m’avait fait prendre conscience de sa silhouette fine et féminine. La façon dont elle était assise là, les jambes repliées sous elle, sans cacher sa taille fine, ses fesses, ses cuisses moites et ses épaules exposées, était si séduisante que je ne pouvais m’empêcher de la suivre des yeux.
… J’aime bien le look serviette de bain.
Marie s’était retournée, comme pour me demander si j’avais dit quelque chose, et j’avais essayé de la jouer cool. Je voulais qu’elle reste distante comme ça, si possible. Mais ce n’était probablement pas une pensée que j’aurais dû avoir. Ressentant un sentiment de culpabilité, j’étais passé devant Marie en essayant de ne pas la regarder et j’avais décidé de sortir des boissons du réfrigérateur.
« On dit qu’au Japon, il est mal élevé de se promener en serviette de bain. »
« Ah, mais il n’y a que toi ici, donc ça devrait aller, non ? Ce serait une chose si c’était devant les autres, mais tu es mon petit ami. Oh, oh ! Peux-tu aussi me prendre de la glace ? J’ai de la glace à la vanille là-dedans ! »
***
Partie 4
Je n’avais pas réalisé qu’elle avait préparé de la glace après le bain. On dirait que Marie avait appris à profiter de son séjour au Japon encore plus que je ne le pensais. Cependant, je n’étais pas sûr que manger une glace après un bain soit une façon correcte de passer l’été. J’avais pris de la glace à la vanille comme demandé, puis j’avais versé du thé glacé dans un verre et je les avais apportés à Marie.
Une chatte noire amatrice de sucreries avait accouru du dressing et avait sauté sur la chaise au moment où je posais le dessert sur la table.
« Hé, même toi tu ne t’es pas séchée, Wridra ? Te rends-tu compte de l’horreur que ce serait d’attraper un rhume par cette chaleur ? » La chatte avait tiré sa langue rose vers moi, mais son expression méchante était en fait assez comique, et cela m’avait fait rire.
Marie nous avait rejoint tardivement et avait pris un siège, et leur moment de félicité avait commencé. Elle prit de la glace avec sa cuillère et la plaça dans sa bouche. Le froid était parfait, et le goût riche et sucré avait immédiatement fondu sur sa langue, lui faisant froncer les sourcils et se tortiller.
« Hmm, délicieux ! Ahh, j’ai enfin découvert le moyen de profiter pleinement de mon bain… » Tout ce qu’elle faisait, c’était manger une glace après un bain, mais elle avait l’air d’être tombée sur un ancien secret. Ou peut-être que son expression ressemblait plus à celle d’un détective qui venait de déduire qui était le criminel.
La chatte noire avait également mangé la glace sur sa propre assiette en verre. Elle lécha la glace partiellement fondue, la joie étincelant dans ses yeux.
« Meowww ! »
« Oui, il semble que tu l’aies aussi découvert. La porte du paradis, quoi, » dit Marie d’un air entendu. Est-ce de ça que les filles aiment parler ? Je n’avais pas bien compris, mais j’avais du mal à savoir où je devais regarder, alors j’avais espéré que Marie se changerait bientôt en pyjama.
Je voulais au moins l’aider à sécher ses cheveux, alors j’avais pris une serviette de bain et je m’étais approché d’elle. Elle se tortillait encore à cause de la douceur de la glace, mais elle avait redressé son dos comme si elle me donnait la permission. Elle avait l’air posé, comme une sorte de noble dame, mais j’avais du mal à détacher mes yeux d’elle. Profitant pleinement de mon privilège d’être son petit ami, je lui avais parlé sur le ton le plus décontracté que je pouvais adopter.
« Le seul problème, c’est que la glace à la vanille est pleine de sucre, donc elle pourrait te faire prendre du poids. » Je plaisantais à moitié, mais Marie avait réagi comme si elle avait reçu un coup de poing. De la sueur avait coulé sur son visage, mais elle était restée immobile pendant un certain temps. La chatte et moi, nous nous étions regardés et avions incliné la tête. Nous avions attendu un certain temps, et finalement Marie avait parlé d’une voix tremblante.
