Chapitre 7 : Opération “Suppression” (Nettoyage des salles)
Partie 4
La lourde porte de pierre gronda en glissant lentement. La poussière qui s’était accumulée pendant de nombreuses années de sommeil se mit à pleuvoir à l’ouverture de la porte et tout cela révéla l’obscurité totale qui régnait devant elle.
Je m’étais retourné, et j’avais alors trouvé Marie à une certaine distance, qui semblait plutôt nerveuse. Les membres de l’alliance de raid avaient de grandes attentes envers Marie, et elle semblait sentir la pression sur ses épaules. J’avais hoché la tête, puis j’avais décidé de lui envoyer un message via le système de communication de groupe, le Chat de l’Esprit.
« Nous allons avoir une petite discussion sur l’endroit où nous sortirons prochainement, » lui déclarai-je, téléphoniquement.
« J’aime cette idée. Je pense que parler me rassurera un peu, » répondit-elle.
« Nous allons à Grimland ce week-end, et il y a une attraction sur le thème des fantômes là-bas. Je pense que vous serez surprises de voir à quel point tout cela est différent de ceux que nous avons ici. » Marie et Wridra clignotèrent des yeux face à mon annonce.
« Faire un spectacle de fantômes ? C’est idiot. »
« Quoi ? Non, non, il n’y a pas de vrais fantômes dans mon monde, » répondis-je.
« Alors comment vont-ils nous montrer les fantômes ? Tu parles de ceux-là, n’est-ce pas ? » Marie pointa son doigt vers les profondeurs de la salle. Un squelette faiblement lumineux s’était élevé du sol, ses os s’assemblant pour créer sa forme.
Oui, c’est un peu difficile à expliquer. Comment pouvais-je leur dire qu’ils n’existaient pas alors qu’il y en avait un juste devant nous ? Alors que je réfléchissais à cette idée, l’équipe de Zera, la Pierre de Sang, était allée dans les ténèbres l’un après l’autre. Les orbes de lumière qui s’intercalaient entre eux et qui s’élançaient vers l’avant étaient les esprits de lumière de Marie.
Ils s’étaient rassemblés près du plafond, illuminant le hall. Cela nous avait aussi complètement exposés, mais les morts-vivants ne comptaient pas sur leur vue, donc ce n’était pas vraiment un problème.
« Je pense qu’il serait plus facile de vous montrer plutôt que d’expliquer. Quoi qu’il en soit, Wridra, penses-tu que tu pourrais masquer ta présence si le maître d’étage décide de ne pas sortir parce que tu es ici ? » lui demandai-je.
« Bien sûr. Je peux m’envelopper dans ma magie pour empêcher toute détection. » Cela valait vraiment la peine d’être testé. Vaincre les monstres était important, mais nous ne pouvions pas avancer avant d’avoir éliminé le maître d’étage.
Nous étions finalement entrés dans le hall après les autres.
Le donjon souterrain était plutôt froid, ce qui était peut-être dû à tous les morts-vivants de la zone. Une fois que nous étions tous à l’intérieur, la porte s’était lentement refermée derrière nous.
« Oh, peut-être que ça restera fermé jusqu’à ce qu’on ait nettoyé cet endroit. Je me demande qui gère ces gadgets ? » demandai-je.
« N’es-tu pas un peu trop détendu ? Doula et les autres combattants se battent déjà » souligna Marie. Je ne pouvais pas m’empêcher d’être curieux. Les donjons étaient pleins de mystère, et je m’étais demandé qui les avait faits et dans quel but. Pourquoi les donjons étaient-ils fermés et pourquoi la tribu de Neko vivait-elle au-dessus d’eux ? J’avais le sentiment que mes questions trouveraient une réponse une fois que nous aurions nettoyé tout le donjon. Et c’est ainsi que j’avais saisi mon épée avec une détermination renouvelée.
« La porte étant fermée, nous devrons redéployer ton gardien surveillant. Plus importants encore, nous devons sécuriser la zone autour de nous comme nous l’avons prévu, » déclarai-je.
« Oh, mais nous ne connaîtrons pas les positions de notre ennemi tant que nous n’aurons pas remonté le Gardien surveillant. » J’avais esquivé un fantôme qui s’était envolé du plafond. J’avais levé la main et transféré de l’énergie, ce qui l’avait fait se disperser et flotter lentement dans la zone. L’entraînement que j’avais suivi était assez dur, mais il semblait avoir été très efficace. Je ne pensais pas que cela m’aurait permis de faire face aux fantômes avec une telle facilité.
