Monster no Goshujin-sama – Tome 3

***

Chapitre  1 : Le vent souffle de l’Est

Partie 1

En frappant le sol, j’avais poussé mon corps vers l’avant.

Courant à travers la forêt parsemée d’innombrables obstacles, j’avais évité les arbres alignés des deux côtés.

Je sentais le vent, le pseudo-vent produit par ma course.

C’était le vent que moi seule pouvais sentir dans ce monde.

La pression de l’air indiquait à quel point la vitesse à laquelle je courais était anormale, ce qui donnait l’illusion que je serais soufflée en arrière même si j’avançais.

J’avais reconnu cette anomalie.

Sans elle, il y aurait des choses que je ne pourrais pas protéger. Alors je devais fuir, et continuer à courir. Avec la chaleur dans ma poitrine qui m’alimentait, mon corps courait.

Et puis, j’étais finalement arrivée à une énorme forteresse

Son nom : Forteresse d’Ebenus. L’une des têtes de pont de l’humanité faite pour retenir les monstres qui habitent la mer des arbres du nord — une forêt teintée d’un épais pouvoir magique — m’avait saluée de la même manière que lorsque j’étais partie.

Heureuse, j’avais poussé un soupir de soulagement… c’est pourquoi je ne pouvais pas lui pardonner.

Tout en calmant la colère dans mon cœur, j’avais terminé le dernier de mon voyage vers la forteresse.

***

« H-Huh ? Attends, n’est-ce pas… Eno ? Es-tu de retour !? »

Quelques minutes après être rentrée dans la forteresse, certains de mes amis m’avaient vue marcher rapidement dans le passage et m’avaient appelée.

Chacun d’entre eux était l’un de mes amis — les membres de l’Unité Expéditionnaire.

Il y a plus de 4 mois, nous avions été transférés dans ce monde sans savoir pourquoi.

Dans une forêt épaisse isolée de la société humaine, des monstres au-delà du bon sens avaient dénudés leurs crocs pour nous dévorer. Afin de lutter contre cette crise claire et rechercher un lieu où chacun puisse vivre à l’aise, l’Unité Expéditionnaire avait été créée.

Pour une raison quelconque, en étant transférés dans ce monde, certains d’entre nous avaient obtenu des pouvoirs au-delà du bon sens.

Nous avions nommé ce pouvoir pour combattre les monstres « les Talents de triche ». Et nous avions pris des mesures pour protéger nos amis impuissants qui avaient été jetés dans un autre monde avec nous et nous avions formé l’« Unité Expéditionnaire ».

J’avais un pouvoir particulièrement fort, même parmi eux.

La plus rapide de l’Unité Expéditionnaire, qui s’enorgueillit de ses capacités physiques écrasantes. La « Grande Coureuse » Eno Yuna. C’était l’actuel moi.

« Hey. Qu’est-ce qu’il se passe ? »

« Où est cet idiot de Watanabe ? Et Juumonji ? »

« Je n’arrivais pas à les joindre à la Forteresse de Tilia, où tu es allée, alors je m’inquiète pour eux… »

« Désolée. Je dois parler au chef de club… non, au Leader, à ce sujet. Je pense que les détails viendront de lui plus tard, » déclarai-je.

Aussi amusant que cela puisse être de leur parler, j’avais des choses à faire, je me dirigeais vers ma destination actuelle.

La forteresse d’Ebenus nous laissait emprunter quelques pièces pour l’Unité Expéditionnaire. La pièce vers laquelle je me dirigeais était celle du chef. Endurant mon désir de commencer à courir, j’avais marché à toute allure dans le couloir.

« A-Attends. Eno ! Un invité arrive dans la chambre du chef. »

« Un invité ? » demandai-je.

J’avais plissé les sourcils devant les paroles de l’élève qui me suivait. C’était Asahi Kawazu.

« Je suis vraiment désolée, Kawazu-kun. Mais, cet invité est-il un comte ou quelque chose de l’Empire, ou l’envoyé d’un vicomte de quelque part qui fait ses salutations ? Ce n’est pas le moment de dire ça, » déclarai-je.

« Non. Il n’est pas…, » commença Kawazu.

En échangeant de tels mots, nous étions arrivés dans la salle.

La porte, si haut de gamme qu’elle vous aurait fait penser « est-ce vraiment une installation militaire ? » était la preuve que notre chef n’épargnait aucune dépense dans cette forteresse.

J’avais senti une présence de l’autre côté de la porte.

Avant que je n’attrape la poignée de porte, la porte s’était ouverte.

De l’autre côté se trouvait un grand homme de près de deux mètres de haut.

Ce n’était pas la personne que je cherchais. L’invité que Kawazu-kun avait mentionné plus tôt était probablement cet homme.

Il émanait de cet homme une atmosphère profonde, comme s’il était cette forteresse elle-même.

Je suppose qu’il avait plus de 30 ans. Ses épaules étaient larges et son corps bien entraîné était volumineux. Son armure massive était différente de celles des Chevaliers de l’Empire et de l’armée de l’Empire qui étaient stationnés dans la forteresse d’Ebenus.

Mais ce qui m’avait un peu surprise, c’est que son visage ressemblait vaguement au nôtre.

Il n’y avait qu’une seule race dans ce monde — j’avais entendu dire quelque part auparavant qu’« il n’y avait que des blancs dans notre monde ».

Mais les traits de l’homme devant moi, bien que profondément gravés, ressemblaient à ceux des Japonais. Ce serait peut-être plus facile à comprendre si j’appelais ça un « visage mi-japonais ». Ses yeux étaient noisette, mais la couleur de ses cheveux courts et uniformément coupés était le noir que j’avais l’habitude de voir.

Derrière lui, il y avait encore un autre grand homme chauve à la peau sombre. Sa couleur de peau était assez plus claire que celle des Noirs de notre monde, mais c’était rare pour un humain dans ce monde. Au moins, je n’avais jamais vu quelqu’un comme eux dans la forteresse d’Ebenus ou la forteresse de Tilia.

Mais il y avait des gens profondément marqués, même parmi les Japonais. Peut-être n’était-ce rien d’autre que des « différences individuelles »…

Le fait que j’ai pu observer les deux hommes comme ça, c’était parce qu’ils me regardaient.

Leurs yeux noisette me fixaient de dessous leurs sourcils épais.

Leurs regards n’étaient certainement pas ceux d’un homme qui jetaient un regard vulgaire sur une femme… Au contraire, si ça l’avait été, j’aurais enfoncé mes poings dans leur torse.

Mais ce n’était pas cela… leurs regards étaient presque comme s’ils essayaient de confirmer mon existence.

Pour une raison ou une autre, ça m’avait fait penser à mon père, un policier.

Mon père respecté me regardait ainsi, moi qui étais mauvaise et encore très jeune. Sa sévérité quelque peu nostalgique avait fait que mon corps s’était recroquevillé spontanément.

« Excusez-moi, mademoiselle. »

Tandis que je m’éloignais avec une grimace, l’homme avait posé sa main sur sa poitrine et s’était excusé poliment.

Il avait rompu sa ligne de mire et j’avais expiré le souffle que j’avais inconsciemment retenu.

L’homme qui avait fait preuve d’une présence étonnamment digne avait continué à marcher dans le couloir et était parti. Après l’avoir vu partir, j’avais repris mes esprits après qu’on m’ait appelée sur le côté.

« … Pourquoi… es-tu ici, Eno-san ? »

La personne debout à l’entrée de la pièce était une grande fille en uniforme.

« … Kuriyama-san, » déclarai-je.

Moeko Kuriyama. Elle en était à sa troisième année, et elle avait un an de plus que moi. Elle était la garde du Leader de l’Unité Expéditionnaire. Ses yeux aiguisés me regardaient de dessous ses lunettes sans monture, puis Kawazu-kun se plaça à côté de moi.

« Et pourquoi es-tu ici, Kawazu-san ? On t’a donné du travail, n’est-ce pas ? » demanda Kuriyama.

« A —, euh…, » balbutia Kawazu.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Kuriyama.

« … Désolé. Je vais y retourner maintenant, » déclara Kawazu.

Après avoir conduit Kawazu, qui m’avait suivie d’un regard froid, Kuriyama-san s’était tournée dans cette direction.

« Eno. N’aurais-tu pas dû être à la forteresse de Tilia pour sauver les survivants de la colonie ? Ne te rappelles-tu pas que tu devais t’engager dans le sauvetage jusqu’à ce qu’un autre ordre te soit donné ? » demanda Kuriyama.

« Oui, c’est vrai. Je suis revenue tout à l’heure. J’ai quelque chose à dire au Leader, peux-tu lui dire que je suis là ? » demandai-je.

J’étais mauvaise quand il s’agissait d’interagir avec cette Senpai plus âgée d’un an.

Dans notre ancien monde, elle était une excellente étudiante, et j’avais entendu des choses comme « c’est un génie qui veut faire des études de médecine pour réussir dans l’entreprise familiale ». En fait, elle était très intelligente, et soutenait le Leader… mais, je n’avais pas pu m’empêcher de sentir quelque chose de sombre et de froid.

Pourquoi l’avait-il nommée pour ça et l’avait-il gardée près de lui ? C’était le seul domaine où je ne comprenais pas la décision du Leader.

… Constatant que je pensais de telles choses, je m’étais réprimandée.

Ce n’était pas ça. Elle était l’une de mes alliées dans l’Unité Expéditionnaire, quelqu’un en qui je pouvais avoir confiance. Elle était l’une de mes braves alliées qui avaient décidé d’aller en Extrême-Orient pour protéger toute l’école.

D’ailleurs, le Leader l’avait reconnue et l’avait gardée près de lui. Ce Leader l’avait fait. À ce moment-là, il ne faisait aucun doute qu’elle était l’une des personnes en qui vous pouviez avoir le plus confiance.

Le Leader avait dû voir les bons points en elle que je ne pouvais pas voir.

… Même s’il l’avait fait, ça ne voulait pas dire que je la trouvais moins difficile à gérer.

« Cette voix… Est-ce Eno ? » demanda le leader.

Alors quand la voix d’un garçon était venue de l’intérieur de la pièce, j’avais été un peu soulagée.

« Laisse-la entrer, Moeko. Il y a beaucoup de choses que j’aimerais entendre d’Eno, » déclara le Leader.

« … D’accord. S’il te plaît, entre. Eno-san, » déclara Kuriyama.

Kuriyama s’était écartée, et elle m’avait laissée entrer dans la pièce.

Faisant attention à Kuriyama-san derrière moi, j’étais entrée dans la pièce.

Dans le coin de la pièce spacieuse se trouvait un canapé faisant face à une table à pieds courts. Jusqu’à tout à l’heure, je suppose qu’il accueillait l’invité là-bas. Notre chef, Kojirō Namajima, était présent.

C’était un garçon avec un visage et une silhouette bien en évidence, même à mes yeux, et j’avais l’habitude de voir ça.

Un masque sucré donnait l’impression qu’il n’y avait rien d’étrange à ce qu’il ait un groupe d’individus qui l’idolâtre. Des sourcils épais et pleins d’intention étaient présents et sa silhouette haute et tendue était vêtue de vêtements de ce monde.

Dans l’Unité Expéditionnaire, il y en avait qui revêtaient les vêtements de ce monde, et d’autres qui ne les revêtaient pas. Certains d’entre nous, comme moi, avaient continué à porter nos uniformes parce qu’on se sentait simplement plus à l’aise que les vêtements de ce monde, mais au contraire, le Leader avait été le premier à mettre les vêtements de ce monde, et à se débarrasser de son uniforme et autre chose.

Je pense qu’il l’avait fait pour déclarer ses intentions. En raison de son poste, il avait eu en particulier de nombreuses occasions de rencontrer des personnes importantes de ce monde, comme cet envoyé.

Parmi les membres de l’Unité Expéditionnaire résidant ici à la forteresse d’Ebenus, il y avait environ 30 étudiants de sexe masculin qui l’imitaient. J’avais déjà ri avec ma copine que « les hommes ne sont que des idiots »… c’était arrivé juste avant que je ne parte pour sauver la forteresse de Tilia, n’est-ce pas ?

« Tu es revenue saine et sauve, Eno. Tout le monde était inquiet, » déclara le leader.

Le leader s’était levé et il était venu vers moi.

Cela seul avait changé l’atmosphère. Je me sentais soulagée qu’il ne fasse que me parler.

En fin de compte, je crois que c’est son charisme.

Je m’étais rendu compte que je commençais à me sentir à l’aise, et c’est pourquoi je m’étais reprochée, « ce n’est pas ça ».

« Je m’excuse de ne pas avoir pu te joindre. Chef de Cl — … désolé, Leader, » déclarai-je.

« Même si tu m’appelles chef de club, ça ne me dérange pas, » répondit-il.

Même pour de tels échanges, cela faisait très longtemps.

Nous appartenions au même club de kendo quand nous étions dans notre ancien monde. Bien sûr, les activités elles-mêmes étaient divisées entre les filles et les garçons, mais nous avions eu des échanges grâce à notre relation de Senior et Junior.

Maintenant que j’y avais pensé, il était peut-être un peu différent des autres étudiants de l’époque.

Sans lui, j’ose dire que nous n’aurions pas tenu quelques jours dans ce monde. Même quand je ne faisais que me souvenir de moi-même, je le savais très bien.

Après être venue au monde, j’avais obtenu un pouvoir extraordinaire.

Mais, il n’y avait pas de sens au pouvoir avec seulement de la force derrière lui. J’avais essayé de protéger tout le monde des monstres attaquants, mais ce n’était pas suffisant. C’est lui qui avait fait de ma volonté de « protéger » une réalité.

Je m’en souvenais encore clairement, même maintenant. Le deuxième jour de notre transfert.

À cette époque, même la construction du village temporaire que nous avions plus tard surnommé « la colonie » n’avait pas encore commencé, mais nous avions pris notre courage à deux mains et avions commencé à explorer la région qui nous entourait.

Il y avait encore une centaine de tricheurs conscients de leur pouvoir. En explorant les environs, nous avions rencontré des monstres d’innombrables fois.

Le bruit de la bataille attira l’attention des monstres. La bataille contre les monstres qui approchaient avait attiré encore plus de monstres vers nous.

Le temps que je m’en rende compte, la situation était devenue impossible à régler. Après tout, nous venions d’être transférés d’un Japon paisible, nous n’avions même pas une expérience de combat décente.

Nous devions être un peu plus prudents. Cependant, c’était impossible pour nous à ce moment-là, nous n’avions pas agi de façon ordonnée.

J’avais déjà la capacité contre nature de courir plus vite que n’importe qui d’autre à l’époque, et j’étais un peu habituée à balancer une épée. Mais même mes yeux étaient peints en noir de désespoir.

Par exemple, je pourrais probablement survivre seule.

Mais, et si les monstres se précipitaient vers les centaines d’étudiants impuissants qui ne savaient rien ? … Il n’y avait aucun moyen de les protéger tous.

J’avais été écrasée par ma propre impuissance, en pensant à l’avenir noir indéniable.

Même si je pensais « qu’est-ce que je fais ? » je savais que je ne pouvais rien faire.

Pourtant, je m’étais dit qu’il fallait que je me batte, et j’avais tourné mes jambes vers les nombreux monstres.

Mais ensuite, un autre tricheur s’était rassemblé et il était venu.

Devant les monstres pressés de la partie profonde de la mer des arbres, portant l’épée d’or brillante qui était sa capacité, il m’avait frappé l’épaule pendant que je tremblais de peur, pensant à l’avenir tragique, et parlant :

— Sors-le de ta poitrine. Eno Yuna. Peu importe qui le nie, même si tu ne le reconnais pas, je reconnaîtrai ta volonté comme quelque chose de précieux.

— Et pas seulement toi, Eno. Est-ce que la valeur des autres est juste ça ? Que « ça s’arrête là » ?

— Je ne le reconnaîtrai pas. Peux-tu accepter ce qui est en jeu ici ? Dans un endroit comme ça, mourir comme ça ? N’abandonne jamais. Continue avec moi !

De plus, il balança son épée brillante et attira leur attention, en se démarquant délibérément. D’abord, il avait attiré les monstres dans un endroit loin des étudiants impuissants que nous devions protéger derrière nous.

Dès lors, il avait joué un rôle énorme en massacrant plus de monstres que n’importe qui d’autre avec une force puissante et un cœur inébranlable, et si un autre étudiant allait mourir d’un manque d’expérience de combat, il les avait même couverts.

Moins de 50 personnes participèrent à la bataille à l’époque, mais son pouvoir augmenta à de nombreuses reprises en raison de cette seule action.

Après la fin de la bataille, notre centre était naturellement devenu lui. L’Unité Expéditionnaire avait été formée par sa proposition. Au début, il y avait environ 50 personnes, mais le nombre de membres avait augmenté progressivement. Il n’y avait pas d’autres mouvements pour faire une organisation, mais ses actions énergiques nous avaient unis.

Même si nous n’étions qu’une foule désordonnée, avec ce pouvoir, il nous avait réunis : notre héros. C’était… l’« Épée de Lumière », Kojirō Namajima.

***

Partie 2

« Pour être honnête, tu m’as sauvé, » assis sur le canapé en face de moi, le Leader avait parlé.

« Le contact avec la forteresse Tilia a été perdu, et un certain temps s’est écoulé. Le relais de l’information dans ce monde est trop lent, car il n’y a pas moyen d’entrer en contact par une technique magique. Mais même alors, puisque la “Grande Coureuse” était arrivée. Cela ne servirait à rien d’envoyer quelqu’un d’inférieur. Je me suis dit : “Je devrais peut-être y aller moi-même ?”, » déclara le leader.

« Ça ne suffirait pas, n’est-ce pas, capitaine ? » Kuriyama-san, debout derrière le Leader, avait laissé glisser quelques mots. « Capitaine, tu dois fortifier la forteresse des personnes transférées dans ce monde. »

« … Comme tu peux le voir, Moeko a été très ennuyeuse. Je ne pouvais pas bouger, alors tu m’as sauvé en revenant maintenant, » déclara le Leader.

« Même sans une telle raison, n’est-ce pas une chance qu’elle soit revenue maintenant ? » demanda Kuriyama.

« Ah, c’est vrai. Je suppose qu’il y a ça aussi. C’est bien qu’elle soit arrivée à temps, » déclara le Leader.

« Attendez une seconde, s’il vous plaît. Que voulez-vous dire exactement ? » demandai-je.

J’avais interrompu l’échange des deux personnes devant moi.

« Oh. Ouais. Cela me fait penser à quelque chose. Quand j’ai jeté un coup d’œil un peu plus tôt, j’avais l’impression qu’il y avait exceptionnellement peu de membres dans la forteresse. Est-ce que tout le monde a peut-être du travail à faire et est sorti ? Comme une extermination à grande échelle ? » demandai-je.

Comme il avait dit « C’est bien qu’elle soit arrivée à temps », j’avais fait cette supposition.

Dès mon arrivée ici, le Leader négocia avec les chevaliers stationnés ici dans la forteresse d’Ebenus, et à partir de là, l’Unité Expéditionnaire fut engagée pour soumettre les monstres des environs.

Selon la coutume, après leur arrivée dans ce monde, les personnes transférées étaient invitées en héros dans l’église de l’Empire. Cependant, nous, l’Unité Expéditionnaire, n’avions pas répondu à leur demande de rassemblement. Nous avions dû sauver les autres étudiants qui avaient dû rester à la colonie.

Comme elle était équipée d’une méthode de communication à longue distance, la forteresse d’Ebenus était la meilleure pour recevoir le contact de la forteresse de Tilia, la plus proche de la colonie dans la partie profonde de la mer des arbres. Si nous allions dans la capitale impériale ou ailleurs, cela signifiait abandonner nos amis effrayés dans la mer des arbres. Bien qu’il n’y ait pas eu d’objections de la part de l’Unité Expéditionnaire, c’était par l’idée du Leader que nous étions restés dans la forteresse d’Ebenus.

Quant à l’assujettissement des monstres dans la région, le Leader avait suggéré que « Tant que nous restons ici, nous ne devrions pas rester les bras croisés ».

À ce propos, s’il y avait une opération à grande échelle, je serais d’accord pour dire qu’il était bon que moi, la « Grande Coureuse », je sois arrivée à temps.

« Les deux personnes d’avant, sont-elles liées à cela ? Je veux dire, ils n’avaient pas ce sentiment de “personne normale” chez eux, » déclarai-je.

« Je pense qu’ils seront ravis que la “Grande Coureuse” ait dit cela. Quoi qu’il en soit, ta supposition est à moitié correcte. Ils sont impliqués, mais ce n’est pas ce que tu penses, » déclara le Leader.

« Alors… ? » demandai-je.

« Ce sont les Chevaliers de l’Église. Tu en as au moins entendu parler, n’est-ce pas ? » demanda le Leader.

« Les Chevaliers de l’Église… Ce sont les plus grands guerriers qui combattent aux côtés des héros de ce monde, non… ? » demandai-je.

« Correct. Leur patience s’est émoussée, et ils sont finalement venus nous voir en personne. Et bien sûr, cela inclut de voir leur chef en personne, » déclara le Leader.

« Sont-ils venus nous voir ? » demandai-je.

« C’est l’un de leurs boulots, afin de vérifier si les héros nouvellement apparus sont réels ou non, » répondit le Leader.

Je m’étais souvenue des yeux de l’homme de tout à l’heure.

C’était donc ça, le sens derrière tout ça ? … Ce n’était pas agréable, mais pour les habitants de ce monde, les personnes transférées d’un autre monde étaient comme une bouée de sauvetage pour le monde. Il fallait peut-être s’assurer qu’ils étaient vrais ou faux.

« Mais je t’ai dit que c’était comme une confirmation, » déclara le Leader.

« Alors, un Leader qui peut hausser les épaules et le dire avec légèreté, c’est vraiment incroyable, tu vois ? » déclara Kuriyama.

« Vraiment ? Le visage de cet homme était assez effrayant. Pourtant, ce ne sont pas des monstres ou quoi que ce soit. En raison de cela, l’entrevue s’est terminée plus tôt. Le résultat est que nous avons réussi. Nous, venant d’un autre monde, cela n’était naturellement pas un mensonge, » déclara le Leader.

« Est-ce bien tout cela ? » demandai-je.

« C’est ce qu’on pourrait penser… Mais, rester ici plus longtemps que ça est devenu difficile, » déclara le Leader.

« Tu as reçu une invitation, c’est ça ? » demandai-je.

« Ouais. Ils ont l’air troublés. C’est une histoire qui relève de la politique, mais je ne sais pas grand-chose à ce sujet… Bien que je ne sache pas, comme nous recevons une telle faveur, même nous ne pouvons pas l’ignorer pour toujours. L’Unité Expéditionnaire quitte Ebénus, » déclara le Leader.

Le Leader avait parlé d’un ton éclairé au sujet de la décision, faisant un visage troublé tout en fronçant légèrement les sourcils.

« Mais, eh bien, il semble que leurs attentes soient à moitié déçues. Ils ont eu un peu de retard pour venir ici, » déclara le Leader.

« En retard ? » demandai-je.

Alors que j’inclinais la tête, Kuriyama-san avait répondu à ma question. « Il y a 63 membres de l’Unité Expéditionnaire ici et maintenant. C’est à peu près la moitié. Ils se préparent à quitter la forteresse. Les autres étudiants ont déjà quitté la forteresse. »

« Resté à… la forteresse… ? Où va-t-on ? » demandai-je.

« Qui sait ? Peut-être, la capitale impériale, peut-être ailleurs, » répondit le Leader.

J’avais été choquée par la vérité qu’il avait annoncée sur un ton peu intéressé. Et, à en croire qu’il avait fait tout ce qu’il pouvait pour le formuler comme « le reste des étudiants », il était évident qu’il s’était passé quelque chose.

« Ont-ils eu un problème !? » demandai-je.

« Cette façon de l’appeler est fausse, Eno. Ils sont partis de leur propre gré, » déclara le Leader.

Le Leader secoua la tête. « Nous ne sommes pas obligés de rester ensemble. Nous avons été transférés dans un autre monde et assemblés de notre propre gré pour sortir de l’impasse qui nous attendait. N’est-ce pas vrai ? Ta déclaration rend nos sentiments à ce moment-là inutiles. »

« Mais…, » déclarai-je.

« Nous avons traversé des épreuves, et finalement nous sommes venus ici, non ? Ne serait-il pas naturel qu’ils ressentent le besoin de vivre comme ils l’entendent à partir de maintenant ? Je les accompagnerai silencieusement, en priant pour que leur voyage soit un bon voyage. Tout d’abord, vouloir aider ceux qui restent dans la colonie, c’est un peu mon égoïsme. Comme je le fais de mon plein gré, j’espère qu’ils aimeront vivre dans ce monde par eux-mêmes. Ils n’ont pas à craindre que je m’énerve, » déclara le Leader.

C’était une phrase qui ressemblait beaucoup au Leader.

Il appréciait la volonté de chacun. C’était parce qu’il était un homme comme ça qu’il était possible de dire qu’il avait été capable d’aller aussi loin en menant un groupe de plus de cent personnes après un voyage sans fin.

Je n’avais rien à dire maintenant.

« Si tu changes ta façon de penser —, » puis Kuriyama-san avait glissé en quelques mots. « Alors tu peux dire que les impuretés ont disparu maintenant, n’est-ce pas ? »

Kuriyama-san continua, ignorant le fait que je la fusillais du regard. « Les seuls ici sont ceux qui sont d’accord avec l’idéal du capitaine et qui veulent rester ici. Et je pense que c’est la même chose pour toi aussi. Mais, et toi, Eno-san ? »

« C’est vrai. J’aimerais que tu viennes avec nous dans la capitale impériale, Eno. Bien sûr, je ne peux pas te forcer, mais je serais heureux que tu viennes, » déclara le Leader.

« Je…, » commençai-je.

Avec les deux autres devant moi, j’avais hésité à répondre.

Mais j’avais déjà tout à fait envie de le faire. Avant de venir ici, il y avait quelque chose que je pensais devoir faire.

« Je suis désolée, chef. Je ne peux pas venir avec toi, » déclarai-je.

« Ah, je vois. Si ça ne te dérange pas, puis-je te demander pourquoi ? Non. Maintenant que j’y pense, je n’ai pas de nouvelles de toi quant à si quelque chose s’est passé à la forteresse Tilia, n’est-ce pas ? » demanda le Leader.

« Non, tu ne l’as pas fait. Je vais en parler plus en détail maintenant, mais j’ai quelqu’un que je dois attraper, » déclarai-je.

J’avais serré le poing.

« Alors que je me rendais dans la partie profonde de la mer des arbres aux côtés des chevaliers de l’Empire pour aider les survivants, la forteresse Tilia fut attaquée par des monstres. Beaucoup de gens sont morts. C’est l’acte des gens qui sont venus dans ce monde avec nous. Cela ne peut être pardonné. Quoi qu’il en soit, je veillerai à ce qu’ils reçoivent le jugement de la loi, » déclarai-je.

« … Je… Je vois. Donc la forteresse Tilia était vraiment…, » déclara le Leader.

Tandis que le Leader m’écoutait, ses yeux s’ouvrirent un peu.

Mais, au moment où il avait perdu le contact avec la forteresse de Tilia, il avait dû supposer qu’il s’agissait d’une telle situation. Sa réaction s’était arrêtée là, et il m’avait exhortée à continuer avec ses yeux.

« Je quitterai la forteresse peu après. Pour chasser les criminels, » déclarai-je.

« Des criminels… des criminels, hein ? Sais-tu qui a fait ça ? » demanda le Leader.

« L’information semble avoir été mélangée, et je n’ai pas pu rencontrer les Chevaliers de l’Alliance, qui connaissent le fond du problème… Mais on m’a donné les noms de deux suspects. C’est malheureux, mais je ne sais pas où se trouve Riku Kudo, l’un des deux. Il semble se cacher dans la mer des arbres, » déclarai-je.

« La mer des arbres est immense. Mets-le de côté pour l’instant. Ce qui veut dire, je présume que tu vas poursuivre l’autre suspect, non ? » demanda le Leader.

« Oui, » j’avais hoché la tête.

Tout en retenant la colère dans ma poitrine, j’avais prononcé son nom en serrant les dents.

« Son nom est Takahiro Majima. Je vais le poursuivre à partir de maintenant. »

***

Chapitre 2 : Rêver d’Elle et de Tu es Ici

— Celui qui m’avait demandé si j’allais regarder les étoiles était Mikihiko Shumoku, mon ami avec qui je traînais depuis le collège.

À la fin d’avril, juste après que je sois devenu un lycéen, le rassemblement d’observation du ciel étoilé avait eu lieu à l’école, le soir par le musée local des sciences.

Cela faisait partie d’un événement visant à approfondir les relations dans une nouvelle école, et cela s’était déroulé la nuit du samedi au dimanche avec l’observation du ciel nocturne. Il y avait plus de 30 participants et 2 enseignants. Heureusement, Mikihiko et moi n’avions pas été éliminés du tirage au sort et avions pu participer.

Pendant la nuit, les participants s’étaient tous rassemblés sur le toit de l’école. Ensuite, nous avions d’abord étudié le ciel étoilé.

Même si j’étais là parce que j’y étais invité, je n’étais pas vraiment intéressé par les étoiles… en fait, la majorité des étudiants étaient comme moi, mais il semblait que les autres étaient au courant de cela. Le conservateur envoyé par l’école avait fait une explication planifiée, et c’était très intéressant.

Ensuite, nous avions observé la lune et les planètes à l’aide d’un télescope astronomique, et nous avions cherché les corps célestes qui étaient visibles. Alors que quelqu’un photographiait une étoile avec la minuterie d’un appareil photo numérique, un élève avait interrompu la photo pour faire une blague, et le professeur qui nous regardait l’avait averti.

Un événement inhabituel comme celui-là —, c’était une scène de la vie quotidienne.

Je me demandais pourquoi lorsque j’avais pensé à cela, quelque chose m’avait frappé.

Même si j’aurais dû voir le toit de l’école pour la première fois la nuit, je n’avais pas pu m’empêcher d’être nostalgique.

C’était le monde dans lequel nous vivions. Je n’aurais pas dû faire tout ce que je pouvais pour le confirmer… Je n’aurais pas dû, mais je n’avais pas pu m’empêcher de penser que c’était désespérément loin.

Tout ce à quoi j’avais essayé de ne pas penser avait presque commencé à déborder.

Les pensées que j’avais enterrées et emprisonnées avaient presque commencé à déborder.

Ne pleure pas.

Au fond de moi, je savais que ce rêve se réaliserait facilement si je faisais quelque chose que je n’avais jamais fait auparavant.

Et même si je ne l’avais pas fait, ce rêve approchait lentement de sa fin. Le monde disparaissait peu à peu des limites de ma vision.

Je ne voyais plus les étoiles.

Puis, une étudiante debout sur le toit… s’était tournée par là.

Elle avait un beau visage. C’était bien évidemment une lycéenne. Je me souviens d’avoir été un peu choqué quand les participants s’étaient rassemblés, « y avait-il une fille aussi mignonne ? » Elle était dans une classe différente, et je n’avais pas eu d’interaction avec elle, donc je n’aurais pas eu d’échanges avec elle après ça…

Je m’en doutais, mais nos yeux s’étaient croisés et la fille avait souri.

Ses cheveux pâles, d’un blanc éclatant sous le clair de lune, se balançaient — et puis ma vision s’était estompée pour devenir noire.

 

***

 

« Ah, Maître. T’es-tu réveillé ? » demanda Lily.

La première chose que j’avais vue après mon réveil, c’était Lily, habillée en uniforme. Elle regardait par là, assise sur le lit sur lequel j’étais allongé, face contre terre.

La fenêtre dans le cadre en bois était ouverte, et le soleil matinal qui brillait de là faisait ressortir tout son corps dans la chambre sombre. Ses cheveux pâles, de la couleur du lin, étaient transparents et brillants. La scène ressemblait à une peinture grandeur nature.

« Bonjour, Maître, » déclara Lily.

Nos yeux s’étaient croisés, et Lily m’avait fait un sourire amical.

Pendant un instant, ce sourire s’était superposé à la scène que j’avais vue quelque part auparavant.

« Hm ? Qu’est-ce qu’il y a ? » me demanda Lily.

« Eh bien. Je me sens…, » commençai-je.

En me frottant les yeux, je m’étais levé du lit.

« Je me sens comme… si j’avais fait un rêve un peu nostalgique, » continuai-je à répondre.

Le vague sentiment caractéristique des rêves s’était déjà estompé. La seule chose qui me restait dans la tête, actuellement lente après m’être levée, c’était un étrange déjà vu.

« Un rêve ? Quel rêve as-tu fait ? » demanda Lily.

Les yeux de Lily scintillaient. « Était-ce un cauchemar ? »

Inquiète, elle se pencha et étendit un doigt, touchant mon front.

Elle possédait une température corporelle légèrement plus basse. La chaleur de son corps était quelque chose à laquelle j’étais habitué. En pensant à quelque chose de si naturel, j’avais un peu souri.

« … Nah. Ce n’est pas grand-chose. Plus important encore, tu es de retour, » déclarai-je.

« Ah, ouais. Il y a quelques minutes. Je fais une pause en ce moment, » déclara Lily.

Lily hocha la tête, retirant sa main de mon front.

« Et tous les autres ? » demandai-je.

« Rose était là jusqu’à il y a peu de temps, mais j’ai échangé avec elle quand je suis revenue, et elle est allée voir comment va Kato-san, » répondit Lily. « Gerbera s’est endormie ici après m’avoir aidée, mais elle est sortie il y a quelques instants. Elle a dit qu’elle allait faire une promenade avec Ayame. »

« Vous sortez vous promener ?... Est-ce bon ? » demandai-je en étant un peu inquiet.

« Tu t’inquiètes vraiment beaucoup, n’est-ce pas ? » demanda Lily.

Légèrement étonnée, Lily desserra son charmant sourire.

J’avais remarqué que j’avais froncé les sourcils inconsciemment alors je me sentais un peu gêné.

« Tout va bien se passer. Je m’inquiète un peu pour Ayame, mais j’ai dit à Gerbera de veiller sur elle, » déclara Lily.

« Vraiment ? Eh bien, d’accord. Je te remercie, » déclarai-je.

« Vas-tu aussi sortir, Maître ? Alors, change de vêtements. Je vais demander le petit déjeuner, » déclara Lily.

Après avoir dit ça, Lily avait quitté la pièce. J’avais décidé de me changer entre-temps.

Tandis que j’essayais d’attraper les vêtements que Gerbera avait pliés et laissés après avoir enlevé mes vêtements de nuit, la vigne parasite Asarina s’était étendue du dos de ma main gauche et avait tiré les vêtements vers moi.

Je les avais pris avec un « merci », et j’avais fait passer mes bras à travers les vêtements.

Une fois que j’aurais fini de me changer et après avoir pris mon petit déjeuner, je voulais aller rencontrer Silane aujourd’hui. J’avais prévu d’entendre diverses choses sur l’état actuel de la forteresse de sa part.

« … »

Il y a deux jours, la forteresse de Tilia — un endroit où séjournaient des dizaines de personnes transférées, dont moi — avait été attaquée par une horde de monstres contrôlée par Kudo, un autre dresseur de monstres.

Après cet incident, j’avais emprunté un étage dans le quartier résidentiel de la forteresse et j’étais resté à la forteresse de Tilia avec toute ma famille, dont Rose et Gerbera.

L’attaque de l’autre jour avait fait un grand nombre de victimes, donc même si vous n’incluiez pas les compartiments de la forteresse qui étaient si détruits qu’ils ne pouvaient être utilisés, il y avait beaucoup de pièces. Même si on en utilisait quelques-uns, ce n’était pas un problème.

À l’origine, trois organisations militaires étaient stationnées dans la forteresse Tilia : l’Armée de l’Empire du Sud, l’Ordre des Chevaliers de l’Empire et l’Ordre des Chevaliers de l’Alliance.

À ce jour, l’Armée de l’Empire du Sud comptait environ 300 survivants, l’Ordre des Chevaliers de l’Alliance en comptait environ 50, et une centaine de non-combattants étaient vivants. Les Chevaliers de l’Empire, à l’exception de ceux qui accompagnèrent Eno Yuna pour sauver les personnes transférées survivantes dans la partie profonde de la mer des arbres, avaient été anéantis lorsque Juumonji avait trahi tout le monde.

Étant donné que la forteresse de Tilia ne comptait pas moins de 2 000 personnes stationnées à l’origine, il était clair qu’il s’agissait d’une perte dévastatrice.

S’il s’agissait d’une guerre avec des adversaires humains, ils auraient pu se rendre avant que cette perte ne se produise. Les dégâts étaient énormes parce que les ennemis étaient des monstres, un adversaire contre qui la reddition n’était pas une option, et parce qu’il n’y avait nulle part où aller.

D’autre part, en ce qui concerne les personnes transférées restant dans la forteresse, Juumonji Tatsuya — le principal responsable de cet incident — était décédé. Neuf des élèves du groupe « Rester à l’Arrière » de la colonie — dont Sakagami, le complice de Juumonji — étaient morts, ainsi que Watanabe Yoshiki de l’Unité Expéditionnaire.

Outre moi, Mikihiko, Miyoshi Taichi et ses 3 amis avaient survécu. Eno Yuna n’était pas encore rentrée de la mer des arbres. Et il restait Kudo Riku.

— Hé, Senpai. Pourquoi ne joignez-vous pas vos forces aux miennes ?

Ce jour-là, je n’avais pas répondu à la main tendue de Kudo.

Je savais qu’en saisissant cette main, je jetterais tout ce que j’avais d’important dans le passé et deviendrais un monstre comme lui.

Cependant, il avait aussi dit qu’il ne me laisserait pas tomber.

Cela signifiait que je le reverrais un jour.

Sous quelle forme apparaîtrait-il à nouveau devant moi, et que se passerait-il alors ? Je ne pouvais même pas imaginer ça maintenant.

« Qu’est-ce qui ne va pas, Maître ? » demanda Lily.

Quand j’avais repris mes esprits, Lily était retournée dans la pièce.

Sur le plateau qu’elle tenait en main, il y avait des légumes racines bouillis et un bol de fine bouillie de riz avec de la viande séchée saupoudrée à l’intérieur. « Rations d’urgence, hein ? »

Lily le posa sur la table circulaire placée près de la fenêtre, puis elle me regarda d’un œil curieux. C’est alors que j’avais remarqué que mes mains ne bougeaient plus.

« O-Oh. J’ai été un peu distrait, » déclarai-je.

En esquivant la question avec un rire, j’avais enterré dans mon cœur la vague anxiété que j’avais envers l’avenir.

Après un changement rapide de vêtements, je m’étais assis sur la chaise face à Lily.

Devant moi, il y avait une portion de petit déjeuner pour une personne. J’avais incliné la tête.

« Ne vas-tu pas manger ? » demandai-je.

« Bon sang. Tu dors encore à moitié, Maître ? J’ai déjà beaucoup mangé. J’ai dit que je faisais une pause, tu t’en souviens ? » demanda Lily.

Lily avait légèrement frappé son estomac avec un « smack ».

Ma ligne de visée s’était abaissée accidentellement, et j’avais immédiatement détourné les yeux. Bien que nous ayons eu une relation intime, elle était toujours une femme. Je ne pouvais pas trop la fixer.

« Maintenant que tu le dis, je m’en souviens… Où en est le traitement ? » demandai-je.

« Hmm. D’hier à aujourd’hui, je dirais environ 30 %…, » répondit Lily.

Depuis hier soir jusqu’à ce matin, Lily s’était éloignée de moi, laissant Rose pour me garder.

C’était parce que je lui avais donné un travail qu’elle seule pouvait faire.

La forteresse de Tilia avait peut-être surmonté une crise sans précédent, mais les survivants n’avaient pas eu le temps de se reposer, ils avaient été pressés par le post-traitement de tous ces événements.

Les échelons supérieurs de l’armée qui s’occupaient de la forteresse participèrent à l’opération de contre-offensive, aveuglés par un désir de réussite. Ils avaient ensuite été détruits par la magie de Juumonji quand il avait montré ses vraies couleurs, et avaient rejoint la liste finale des morts. Le Leader des Chevaliers de l’Alliance avait pris le commandement des survivants et s’occupait peu à peu maintenant du traitement de la situation, mais le plus gros problème avec cela était le grand nombre de morts.