« As-tu déjà entendu le dicton… que les elfes ne grossissent pas ? »
La chatte miaula comme si elle voulait dire : « Qu’est-ce que c’est que cette histoire !? » Mais attends… à en juger par la façon dont elle n’avait toujours pas croisé mon regard, et l’expression de son visage qui me disait que c’était ce qu’elle voulait croire…
« As-tu… pris du poids ? »
« … »
Marie continuait à transpirer abondamment, malgré le rafraîchissement apporté par le ventilateur et l’esprit de glace sur sa tête. Sa réaction m’avait dit qu’elle savait déjà que c’était vrai avant que je ne le demande. Mais en y réfléchissant, elle avait l’air un peu plus ronde sur les bords. Mais je n’aurais peut-être pas dû faire de telles observations. Les épaules de Mariabelle avaient tremblé lorsqu’elle ouvrit la bouche pour parler.
« … a… pesé… »
« Hm ? Qu’est-ce que c’était ? »
« J’ai pris un peu de poids ces derniers temps ! Je peux pincer la viande sur mes bras maintenant ! » Elle pleurait à moitié et avait le visage rouge en se tournant vers moi, et elle écrasa à plusieurs reprises la viande sur ses bras. Pour être honnête, je pensais que c’était absolument adorable.
« Nooon ! Ne me fais pas le coup du sourire avec ce visage endormi ! Je ne peux pas le faire ! C’est fini ! Je n’ai jamais entendu parler d’une elfe qui a grossi parce qu’elle ne pouvait pas résister à l’envie de manger des sucreries ! » Sur ce, elle se couvrit le visage de ses deux mains.
Mais pourquoi avait-elle pris du poids en premier lieu ? Ce n’était pas comme si elle grignotait tous les jours, et je m’efforçais de lui préparer des repas nutritifs. En gardant cela à l’esprit, j’avais envisagé la possibilité que cela soit lié au changement d’environnement.
« Oh, j’ai compris. Ce doit être parce que nous n’avons pas fait d’exercice dans le monde des rêves, » avais-je commenté, et Marie s’était tournée vers moi, au bord des larmes. Elle avait cligné ses jolis yeux, puis avait réfléchi un instant.
« Maintenant que tu le dis, nous avons fait une longue pause là-bas, donc nous n’avons rien fait. »
« Oui, parce que nous avons fini de conquérir jusqu’au deuxième étage. Il n’y a pas eu de travail pour nous pendant qu’ils vérifient les piles de trésors, mais peut-être que tu n’as pas pris de poids jusqu’à maintenant parce que nous étions actifs avant ça. »
Arilai, où nous travaillions, autorisait les aventuriers à pénétrer dans les anciens labyrinthes pour le bien du pays. Les trésors, les connaissances, les artefacts et les pierres magiques qui y étaient trouvés contribuaient directement à la puissance du pays, et nous avions obtenu des montagnes de butin lorsque nous avions nettoyé le deuxième étage.
J’avais supposé qu’Arilai avait régulièrement gagné un avantage par rapport à ses pays voisins. La famille royale en était certainement heureuse, mais il fallait du temps pour évaluer tout le butin, aussi toute activité dans le labyrinthe était-elle suspendue pour le moment. Cela avait conduit à une diminution de l’effort physique… En d’autres termes, c’était simplement un manque d’exercice.
« Quelle horreur... J’ai grossi à cause d’Arilai. »
« Ah, eh bien, tu as pris du poids parce que tu as continué à manger, pas à cause de… » J’avais avalé mes mots avant de finir ma phrase. Marie avait approché son visage du mien, insistant sans mot dire sur le fait qu’elle avait raison, et je n’avais pu qu’acquiescer.
« Alors, peut-être que nous devrions aussi faire un peu d’exercice en dehors du labyrinthe. L’agriculture dont nous parlions plus tôt serait une bonne option, et aller à la piscine ou à la mer est un élément essentiel de l’exercice estival —, »
Marie, la chatte, et moi avions tout de suite compris.
Trayn, le guide du voyageur, était une compétence de voyage longue distance qui me permettait de me déplacer d’un sanctuaire du dieu du voyage à un autre une fois par jour. J’aimais tellement voyager que je traversais souvent le continent. J’avais donc naturellement fait enregistrer un paradis tropical avec ma compétence, où je pouvais emmener les filles.
