Bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe – Tome 10 – Chapitre 10 – Partie 8

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Chapitre 10 : Combat contre le maître du troisième étage

Partie 8

La bataille avait une fois de plus tourné à leur avantage. Mariabelle ne s’était même pas rendu compte qu’elle transpirait; elle essuya donc son front avec une manche et dit : « Ouf, je suis nerveuse rien qu’à les regarder. »

« Ha ha, ça devrait être une bonne expérience pour toi, » dit Kartina. « On n’a pas souvent l’occasion d’observer le déroulement d’une bataille dans son ensemble. Avec ta capacité à manipuler les structures, je suis sûre que tout ce que tu apprendras aujourd’hui te servira plus tard. »

« Peut-être, mais je me sens tellement mal à l’aise. Je n’ai ni Wridra ni Shirley avec moi aujourd’hui. »

Personne n’était là pour renverser la situation si les choses tournaient mal. L’Arkdragon avait son propre combat à mener et Shirley défendait le deuxième étage. Cette situation stressait Mariabelle, et son humeur ne s’améliorait pas, même s’ils continuaient à prendre l’avantage.

En bas, ils pouvaient voir Doula donner vaillamment des ordres à ses troupes. Elle connaissait bien le combat et s’était tourmentée avant le début de la bataille. Pourtant, elle ne laissait rien transparaître de son tourment intérieur, ne pensant qu’à vaincre l’ennemi.

L’elfe se demandait quelle était la différence entre elle et la jeune commandante.

« Que l’on comprenne ou non la bataille… », marmonna-t-elle.

« Hein ? » demanda Kartina. « As-tu dit quelque chose, Marie ? »

Marie ne répondit pas, observant le conflit en contrebas, les mains posées sur le rebord.

Des feux brûlaient partout dans la salle, mais il faisait nuit noire. La suie dansait dans les airs et la fumée s’élevait dans toutes les directions. Même si la scène était terrifiante, ses yeux améthystes cherchaient simplement des réponses.

« L’équipe Diamant a tué le démon Azagyur de niveau 119 », annonça le veilleur, ponctuant ses mots de bips électroniques.

« Quoi ? Vraiment ? » Je n’ai encore reçu aucun rapport », s’étonna Kartina.

En même temps, une image en 3D du terrain s’était affichée sur la main droite de Mariabelle, accompagnée d’un petit bruit. D’habitude, il fallait un outil magique pour voir les structures environnantes, mais elle n’avait que son bâton. Elle avait bien compris le fonctionnement de l’outil magique créé par Aja et avait appris à reproduire ses capacités. Des points lumineux apparurent les uns après les autres, indiquant l’emplacement de leurs ennemis et de leurs alliés. Sa tour de surveillance transmettait les informations qu’il détectait et créait rapidement une carte générale de tout le champ de bataille.

« C’est une carte du champ de bataille ?! » s’exclama Kartina, les yeux écarquillés. « Je n’ai jamais entendu parler d’un truc qui puisse montrer tous les soldats et les ennemis en même temps ! »

« Je suis capable de faire ça depuis un moment déjà. Cette fois, j’ai demandé l’aide de la voyante Hakua par l’intermédiaire de ma Tour de surveillance. Grâce à son don, je devrais pouvoir avertir les autres des attaques imminentes. »

Kartina le regardait, incrédule.

La réponse de Mariabelle montrait que sa peur provenait de son ignorance du champ de bataille. Il y a encore quelques instants, elle n’était qu’une enfant qui ne pouvait que regarder et trembler de peur. Il lui suffisait donc d’approfondir sa compréhension et de frapper là où le danger la faisait trembler.

En entendant ce rapport, la commandante Doula ressentit un frisson lui parcourir l’échine. Après tout, avoir une vue d’ensemble des forces ennemies et être capable de prédire leurs mouvements était inédit. Des stratégies qui n’avaient jamais été possibles jusqu’à présent germaient dans son esprit, et elle était impatiente de voir comment la bataille allait se dérouler.

« Doula, tu saignes du nez », dit Zera.