La parcelle de terre connue sous le nom de « Mer des arbres » était riche d’une forte puissance magique. Si on les laissait ainsi, les nombreux morts se transformeraient en monstres, ou plus précisément en zombie. Si nous ne nous en occupions pas rapidement en quelques jours, la forteresse de Tilia pourrait même être dévorée de l’intérieur et détruite par les morts-vivants, même si elle avait finalement surmonté la crise.

Bien sûr, même si nous les laissions seuls, les cadavres pourrissaient et causaient des maladies. Par conséquent, le traitement des cadavres était devenu une priorité absolue, mais les cadavres restants n’étaient pas que des humains. Le grand nombre de monstres qui s’étaient précipités sur la forteresse avait laissé des cadavres partout dans la forteresse.

J’avais demandé l’aide des Chevaliers pour cela.

Il y avait beaucoup de raisons pour lesquelles nous étions responsables de cela, mais l’une d’entre elles était à cause de ce que Kudo avait dit.

Dans ce monde, vous pourriez obtenir un pouvoir magique en tuant des choses avec un pouvoir magique, pas seulement en tuant des monstres. Selon Kudo, vous pourriez obtenir des pouvoirs magiques beaucoup plus efficacement en mangeant leur chair au lieu de simplement les tuer.

En fait, Kudo avait recueilli les restes des personnes transférées pour cette raison, car elles possédaient de grandes quantités de pouvoirs magiques en elles.

Naturellement, c’était une loi qui ne s’appliquait qu’aux monstres.

En ce sens, il y avait plus de mérite qu’il n’en fallait pour nous occuper des cadavres des monstres éparpillés dans la forteresse.

Il va sans dire que Lily avait les plus grandes aptitudes pour cela.

C’était un slime. Sa caractéristique particulière était la prédation. Elle avait tapoté son estomac plus tôt, mais elle était une créature amorphe, elle n’avait aucune restriction de taille d’estomac pour ses repas. Et en plus, c’était un slime mimétique. Elle pouvait imiter les monstres qu’elle mangeait et obtenir leurs capacités.

C’est pourquoi j’avais demandé à Lily de s’occuper des monstres.

Au fait, j’avais demandé à Gerbera de transporter les cadavres de monstres dans une pièce où restait Lily. Comme elle s’était promenée ce matin, elle aurait dû faire une pause dans son travail.

« Mais, 30 %, hein ? C’est un meilleur rythme que je ne le pensais, » déclarai-je.

« Le temps qu’il faut et la décomposition sont prioritaires, donc la digestion est rapide, » répondit Lily.

« Je vois, » répondis-je.

Hier, j’étais allé avec elle à son travail. J’avais repensé aux différents monstres que j’avais vus à l’époque et j’avais hoché la tête.

Il y a deux jours, la priorité avait été donnée à Juumonji le tricheur, et nous avions évité de combattre des monstres autant que possible. Cependant, il y avait beaucoup de monstres non biologiques, tels que les Golems de Terre, les Poupées de Boue d’environ un mètre de haut, et les Élémentaires de Feu, qui étaient un assemblage de polyèdres rouge foncé. En plus d’eux, il y avait aussi les Fourmis d’Acier, de grandes fourmis aux carapaces métalliques, les Tortues Blindées, qui étaient de grosses tortues, etc.

La capacité de digestion et d’absorption d’un slime était, en termes simples, l’une de leurs caractéristiques particulières en tant que monstre magique. La plupart des choses peuvent être digérées. Mais, il y avait un petit quelque chose qu’on appelait la compatibilité, selon ce que c’était, certaines choses prenaient du temps.

« Je peux encore les traiter pendant quelques jours, » déclara Lily.

« Tu peux, hein ? Alors, s’il te plaît, concentre-toi là-dessus pendant un moment. Ce sera difficile à cause des chiffres, j’imagine, mais…, » répondis-je.

« Non. Ce n’est pas si difficile. C’est la première fois depuis ma naissance que je mange autant. Mais, plus important encore…, » déclara Lily.

Lily s’était léché les lèvres. Sa langue rouge était captivante.

Je m’étais involontairement figé, la cuillère remplie dans ma bouche.

« … Hé, Maître, » déclara Lily.

Le sourire que Lily m’avait montré en me parlant était un peu charmant.

« Je suis un slime, n’est-ce pas ? Et le boulot d’un slime, c’est de manger beaucoup et de se séparer, non ? » demanda Lily.

« Ouais. C’est exact… mais, qu’en est-il ? … Attends, Lily. Est-ce que ça va ? Tu as l’air un peu…, » commençai-je.

Lily était anormalement érotique en ce moment.

J’avais grimacé et Lily avait parlé en secouant la tête : « Non, je vais bien. Je suis normale. Oui, c’est normal… Manger, et augmenter. Et pour augmenter… »

« … »

Est-ce que cela signifiait que le mode de vie de Lily en tant que slime avait un effet sur sa nature de fille acquise par mimétisme ?

Lily s’était levée à moitié et s’était penchée vers l’avant.

Ses traits rougis et mignons s’étaient rapprochés.

Ses doigts tendus avaient touché ma joue. Son odeur douce me chatouillait le bout du nez. La douce intrusion dans l’espace personnel d’un autre n’était permise que par deux personnes spéciales.

« Hé ~, Maître… »

Lily avait souri tout près de moi, et j’avais retenu mon souffle.

« … Je ferais n’importe quoi demain matin, » déclarai-je.

— Avec mon doigt gauche, j’avais tapoté sur le front de Lily.

« D’accord ~, » Lily avait touché son front et était retournée à son siège.

Je l’avais regardée avec les yeux à moitié fermés.

« Nous allons rencontrer Silane aujourd’hui. Nous n’avons pas de temps pour ça pour le moment, » déclarai-je.

« Okaaaaay…, » tenant toujours son front, Lily s’allongea grossièrement sur la table et répondit.

En regardant ses actions sans défense, j’avais poussé un soupir de soulagement dans mon esprit.

… Ce n’était pas passé loin. Un peu plus et j’aurais été emporté par elle.

Ce qui m’effrayait, c’est que quelque part dans mon cœur, une partie de moi pensait que c’était malheureux que je n’aie pas été emporté.

Si elle continuait comme ça, n’importe quoi aurait pu enflammer le feu dans ma poitrine.

En ramassant les petits morceaux restants de mon petit déjeuner, je m’étais levé de mon siège.

« D’accord, allons-y, » déclarai-je.

« Nn, compris… Hé, Maître ? » demanda Lily.

Lily avait indiqué qu’elle comprenait, mais qu’elle ne s’était pas levée et elle continuait à se pencher sur la table, ne faisant que bouger ses yeux pour me regarder.

Je me demandais ce qu’elle avait encore à dire. Elle s’était mise à parler. « S’il y a quelque chose qui te préoccupe, tu peux toujours compter sur moi, tu sais ? »

« … » Puis, j’avais soudain réalisé.

Pendant que je lui parlais sans réfléchir, les sentiments dont je m’inquiétais après m’être souvenu de Kudo s’étaient estompés.

« Lily, tu…, » commençai-je.

En me voyant me raidir, Lily avait souri avec douceur.

Son sourire m’avait fait penser. « Je ne peux pas gagner contre elle ». Je m’étais gratté la tête.

« … Je vais le faire, » déclarai-je.

J’avais tendu la main vers la Lily assise.

Le sourire de Lily s’était approfondi, et elle avait pris ma main et elle s’était levée.

Mais je ne m’étais pas arrêté là. Après tout, je pensais que l’équilibre serait mauvais si je la laissais faire tout tout le temps.

Je l’avais tirée encore plus fort vers moi.

« Waaa ~..., » s’exclama Lily.

Il semblait qu’elle ne s’y attendait pas, et j’avais été capable d’attraper Lily étonnamment facilement.

Je l’avais serrée contre moi.

Je m’étais plongé dans sa douce température corporelle et sa douceur confortable.

Je l’avais tenue dans mes bras pendant deux secondes et je l’avais relâchée.

Mon cœur s’était senti plus léger rien qu’en faisant ça. Bien que je pensais que c’était simple, ce n’était pas du tout désagréable.

« Maintenant. On y va, d’accord ? » déclarai-je.

« Bien sûr, » répondit Lily.

En souriant l’un à l’autre, nous avions quitté la pièce ensemble.

***

Chapitre 3 : Signes d’espérance

Partie 1

L’ordre de chevalier de l’Alliance était constamment stationné sur l’étage que nous utilisions pendant que nous étions à la forteresse de Tilia. Après avoir quitté la pièce, Lily et moi étions allés vers Silane accompagner par l’un des chevaliers se trouvant dans le couloir.

Nous avions marché dans le passage dégagé.

L’épais mur de pierre était brisé par endroits, et des morceaux du mur étaient éparpillés de temps en temps. Cette zone n’avait pas encore été touchée depuis l’attaque.

« Ah. Cela fait me souvenir de quelque chose, » en chemin, Lily avait soudainement pris la parole. « Rose a dit quelque chose avant de quitter la pièce. “J’ai une demande pour le Maître”. »

« Une demande ? » demandai-je.

« Ouaip. Elle a dit qu’elle voulait examiner d’autres pierres magiques, » répondit Lily.

La « pierre magique » dont Lily parlait ici était une pierre qui pouvait provoquer un phénomène magique, comme la création de lumière ou d’eau.

Des motifs uniques étaient sculptés en fonction de leur utilisation respective, et certains nécessitaient une formation spéciale, mais ils avaient un avantage : même ceux qui ne pouvaient pas utiliser la magie pouvaient les utiliser en y déversant leur pouvoir magique.

Cependant, leurs effets semblaient assez limités et, à part les quelques simples pierres magiques en circulation, elles étaient très chères. De plus, il y avait très peu d’artisans capables de les sculpter. Certains étaient si précieux qu’ils ne devaient jamais être retirés des lieux, et d’autres avaient perdu leur méthode de fabrication, comme la pierre magique de barrière qui protégeait la cabane que j’avais visitée auparavant.

« Rose l’a fait, hein… en y repensant, elle a agi comme si elle était intéressée par elles, » déclarai-je.

Après avoir vu la conclusion (l’attaque de la forteresse de Tilia, la mort du Juumonji de l’Unité Expéditionnaire et l’évasion de Kudo), Rose était retournée à la forteresse avec nous et s’était intéressée aux pierres magiques.

En tant que marionnette en bois, elle avait la capacité de fabriquer des objets magiques, il n’était pas surprenant qu’elle soit intéressée par la technologie qu’elle ne connaissait pas. Hier, il s’est avéré qu’elle avait détaché la pierre magique d’éclairage installée dans la pièce, puis qu’elle l’avait examinée.

« Elle veut voir d’autres choses qu’une pierre magique finie. Elle a dit qu’elle serait contente si elle n’était pas traitée, si possible, » déclara Lily.

« Elle veut en voir des brutes ? Va-t-elle essayer d’en fabriquer une elle-même ? » demandai-je.

« Elle a dit qu’elle voulait le faire si elle le pouvait, mais si elle ne le pouvait pas, elle serait quand même contente de l’examiner. On aurait dit qu’elle a autre chose en tête, » répondit Lily.

« Savoir exactement ce qu’elle veut doit être difficile pour Rose, » déclarai-je.

« Il semble qu’elle n’ait toujours pas confiance en elle. En fait, je pense que c’est précisément parce qu’elle n’a pas confiance en elle qu’elle a voulu vérifier avec toi, Maître, » déclara Lily.

Je vois. Alors c’est la raison, hein ? J’avais hoché la tête une fois.

« Puis, après avoir écouté Silane, je pense que je vais le lui demander, » déclarai-je.

« D’accord. C’est ce qu’on va faire, » déclara Lily.

Pendant que nous parlions, nous étions arrivés dans la pièce près de l’étage où nous étions logés.

Nous étions passés à côté de plusieurs chevaliers qui en étaient sortis.

Une fille les regardait partir, puis elle s’était tournée dans notre direction. La jeune elfe portait un cache-œil, et ses yeux bleus nous avaient reconnus, Lily et moi… ou plutôt, maintenant avec un seul œil.

« Alors vous êtes venu, Takahiro-dono. Bonjour, » déclara Silane.

« Bonjour, Silane. Tu as l’air occupé, » déclarai-je.

Nous avions échangé nos salutations, et je m’étais assis à côté de Lily dans le fauteuil que Silane m’avait conseillé pour m’asseoir.

« Pas du tout. C’est la Leader qui est occupée, et non pas moi. Pour l’instant, j’ai terminé le travail d’aujourd’hui… Comment allez-vous ? » demanda Silane.

« Ma fatigue a disparu. Plus important, comment ça va, Silane ? » demandai-je.

« Merci de vous en inquiéter. Jusqu’à présent, aucun problème particulier n’est apparu, » répondit Silane.

Silane avait souri après l’avoir dit, mais je n’avais pas pu me sentir soulagé.

Silane et moi avions tous les deux franchi la ligne entre la vie et la mort au même endroit de carnage, mais les circonstances étaient complètement différentes. Elle avait été tuée dans la bataille d’il y a deux jours. Oubliez la marche le long de la ligne, elle l’avait traversée et vue de l’autre côté.

Après cela, elle s’était réveillée comme un monstre mort-vivant grâce à sa volonté tenace, et bien qu’elle soit devenue pendant un certain temps un zombie sans esprit, elle avait repris connaissance et souriait maintenant ici.

La tragédie du roi des morts-vivants Carl, considéré comme une légende dans ce monde, concernait un roi qui avait conservé sa raison, même après être devenu un puissant monstre mort-vivant connu sous le nom de Liche. Cette anecdote était maintenant traitée comme un conte de fées, mais Silane avait prouvé que cela aurait pu être possible.

Silane était actuellement quelque chose entre une Liche et un Zombie… on pourrait l’appeler une « Demi-Liche », pour ainsi dire. Naturellement, il n’y avait pas eu de cas de ce genre dans le passé, et une observation plus poussée était nécessaire.

« Je vais très bien. Comme vous pouvez le voir, je peux même appeler les petits esprits maintenant, » déclara Silane.

Silane pointa du doigt au-dessus de sa tête, où flottait un esprit d’aspect enfantin.

Parmi les Elfes, il y avait ceux qu’on appelait les « Utilisateurs d’Esprits » qui pouvaient utiliser les Esprits qui étaient la capacité caractéristique de leur race. Silane était l’un d’eux, et ce qui flottait au-dessus d’elle était un de ses petits esprits contractés.

Son pouvoir magique était devenu instable après qu’elle soit devenue une Demi-Liche, si bien qu’invoquer un esprit ne pouvait être qualifié que d’« impossible », mais il semblait qu’elle était redevenue capable d’utiliser la Magie des Esprits en deux jours à peine. Elle n’était pas pour rien le chevalier le plus fort de la mer des arbres du Nord infestée de monstres.

« Même si c’est un peu gênant, le fait d’en invoquer un esprit prend tout mon pouvoir, mais il est probablement impossible de lui demander de chercher des ennemis autour de moi. Quant à cela, je vais devoir m’adapter graduellement, » expliqua Silane.

« Tant que tu vas bien, c’est très bien… s’il te plaît, dis-moi s’il se passe quelque chose. Je peux peut-être faire quelque chose pour t’aider, » déclarai-je.

Silane, maintenant un monstre mort-vivant, avait à l’origine une personnalité en tant qu’être humain. Sa situation était très différente de celle de Lily et de ma famille, qui étaient des monstres avec une volonté. Je pourrais difficilement l’appeler « ma famille »,

Mais en même temps, le fait qu’elle soit identique à ceux de ma famille de monstres était un fait. Quand un problème survenait, je pourrais peut-être l’aider d’une façon ou d’une autre.

Et même si elle n’était pas ma famille, mon désir de l’aider n’avait pas changé. J’aimais assez cette noble elfe pour penser ça.

« Je vous remercie, » déclara Silane.

Souriant largement, Silane m’avait remercié, et la question qui m’était posée était arrivée. « Donc, la raison pour laquelle vous êtes venu ici aujourd’hui était d’entendre parler de l’état actuel de la forteresse… correcte ? »

« La Leader m’a dit avant-hier qu’un plan général serait arrêté d’ici aujourd’hui. Pourrais-tu aussi nous en parler ? » demandai-je.

« Très bien, » Silane hocha la tête, puis commença à parler de l’état actuel de la forteresse. « Il y a d’abord l’inhumation des défunts. Les individus de l’armée sont principalement ceux qui travaillent, mais il y a une limite au nombre de personnes qui peuvent se déplacer, et nous devons faire attention aux zombies. »

« Il n’y a rien à faire… Des zombies sont-ils apparus ? » demandai-je.

« Il y en a eu deux qui se sont transformés en zombies hier. On s’est occupé des deux. Les Chevaliers de l’Alliance se sont immédiatement précipités, de sorte que les dégâts n’ont fait que quelques morts, » répondit Silane.

« Je vois, » déclarai-je

Cela aurait pu être différent si j’avais été là, cette pensée m’avait brièvement traversé l’esprit.

… Ce serait difficile. Il n’y avait aucune chance qu’il y ait autant de cas comme Silane. Et même s’il y en avait, s’ils ne se débarrassaient pas des zombies et n’essayaient pas de les empêcher de manger les gens, les dégâts augmenteraient inutilement. Ce serait mettre la charrue avant les bœufs.

Le cas de Silane était une exception. Je le savais, mais je ne pouvais pas perdre espoir.

« On sait que le taux d’apparition en zombie va augmenter avec le temps, nous devons donc diminuer le nombre de cadavres aussi vite que possible. Il est regrettable que nous ne puissions pas leur offrir des funérailles convenables, mais…, » continua Silane.

« Pouvons-nous faire quelque chose pour t’aider ? » demandai-je.

« Non. Ce serait…, » l’expression de Silane s’était assombrie, et ses paroles s’étaient atténuées.

Lily m’avait donné un coup de coude. Il m’avait semblé que j’avais dit quelque chose d’inutile.

« Désolé. Je ne voulais pas te déranger, » déclarai-je.

« … Toutes mes excuses, » déclara Silane.

« Tu n’as pas à t’excuser. Tu n’avais pas tort, » déclarai-je.

Je m’étais gratté la tête. Ce n’est pas parce que ça ne me dérangeait pas que la personne à qui je parlais était correcte. J’avais besoin d’y réfléchir un peu.

« Quoi qu’il en soit, de retour sur la bonne voie. Il est important de connaître la situation actuelle. C’est bon, alors tu peux me le dire ? Que pensent les survivants de la forteresse… de moi ? » demandai-je.

Les humains de cette forteresse savaient que j’avais la capacité de diriger des monstres.

Les Chevaliers de l’Alliance à mes côtés le savaient naturellement, et certains nous avaient vus traverser la forteresse, bien que quelques-uns seulement. Se cacher n’était plus une possibilité.

Les monstres étaient la plus grande menace pour l’humanité.

Dans la longue histoire de l’humanité, leur peur était profondément enracinée dans l’instinct humain, et c’était les cibles de la haine et de la rage qui avait en fait emporté la vie de nombreuses personnes importantes.

C’est pourquoi dans ce monde, il y avait des histoires de persécution de la race où les utilisateurs d’esprits apparaissaient les unes après les autres — les Elfes. Ils étaient « une sous-espèce de monstres », un « traître de l’humanité ».

Il n’y avait aucune chance que les habitants d’un monde comme celui-là ne soient pas dégoûtés par les dresseurs de monstres, ceux-là mêmes qui dirigent ces êtres. Cette notion commune ne pouvait pas changer du jour au lendemain.

Silane, une elfe et utilisatrice d’esprits, serait la mieux placée pour le savoir. Ses sourcils se plissèrent et elle souriait.

« Pour être honnête, je pense qu’ils sont confus. Après tout, la capacité de transformer des monstres en alliés est inouïe, même pour un héros convoqué, » répondit Silane.

Son expression de « confusion » m’avait fait penser à un jeu d’échelles. C’était insensé de basculer par ici, puis par là.

Si j’essayais de le stabiliser et que j’échouais, alors cela pourrait basculer. Je ne pouvais pas m’impliquer sans réfléchir…

C’était une autre raison pour laquelle j’avais demandé pour m’occuper des cadavres des monstres.

Indépendamment des Chevaliers de l’Alliance, tous unifiés sous la volonté de la Leader, nous ne pouvions pas travailler aux côtés des soldats de l’Armée de l’Empire.

Le compartiment unique que nous avions réservé et le fait que les Chevaliers de l’Alliance le protégeaient n’étaient pas seulement un traitement VIP. En fait, les Chevaliers de l’Alliance servaient de tampon entre moi et les soldats de la forteresse.

« Dans la longue histoire des personnes transférées de ce monde, seuls Kudo et moi avons eu cette capacité. Ce n’est pas étonnant que cela ne soit pas accepté facilement. J’étais préparé depuis le début, et c’est mieux que ce que je pensais, » déclarai-je.

Pour le reformuler, ce monde n’était pas encore prêt à m’accepter, quelqu’un qui dirigeait Lily et ma famille de monstres.

Les humains n’étaient pas des robots sans cœur. Ils avaient leur propre sens des valeurs. « Quant à Rome, faites comme les Romains »… la nuance serait un peu différente si c’était comme ça, mais si j’essayais de les forcer à m’accepter, cela ne ferait que créer le chaos. Les deux camps finiraient malheureux. Ce ne serait rien d’autre que de l’obstination.

Au moins, tant qu’on ne faisait rien d’étrange, ils n’intervenaient pas. C’était suffisant.

« … En fait, je pensais qu’il y aurait plus de rejet, » déclarai-je.

« Après cette bataille, beaucoup de gens ont été sauvés par vous et eux, Takahiro-dono, » déclara Silane.

Comme Silane l’a dit, il y a deux jours, nous avions confirmé que Kudo était parti, puis travaillé avec les Chevaliers de l’Alliance pour sauver les survivants de la forteresse. Certains avaient été guéris par Lily avec la magie curative, et d’autres avaient été tirés hors des décombres par mes autres monstres. Naturellement, il y avait eu beaucoup de cris et de pleurs.

***

Partie 2

« Comme vous avez tué Juumonji Tatsuya et fait battre en retraite Riku Kudo, on pourrait dire que vous avez sauvé tout le monde dans la forteresse, mais… avoir sauvé votre vie de première main laisse une impression assez durable. Je ne peux pas dire avec certitude qu’il n’y a pas d’animosité envers vous, Takahiro-dono, mais je pense qu’ils sont peu nombreux. Assez peu pour qu’on puisse s’occuper d’eux. Cependant, je regrette que ce soit tout ce que nous pouvons faire, » déclara Silane.

« C’est bon, j’apprécie… En parlant de cela, y a-t-il quelqu’un qui n’est pas satisfait des Chevaliers de l’Alliance ? » demandai-je.

« L’unité des Chevaliers de l’Alliance est composée d’un personnel choisi par la Leader, et moi, une elfe, dont je suis l’administrateur général. Il n’y a jamais eu une personne insatisfaite… Bien que, grâce à cela, la Leader soit en partie traitée comme une amoureuse des elfes bizarre, » expliqua Silane.

« Je vois. C’est pour ça qu’elle vous a captivés, vous et Mikihiko ? » demandai-je alors que mes épaules tremblèrent de rire.

Silane sourit, montrant qu’elle était d’accord, puis regarda d’un air calme. « Takahiro-dono, que ferez-vous après ça ? »

« … Qu’est-ce que je vais faire ? » demandai-je pour moi-même.

« Dès que nous aurons fini d’enterrer les morts, nous abandonnerons la forteresse de Tilia, » expliqua Silane.

J’avais eu le souffle coupé par ses paroles.

« Je vois. La Leader… a pris cette décision, non ? » demandai-je.

« Correct. À l’heure actuelle, seulement environ les deux tiers des survivants peuvent se déplacer normalement. Peut-être, la moitié d’entre eux peuvent se battre. Je l’ai dit tout à l’heure, mais tout le monde est tellement épuisé que même si quelqu’un avait de mauvaises intentions envers vous, il n’a même pas l’énergie pour essayer de vous faire du mal, » expliqua Silane.

La magie curative n’était pas omnipotente.

Par exemple, la magie curative de troisième rang de Lily pourrait rattacher des membres sectionnés si les conditions le permettaient. Cependant, elle ne pouvait rien faire pour un membre mangé par un monstre.

Et, ce « troisième rang » était la plus haute classe de magie qu’un humain de ce monde pouvait atteindre. Même dans la forteresse de Tilia, la seule autre personne qui pouvait l’utiliser était Silane, mais maintenant qu’elle était devenue un monstre mort-vivant, elle avait perdu sa magie curative. Il y a eu de nombreux cas où le traitement avait été administré trop tard, et pour de nombreuses personnes, il n’était pas question de se battre. Ils avaient besoin d’être soignés.

« Pour empirer les choses, l’un des grands héros… en particulier, Juumonji Tatsuya de l’Unité Expéditionnaire, est devenu un traître. C’était quelqu’un de bien connu des soldats. Naturellement, ce fut un choc énorme. Certains sont confus, pensant qu’il n’y a aucune chance qu’un grand héros puisse faire une telle chose, » déclara Silane.

« Mais, c’est la vérité, » répondis-je.

« En effet. Nous l’avons vu de nos propres yeux, et il y a quelques personnes qui ont survécu dans le mur intérieur, bien qu’elles soient dans l’armée. C’est pourquoi beaucoup de gens sont sans force, » déclara Silane.

Nous, les personnes transférées, avions été traitées comme des héros dans ce monde.

Les héros étaient l’espoir de ce monde, et ils étaient même le soutien de leurs cœurs principalement religieux. La réalité de ce monde était si dure qu’ils ne pouvaient pas vivre sans avoir foi en une certaine espérance — les héros.

Si ces héros utilisaient leurs pouvoirs pour des raisons égoïstes, ils seraient choqués et confus. Le fait que leur cœur se brise ne serait pas hors de question.

Maintenant que la bataille était restée fraîche dans leur esprit et que la menace des zombies était encore imminente, ils réussissaient à tenir le coup, mais une fois la bataille terminée, on ne savait pas ce qui allait se passer.

Compte tenu de cela, il était peut-être plus étonnant qu’ils travaillent avec diligence maintenant. Une grande partie de ce résultat était cependant due à la capacité de la Leader à les diriger.

Elle les avait fortement encouragés. « Vous êtes toujours des soldats qui protègent l’humanité, n’est-ce pas ? Levez-vous ! », sans même donner aux soldats le temps de s’agenouiller et de se pendre la tête. Elle essayait certainement de faire évacuer les soldats pendant qu’ils pouvaient encore bouger.

« Les installations de la forteresse sont presque toutes complètement détruites. Des réparations à grande échelle sont nécessaires, mais cela prendra des milliers de personnes et plusieurs années et mois de reconstruction minutieuse. Il n’y a rien que nous puissions faire, ici et maintenant, » déclara Silane.

« … Veux-tu dire que c’est impossible de défendre cette vaste forteresse remplie de trous avec quelques centaines de personnes ? » demandai-je.

« Correct. Nous avons déjà envoyé des messagers avec une demande d’aide, mais il faut trois à quatre jours pour atteindre la ville la plus proche, même à cheval. Et il faudra encore plus de temps pour que les renforts arrivent. Si nous restions ainsi, cela ne ferait qu’augmenter les dégâts en vain, » expliqua Silane.

« C’est pourquoi vous évacuez, » déclarai-je.

Silane hocha la tête, et une ombre apparut dans son expression.

Elle avait risqué sa vie jusqu’à présent en luttant pour protéger la forteresse de Tilia, la muraille protégeant le monde humain. Cette décision signifierait l’abandonner, ce qui n’était donc pas différent d’un chagrin d’amour pour les chevaliers — y compris pour elle.

« Heureusement, le nombre de monstres dans cette région a été considérablement réduit, ne serait-ce que pour le moment. D’ici dix jours, de nouveaux monstres viendront des environs, mais l’évacuation devrait encore être faite à temps, » déclara Silane.

« Kudo a, après tout, attaqué avec tous les monstres ici. Cela a réduit leur nombre, n’est-ce pas ? » demandai-je.

« Oui. Il n’y aura pas de plan de reconstruction si la forteresse était devenue la demeure de monstres morts-vivants, de sorte que l’enterrement des défunts devra au moins être terminé, mais la Leader a décidé que dès que cela sera fait, nous quitterons la forteresse, » déclara Silane.

Suuuuuu. Silane avait repris son souffle. Elle était légèrement tendue, mais son expression était raide.

« Dans ce cas… J’aimerais que vous veniez avec nous, Takahiro-dono, » déclara Silane.

« Si vous voulez que je vous aide, je coopérerai, » déclarai-je.

Je vois, alors elle a entendu parler de mes projets d’avenir, hein ?, pensai-je.

Près de cinq cents personnes se déplaceraient lors de l’évacuation des survivants de la forteresse de Tilia.

La route à travers la mer des arbres était utilisée par l’armée, et il semblait qu’un certain niveau d’entretien et de sécurité soit garanti, mais il était encore difficile d’éliminer toute rencontre avec des monstres. Si l’on considère que c’était les habitants de la forteresse de Tilia qui avaient maintenu cette sécurité, on ne pouvait nier le danger en cours de route. Si nous étions là, nous pourrions peut-être réduire les dégâts, même par nous-mêmes.

Cependant, quand Silane avait entendu mes paroles, elle avait fait un sourire doux-amer comme si je l’avais troublée.

« Bien sûr, je suis heureuse si vous coopérez, mais ce que je dis maintenant, ce n’est pas comme ça, » déclara Silane.

« Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » j’avais plissé les sourcils.

Silane m’avait alors parlé. « La Leader veut vous inviter dans notre pays, Takahiro-dono. »

« … Hmm ? » murmurai-je.

« La forteresse de Tilia est tombée. C’est un incident majeur, » déclara Silane. « La Leader devra se déplacer pour expliquer la situation après cela. Alors, pour l’instant, elle a d’abord prévu de retourner dans notre pays. Et elle veut que vous veniez avec nous. »

Je n’ai toujours pas tout compris.

Si je me souviens bien, la Leader était la princesse d’un petit pays. Le « pays » dont Silane parlait faisait référence à ce pays.

« Qu’est-ce que j’ai à voir là-dedans ? » demandai-je.

« Nous voulons inviter et accueillir chaleureusement l’invité d’honneur d’un autre monde, avons-nous besoin d’une autre raison ? Et, vous êtes notre bienfaiteur qui a combattu Tatsuya Juumonji et sauvé nos vies, ainsi qu’un ami qui a combattu à nos côtés. Bien sûr, si vous avez d’autres projets, alors n’hésitez pas à refuser, » expliqua Silane.

« Non, je n’ai rien de tel..., » répondis-je.

« Il est d’usage que les héros d’un autre monde soient invités dans la capitale royale et reçoivent un accueil chaleureux. Les autres héros le feront. Mais, j’imagine que vous n’irez pas à la capitale royale, n’est-ce pas ? » demanda Silane.

« Ouais. Vu mes capacités, il serait difficile de vivre en héros, et dès le départ, je n’ai jamais eu l’intention de le faire, » répondis-je.

Il n’y avait pas de mensonges dans les mots que j’avais dits à Kudo il y a deux jours. La chose la plus importante pour moi était d’être avec ma famille en tant que maître.

« J’ai besoin d’un endroit dans ce monde où je peux vivre tranquillement avec ma famille, » déclarai-je.

« Si c’est ce que vous ressentez, alors je crois que ce n’est pas une mauvaise chose pour vous, Takahiro-dono. Pendant que vous restez ici, que diriez-vous de réfléchir lentement à vos projets d’avenir tout en discutant avec la Leader de ce qu’il convient de faire ensuite ? » demanda Silane.

C’était une invitation très attrayante.

Mon but était de trouver un endroit sûr où je pourrais vivre avec ma famille.

Cependant, il serait difficile de se déplacer dans un autre monde sans avoir de relations ou sans savoir quoi que ce soit. Au pire, si seulement je pouvais obtenir une route de ravitaillement pour les marchandises ou quelque chose comme ça, j’avais l’intention de vivre dans la mer des arbres.

Si je pouvais consulter la Leader, un individu qui était aussi la princesse d’un petit pays, alors des alternatives s’ouvriraient. Au moins, c’était mieux que d’aller dans la capitale royale — un endroit où je n’étais jamais allé auparavant, et de compter sur des humains en qui je ne savais pas si je pouvais avoir confiance ou non.

Restait à savoir dans quelle mesure je pouvais faire confiance à la décision de la Leader…

J’avais jeté un bref coup d’œil à Lily, et elle m’avait fait un sourire. J’avais hoché la tête.

« D’accord. J’accepte cette proposition. Après en avoir discuté avec ma famille, je ne pense pas qu’il y aura d’opposition, » déclarai-je.

« C’est bon à entendre. Alors, j’en parlerai à la Leader plus tard, » déclara Silane.

Silane avait eu un sourire heureux, et je lui avais demandé : « Au fait, que feras-tu après ça, Silane ? D’après la façon dont tu parles maintenant, il semble que tu retourneras dans ton pays avec elle. »

En ce moment, la position de Silane était très compliquée.

Il était difficile de dire qu’elle était maintenant un monstre mort-vivant en la regardant. Les seuls à connaître sa situation étaient les chevaliers de l’Ordre des Chevaliers de l’Alliance qui l’avaient vue renaître comme un zombie et s’emporter.

Silane était leur chef adjointe fiable, il n’y avait aucune chance qu’ils répandent ses secrets. Cependant, au cas où elle serait exposée, les choses se compliqueraient.

« En vérité, j’étais perdue… mais heureusement, la Leader m’a dit de continuer à être chevalier. “Tu le seras quand tu ne seras pas relevé de tes fonctions d’administrateur général”. Elle m’a grondée, » déclara Silane.

« On dirait que c’est approprié venant d’elle, » déclarai-je.

Dans cette bataille, je savais que leur lien était plus qu’un patron et un subordonné (chef et chef adjoint), elles étaient des camarades d’armes.

Elle, une femme supposée de type amazone, ne voulait pas lâcher sa subordonnée de confiance en raison de l’anxiété au sujet de l’avenir incertain.

« Heureusement, » Silane avait parlé d’un ton comme si elle réfléchissait, et elle avait pris l’objet accroché au bout de la chaîne accroché à sa poitrine.

C’était une bague munie d’une pierre rouge.

C’était la bague qui était la preuve qu’elle était une chevalière… et maintenant quelque chose qu’elle ne pourrait plus jamais porter en public, mais elle ne pouvait toujours pas le jeter.

« Je peux être chevalière, comme je l’ai toujours été. Je peux me battre pour ce que je dois protéger. Je ne remercierai jamais assez la Leader, » déclara Silane.

La pierre magique insérée dans l’anneau d’un chevalier avait pour fonction d’indiquer les humains en vert et les zombies en jaune. La couleur rouge, ni l’une ni l’autre et ce fait indiquait qu’elle était une demi-Liche.

Mais, avant ça, c’était une chevalière.

Silane était forte. Elle n’avait pas peur de devenir un monstre mort-vivant, mais elle attendait plutôt avec impatience ce qu’elle pouvait faire sans hésiter.

Sa conscience de chevalier avait dû la soutenir.

« Bien sûr, je vous suis aussi reconnaissante, Takahiro-dono. Je suis heureuse de vous avoir rencontré, » déclara Silane.

« Pareil pour moi. Je serai aussi avec toi un moment après ça, alors traite-moi bien, s’il te plaît, » déclarai-je.

« Bien sûr que oui, » répondit-elle.

Face à mes mots, le visage à moitié couvert de Silane s’était illuminé d’un sourire.

 

Ainsi, après avoir quitté la forteresse de Tilia, nous nous étions dirigés vers le petit pays — la patrie de Silane et de la Leader.

***

Chapitre 4 : Vers le bonheur

Partie 1

Cinq jours s’étaient écoulés depuis que j’avais demandé à Silane quels étaient ses projets d’avenir.

Malgré les dégâts causés par l’arrivée des zombies, l’incinération des personnes tuées au combat avait été achevée hier.

Silane m’avait informé que nous nous reposerions aujourd’hui et que nous quitterions la forteresse demain.

La grande quantité de cadavres de monstres était également traitée sans problème grâce aux efforts de Lily, que ce soit de jour ou de nuit. Alors qu’elle avait terminé son travail au milieu de la journée, ce matin, Lily m’avait remis un rapport après m’avoir rencontré.

Quant aux événements qui s’étaient produits à ce moment-là… ils seront laissés de côté.

… Tandis qu’elle essayait de terminer le travail avant le jour fixé, Lily n’était libre que le matin. J’avais vraiment l’impression qu’elle essayait inconsciemment de se rattraper pour tout ça.

Chaque jour, l’attaque et la défense du matin devenaient de plus en plus dangereuses en raison de l’intensité croissante des attaques et de la diminution de la défense du défenseur.

Pour dire les choses simplement, je me sentais seul quelque part dans mon cœur.

Pour ne pas être emporté, il fallait une maîtrise de soi à toute épreuve.

Quoi qu’il en soit, les travaux se déroulaient sans heurts.

Il ne restait plus qu’à se préparer pour le départ.

J’avais jeté un coup d’œil au loin, mais ça semblait aussi bien se passer.

Ce qui m’avait un peu surpris, c’est qu’il y avait des « automobile » dans ce monde.

« Ils sont différents des “boîtes de fer qui bouge” qui sont dans votre monde, Takahiro-dono, » déclara Silane.

On aurait dit un simple chariot couvert.

Cependant, il n’y avait pas de chevaux tirant le véhicule.

En utilisant des pierres magiques, ce véhicule se déplacerait, utilisant le pouvoir magique de l’atmosphère comme source d’énergie.

Sa vitesse n’était pas très élevée, et même à son maximum, une personne ordinaire pouvait courir à peu près à la même vitesse. Le fait de fonctionner à la vitesse de marche semblait normal pour eux.

Le pouvoir magique qui résidait dans l’environnement était particulièrement élevé dans la mer des arbres.

En stockant le pouvoir magique non seulement pendant la journée pendant que nous nous déplacions, mais aussi la nuit quand nous ne pouvions pas nous déplacer aussi bien, il était possible de l’utiliser continuellement pendant la journée.

« La technologie magique d’un autre monde est incroyable, » déclarai-je.

« C’est aussi écologique. Je ne le sais que de mémoire, mais c’est comme une voiture solaire. Le fait de ne pas pouvoir conduire la nuit est un problème de sécurité, alors c’est un peu différent, » m’expliqua Lily.

« Je pense que votre monde est bien plus incroyable, Takahiro-dono. Vous avez la technologie pour tirer du pouvoir magique du soleil, n’est-ce pas ? Mikihiko-dono me l’a dit, » déclara Silane.

« … C’est un peu différent, mais je pense que tu as compris le début, » déclarai-je.

Je n’étais pas sûr de pouvoir expliquer ce qui était différent, et mes paroles étaient donc vagues.

D’ailleurs, il y avait aussi des chevaux dans ce monde, mais il semblait qu’ils avaient peur d’entrer dans la mer des arbres.

Pour voyager à travers la mer des arbres, il fallait avoir un cheval de guerre spécialement entraîné. Cependant, si vous alliez plus vite, il serait difficile de faire face aux attaques de monstres.

Par conséquent, ce type de véhicule prenait moins de temps qu’un cheval et servait surtout au transport de marchandises vers les forts construits dans la mer des arbres comme celui-ci, ou à des excursions rapides à l’extérieur de la mer des arbres.

Cette fois-ci, ces véhicules seraient utilisés pour le transport des soldats qui ne pouvaient se déplacer en raison des séquelles de leurs blessures.

L’un d’eux nous avait été prêté.

C’était parce qu’il y avait des gens qui s’inquiétaient de voir Rose ou Gerbera en chemin.

J’étais reconnaissant pour leur gentillesse.

Après avoir entendu les détails du plan de notre départ demain, je m’étais dirigé vers Rose.

Lily avait encore le dernier travail à faire, et s’était séparée de moi devant la pièce.