« Oui, oui, allons à la mer ! Oh, mon Dieu, c’est incroyable ! Qui aurait cru que tes compétences pouvaient être utilisées de la sorte ? »
« Eh bien, je suis content de l’avoir appris. Préparons-nous à partir dès que nous serons de retour dans le monde des rêves. L’équipe Améthyste ne sera pas disponible pendant un certain temps, mais je suis sûr que nous pourrons nous en sortir avec une absence d’un jour ou deux. »
« Supppppperr ! » Marie pouvait difficilement contenir son excitation, et elle m’avait enlacé juste après avoir levé les mains pour célébrer. Son corps était chaud, car il sortait tout juste du bain, et sa peau douce et féminine contre la mienne m’avait figé sur place. Je m’étais pratiquement transformé en statue. Mais Marie n’avait même pas semblé le remarquer, et elle avait souri brillamment avec son visage juste à côté du mien. Comme elle était cruelle par inadvertance.
« Hee hee, j’ai hâte d’aller à la mer. Et te connaissant, je suis sûre que tu connais une belle plage à me montrer. Dis, qu’est-ce qu’on doit apporter ? Il faudra veiller à ne rien oublier pour ne pas avoir de regrets. »
« O-Ouais…, » je répondis maladroitement. Elle sentait le savon et son joli visage était bien trop proche. Sans compter que le fait qu’elle ne portait rien d’autre qu’une serviette de bain était trop pour moi.
Je ne pouvais pas dire si j’étais chanceux ou non. Elle avait rebondi avec tant d’excitation dans ses yeux violets pâles, et mon regard était tombé sur le nœud qui se desserrait sur sa serviette de bain. Elle n’avait pas remarqué que sa serviette était tombée juste après ça. Je transpirais à grosses gouttes pendant que Marie me parlait de faire une promenade en profitant de la vue sur la mer. Elle tapa dans ses mains et déclara : « Ça a l’air sympa, non ? » Quand elle avait enfin remarqué que je détournais délibérément le regard.
Marie s’était tue, puis son regard s’était abaissé sur son propre corps.
« Nnyaaaaaaaaa ! » C’était la réaction attendue. Marie hurla, le visage complètement rouge.
Plus tard dans la journée, il y avait eu une affiche dans le coin de la pièce qui disait : « Il est interdit de se promener avec une simple serviette de bain. » J’admirais la qualité de l’écriture de Marie en la regardant.
+
Maintenant, c’était justement l’heure de se coucher.
J’étais resté allongé dans ma chambre sombre avec seulement un éclairage indirect.
Marie posa sa tête sur ma poitrine comme un chat qui aime se blottir dans les espaces restreints. Ses cheveux étaient ébouriffés et elle respirait en rythme dans son sommeil. Bien que ce rythme soit plutôt réconfortant, j’avais du mal à dormir à la fin de cette journée agitée.
Marie s’était retournée dans son sommeil, tournant son joli visage vers moi. Sa peau était douce contre la mienne, et l’air étouffant de la nuit précédente avait complètement disparu. Elle avait rendu la chambre étouffante confortable en un seul jour, ce qui me surprenait encore chaque jour depuis.
En levant les yeux, j’avais vu un petit sac sur une étagère à côté de mon oreiller. Il contenait des graines de citrouille pour notre expérience visant à déterminer si elles pouvaient être transportées dans mes rêves. Si nous réussissions à les transporter avec nous, nous aurions peut-être pu créer une ferme de légumes.
« Nous avons aussi notre voyage à la mer. Cet été est vraiment différent des autres. » J’avais gloussé pour moi-même, et les longues oreilles devant moi avaient tressailli. Je m’étais demandé si elle avait entendu ma voix, ou le son des carillons de vent au loin.
J’avais pensé que ce serait amusant si je l’emmenais au festival des carillons éoliens. Je l’imaginais avec la bouche ouverte à la vue des montagnes de carillons éoliens devant elle. J’avais le sentiment qu’elle ferait de son mieux pour trouver le plus mignon. Dans mon esprit, je la voyais faire des gestes vers eux et dire à quel point ils étaient jolis. Même si je n’étais jamais allé au festival moi-même.
De telles pensées occupaient toujours mon esprit ces derniers temps. En imaginant toutes les façons dont je pourrais la rendre heureuse, j’avais commencé à m’assoupir. Les jours que nous avions passés ensemble étaient simples, mais je trouvais de la joie à imaginer de telles vues.
La chaleur de son corps, le ventilateur qui tournait tranquillement, et le ronronnement d’un chat sous la couverture… Notre chambre en été était pleine de conforts qui ne convenaient pas à la saison.
Bonne nuit… J’avais dit ce que j’avais en tête, et avant même de m’en rendre compte, je m’étais endormi. Dans mon rêve, je rattrapais les autres filles.