« Ah bon ? Ha ha, je dois être trop excitée, » répondit-elle, les joues roses comme celles d’une jeune fille amoureuse, tandis que son futur mari la regardait d’un air effrayé.

Alors qu’elle levait vaillamment son épée, l’équipe de raid d’Arilai subit une nouvelle évolution. Les forces de Doula, composées d’une centaine d’hommes, se déplaçaient librement sous ses ordres, car sa capacité à voir l’avenir lui permettait de tirer, d’esquiver et de contre-attaquer avec une précision parfaite. Ils allaient devenir le plus grand bataillon d’Arilai, mais c’est une autre histoire.

À partir de ce moment-là, les démons, qui auraient dû être puissants et implacables, périrent sans pouvoir réagir.

 

+++

Je m’étais précipité sur le champ de bataille, puis j’avais laissé un clone derrière moi avant de me téléporter à nouveau. Moins d’une seconde plus tard, le genou du géant écrasait mon clone et creusait un cratère dans le sol. Le maître d’étage encapuchonné tourna la tête vers moi et je l’observai en silence. J’avais affaire à un être doté d’une puissance brute et protégé par d’épaisses barrières. Sa vitesse et sa force étaient hors normes, mais ses mouvements étaient simples.

De mon côté, je préférais zigzaguer dans tous les sens; nos styles de combats étaient donc complètement opposés. Idéalement, je voulais le distraire avec un clone, comme je venais de le faire, et profiter de cette ouverture pour le frapper. Je ne voyais pas comment franchir ces barrières, donc je ne pouvais pas me permettre de m’approcher imprudemment.

« Hum, je dois esquiver toutes ces attaques mortelles et trouver un moyen de briser ces barrières. Je ne sais pas comment je vais m’y prendre », murmurai-je. Je me demandais si c’était déjà échec et mat quand j’entendis une voix adorable à travers le chat mental.

« As-tu des problèmes en ce moment ? »

« Pour être honnête, oui… Attends, as-tu presque fini de ton côté ? L’équipe Diamant a fini son combat plus tôt », répondis-je. « Bon sang, je ne sais pas trop quoi faire ici. Ce maître d’étage est un dur à cuire. »

Pendant que je discutais avec Marie, le maître d’étage Adom se rapprochait de plus en plus, un tourbillon d’air se dégageant de son corps imposant. Il se mit à quatre pattes, bondit dans les airs, puis libéra une onde de choc violette chargée d’une puissante énergie magique. Pour être honnête, je me sentais un peu découragé. Il était impossible d’être aussi rapide avec un corps aussi imposant. Adom s’était réveillé pour la première fois depuis des siècles et semblait déborder d’énergie.

« Je vois. Mais tu cherchais un adversaire de taille, non ? Tu as dit quelque chose comme : “J’aimerais savoir quel goût a la défaite”, non ? »

« Hein ? Je n’ai jamais dit ça », rétorquai-je. « De toute façon, je suis probablement le plus faible de l’équipe Améthyste. »

« Attends, ça veut dire que toi et moi sommes en compétition pour la dernière place ? »

« Pas du tout. » Je ris, puis je songeai à tous les membres de l’équipe. Wridra l’Arkdragon, Shirley, l’ancienne maîtresse d’étage, et Kartina étaient tous hors de ma portée. Marie avait progressé à une vitesse incroyable ces derniers temps, donc je pouvais très bien être le dernier.

Le bruit glaçant de l’épée d’Adom sortant de son fourreau interrompit mes pensées. Le plus inquiétant était la façon dont la lame brillait; ses pulsations magiques me donnaient des frissons dans le dos. Selon Kartina, cette épée valait autant qu’un pays tout entier. Le géant la brandit vers le sol et enfonça la lame dans le champ d’herbe noire.

Je croisai le maître d’étage encapuchonné au ralenti. J’avais activé ma compétence « Accélération », qui fonctionnait en permanence à plein régime pour analyser les attaques de l’ennemi et surtout rester en vie. Alors que j’avais échappé de justesse à la mort, une autre femme m’adressa la parole.