Comme un chevalier nous accompagnait, le taux d’exposition de sa peau avait été réduit au minimum, et j’avais serré son corps magnifique dans mes bras, puis je m’étais séparé d’elle après lui avoir fait signe d’au revoir.

Après son départ, j’avais frappé à la porte de la chambre.

« Rose. C’est moi, » déclarai-je.

Un son raide résonna dans le couloir.

… Presque comme pour montrer la légère tension née dans mon cœur.

« Bonjour, Maître, » déclara Rose.

J’avais été accueilli par une poupée mannequin sans traits — non. C’était une femme aux cheveux gris portant un masque qui couvrait son visage, et son grand corps était habillé de vêtements empruntés à Lily.

Je n’étais pas habitué à son apparence, mais c’était à ça que Rose ressemblait actuellement.

Le jour de l’attaque de la forteresse de Tilia, j’avais rejoint Rose avant de suivre Sakagami. Elle avait déjà cette apparence à l’époque.

Le masque couvrant son visage était tout neuf, et il n’y avait qu’un trou dans la partie droite de l’œil.

J’avais pu voir à l’œil que son visage n’était plus un visage terne et sans traits.

Rose avait apparemment secrètement remodelé son corps.

J’avais compris que le fait qu’elle voulait me le cacher était son obsession en tant qu’artisan — elle ne voulait pas me le montrer avant d’en être satisfaite.

Lorsque Rose rencontra les monstres qui se précipitaient vers la forteresse de Tilia, des parties de son visage furent endommagées et, en premier lieu, elle était encore en train de le faire. Il n’était pas dans un état où il pouvait être montré à une autre personne, alors elle ne m’avait pas encore laissé voir son visage sous son masque.

Pourtant, je pouvais facilement imaginer que son visage sous le masque était si exquis qu’il était presque impossible de le distinguer de celui d’un humain — même en regardant simplement ses yeux visibles à travers ça.

C’était déjà surprenant immédiatement après que j’eus rencontré Rose.

Quoi qu’il en soit, c’était étrange qu’elle ait caché son visage avec un masque quand elle était avec Katō-san… mais je savais que c’était ça à tous les coups en raison du lien qui me liait à ma famille.

Actuellement, le corps de Rose était encore celui d’une poupée en dessous du cou. Ses bras pendaient à ses poignets et ses jambes étaient tendues sous sa jupe, mais la jonction de ses parties articulées était encore visible.

Sa couleur de peau était aussi celle d’une poupée inhumaine, il lui restait encore un peu de temps avant qu’on puisse l’appeler « humaine ».

Mais en même temps, il était certain qu’elle était devenue plus féminine qu’avant.

Pour reformuler, elle était mignonne comme une poupée en forme de fille.

Sa féminité qui côtoyait son inhumanité brillait comme une beauté unique.

Je vois. Alors elle a fait « ça » pour faire la « jolie poupée » dont j’ai parlé la dernière fois, hein ? J’ai compris.

Ses cheveux gris étaient étendus derrière son corps en une tresse épaisse, elle était vêtue d’une seule pièce, et le regard rempli d’émotion qu’elle tournait de cette façon depuis le dessous de son masque cachant tous ses traits n’était pas différent d’avant. L’impression qu’elle donnait était complètement différente de celle d’avant, où on aurait pu l’appeler « asexuée ».

… Était-ce à cause de ça ?

Le fait de la rencontrer avait maintenant donné naissance à de minuscules sentiments de confusion en moi.

La fille devant moi était Rose.

Elle était mon importante Rose. Il n’y avait rien de différent.

Mais, il y avait quelque chose de mitigé dans cette reconnaissance. Il y avait quelque chose que j’avais négligé jusqu’à maintenant.

Peut-être… que c’était la conscience que Rose était une fille.

… Si j’en parlais à quelqu’un, il serait sûrement choqué. « Quoi, tu ne t’en rends compte que maintenant ? ».

Dans les jours que j’avais passés avec Rose jusque-là, elle ne pouvait pas parler, et elle avait finalement été capable de changer son apparence de simple poupée en bois à celui d’un mannequin.

Dans ce processus, j’avais réalisé que son esprit était féminin, et j’avais découvert sa féminité dans sa relation avec Katō-san.

Cependant, cette fois-ci, sa transformation avait connu quelques changements bien précis.

Cela m’avait fait réaliser pour la première fois que « Rose est une femme », quelque chose que j’aurais dû savoir dans ma tête.

C’était sûrement la raison pour laquelle je me sentais confus quand je discutais avec Rose.

Bien sûr, je n’étais pas confus juste parce qu’elle était du sexe opposé.

C’était une camarade importante pour moi, rien n’avait changé.

… C’était comme ça que ça aurait dû être, mais je n’arrivais pas à gérer ces émotions à l’intérieur de ma poitrine à cause de ça.

Je ne pouvais rien faire. C’était assez troublant.

Perplexe au plus profond de moi devant l’instabilité de la situation, j’étais entré par la porte que Rose m’avait ouverte.

Il y avait une fille dans la pièce.

« Bonjour. Tu as l’air en forme, Kato-san, » déclarai-je.

« Bonjour, Senpai. Je te remercie. Je me sens bien maintenant, » répondit Kato.

Katō-san était assise en position seiza sur le dessus du tapis disposé au centre de la pièce.

Il semblait qu’elle s’exerçait à sentir le flux des pouvoirs magiques tout en se blottissant contre Rose, qui travaillait à la fabrication d’un outil magique.

Son but en ce moment était de devenir capable de gérer des pouvoirs magiques en faisant cela.

« Maiiitreeee ! » déclara Asarina.

« Bonjour, Asarina. Toi aussi, tu as l’air en forme, » déclara Kato.

Quand Asarina, qui était restée silencieuse à l’extérieur, s’était allongée du fond de ma main, Katō-san l’avait saluée en la caressant avec son doigt.

En leur jetant un coup d’œil de côté, j’avais traversé la pièce et je m’étais assis à la table près de la fenêtre.

Katō-san s’était levée et s’était assise sur le lit, puis avait montré du doigt Rose, qui l’avait suivie derrière moi, comme pour lui dire de me faire face.

Rose avait pointé son seul œil vers moi de dessous le masque.

J’avais hoché la tête et elle s’était assise, mais avec un peu d’hésitation.

En regardant cela, un petit sourire était apparu sur le visage de Katō-san.

« … »

Je l’avais observée indirectement pendant ce temps, mais il ne semblait pas que Katō-san se forçait.

— Katō-san avait très peur des hommes.

Avant d’aller à la forteresse avec Lily, son état s’était aggravé lorsque nous avions essayé d’aller vers les personnes transférées et les chevaliers que nous avions trouvés sur le chemin dans la mer des arbres.

Par la suite, elle avait travaillé avec l’équipe qui était restée derrière — Rose et Gerbera. Mais cette fois, j’avais pris les deux avec moi comme combattantes pour pouvoir coincer Berta, l’un des monstres qui avaient attaqué la forteresse, et j’avais appris par la suite qu’elle s’était effondrée en évacuant avec l’ordre de chevalier de l’Alliance.

Elle avait gardé un visage calme jusqu’à ce qu’elle nous quitte, mais je suppose qu’elle s’était montrée dure pour ne pas nous faire peur.

Il semblait qu’elle avait fini par se forcer, puis elle était tombée malade et elle était restée au lit pendant plusieurs jours après cela.

En ce qui me concerne, sa protection de ma part depuis cette cabane aurait pu finir par lui être normale, car alors que nous voyagions dans la mer des arbres, elle n’avait jamais montré de peur ou de rejet.

Pourtant, j’étais encore inquiet après avoir entendu dire qu’elle s’était effondrée parce qu’elle était à côté d’hommes, et je m’étais préparé au pire.

C’est pourquoi j’étais soulagé de pouvoir lui parler en face à face comme ça, même maintenant.

« … »

J’avais soudain réalisé que je me sentais comme ça.

L’ancien moi n’avait peut-être pas remarqué le soulagement en moi.

Les changements qui s’étaient produits dans mon cœur après mon arrivée à la Forteresse de Tilia avaient également semblé avoir fonctionné positivement en ce qui concerne ma relation avec Kato-san.

Katō-san avait posé son regard sur moi, comme si elle avait soudain remarqué quelque chose.

« Hmm ? Kei-chan ne vient-elle pas aujourd’hui ? » demanda Kato.

« Ouais. Il semble qu’elle soit occupée à préparer aujourd’hui le départ de demain, alors elle y est allée, » répondis-je.

Jusqu’à hier, Kei était avec moi quand je venais ici.

C’était parce que j’avais une tâche pour elle.

Ces cinq derniers jours ici, je n’avais rien pu faire pour le nettoyage de la forteresse.

D’un autre côté, si je pensais sérieusement à l’avenir, je ne pouvais pas me permettre de rester les bras croisés.

Nous marcherions sur le monde des humains.

C’était bien d’avoir des alliés et un guide pour l’instant, mais le fait que j’étais dans une situation imprévisible jusqu’à ce que je me garantisse une vie sûre n’avait pas changé.

Cependant, je me sentirais coupable si je m’entraînais à balancer mon épée même si je savais que tout le monde travaille dur.

Pour cette raison, pendant que je m’exerçais tranquillement à manipuler le pouvoir magique dans cette pièce que Rose empruntait comme atelier, j’avais étudié le bon sens de ce monde avec Kei, qui avait beaucoup de temps à consacrer.

***

Partie 2

Aujourd’hui, Kei se préparait pour le départ de demain.

Après avoir entendu parler de la raison pour laquelle elle n’était pas là, les épaules de Kato-san avaient un peu baissé.

« Je vois… C’est vraiment dommage, » déclara Kato.

Lorsque Kato-san s’était effondrée cette fois, les seules femmes présentes étaient Silane et Kei.

Kei l’avait aidée à l’époque, et elle s’occupait de Kato-san pendant qu’elle dormait dans la forteresse. Elles étaient apparemment devenues amies.

Comme Kato-san était androphobe, le fait d’avoir une personne du même sexe que Kei à ses côtés était rassurant.

Cela avait naturellement donné naissance à un échange entre eux trois — y compris Rose, et leurs conversations avaient été agréables.

« Ah. C’est vrai, » Kato-san avait fait entendre sa voix, et son regard s’était déplacé vers Rose à côté de moi.

« Désolée, Rose. Tu as dit que tu avais quelque chose à dire à Majima-senpai, n’est-ce pas ? » demanda Kato.

« Ça ne me dérange pas si c’est après ta conversation avec le Maître, Mana, » déclara Rose.

Il semblait que Rose attendait la fin de notre conversation.

« Qu’y a-t-il, Rose ? As-tu quelque chose à me dire ? » demandai-je.

Après que je l’eus pressée, Rose s’était tenue debout et répondit. « C’est à propos des pierres magiques que j’ai emprunté. »

« Ça, hein ? Qu’as-tu découvert à ce sujet ? » demandai-je.

En demandant à Silane à travers moi, Rose avait emprunté plusieurs objets magiques qui utilisaient des pierres magiques que j’avais précédemment pu voir de l’Ordre des Chevaliers de l’Alliance.

Ils étaient alignés sur le tapis au centre de la pièce où Rose travaillait.

Il y avait beaucoup d’objets différents, comme une bouteille d’eau qui se rempliait d’eau quand vous lui avez donné du pouvoir magique, un briquet qui produisait une petite flamme, les anneaux des Ordres des Chevaliers qui différenciaient l’humain du zombie, et un sac à outils qui avait un effet d’expansion et de préservation de l’espace.

Quant aux pierres magiques non transformées que Rose avait dit vouloir obtenir, si possible, elles étaient utilisées pour les bagues des Ordres des Chevaliers, alors elle en reçut quelques-unes.

En tant que pierre magique, c’était des pierres de rebut et elles n’avaient pas beaucoup de valeur, alors nous avions été autorisés à les traiter.

« Comme tu le sais, les pierres magiques créent des effets similaires à ceux de la magie en recevant du pouvoir magique. Cela m’intéressait. J’ai pensé que je pourrais faire quelque chose qui serait utile au Maître, » déclara Rose.

Comme Rose l’avait dit, les pierres magiques me semblaient séduisantes.

Même si je pouvais manipuler du pouvoir magique, je ne pouvais pas utiliser la magie.

Je n’avais aucun regret dans ma décision d’augmenter ma capacité à éviter les dangers en choisissant l’amélioration de ma capacité physique plutôt que la magie d’attribut, mais si ma capacité de combat sans la magie pouvait être compensée même un peu par des pierres magiques, alors il n’y avait rien à dire.

Les pierres magiques étaient précieuses, mais si Rose pouvait acquérir la technique de fabrication des pierres magiques, c’était une autre histoire.

La question était de savoir si cela était possible ou non.

« Je dois d’abord savoir comment ça marche. J’ai donc demandé à Kei comment les pierres magiques fonctionnaient, mais malheureusement elle ne connaissait pas les détails, » expliqua Rose.

« Lors d’une conversation que j’ai eue avec Silane auparavant, on m’a dit que les pierres magiques étaient à l’origine faites pour les humains qui ne sont pas capables d’utiliser la magie. Ils devraient être utilisables même sans savoir comment ça marche, » expliquai-je.

Pouvoir l’utiliser sans savoir comment l’utiliser ou le principe était fondamental pour vulgariser un bien.

Par exemple, même si je connaissais l’énergie solaire, je ne pouvais pas expliquer le principe à Silane.

De la même façon, peu de gens, à part le créateur, connaissaient le principe du fonctionnement des pierres magiques.

Cela pourrait aussi expliquer la raison pour laquelle la méthode de fabrication des pierres barrières protégeant des monstres les refuges dans la mer des arbres avait été perdue.

De plus, ce monde était différent du nôtre, il n’y avait pas des dizaines de milliers de livres publiés toute l’année dans un pays, et l’information ne circulait pas sur Internet comme des vagues déchaînées.

Ce n’était pas surprenant, même si l’information sur la technologie magique était limitée aux seuls humains.

« J’ai essayé d’utiliser les pierres magiques, mais je n’ai pas compris le principe. Alors, j’ai décidé de parler à Lily, » déclara Rose.

« À Lily ? » demandai-je.

« Oui. Ane-sama peut utiliser la magie sans pierres magiques. J’ai pensé que je pourrais comprendre quelque chose en comparant les deux, » répondit Rose.

Comprends-tu quelque chose ? J’avais incliné la tête, mais j’avais vite réalisé que ce n’était pas une si mauvaise idée.

Mon propre bon sens m’avait fait manqué ça parce que j’avais passé plus de deux mois dans la mer des arbres, mais à bien y penser, Lily était un monstre de la partie profonde de la mer des arbres — un endroit où les humains de ce monde ne pouvaient pas vivre, et elle était un utilisateur de magie de troisième rang.

C’était la plus haute classe de magie qu’un humain de ce monde pouvait atteindre, vous pourriez dire qu’il n’y avait personne de mieux à consulter.

« Alors, qu’a dit Lily ? » demandai-je.

« Selon Ane-sama, les pierres magiques sont apparemment des articles qui aident à la création du cercle magique nécessaire à la construction de la magie, » répondit Rose.

Je m’étais remplacé sur place quand elle m’avait répondu, et mes sourcils s’étaient arqués de façon réfléchie.

« … Même si tu dis “cercle magique”, je ne suis pas sûr de ce que c’est, » expliquai-je.

Lorsque j’avais demandé une explication sur le terme technique, j’avais obtenu une explication avec des termes techniques mélangés.

Cette réponse avait apparemment été justifiée, Rose expliqua poliment. « C’est ce que Lily-ane-sama a dit. »

« Pour utiliser la magie, tu dois être capable de manipuler les pouvoirs magiques. Cependant, tu ne peux pas utiliser la magie avec cela seulement, » continua Rose.

« Ouais. Si tu le pouvais, alors même mois, je pourrais faire de la magie, » répondis-je.

« Pour parler à partir de la conclusion, tu as besoin de déplacer le pouvoir magique dans un certain flux. Cela provoquerait une sorte de phénomène en réaction. Il y a de telles lois dans ce monde. Dans le cas de la magie, ce flux apparaîtra comme un cercle magique, mais cette règle ne s’applique pas seulement à la magie. Les capacités uniques que nous avons, nous, les monstres, suivent également la même règle, » expliqua Rose.

« Hm ? Alors, nous, les humains, pourrions utiliser les capacités uniques des monstres ? » demandai-je.

« Comme tu l’as dit, je crois que c’est possible en théorie tant que le pouvoir magique peut circuler de la même manière, » répondit Rose.

Intéressée, j’avais demandé, et Rose avait hoché la tête une fois, mais ensuite elle avait secoué la tête.

« Mais en réalité, les humains et les autres monstres ne peuvent pas utiliser la capacité unique d’un monstre. Chaque monstre a son propre flux unique de pouvoirs magiques, » acheva Rose.

« Je vois. En fait, je me souviens d’avoir entendu dire qu’un anneau de chevaliers avec la capacité de différencier les zombies des humains reconnaît la différence dans le modèle du pouvoir magique entre un humain et un zombie, » déclarai-je.

« Ane-sama a utilisé la magie par intuition, il semble donc qu’elle n’ait pas remarqué cette loi jusqu’à ce qu’elle utilise des pierres magiques. Il en était de même pour moi avec ma capacité à fabriquer des objets magiques, » expliqua Rose.

« C’est dur de douter de ce qui est naturel, hein, » déclarai-je.

C’était la même chose qu’une pomme tombée d’un arbre.

Quelqu’un dans le passé avait remarqué cette règle dans ce monde, et l’avait utilisée pour développer des pierres magiques.

« Quand j’ai dit à Rose-san, avant cela que “la création d’objets magiques est vraiment mystérieuse”, elle m’a répondu “qu’est-ce qu’il y a de mystérieux à ce sujet”, n’est-ce pas ? » demanda Kato.

Alors que j’étais déjà convaincu, Kato-san avait ajouté cette anecdote.

Rose lui avait hoché la tête, et j’avais demandé. « Alors, la fonction des pierres magiques est de faire couler un flux de pouvoir magique ? »

« Précisément, » répondit Rose.

En tant qu’image, cela m’avait fait penser à un canal par lequel l’eau coulait.

Normalement, vous devriez faire couler cette eau vous-même, mais des pierres magiques avaient creusé ce canal dès le début. Cela dit, les canaux spéciaux qui avaient besoin d’une formation pour être utilisés, comme la pierre magique de traduction, étaient incomplets pour une raison ou une autre.

« As-tu réussi à transformer une pierre magique ? » demandai-je.

Le mécanisme des pierres magiques avait été confirmé.

Si vous saviez comment ça marche, le reste serait de savoir si vous pouvez le faire vous-même ou non.

J’avais demandé cela, plein d’espoir, mais Rose avait secoué la tête.

« Non. Je ne l’ai pas fait malheureusement, » répondit Rose.

Se levant, Rose avait ramassé des objets magiques de ce monde alignés sur le tapis et les avait ensuite apportés ici.

Quelque chose avait roulé sur la table depuis sa main en forme de poupée — quatre pierres.

Trois d’entre eux avaient été fabriqués comme une bague de chevalier, et l’autre n’avait pas été traité. Tous étaient de couleur noire, ceux qui n’avaient pas été traités et ceux qui avaient été traités n’avaient aucune différence.

« Afin de former ce flux pour le pouvoir magique, vous devez savoir comment le graver et comment le pouvoir magique coule. Cependant, il semble y avoir un trait dans chacun des minerais bruts des pierres magiques. Si j’avais trois… non, deux ans, je crois que je pourrais comprendre les traits de caractère par tâtonnements, mais le faire rapidement serait difficile, » déclara Rose.

« Vraiment ? Alors, je suppose qu’on ne peut rien y faire pour le moment, » déclarai-je.

J’avais un peu soupiré et Rose avait parlé. « Correct. Alors, j’ai essayé de le faire à ma façon. »

« … Quoi ? » demandai-je, surpris.

Rose plaça ce qu’elle tenait dans la main opposée à la pierre magique non traitée sur la table.

Une pierre bleue sculptée — c’était ce à quoi elle ressemblait, mais il y avait un motif en forme de grain sur sa surface.

« C’est le prototype que j’ai fait. Une “pierre pseudo-magique”, si tu veux, » déclara Rose.

« Pierre pseudo-magique… ? » demandai-je.

« Plus tôt, j’ai mentionné que les capacités uniques des monstres, la magie et les pierres magiques suivent toutes le même principe. En d’autres termes, si je mets en place un chemin à travers lequel circule un pouvoir magique, alors la magie peut être reproduite, même si ce n’est pas une pierre magique. Et, j’ai la capacité de créer des objets magiques. Bien que je ne connaisse pas les pierres, je connais le bois, » expliqua Rose.

Quand Rose toucha la pierre magique, un peu d’eau avait surgi de la surface de la pierre et mouilla la table.

Il n’y avait pas de malentendu — c’était une reproduction de la magie d’attributs de l’eau.

« C’est encore un prototype maintenant, et il y a des pièces qui ne sont pas faites correctement, mais je vais essayer d’atteindre le même niveau qu’une pierre magique normale, » expliqua Rose.

« C’est… c’est vraiment incroyable. Vraiment, » déclarai-je.

« Je te remercie. J’ai fait l’expérience de la fabrication de diverses marchandises selon tes ordres jusqu’à présent, Maître. Et je suis heureuse d’avoir fait du bon travail de détail récemment. C’était une tâche difficile, mais j’ai réussi à réaliser un prototype, » déclara Rose.

Tout en touchant son visage masqué avec sa main de poupée, Rose tourna les yeux vers le coin de la pièce.

Il y avait une petite montagne de copeaux de bois — probablement des défaillances — dans la boîte qui y était placée.

« Cependant, il y a aussi des problèmes avec mes pierres pseudo-magiques. Tout d’abord, je ne peux pas gérer la magie, alors je dois utiliser une vraie pierre magique pour comprendre le flux exact du pouvoir magique. Les pierres pseudo-magiques que je peux faire sont, bien sûr, limitées aux copies des pierres magiques que j’ai utilisées, » expliqua Rose.

« Je vois. Cependant, c’est suffisant, » déclarai-je.

En recevant la pierre pseudo-magique de l’eau de Rose, j’avais essayé de verser des pouvoirs magiques.

C’était une pierre magique d’usage courant, mais si elle pouvait copier une pierre magique de combat, nous pourrions l’utiliser autant que nous le voulions. Je voulais en avoir une d’une façon ou d’une autre.

« J’aimerais les analyser petit à petit sur la façon dont ils peuvent être utilisés, » déclara Rose.

« D’accord. Laisse-moi y réfléchir un peu. C’est comme ça qu’ils sont utilisés, après tout, » déclarai-je.

Je devrais peut-être essayer de parler à Mikihiko.

Ce type avait beaucoup de passe-temps, il serait probablement meilleur que moi.

***

Partie 3

« J’ai compris ton rapport. J’aimerais que tu continues à enquêter sur ça, » déclarai-je.

« Je le ferai, » répondit Rose.

« C’était le premier point, n’est-ce pas ? Et pour les autres ? » demandai-je.

En plaçant la pierre pseudo-magique sur la table, j’avais poussé Rose à répondre.

« D’accord. C’est quelque chose que j’ai entendu de Kei, mais tu as appris l’art de l’épée dans cette forteresse de la femme nommée Silane, le nouveau membre de notre famille, exact ? » demanda Rose.

« … ? Oui, mais une seule fois, » répondis-je.

Après être confus par le nom que je ne pensais pas entendre venir de la bouche de Rose, j’avais répondu honnêtement à ce qu’elle m’avait demandé.

« Si j’en ai l’occasion, je veux qu’on me l’enseigne à nouveau et je le demanderai. Quelque chose ne va pas ? » demandai-je.

« Peu importe quand, tant que tu as le temps. Mais, pourrais-tu s’il te plaît, demander si notre famille pourrait aussi recevoir une formation ? » demanda Rose.

« … Eh bien, c’est soudain. Si c’est juste ça, alors bien sûr, ça ne me dérange pas, » répondis-je.

« Je te remercie, » répondit Rose.

Rose avait baissé sa tête et j’avais incliné la mienne.

« Mais, pourquoi ? » demandai-je.

« … J’ai pleinement réalisé à quel point je suis faible, » répondit Rose.

Soulevant son visage, Rose jeta un coup d’œil à travers son seul œil qui regardait de dessous le masque.

« L’autre jour, j’ai croisé le fer avec ce Doppelgänger, Anton… Ce monstre avait un pouvoir terrifiant. Je suis allée leur couper la route de la retraite, mais je n’ai pas pu accomplir le devoir que tu m’as confié, Maître, » expliqua Rose.

Son ton trop sérieux suintait de la frustration.

Je n’allais pas blâmer Rose pour ça.

En fait, c’était de ma faute si j’avais mal interprété la situation et si je n’avais pas réalisé qu’Anton était à l’affût.

Mais, ce qu’elle avait pensé de ça, c’était une autre histoire.

Avec sa grande loyauté, le fait de ne pas avoir accompli son devoir avait dû être un dur coup pour elle.

« De plus, Anton n’est que l’un des nombreux monstres que Kubo manipule, n’est-ce pas ? En fait, cet homme “Juumonji” que vous avez combattu était un adversaire coriace qui a persisté même contre Gerbera. Lily-ane-sama m’a dit qu’elle ne pouvait même pas le retenir par elle-même. Ane-sama est plus forte que moi, donc ça serait vrai pour moi aussi. Je ne serais même pas utile dans une bagarre, » Rose avait dit ça, mais Rose n’était pas du tout faible.

Elle était à l’origine un monstre rare de la partie profonde de la mer des arbres, et son corps avait été refait et renforcé depuis la dernière fois que je l’avais vue. Même son équipement était solide.

Ils étaient tous le fruit de ses efforts constants.

Mais même ainsi, il serait difficile de lutter directement contre les utilisateurs de triches.

Je m’étais préparé, mais leur violence était si écrasante que des frissons m’avaient parcouru la colonne vertébrale.

Bien sûr, je serais d’accord pour ne pas les combattre, mais la situation actuelle est imprévisible.

Kudo était toujours là, et il y avait aussi l’inconnu dans le corps expéditionnaire qui avait relié Juumonji et Kudo.

Et même sans cela, notre position dans ce monde était instable.

Bien que les Chevaliers de l’Alliance aient servi d’intermédiaires, je ne pouvais pas du tout me sentir soulagé.

Je devais rassembler autant de puissance que possible pour me préparer à une situation inattendue.

« Nous devons nous renforcer par tous les moyens nécessaires, » déclara Rose.

« Alors, Silane ? » demandai-je.

J’avais soupiré en raison de la compréhension.

« Bien sûr, je pense que nous devrions aussi chercher d’autres méthodes, comme celle qui consiste à utiliser les pierres magiques dont j’ai parlé plus tôt. Cependant…, » déclara Rose.

« Je sais, je sais. L’apprentissage des techniques de combat pourrait être l’un des moyens les plus efficaces, » répondis-je.

« Oui. Nous, les monstres, possédons de puissantes capacités physiques — naturellement, nos combats ne sont décidés que par la puissance et la vitesse, notre instinct de combat inhérent et l’expérience de combat acquise en vivant dans cette forêt. Il n’y a pas de “techniques cultivées” là-dedans, mais cela dit, il faut du temps pour systématiser les techniques par nous-mêmes, » expliqua Rose.

L’un des avantages des humains par rapport aux monstres puissants était qu’ils pouvaient transmettre leurs connaissances et leurs techniques aux générations futures.

Qu’elle soit transmise oralement ou écrite dans des livres, la connaissance accumulée était une arme redoutable.

La suggestion de Rose était de se concentrer là-dessus.

« Quelle qu’en soit la forme, l’acquisition de techniques de combat s’appuyant sur une longue histoire devrait être un grand avantage —, » expliqua Rose.

Rose parlait avec zèle, puis tournait soudain la tête ailleurs.

« — C’est une suggestion de Mana, » déclara Rose.

Attiré, j’avais regardé où Rose faisait face.

Il y avait là une Kato-san choquée.

« Qu’est-ce que… ? Rose-san !? » s’exclama Kato.

Après avoir été paralysée sur place pendant plusieurs secondes, Kato-san s’était rapidement levée du lit.

Son expression était pleine de panique, ce qui est rare.

« “C’est ma suggestion”, tu étais d’accord pour dire ça, n’est-ce pas !? » s’exclama Kato.

« Mais c’est un plan très utile. Tu ne devrais pas avoir à cacher que c’était ta suggestion, » déclara Rose.

« Quoi ? Alors est-ce quelque chose que Kato-san a suggéré ? » demandai-je.

Quand je lui avais demandé, Rose s’était tournée par ici et avait hoché la tête.

« Oui. J’ai jugé qu’il valait mieux que tu le saches aussi, Maître, » répondit Rose.

J’en étais sûr. C’est ce que Rose avait dit.

Même à l’époque, je comptais sur Kato-san.

Partout où je le pouvais, je ne voulais pas dépendre de sa bonne volonté sans le savoir.

De plus, il était important pour elle aussi de recevoir une évaluation appropriée.

Elle avait peut-être pensé la même chose. Rose avait dit à Kato-san d’un ton presque conférencier. « C’est “vraiment bon pour toi”, Mana, non ? »

« … Euh, » balbutia Kato.

J’avais l’impression que Kato-san savait s’y prendre avec les mots, mais en ce moment, sa bouche ne faisait que s’ouvrir et se fermer.

Ses joues rougissaient et ses yeux semblaient pleurer pour une raison quelconque.

Rose continua à la regarder de travers.

« Mana pense vraiment à beaucoup de choses. Elle m’a aussi donné des suggestions pour les pierres magiques, » expliqua Rose.

« Oh ? C’est vrai, hein ? » déclarai-je.

Kato-san s’était tournée vers moi quand je l’avais demandé, et j’avais compris.

Elle avait immédiatement caché son visage.

« Non. Ce… n’était rien d’important. Quelqu’un l’aurait suggéré tôt ou tard, » déclara Kato.

« Non. Il vaut mieux commencer le plus tôt possible. Tu m’as été d’une grande aide, » déclarai-je.

Même si c’était un peu mauvais pour Kato-san, ma voix était accompagnée d’un sourire.

Elle paniquait et était gênée. Ce côté jeune et féminin d’elle était nouveau pour moi, et ça avait l’air charmant.

« Merci, Kato-san. S’il te plaît, dis-moi aussi si tu remarques quelque chose après ça, » déclarai-je.

« … OK, » son visage resta caché, mais Kato-san hocha la tête.

Elle avait un sourire timide sur son visage.

L’ombre qui était toujours tombée sur son visage s’estompa.

Devant moi, il y avait une fille naturelle et timide.

Que j’avais pu la voir comme ça...

… Il me semblait que ma relation avec elle avait changé, j’étais heureux.

Mais c’était exactement la raison pour laquelle j’avais aussi trouvé cela honteux.

« Mais bien que je le dise, je ne peux pas trop compter sur toi après ça, n’est-ce pas ? » demandai-je.

« … Eh ? » demanda Kato.

« Après tout, nous n’irons pas à la capitale royale comme toi. Il faut vraiment qu’on soit plus fiables, hein, » déclarai-je.

Comme Silane l’avait déjà dit, les autres personnes transférées survivantes avaient décidé de se diriger vers la capitale royale.

À moins d’avoir la capacité de diriger des monstres ou quelque chose comme ça, il n’y avait aucune raison de ne pas recevoir l’accueil chaleureux de la capitale royale.

Bien sûr, cela incluait aussi Kato-san.

Kato-san avait voyagé avec nous à travers la mer des arbres pendant un certain temps, mais nous nous séparerions d’elle une fois que nous aurions atteint la ville suivante.

C’était dommage qu’elle ait dû se séparer de l’amie qu’elle s’était faite, Rose.

D’autant plus que ma relation avec elle venait de commencer à changer.

Cependant, la promesse que j’avais faite au début de l’emmener dans un endroit sûr devait être tenue.

Alors finalement, je pourrais la récompenser même un peu pour ce qu’elle avait fait.

« Il ne reste plus beaucoup de temps. Mais j’aimerais que tu t’entendes bien avec Rose, » déclarai-je.

En entendant mes paroles, Kato-san avait lentement levé le visage.

La rougeur sur son visage avait déjà disparu.

« … OK, » répondit Kato.

Soudain, la fille devant moi était devenue distante.

En le remarquant, je m’étais senti confus.

Le sourire Kato-san m’avait maintenant fait ressentir cela.

C’était un sourire sec, complètement différent de ce qu’elle montrait plus tôt.

L’ombre qui aurait dû disparaître était là.

Intuitivement, j’avais réalisé que quelque chose que j’avais dit plus tôt l’avait poussée à le faire.

Mais je ne savais pas ce qui l’avait poussée à le faire.

Tant que je ne l’avais pas fait, je ne pouvais pas le lui demander.

J’avais fermé ma bouche.

Kato-san avait souri faiblement, puis déplaça son regard sur ses genoux.

Un silence gênant s’était installé.

C’est alors qu’une voix calme m’avait appelé. « Maître. »

Rose s’était tournée vers moi.

« J’ai encore une chose à dire, puis-je ? » demanda Rose.

Maintenant que j’y pense, elle était en train de parler, hein ?

« … Qu’est-ce que c’est ? » demandai-je.

« J’ai une requête, » annonça Rose.

Rose avait parlé. « Pouvons-nous emmener Mana dans le petit pays vers lequel nous nous dirigeons ? »

Kato-san levant la tête en un éclair avait été projetée dans le bord de ma vision.

« Emmener… Kato-san… ? » demandai-je.

Rose avait hoché la tête, alors que cela avait été troublant par sa soudaine demande.

« Oui. Je crois que tu sais pour l’effondrement de Mana, Maître. Dans une telle situation — soudainement entourée d’étrangers —, elle se sentira impuissante, » expliqua Rose.

« … »

C’était un argument solide.

Les Chevaliers de l’Alliance étaient également au courant de l’état de santé de Kato-san, et on en tenait compte.

Mais, même s’ils l’étaient, cela ne changeait rien au fait qu’elle était entourée d’étrangers.

Si son état était normal en ce moment, peut-être, mais pour l’instant, Kato-san était un peu instable mentalement.

Je ne pouvais pas imaginer à quel point Rose l’aidait, mais je ne pouvais pas dire que les séparer était un « choix intelligent ».

« Si oui, j’aimerais être avec elle… Et cela s’applique aussi à toi, Maître. J’aimerais que tu sois le plus près possible d’elle, » déclara Rose.

« Moi… ? » demandai-je.

C’était quelque chose que je n’avais pas compris.

J’étais différent de Rose, une amie avec qui elle avait passé beaucoup de temps dans la mer des arbres.

Ça ne servirait à rien que je sois près d’elle.

… Non.

Maintenant que j’y pense, tous les hommes autour d’elle étaient la cible de sa peur. Bien que le résultat ait été une coïncidence, peut-être que moi — quelqu’un avec qui elle se sentait bien dans son entourage — était précieux pour elle.

« Je comprends ce que tu veux dire, Rose, » répondis-je.

J’avais hoché la tête une fois.

« Mais si elle venait avec nous ? » demandai-je.

« Es-tu contre sa venue avec nous, Maître ? » demanda Rose.

« Ce n’est pas ça. Comme je suis quelqu’un qui dirige des monstres, ma position dans ce monde est instable. On ne peut nier la possibilité qu’elle soit entraînée dans une sorte d’agitation en étant avec moi, » déclarai-je.

« Alors, tant que Mana comprendra ces circonstances et si elle le veut toujours, tu n’aurais pas d’objection à la prendre, n’est-ce pas, Maître ? » demanda Rose.

« … Tout à fait, » répondis-je.é

Si c’est ce que voulait Kato-san, alors même moi, je n’avais aucune objection à formuler.

En me voyant hocher la tête, Rose s’était tournée vers Kato-san.

« C’est comme dit le Maître. Qu’en penses-tu, Mana ? » demanda Rose.

« JE-JE-JE…, » balbutia Kato.

Faiblement, Kato-san avait détourné son regard.

La voyant ainsi, Rose se leva de son siège.

Agenouillée devant Kato-san sur le lit, Rose avait pris sa petite main.

« Tu te souviens, Mana, de ce que je t’ai dit, » déclara Rose.

C’était un ton gentil que je n’avais jamais entendu auparavant.

Les yeux de Kato-san s’étaient ouverts en grand, comme si elle était surprise.

« Tu es dans mon bonheur. Ne l’oublie pas, » déclara Rose.

« Rose-san…, » murmura Kato.

« Ou bien vas-tu me rendre malheureuse ? » demanda Rose.

« … C’est une façon de dire qui est injuste, » déclara Kato.

Son ton boudeur était celui d’une amie.

Rose semblait sourire sous son masque.

« Peu importe si c’est injuste. Tu dois être heureuse. S’il te plaît, dis-nous ce que tu ressens vraiment. Si tu le demandes sincèrement, le Maître y répondra correctement, » déclara Rose.

Je n’avais pas compris leur échange.

Mais, j’imagine que c’était important pour elles.

Kato-san regarda Rose comme pour s’accrocher à elle, puis me regarda timidement.

« Se — … Senpai…, » déclara Kato.

Elle avait l’air effrayée.

Mais, c’était bien mieux que le sourire lugubre de tout à l’heure qui m’avait semblé si lointain.

Cela signifiait qu’elle combattait la lâcheté en elle.

« Je… je veux venir avec toi… Senpai, » déclara Kato.

Petit à petit, Kato-san avait parlé d’une voix minuscule.

« Je pourrais te ralentir. Je peux te causer des ennuis. Donc je sais que je ne devrais rien dire. Mais, quand même je…, » déclara Kato.

« Nous ralentir ? … » demandai-je.

En disant cela, je l’avais soudainement réalisé.

La voie que la fille devant moi voulait n’était pas celle-là.

En ce moment, Kato-san me disait sans aucun doute quelque chose d’égoïste pour la première fois.

Même si elle avait peur d’être rejetée, elle parlait avec empressement.

Alors, que dois-je faire ?

Dois-je lui rendre la pareille maintenant ?

À côté de Kato-san, Rose me regardait attentivement.

Son regard me faisait entièrement confiance.

J’avais un peu souri.

« … Bien sûr, » répondis-je.

En y pensant, même si elle se rendait dans la capitale royale, il était possible qu’un homme comme Juumonji fasse partie des personnes transférées rassemblées de la même manière.

Même le corps expéditionnaire présentait des soupçons.

En pensant aux possibilités, n’importe quelle mauvaise chose pouvait arriver.

Donc, il vaudrait mieux l’avoir près d’elle.

Alors, je pourrais au moins la protéger avec mes mains.

« Viens avec nous, Kato-san, » déclarai-je.

Quand j’avais dit cela, l’expression heureuse de Kato-san était si charmante que je ne pouvais m’empêcher de la regarder avec fascination.

 

Le lendemain, le groupe comprenant ma famille et moi — dont Kato-san — étions partis de la forteresse avec les quelques centaines de soldats survivants.

***

Chapitre 5 : Quitter la forteresse de Tilia

Partie 1

Lily et moi étions allés au sommet du mur extérieur de la forteresse, une zone fortement marquée par l’attaque qui s’était produite il y a quelques jours.

La zone autour de la forteresse de Tilia, qui se trouvait dans la partie nord de la mer des arbres, avait été défrichée par des mains humaines. Le fait d’avoir une vue dégagée facilitait la détection des attaques de monstres.

En regardant le long du mur extérieur, il était clair que la limite entre le sol brunâtre et la forêt verte montrait visiblement la zone dans laquelle vivaient les humains.

… D’une façon ou d’une autre, cette frontière semblait se resserrer sur nous.

Ce n’était pas mon imagination. Le sol qui aurait été défriché était déjà en train de germer.

La vitesse de croissance des arbres me paraissait irrégulière, et naturellement, apparemment, même dans ce monde, ce n’était pas normal.

C’était la mer des arbres. Une forêt spéciale teintée d’une riche puissance magique.

Les arbres de la mer des arbres poussaient rapidement.

C’était d’autant plus le cas si la région n’était plus habitée par des humains.

La terre où la forteresse n’était plus debout serait érodée par la mer d’arbres en un clin d’œil.