« La tour disparaît si nous ne continuons pas à la gérer, donc nous ne pouvons pas faire grand-chose à ce sujet. Nous connaissons déjà les positions ennemies, et la plupart d’entre eux sont de niveau 50 ou moins, donc nous devrions nous en sortir, » avais-je dit. Je voulais me concentrer sur la sécurisation de cette zone comme prévu et m’habituer à la coordination avec les autres combattants. La convocation de la tour était une question qui pouvait venir plus tard. Marie avait fait un signe de tête, puis elle avait commencé à appeler les esprits de pierre.
Quant à l’équipe de Zera, elle semblait se déplacer comme prévu. Ils s’étaient déployés en formation, l’équipe de Zera se frayant un chemin à travers le front et l’équipe de Doula purifiant les ennemis de l’arrière. Leurs mouvements étaient efficaces et précis, sécurisant constamment notre zone tout en continuant à avancer.
De l’autre côté, des squelettes brandissant des lances s’engouffraient comme des fourmis dans le miel. Ils frayaient sans cesse à partir du sol, sans que l’on puisse en voir la fin. Les fantômes qui descendaient des airs étaient annulés par l’équipe de Doula, les laissant flotter dans l’air sans danger tel des méduses.
Maintenant, le problème était…
Au centre de la salle, il y avait une tombe assez grande.
La tombe en pierre présentait la forme d’une croix avec un nom gravé dessus et une brume blanche en émanait. Cela semblait assez gênant. Si quelque chose sortait de là, elle prendrait probablement le commandement de l’essaim de morts-vivants.
« Allons-y. Peux-tu me donner un enchantement saint ? » lui demandai-je.
« Reviens ici si tu te trouves en difficulté. Voilà, je vais appliquer l’enchantement maintenant. » Marie avait pointé son bâton vers mon arme, et Astroblade s’était tordue comme sous le coup d’un mirage. Elle fit un étrange bruit aigu, indiquant qu’elle était bien plus stable que mon épée précédente.
« Il est toujours stable… Incroyable, » murmurai-je.
« Les démons primitifs étaient vraiment compatibles avec la magie. Cette épée vient de l’un d’entre eux, il est donc naturel qu’elle fonctionne aussi bien. » Nous avions été fascinés par l’explication de Wridra. L’âge du début était aussi connu sous le nom de l’âge des démons et de l’âge de la nuit. Cela signifiait peut-être que les démons avaient construit les chemins traçant le monde à cette époque.
Soudain, le bruit des portes cachées qui s’ouvrirent de gauche et de droite m’avait ramené à la réalité. Des Armures vivantes avaient émergé des ouvertures et étaient sorties comme si elles étaient en promenade.
« J’aimerais en savoir plus, mais nous y reviendrons plus tard. J’y vais. » Marie m’avait fait signe de partir, et j’étais parti rejoindre la mêlée. Ma cible était la créature qui essayait de se matérialiser au centre de la salle.
Je m’étais instantanément téléporté devant ma cible, puis j’avais coupé par réflexe les Soldats Squelettes où j’avais surgi. L’épée de lumière fredonnait dans ma main, laissant les coupures de mes adversaires rayonnantes avant qu’ils ne s’effondrent en tas d’os.
« C’est encore plus tranchant qu’avant. Cela aurait été beaucoup plus facile si j’avais eu cela pendant ma formation. » Les Squelettes n’étaient qu’au niveau 50, et avec l’enchantement sacré sur mon épée, j’avais pu trancher leurs boucliers et leurs crânes comme un couperet dans un concombre.
Je m’étais alors retourné pour constater que le fantôme qui sortait du tombeau essayait maintenant de soulever le haut de son corps du sol pour se tenir sur ses propres jambes. Je n’avais pas l’intention d’attendre qu’il le fasse, alors je m’étais avancé et je m’étais penché pour frapper son cou, suivi rapidement par son aisselle.
J’avais entendu un bruit de déchirement désagréable, et la brume blanche s’était dispersée comme pour indiquer les dégâts subits. Je m’étais dit que cette chose aurait pu se trouver à peu près au niveau 70, alors que j’abattais d’autres Soldats Squelettes qui arrivaient par-derrière.