« C’est incroyable comme tu sais esquiver. Tu es d’un niveau supérieur en matière d’obstination, je dois dire. Je ne te porte pas dans mon cœur, mais je dois admettre que tu as du cran », soupira Kartina.

Je la remerciai mentalement pour le compliment, tout en me disant que cet endroit était un monde imaginaire et que je ne pouvais pas vraiment mourir ici. Je n’avais donc pas besoin de courage pour faire ce que je faisais.

« Kartina, comment te battrais-tu contre un adversaire avec des barrières ? Si je devais deviner, je dirais qu’il y en a probablement cinq couches, donc je ne peux pas les briser tout seul. »

« Des barrières, hein ? Maintenant que j’y pense, seuls quelques-uns pouvaient les utiliser dans l’armée des démons. Il existe deux types de barrières : celles qui se concentrent sur un point précis et celles qui couvrent tout le corps. C’est en gros la différence entre un bouclier et une armure. Avec lesquelles as-tu affaire ? » demanda-t-elle.

C’était une bonne question. Je décidai qu’il valait mieux l’attaquer pour voir ce qui se passerait. Ses paumes noueuses étaient pointées vers moi, comme s’il s’apprêtait à lancer une puissante attaque. C’était ma chance. La magie créait souvent une ouverture et profiter de ce moment pour frapper était une technique classique. Si ça marchait, l’ennemi serait plus prudent et s’abstiendrait d’utiliser la magie à nouveau. Si ça échouait… Eh bien, je retournerais dormir.

Un torrent violet foncé transperça l’endroit où je me tenais quelques instants auparavant. C’était un rayon d’environ un mètre de large qui émettait un bruit aigu, semblable au cri d’une femme. J’avais esquivé le rayon et j’avais avancé en secouant la tête, car je savais qu’il m’aurait tué sur le coup.

Je voulais trouver les caractéristiques, et éventuellement les failles, des barrières d’Adom, même si je devais me surmener un peu. J’avais donc décidé de me précipiter en enchaînant les attaques, même si je n’avais pas encore mémorisé tous ses schémas. J’avais d’abord frappé son poignet, mais une barrière apparue dans les airs avait dévié mon attaque avec un grand bruit métallique. Sans m’arrêter, j’avais enchaîné avec des coups sur sa cuisse et sa cheville. Comme la créature était énorme, je ne pouvais vraiment viser que ses membres sans trop d’efforts.

Les membres de la créature brillèrent alors qu’elle se tenait à quatre pattes, puis une force plus puissante me repoussa. Comme je m’y attendais, cinq barrières environ semblaient apparaître à chaque fois que mon épée la touchait.

« Oh, il semble que ses barrières soient concentrées sur un seul point. Comment faire face à ce genre de créatures ? » demandai-je.

« Je vois. D’ici, on dirait que ses défenses sont semi-automatiques. Ce genre de créatures est très difficile à combattre et il sera presque impossible de briser cinq barrières en attaquant un seul point. Laisse-moi t’aider. »

Je ne savais pas trop ce que Kartina voulait dire par là. Elle était censée être la garde du corps de Marie et je lui avais demandé de ne pas descendre ici, quoi qu’il arrive. Un instant plus tard, j’entendis un grondement inquiétant provenant de la tour de pierre où elles se trouvaient. Elle mijotait clairement quelque chose.

Même si je ne maîtrisais pas la magie, je pouvais sentir une énergie intense émaner de leur direction, comme si les ténèbres s’y concentraient et s’y comprimaient. Je n’étais pas le seul à réagir, car Adom tourna également la tête vers elles. La façon dont il les regardait était assez inquiétante.

« Kartina, le maître d’étage te regarde. Tu n’as pas oublié que la sécurité de Marie est ta priorité, n’est-ce pas ? » demandai-je.

« Ha ha, je ne savais pas que tu pouvais parler d’un ton aussi viril », répondit-elle en riant. « Ne t’inquiète pas, Marie et moi sommes bien plus fortes que tu ne le penses. »

J’avais l’impression qu’elle avait dit : « Marie n’a pas besoin d’être protégée en permanence. » Je fus trop distrait par son ton inhabituellement doux pour bloquer l’attaque du maître d’étage.

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