Les arbres accéléreraient leur croissance et rempliraient les terres défrichées, comme si la forêt savait que les humains vaincus battaient en retraite.

C’est quelque chose que Kei m’avait dit l’autre jour.

Avec la forêt devant moi comme ça, la mer des arbres elle-même semblait être un monstre et un frisson s’était abattu sur ma colonne vertébrale.

« C’est donc ici que tu étais, Takahiro. »

Avec Lily, j’avais regardé d’où venait la voix.

Il y avait là une grande chevalière avec une carrure robuste — c’était la Leader, le chef infatigable de l’Ordre des Chevaliers de l’Alliance. À côté d’elle, il y avait quelqu’un de petit — Mikihiko Shumoku, mon ami.

« Je vais commencer, Takahiro-dono. Je vous demande de vous occuper de notre arrière, » déclara la Leader.

« Compris, » répondis-je.

Après m’avoir parlé, la Leader était partie.

Il y avait des centaines de vies sur ses épaules. C’était comme si le poids apparaissait à chaque pas qu’elle faisait.

« … La Leader a l’air un peu épuisée. Va-t-elle bien ? » demandai-je.

Quand je le lui avais demandé, le visage de Mikihiko avait grimacé.

« L’opinion de “nous devrions attendre que les gens qui sont allés aider dans la partie profonde de la mer des arbres… surtout Ena Yuno, reviennent” est apparue à la fin. Nous les avons convaincus, mais c’est une perte de temps alors même qu’elle est déjà occupée… Haah, franchement…, » déclara Mikihiko.

Il y avait encore une chance qu’il y ait des survivants dans les refuges protégée par des pierres de barrière à l’intérieur de la partie profonde de la mer des arbres. Aujourd’hui, cela marquait le dixième jour depuis que la « Grande Coureuse » Eno Yuna avait des chevaliers de l’Ordre des Chevaliers de l’Empire et s’était rendu dans la Mer des Arbres pour les sauver.

Silane avait déjà pris le commandement des chevaliers de l’Alliance qui était allé vers les refuges qui étaient relativement proches de la forteresse de Tilia. Par conséquent, Eno se rendait dans les cabanes les plus éloignées d’ici.

À la suite de sa propre suggestion, ils se rendraient à un grand nombre à la fois, avant de revenir à la colonie. Naturellement, s’ils le faisaient, le nombre de survivants augmenterait — à condition, bien sûr, qu’ils puissent en trouver — mais le mouvement du groupe serait ralenti.

Au début, on pensait qu’il fallait faire un aller-retour de vingt jours, mais au bout d’un certain temps, il semblait qu’il faudrait environ un mois avec des pauses dans les refuges — des zones sûres.

Malheureusement pour Eno et les Chevaliers de l’Empire, l’état de la forteresse était trop mauvais pour nous permettre d’attendre si longtemps.

Heureusement, comme la « Grande Coureuse » avait une grande capacité de combat, même au sein de l’« Unité Expéditionnaire », leur sécurité était garantie dans une certaine mesure.

L’Ordre des Chevaliers de l’Empire distribuait sans relâche des objets magiques très chers, tels que des sacs d’outils qui transportaient beaucoup plus qu’ils n’en avaient l’air, donc il n’y avait pas lieu de s’inquiéter de transporter quoi que ce soit.

Celle qui avait dit la première qu’il serait juste de le faire était la Leader, qui avait pris la décision de battre en retraite.

Cependant, même si c’était juste, ce n’était pas tout à fait acceptable.

« Et, quand on pense à l’avenir, » déclara Mikihiko.

Mikihiko s’était gratté les cheveux.

« Si un incident majeur se produit, quelqu’un doit en assumer la responsabilité. Mais tous les responsables de la forteresse Tilia ont été tués…, » continua Mikihiko.

« Donc, ils rejettent la faute sur la Leader, non ? » demandai-je.

« … La juridiction des chevaliers était à l’origine l’asservissement des monstres se déplaçant dans la mer des arbres, et non la défense de la forteresse. En fait, la Leader ne faisait que diriger les chevaliers, elle n’était pas en mesure de parler de la gestion de la forteresse. Cependant, s’il n’y a personne d’autre, il est possible que la Leader soit seule responsable. Je suis resté à la Forteresse de Tilia plus longtemps que toi, donc je connais la faiblesse de la position des chevaliers de l’Alliance, » expliqua Mikihiko.

Avec son soupir apathique, Mikihiko retenait son souffle et serrait le poing.

« Pour éviter que ça n’arrive, je vais tout donner. C’est pour ça que j’y vais. Oui… bref, à plus tard. Dis-le aussi à Rose-san et à Kato-san, » déclara Mikihiko.

Ce matin, j’avais consulté Mikihiko sur la façon d’utiliser la pierre pseudo-magique de Rose.

Il n’avait pas eu que quelques nouvelles de Rose, mais Mikihiko semblait avoir trouvé beaucoup d’idées. Quand il était libre, il venait à nous.

Cela avait également servi de rééducation pour Kato-san, qui avait peur des hommes.

En lui parlant, ce matin, elle ne s’était pas effondrée même quand Rose et Mikihiko parlaient. J’espérais qu’elle irait mieux, même si cela ne se fit que petit à petit.

« Désolé. Je t’ai demandé beaucoup de choses même si tu es occupé, » déclarai-je.

« Hahaha. Tu n’as pas besoin de dire ça. En plus, je m’amuse bien, » répondit Mikihiko.

« Tu as toujours été fan de l’artisanat, hein, » déclarai-je.

Mikihiko, un otaku actif avec de nombreux passe-temps, travaillait à temps partiel en secret à l’école depuis qu’il était au collège. Il avait économisé de l’argent, puis s’était tourné vers les modèles en plastique et d’autres choses de ce genre.

Quelque chose semblait lui avoir touché le cœur, Mikihiko tremblait d’excitation en regardant la technique de fabrication de Rose ce matin.

« Hmm. C’est vrai, mais ce n’est pas tout. Je détourne les yeux une seconde et tu es devenu un conquérant tout en douceur, » déclara Mikihiko.

Faisant un sourire, Mikihiko agita la main.

« Tu veux dire Lily ? Ou Gerbera ? » demandai-je.

Quand j’avais nommé la fille qui avait clairement des sentiments pour moi à part Lily, Mikihiko avait secoué la tête.

« Non. C’est vrai pour les deux, mais ce dont je parle, c’est Kato-san. Elle est innocente. En tant qu’amie, je pense qu’elle a réussi à se rapprocher de toi. Sa motivation à se réadapter semble être de ne pas te retenir, » déclara Mikihiko.

« … Elle me fait confiance, c’est sûr, » répondis-je.

En écoutant Mikihiko, je m’étais souvenu de la voix frénétique de Kato-san, « S’il te plaît, laisse-moi rester avec toi, » alors que cette autre fois, elle écoutait la conversation de Rose et Mikihiko, et de son visage rougit.

« Mais elle n’est pas comme ça, » déclarai-je.

Katō-san était différente de Gerbera.

Si vous ne saviez rien de sa situation, il ne serait certainement pas étrange de mal l’interpréter.

Mais elle ne pouvait pas se le permettre maintenant. Après tout, elle était en train de combattre sa peur des hommes.

De plus, elle était dans une période difficile. Mikihiko n’était pas au courant des circonstances détaillées, donc c’était inévitable, mais je ne voulais pas qu’il se moque d’elle comme ça.

« Se moquer de moi et rire, c’est bien. Mais, pas elle. Arrête, » déclarai-je.

Tandis que je parlais d’un ton de réprimande, Mikihiko avait fait une tête très sceptique avant de regarder Lily.

« Lily-san. C’est une question sérieuse, comment es-tu tombée amoureuse de ce mufle ? » demanda Mikihiko.

« Il y a eu quelques événements, mais tu as raison… Je pense… que si tu l’approches avec sincérité, le Maître te répondra sérieusement…, non ? » demanda Lily.

« Hmm ? Ah… J’ai compris. En gros, tu l’as poussé vers le sol ? » demanda Mikihiko.

« Qu’est-ce que c’est que cette interprétation erronée ? Hmm ? » répondis-je

J’avais froncé les sourcils de Mikihiko quand il avait claqué des doigts.

Mais pour le dire franchement, bien sûr, c’était essentiellement ce qui s’était passé.

Fondamentalement… ? Non. C’était vraiment comme ça ?

En y repensant, lui avais-je déjà parlé ?

En fait, n’était-ce pas elle qui s’approchait de moi chaque fois… ?

Tandis que je réfléchissais en état de choc à l’idée de ne réaliser que maintenant la situation qui affectait ma fierté en tant qu’homme, Mikihiko m’avait parlé.

« Ce sont toutes des filles bien, alors tu dois t’occuper d’elles correctement, d’accord ? Je suppose que cela va sans dire, » déclara Mikihiko.

« Ouais. Bien sûr que oui, » répondis-je.

Mikihiko avait souri, ses yeux louchant dans le processus. « Eh bien. Il est temps que j’y aille… Aah, bon sang. Je veux aussi sentir la chaleur de la Leader ! »

Immédiatement après que Mikihiko ait crié cela, une voix était venue de loin.

« Mikihiko ! Qu’est-ce que tu cries de stupide maintenant ! » cria la Leader.

« Merde, elle a entendu ça !? Je suis désolé, Leader. Je l’ai dit pour rire, mais c’est vrai ! » déclara Mikihiko.

Après s’être fait gronder, Mikihiko s’en était pris à la Leader alors qu’il racontait des bêtises insensées. Je surveillais ses arrières.

« … Fais de ton mieux, Mikihiko, » déclarai-je.

Mikihiko, ayant séjourné à la Forteresse de Tilia pendant un temps relativement long et n’ayant pas eu de circonstances difficiles comme moi, il utilisait au maximum sa position de héros et suivait la Leader.

La Leader était à la tête des Chevaliers de l’Alliance, de sorte que pour les personnes de l’Empire qui constituait la grande majorité de la Forteresse de Tilia, elle n’était qu’une ressortissante étrangère. Pour quelqu’un comme elle, que Mikihiko soit à ses côtés ou non, la facilité de ses mouvements était très différente.

Il faisait tout ce qu’il pouvait.

Parce qu’il était mon ami, naturellement il ne voulait pas perdre… enfin, je pense.

En regardant du haut du mur extérieur, les soldats avaient commencé à se déplacer en une seule ligne à travers le pont temporaire installé devant l’entrée principale.

Au centre de la route, assez large pour que les voitures puissent se croiser et maintenir une certaine distance, se trouvait la voiture susmentionnée qui utilisait la pierre magique, et elle paradait avec une ligne de défense de chaque côté.

Les Chevaliers de l’Alliance, dont les silhouettes étaient gris foncé à cause de leur armure, étaient à la tête de ce mouvement.

Environ la moitié des Chevaliers de l’Alliance étaient ici. Parmi eux se trouvait un personnage blanc en armure — Silane.

Même sans sa capacité de recherche ennemie, la guerrière le plus puissante de la Mer des Arbres du Nord continuait d’être puissante. Silane avait été positionnée dans le groupe d’avant-garde pour être leur avant-garde.

En revanche, l’autre moitié des Chevaliers de l’Alliance protégeait la partie centrale du groupe.

Il était naturel que le groupe soit long s’il y avait 500 personnes qui se déplaçaient sur la route.

***

Partie 2

La route principale traversait une forêt avec des monstres brutaux qui sévissaient de part et d’autre de celle-ci. La force principale, dirigée par la Leader, avant pour but de protéger le centre de la ligne tout en prenant le contrôle général.

Parmi eux, il y avait aussi Mikihiko, qui ne portait qu’une armure de cuir.

« … On dirait qu’il sera possible de partir sans délai, » déclarai-je.

J’avais surveillé la situation, mais au moins pour l’instant, il n’y a pas eu d’attaques de monstres. Il était peu probable que nous soyons attaqués immédiatement après le départ, ce qui décourageait le moment du départ.

« D’accord, c’est bon. On va bientôt partir, » déclarai-je.

Nous avions pris la position de l’arrière-garde.

C’était une position cachée au regard du public, même si la pression avait été forte et que ma famille avait été mobilisée.

D’ailleurs, des calèches avec des non-combattants à bord étaient rassemblées à l’arrière. Ils comptaient sur notre force, et en même temps, c’était un témoignage de la confiance que la Leader, qui faisait de son mieux pour sauver le plus de gens possible, avait en nous.

Une fois que nous étions entrés dans le bâtiment, nous nous étions dirigés de nouveau vers la porte principale.

Il n’y avait presque plus de calèches. Les autres calèches commençaient déjà à s’entrechoquer, à l’exception d’une seule.

Parfait tempo. J’avais sauté sur le siège du conducteur de la dernière calèche, celle que nous empruntions.

Après que Lily ait sauté dessus et que je l’avais prise dans mes bras, j’avais retourné le tissu attaché à l’entrée pour que l’intérieur ne puisse être vu de l’extérieur.

À l’intérieur, en plus de ma famille, Kei avait une conversation amicale.

« Il est temps qu’on parte, » en parlant à haute voix, je m’étais assis à côté de Lily sur le siège du conducteur.

Le côté conducteur d’une calèche d’un autre monde, propulsée par un pouvoir magique, était proche de celui du wagon couvert.

Le siège, assez large pour asseoir trois hommes, avait un repose-pieds incliné qui pouvait fixer votre corps en place.

Une plaque de protection de garde-boue avait été installée devant le siège du conducteur, et elle s’était déformée vers le siège.

Celui-ci s’était approché de la poitrine du conducteur assis sur son siège, et une pierre magique grise de la taille d’un poing avait été installée juste à portée de main.

Sur la plaque de protection, vers l’avant de la voiture, il y avait une statue modelée sur le sommet d’une tête de cheval, qui me rappelait vaguement les statues de déesse sur l’avant des navires. La pierre magique était attachée à la base de son cou.

J’avais touché la pierre magique.

La façon de l’utiliser était simple. Touchez-le et versez vos pouvoirs magiques dedans.

Cela avait servi à remplacer le dispositif d’allumage. Tant que le pouvoir magique de l’atmosphère était stocké et utilisé comme source d’énergie, il n’était pas nécessaire de continuer à utiliser ce pouvoir magique.

Je me demandais d’ailleurs quelle était la force qui entraînait les roues, mais il semblait que l’effet de la pierre magique attachée était « de générer une force de traction sur l’avant de la voiture ». Bref, il s’agissait d’un véhicule qui suivait l’exemple d’une voiture hippomobile.

Cette force ne s’étendait qu’à la carrosserie du véhicule et n’incluait pas les objets chargés à l’intérieur. Il fallait faire attention à ne pas tomber immédiatement après le départ.

Lorsque la carrosserie du véhicule s’était mise à bouger avec le craquement des roues, des vibrations de cliquetis étaient venues du sol.

Ce n’était pas le plus confortable, mais la route était en mauvais état, alors je suppose qu’on ne pouvait rien y faire. Ce serait dur pour ceux qui avaient le mal des transports.

« Takahiro-sa ~ n. comment va ma grande sœur ~ ? » demanda Kei.

Une fois que j’avais commencé à faire avancer afin de suivre la voiture devant moi, Kei s’était immédiatement penchée entre Lily et moi.

Le geste, rappelant celui d’un chiot sympathique, m’avait fait sourire.

« Silane nous mène tous avec élégance. Alors, de quoi tu parlais, Kei ? » demandai-je.

« À propos de ma ville natale, » répondit Kei.

Aujourd’hui, les cheveux de Kei — dorés comme ceux de Silane — étaient en tresses minuscules, et ils pendaient jusqu’à son ventre. C’est probablement ce qu’avait fait Katō-san. Elle changeait parfois la coiffure de Rose.

« Gerbera-san voulait m’écouter, alors je lui en ai parlé, » répondit Kei.

« Mhm. Je n’en avais pas encore entendu parler, » répondit Gerbera.

Ensuite, le visage d’une fille blanche était apparu à côté de celui de Kei.

Son beau visage, auquel je m’étais habitué et face auquel je ne pouvais m’empêcher de déplacer mon regard vers elle, était encore plus proche que celui de Kei, qui réduisait la distance avec son innocence enfantine.

Après avoir attrapé mes deux épaules par-derrière, Gerbera avait mis sa tête sur mon épaule et m’avait regardé de côté. Ses cheveux blancs et fins comme un fil d’araignée s’étaient écoulés et avaient glissé de ma tête, me chatouillant.

« … Fais attention, Gerbera, » déclarai-je.

Gerbera était de bonne humeur, j’avais regardé ses yeux rouges.

« Ce serait grave si quelqu’un vous voyait. Écoute, Ayame t’imite même, » déclarai-je.

Le bébé renarde Ayame avait sauté quand Gerbera avait sorti son visage, et elle était assise sur mes genoux maintenant. Son nez tremblait, probablement parce qu’elle sentait les odeurs changeantes dans l’air à mesure que la voiture bougeait.

« Je suis au courant. Cependant, tant que la seule chose qui sort de là est juste mon haut du corps comme ça, je n’ai pas l’air différent d’une humaine, et Ayame ne peut pas être vue sur tes genoux de l’extérieur en raison de l’angle, » expliqua Gerbera.

Il semblait même qu’elle réfléchissait à tout ça.

« Alors, peut-être que c’est bien, » déclarai-je, mais Gerbera pouvait parfois être négligente. C’était mieux d’étouffer ça dans l’œuf maintenant.

« Désolé, mais reste à l’intérieur une fois que nous entrons dans le village. Ton apparence est trop attirante. Nous cachons des secrets, donc il est interdit d’attirer l’attention inutilement, » déclarai-je

« Gerbera-san est si jolie, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ? Takahiro-san ? » demanda Kei.

« Ouais. Tu as raison sur ce point, » répondis-je.

« M-Mm. Est-ce ce que tu le crois ? » demanda Gerbera.

En détournant mes yeux de Gerbera, qui tenait ses joues et montrait une réaction mignonne, j’avais demandé à Kei :

« Alors, de quoi avez-vous parlé ? » demandai-je.

« Hmm, voyons voir —, » répondit Kei.

***

L’Empire, la plus grande nation de ce continent, fut officiellement appelé « l’Empire Illex ».

C’était un pays féodal gouverné par des nobles possédant des territoires, avec l’Empereur en tête.

À l’inverse, le « petit pays dépendant de l’Empire en tant qu’État suzerain » avait été nommé l’Alliance.

Cela semblait être la fin de l’époque où ces petits pays tentèrent de s’unir et de s’opposer à l’Empire. Cette histoire avait des centaines d’années, et le règne du roi des morts-vivants Carl, la tragédie susmentionnée, avait eu lieu à peu près à cette époque.

C’était peut-être à cause de ces circonstances, alors qu’une partie de l’immense territoire de l’Empire était reliée à la mer des arbres, tous les pays de l’Alliance étaient touchés la mer des arbres.

Naturellement, chacun de ces petits pays avait un nom. Par exemple, les Chevaliers de l’Alliance avaient été envoyés de l’un de ces petits pays, « Akel ».

Les pays de l’Alliance touchant la partie méridionale de l’Empire et faisant face à la mer des Arbres du Nord étaient appelés les « Cinq pays du Nord », à l’ouest de la forteresse de Tilia. À l’opposé, les pays de l’Alliance situés à l’est de la mer des arbres étaient appelés les « Trois pays de l’Est ». D’ailleurs, l’ouest et le sud de la mer des Arbres seraient enfouis dans les arbres jusqu’à la lisière du continent, mais personne n’avait été en mesure de le confirmer.

Le petit pays Akel, où nous avions été invités par la Leader, était l’un des cinq pays du Nord.

Apparemment, c’était un petit pays avec seulement des villages. Comme environ un tiers de son petit territoire était occupé par des montagnes escarpées, et parce que certaines régions avaient laissé derrière elles une partie de la mer des arbres, sa population était petite.

Bien que pauvre, ce pays semblait être un pays rempli d’un esprit militariste, et les enfants des villages pionniers comme Kei tenait des épées et apprenait à se battre dès leur plus jeune âge.

Il serait plus juste de dire « ils ne survivraient pas autrement ».

La menace des monstres était grande en raison des petits pays qui touchaient la mer des arbres, et il semblait que la famille royale qui dirigeait l’Ordre des Chevaliers du Royaume d’Akel — l’organisation mère du troisième Ordre des Chevaliers de l’Alliance — courait d’est en ouest.

De telles circonstances étaient normales dans les cinq pays du Nord.

Quand j’avais entendu « Roi », l’image d’un vieil homme allongé sur le dos dans une pièce couverte de tapis rouge d’un château apparaissant dans un jeu m’était venue à l’esprit, mais pour les membres de la royauté des nombreux pays de l’Alliance, cela aurait pu ressembler davantage aux seigneurs de guerre Sengoku trouvés au Japon.

La raison pour laquelle la Leader, une supposée princesse, était normalement sur le champ de bataille avec les chevaliers était probablement le résultat d’une telle fondation.

Avec les survivants de la Forteresse de Tilia dirigée par la Leader, nous nous dirigions vers le nord sur la route à travers la mer des arbres. Cette route menait au « Territoire du Comte Lawrence » dans la partie sud de l’Empire.

La grande ville la plus proche de la forteresse de Tilia était la ville commerçante « Selatta » au centre du territoire du Comte Lawrence. Nous devions d’abord nous diriger vers le nord vers cette « Selatta ».

En conséquence, la Leader avait prévu de faire des rapports à divers endroits sur les événements qui s’étaient produits à la Forteresse de Tilia.

On m’avait dit que Selatta avait une méthode de communication à longue portée liée à la forteresse de Tilia et à la forteresse d’Ebenus en Extrême-Orient. Ce qui se trouvait dans la forteresse de Tilia avait été perdu quand elle avait été attaquée par des monstres, alors nous devions utiliser le plus proche.

Bien que j’aie entendu dire que des chevaux rapides avaient déjà été dépêchés le lendemain de l’attaque, il était possible que l’information n’ait pas été relayée de façon fiable alors qu’ils traversaient la terre connue sous le nom de Mer des arbres, ce qui signifiait qu’il y avait un sens à ce qu’on fasse un rapport en connaissance de cause.

Après cela, les soldats appartenant à l’armée de l’Empire seraient confiés aux soins du territoire du Comte Lawrence dans le même Empire, et la Leader elle-même dirigerait les Chevaliers de l’Alliance et elle retournerait dans son pays, puis ferait un rapport face à face à son père. À ce moment-là, elle nous emmenait.

Le petit pays d’Akel se trouvait au sud-ouest de Selatta, de sorte qu’un léger détour serait fait, mais c’était inévitable.

Mais avant tout cela, nous ne pourrions pas en parler si nous n’arrivions pas à sortir de la mer des arbres en toute sécurité.

Je devais me préparer.

***

Partie 3

« YAAAAAAAHHHHH ! »

Un éclair de combativité. Alors que la Petite Hydre tentait d’attaquer les soldats qui défendaient la voiture en mouvement, l’une de ses six têtes de serpent fut percée par la pointe d’une lance noire, tirée si vite qu’on aurait dit une balle. 

C’est Lily, ma famille et un monstre avec l’apparence d’une très jeune fille qui avait ramené vers elle la lance, maintenant mouillée avec du liquide corporel.

Lily avait facilement esquivé l’attaque d’une autre tête alors qu’elle tentait de la mordre avec ses crocs venimeux, puis avait écrasé la tête attaquante en retour en la piétinant.

« TAAH ! »

Elle tourna sur le pied sur lequel elle était debout.

Sa jupe voltigeait, et ses longues jambes dessinaient un bel arc.

Elle avait donné un coup de pied derrière elle.

Contrairement à son aspect délicat, son talon avait une grande puissance en lui quand il frappait la tête allongée du serpent. Il y avait eu un *splash* collant, et la tête du serpent se mit à tourner dans les airs et disparut dans la forêt.

« … Comme c’est accablant. Mais c’est un monstre de la couche extérieure de la mer des arbres, » déclarai-je.

« En effet, » répondit Gerbera.

Assis dans le siège du conducteur, je me murmurai à moi-même, et Gerbera souleva la housse de tissu et sortis son corps de l’intérieur de la voiture, ses épaules tremblant de joie.

Les mouvements de Lily étaient bien meilleurs qu’avant.

En plus de ses pouvoirs magiques accrus par le fait qu’elle s’était battue et avait mangé de nombreux monstres à la forteresse de Tilia, il semblait qu’il y avait des monstres qui pouvaient renforcer ses organes sensoriels en étant attaqués, comme un Croc de Flamme. Non seulement elle pouvait comprendre son environnement, mais elle était maintenant capable de mieux saisir ses capacités physiques en tant que monstre et de mieux les contrôler.

Et ce n’était pas tout.

Dans la main gauche de Lily, un cercle magique « rouge » avait été construit.

Ce qu’elle avait construit, c’était de la « magie du feu » de 2e rang.

La boule de feu avait explosé, brûlant les yeux reptiliens.

Quand il avait hurlé et s’était recroquevillé, le bout de la lance lui avait déchiré la gorge.

En mangeant des monstres comme des élémentaires de feu, Lily était devenue capable d’utiliser la magie du feu et de la terre. Tous deux étaient de 2e rang, mais notre gamme de tactiques s’était incontestablement élargie. Actuellement, elle utilisait progressivement une nouvelle magie pour s’habituer à son nouveau pouvoir.

Lily gravissait certainement les échelons… Bien qu’elle ne puisse toujours pas se comparer à la capacité de combat d’un tricheur.

Et juste comme ça, la Petite Hydre s’enfonça dans la terre.

Comme nous étions à portée de vue, elle ne pouvait naturellement pas s’en servir comme proie. C’était aussi un monstre qu’elle avait mangé pendant le nettoyage de la forteresse de Tilia, alors on le laisserait là.

Alors que les regards très chauds des soldats la submergeaient, Lily était revenue vers moi.

J’avais laissé la situation à Rose et la sécurité des personnes à l’intérieur à Gerbera, et nous avions accueilli Lily.

« Je suis de re ~ tour, » déclara Lily.

« Beau travail là-bas, » déclarai-je

Tandis que j’essuyais le sang de serpent qui s’était répandu sur sa joue avec un chiffon, Lily avait souri timidement à côté de moi alors que nous étions assis sur le siège du conducteur.

Combien de fois ai-je remercié Lily comme ça ?

Six jours s’étaient écoulés depuis notre départ de la forteresse de Tilia. Des monstres étaient apparus en grand nombre en cours de route.

D’après ce que j’avais entendu de Mikihiko quand nous les avions rencontrés, il y avait apparemment beaucoup plus de monstres que prévu.

Cela pouvait être qualifié de naturel, car pendant que la forteresse de Tilia ne fonctionnait pas, les chevaliers qui exterminaient les monstres près de la route étaient incapables de bouger.

La capacité de recherche ennemie de Silane était toujours inutilisable.

Seul mon groupe avec Ayame et Lily avec son nez pouvait prendre l’initiative contre les monstres. Imitant une silhouette humaine, Lily avait sauté de notre voiture plusieurs fois par jour.

Mais, nous ne pouvions tout au plus que couvrir les arrières du groupe.

Bien que nous n’ayons pas pu le voir de première main, Silane semblait faire preuve d’une grande force à l’avant du groupe. Mais, elle aussi avait des limites quant à ce qu’elle pouvait couvrir.

Les monstres restants avaient été repoussés par les Chevaliers de l’Alliance, dirigés par la Leader, et par les soldats de l’armée.

Quand les monstres apparaissaient, les soldats de l’armée s’alignaient entre les voitures et ils installaient leurs boucliers.

Alors que les blessés reculaient, les soldats parvenaient à repousser les premiers coups. Dans certains cas, l’aide des chevaliers de l’Alliance allait arriver à temps avant cela.

Le combat direct était le travail des chevaliers de l’Alliance. Ils installaient leurs grands boucliers et protégeaient ceux qui se trouvaient derrière eux, et quand ils voyaient une brèche, ils lâchaient les armes qu’ils détenaient afin de renforcer leur bouclier.

L’armée tirait des flèches afin d’offrir une couverture et de la magie sans pause, ces deux types d’attaques pleuvaient sans cesse sur les monstres refoulés.

L’armée de l’Empire n’était en aucun cas remplie de soldats faibles. Même si frapper directement était inefficace, les Chevaliers de l’Alliance avaient fait preuve de coopération en les frappant de loin.

La nature de ces soldats de l’Armée était que, même si beaucoup d’entre eux avaient une grande capacité de combat personnelle, les actions qu’ils menaient dans la mer des arbres leur rendaient difficile d’obtenir la coopération en grand nombre. C’est ce que l’on pourrait qualifier de « contradictoire ».

Chaque fois qu’ils le pouvaient, ils attaquaient de loin avec un barrage concentré de flèches et de magie.

S’il s’agissait d’une bataille à courte distance, ils fabriquaient une ligne de lances prête à l’emploi et écrasaient l’ennemi en collaboration.

Leur style de combat était basé sur le principe d’une bataille défensive à la forteresse de Tilia ou d’un combat en plein champ.

La violence du nombre était pratique. Telle était la formation qu’ils recevaient.

À mon avis, combattre un grand nombre de monstres comme ce qu’avait fait Kudo aurait pu être le pire pour l’armée de l’Empire Empire, qui comptait sur les chiffres.

En fait, contrairement à la première attaque, qui était plus proche d’une bataille d’extermination, les soldats de l’armée avaient pu combattre les monstres en utilisant les passages étroits une fois que la bataille s’était déplacée dans la forteresse.

S’ils avaient ignoré tous les dégâts et que tous les combattants stationnés dans la forteresse de Tilia avaient attaqué directement, il leur aurait été possible de se battre contre Juumonji.

Bien sûr, il faudrait quand même faire un grand sacrifice. De plus, combattre directement Juumonji était hors de question, et pour commencer, je ne pouvais même pas imaginer que les soldats seraient capables de se rebeller contre un héros.

Quoi qu’il en soit, l’armée de ce monde était plus forte que je ne le pensais.

Cela permettrait de traverser la mer des arbres avec un minimum de dégâts.

Après que les soldats blessés eurent fini d’être guéris, la ligne de voitures arrêtées avait commencé à se déplacer.

Nous, à l’arrière, étions les derniers à bouger. S’apercevant peut-être que j’étais libre, Asarina était soudainement apparue, et j’avais joué avec elle pendant que j’attendais.

« Hmm…, » murmura Lily.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demandai-je.

Lily fit entendre une voix mécontente à côté de moi, alors je l’avais regardée.

« Je n’arrive pas à le faire marcher, voilà ce que je pense, » déclara Lily.

Avec un visage sérieux, Lily regardait sa main droite sur ses genoux. Qu’est-ce qu’elle faisait ?

À la seconde où j’ai pensé ça, un changement était apparu sur le bord de son poignet droit.

« Eh… ? » demandai-je.

Sa main svelte devint plus grande et des soies recouvraient sa surface.

Une main d’ours. J’avais réalisé qu’il appartenait à un monstre dans la partie profonde de la mer des arbres, un lapin rugueux, quand — .

« Rghh. » cria Lily.

— En même temps que Lily poussait un cri de douleur, sa main d’ours commençait à se tortiller comme si quelque chose faisait rage en elle.

N’étant plus capable de montrer son contrôle, Lily se mordit légèrement la lèvre.

« A !? » s’exclama Lily.

Quand mes yeux s’étaient fixés sur sa forme avec un froncement de sourcils, un son *pop* était sorti de sa main et s’était retourné en forme de slime avant d’éclater.

« Vas-tu bien, Lily !? » demandai-je.

« Mhm. Je vais bien, c’est bon, » déclara Lily.

J’avais pris son poignet en toute hâte, mais peu de temps après, son corps visqueux s’était gonflé et avait pris la forme d’une main de fille, bien que cela ait pris un peu de temps.

Je lui avais tenu la main restaurée. J’avais soupiré de soulagement.

« Qu’est-ce que tu viens de faire ? » demandai-je.

« Une expérience, enfin, je crois ? Ah, Maître. La voiture devant nous a bougé, » déclara Lily.

Puis, j’avais déplacé la voiture, et Lily avait ouvert la bouche.

« Ma capacité de mimétisme semble avoir une limite, vois-tu, » déclara Lily.

« Limite ? » demandai-je.

« Ouaip. Je ne peux imiter qu’un type de monstre à la fois, » répondit Lily.

Tandis que les lèvres de Lily fronçaient les sourcils, j’inclinais ma tête devant ses paroles.

« N’as-tu pas déjà fait que le bas de ton corps en forme d’un slime, n’est-ce pas ? » demandai-je.

« Maître. Le slime est ma forme originale, pas une imitation, » répondit Lily.

Maintenant qu’elle l’avait mentionné… alors que Lily ressemblait habituellement à une fille, elle n’avait jamais changé une partie de son corps en autre chose qu’un slime.

Elle n’imitait pas, elle ne faisait que défaire une partie de son mimétisme. Était-ce pour ça qu’elle pouvait faire ça ? Je ne pensais pas l’avoir jamais vue imiter deux ou plusieurs choses jusqu’à maintenant.

« Bien sûr, j’ai déjà utilisé les capacités d’autres monstres sous cette forme. J’ai utilisé l’odorat d’un Croc de Flamme, et j’ai emprunté la force d’un lapin rugueux. Il en va de même pour la façon dont je suis maintenant capable d’utiliser la magie du feu et la magie de la terre. Mais, quoi que je fasse, il y a une dégradation, » déclara Lily.

« Dégradation… ? » demandai-je.

« En supposant que la capacité originale des monstres est de 100 %, je pense que je peux montrer environ 80 % tout au plus quand je ne le suis pas. Si j’expose leurs capacités sous une forme différente, cela devrait être d’environ 60 %. Bien sûr, il y a pour commencer des capacités spéciales que je ne suis pas capable de manifester sous cette forme…, » répondit Lily.

La capacité de mimétisme de Lily ne pouvait pas parfaitement reproduire les capacités du monstre mimétisé. C’était quelque chose que j’avais déjà connu.

« Mon mimétisme n’est pas réel. Il existe un fossé insurmontable entre le faux et le réel, » déclara Lily.

Lily avait parlé d’une voix légèrement basse. « Mais même si c’est le cas, je ne peux pas abandonner, n’est-ce pas ? Si c’est insurmontable, je dois juste trouver un moyen. »

« C’était donc le mimétisme partiel que tu as fait avant, hein ? » demandai-je.

C’était logique. Pourquoi n’a-t-elle pas pu le dire si soudainement ?

Rose n’avait pas été la seule à ressentir la différence de pouvoir avec les capacités de triche et un sentiment de danger.

Lily avait aussi dû beaucoup réfléchir. Alors que Rose s’était tournée vers les arts martiaux, elle songeait à tirer le meilleur parti de ses caractéristiques particulières en tant que monstre.

Puisque Lily et les autres faisaient de leur mieux, je ne pouvais pas me permettre d’être négligent. En tant que Maître, je devrais faire plusieurs fois l’effort.

« Hé, Maître, » déclara Lily.

Tandis que je réfléchissais à de telles choses, Lily me demanda d’un ton semi-monologuant.

« Je me demande pourquoi je ne peux pas utiliser mon pouvoir de tricheur, » déclara Lily.

« Eh… ? » demandai-je.

« Je veux dire, je…, » Lily se mit à parler, mais cligna soudain des yeux comme si elle avait remarqué quelque chose. « Maître. Regarde. »

Là où elle avait pointé du doigt, j’avais vu quelque chose d’étrange dans le paysage où il n’y avait rien d’autre que des arbres alignés.

Un mur robuste en pierre. Il y avait beaucoup de douves profondes et de murs de terre qui s’étendaient autour de ça, mais pas aussi bien que ceux de la forteresse de Tilia.

L’apparence de la fortification correspondait à ce que j’avais entendu auparavant.

Nous étions enfin arrivés au village pionnier le plus proche de la forteresse de Tilia.

***

Chapitre 6 : Chevaliers et héros

Partie 1

FWHEEEEET. Un son aigu avait retenti.

C’était un sifflet. On pouvait voir des soldats au sommet des tours de guet.

Des hommes à l’allure différente étaient apparus au sommet du mur de protection qui entourait le village.

J’avais entendu dire que des soldats de l’armée étaient stationnés dans le village.

Les soldats qui défendaient au sommet du mur au début étaient probablement ces individus. Quand j’avais regardé de près, ils portaient le même équipement que les soldats de l’armée qui nous accompagnaient.

Alors, ceux qui sont apparus un peu plus tard, ce sont les villageois ?

L’armure qu’ils portaient avait l’air vieille, tout comme leurs boucliers, et certaines plaques métalliques étaient déformées, indiquant des traces de réparation.

Une grande partie de l’équipement semblait être une disposition de l’équipement de l’Armée, mais quelques-uns portaient une armure de cuir faite à la main. Les armes étaient bien entretenues, bien que cela ne soit pas des uniformes.

Et maintenant. Arriver au village comme ça, c’était bien, mais je n’avais pas pu m’empêcher d’attirer l’attention sur les méfaits possibles quand je m’immisçais avec un grand nombre de personnes.

D’abord, plusieurs chevaliers sous le commandement de la Leader étaient allés expliquer la situation.

La discussion s’était terminée rapidement. J’avais appris plus tard que les principaux messagers avaient apparemment donné une brève explication plusieurs jours auparavant.

Par la suite, seules les personnes transférées et la moitié des chevaliers avaient été invités dans le village.

C’était ainsi parce qu’il n’y avait pas assez de place dans le village pour accueillir près de 500 personnes.

Silane était venue et m’avait invité, alors j’étais entré dans le village en voiture.

Le mur de protection était en pierre, mais les maisons à un étage des villages étaient en bois. Au fur et à mesure que j’avançais sur le chemin entre les champs, j’étais tombé plusieurs fois sur un mur de protection et j’avais franchi la porte.

Quand j’avais regardé les champs qui s’étendaient de la gauche et de la droite de la route, il y avait des villageois rassemblés ici et là qui regardaient par ici.

Il semblerait qu’ils savaient que nous étions des personnes transférées — ou, en d’autres termes, des héros.

L’anxiété et la curiosité, le désir et la foi… Les regards rassemblés sur moi n’étaient pas du tout à l’aise.

« La bonification de la mer des arbres s’effectue par la création de murs de protection sur des terres déjà défrichées. Pour construire un mur de protection solide, la pierre est transportée d’une carrière éloignée, » assise à côté de moi, Silane avait commencé à parler tout en servant de guide. Peut-être qu’elle avait senti mes pensées intérieures et l’avait fait avec mes sentiments en tête.

« Au fur et à mesure que la remise en état progresse, le mur de protection sera agrandi. Comme la pierre transportée y est acheminée pour la muraille, il est normal d’utiliser autant de bois que possible sur les bâtiments où vivent les villageois. Le bois acquis lors du déboisement de la mer des arbres est vendu à l’extérieur plusieurs fois par an à l’aide d’arrangement de l’armée, » continua Silane.

« Le village vit-il de l’exploitation forestière ? » demandai-je.

« Les cultures poussent mal dans le village. On dit que c’est dû au pouvoir magique excessif du sol qui interfère avec la croissance de n’importe quoi d’autre que les nombreux arbres capables de pousser dans la mer des arbres par nature. Par conséquent, ce qui n’est pas couvert par les seules récoltes des champs doit être compensé par l’argent tiré de la vente du bois d’œuvre, » répondit Silane.

« Ton village natal est-il aussi comme ça ? » demandai-je.

« Son échelle est d’environ un cinquième du village ici et il est beaucoup plus pauvre, mais l’atmosphère est similaire. Cet endroit est aussi un point d’arrêt pour la forteresse de Tilia, il est donc très gros pour un village pionnier, » répondit Silane.

Se souvenant peut-être de sa ville natale, Silane avait plissé les yeux.

La voiture avançait lentement, attirant l’attention des villageois.

Les villageois n’auraient jamais imaginé que des monstres se trouvaient à l’intérieur de cette voiture.

Même si nos circonstances étaient révélées, rien ne se passerait tant que les chevaliers seraient là, mais il n’était pas nécessaire de semer inutilement des graines de discorde.