La chose était plutôt musclée, et son corps de mort-vivant était transparent, révélant sa structure osseuse. J’avais continué à lui couper le cou, et il semblait ne pas aimer ça.
« Ah, ah, aaarghhh !! » En criant, les Soldats Squelettes autour de nous semblaient soudainement changer d’attitude. Ils s’étaient rapprochés de moi avec leurs boucliers et leurs lances à portée de main, avec une coordination qui leur semblait presque innée. Malgré tout, il n’y avait aucune raison de paniquer ici, alors que je devais me concentrer pour abattre ce grand gaillard. J’avais peut-être été du genre à donner l’impression que j’étais au travail, mais j’étais dans un monde de rêve, après tout.
J’avais envoyé quelques illusions pour attirer les frappes des Soldats Squelettes loin de moi. J’avais rempli ces copies de moi d’énergie, de sorte qu’elles occupaient inutilement les ennemis.
« Je me sens un peu mal pour eux…, » commenta Marie en voyant ça, par le canal de communication.
« Quoi ? Je suis juste efficace. » J’avais failli éclater de rire devant le message idiot de Marie.
J’avais déjà mémorisé un schéma pour éliminer les ennemis d’un seul coup en utilisant ma compétence Reprise. J’avais comparé plusieurs angles d’attaque et j’avais finalement choisi la plus efficace.
Fwsh, fwsh, fwsh ! J’avais tranché plus profondément le cou du chef des morts-vivants à chaque coup, et il avait laissé échapper un « Ah… » alors que le dernier coup avait finalement séparé sa tête de ses épaules. Je suppose qu’on peut dire que je l’avais envoyé dans l’au-delà. En y repensant, chaque coup était comme un coup critique, il n’était donc pas étonnant qu’ils aient été si efficaces.
« Le pauvre, il ne pouvait dire qu’“Ah…”, » déclara Marie.
« Ne sois pas si dur avec lui. C’est ainsi qu’il évacue le stress qu’il a accumulé au travail, » répliqua Wridra.
C’est étrange. Pourquoi suis-je critiqué pour avoir battu des monstres maléfiques ? Wridra avait en quelque sorte raison, donc je ne pouvais pas vraiment le nier. Mais le chef aurait pris le commandement des autres monstres si je l’avais laissé tranquille, ce qui aurait pu entraîner des pertes de notre côté. J’avais ignoré le sentiment de malaise dans mes tripes et j’avais donné un coup de pied au sol pour retourner auprès des filles en quelques bons.
La structure était enfin prête à être construite. Le sol tremblait alors que des parois rocheuses de forme plus complexe que la dernière fois s’élevaient d’en bas. Des murs s’étaient élevés autour de nous, conçus pour devenir sensiblement plus étroits à l’entrée.
« Ohh, n’est-ce pas quelque chose... » Zera regardait avec étonnement depuis le ciel. Sa réaction était tout à fait naturelle, vu la perfection avec laquelle Marie avait façonné la structure en si peu de temps.
Le seul moyen d’entrer était un passage étroit, avec des murs de pierre de chaque côté au-delà de l’entrée. Les ennemis devaient passer par les rangées de judas sur les murs où l’on pouvait enfoncer des lances, et l’équipe Andalouse de Doula faisait pleuvoir de la lumière purifiante du haut.
Les ennemis auraient du mal à s’en sortir cette fois-ci. S’ils parvenaient à grimper à travers ça pour atteindre l’extrémité, ils auraient eu à faire face à nos tanks et à la congestion du passage. Cela signifiait que nous pouvions attaquer les Soldats Squelettes pendant qu’ils attendaient leur tour, et que le prochain en ligne se mettrait à portée de nos attaques après que le précédent soit tombé.
Peut-être que mon expérience des châteaux à Aomori avait porté ses fruits ici. Les châteaux japonais étaient assez intéressants, et étaient conçus avec des passages étroits comme ceux-ci où les défenseurs pouvaient attaquer les envahisseurs d’un seul côté. En comparaison, les châteaux occidentaux et les châteaux de ce monde avaient choisi de construire des murs épais autour de leur périmètre pour empêcher les envahisseurs d’entrer. Il semble que les sorts de Marie étaient plus conformes aux premiers qu’aux seconds.
merci pour le chapitre