Ceux qui étaient entrés dans le village étaient ceux que la Leader des Chevaliers de l’Alliance avait rassemblés, de sorte que mon secret ne serait jamais divulgué. Même s’il y avait un problème, il leur serait impossible de faire quoi que ce soit avec les combattants dans ce petit village.

Nous étions arrivés dans un bâtiment près du centre du village.

Il était bien en vue, comparé aux autres bâtiments. Sous l’avant-toit était suspendue une enseigne représentant un dessin qui rendait les lettres de ce monde encore plus abstraites.

Lorsque je lui avais posé la question, elle m’avait dit que c’était une taverne qui servait aussi d’auberge.

Laissant la voiture à Silane, Lily et moi en étions descendus.

« Yo, Majima-kun. Ça fait un moment que je vous ai vu, les gars. Protéger tous les soldats a dû être beaucoup de travail, hein ? » déclara Miyoshi.

« Miyoshi-san. Ouais. C’est Lily qui l’a fait, pas moi, » répondis-je.

Le groupe de quatre membres de Miyoshi — tous survivants de l’attaque de la forteresse de Tilia — était sorti d’une autre voiture.

Miyoshi, ayant le tempérament d’un leader, souriait ironiquement avec deux personnes au visage pâle. Ils avaient l’air d’être malades en voiture.

Apparemment, la Leader viendrait un peu plus tard. Jusque-là, on nous avait dit de manger et d’attendre.

Nous étions entrés dans la taverne avec le groupe de Miyoshi et des chevaliers.

L’intérieur de la taverne était spacieux. Les tables à l’intérieur étaient noires et marbrées par les années et les mois.

Les deux compagnons malchanceux de Miyoshi étaient montés dans les chambres et s’étaient reposés, et les autres, moi y compris, s’étaient assis aux tables.

Peut-être que les villageois passaient habituellement leur temps de détente ici.

Malheureusement, il n’y avait pas de villageois, car aujourd’hui la taverne avait été vidée de ses occupants.

Les chevaliers étaient là, mais ils étaient restés debout.

C’était peut-être un soulagement que seul Miyoshi et son autre compagne — Ryoko Tada — étaient assis à la table.

Miyoshi et Tada étaient probablement dans « ce genre de relation ». Ils avaient une atmosphère intime. En considérant Lily et moi, ça aurait pu être équilibré.

Les repas furent bientôt servis.

C’était une soupe au pain et aux racines. De l’alcool distillé avait aussi été sorti, mais j’avais refusé. Lily aurait pu le boire, mais elle l’avait refusé parce que je ne buvais pas.

Quand j’avais vérifié auprès de Silane, qui était arrivée en retard, j’avais pris des dispositions pour que le même repas soit apporté à la voiture.

Sans hésitation, j’avais pris le repas.

***

Pendant le repas, Miyoshi et moi étions ceux qui parlent principalement.

Non seulement Miyoshi, mais Tada aussi semblait regarder Lily, mais ni l’un ni l’autre ne lui avait parlé.

Miyoshi avait parlé de ce qu’il avait entendu des chevaliers au sujet de la capitale royale du début à la fin.

Son bavardage pouvait être le revers de son anxiété. Il y avait eu cet incident causé par Juumonji Tatsuya de l’Unité Expéditionnaire. En tant que l’un de ceux impliqués, il ne pouvait naturellement pas s’empêcher de s’inquiéter quant à l’avenir.

Pendant que nous parlions, la Leader et les chevaliers étaient arrivés.

L’homme d’une quarantaine d’années qui arriva avec la Leader semblait être le chef du village pionnier. Il se comportait si humblement envers nous que j’avais même pensé qu’il pourrait commencer à se prosterner.

C’était si inconfortable que j’avais fini par manger mon repas très rapidement pour lui échapper.

Heureusement, la Leader comprenait ma nature, et grâce à ses arrangements, nous avions rapidement été conduits à la chambre où nous allions dormir ce soir.

« Vous êtes fatigué ? » demanda Silane.

J’avais soupiré dès que j’étais entré dans la pièce. Après avoir suivi, Silane m’avait souri sans le vouloir.

« Un peu. Mais je suis surtout inquiet, » répondis-je.

« Il y a un bain partagé dans le village, alors pourquoi ne pas y aller avec Lily-san ? Je crois qu’ils vous laisseront l’utiliser si vous le leur demandez, » déclara Silane.

Pendant qu’elle parlait, on frappait à la porte.

« Excusez-moi de vous interrompre. Puis-je avoir un peu de votre temps ? »

Deux personnes étaient à la porte — La Leader qui venait de parler et Mikihiko.

Après m’avoir remercié d’avoir défendu les soldats contre les monstres pendant le voyage, la Leader était allée droit au but.

« Le plan était de partir de ce village bientôt, mais je veux changer une partie du plan, » déclara la Leader.

« Ce qui veut dire ? » demandai-je.

« Je souhaite rester dans ce village demain, si possible. J’aimerais que vous compreniez ça, Takahiro-dono, » déclara la Leader.

Selon la Leader, les soldats étaient apparemment plus fatigués que prévu d’avoir marché dans l’enfer de la mer des arbres.

On craignait également que ce village pionnier ne subisse des attaques de monstres plus fréquentes par la suite en raison de la perte de la forteresse de Tilia. En fait, il semblait y en avoir des signes, et laisser les villageois mal à l’aise n’était pas une option.

Ainsi, pendant que les soldats se reposaient, certains des soldats moins fatigués étaient apparemment sortis après avoir subjugué les monstres autour du village.

« Je comprends. Si vous voulez, Lily et moi y participerons aussi, » déclarai-je.

« Je vous remercie. Je vous en prie, » déclara la Leader.

Lorsque j’avais proposé de m’y joindre, un sourire s’était formé sur le visage légèrement fatigué de la Leader.

Par la suite, nous avions été informés du plan pour demain et de la géographie de la région.

Il semblait que nous quitterions la forêt pour l’asservissement dans l’après-midi. Voyant cela, j’avais décidé de faire une demande.

« Si tu as le temps, j’aimerais que tu veilles sur ma famille jusqu’à midi, Silane, » demandai-je.

« À propos de ce dont j’ai entendu parler tout à l’heure ? Cela ne me dérange pas, mais…, » répondit Silane.

Recevant le regard de Silane, la Leader hocha la tête.

« Ça ne me dérange pas. Je vous suis vraiment redevable, Takahiro-dono. Nous recevrons également votre aide demain. Je n’ai pas de travail avant midi. Faites ce que vous voulez, s’il vous plaît, » déclara Silane.

« Compris, » répondis-je.

Heureusement, il semble qu’elle ait également reçu l’approbation de la Leader. Je l’avais remerciée en souriant.

« D’accord, c’est bon. Merci, Silane. Oh, c’est vrai. Si tu as le temps, j’aimerais que tu m’aides aussi pour mon entraînement, » déclarai-je.

« Oh, est-ce qu’on t’apprend aussi, Takahiro ? Alors, moi aussi, laissez-moi vous rejoindre. Je veux essayer d’utiliser de longues épées, » déclara Mikihiko.

Quand je le lui avais demandé, Mikihiko avait levé la main et avait fait une demande.

Comme si elle pensait, « Impossible de faire autrement », un léger sourire s’était gravé sur le visage de la Leader.

Une atmosphère douce s’était répandue dans la pièce.

« … »

Cependant, Silane avait été la seule à montrer une réponse différente.

Quand elle avait entendu mes paroles, son expression avait fait volte-face, et une ride s’était formée dans l’espace entre ses sourcils fins.

Apparemment après l’avoir remarqué presque en même temps que moi, l’expression de la Leader s’était transformée en confusion.

« Qu’est-ce qui ne va pas, Silane ? » demandai-je.

« … Ce que vous venez de dire…, » déclara Silane.

Après avoir hésité à parler comme si elle hésitait, Silane avait assorti son regard au mien avec un regard déterminé.

« … C’est peut-être l’occasion parfaite, » déclara Silane.

« Silane… ? » demandai-je.

« Takahiro-dono. Je comprends la question de la surveillance de votre famille. Cela ne me dérange pas non plus d’enseigner, Mikihiko-dono. Cependant, je voudrais m’abstenir de vous enseigner, » déclara Silane.

Alors que je trouvais ça abrupt, j’avais regardé le visage de Silane.

« … Qu’est-ce que tu veux dire ? » demandai-je.

Si elle n’arrivait pas à m’entraîner, je comprenais.

L’entraînement de ma famille s’était bien passé. Pareil pour Mikihiko, aussi. Mais je ne pouvais pas comprendre que moi seul étais « impossible à entraîner ».

« Takahiro-dono, vous ne devriez plus vous battre, » déclara Silane.

« … Je ne me bats pas parce que j’aime le faire, » répondis-je.

Je ne pouvais pas cacher ma confusion.

Je ne sentais que ce que Silane disait pour être trop soudain.

« Mais, je ne peux pas permettre ça. Si je ne me protège pas contre les dangers éventuels, je me brûlerai jusqu’à ce que mort s’ensuive. C’est quelque chose que je ne laisserai pas se produire, alors j’ai besoin d’avoir le pouvoir de me battre, » déclarai-je.

« Mais le feriez-vous même s’il y a danger à acquérir le pouvoir de se battre ? » demanda Silane.

À côté de moi, Lily avait réagi à ces mots.

Même s’il s’agissait de mots incontournables, les émotions qu’elle exprimait apparaissaient dans son regard aiguisé.

« Hé, Silane-san. Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? » demanda Lily.

« Exactement comme je l’ai dit. Il y a un risque avec la capacité de Takahiro, » face à la demande de Lily d’une voix ferme, Silane répondit.

« … Non. Attendez un peu, » déclarai-je.

J’avais interrompu la conversation des deux filles.

***

Partie 2

Ne dire que des choses arbitraires ne nous mènerait nulle part. À bras ouverts, j’avais protesté auprès de Silane.

« Qu’entends-tu par “risque” ? Es-tu en train de dire que quelque chose comme ça est quelque part en moi ? » demandai-je.

« En effet. Ne vous en faites-vous pas du tout pour ça ? » demanda Silane.

Soudain, Silane tourna son regard vers le bout de mon bras étendu.

De là, Asarina grandit et trembla.

« Je veux dire, où dans le monde y a-t-il un humain qui fait pousser un monstre du fond de sa main ? » demanda Silane.

« C’est… OK. Mais, s’il ne s’agit que des apparences…, » déclarai-je.

« Il ne s’agit pas seulement d’apparence, » Silane avait parlé sur un ton confiant. « Un effet est-il apparu dans la main dans laquelle Asarina est restée ? »

« … » Je m’étais enfoncé dans le silence.

Dans ce cas, cependant, le silence était positif et réciproque.

Je n’avais pas jugé nécessaire de faire des pieds et des mains pour le confirmer, mais dès le début, Asarina s’était sentie mal à l’aise dans mon bras gauche.

C’était naturel. Asarina, un parasite, collait ses racines dans ma chair. C’était étrange que cela n’ait pas d’effet.

Au début, j’avais déterminé que ce sentiment disparaîtrait tôt ou tard.

Si c’était le cas, ça aurait pu être comme ça.

… Cependant. Je ne pouvais pas oublier.

Afin de mettre en œuvre la méthode de mouvement en utilisant Asarina dont j’avais parlé précédemment, je m’étais « renforcé en étirant les racines d’Asarina du dos de ma main gauche pour descendre à mi-chemin de mon avant-bras ».

C’était une étape nécessaire pour ne pas me blesser les articulations. Cependant, si la racine passait à travers mon poignet — une partie mobile, mes mouvements devraient être plus ou moins obstrués.

De plus, la main humaine était un organe d’une délicatesse inattendue. Si les racines creusaient plus profondément, un effet apparaîtrait d’autant plus.

« Mis à part le fait de savoir si vous pouvez tenir un bouclier, n’êtes-vous pas incapable d’effectuer un travail délicat ? » demanda Silane.

« … Comme c’est précis, » répondis-je.

Lily et Mikihiko m’avaient regardé avec des visages inquiets alors que je faisais un sourire amer.

J’avais secoué la tête.

« Un petit manque d’habileté dans mes doigts n’est pas si grave. Je suis droitier, de toute façon. Seulement en termes de pouvoir, c’est plutôt fort, » répondis-je.

« Ce n’est pas tout, » déclara Silane.

L’expression sérieuse de Silane, à moitié cachée derrière son cache-œil, ne s’était pas effondrée.

« Si c’était ça, je ne dirais rien de tel. Mais… vous vous en souvenez, Takahiro-dono ? Ce que j’ai dit quand je suis allée vous entraîner pour la première fois, “Il y a quelque chose d’unique dans la façon dont vous manipulez vos pouvoirs magiques”, » déclara Silane.

« … Maintenant que tu le dis, oui. Qu’est-ce qu’il y a ? » demandai-je.

Si je me souviens bien, c’était le deuxième jour de mon séjour à la Forteresse de Tilia.

Après avoir vu que j’avais utilisé le renforcement du corps en utilisant des pouvoirs magiques, Silane avait dit cela.

Je cachais mon pouvoir à l’époque, alors j’avais des sueurs froides, me disant : peut-être qu’elle a remarqué mon secret ?

« J’étais convaincue après avoir entendu votre histoire. Le flux des pouvoirs magiques que vous utilisez pour fortifier votre corps est le même que celui de Gerbera-dono, l’Arachné blanc de la légende. Le fait d’être unique peut être qualifié de naturel, » déclara Silane.

« Ah, ouais. C’est après tout elle qui m’a appris à gérer mes pouvoirs magiques…, » répondis-je

« C’est mauvais, Takahiro-dono, » répondit Silane.

« … Quoi ? » demandai-je.

Mon front s’était plissé.

« Savez-vous que l’anneau que nous utilisons pour distinguer les zombies distingue la différence dans le modèle de pouvoir magique entre les humains et les zombies ? Les zombies ont un flux unique de pouvoirs magiques. C’est la même chose même pour les humains et les autres monstres. Ce qui le rend unique, c’est qu’il ne peut être reproduit. Normalement, en fait, » déclara Silane.

Maintenant que j’y pense, Rose avait dit quelque chose de semblable récemment.

« Vous ne pouvez pas utiliser la capacité unique d’un monstre. Le flux du pouvoir magique ne peut être reproduit que par ce monstre. »

« Vous souvenez-vous de l’autre chose que j’ai dite quand j’ai vu vos pouvoirs magiques pour la première fois ? » demanda Silane.

« Si… si je me souviens bien, c’était “normalement, votre pouvoir magique ne devrait pas couler comme ça”, non ? » demandai-je.

« Correct. Peu importe ce qu’on vous a enseigné, il vous est normalement impossible de copier le flux des pouvoirs magiques de Gerbera-dono, » déclara Silane.

Silane avait dit que je n’en étais pas capable, mais je l’étais.

… J’avais été capable de le faire. Silane avait vu ça comme un problème.

« La plupart du pouvoir magique que je possède vient de Gerbera. Alors…, » déclarai-je

« Même si c’est le cas, quand même. Le pouvoir magique est quelque chose qui habite l’âme. La forme d’une âme diffère grandement entre les humains et les monstres. Le pouvoir magique jaillit de l’âme. Si le flux de ce pouvoir magique change, alors…, » déclara Silane.

Le regard de Silane avait tout exprimé.

« … C’est donc ce que tu voulais dire, » déclarai-je.

J’avais poussé un petit, mais long soupir.

C’était une mesure nécessaire à prendre dans la réalité.

En y repensant, nous étions même allés jusqu’à faire une transfusion magique. En faisant cela, j’avais changé le pouvoir magique de mon corps en celui de Gerbera.

Il ne serait pas étrange qu’un changement irréversible se soit produit à l’époque.

Maintenant que j’y pense, en plus de garder Asarina dans mon corps, ça avait peut-être été un grand tournant pour moi.

« Fondamentalement, ce que tu veux dire, c’est que “je pourrais devenir un monstre” ? » demandai-je.

« … Si c’était ça, peut-être que ce serait quand même préférable, » répondit Silane.

Silane secoua la tête, ses cheveux dorés se balançant avec elle.

« Personne ne sait ce qui vous arrivera après ça. Peut-être deviendrez-vous quelque chose qui n’est ni humain ni monstre, » continua Silane.

« … Je préférerais que tu ne me dises pas quelque chose d’aussi horrible, » déclarai-je.

« Ce n’est pas une menace. Je ne sais vraiment pas quels types de défauts vont apparaître à l’avenir, » déclara Silane.

Le seul œil bleu de Silane avait percé le mien.

« Par conséquent, vous ne devriez plus saisir une épée, » déclara Silane.

Peut-être en raison de sa particularité en tant que ma famille, le lien n’avait pas transmis beaucoup d’émotion de Silane.

Pourtant, il était clair, d’après son expression sincère, qu’elle s’inquiétait pour moi du fond du cœur.

C’est exactement pour ça que j’étais désolé.

Parce que ma réponse avait déjà été décidée lors de cette nuit que j’avais passée avec Lily à la Forteresse de Tilia.

« Désolé, mais je ne peux pas accepter cette proposition, » déclarai-je.

« Takahiro-dono ! » s’exclama Silane.

« Je ne peux pas rester un obstacle. Cela ne se produira absolument pas, » déclarai-je.

Si je restais un obstacle et que j’étais incapable de me battre, je pourrais perdre Lily et les autres monstres de ma famille. Le blâme pour cela incomberait à moi et à moi seul.

C’était la pire hypothèse que je ne voulais même pas considérer. Je devais éviter ça.

Une fois que j’aurais tout perdu, je mourrais seul. J’avais la ferme conviction que je ne voulais pas que les liens que j’avais formés soient volés irrationnellement.

Une fois que vous avez été tué ou que quelqu’un est mort, il est trop tard pour le regretter.

J’aurais aimé le faire à l’époque, après avoir perdu les choses importantes pour moi — il n’y avait aucune chance que je laisse cela se produire.

Je ne pouvais pas rester oisif.

… Mais, bien sûr, je ne voulais pas non plus suivre le chemin de la tragédie parce que j’aimais ça.

Comme Silane l’avait dit, à part son argument extrême de ne même pas me préparer à me battre, je devais faire plus attention aux changements qui se produisaient dans mon corps.

Cela avait été affecté par ma capacité.

Tant que j’étais prudent, je serais capable de détecter les lignes dangereuses à l’avance.

Par exemple, j’étais persuadé qu’il était acceptable d’agrandir ma famille normalement.

Ce qui n’allait pas, c’était tout le reste… être alimenté en pouvoir magique par Gerbera, garder Asarina dans mon corps, et prendre Silane dans ma famille.

Si je faisais quelque chose d’excessif comme ça, il y avait un risque.

Comme pour tout, il fallait s’en assurer.

J’avais apprécié l’avertissement de Silane à ce sujet.

Il était important de connaître le danger à l’avance.

J’avais essayé de remercier Silane — mais les mots avaient été mis au fond de ma gorge.

« … S’il vous plaît, réfléchissez, Takahiro-dono, » déclara Silane.

Sa voix sérieuse m’avait touché le lobe de l’oreille.

Une violente émotion m’avait été soufflée sur la joue.

L’œil bleu de Silane me regardait fixement. Cet œil était comme une flamme bleue.

Normalement, le lien ne transmettait pas beaucoup d’émotions de Silane, mais pour l’instant, il ne transmettait que la passion dans son cœur.

Contrairement à la froideur de son corps pâle, je pouvais voir que son corps était animé par une passion brûlante.

Au point qu’elle pourrait perdre le contrôle.

« Silane… ? » demandai-je.

Qu’est-ce qu’elle faisait ?

Son apparence actuelle, à mes yeux, donnait même l’impression qu’elle était peut-être acculée par quelque chose.

… D’une certaine façon, ça ne lui ressemblait pas.

Je le sentais comme ça.

« Arrête, Silane, » c’était la Leader qui avait empêché Silane d’en dire plus. « Takahiro-dono a déjà pris sa décision. C’est quelque chose qui ne peut pas être renversé par d’autres. »

« Mais, Leader ! » déclara Silane.

Tournant la tête comme si elle était agitée, Silane avait essayé de dire quelque chose, mais avait ensuite tenu sa langue.

La Leader la fixa d’un regard calme.

« … Toutes mes excuses, » déclara Silane.

Après avoir perdu sa vigueur, Silane avait vite retrouvé son calme.

Elle avait baissé la tête.

« Tu en as trop fait. On dirait que tu devrais te calmer un peu, » déclara la Leader.

« Silane, si tu n’aimes pas ça, je ne te forcerai pas…, » déclarai-je.

« Non. Je n’aime pas ça. Pas du tout, » Silane secoua la tête. « Je vous apprendrai correctement l’épée demain. »

« Es-tu sûre de toi ? » demandai-je.

« Votre cœur est déterminé à se battre, n’est-ce pas, même si je ne vous apprenais pas l’épée. Par conséquent, j’aimerais au moins bien vous apprendre à vous battre, » répondit Silane.

Un regard sincère était dirigé vers moi.

Ça, c’était une Silane normale.

« Ma façon d’enseigner est stricte, » déclara Silane.

« … Je ne voudrais pas que ce soit autrement, » répondis-je.

« Bien sûr que oui. Ouais, c’est comme ça que vous êtes, » déclara Silane.

Souriant un peu, Silane quitta la pièce.

Elle n’avait pas pu m’arrêter.

Après avoir vu Silane partir, la Leader s’inclina devant moi.

« Je m’excuse pour ma subordonnée, » déclara la Leader.

« … Non. Je pense que c’est une bonne chose, » j’avais secoué la tête.

J’avais trouvé qu’elle avait l’air un peu bizarre… mais maintenant que j’y pense, même Silane était une fille du même âge que moi.

De temps en temps, elle peut être incapable de retenir ses émotions. Mais, comme son déchaînement avait été fait avec mon bien-être à l’esprit, je n’avais eu aucune plainte.

La Leader avait une expression complexe. « J’aimerais que vous compreniez ce que je vais dire. Elle tient vraiment à vous du fond du cœur. »

En disant cela, la Leader avait regardé la porte que Silane avait franchie.

« Takahiro-dono, savez-vous ce que nous sommes ? » demanda la Leader.

« Ce que vous êtes… ? » demandai-je.

J’avais incliné la tête.

« Oui. Bien que nous soyons des humains qui appartiennent au pays, nous ne nous y consacrons pas. Bien sûr, nous lui sommes naturellement fidèles, mais c’est quelque chose de différent de ce que nous sommes en tant que chevaliers. Pourquoi prend-on nos épées ? C’est ce qui nous différencie des soldats de l’armée, » déclara la Leader.

« D’accord ? » répondis-je, ne voyant pas où elle voulait en venir.

« Bref, la chevalerie n’est pas la voie de la loyauté. C’est ça, Leader ? » demanda Mikihiko.

Réalisant que je ne comprenais pas, Mikihiko avait coupé dans la conversation. « C’est exact, » acquiesça la Leader.

« Nous levons nos épées seulement pour l’idéal de justice et pour sauver les faibles. En d’autres termes, dans ce monde, il est résumé comme le salut des héros… Naturellement, il y a aussi des chevaliers qui ne sont pas comme ça. Il y a ceux qui donnent la priorité à la célébrité, certains sont corrompus, et aujourd’hui j’ai entendu dire qu’il y a même des combattants assoiffés de sang. Cependant, Silane n’est pas comme eux, » déclara la Leader.

La Leader avait continué à me fixer.

« C’est une chevalière. J’aimerais que vous vous en souveniez, » déclara la Leader.

Son expression était sérieuse, au point d’être effrayante. C’est la seule raison pour laquelle c’était important.

Capable de deviner, j’avais acquiescé de la tête. « Compris. »

« … Je vous remercie, » déclara la Leader.

Lorsque la Leader avait entendu ma réponse, elle avait souri comme si elle était soulagée.

C’était un sourire étonnamment maternel.

« Veuillez continuer à bien traiter Silane. Takahiro-dono, » déclara la Leader.

***

Chapitre 7 : L’araignée blanche et le garçon Otaku

~ Point de vue de Gerbera ~

« Muuuu, » les bras croisés, j’avais poussé un gémissement.

C’était à l’extérieur du village des pionniers. Dans la forêt, un peu loin de la route principale.

Menés par Monseigneur, nous avions tous quitté ensemble le village des pionniers.

Un peu plus profondément dans la forêt, bien que non visible d’ici, Lily-dono et Rose-dono étaient censées recevoir des instructions au combat.

Laissant Lily-dono de côté, Rose-dono devait éviter le regard du public, et ne pouvait donc pas recevoir de cours dans le village. Donc, il fallait le faire à l’extérieur du village.

Pendant que Lily-dono et Rose-dono essayaient d’apprendre les arts martiaux, je me creusais la tête sur les différents types d’armes qui se trouvaient sur le sol devant moi.

Il s’agissait des objets pris dans l’armurerie de la forteresse de Tilia.

Incapables de supporter de les laisser pourrir dans la forteresse abandonnée, nous avions fait tout ce que nous pouvions en les entreposant dans les voitures.

La plupart des armes étaient celles des Chevaliers de l’Alliance, qui étaient sous la protection de Monseigneur, mais certaines appartenaient aux Chevaliers de l’Empire maintenant annihilé.

La raison pour laquelle ils avaient été alignés ici est que lorsque Lily-dono et Rose-dono avaient dit qu’elles essayaient d’apprendre les arts martiaux, les chevaliers avaient dit. « Il existe différents types d’armes, même des épées et des lances, alors aimeriez-vous les voir ? ».

À ce moment-là, Monseigneur m’avait suggérée. « C’est l’occasion, que dirais-tu d’essayer des armes ? ».

Lily-dono et Rose-dono n’étaient pas les seules à chercher la puissance.

Tatsuya Juumonji, le tricheur originaire du même monde que Monseigneur, était un adversaire coriace qui pouvait encaisser même mes coups à pleine puissance.

J’étais le monstre le plus fort de la famille de Monseigneur.

Il n’y avait personne de plus fort que moi, donc la défaite n’était pas une option.

J’avais sauté sur la proposition de Monseigneur sans hésitation.

Utiliser des outils pour devenir fort rapidement était probablement une façon de penser propre à Monseigneur et aux autres humains.

« Si vous êtes faible, compensez-le avec des outils ». Si je manquais de pouvoir, alors suivre cette mode n’était pas une mauvaise idée.

Cependant, j’étais beaucoup trop peu familière avec ce système, et pour être franche, c’était troublant de ne pas savoir comment m’en servir.

« L’un d’eux a attiré votre attention ? » en sortant de la voiture, Kei s’était arrêtée à proximité et m’avait appelée.

Il y avait beaucoup d’armes dans ses bras d’elfe. Malgré son âge, elle était assez forte. C’est peut-être parce qu’elle s’entraînait avec les chevaliers quand c’était possible.

« Malheureusement non…, » répondis-je.

« Hrrm. Ils ne valent rien, n’est-ce pas ? Vous en avez vu beaucoup, mais en trouver un est assez difficile, » déclara Kei.

« Hm. »

J’avais en main une des armes. C’était une épée comme celle de Monseigneur.

J’avais essayé de la déplacer, et mes sourcils s’étaient plissés.

Je ne pouvais pas imaginer que je pourrais devenir plus forte en utilisant ça.

L’instinct bestial que j’avais depuis des années me disait que cela ne m’était d’aucune utilité.

Bien sûr, ils étaient censés être utilisés par les humains. J’imagine que c’est pour ça que ça ne me convenait pas.

Cela ne se limitait pas non plus aux armes.

Par exemple, Lily-dono et Rose-dono essayaient d’apprendre les arts martiaux, mais il semblait peu probable qu’une telle méthode me rende plus forte.

Cela pourrait être compris en prenant Ayame et Asarina en considération. Inutile de dire qu’il leur était impossible d’étudier les arts martiaux.

Dans tous les cas, j’étais proche d’elles,

Les arachnes ressemblaient aux gens — bien que seulement leur haut du corps, mais ce qui était important pour les arts martiaux était en fait votre bas du corps.

Mon bas du corps était une araignée en soi. Ma façon de bouger et d’utiliser les choses était complètement différente de celle des gens.

Je devrais peut-être l’appeler le système de l’épée ou quelque chose comme ça ? Au lieu d’essayer simplement de le corriger, il était nécessaire de construire un système différent d’arts martiaux à partir de la base pour que je puisse apprendre cela.

Mais, naturellement, cela prendrait trop de temps.

« Tout d’abord, vous êtes déjà complet en tant que combattant, Gerbera-san, » déclara Kei.

S’abaissant, Kei posa les armes une par une sur le sol.

« Pour comparaison, c’est comme un épéiste de premier ordre qui essaie de devenir un magicien sans un peu d’instruction. C’est beaucoup trop inefficace. Par conséquent, au lieu de modifier votre style de combat pour en faire une arme, vous devez choisir une arme qui correspond à votre style de combat établi, » déclara Kei.

Après l’avoir dit, Kei sortit la langue un peu dans l’embarras. « … C’est ce que ma grande sœur me dit toujours. »

« Je vous ai rendu la tâche difficile, en vous faisant m’accompagner comme ça, » déclarai-je.

« C’est très bien. Je suis à peu près la seule à être libre. D’ailleurs, c’était aussi à la demande de Takahiro-san, » déclara Kei.

« La seule, dites-vous ? » demandai-je.

Entendant sa joyeuse réponse, j’avais incliné la tête.

« Si je peux me permettre, Kei. N’avez-vous pas peur de moi ? » lui demandai-je.

Ni les soldats qui nous accompagnaient ni les chevaliers n’avaient pris des mesures hostiles contre nous.

En fait, les chevaliers s’en sortaient mieux grâce à l’inclination de la Leader. Même maintenant, il y avait des gens qui montaient la garde pour que personne ne puisse s’approcher de nous, et ils combattaient côte à côte avec Monseigneur à la forteresse de Tilia.

Cependant, c’était par respect pour Monseigneur, qui dirigeait les monstres, tout au plus. Et savoir s’ils pouvaient ou non interagir étroitement en personne avec nous, la famille de Monseigneur était une autre histoire.

En fait, parmi nous, la famille dirigée par Monseigneur, aucun d’entre nous n’avait eu de contact avec les humains vivant dans ce monde autre que Lily, dont l’apparence ne pouvait être distinguée de celle d’un humain.

Il n’y en avait pas d’autres qui essayaient d’interagir de manière proactive avec moi comme Kei le faisait.

Je l’avais remarqué récemment, mais ce n’était pas si étonnant pour moi.

« Vous êtes de la famille de Takahiro-san, après tout, » déclara Kei.

Tenant les armes que j’avais examinées plus tôt, Kei sortit un « hyuup » en se levant.

« Takahiro-san a dit : “Laisse-moi faire” quand grande sœur Silane s’est transformée en zombie. Ce n’était pas un mensonge. Il a vraiment aidé ma grande sœur. Alors…, » déclara Kei.

« Je vois. Vous avez vraiment confiance en notre Monseigneur, » déclarai-je.

« Oui ~. Quand j’ai eu le courage de parler avec Rose-san, elle s’est aussi avérée être une bonne pe-personne — … ? Quoi qu’il en soit, c’était facile de se lier d’amitié avec vous aussi, Gerbera-san… Ah, » déclara Kei.

Kei sourit, puis soudain son regard se tourna ailleurs.

« Takahiro-sa ~ n, » murmura Kei.

Une voix heureuse. Reconnaissant la présence, moi aussi, j’avais tourné mon visage dans cette direction.

Monseigneur marchait de l’autre côté de la forêt, prêtant son épaule à Mikihiko-dono.

Monseigneur et Mikihiko-dono devaient se battre avec des épées et des boucliers en bois faits pour l’entraînement.

Monseigneur avait encore de la place pour aider Mikihiko-dono, qui semblait à bout de souffle.

« Mikihiko est à terre après le compte à rebours. Désolé, Kei, mais peux-tu t’occuper de lui ? » lui demanda Majima.

« Oui, je comprends. Alors, pouvez-vous l’allonger là ? » lui demanda Kei.

Kei était retournée à la voiture, les armes dans ses bras claquant quand elle l’avait fait.

Monseigneur coucha Mikihiko au pied de l’arbre avant de tourner sa tête en me regardant.

« Eh bien, Gerbera. As-tu trouvé une bonne arme ? » me demanda Majima.

« Je ne l’ai pas fait, malheureusement. Il y en a tellement que cela me fait tourner la tête…, » répondis-je.

« Fais de ton mieux pour en trouver une. Si tu trouves quelque chose qui te convient, demande à Rose de le faire. Ce sera aussi une discussion, hein, » déclara Majima.

Quand Kei revint en tenant un thermos, Monseigneur se leva.

« Eh bien, je vous laisse faire. Je vais voir comment vont Lily et Rose, » déclara Majima.

« … Tu pars déjà, Takahiro ? » Fatigué à mort, Mikihiko avait parlé. Monseigneur haussa les épaules.

« Silane a promis de me voir aussi, pas seulement Lily et Rose. Tu devrais aussi venir quand tu te rétabliras. Elle a promis de t’entraîner aussi, n’est-ce pas ? » demanda Majima.

« Ouais ouais, » répondit Mikihiko.

Monseigneur était parti avec un sourire ironique.

C’était regrettable, mais comme il avait des choses à faire, on ne pouvait pas l’en empêcher.

Je devrais aussi faire ce que j’avais à faire.

J’avais ramassé des armes ici et là pendant un moment, puis Mikihiko-dono s’était levé.

Mikihiko-dono était l’ami de Monseigneur, mais je le connaissais aussi. Il venait rencontrer Monseigneur quand il en avait le temps, et il avait parlé de diverses créations avec Rose-dono.

Je n’étais pas au courant de toute l’histoire, mais le fait que Rose-dono ait récemment fait des choses qu’elle ne connaissait pas était probablement dû à l’influence de Mikihiko-dono.

Bien que seulement de temps en temps, je parlais aussi avec lui, si j’avais le temps.

« … Mais il est vraiment énergique, hein, » murmura Mikihiko-dono d’une voix émotionnelle.

Le « Il » faisait probablement référence à Monseigneur.

Monseigneur et Mikihiko-dono avaient été amis bien avant de venir au monde. En le voyant maintenant, il y avait peut-être beaucoup de choses auxquelles il pensait.

« Après tout, Monseigneur sait mieux manier les pouvoirs magiques que vous, » déclarai-je.

Posant la hache que je tenais sur le sol, je m’étais tournée vers Mikihiko-dono.

« Cependant, d’après ce que j’ai vu, vous avez la chance d’avoir un talent pour le combat, » déclarai-je.

Bien que je n’aie vu qu’une petite partie de leur entraînement au début, Mikihiko-dono s’était battu assez habilement, malgré ses capacités physiques moindres.

Il avait combattu avec une épée et un bouclier, comme Monseigneur, mais sa façon irrégulière de combattre (manipuler deux épées flottantes avec sa capacité de tricheur) l’avait mis sur un pied d’égalité avec Monseigneur, qui avait une longueur d’avance avec son pouvoir magique de renforcement du corps.

Au bout du compte, cependant, il semblait avoir été vaincu par Monseigneur en raison de la différence de talents.

« Hahaha. L’Arachnée blanche de légende m’a dit que j’avais du talent… peut-être qu’il y a encore de l’espoir pour moi, » déclara Mikihiko.

« En ce moment, Monseigneur est en avance sur vous, même à l’épée, mais si vous deveniez meilleur dans le maniement des pouvoirs magiques et parveniez à rivaliser avec Monseigneur sur le plan physique, vous pourriez bientôt rattraper Monseigneur, » déclarai-je.

« Oh ? Vraiment ? C’est génial. Je vois. Si mes capacités physiques correspondent aux siennes… hé… N’est-ce pas un goulot d’étranglement ? » demanda Mikihiko.

« Cela aussi, c’est un aspect de la question, » répondis-je.

Le pouvoir que Monseigneur avait acquis était le fruit de son expérience de la survie dans la mer des arbres jusqu’à aujourd’hui. Si cela devait être surpassé si simplement, Monseigneur n’aurait pas une jambe sur laquelle se tenir.

« … Mais je veux dire, est-ce que c’est naturel ? » demanda Mikihiko.

Mikihiko-dono poussa un petit soupir.

« Honnêtement, en entendant l’entraînement qu’il a fait jusqu’à présent, j’ai… reculé.… Mais je dois au moins en faire autant, sinon je ne pourrais pas protéger ce qui compte vraiment pour moi, » déclara Mikihiko

Il marmonna en étant sérieux.

Sous ses lunettes, ses yeux montraient un respect honnête pour son ami.

« Après avoir entendu dire que les capacités de tricheur sont des souhaits du fond du cœur des personnes transférées, j’ai compris. Vous êtes l’espoir même pour lui. C’est pourquoi il essaie désespérément de vous protéger, et c’est pourquoi il fera de son mieux, quelle que soit son apparence. Pour en avoir autant en tête… Je crois que je suis jaloux, » déclara Mikihiko.

« Cela dit, Mikihiko-dono, » j’avais posé la question. « Vous avez aussi manifesté votre pouvoir, n’est-ce pas ? N’êtes-vous donc pas comme Monseigneur ? »

« Le mien… n’est probablement pas basé sur un vœu aussi grand que le sien, » répondit Mikihiko.

Mikihiko-dono avait souri amèrement en se grattant les cheveux.

« Contrairement à Takahiro, j’ai une nature plus… tiède. Au lieu d’un vœu de mon cœur, c’est plus comme…, » commença Mikihiko.

« Comme ? » demandai-je.

« … Nah. Ce n’est pas la peine, » répondit-il. Mikihiko-dono se leva, secoua la tête. « Eh bien, maintenant. Je me suis assez reposé, il est temps que j’y aille. Merci, Kei-chan. »

Mikihiko-dono m’avait rendu la tasse qu’on lui avait remise, puis m’avait regardée avec un visage de réalisation soudaine.

« Ah. Ça me rappelle, Gerbera-san. J’ai terminé ce dont nous avons discuté, alors je vais vous le remettre, » déclara Mikihiko.

« Vraiment !? » demandai-je.

Mikihiko-dono avait souri face à ma vigueur et hocha la tête.

« Ouaip. Tenez, regardez, » déclara Mikihiko.

Ce qu’il avait sorti de sa poche de pantalon, c’était un bout de papier blanc avec de fines lignes tracées sur lui à intervalles réguliers.

Quand je l’avais prise, Kei s’était approchée avec un regard intéressant.

« Est-ce quelque chose de votre monde ? » demanda Kei.

« Ouaip. C’est une feuille volante. C’est précieux puisqu’il n’y en a plus beaucoup, mais c’était une demande de Gerbera-san, alors j’ai fait une folie » déclara Mikihiko.

« Une demande ? … Oh. Il y a un dessin là-dessus. Wôw, c’est tellement bien !? » s’exclama Kei.

Les yeux de Kei s’étaient ouverts en grand. Mikihiko-dono s’était frotté le dessous de son nez.

« C’est parce que je l’ai dessiné avec mon âme. Un travail confiant. J’y ai travaillé la nuit, donc franchement, je suis épuisé aujourd’hui, » déclara Mikihiko.

« C’est peut-être pour ça que votre épée ne peut pas faire face à celle de Takahiro-san…, » déclara Kei.

« Tahahahahahaha. Eh bien, Gerbera-san. Redites-moi si vous trouvez quelque chose, » déclara Mikihiko.

Mikihiko-dono avait ri, esquivant la question de Kei, et s’enfuit comme pour s’échapper.

« Je vous remercie. Je vous consulterai ! » J’avais prononcé des mots de gratitude à Mikihiko-dono et je l’avais vu partir.

Puis, j’avais de nouveau jeté mon regard sur le papier. Il y avait une photo d’une fille avec des tresses dessinées dessus.

« Mais, c’est vraiment beau. Je ne savais pas que Mikihiko-san était un artiste, » dit Kei en regardant par le côté.

« Il a dit : “Je voulais être illustrateur”, » répondis-je.

Mon regard restait encore sur le papier, alors je corrigeais ses paroles. « Je crois qu’il a aussi dit : “Mais j’ai encore un long chemin à parcourir. Un geek un peu doué comme moi peut dessiner beaucoup de choses comme ça”. »

« Vraiment ? Je ne sais pas grand-chose, mais pour qu’il fasse un tel dessin même s’il n’est pas un artiste… le pays d’origine de Mikihiko doit avoir une culture très riche, » Kei parla avec un regard d’admiration, puis inclina la tête. « Alors, qu’est-ce que c’est ? »

« Hmm. J’ai eu une petite discussion avec Mikihiko-dono, » lui expliquai-je.

« Maintenant que j’y pense, Mikihiko-san en a parlé tout à l’heure. La discussion… était-ce à propos de ses talents artistiques ? » demanda Kei.

« Non. Ce n’est pas ça. À vrai dire, Rose-dono m’a demandé de faire des vêtements. J’étais troublée par le choix du design à utiliser, » déclarai-je.

Cette demande m’avait été faite avant que nous ne rejoignions Monseigneur. C’était juste avant que nous soyons entraînés dans la horde de monstres qui attaquèrent plus tard la forteresse de Tilia.

« J’avais oublié à cause de l’agitation, mais je m’en suis souvenue. Je voyageais donc calmement. Alors que je pensais que je devrais peut-être commencer à les faire bientôt, » déclarai-je.

« Alors, vous avez consulté Mikihiko-san ? » demanda Kei.

« Mhm. Je l’ai fait parce que je ne savais pas quels vêtements seraient bons, » répondis-je.

« Ummm ? Rose-san n’a pas demandé un type particulier ? » demanda Kei.

« J’ai accidentellement oublié d’écouter. Beaucoup de choses se passaient alors…, » avouai-je.

Oui, il se passait beaucoup de choses à l’époque. Beaucoup de choses…

« Uuaah... ! » criai-je.

« Qu’y a-t-il, Gerbera-san ? Votre visage est rouge !? » demanda Kei.

Un souvenir que je voulais garder refoulé avait été ravivé avec insouciance, et j’avais tenu ma tête.

D’ailleurs, la raison pour laquelle je n’avais pas pu demander directement à Rose-dono, c’est que, comme maintenant, j’avais peur qu’elle se souvienne des cocons si elle demandait « pourquoi as-tu accidentellement oublié d’écouter ? »

C’est trop embarrassant, je vais mourir.

« Ce n’est rien du tout. Rien du tout. S’il vous plaît, pour tout ce qui est bon et saint, ne demandez pas, » déclarai-je.

« D’accord…, » répondit Kei.

J’avais agité les mains vers Kei alors qu’elle clignait des yeux en signe de surprise, et je m’étais vite calmée.

« En tout cas, j’ai choisi Mikihiko-dono comme consultant parce qu’il est l’ami de Monseigneur. J’ai pensé qu’il pourrait savoir quels vêtements Monseigneur aime, » déclarai-je.

« Voilà donc ce que c’est. Heehhh. Elle est vraiment mignonne. Alors Takahiro-san aime ça ~ ? » demanda Kei.

« Mhm. Dans le monde de Mikihiko-dono, cette tenue est apparemment préférée des hommes. Comment s’appelait-il ? Je crois que c’était…, » déclarai-je.

Les mots que j’allais dire s’étaient pris dans le fond de ma gorge.

Mes yeux levés de la page.

Accompagnées de pas, des présences s’approchaient.

J’avais commencé à avoir des soupçons.

Le son ne venait pas de l’intérieur de la forêt où Monseigneur et les autres personnes présentes pour l’entraînement se trouvaient, mais de la route où les chevaliers étaient censés être les gardiens en ce moment.

D’abord, ce n’était pas des monstres. C’était des pas humains.

Chevaliers ? pensai-je, mais les pas étaient trop légers pour ça.

Peut-être des habitants du village des pionniers ? Mais alors, les chevaliers auraient dû les arrêter…

« Oh ! Il y a vraiment un monstre ici ! »

Tandis que je tournais la tête, une voix vive se fit entendre.

Il y avait trois paires d’yeux qui me fixaient.

***

Chapitre 8 : L’araignée blanche et les vêtements de la marionnette

Partie 1

~ Point de vue de Gerbera ~

« Oh ! Il y a vraiment un monstre ici ! »

Ce qui était apparu en même temps que ces mots, c’était trois personnes — deux garçons et une fille.

« Vous êtes…, » déclarai-je.

Je m’étais souvenue de leurs visages. Comme Monseigneur, ces trois personnes étaient transférées.

Ils s’appelaient… Comment s’appelaient-ils ?

En y repensant, je ne l’avais jamais entendu. Comme il s’agissait de personnes avec lesquelles nous n’avions pas encore eu d’interaction, ce n’était guère surprenant.

Pourquoi étaient-ils quelque part comme ici ? Je me sentais plus confuse que sous le coup de la suspicion.

« Woahh. C’est la première fois que je vois un monstre de si près. »

Les visages des garçons qui me fixaient étaient incroyablement joyeux.

Je n’avais senti aucune trace de mauvaises intentions.

Je ressentais parfois un dégoût physiologique que je ne pouvais pas supporter de la part des chevaliers, mais contrairement à cela, je pouvais appeler ce qu’ils me montraient une sorte d’« attitude amicale ».

Mais, bizarrement, ces regards me mettaient très mal à l’aise.

« C’est incroyable. C’est vraiment un monstre. »

« N’est-ce pas dangereux ? »

« C’est bonnnn. C’est le monstre de Majima, voyez-vous. Il y a aussi une elfe à côté d’eux, donc elle aurait été tuée il y a longtemps si elle était dangereuse. »

Ils s’étaient approchés tout en discutant de quelque chose.

Les deux garçons avaient des visages rouges. Une odeur particulière m’avait frappé le nez.

« … Sont-ils ivres ? » Kei murmura à côté de moi, et mes sourcils se plissèrent.

Je n’avais pas bien compris ce « ivre » dont parlait Kei, mais j’avais quand même saisi l’essentiel de la situation.

Les Chevaliers de l’Alliance, amis de Monseigneur, empêchaient cette région d’être accédée par ses habitants.

Ni les soldats ni les villageois ne pouvaient s’approcher.

Cependant, les chevaliers ne pouvaient pas être trop stricts envers les personnes transférées comme Monseigneur… c’est-à-dire, les héros.

En fait, derrière eux se trouvaient des chevaliers aux regards confus.

Il semblait que la raison était un peu lâche pour les garçons en ce moment. C’était peut-être un effet de l’alcool.

Par conséquent, j’ignorais la situation.

Ils se sentaient ainsi à cause de l’alcool qu’ils avaient bu. En raison de cela, leur corps effectuait des actions qu’ils ne feraient pas normalement.

Mais je n’avais aucune idée de ce qu’ils étaient venus faire…

« Pour quelle raison venez-vous ici… ? » avais-je demandé.

« Ton bas du corps est vraiment une araignée, hein. »

J’avais essayé de leur demander, mais les garçons n’avaient pas entendu mes paroles.

« Qu’est-ce que ça fait ? »

Au contraire, les garçons s’étaient approchés aussi près que possible devant moi, et l’un d’eux avait tendu la main.

Par erreur, ma réaction avait été retardée par rapport à l’action trop grossière et inattendue.

Sa main impolie était sur le point de toucher la partie inférieure de mon corps d’Arachnée. Un corps d’araignée recouvert de cheveux blancs.

« … !! »

Pourrait-il toucher ce corps ?

N’était-ce pas la main d’un homme qui n’était pas celle de Monseigneur ?

J’avais senti la chair de poule couler dans tout mon corps à cause du dégoût physiologique. Mes poils d’araignée se tenaient debout.

Mes jambes d’araignée s’étaient tortillées, et — .

« Qu’est-ce que vous faites !? »

— Une voix de réprimande s’était fait entendre, brisant le silence de la forêt.

La main du garçon s’était arrêtée. Tout le monde avait immédiatement regardé autour de lui.

Une petite fille s’était approchée de moi, les épaules tremblantes.

« … Katō-dono ? » Le nom de la fille avait glissé hors de ma bouche.

Si je me souviens bien, Kato-dono aurait dû regarder l’entraînement de son amie Rose-dono.

Il semble qu’elle soit revenue ici.

Alors que personne d’autre ne pouvait réagir, Kato-dono s’arrêta de bouger et, avec une expression sévère, fixa du regard les garçons qui allaient me toucher.

« Vous essayez de toucher le corps d’une fille de votre propre initiative ! » déclara Kato.

« F-Fille ? C’est un monstre. »

« Et alors. C’est indubitablement une fille. Savez-vous à quel point ce que vous essayez de faire est absurde ? » déclara Kato.

Frappés par sa colère, les garçons avaient pris du recul comme s’ils avaient été trempés par une bonne douche froide.

Cependant, cela aussi, ce n’était que pour un moment.

« … Toiiiii ! »

Ils avaient dû réaliser qu’ils avaient peur d’une fille.

Ils auraient honte des événements qui avaient mené à ce point, si seulement leur raison fonctionnait correctement. Je savais en les regardant que leur petite fierté avait été mise à feu.

C’était sur le point d’exploser.

En pensant ainsi, je m’étais relevée, faisant un son *kichiri*. C’était mieux de les arrêter, même si je devais utiliser une méthode un peu grossière.

« S-Stop. Vous deux, arrêtez. »

Cependant, la fille qui les avait accompagnés jusqu’ici avait attrapé le bas des chemises des deux garçons.

« Tada-san ? »

« Allons-y. D’accord ? On a fait quelque chose de mal, on a tort…, » déclara celle qui se nommait Tada.

Ses yeux étaient fixés sur la chose accrochée sur le côté gauche de la taille de Kato-dono.

C’était un gros couteau.

L’autre jour, Monseigneur avait parlé à Rose-dono et lui avait demandé de le faire pour Kato-dono pour se protéger.

Le couteau ultramince était léger pour sa taille et en plus, terriblement tranchant.

La main gauche de Kato-dono était placée à la poignée du couteau dans sa gaine.

« Je-Je suis désolée. »

« … » Alors que Kato-dono avait pris une position imposante un peu plus loin de nous, elle avait fait signe avec son menton de partir rapidement, en restant silencieuse tout le temps.

La jeune fille avait fait un sourire forcé, et avec un visage pâle, elle était partie comme si elle s’enfuyait.

Bien qu’insatisfaits, les garçons étaient partis sans rien faire de plus qu’un clic de langue avant de courir après la fille.

Dès que les chevaliers partirent aussi avec des expressions d’excuse, j’avais poussé un soupir.

Les poils d’araignée sur le bas de mon corps, qui étaient sur les nerfs, avaient finalement retrouvé leur calme.

C’était une bande d’impolis. Toute cette histoire m’avait laissé un mauvais arrière-goût.

Cependant, le fait que cela se soit terminé sans que rien se produise pouvait être qualifié de bon.

Naturellement, je savais que si moi — un monstre — je causais un événement violent, l’événement pouvait avoir aggravé la position de Monseigneur.

Je m’étais tournée vers Kato-dono.

C’était grâce à sa participation qu’il ne s’était rien passé.

« Je vous remercie, Kato-dono, » lui déclarai-je.

« … » Il n’y avait pas eu de réponse.

Inclinant la tête, j’avais jeté un coup d’œil à son expression.

Son visage, qui avait une légère impression d’innocence, était d’une pâleur mortelle.

« … Katō-dono ? » lui demandai-je.

Il n’y avait pas eu de réponse à mon appel.

Kato-dono s’était soudainement effondrée.

Heureusement, l’état de Kato-dono n’était pas grave.

Après s’être affaissée avec une expression pâle, elle s’était couchée sur le côté et s’était endormie un moment, suite à sa déclaration. « Je vais bien tant que je me repose un peu. »

À peu près au moment où Kei avait remplacé la serviette humide placée sur son front pour la énième fois, Kato-dono s’était réveillée.

« … Je m’excuse pour le dérangement, » déclara Kato.

« Ne vous inquiète pas pour ça, » déclara Kei.

Les humains étaient si fragiles que je ne pouvais que les regarder, même si c’était mauvais pour mon cœur.

En poussant un soupir de soulagement, j’avais haussé un peu les épaules.

« Cependant, ce n’est pas comme s’il avait été fait pour aider dans un combat, je n’en ferai pas trop, » déclara Kato.

Quand j’en avais entendu parler plus tard, il m’avait semblé que Kato-dono n’avait pu prendre qu’une pose imposante devant les garçons impolis, et elle n’avait même pas pu faire un seul pas.

En y repensant maintenant, le fait qu’elle ait touché le couteau était probablement plus parce qu’elle voulait se fier à l’objet qui lui avait été donné par Monseigneur et fait par Rose-dono, que parce que c’était « Je l’utiliserai si quelque chose arrive ».

Kato-dono avait l’air un peu triste comme si elle savait qu’elle en avait trop fait.

« C’est vrai… mais je crois qu’il est important de le faire, » déclara Kei.

« Je vous remercie, » déclarai-je.

J’avais aussi apprécié son geste.

Comment mes jambes d’araignée auraient-elles bougé de manière réfléchie une seconde plus tard si Kato-dono ne m’avait pas interrompue ?

C’était un comportement inconscient, donc je pouvais difficilement affirmer que ça aurait été bien.

J’aurais pu sauter en arrière instantanément.

Si je m’en sortais si mal, il y avait une chance que la main du garçon grossier ait été coupée. Cela m’avait fait frissonner.

« Si le corps d’une fille est soudainement touché par un membre du sexe opposé, il ne leur est pas impossible de riposter de façon réflexe…, » Kato-dono l’avait dit d’un ton amer.

« Les spécifications de Gerbera-san se situent à un tout autre niveau. Ils auraient pu se blesser un peu, » déclara Kei.

« … Ouais, juste un “peu”, » j’avais détourné mon regard en disant ça.

C’était une façon délicate de voir la situation, mais j’avais pensé à me taire à ce sujet. C’était un problème banal.

Kato-dono, faisant une expression un peu curieuse après avoir vu ma réaction, avait continué à parler. « Eh bien, il ne pensait probablement pas que cela avait de l’importance pour nous, mais normalement ce serait du harcèlement sexuel, donc vous devriez le fixer d’un regard mortel, mais… »

« Par conséquent, cela pourrait gêner Monseigneur, » déclarai-je.

Kato-dono avait montré son approbation d’un signe de tête. « C’est une bonne chose que ça se soit terminé sans devenir un problème. »

« En effet… Mais qu’est-ce que c’était ? » demandai-je.

Alors que je me plaignais d’un ton naturellement calme, un pli s’était formé dans les sourcils de Kato-dono.

« Ils se sont soûlés. Ils ont commencé à faire des choses inconsciemment, » expliqua Kato.

Son ton était glacial et rempli de colère envers les garçons irréfléchis.

« Ce n’est pas limité à vous, mais je pense qu’il y a des moments où ils regardent inconsciemment les autres un peu avec dédain. Donc, quand ils perdent un peu leurs raisons, ils commencent à faire des choses impolies qu’ils ne feraient pas normalement…, » continua Kato.

Quand j’avais entendu cette remarque, j’avais soudain pensé aux deux monstres qui servaient Riku Kudo, l’autre dresseur de monstres.

Ils, sous les noms d’Anton et de Berta, semblaient avoir été traités comme de simples pièces de jeu.

Peut-être que la raison pour laquelle je me sentais mal à l’aise chez les garçons de tout à l’heure, c’était parce que leurs émotions étaient semblables.

Ce n’était pas « bien s’ils n’ont pas de mauvaise volonté ».

Une franche curiosité. Simplement dits, les garçons m’avaient regardée comme si j’étais une sorte de chose.

Les monstres étaient des monstres, pas des humains.

Les personnes transférées n’avaient pas la haine des monstres que les habitants de ce monde possédaient, mais cela ne signifiait pas nécessairement qu’ils nous traiteraient à égalité.

Nous avions eu beaucoup de chance d’avoir rencontré Monseigneur.

« Mais quand ils seront sobres, je suis sûre qu’ils reconnaîtront l’erreur qu’ils ont faite. Après tout, ils ne veulent pas se battre avec Majima-senpai, » déclara Kato.

Kato-dono avait continué. « De plus, d’après ce que j’ai entendu dire, Miyoshi-senpai semble être le chef de ce groupe. L’incident s’est produit à un moment où il ne l’était pas, et s’il le savait, il agirait certainement de manière à s’assurer que sa relation avec Majima-senpai ne se détériore pas. En ce sens, il serait peut-être bon d’étouffer ça dans l’œuf rapidement. Si Rose-san avait été entraînée là-dedans comme ça, je ne pourrais pas supporter de le regarder. »

« Contrairement à moi, Rose-dono est calme. Si cela causait des ennuis à Monseigneur, elle pourrait s’asseoir là et se laisser toucher, même si au fond d’elle-même, elle détestait ça, » déclarai-je.

« S’il vous plaît, ne dites pas de telles choses horribles. Seul Senpai peut toucher Rose-san, » faisant un visage de pur dégoût, Kato-dono avait parlé.

Comme d’habitude, c’était une bonne amie.

« Hmm ? » J’avais alors levé le visage.

Une autre personne s’approchait.

Je m’étais levée en réfléchissant, la raison étant que l’incident d’il y a peu de temps me laissait sans doute inconsciemment un effet durable. Heureusement, c’était une anxiété inutile.

La personne qui s’approchait avec des pas rythmés était une elfe aux yeux bleus, vêtus d’une armure blanche, les cheveux d’or attachés ensemble et se balançant — c’était Silane.

Bien qu’elle soit la plus récente membre de la famille de Monseigneur, Monseigneur la traitait ainsi parce qu’elle avait vécu comme une personne avant cela.

Par conséquent, la famille, y compris moi, avait agi comme cela. Personnellement, j’avais eu l’impression qu’elle était plus l’amie de Monseigneur et la sœur aînée de Kei qu’elle n’était ma petite sœur.

Kato-dono inclina un peu la tête face à son apparition. « Silane-san, pourquoi êtes-vous ici ? »

« Mes subordonnés m’ont dit qu’il y avait des problèmes ici, » déclara Silane.

***

Partie 2

Faisant un visage un peu sévère, Silane s’approcha de nous en regardant autour d'elle.

« Bien qu’il ne s’agissait que d’un différend et non pas d’une question importante, Takahiro-dono et Mikihiko-dono étaient quand même préoccupés. Je suis venue voir la situation et m’excuser, » déclara Silane.

« Voilà donc la raison. Mais c’est très bien. Ce n’est pas la faute des chevaliers, donc vous n’avez pas à vous excuser, » déclara Kato.

« Mais…, » commença Silane.

« Ce n’est pas grave. Je me sentais un peu malade, mais Kei-chan s’est occupée de moi, » déclara Kato.

Kato-dono avait fait un visage souriant face au regard anxieux de Silane.

Voyant ça, je m’étais posé une question.

Son sourire semblait un peu raide.

« Bon. Je pense que je pourrai bientôt me déplacer. Merci, Kei-chan, » déclara Kato.

Quand Kato-dono avait serré son poing et l’avait remerciée, Kei avait baissé ses yeux.

« Ce n’est pas possible. Je ne pouvais rien faire plus tôt…, » déclara Kei.

« Ce n’est pas grave. Un enfant ne devrait pas s’inquiéter de telles choses, » déclara Kato.

Kato-dono se leva, caressant la tête de Kei pendant qu’elle se lamentait.

Elle n’avait pas l’air de se forcer, même à mes yeux.

Exactement comme elle l’avait dit, elle semblait s’être rétablie en si peu de temps. Beaucoup plus vite qu’avant.

Est-ce que la réhabilitation avec Mikihiko-dono qui aidait montrait-elle progressivement ses effets ? Ou, peut-être que la bonne relation qu’elle entretenait avec Monseigneur exerçait une bonne influence sur son esprit.

Silane la regarda fixement.

Kato-dono elle-même avait également remarqué son regard. Elle avait regardé fixement, puis elle avait retrouvé un beau sourire. « Qu’y a-t-il, Silane-san ? »

« Non. Je m’excuse si c’est ma faute, cependant…, » déclara Silane.

Silane avait fait une expression un peu maladroite.

« … Je sens quelque chose comme un mur dans votre attitude, Mana-dono. Ai-je peut-être fait quelque chose ? » demanda Silane.

J’avais trouvé ça étrange, mais il semblerait que Silane l’ait aussi remarqué.

Je l’avais remarqué de profil. Il n’y avait aucune chance qu’elle ne l’ait pas remarqué elle-même.

« Si j’ai fait quelque chose qui vous dérange, je tiens à m’excuser, » déclara Silane.

Tout comme un chevalier, Silane avait une attitude sincère.

« Non, ce serait…, » Kato-dono avait commencé à parler, mais avait ensuite remarqué que Kei et moi la fixions d’un air empli de doutes, et ses yeux avaient commencé à bouger.

Un sourire confus était apparu sur son visage.

« … Cela s’est-il vu dans mon attitude ? » demanda Kato.

« Même moi, je l’ai vu, » déclarai-je.

« Ah. C’est vraiment brutal, » déclara Kato.

Ses épaules tombant, Kato-dono se tourna vers Silane.

« Je suis désolée. Je n’étais pas au courant…, » déclara Kato.

« Non. Vous n’avez pas à vous excuser, » déclara Silane.

« Il semble que j’ai été un peu distante inconsciemment. Mais, c’est pour des raisons personnelles. Ce n’est pas votre faute, Silane, alors ne vous inquiétez pas, » déclara Kato.

« Personnel, dites-vous ? » demanda Silane.

« … C’est pitoyable, » Kato-dono avait fait un sourire amer. « Je suis contente que vous vous inquiétiez pour moi. Je suis contente que vous me fassiez confiance. Mais je voulais être l’impulsion pour le faire changer si je le pouvais. »

Elle soupira.

« La jalousie ne me mènera nulle part, je le sais… mais. Pour une raison quelconque, c’est difficile…, » déclara Kato.

Ses mots étaient hachés, mais j’avais l’impression de savoir de qui parlait Kato-dono.

Elle avait l’air si heureuse récemment que même quelqu’un d’aussi éloigné que moi avait pu le voir.

« Alors, Silane-san. Je ne vous déteste en aucun cas. En fait, je trouve votre personnalité sympathique. Je serais heureuse que vous soyez mon amie, » Kato-dono avait parlé d’une voix douce.

Même si elle savait que c’était pitoyable, les choses enviables étaient enviables.

Le cœur d’une personne était hors de son contrôle.

Et pourtant, Kato-dono essayait de se débarrasser de la mauvaise volonté présente en elle.

Alors qu’elle la regardait, Silane lui avait soudain fait un sourire — un sourire amical.

« Je ne comprends pas pourquoi vous êtes jalouse… mais bien sûr, ça ne me dérange pas d’être votre amie. S’il vous plaît, traitez-moi favorablement, » déclara Silane.

Kato-dono avait également souri en réponse aux paroles de Silane. Son sourire était plus naturel qu’avant.

« Selon Takahiro-dono, vous essayez d’apprendre la magie, n’est-ce pas ? Je peux peut-être vous aider d’une façon ou d’une autre, » demanda Silane.

« Vraiment ? Je vous en serais reconnaissante. J’ai enfin pu percevoir du pouvoir magique récemment et j’ai voulu passer à l’étape suivante, » déclara Kato.

« Alors, parlons quand vous reviendrez de l’asservissement des monstres environnants à midi. Après le dîner, ça devrait être bon pour moi, » déclara Silane.

Kei regarda joyeusement les deux qui se parlaient.

Elle était probablement heureuse que la sœur aînée qu’elle aimait et l’étrangère avec qui elle s’était récemment liée d’amitié soient maintenant liées par un lien d’amitié.

Après m’être sentie un peu frisquette en regardant, j’avais poussé un soupir de soulagement.

« … Oh, ça me fait penser à quelque chose, » déclara Silane.

En affichant un regard qui semblait indiquer qu’elle s’en était souvenue soudainement, Silane avait alors glissé sa main dans la manchette de ses vêtements.

« J’ai oublié de demander. Vous reconnaissez ceci ? » demanda Silane.

« Ah ! » J’avais crié de façon réfléchie.

Ce que Silane m’avait tendu, c’est le bout de papier que Mikihiko-dono m’avait donnée.

« Où avez-vous… ? » lui demandai-je.

« En venant ici, j’ai trouvé quelque chose qui avait été emporté par le vent. J’ai tout de suite su que ce n’était pas quelque chose de ce monde, donc j’étais sûre que c’était celui de Mana-dono, mais était-ce le vôtre, Gerbera-dono ? » demanda Silane.

« En effet. Il semble que j’ai négligemment lâché la feuille lorsque je me suis empêtrée avec les personnes transférées, ou lorsque Kato-dono s’est effondrée, » déclarai-je.

Je n’avais pas du tout remarqué.

« Je vois. Alors, je vous le rends, » déclara Silane.

« C’est gentil de votre part, » déclarai-je.

J’avais poussé un soupir de soulagement en prenant le papier plié de Silane.

C’était de peu. La bonne volonté de Mikihiko, qui travaillait dur, avait presque été gaspillée. Cette fois, je devais m’assurer de ne pas le perdre…

« … Hmm. En fait, peut-être que ce moment est une bonne occasion, » déclarai-je.

Alors que j’essayais d’accrocher le bout de papier, j’avais soudainement pensé à quelque chose juste avant de le faire, et j’avais regardé Kato-dono.

« J’ai quelque chose que je veux que vous regardiez, » déclarai-je.

« Moi ? » demanda Kato.

J’acquiesçai d’un grand signe de tête.

« Mhm. J’ai consulté Mikihiko-dono au sujet de la conception de vêtements que Rose-dono m’avait demandée auparavant, » déclarai-je.

« Eh… ? Avec Shumoku-senpai ? Est-ce le papier ? » demanda Kato.

Kato-dono avait rarement eu des changements dans son expression, mais cette fois-ci des émotions exceptionnellement claires et délicieusement subtiles s’étaient manifestées dans sa voix et son visage.

« Heehhh. Lui, hein… Je n’ai qu’un mauvais pressentiment, » déclara Kato.

« Que voulez-vous dire par là ? Mikihiko-dono avait l’air confiant, et Kei a aussi dit que c’était mignon. C’est bien qu’ils aient dit ça après l’avoir vu, » déclarai-je.

« C’est vrai… d’accord. Alors, puis-je le voir ? » demanda Kato.

« Mhm, » j’avais étalé le papier et je le lui avais montré.

Dès qu’elle avait regardé la page, les yeux de Kato-dono s’étaient un peu ouverts — .

?

« Hé ! N’est-ce pas une tenue de bonne ? »

?

— S’écria Kato-dono, pointant du doigt la page.

« Oh ! Alors, vous vous y connaissez en la matière, vous aussi ? » demandai-je.

J’avais poussé un soupir.

Apparemment, c’était un vêtement très populaire que Kato-dono connaissait.

Et, sa surprise. C’était plus que ce à quoi je m’attendais.

Peut-être méritait-il vraiment qu’on l’appelle l’amie de Monseigneur. Mon choix de croire et de lui confier ça m’avait semblé être le bon choix.

« “Dans mon monde, tout le monde aime ça”, disait-il. Monseigneur sera sûrement satisfait, » déclarai-je.

Cependant, alors que je me déclarais si confiante… hmm ? J’avais incliné ma tête.

Les seuls yeux qui s’illuminaient… n’étaient que ceux de l’enfantine Kei.

Les réactions des deux autres avaient été faibles. Surtout celle de Kato-dono. Je voulais penser qu’elle tenait son front et qu’elle titubait à cause de son émotion, mais cela semblait différent.

« N’est-ce pas incroyable, Grande Soeur. Il y a tellement de volants et de lacets. C’est trop mignon ! » déclara Kei.

« O-ouais. Mais n’est-ce pas un peu trop décoré ? Des vêtements de bonne… c’est ça ? Ils manquent de praticité et sont trop flashy…, » déclara Silane.

« Ah, maintenant que tu le dis, c’est vrai. Je n’y ai pas pensé si loin, » déclara Kei.

Hmm ? Hein ? Quoi ?

En écoutant les sœurs elfes converser — surtout les paroles légèrement renfermées de la sœur aînée — j’avais eu des sueurs froides sur les joues.

« La jupe est trop courte et la poitrine trop ouverte. C’est difficile à dire, mais il y règne même une atmosphère un peu indécente…, » déclara Silane.

Peut-être… je l’avais maintenant remarquée.

Non non non. Quelque chose comme ça…

« … Gerbera-san ? » Puis, la dernière personne avait ouvert la bouche.

Mes jambes d’araignée avaient sursauté. Timidement, j’avais jeté un coup d’œil à Kato-dono, et j’avais presque crié.

« … Alliez-vous sérieusement mettre ces vêtements sur Rose-san ? » demanda Kato.

Elle était en colère. Sans aucun doute, elle était furieuse.

Sa voix calme, contrairement aux apparences, était effrayante.

Ses mains serrées tremblaient légèrement.

… Je l’ai fait maintenant. Ce n’est pas bon, avais-je réalisé.

J’avais l’impression d’avoir fait une erreur de jugement.

« C-Calmez-vous. Kato-dono. Je n’allais pas le faire sans le demander, » déclarai-je.

Se balançant, Kato-dono s’était approchée alors que j’empilais phrase après phrase dans la panique, essayant de m’expliquer.

« … » En silence, elle fixa fixement le papier que j’avais étalé.

Je me sentais effrayée.

Le souvenir qu’elle m’avait « fait ressentir » auparavant était stimulé, et j’avais ainsi bougé mes yeux un peu partout.

Quelque chose, que dois-je faire… cette seule pensée en tête, j’avais commencé à parler.

« Ce dessin n’est qu’une idée parmi tant d’autres. En fait, j’allais vous demander votre avis, si j’en avais l’occasion. Si vous disiez “vous ne l’auriez jamais montré sans ce genre d’opportunité”, alors je ne pourrais pas le nier, mais… ! »

« … Hmm ? Des vêtements de bonne… ce n’est peut-être pas une mauvaise chose, » déclara Kato.

Après avoir cherché frénétiquement des excuses, j’avais incliné la tête.

Qu’est-ce qu’elle vient de dire ?

« S’il vous plaît, prêtez-moi ça, » déclara Kato.

« Ah ! » m’exclamai-je.

Le papier m’avait été rapidement pris.

Tenant le papier avec l’image dans une main, Kato-dono l’avait regardé d’un regard pensif.

« Êtes-vous sérieuse, Mana-dono ? » Silane la fixa d’un regard interrogateur. « En laissant de côté les vêtements de bonne normaux, c’est… Je ne sais pas comment c’est dans votre monde, mais il pourrait s’avérer un peu difficile de le porter tous les jours… »

« Non. Ne vous méprenez pas, ce n’est pas non plus une tenue décontractée dans notre monde. Je ne connais pas le “monde de Shumoku-senpai”, mais…, » déclara Kato.

« … Ne venez-vous pas du même monde que les autres ? » demanda Silane.

« C’est… une conversation profonde. Quoi qu’il en soit. Je ne suis pas au courant des détails, mais ceci… c’est l’équipement d’un établissement de passe-temps…, » déclara Kato.

Je n’avais pas compris un mot de ce dont parlait Kato-dono.

Mais, j’étais certaine d’une vérité : j’avais apparemment échappé à ma condamnation à mort.

Savoir cela était largement suffisant.

En soupirant de soulagement, j’avais interrogé Kato-dono, qui avait un visage sérieux. « Alors, est-ce bien d’en faire des habits ? »

« Non. Cela ne fonctionnera pas pour les vêtements de tous les jours, » déclara Kato.

« Oh ? » demandai-je.

Elle était résolue.

Si je regardais, Silane hochait aussi la tête. Ça n’avait pas l’air d’aller.

« Quelque chose de mignon comme ça convient à Rose-san, mais pas quelque chose d’obscène. Un design plus chic et mature. Au lieu de cela, cette conception ne fonctionne tout simplement pas. Il est trop selon ses goûts. Puisqu’il sait tout, ce sera intéressant…, » parlant avec une expression étonnée, Kato-dono avait soigneusement plié le papier et l’avait mis dans sa poche.

« Je vais faire un plan, » déclara Kato.

« Ça m’a l’air bien, » déclara Silane.

Silane était d’accord avec Kato-dono.

Kei hocha aussi la tête.

C’était le moment où le travail de Mikihiko-dono, rempli de passion masculine, devait être mis de côté. C’était un peu triste…

« J’aimerais avoir des teintures quand on arrivera en ville, » déclara Kato.

« J’arrangerai ça, Mana-dono, » déclara Silane.

« Oh ? Merci, Silane-san. Ça me rappelle quelque chose. Il serait aussi peut-être bon de profiter de l’occasion pour préparer de longs gants et des chaussettes à hauteur de genou, » déclara Kato.

« Ah ! Alors, pouvez-vous cacher le corps de poupée de Rose-san avec ça ? » demanda Kei.

« Exactement, Kei-chan. Si tout se passe bien, Rose-san pourra aller en ville avec Majima-senpai… J’ai hâte d’y être, » déclara Kato.

En écoutant leur échange harmonieux, j’avais baissé mes épaules.

Je me sentais mal pour Mikihiko-dono, mais… Hmm, on ne peut pas empêcher ça.

Sa proposition n’avait-elle pas été carrément rejetée ? Je devrais le remercier pour son aide plus tard.

Par exemple… Ah, c’est ça, j’avais pensé à une bonne idée.

Et si je donnais des vêtements avec le vieux design à cette amazone forte dont il était si amoureux ?

Puisque Mikihiko-dono savait que Monseigneur serait heureux si je faisais ça pour Rose-dono, alors Mikihiko-dono lui-même serait sûrement du même avis.

J’imagine que Mikihiko-dono serait ravi.

« Eh bien. Maintenant que c’est réglé, reprenons, n’est-ce pas, Gerbera-san ? » demanda Kato.

Après avoir décidé de mes plans d’avenir, j’avais analysé les mots de Kato-dono.

« Que voulez-vous dire par là ? » demandai-je.

« Votre choix d’arme, Gerbera-san, » Kato-dono avait parlé comme si c’était évident. « Je suis venue ici pour vous aider avec ça. »

***

Chapitre 9 : L’araignée blanche et la fille qui va de l’avant

« En tant que référence, peux-tu me dire ce qu’ils t’ont fait ressenti jusqu’à présent ? » demanda Kato

« C’est une bonne idée. D’abord, j’ai essayé une épée comme celle qu’utilise Monseigneur, mais j’ai eu beaucoup de mal à me battre en faisant attention à la trajectoire de la lame. Bien qu’il ne soit pas impossible pour moi de la manier, sa puissance s’affaiblit un peu, » répondis-je

« Les épées sont à proscrire, » déclara Kato.

« J’ai aussi essayé les haches, mais la sensation que j’ai ressentie pour elles était plutôt faible. En ce moment, j’essaie des lances. Elles semblent aussi être une cause perdue. En fait, j’ai l’impression qu’il vaudrait mieux que je casse les arbres quelque part et que je les utilise directement comme ça, » déclarai-je.

« Je le dis au cas où, mais ce n’est pas comme si les arbres allaient pousser n’importe où une fois qu’on aura quitté cette forêt. Voyez-vous le problème ? » demanda Kato.

« Je peux en porter un alors, » proposai-je.

« … Ah, bon sang. Je ne sais même pas par où commencer, » déclara Kato.

Après ce genre de conversation, la recherche de mon arme avait repris.

Kato-dono était montée dans la voiture avec Kei.

« Il y en a pas mal ici. Heehhh. J’ai l’impression de regarder un manga, » déclara Kato.

« Est-ce ce que vous pensez ? Mais, je pense qu’il y a beaucoup de choses qui ne sont pas des armes dans votre monde. Par exemple. Malheureusement, il n’y a pas de shuriken-trucmachin utilisés par les Ninjas qui ont vécu dans l’obscurité du monde depuis des temps immémoriaux, » déclara Kei.

« … Qui t’a dit ça ? Ah, peu importe. Tu n’as pas à répondre. Je sais qui c’est, » déclara Kato.

« Umm? » demanda Kei.

« Hmm, je suis sûre qu’il en a plaisanté pour te divertir… Mais tu n’en as pas besoin, hein ? C’est peut-être une méthode…, » déclara Kato.

« Qu’est-ce que vous racontez ? » demanda Kei.

« Ce n’est pas la peine. Ce n’est rien du tout. Pour l’instant, cherchons ce qu’il y a là-dedans, » déclara Kato.

— Kato-dono, qui aurait dû veiller sur la formation de Rose-dono à l’origine, était apparemment venue ici sachant que ce serait une tâche difficile.

On peut dire qu’elle avait toujours été aussi vive d’esprit.

Cependant, il semblait même qu’elle n’avait pas été en mesure de prédire qu’elle rencontrerait les autres personnes transférées à son retour.

« Je me demande si le timing était bon ou peut-être mauvais, » déclarai-je.

« Je pense que c’était bon, » Kato-dono avait répondu de l’intérieur de la voiture garée à côté de moi. « Ils vous méprisent comme ça, alors c’est facile pour moi de les refuser sans aggraver notre relation puisque je suis dans la même position qu’eux pour le moment. »

Le son des objets durs qui s’agglutinent les uns contre les autres s’était fait entendre aux côtés de la voix de Kato-dono.

À côté de Kei, qui sortait des objets dans la voiture au hasard, Kato-dono était à la chasse aux armes. D’ailleurs, Silane était déjà retournée auprès de Monseigneur et Mikihiko.

« D’ailleurs, même si je crée de la mauvaise volonté entre nous, ce sera moi qui en subirai les conséquences et non Majima-senpai, » déclara Kato.

« De la mauvaise volonté, est-ce une bonne chose ? » demandai-je.

« C’est une bonne chose. Je n’ai aucun pouvoir de combat et ne peux donc pas faire grand-chose pour Senpai. Si je ne fais pas ça, il ne saura pas pourquoi je suis de son côté, » déclara Kato.

Je m’étais tournée pour regarder la voiture, mais malheureusement, je ne pouvais pas la voir d’ici.

Au lieu de cela, j’avais vu Kei sortir de la voiture, les armes dans les bras.

J’avais posé l’arme que j’avais en main sur le sol.

Kei, ayant collecté plusieurs armes dont celle-là, avait mis l’arme suivante à sa place.

« Si je pouvais au moins prendre conscience de mon pouvoir en tant que personne transférée, l’histoire serait différente, » déclara Kato.

« Votre “capacité de triche”, n’est-ce pas ? Lily-dono a dit quelque chose de similaire, » déclarai-je.

« Oui. L’autre jour, j’ai consulté Lily-san à ce sujet. Pourquoi ne puis-je pas gérer mon pouvoir de triche ? » demanda Kato.

« En réalité, cela semble impossible ? » répondis-je.

« … Je me le demande. J’ai beaucoup réfléchi, » elle répondit d’une voix médusée. « Lily-san imite seulement Mizushima-senpai. Elle n’est pas elle-même transférée. Donc, elle ne se réveillera pas avec ses capacités, du moins, c’est ce qu’elle pense. “Je suis un imposteur, donc je ne peux pas faire ce que le vrai peut faire”… son raisonnement n’est pas impossible. »

« Pas impossible ? » demandai-je.

« C’est le complexe de Lily-san. Il semble qu’elle ait surmonté son anxiété de ne pas pouvoir rester un jour aux côtés de Majima-senpai. Pour ce qui est de son complexe d’infériorité, ce n’est pas quelque chose qui va disparaître du jour au lendemain, » déclara Kato.

« Hrmm. Complexe d’infériorité ? » demandai-je.

Je n’étais pas sûre de ce que disait Kato-dono.

Si vous me le demandiez, j’ai toujours eu l’impression que Lily-dono veillait sur tout le monde en tant que grande sœur.

Je ne pouvais pas imaginer qu’elle s’inquiétait de ses propres problèmes.

Mais, peut-être que c’était juste à cause de ses efforts constants.

« L’idée de Lily-san a un certain pouvoir de persuasion. Bien sûr, le mimétisme de Lily-san ne peut pas éviter la dégradation des capacités. De plus, Mizushima-senpai est morte avant que sa capacité à triche ne se manifeste, de sorte qu’il n’y a aucune capacité à reproduire, » expliqua Kato.

« Certes, cela semble plausible, » déclarai-je.

« Mais…, » commença Kato.

Les bruits de cliquetis continus s’arrêtèrent.

« La dégradation du mimétisme de Lily-san n’est normalement pas “ne peut pas faire”, mais “peut faire n’importe quoi de façon incomplète”. Et, la qualité même de “pouvoir être un tricheur” aurait dû exister à Mizushima-senpai — une personne transférée, » déclara Kato.

« Umm… ce que vous voulez dire par hasard que “Lily-dono devrait être capable d’imiter la qualité même de ‘manifester une capacité de triche’” ? Si cette capacité est vraie, alors la raison pour laquelle Lily-dono ne peut pas manifester sa capacité est ailleurs, » déclarai-je.

« Je pense qu’il existe ce genre de possibilité. Vous voyez. Je ne suis peut-être pas Lily-san, mais même moi, une transférée, je n’ai pas pris conscience de mes capacités, non ? » déclara Kato

« Maintenant que vous en parlez… ces garçons d’avant sont dans la même situation. Je ne sais pas si tout le monde a la même raison, mais cela dit, n’est-il pas un peu téméraire de décider que c’est à cause de son mimétisme que Lily-dono ne peut pas manifester sa capacité ? » demandai-je.

« Vous marquez un point. Il n’est pas trop tard pour abandonner, même après mûre réflexion…, » déclara Kato.

Au fur et à mesure que ses spéculations s’approfondissaient, les paroles de Kato-dono s’étaient peu à peu transformées en paroles qu’elle s’adressait à elle-même.

« Les pouvoirs des personnes transférées sont influencés par nos souhaits. Donc, s’il n’y a jamais eu de vœu du fond de leur cœur pour commencer, ou s’il y a un vœu, mais que l’émotion est faible, je pense que la capacité ne se manifestera pas, » déclara Kato.

Je m’étais souvenue de Monseigneur.

Il fut un temps où lui aussi n’avait aucun pouvoir.

Personne d’autre que Lily-dono n’était au courant de cette époque, mais d’après ce que j’avais entendu dire, Monseigneur l’avait apparemment rencontrée dans un état extrêmement terrible.

C’était précisément pour cela que Monseigneur s’était réveillé à sa capacité.

D’autre part, Monseigneur ne se serait pas éveillé à « sa capacité à diriger des monstres » autrement.

Quand j’y pensais comme ça, j’avais des sentiments mitigés.

Son malheur était, en un sens, lié à notre bonheur.

Quoi qu’il en soit, Monseigneur ne voudrait pas que j’y pense ainsi.

Alors, j’avais arrêté de penser. Le malheur du passé était le malheur. Le bonheur actuel était le bonheur. En conséquence, Monseigneur était là et j’étais là. C’est tout ce qui comptait. Je savais que Monseigneur le pensait aussi.

« Il me manque un vœu assez fort pour éveiller mes capacités. C’est peut-être le cas de la majorité des personnes transférées. Mais, peut-être que cela ne s’applique pas nécessairement à tout le monde, » déclara Kato.

Seule, Kato-dono sombrait dans un lac de pensées.

Son ton était sérieux, il était clair qu’elle y pensait sérieusement.

Ce n’était pas tout. Elle formait des soupçons sans fondement sur beaucoup de choses.

Il y avait quelque chose en elle qui l’avait poussée à le faire.

« Maintenant que j’y pense, les capacités de tricheur elles-mêmes n’ont pas encore été bien comprises. Je me demande pourquoi nous, les personnes transférées, avons quelque chose comme ça. Non, c’est un peu à côté de la plaque —, » déclara Kato.

« Hé, Kato-dono, » déclarai-je.

« — Hm ? Ah, oui ? Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Kato.

Quand je l’avais appelée, elle m’avait répondu une voix comme si elle revenait à la raison.

Que dois-je faire ? J’étais perdue.

J’avais une petite question dans la poitrine. Mais je ne savais pas si je pouvais l’exprimer ou non.

Eh bien, je suppose que c’est bon, j’avais conclu ainsi parce que c’était à Kato-dono que je parlais.

C’était aussi stupide de se concentrer autant sur telle ou telle chose quand la personne à qui je parlais était plusieurs fois plus intelligente que moi. J’avais décidé de demander à quoi je pensais en l’état.

 

« N’avez-vous pas l’intention de plaquer Monseigneur au sol ? » lui demandai-je.

 

Un *claque* avait retenti.

C’était un son assez fort. Kato-dono avait apparemment renversé une arme qu’elle cherchait. « Est-ce que cela va, Kato-san ? » la voix paniquée de Kei retentit.

J’étais également inquiète, mais Kato-dono avait immédiatement donné une réponse en gémissant, « … Je vais bien, je vais bien. »

Mhm, j’avais reniflé.

« Soyez prudente lorsque vous manipulez une armure, Kato-dono. Vous êtes-vous fait mal ? » lui demandai-je.

« Pourquoi avez-vous dit ça !? » demanda Kato.

Kato-dono était sortie de la voiture. Elle était rouge jusqu’au cou.

« Gerbera-san ? Qu’est-ce que vous avez dit… ? » demanda Kei.

« Hmm. Ai-je dit quelque chose d’étrange ? » demandai-je.

Hmmm, j’avais incliné la tête.

« Je veux plaquer Monseigneur au sol. Ne ressentez-vous pas la même chose ? » lui demandai-je.

« C’est trop franc ! » s’exclama Kato.

« Vous devenez trop agitée. J’y pense depuis longtemps, mais quand il s’agit de Monseigneur, n’êtes-vous pas trop fragile ? » demandai-je.

« Ergh..., » balbutia Kato.

Kato-dono vacilla, ses lèvres bouchèrent.

Derrière elle se trouvait Kei, qui tenait ses joues rougies des deux mains. « Une conversation d’adulte », murmura-t-elle, se retirant rapidement.

Une fois de plus, Kato-dono et moi nous étions retrouvées face à face.

C’était assez rare d’avoir une situation où j’étais calme et où Kato-dono était agitée.

Je portais cette étrange émotion, j’inclinais la tête.

« Mais le vrai problème, c’est que je crois que Monseigneur ne vous verra pas de cette façon si vous ne le poussez pas ou quelque chose comme ça, » déclarai-je.

« … Vous pouvez faire l’innocente, mais vous pouvez dire des choses d’une acuité inattendue, Gerbera-san, » déclara Kato.

« Dans ce cas, l’acuité inattendue n’a pas d’importance, non ? Je suis relié à Monseigneur par le lien, donc je peux le dire en regardant. Et je n’ai pas l’intention de transmettre la passion avec laquelle vous le regardez à mes autres sœurs, » déclarai-je.

Pour autant que je sache, Monseigneur ne voyait pas Kato-dono comme une partenaire.

Bien sûr, Monseigneur était un peu obtus, mais il n’était pas insensible. Il avait l’air de penser que quelque chose clochait, même si c’était un peu bizarre.

Cependant, il ne semblait pas qu’il parviendrait à la réponse.

Mais pourquoi ?

Ce qui m’était alors venu à l’esprit, c’était la silhouette de Kato-dono de tout à l’heure, dégoûtée d’être en contact avec un homme.

« Bien sûr, c’est tout naturel. Monseigneur n’imaginerait pas qu’une personne qui s’affaiblit comme ça en parlant à un homme puisse vouloir le pousser vers le sol, » déclarai-je.

« Excusez-moi, Gerbera-san. Pouvez-vous arrêter de parler avec vos propres mots ? » me demanda Kato.

« Pour le pousser à l’extrême, c’est une capacité “comme ça”. Moi, du moins, je ne veux pas être approchée par un autre que Monseigneur. S’il en reste ainsi, Monseigneur s’éloignera encore plus de la réponse. Si vous êtes honnête, les choses brutales liées à l’homme, même la plus infime partie, disparaîtront de votre esprit. L’acte en soi de le voir comme du sexe opposé pourrait très bien être tabou, » déclarai-je.

J’avais soupiré.

« Cet acte, vous le savez trop bien, même sans que je vous le dise, » déclarai-je.

J’avais encore un peu peur de cette fille, même maintenant. Elle m’avait écrasée, moi — l’Arachnée Blanche.

C’était parce qu’elle était comme ça qu’elle essayait de comprendre ce que je savais.

« Alors, laissez-moi vous demander. Est-ce si bien pour vous ? Vous partagez les mêmes sentiments que moi, » lui avais-je demandé directement.

Kato-dono soupira comme si elle l’acceptait. « … Les mêmes sentiments, vous dites ? Je vais vous le dire, je ne veux pas le pousser au sol comme vous le voulez. »

Ses lèvres avaient un sourire amer.

« Mais je n’ai jamais pensé que vous étiez au courant de mes sentiments, » continua Kato.

« Comme je l’ai dit, je n’ai pas l’intention de perdre contre mes autres sœurs en regardant Monseigneur. Cependant, vous êtes tout à fait quelque chose vous-même, » déclarai-je.

On regardait la même chose. Ne pas s’en rendre compte serait mieux.

Une fois remarqué, cependant, il serait étrange de ne pas en douter.

« Pourquoi ne transmettez-vous pas les sentiments présents dans votre poitrine ? C’est vous qui vous êtes tenue devant moi. Ce n’est pas parce que vous êtes timide, » déclarai-je.

« Mais, c’est pourquoi ? » me demanda Kato.

« … Quoi ? » demandai-je en réponse.

Mes sourcils s’étaient plissés à ses paroles, le sourire amer était encore sur son visage.

C’était une réaction naturelle. L’image que j’avais d’elle dans ma tête était celle d’un « monstre » sans peur.

Mais, elle ne ressemblait plus à ça devant moi maintenant.

Peut-être, m’étais-je trompée ?

Non, c’était différent. Quand je l’avais rencontrée, c’était un horrible monstre.

Il y avait quelqu’un qui avait rendu en tant que la monstrueuse Kato-dono comme elle était à l’origine.

Kato-dono m’avait souri alors que je m’en étais convaincue.

« J’avais tout abandonné. J’avais tout perdu, je n’avais rien, et donc je ne pouvais rien faire. Je n’avais peur de rien. C’est pourquoi, à l’époque, je pouvais le faire. Parce que j’étais comme ça, je pouvais être utile à Senpai… Et pourtant, Rose-san m’a dit de ne pas abandonner, » déclara Kato.

Kato-dono avait pris une longue respiration.

Un sentiment de trouble et de bonheur s’était répandu dans son sourire.

« Après ça, j’ai eu peur de faire quoi que ce soit, » déclara Kato.

« C’est ce que vous dites, mais on aurait dit que vous agissiez de la même manière qu’avant, » déclarai-je.

« Fufu. Ouaip. C’est une contradiction, n’est-ce pas ? » demanda Kato.

En hochant la tête, Kato-dono ferma doucement les yeux.

« Mais, je suppose qu’on ne peut rien y faire. Grâce à Rose-san, j’ai pu dire à Senpai “Tu m’as sauvée” et “Merci”. Si je le rendais heureux, le serais-je ? Si je pouvais gagner sa confiance, aurais-je de la chance ? Je continuerai à faire de mon mieux, pensai-je, » déclara Kato.

Laissant flotter un mince sourire, Kato-dono toucha sa poitrine comme pour confirmer la sensation de ce qu’il y avait là.

« Le cœur d’une personne est vraiment hors de son contrôle. Je veux tout abandonner, mais une fois que je décide de ne pas abandonner pour une fois, la cupidité sort. Alors…, » déclara Kato.

« Je vois, » répondis-je.

C’était la force motrice qui avait ému cette lâche fille.

J’avais poussé un soupir de compréhension.

… Ensuite, elle devrait exprimer ses sentiments rapidement, mais… Je m’en doutais, mais ce serait sûrement impossible.

Elle avait peur, après tout.

Elle craignait de perdre ce qu’elle avait enfin obtenu en avançant, alors elle hésitait à faire un pas en avant, il lui faudrait du temps pour rassembler son courage.

Pourtant, elle n’avait pas arrêté de bouger.

La poupée qui avait déjà tiré sa main une fois auparavant la guidait maintenant, et bien que lentement, elle avançait.

À une vitesse lente et irritante si vous me le demandez, mais en avançant quand même.

Si tel était le cas, alors elle était vraiment effrayante.

Elle était si faible de corps et d’esprit, et pourtant elle était forte.

C’était quelque chose que je n’aurais jamais pu espérer comprendre.

Son sourire s’était soudain évanoui quand j’avais pensé à quel point c’était admirable.

« Je comprends parfaitement. C’est vous qui êtes comme ça. » Déclarai-je.

Comment était son existence ? En y repensant, j’avais hoché la tête une fois.

« Une lâche seulement quand il s’agit de Monseigneur, » déclarai-je.

Ses sourcils tremblèrent, et elle me regarda fixement.

« … Vous semblez très bien renseignée sur cette expression, » déclara Kato.

« C’est Mikihiko-dono qui me l’a dit, » répondis-je.

« Cet homme…, » murmura Kato.

Épuisée, Kato-dono affichait une expression amère.

« Peu importe. Parce que je suis comme ça, il y a sûrement des choses que je peux aider Senpai… Alors, et si on faisait ça ? » demanda Kato.

« Hmm ? »

« Tout à l’heure, je suis sortie quand je l’ai renversé. Alors, pouvez-vous m’aider ? » demanda Kato.

J’avais pris l’arme lourde que Kato-dono tenait à deux mains en descendant de la voiture.

« Qu’est-ce que c’est que cet objet ? » demandai-je.

Ce n’était ni une épée ni une lance.

Un gros morceau de métal était attaché à l’extrémité d’une tige de la longueur d’un bras.

Des protubérances d’apparence ferme se trouvaient sur le morceau de métal, ce qui, en un sens, lui donnait un air plus dangereux qu’une épée.

« C’est une masse, » en se précipitant, Kei donna une explication. « C’est une arme qui frappe l’adversaire avec la masse à la fin. À Viskum, l’un des trois pays de l’Est, il est souvent utilisé parce qu’il y a beaucoup de monstres qui ne peuvent être percés par des lames. »

« Rose-san n’a fabriqué jusqu’à présent que des armes à lames. N’avez-vous pas aussi eu l’idée d’une arme contondante, Gerbera-san ? Comment était-ce ? Je pense que c’est mieux que de casser un arbre à proximité et de l’utiliser comme une masse de fortune, » déclara Kato.

« Certainement. Au moins, je n’ai pas à m’inquiéter de la trajectoire de la lame, » répondis-je.

Tandis que j’acquiesçais à la requête de Kato-dono, mon cœur avait été à moitié volé par l’arme dans ma main.

Peut-être qu’avec ça…

J’avais pris de la distance par rapport à Kato-dono et Kei, et j’avais brandi la masse.

« SHAAAAAAAA ! »

En mettant de la puissance dans la main qui le tenait, je l’avais balancée sans réserve.

L’air sinistré avait fait éclater la zone comme un violent coup de vent.

J’avais eu une réponse en maniant l’arme.

Sans même y penser, un sourire suffisant s’était formé sur mon visage.

C’est une bonne chose. Je dois m’y familiariser.

Et surtout, la structure était simpliste. Cependant, il était intéressant qu’il ait eu une masse à la différence d’une simple baguette.

En utilisant le poids du pommeau, sa force centrifuge naturelle pourrait être utilisée comme une arme. Même en la balançant, je pourrais m’attendre à un certain niveau de puissance. Bien sûr, le maîtriser comme un art martial serait une autre histoire.

« Si je devais signaler un problème, ce serait qu’elle est beaucoup trop léger, » déclarai-je.

Pour les humains, ça aurait pu être bien. Pour moi, cependant, c’était un peu insatisfaisant.

« Donc, être plus lourd serait pour le mieux. Je veux aussi que ce soit plus long. Je devrais peut-être consulter Rose-dono à ce sujet, » déclarai-je.

Des sentiments agréables avaient dansé dans ma poitrine.

Un sourire s’était naturellement formé sur mon visage.

« Kuku ~... J’ai hâte d’y être, » déclarai-je.

« Um, Gerbera-san ? » demanda Kato.

« … Qu’est-ce que ça pourrait être, Kato-dono ? Et juste au moment où je me sens enfin bien, aussi…, » déclarai-je.

Quand j’avais tourné la tête, insatisfaite, Kato-dono était là, fronçant les sourcils.

Elle avait parlé en pointant du doigt.

« Cette masse n’est-elle pas un peu pliée au niveau du manche ? » demanda Kato.

« … Oh, » une voix abasourdie s’était échappée de ma bouche.

Bouleversée, j’avais regardé la masse de haut en bas maintenant courbée après l’avoir utilisée.

 

***

 

Après cela, c’était beaucoup trop tordu parce que je mettais trop de pouvoir à essayer de le réparer dans ma panique, je m’étais sentie gênée en le signalant à Monseigneur et je m’étais excusée.

À la fin, mon arme était restée courbée. Cela faisait mal à voir.

Cependant, je crois que j’avais réussi à mettre la main sur un plan.

Je devrais peut-être consulter Rose-dono pour le reste ? Kato-dono semblait avoir pensé à quelque chose aussi, et était apparemment émue de le faire.

Même s’il ne s’agissait que d’une seule arme, c’était assez difficile. J’avais soupiré.

 

Quand j’avais demandé plus tard à Rose-dono « En tout cas, quelque chose de solide et de lourd », elle était très confuse, mais c’est une histoire pour une autre fois.

***

Chapitre 10 : En route vers la ville commerciale

Partie 1

Grâce à la coopération des villageois qui connaissaient bien la géographie, l’asservissement des monstres mené autour du village de pionniers par les chevaliers s’était soldé par un succès sans victimes de notre côté.

Comme nous l’avait demandé la Leader, Lily et moi y avions également participé.

Les monstres semblaient être en masse, et il y avait eu quelques scènes effrayantes ici et là.

Mais, avec Silane, qui avait combattu au front, Lily, qui avait fait un tour en envoyant de la magie de soutien tout en me protégeant, et les chevaliers habitués à la bataille, nous avions directement frayé un chemin à travers ceux-ci.

C’était une occasion précieuse pour moi d’acquérir de l’expérience au combat.

C’était dommage que je n’aie pas pu trouver de nouveaux membres de ma famille, mais même si j’en trouvais un, ce serait difficile à expliquer aux villageois qui nous accompagnaient. C’était peut-être mieux ainsi.

Après notre retour, nous étions restés dans le village de pionniers pour une nuit de plus.

La nuit s’était terminée sans que rien de particulier ne se produise, si ce n’est que Taichi Miyoshi était venu dans ma chambre le soir pour s’excuser de ses amis, qui se soûlaient et se comportaient égoïstement, et le matin, nous étions partis.

Les villageois nous avaient tous fait leurs adieux — ou plutôt, les héros.

Les messagers rapides que la Leader avait envoyés en avant auraient dû annoncer la chute de la Forteresse de Tilia, mais il n’était pas clair à quelle vitesse l’Empire allait prendre des mesures.

Selon la situation, les villageois devraient abandonner le village de pionniers et évacuer vers le nord.

Malgré cette situation, je pensais que l’espoir l’emportait sur l’anxiété dans les expressions des villageois. J’imagine que la raison en était, naturellement, l’existence des héros qui étaient descendus dans ce monde.

Pourquoi la forteresse de Tilia avait-elle été abandonnée en premier lieu, d’où la nécessité pour les villageois d’évacuer ? Mes sentiments étaient un peu mitigés quand j’y avais pensé.

Les villageois n’étaient pas au courant des actes de Tatsuya Juumonji et Riku Kudo

Ce n’était pas quelque chose qui pouvait être rendu public par imprudence, alors la Leader avait seulement expliqué que la raison pour laquelle la Forteresse de Tilia était tombée était qu’elle avait été attaquée par un grand nombre de monstres.

S’ils l’avaient su, à quel point les yeux qu’ils portaient vers nous auraient-ils été différents ?

Je n’avais pas pu m’empêcher de sentir les regards des villageois qui étaient tournés vers la voiture en quittant le village.

 

***

La Leader avait laissé des soldats au village en cas d’urgence.

Par conséquent, le chemin à parcourir s’était avéré un peu plus difficile. Mais, vu qu’ils avaient retrouvé leur énergie et leur force en se reposant au village, n’était-ce pas plus facile ?

Le paysage forestier monotone avait continué sans fin, mais je n’avais pas laissé mon esprit vagabonder. Nous avions poursuivi notre voyage, repoussant les attaques de monstres.

Notre voyage avait changé trois jours après notre départ du village.

« C’est…, » commençai-je.

Je pensais que les arbres que je voyais devenaient de plus en plus clairsemés.

Je m’attendais à ce que ça arrive.

Mais, je n’aurais jamais pensé que cela « changerait » aussi clairement que cela.

Notre environnement était constamment rempli de quelque chose comme si nous marchions dans l’eau.

Il n’avait ni couleur ni odeur.

Je n’avais pas remarqué qu’on était dedans tout ce temps jusqu’à maintenant.

Saturés, mes sens s’étaient engourdis.

Mais, cela m’était venu à l’esprit pour la première fois une fois qu’il avait disparu.

C’était la mer des arbres.

Une sorte de monde des esprits créé par des arbres uniques teintés d’une puissance magique.

Peut-être que la raison pour laquelle les animaux comme les chevaux hésitaient à entrer était qu’ils étaient sensibles à la différence d’atmosphère.

J’avais laissé la voiture à Lily, assise à côté de moi, et je m’étais levé sur le banc du cocher.

La voiture sur laquelle nous nous trouvions descendait lentement le long de la pente douce tandis que les freins grinçaient.

De mon champ de vision surélevé au sommet du banc du cocher, je pouvais voir la zone devant moi à travers les espaces des arbres alignés.

Les arbres avaient été réduits en densité, et une prairie s’était étalée sur notre chemin.

On pouvait voir un petit village de pionniers.

La masse de vert foncé éparpillée au pied des montagnes que l’on pouvait voir au loin n’était-elle qu’une forêt ? Ou s’agissait-il d’un vestige de la mer des arbres ?

J’avais fermé les yeux dans le vent de face. L’odeur du vent était également différente.

« Senpai, nous sommes maintenant…, » commença Kato.

Pendant que je regardais le paysage devant moi, Kato était sur le banc du cocher.

Il semblait qu’elle avait aussi ressenti quelque chose. L’espoir était apparu dans ses yeux. J’avais fait un signe de tête.

« Oui. On dirait qu’on a quitté la mer des arbres, » répondis-je.

Une atmosphère légèrement décontractée était née chez les soldats qui avançaient en deux lignes.

La voix de la Leader s’était fait entendre à ce moment-là, alors qu’elle donnait des instructions comme si elle voulait encourager les soldats.

« Enfin…, » lorsque Kato murmura ainsi d’une voix pleine d’émotions diverses, elle se pencha en avant sur le banc du cocher.

Ses yeux avaient été volés par le paysage pendant un moment.

Comme elle se penchait vers l’avant, il semblait qu’elle n’avait pas remarqué que la distance entre nous était plus proche que d’habitude.

Mais, ce n’était pas déraisonnable.

Depuis que nous avions été transportés dans ce monde, nous avions toujours été piégés dans cette forêt.

Nous étions enfin sortis de la forêt. Les émotions fortes qu’elle n’arrivait pas à exprimer avaient dû remplir son esprit.

Tout à coup, j’avais remarqué que la main de Kato tenait l’ourlet de mes vêtements.

Cela semblait être une action inconsciente, car ses yeux restaient fixés sur la plaine.

Si je le lui indiquais, elle retirerait probablement sa main.

Cependant, cela semblait être un acte qui détruirait cette atmosphère.

J’avais fait semblant d’en être inconscient, et mon regard s’était à nouveau envolé au loin.

Au bout de cette route se trouvait la ville commerciale Selatta, territoire de Lawrence dans l’Empire.

 

***

Avec une démarche un peu plus désinvolte, les soldats survivants de la forteresse de Tilia avaient marché sur la route principale.

Nous avions traversé la mer des arbres et étions entrés dans le territoire du comte Lawrence de l’Empire.

D’après une histoire que j’avais déjà entendue de Kei, cette région avait apparemment une forte haine contre les Elfes.

Dans la partie sud de l’Empire, y compris le territoire du comte Lawrence, les Elfes étaient vus comme des êtres inférieurs par rapport à la partie nord qui ne faisait pas face à la mer des arbres.

Il serait peut-être plus commode de penser à la position des Elfes comme « défenseurs potentiels ».

D’autre part, dans les cinq pays du Nord — dont Aker, Kei et le pays d’origine de Silane, la discrimination contre les Elfes avait été historiquement faible.

Cependant, apparemment, ces pays avaient tous été partiellement engloutis par la mer des arbres dès le début, de sorte que la vie des Elfes semblait de toute façon être difficile.

En y repensant, lorsque nous nous préparions à partir de la forteresse de Tilia, Silane avait réuni les chevaliers à la place de la Leader, qui donnait des instructions à l’armée de l’Empire avec Mikihiko.

Un grand nombre de soldats de l’Armée du sud de l’Empire étaient d’anciens habitants du territoire du comte Lawrence.

Les circonstances susmentionnées étaient à l’origine de la répartition des rôles entre la Leader et Silane.

« Kei. Pourrais-tu venir ici une minute ? » demandai-je.

La nuit, nous avions campé un peu loin pour éviter des frictions inutiles avec les soldats qui nous accompagnaient.

Notre médiatrice, Kei, était aussi avec nous.

Silane et Mikihiko venaient de temps en temps, mais aujourd’hui ils n’étaient pas venus.

« Qu’y a-t-il, Takahiro-san ? » demanda Kei.

Kei, qui discutait avec Gerbera, était venue par ici.

Ayame était dans ses bras. Ses membres lâches étaient mignons.

Quand ses yeux avaient rencontré les miens, Ayame avait bougé ses petites pattes.

On aurait dit qu’elle voulait venir me voir.

J’avais parlé à Kei, prenant Ayame dont les pattes pagayaient dans les airs pendant que sa queue tournait sans cesse.

« J’ai quelque chose à te donner, » déclarai-je.

« Quelque chose… à me donner ? » demanda Kei.

« Ouais. Rose. Donne-lui ce que tu m’as montré tout à l’heure, » ordonnais-je.

« D’accord, Maître, » répondit Rose.

Rose hocha la tête à côté de moi et donna à Kei la chose qu’elle tenait.

« Comme tu le sais, j’ai emprunté plusieurs pierres magiques brutes. Rose a fait un objet magique en utilisant un simple parmi celles-là, » déclarai-je.

Ce qu’elle avait donné à Kei était un bracelet avec de simples ornements.

Une pierre pseudo-magique de couleur crème y était incrustée.

« C’est une imitation d’une pierre magique de flash, » déclarai-je.

« … Hein ? » s’exclama Kei.

La main que Kei essayait joyeusement de mettre dans le bracelet s’était figée à mes mots pendant que je caressais Ayame.

« Une pierre magique de flash… alors c’est une pierre jetable, non ? » demanda Kei.

« Oui, ça l’est, » répondis-je.

Certaines pierres magiques avaient un nombre limité d’utilisations.

La pierre magique de flash était une pierre magique aveuglante sans intention de tuer. Elle s’autodétruisait en créant une lumière forte.

Même si elle créait une lumière similaire, elle était différente d’une pierre magique d’illumination qui pouvait être utilisée pendant longtemps.

Cela était dû à la qualité de la pierre magique et à son rendement.

Si la qualité était élevée, elle durait plus longtemps, et si la consommation était élevée, elle se vidait plus tôt.

« Je ne peux pas accepter quelque chose d’aussi cher, » déclara Kei.

Agacée, Kei essaya de me rendre le bracelet.

Une pierre brute de haute qualité n’était normalement pas utilisée pour une pierre magique de flash. Pour cette raison, ils étaient du côté bon marché parmi les pierres magiques, mais alors qu’il était encore considéré comme un bien jetable, il semblait être à un prix qui avait fait réfléchir à deux fois les roturiers.

Cependant, ce n’était pas une pierre magique normale, mais une pierre pseudo-magique.

« Elle l’a fait elle-même, donc ce n’est pas cher à faire ou quelque chose comme ça. C’est jetable, alors excuse-moi. Rose est la seule qui peut le faire pour le moment, » répondis-je.

En ce moment, les pierres pseudo-magiques que Rose pouvait fabriquer étaient faibles en rendement et en durabilité.

C’était encore à l’étape de l’essai et de l’erreur, de sorte que nous étions naturellement limités quant à ce qui pouvait être fait.

De plus, la pierre pseudo-magique de Rose avait une autre limite pratique.

En général, les pierres magiques étaient des objets qui nécessitaient le pouvoir magique de l’utilisateur ou qui n’en avaient pas besoin.

Les premiers étaient des outils magiques comme le briquet ou la cantine produisant de l’eau, et les seconds étaient les voitures qui utilisaient le pouvoir magique de l’atmosphère comme carburant.

Ce dernier avait pour fonction d’absorber les pouvoirs magiques sous la forme d’une sorte de pierre magique.

Par exemple, à titre d’exemple extrême, il y avait des outils pour garder les prisonniers de ce monde en prison.

Dans notre ancien monde, les humains pouvaient être neutralisés en étant simplement mis dans une cellule de prison.

Cependant, il y avait des gens dans ce monde qui possédaient le pouvoir de se fortifier avec la magie, de manipuler la magie et de s’évader sans un seul outil.

Dans ce monde accablé par la menace des monstres, ils avaient reçu un peu d’hospitalité, mais ce n’était pas comme s’il n’y avait pas une seule âme qui commettait des crimes.

Comme contre-mesure envers ces personnes, il existait un outil pour sceller le pouvoir magique dans ce monde.

Le principe sous-jacent était que lorsque vous essayiez de manipuler le pouvoir magique, les contraintes absorbaient le pouvoir magique et le diffusaient.

***

Partie 2

Une fois immobilisés, les gens ordinaires ne pouvaient plus s’échapper.

Les êtres vivants résistaient à l’ingérence de leurs propres pouvoirs magiques, donc vous ne pouviez pas les retenir à moins que la personne n’ait pas l’intention de résister ou qu’elle soit inconsciente, il y avait plusieurs restrictions.

En outre, on peut se demander si c’était assez fort pour capturer des héros spécialisés dans le combat comme les Guerriers, mais il était néanmoins certain qu’un tel objet jouait un rôle vital dans la préservation de l’ordre public dans le monde.

Malheureusement, de telles pierres magiques avaient dû être livrées avec un mécanisme d’absorption de puissance magique séparé, de sorte qu’il semblait impossible pour Rose de produire quelque chose d’aussi compliqué maintenant.

Rose voulait apparemment fabriquer une voiture comme celle de ce monde — une voiture qui utilisait de l’énergie magique comme carburant, mais elle avait besoin d’un mécanisme pour absorber l’énergie magique de l’atmosphère et d’une durabilité suffisante pour produire continuellement. Lorsqu’elle s’était rendu compte que ce serait difficile avec sa technologie actuelle, elle avait semblé découragée.

« Je comprends la situation, mais… pourquoi me donner ça ? » demanda Kei.

Je trouvais étrange que sa main tenant le bracelet tremble.

Je lui avais alors parlé gentiment. « J’ai entendu dire que la position des Elfes est basse dans l’Empire. On n’a jamais assez de moyens de se défendre quand on est entraîné dans quelque chose de gênant. »

« Le mépris pour les Elfes est certainement élevé dans l’Empire, mais ce n’est pas au niveau où les pierres seront lancées soudainement, donc ça va aller ? Si c’est du territoire du comte Lawrence dont nous parlons, alors les Elfes ne subissent pas une telle pression… cependant, j’ai entendu de telles histoires sur le territoire du margrave McLoughlin, » déclara Kei.

« Hmm… Les “Elfes sont détectés par McLoughlin”, c’est ça ? » demandai-je.

J’étudiais ce monde petit à petit.

D’après les leçons données par Kei en tant que petit professeur, dans la partie sud de l’Empire, il y avait trois maisons avec une grande influence politique et une puissance militaire contrôlant les nobles environnants.

L’un d’eux était le margrave McLoughlin.

 

***

Comme on pouvait s’y attendre d’un souverain, le territoire du margrave était vaste. La carte de la partie nord de la mer des arbres que j’avais vue auparavant avait été dessinée beaucoup plus grande que les cinq pays du Nord réunis.

Bien qu’il s’agisse de petits pays, le fait qu’un seul noble ait plus de territoire qu’un pays ne me convenait pas, mais d’après ce que j’avais entendu dire, apparemment les territoires des grands nobles de l’Empire étaient presque de la taille d’un pays.

L’Empereur dans l’Empire avait dit « Ceux qui possèdent plus de pouvoir, ont une histoire vénérable, et enfin, ont des églises qui adorent les héros, devraient être reconnus comme de plus grands nobles ». Selon Mikihiko « La chose importante est la dernière. Inversement, s’il y avait un problème avec l’empereur actuel, l’église devait simplement remplacer la tête » avait aussi été dit.

J’avais trouvé les existences connues sous le nom de « héros » désagréables et, par conséquent, je ne me sentais pas très à l’aise avec l’Église. C’était une façon de penser très appropriée venant de lui, mais je pensais qu’il était en plein dans le mille. ¹

L’important, c’était les héros.

Ce monde avait probablement été construit comme ça.

Venant d’un autre monde, cela semblait un peu anormal… mais c’était une chose naturelle pour ce monde.

En fait, il y avait eu une usurpation du trône dans le passé par un plus grand noble avec le soutien de l’Église.

La noblesse de l’Empire Illex avait parfois assez de pouvoir pour même surpasser la famille royale.

Si l’on parlait du margrave McLoughlin, son territoire n’était pas seulement vaste. Il y avait un grand nombre de mines dans lesquelles on pouvait extraire des pierres magiques, et il était aussi très riche économiquement.

De plus, comme il ne touchait pas directement la mer des arbres, les attaques de monstres étaient relativement rares. La critique « de McLoughlin qui déteste les Elfes » avait pu émerger de la façon dont les Elfes avaient été traités avec les populations locales « bien qu’étant dans la partie sud, où la haine pour les Elfes est forte, cette puissance n’est pas nécessaire ».

« Les soldats du margrave du territoire de McLoughlin sont principalement envoyés à la forteresse d’Ebenus. Donc, nous n’irons pas jusqu’au bout cette fois-ci. Je vais m’en sortir, » déclara Kei.

« Je suis sûr qu’il n’y a pas beaucoup de gens qui t’aideraient s’il arrivait quelque chose, non ? Donc, il ne devrait pas y avoir d’inconvénients à s’en tenir à cela. S’il te plaît, penses-y comme ma façon de te remercier de m’avoir aidé pour tout, » déclarai-je.

On aurait dit qu’elle avait réalisé que je n’avais pas l’intention de céder. Kei avait fait une tête troublée.

Kato avait légèrement tapoté ses deux épaules par-derrière alors qu’elle lui parla. « N’est-ce pas bien ? Senpai s’inquiète pour toi. »

« … Je pense qu’il est un peu trop inquiet, » déclara Kei.

« Fufu. Tu as raison sur ce point, » déclara Kato.

En voyant les sourcils de Kei s’affaisser alors qu’elle tenait le bracelet sur sa poitrine, Kato avait souri.

En voyant son expression, mes sourcils s’étaient légèrement plissés.

« Pourquoi parles-tu comme si c’était le problème de quelqu’un d’autre ? » demandai-je.

« Hein ? » s’exclama Kato.

« Je t’en ai fait aussi faire un pour toi, » déclarai-je.

Répondant à mon regard, Rose m’avait tendu un bracelet. Les yeux de Kato s’étaient arrondis.

« Mais j’ai eu un couteau l’autre jour, » déclara Kato.

« Comme je l’ai dit à Kei tout à l’heure, on n’a jamais assez de moyens pour se défendre, » déclarai-je.

Je n’avais pas oublié les problèmes qui s’étaient produits dans le village de pionniers.

Il était absurde de leur part d’aggraver notre relation, alors je n’avais aucune raison de penser que Miyoshi ne vienne pas s’excuser. Cependant, je n’avais aucun désir de leur faire suffisamment confiance pour ne pas prendre de contre-mesures.

« Mais…, » commença Kato.

« Prends-le, Kato-san, » Lily avait interrompu Kato alors qu’elle tentait de parler. « Comme tu l’as dit, le Maître est tout un problème quand il s’agit de ça. N’est-ce pas vrai ? »

« … Je suis juste prudent, c’est tout, » répondis-je.

J’avais plissé mes sourcils face à ce qu’avait dit Lily alors qu’elle m’enlaçait par-derrière et me tripotait les joues.

« Ufufufu —, » ria Lily. Je suppose qu’elle savait que je cachais ma gêne.

 

***

Le voyage s’était poursuivi.

Nous nous étions arrêtés dans des villages de pionniers, nous nous étions renseignés sur l’état actuel du village et nous avions parfois pris des pauses, mais nous nous étions dirigés tout droit vers le nord.

En chemin, nous avions rencontré une unité de l’armée qui était sur le point de se rendre à la forteresse de Tilia.

Le groupe avait décidé de s’arrêter pour près d’une demi-journée.

Je ne les avais pas rencontrés directement, mais quand j’avais demandé plus tard à la Leader, c’était apparemment une unité de 20 hommes.

Le visage sérieux de la Leader m’inquiétait, mais nous avions dû recommencer à bouger, et bientôt elle était devenue très occupée.

Bien que nous ayons soi-disant demandé de l’aide, le fait qu’une vingtaine de personnes à moitié équipées soient venues signifiait que l’information apportée par les messagers n’avait peut-être pas été comprise comme quelque chose de grave.

Si tel était le cas, alors il y avait vraiment un sens dans le fait que la Leader, quelqu’un qui occupait un poste important à la forteresse de Tilia, aille jusqu’à Selatta et donne une explication de première main.

En peu de temps, nous étions entrés dans une vaste zone de prairies.

Le territoire du comte Lawrence était le plus proche de cette zone, où le pâturage était pratiqué.

J’avais vu des vaches manger de l’herbe et des bergers.

Les vachers agissaient en masse, peu importe la façon dont je voyais les choses, ils ne ressemblaient qu’à un groupe de mercenaires costauds.

Dans ce monde dominé par les monstres, les éleveurs du sud de l’Empire étaient apparemment connus comme un groupe armé.

Vivant dans une prairie non affiliée aux zones rurales et urbaines, ils avaient été exposés à des préjugés dans un sens différent de celui des Elfes.

Toutefois, cela n’aurait peut-être pas été déraisonnable. Ils semblaient vivre dans leur propre monde, même à mes yeux.

Je suppose que leur mode de vie était bizarre pour les villageois qui avaient passé toute leur vie dans les villages et les villes où ils étaient nés. Il ne s’agissait plus de parler de « bon » ou de « mauvais », mais bien de ce qu’il était.

Dans un sens, leur position pourrait être similaire à la nôtre.

Après tout, les regards de respect inconditionnels n’étaient pas différents des préjugés.

 

***

Un jour, il m’était arrivé d’apercevoir au loin un grand troupeau de poissons.

Oui, du poisson. Poissons qui s’avançaient sur la terre. Naturellement, c’était des monstres.

Il s’appelait « Foreuse mobile ». Un monstre poisson qui migrait au-dessus du sol.

Un groupe de petits poissons de différentes couleurs volant était vraiment un spectacle à voir.

« Ce sont des monstres migrateurs, hein ? » demandai-je.

Quand j’avais murmuré cela, Kei m’avait répondu en me poussant la tête. « Les Foreuses mobiles sont des monstres qui voyagent vers la plus grande des mers d’arbres du nord, les Forêts sombres. On dit qu’ils y ont un lieu de frai. »

Les humains de ce monde avaient sécurisé un espace de vie en vainquant les monstres qui menaçaient leur vie et en nettoyant la mer des arbres. Dans certains cas, cependant, ils avaient dû renoncer à l’asservissement de monstres puissants.

S’il ne s’agissait pas de monstres migrateurs, mais plutôt de monstres résidents, ils ne pourraient pas récupérer la zone environnante et la partie de la mer des arbres resterait telle quelle. Les Forêts sombres — il s’agissait du nom donné à ces régions.

« Chaque troupeau de Foreuses mobiles va vers le nord en utilisant sa propre route. Des villages et des villes sont construits en tenant compte de ces routes. Tant que vous êtes loin des routes, tout ira bien, » expliqua Kei.

« En gros, cela veut dire quoi ? » demandai-je.

« Certains troupeaux sont hors route, donc beaucoup de dégâts apparaissent chaque année. Mais le plus gros problème, c’est qu’un autre monstre qui s’attaque aux Foreuses mobiles va vers le nord sur la même route et s’étale, » continua Kei.

S’il était assez grand, ceux qui abandonnaient peu à peu la masse principale apparaîtraient.

Il semblerait que des monstres plus puissants qui les mangeaient en petites bandes comme ça ou individuellement sortaient en grand nombre de la mer des arbres chaque année.

« Dans tous les cas, individuellement, les Foreuses mobiles sont faibles même dans la couche extérieure, mais les troupeaux sont traités comme des désastres, car ils ne peuvent pas être vaincus, » continua Kei.

« Avec autant d’individus, c’est logique…, » déclarai-je.

Même si vous frappiez avec une énorme magie du 5e rang, seule une partie du troupeau serait emportée.

Naturellement, ce n’était pas quelque chose que nous pouvions faire. J’avais dégluti.

Nous avions attendu un jour que le troupeau de Foreuses mobiles s’en aille.

C’est trois jours plus tard que nous étions arrivés à notre destination, Selatta.

***

Chapitre 11 : Un moment de tranquillité dans une auberge de la ville

Le deuxième étage d’une auberge en bois.

Séparés des chevaliers avec lesquels nous avions voyagé jusqu’à présent, nous passions actuellement notre journée dans une auberge de la périphérie de Selatta.

Après avoir parlé avec des marchands, la Leader avait réussi à obtenir qu’une propriété vide nous soit prêtée comme auberge temporaire.

« Monseigneur, cet art est intéressant. »

Grâce à cela, j’avais également pu échanger des mots avec ma famille sous un même toit.

En essuyant mes cheveux mouillés avec une serviette, je m’étais tourné pour regarder Gerbera alors qu’elle parlait gaiement pour une raison inconnue.

J’avais transpiré à l’entraînement avec Silane, alors j’avais sauté dans le bain pour la faire partir.

Mon corps se sentait fatigué, mais satisfait.

Depuis que j’avais commencé à m’entraîner avec Silane, non seulement je m’étais habitué à l’art du combat en soi, mais j’avais aussi l’impression de commencer à apprendre l’art de l’épée.

Mikihiko m’encourageait également, bien qu’il ait progressé plus rapidement que moi, et récemment, je commençais à ressentir non seulement un sentiment d’accomplissement, mais aussi un véritable réconfort lors de ma formation.

« Qu’est-ce que c’est ? » demandai-je.

« C’est un art que Rose-dono m’a donné, » répondit Gerbera.

Dans les mains de Gerbera se trouvait une tige noire et terne d’une vingtaine de centimètres de long.

« Yaaaah ! » avec un cri de combativité, Gerbera fit pivoter la tige, et un tuyau de largeur différente sortit de son extrémité.

Le tuyau s’était fixé en place grâce à la friction.

« Ah. C’est vrai, elle a fait quelque chose comme ça, » déclarai-je.

La baguette qu’elle tenait était un bâton spécial de type lanceur, l’une des idées de Katō-san.

Comme elle ne connaissait pas elle-même les détails de ce que c’était, Mikihiko avait fourni ses connaissances lors de sa création.

Rose développait de nouvelles choses par tâtonnement et, dans ce cadre, recueillait activement de nouvelles connaissances et idées et les mettait en pratique.

C’était pour les perspectives, donc pour l’instant, elle ne se préoccupait pas de savoir si c’était utilisable ou non.

Les fruits de son travail jusqu’à présent étaient principalement des jouets pour Gerbera et Kei.

Tout comme mon cœur battait la chamade lorsqu’il s’agissait d’objets magiques, elles avaient peut-être trouvé que ces petits trucs étaient quelque chose de nouveau.

« En plus de cela, regarde ça ! J’ai aussi quelque chose comme ça ! » Gerbera parla avec joie, en sortant une poupée en bois sculpté de la taille d’une paume.

Elle était d’une dizaine de centimètres de hauteur et déformée. C’est… Lily, n’est-ce pas ? Il n’y avait pas de bras séparés, mais ils étaient plutôt placés sur le côté.

« C’est mignon, » déclarai-je.

« Mhm. Mais cet art n’est pas tout. Cette partie s’ouvre ici, » déclara-t-elle.

D’un claquement, la section de l’estomac se divisa en deux.

L’intérieur du corps maintenant fendu de la poupée était creux, et à l’intérieur se trouvait une Lily encore plus petite…

« Une poupée gigogne ? » demandai-je.

Mikihiko, qu’est-ce que tu apprends à Rose ?

Gerbera a l’air heureuse, donc c’est bien.

Gerbera avait fendu la Lily plus petite, et avait sorti une poupée renard de l’intérieur.

Celle-ci… ressemble à Ayame.

« Si mignon, si mignon ~, » déclara Gerbera.

« … »

En apparence, Gerbera avait le même âge que moi, si ce n’est un peu plus.

Bien que je ne pensais pas qu’elle s’amusait au niveau de Kei — .

« Ne la casse pas, » déclarai-je.

— Je l’avais un peu pensé.

En regardant Gerbera, ses yeux rouge sang pétillant comme ceux d’un enfant, je m’étais senti un peu heureux.

C’était un peu différent du sentiment de bonheur que j’avais ressenti en voyant Kei s’amuser.

J’étais heureux, bien sûr, mais ce n’était pas tout.

J’avais eu l’impression de vouloir contempler son sourire pour toujours.

En fait, c’était peut-être semblable à ce que je ressentais quand j’étais avec Lily.

Avec un sourire naturel placé sur mon visage, j’avais regardé dans la pièce.

Outre Gerbera, Lily et Silane étaient également dans la salle.

Rose, Katō-san et Kei étaient dans la pièce voisine.

Je savais qu’avec des relations de chevaliers, elles avaient acheté des teintures dans la ville hier.

On m’avait dit qu’elles faisaient des vêtements. Elles ne m’avaient pas donné les détails.

De l’autre côté de la paroi mince, j’entendais les faibles voix joyeuses des filles, et un sentiment de calme m’envahissait.

Est-ce que cela deviendrait une scène quotidienne si je suivais la Leader dans son pays d’origine — Aker ?

Face à l’idée de cet avenir heureux, un engourdissement avait traversé ma poitrine, bien que ce ne soit peut-être que mon imagination.

Avec Silane, trois chevaliers nous accompagnaient.

Les chevaliers restants avaient été divisés en deux groupes : ceux qui gardaient les autres transférés, et ceux qui attendaient à l’extérieur de la ville avec les soldats.

Quant à la Leader, elle avait amené quelques chevaliers avec elle et s’était dirigée vers Selatta après avoir pris des dispositions pour que nous restions dans ce logement.

Mikihiko l’avait également accompagnée. Tout cela s’était passé hier.

Selatta est une métropole de plus de dix mille habitants, et avait donc de la place pour accueillir les centaines de soldats de l’Empire fuyant la forteresse de Tilia, ne serait-ce que temporairement, contrairement aux villes précédentes.

La Leader était censée avoir une conversation avec le comte Lawrence en ce moment même.

Je regardai le paysage par la fenêtre.

Là, j’avais pu voir le paysage urbain de Selatta où la Leader était en visite.

Le fief du comte Lawrence était fermé par la mer d’arbres au sud et une forêt sombre au nord-est, mais l’ouest bordait le dominion du comte Long, la région des greniers, et à l’est se trouvait l’un des trois pays de l’Est, le Viscum.

Selatta, situé sur la route menant au dominion du comte Long et à Viscum, et également près du fief du Margrave McLoughlin au nord, était l’un des centres de commerce dans la partie sud de l’Empire.

C’est pour cette raison que Selatta avait également été appelée la ville du commerce.

Cependant, la splendeur de la ville était inimaginable d’après son nom.

Un mur de défense équipé de tours de défense entourait la ville, c’était une ville dite forteresse.

Les remparts entourant la ville étaient constitués de deux encerclements — un petit et un grand.

On pouvait en déduire que l’agrandissement des murs s’était fait en fonction de la croissance de la ville.

Ce paysage était un lieu commun pour les villes de ce monde.

Dans ce monde rempli de magie, la magie des attributs de la terre pourrait être utilisée pour la construction.

De plus, la nécessité de répondre au flot trop excessif des monstres avait probablement donné un coup de pouce au génie civil de ce monde.

Je pensais que les murs de protection des villages de pionniers étaient étonnamment bien faits, mais après avoir vu cela, je ne pouvais que penser que c’était du mince papier.

Cependant, quelque chose dégageait un sentiment plus pompeux que les épais remparts.

Ce serait l’énorme forteresse qui se dresse au centre de la ville.

Elle était connue sous le nom de Forteresse de Selatta.

Au lieu de partager le même nom que la ville… il serait plus correct de dire que la ville avait reçu le nom de la forteresse.

Tout comme la forteresse de Tilia, où je venais de séjourner jusqu’à tout récemment, et la forteresse d’Ébène, où l’Unité Expéditionnaire avait été accueillie à l’est, c’était autrefois une place forte qui se trouvait au premier plan de la mer des arbres.

Les plus grandes villes du monde étaient, à quelques exceptions près, des villes-châteaux construites autour de forteresses comme celle-ci, toutes ayant rempli leur fonction d’origine.

Compte tenu de la protection contre les attaques de monstres, je pense qu’il est extrêmement naturel que les villes soient construites sous de telles formes, avais-je pensé.

La forteresse abritait actuellement le comte Lawrence, le seigneur qui gouvernait cette région, ses troupes et une partie de l’armée du Sud de l’Empire.

En raison de la perte du moyen de communication à longue portée fourni dans la forteresse de Tilia, la Leader se rendit dans la ville la plus proche.

La ville de Selatta avait été choisie parce qu’elle avait le même type de forteresse que la forteresse de Tilia.

Comme il y avait beaucoup de travail à faire — y compris l’accueil des soldats, il faudrait au moins trois jours avant que la Leader ne revienne à ce qu’on m’avait dit.

Si possible, nous partirions alors immédiatement pour Aker.

Mais pour l’instant, je devais me préparer à faire face à cette situation.

« Ahh, dang. Un autre échec, » déclara Lily en parlant avec Silane de la formation d’aujourd’hui et de l’accompagnement de ma famille à partir de maintenant. Gerbera était allée dans la chambre d’à côté avec Katō-san après avoir passé la tête par la porte et l’avoir demandée.

Lily s’était assise sur le lit, tombant sur le dos avec les mains tendues.

Ou pour être plus précis, ses bras étaient tendus… comme en ce moment, ses bras n’avaient rien après les poignets.

Elle n’avait pas été blessée.

Tenter d’imiter partiellement une autre créature tout en conservant sa forme de fille avait défait le mimétisme de cette partie d’elle.

Comme je l’avais déjà dit, Lily avait récemment fait de son mieux pour imiter partiellement des créatures. Cependant, cela ne semble pas être une mince affaire.

Des tissus corporels visqueux avaient bouillonné à l’extrémité de ses deux poignets et s’étaient élevés pour former ses mains habituelles.

Mais Lily était restée effondrée sur le lit. Son visage troublé fixait le plafond.

« Ne te pousse pas trop, » en me déplaçant à côté du lit, j’avais vu des rides entre les sourcils de Lily.

« Yaaaan. Bon sang. Maître ? » s’exclama Lily.

« Et si tu prenais une pause ? » demandai-je.

« Fufu. Si tu fais une pause, dois-je préparer du thé ? » demanda Lily.

En regardant notre échange, Silane avait souri et s’était levée.

« Ah. Alors, je peux aussi aider, » déclara Silane.

Lily s’était levée du lit, mais Silane avait secoué la tête.

« Vous ne savez pas comment l’utiliser et vous devriez vous reposer, » déclara Silane.

Silane avait quitté la pièce, le sourire aux lèvres. Le bruit de sa descente de l’escalier s’était fait entendre peu après.

Maintenant que nous n’étions plus que tous les deux, Lily s’était penchée sur moi.

« Hrrgghhh... Je suppose que ce n’est pas bon, » déclara Lily.

Lily se blottissait souvent contre moi, mais pour l’instant, il était plus juste de dire qu’elle s’appuie plutôt sur moi.

Elle s’était laissée aller à se détendre sur moi.

« Lily, » parlais-je, en étreignant son corps mou. Elle n’avait pas résisté.

Son corps détendu avait glissé vers le bas en position horizontale.

Elle s’était adaptée pour être à l’aise et s’était finalement installée avec sa tête sur mes cuisses.

« Hmm. »

La vue d’elle se frottant les joues sur mes cuisses comme un enfant gâté m’avait vaguement fait penser à un chat.

J’avais parlé en jouant avec sa frange. « … Hé, Lily. »

« Oui ? » demanda Lily.

« Es-tu déprimée ? » demandai-je.

Lily avait tourné la tête pour faire face, en me regardant. « Un tout petit peu. »

Un faible sourire s’était affiché sur mon visage.

« Je savais, en quelque sorte, que cela pourrait être la limite de ma capacité d’imitation de slime, » continua Lily.

« … »

Elle avait parlé de sa formation au mimétisme partiel, depuis notre départ de la forteresse de Tilia jusqu’à notre arrivée dans le premier village de pionniers. Vingt jours s’étaient écoulés dans ce laps de temps.

Néanmoins, le mimétisme partiel de Lily n’avait pas encore montré un seul signe de réussite.

Pas un seul progrès n’avait été réalisé.

Lily avait poussé un petit soupir.

« Je dois faire sortir le maximum de monstres en moi. Il le faut absolument, mais…, » déclara Lily.

« Je comprends ce que tu veux dire…, » déclarai-je.

Si elle pouvait partiellement imiter les capacités des monstres, alors ce serait le meilleur des deux mondes.

Par exemple, lorsque nous avions combattu de front l’araignée blanche, Gerbera. C’était le monstre le plus fort de la partie profonde de la mer des arbres, les monstres normaux ne pouvaient même pas espérer la frapper.

Sa force était solide, et ses pouvoirs régénérateurs incroyables. Les capacités de combat de Gerbera étaient toutes de première classe, et il était donc difficile d’être meilleur qu’elle dans l’un d’entre eux. Et même si vous pouviez rivaliser avec elle dans un de ces domaines, elle vous écraserait à mort dans un autre.

Mais que se passerait-il si Lily apprenait le mimétisme partiel ?

Il lui sera même peut-être de rattraper son retard sur Gerbera.

… Mais si seulement c’était possible.

« Tu ne peux pas faire ce que tu ne peux pas faire. Si cela te déprime, alors il n’y a rien à faire, n’est-ce pas ? » J’avais parlé doucement, en touchant la joue de Lily.

« Les humains peuvent donner des coups de pied et sauter du sol, mais ne peuvent pas voler. Ils peuvent pagayer dans l’eau avec les deux mains et nager, mais ne peuvent pas plonger à des milliers de mètres. Tu es peut-être un monstre, mais même toi, tu as des limites, » continuai-je.

« Mais les humains peuvent voler dans le ciel et plonger à ces profondeurs, » s’était interposée Lily.

Un sourire s’était imposé sur mon visage à Lily en disant quelque chose qu’un enfant têtu dirait.

Lily se comportait comme la grande sœur de la famille, il était donc rare qu’elle montre sa faiblesse de cette façon.

Elle m’avait toujours soutenu, alors ça m’avait fait plaisir de la voir agir ainsi.

« Mais ce serait par avion ou par sous-marin, » déclarai-je.

« … Oui. C’est vrai. » Lily avait répondu, en fermant les yeux, alors que je lui caressai doucement le front comme pour la consoler.

Le temps avait passé avec nous seuls là-bas.

« Mais, Maître ? » Et peu de temps après, Lily avait enfin pris la parole.

« Quoi ? » demandai-je.

« Même si tu comptes sur d’autres choses, tu peux continuer à voler dans le ciel et à survivre dans ces profondeurs, » déclara Lily.

… Pourquoi est-ce que ça semble… éteint ?

Soudain, un frisson s’était emparé de ma colonne vertébrale.

La raison en était peut-être que l’expression de calme que ses paupières tombantes faisaient paraître trop calme, comme un ecclésiastique martyr.

« Si j’étais humaine…, » déclara Lily.

« Lily… ? » Alors que je l’appelais, Lily avait lentement ouvert les paupières.

Et puis elle avait cligné des yeux, surprise.

« Hm ? Qu’est-ce qui ne va pas, Maître ? » demanda Lily.

Lily m’avait regardé du haut de mes genoux, et avait fait un visage confus.

C’était la Lily habituelle.

Les mots que j’aurais dû dire s’étaient éteints, et je m’étais gratté le visage.

« … Non, ce n’est rien, » déclarai-je.

« Tu es bizarre, Maître, » déclara Lily.

Lily avait ricané avant de se lever.

« Merci de m’avoir gâtée. Je me sens un peu mieux maintenant, » continua Lily.

« Oh ? C’est bien, » déclarai-je.

Elle avait apparemment retrouvé ses habitudes.

J’étais heureux de pouvoir la réconforter après sa dépression.

« Si je ne peux pas le faire d’une façon, alors je devrai penser à une autre. D’ailleurs, ce n’est pas comme s’il était certain que je ne puisse pas le faire. Je vais continuer à faire de mon mieux pendant encore un petit moment, » déclara Lily.

Lily avait serré son petit doigt et avait souri avant que ses yeux ne se tournent soudainement vers un autre endroit.

« Hmm ? Quelqu’un vient ? » demanda-t-elle.

Les bruits venaient d’en bas.

Presque aussitôt, des pas agités s’étaient frayé un chemin tout droit dans l’escalier.

Je m’étais mis sur mes gardes par réflexe, et la porte s’était ouverte sans un seul coup.

Ma main s’était arrêtée à mi-chemin alors qu’elle prenait mon épée.

Après tout, le visiteur qui avait fait irruption dans notre chambre était mon ami aux cheveux négligés.

« Quoi de neuf, Mikihiko. Tu es revenu ? » demandai-je.

A-t-il couru jusqu’ici ? Mikihiko avait repris son souffle difficilement avant de parler.

« Que s’est-il passé pour que tu sois aussi pressé ? N’étais-tu pas avec la Leader...? » lui demandai-je.

« Quelque chose a mal tourné, » déclara Mikihiko.

Les premiers mots sortis de sa bouche avaient tendu la détente qui m’habitait.

« Que s’est-il passé, Mikihiko-dono ? » demanda Silane.

Silane et deux autres chevaliers d’en bas étaient entrés dans la salle en suivant Mikihiko.

En les regardant, Mikihiko avait parlé à voix basse. « La leader a été arrêtée. »

***

Chapitre 12 : Sur nos chemins respectifs

Partie 1

« La Leader a été détenue ? C’est ridicule…, » déclarai-je.

Les paroles de Mikihiko m’avaient choqué.

La Leader était allée, avec Mikihiko, rendre visite au comte Lawrence à Selatta.

Elle avait fait tout cela pour demander la sauvegarde des soldats de l’Empire autrefois stationnée à la forteresse de Tilia, et pour diffuser la nouvelle de la chute de la forteresse de Tilia dans divers autres endroits.

Alors, pourquoi serait-elle détenue ?

« Qu’est-ce qui ne va pas, Maître ? » demanda Rose.

« Il semble que quelque chose soit arrivé. »

Rose et celle dans l’autre pièce, ayant entendu l’agitation, étaient venues de la pièce à côté de nous.

J’avais fermé les yeux pendant une seconde et je m’étais calmé, puis j’avais tourné les yeux vers Mikihiko.

« … Que s’est-il passé exactement ? » demandai-je.

« Eh bien. En fait —, » Mikihiko avait commencé à expliquer ce qui s’était passé.

Après avoir quitté la ville, Mikihiko et la Leader étaient arrivés à Selatta après avoir voyagé une demi-journée. Ils avaient immédiatement pris rendez-vous et avaient été conduits dans la forteresse.

Ce faisant, Mikihiko avait été escorté dans une pièce différente de celle de la Leader.

Indépendamment de ses sentiments, Mikihiko était un étranger de leur point de vue. Si on lui disait qu’il y avait des choses qui ne pouvaient être dites devant un étranger, il n’aurait pas d’autre choix que de partir.

Mikihiko l’avait accepté, bien que réticent, alors que la Leader l’avait demandé.

Mais, peu importe combien de temps il avait attendu après cela, la Leader n’était jamais revenue.

Pensant que c’était étrange, il interrogea les serviteurs du comte Lawrence, mais ils répondirent de manière évasive.

Ce n’est que lorsque le matin était venu que Mikihiko avait pu entendre ce qui s’était passé de la bouche de l’une des servantes et avait appris que la Leader — et les chevaliers de l’Alliance qui l’accompagnaient — étaient détenus dans une des salles de la forteresse.

Réalisant qu’il n’avait pas le choix, Mikihiko s’était échappé de la forteresse en utilisant sa position de héros et avait fait tout le chemin jusqu’ici, en surveillant constamment ceux qui le suivaient.

« Pour vous dire la vérité, après avoir pris rendez-vous, nous avons attendu un peu en ville. La Leader m’a alors dit ce qu’il fallait faire si cela arrivait, » déclara Mikihiko.

« Attends. La Leader s’attendait à ce que les choses finissent ainsi ? » demandai-je.

« Je ne sais pas. Elle en a parlé comme si elle y avait pensé à mi-chemin, en riant même : “de toute façon, ça n’arrivera probablement pas”…, » déclara Mikihiko.

Néanmoins, elle avait fait un effort pour le dire. La Leader aurait pu prévoir ce qui se passerait.

Et, suivant ses paroles, Mikihiko était maintenant ici.

« Tu vois, comme je te l’ai déjà dit. La Leader pourrait être obligée de prendre la responsabilité de la chute de la forteresse de Tilia. Je n’ai pas pu rencontrer la Leader par manque de temps, et ce n’est pas comme si je pouvais demander à quelqu’un qui savait vraiment pourquoi, donc je ne peux pas le dire avec certitude… mais je ne pense pas me tromper en disant que c’est pour cela qu’elle a été retenue, » déclara Mikihiko.

« Et rien d’autre ne semble correspondre… hmm, » déclarai-je.

« Mais, Mikihiko-dono. Malgré tout cela, les actions du comte Lawrence ne sont-elles pas un peu dominatrices ? » interrogea Silane, en sautant dans notre conversation.

Son visage, partiellement caché par les bandages, était visiblement tendu. Il en allait de même pour les chevaliers derrière elle.

« La Leader est la princesse d’Aker. Bien sûr, Aker est un petit pays et a un pouvoir limité par rapport à l’Empire. Cependant, des actes aussi agressifs ne sont pas si acceptables qu’ils peuvent se permettre d’agir ainsi. Les cinq autres pays du Nord suivront. Si cela se produit, leurs relations vont inévitablement se détériorer. Le comte Lawrence est propriétaire de la ville de commerce Selatta, et profite des échanges commerciaux avec d’autres fiefs et pays, donc c’est d’autant plus le cas. Je ne peux pas croire qu’il ferait une telle chose…, » déclara Mikihiko.

« Quel genre de personne est le comte Lawrence ? » avais-je demandé à Silane, en organisant la conversation dans ma tête.

Ce que disait Silane était correct, mais les personnalités politiques n’étaient pas toujours rationnelles. Dans une société féodale comme celle-ci, c’était d’autant plus vrai.

« Bien que je ne l’aie jamais rencontré personnellement, la rumeur veut que sa personnalité soit plus prudente lorsqu’il s’agit de faire les choses. Je ne peux pas croire qu’il ferait quelque chose qui aggraverait ses relations avec les pays étrangers…, » déclara Silane.

« La leader m’a dit qu’il était opportuniste, et que par conséquent la possibilité que les choses se terminent ainsi était faible, » avait carrément ajouté Mikihiko, suivant les mots de Silane.

En entendant le commentaire simpliste à propos de ça, mes sourcils s’étaient plissés.

« … Alors, pourquoi la Leader a-t-elle été détenue ? » demandai-je.

Tout ce qui avait été dit jusqu’à présent ne collait pas.

La situation était pire que ce que la Leader avait prévu.

Peut-être que quelque chose de terrible se passait quelque part à notre insu.

J’avais un mauvais pressentiment.

J’espérais que ce n’était que ma mauvaise habitude de trop réfléchir, mais…

« Je ne peux pas en être sûr, mais il y a une chose qui m’inquiète, » le reflet dans les yeux de Mikihiko s’était accentué sous ses lunettes alors qu’il parlait. « Je l’ai découvert en recueillant des informations à l’intérieur de la forteresse, mais apparemment le Margrave McLoughlin et ses escortes sont actuellement en visite à Selatta. »

« Le margrave McLoughlin… le grand noble de l’Empire, connu sous le nom de “Détracteur d’Elfes” ? » avais-je parlé, intrigué par ce nom inattendu.

Mikihiko avait fait un signe de tête.

« On pourrait appeler ça de la malchance. Ou alors, il a entendu parler de la chute de la forteresse de Tilia et est parti avec joie en voyage d’affaires, » déclara Mikihiko.

« Avec joie… ? Attends un peu. Dis-tu que c’est le Margrave McLoughlin qui a détenu la Leader ? » demandai-je.

« Ce n’est qu’une supposition, mais…, » Mikihiko avait parlé, se tournant vers Silane pour un second avis.

Silane hésita un moment, mais elle hocha rapidement la tête. « La famille du Margrave McLoughlin entretient depuis des générations de mauvaises relations avec les cinq pays du Nord. En plongeant dans l’histoire, leur relation remonte à l’époque de la guerre entre l’Empire et l’Alliance… en fait, la famille du Margrave elle-même a été nommée à l’origine en fonction de ses réalisations dans la guerre contre l’Alliance. Aujourd’hui encore, leur relation est celle d’ennemis politiques. »

Le conflit entre l’Empire et l’Alliance était vieux de plusieurs centaines d’années.

Maintenant, le souvenir de la guerre se trouvait dans un passé lointain. Cependant, ce fait historique avait jeté une ombre sur un avenir lointain.

La différence sur la façon dont ils traitaient les Elfes n’était probablement qu’une des failles qui les séparaient.

« S’il en avait l’occasion, il la poursuivrait avec joie — à tel point que ce serait comme creuser une plaie ouverte. Et, bien que je dise cela, la Leader en particulier est même taquinée comme étant une “Amoureuse des Elfes”, donc…, » déclara Silane.

Les propos de Silane n’avaient fait que renforcer ceux de Mikihiko.

Cela suffisait-il pour une brève explication, je me le demande ?

Je ne savais pas une seule chose sur le Margrave McLoughlin.

Ses critiques à son égard avaient pu être biaisées dans une certaine mesure, étant donné qu’elle était elle-même une habitante d’origine d’Aker, l’un des cinq pays du Nord. Cependant, même avec cela, il était évident qu’il y avait des lacunes entre les deux.

L’erreur de calcul de la Leader était le fait qu’un noble de premier plan séjournait actuellement à Selatta — un noble qui n’avait aucun scrupule à aggraver les relations de son pays avec les Elfes.

« Je comprends l’essentiel de la situation, » déclarai-je.

Il y avait quelques parties dont je n’étais pas sûr, mais cela ne servait à rien d’y réfléchir davantage.

Pour l’instant, j’avais décidé de ne plus y penser.

« Alors, que va-t-il arriver à Leader maintenant ? » demandai-je.

Entre l’Armée du Sud de l’Empire, l’Ordre des Chevaliers de l’Empire et l’Ordre des Chevaliers de l’Alliance, plus de mille personnes étaient mortes dans l’incident causé par Juumonji à la forteresse de Tilia.

En plus de cela, la forteresse de Tilia était un point stratégique essentiel pour l’humanité, je ne pouvais même pas imaginer ce qui arriverait à la personne entièrement responsable de la chute de la Forteresse de Tilia.

« Tu ne penses pas… qu’ils la feront assumer l’entière responsabilité de la chute de la forteresse de Tilia et l’exécuteront —, » j’avais arrêté de parler à mi-chemin.

J’avais remarqué que l’expression de Silane se déformait dans la douleur. Je n’aurais pas dû dire cela si négligemment.

« Non. Ils n’iraient pas aussi loin, » déclara Mikihiko.

Heureusement, mes craintes avaient été démenties par Mikihiko.

« La famille royale Aker est aimée par le peuple. Sans parler de ça, s’il devait faire quelque chose d’aussi déraisonnable que cela, une guerre éclaterait presque certainement avec Aker. Ensuite : lui-même. Les cinq autres pays du Nord ne se tairaient pas non plus. Si ses méfaits aggravaient l’état de la partie nord de la mer des arbres, d’innombrables hommes de l’Empire du Sud seraient en danger — même le margrave McLoughlin. Dans le pire des cas, les Chevaliers du Temple pourraient même se mobiliser, » expliqua Mikihiko.

« Les chevaliers du temple ? » demandai-je.

« Oui. Le rôle principal des chevaliers du temple est de défier la mer des arbres aux côtés des héros, mais en raison des souhaits de l’Église, ils jouent également un rôle dans le maintien de l’ordre dans ce monde. Les Chevaliers du temple sont l’organisation militaire la plus puissante au monde. De plus, ils ont un contrôle religieux sur la loi. S’ils devaient se mobiliser, le margrave serait détruit, » déclara Mikihiko.

En gros, à moins d’avoir une envie de mourir, il ne prendrait pas un si grand risque.

La raison pour laquelle le margrave McLoughlin avait fait un détour pour aller visiter Selatta — bien qu’il n’ait absolument aucun lien avec cet incident — était, tout simplement, de harceler son ennemi politique détesté.

Il n’avait donc pas besoin de s’inquiéter d’être ruiné.

Les propos de Mikihiko étaient tout à fait pertinents.

« … Bien que tout cela ne soit que des informations de seconde main de la Leader. De toute façon, il est extrêmement improbable qu’une exécution ait lieu à la merci du margrave McLoughlin, » déclara Mikihiko.

« Alors, ne devrais-tu pas t’inquiéter de la sécurité de la Leader ? » demandai-je.

Mikihiko avait fait un signe de tête, puis son expression s’était assombrie.

« Mais maintenant qu’elle est détenue, le margrave McLoughlin va faire tout son possible pour que la Leader en assume la responsabilité. Quelle que soit la vérité, la Leader est certainement en position d’en être tenue pour responsable. Elle sera escortée jusqu’à la capitale impériale. Une audience sera alors tenue, et une punition sera prononcée, » déclara Mikihiko.

« … Que va-t-il se passer concrètement ? » Je m’étais préparé à l’inquiétante prémonition que j’avais, j’avais parlé d’une voix un peu plus grave, qui s’était enfoncée dans la pièce silencieuse.

L’agitation extérieure rendait ma petite voix d’autant plus minuscule.

« La leader a prédit… qu’elle serait relevée de ses fonctions, » déclara Mikihiko.

« Cela ne peut pas être — ! » cria Silane, laissant échapper une voix semblable à un cri.

Bien qu’il lui ait lancé un regard de sympathie, Mikihiko était resté fidèle à son rôle de porteur de mauvaises nouvelles.

« Et avec le départ de la Leader, le troisième ordre des chevaliers de l’Alliance sera également dissous. Même s’ils reprennent leurs activités, la Leader ne sera pas celle qui les dirigera. Pour commencer, même une réforme est douteuse. C’était aussi le cas pour la forteresse de Tilia, mais tant que les héros seront là, les véritables intentions des grands de l’Empire seront d’empêcher leurs rivaux de récolter autant que possible les fruits de leurs succès, » déclara Mikihiko.

« L’ordre des chevaliers sera… d-dissous… ? » Silane avait fait disparaître sa voix.

Informée de la brutale vérité, la voix de Silane sonnait terriblement creux. Elle donnait l’impression que son calme habituel n’était qu’une façade.

« Ce… Ce n’est pas… » Silane titubait, marmonnant de façon incohérente.

Son courage normal était désormais sans défense.

Elle avait fait preuve de maîtrise de soi et avait à peine réussi à s’empêcher de s’effondrer, mais il semblait qu’elle pouvait tomber à tout moment.

Elle avait toujours travaillé dur comme chevalier, et maintenant elle était sur le point de perdre l’endroit où elle avait mis sa vie en jeu.

Ce n’était pas tout. Pendant le combat contre Juumonji, elle s’était transformée en monstre mort-vivant. Il lui serait difficile de continuer à travailler comme chevalier si elle n’était pas sous les ordres de la Leader.

— Je peux être un chevalier comme je l’étais avant. Je peux me battre pour protéger les choses que je devrais protéger. Je ne pourrai jamais assez remercier Leader.

Elle avait souri en disant cela. Quel choc cela lui ferait-il d’apprendre qu’elle avait perdu sa place de chevalier ?

Je ne pouvais même pas l’imaginer.

« … Alors, Mikihiko. Que dois-je faire ? » demandai-je.

Bien que j’étais inquiet pour Silane, je devais m’occuper du problème en ce moment.

J’avais tué mon envie de crier et j’avais demandé à Mikihiko.

« La raison pour laquelle tu es venu me voir directement est que la Leader voulait que je fasse quelque chose, non ? » demandai-je.

« Aussi vif que jamais, » déclara Mikihiko.

« Mais je ne pense pas pouvoir faire quoi que ce soit, » déclarai-je.

En fait, il était discutable que nous puissions nous permettre de l’aider.

Actuellement, celle qui garantissait ma sécurité était la Leader. L’Ordre des chevaliers de l’Alliance, sous sa direction, connaissait ma situation.

Avec la perte de la Leader, ma position dans ce monde deviendrait assez instable.

« Désolé, mais je ne peux pas faire grand-chose. Tu ne vas sûrement pas dire que tu vas faire un raid sur la forteresse de Selatta après ça pour reprendre la Leader, et que tu as besoin de moi pour t’aider, n’est-ce pas ? » demandai-je.

« Ahaha. Quel plaisir ce serait ! Mais, malheureusement, ce n’est pas ça. Même si c’était le cas, la conversation tournerait au vinaigre, » déclara Mikihiko.

Pour la première fois depuis son arrivée ici, Mikihiko avait montré un sourire.

« Tu vois, Takahiro. La demande de la Leader concerne Silane, » déclara Mikihiko.

« M-Moi… ? » Silane avait parlé, en retenant son souffle.

Mikihiko s’était tourné vers elle avec un regard de pitié. « Elle voulait que tu emmènes Silane-san dans son village natal. »

***

Partie 2

Avec Mikihiko et les deux chevaliers qui nous accompagnaient, nous avions rapidement fait nos bagages et quitté l’auberge.

Pour la nourriture, nous avions encore ce qui nous avait été épargné pendant notre voyage jusqu’ici. Il nous suffisait d’acheter dans la ville voisine ou de chasser des monstres pour compléter le tout. Cela n’avait pas d’importance de toute façon.

Les frais de voyage n’avaient pas non plus posé de problème. En arrivant à l’auberge, j’avais reçu de l’argent de la Leader pour avoir escorté les soldats et les chevaliers jusqu’ici.

J’avais décidé de continuer à garder les outils magiques que j’avais empruntés.

Il n’y avait personne à qui les rendre, après tout.

Selon Mikihiko, la Leader (naturellement) et les chevaliers de l’Alliance sous son commandement étaient censés être temporairement retenus.

Compte tenu de la tentation de reprendre la Leader, il était tout à fait naturel que le margrave McLoughlin prenne de telles mesures.

Mais ensuite, il y avait eu un gros problème : Silane.

Silane était le chef adjointe des Chevaliers, le bras droit de la Leader. Le Margrave McLoughlin avait probablement voulu donner la priorité à la capturer. Mais ce n’était pas bon.

Elle avait maintenant une autre raison de s’inquiéter, à part les mauvais traitements dus au fait d’être une elfe.

Son corps était maintenant celui d’un monstre mort-vivant. Ce serait bien que le secret soit gardé entre les Chevaliers de l’Alliance et moi, mais maintenant qu’ils étaient retenus, je n’avais aucune idée de ce qui allait se passer.

S’il découvrait qu’elle était devenue une Demi Liche, je doutais fort que le Margrave McLoughlin — le Haïsseur des Elfes — prenne en compte sa situation avant de prendre une décision.

Heureusement, Silane était restée à nos côtés à l’auberge.

L’auberge dans laquelle nous étions hébergés était préparée par un marchand qui servait les chevaliers. Cependant, ce n’était pas un établissement appartenant aux chevaliers.

Par conséquent, le margrave McLoughlin n’avait probablement aucune idée de ce qui s’était passé ici.

Sinon, il aurait tiré les ficelles depuis longtemps.

« La Leader ne pourra peut-être pas revenir avec vous, mais dès que le procès sera terminé, elle reviendra. En attendant, emmène Silane-san et Kei-chan à leur village et attendez là-bas, » déclara Mikihiko.

Je ne pouvais pas abandonner Silane, et il n’y avait personne à qui je pouvais la confier.

J’avais donc accepté la quête de la Leader par l’intermédiaire de Mikihiko.

☆☆☆

« Nous avons pu quitter la ville plus facilement que je ne le pensais. »

« Pour l’instant, je pense qu’ils ont déjà les bras chargés en ne traitant qu’avec les chevaliers en dehors de la ville. »

Alors que je marmonnais en m’asseyant sur le siège du cocher du véhicule magique à moteur, j’avais entendu la voix de Mikihiko qui venait de l’intérieur du véhicule.

« D’après ce que j’ai entendu, il y a une cinquantaine de membres des Chevaliers de l’Alliance. Ils devront consacrer une partie de leurs combattants à les surveiller, dans le cas peu probable où ils résisteraient, » déclara-t-il.

Alors que nous quittions la ville, il se trouvait que l’un des colporteurs que nous avions croisés avait fait tout un plat en voyant de nombreux chevaliers quitter Selatta.

Ils craignaient qu’un troupeau de monstres ou autre chose ait été découvert dans une région voisine, mais la vérité était très probablement différente. Les chevaliers avaient dû être neutralisés, comme je le pensais.

Ayant quitté la ville après nous être glissés parmi les autres colporteurs, nous nous dirigions vers le sud sur la route principale.

Aker était situé à l’ouest des terres du comte Lawrence.

Si nous choisissions la route la plus sûre, nous devrions d’abord entrer dans le fief du comte Long en empruntant la route vers l’ouest.

Aker bordait le côté sud du fief du comte Long.

Cependant, une forêt sombre s’étendait sur la moitié ouest de la frontière, et la chaîne de montagnes Kittle, connue pour sa pente raide, dominait la moitié est. Il était donc risqué d’aller vers le sud.

Il était donc courant pour les colporteurs et autres de traverser le fief du comte Long et d’aller ensuite plus à l’ouest vers le fief du comte Cornish avant d’emprunter la route du sud-est qui longeait l’une des branches de la rivière Alaria, située au centre du continent.

Cependant, comme cette voie était sûre et constituait un choix populaire, il était probable que nous serions poursuivis.

Nous avions donc décidé de prendre d’abord la route vers le sud, puis une autre route vers l’ouest.

Cela aussi faisait partie des instructions de la Leader.

Contrairement à un groupe de commerçants moyen, sacrifier une partie de notre sécurité n’était pas un problème si important. Nous n’avions pas survécu dans la mer des arbres juste pour le spectacle.

 

Ce jour-là, nous avions campé sur le bord de la route et avions décidé d’y passer la nuit.

J’étais adossé à un arbre pendant que Lily se blottissait contre moi en guise de garde. Je pouvais sentir la chaleur de son corps à travers le manteau enroulé autour de mon corps.

Je n’arrivais pas du tout à dormir.

Sous le clair de lune, je regardais Gerbera respirer paisiblement avec le sac à bagages dans les bras, et Ayame s’était recroquevillée en boule en dormant sur son abdomen d’araignée, jusqu’à ce que je sente un regard sur moi.

« … Est-ce que ça va ? »

Enveloppée dans un manteau comme moi, elle avait parlé, regardant ma direction avec son œil bleu.

Sa peau blanche était illuminée dans la nuit, mais pas autant que celle de Gerbera.

Elle avait gardé le silence jusqu’à présent.

On aurait dit que son esprit n’était pas là, et qu’elle semblait réfléchir à quelque chose.

Il semblerait qu’elle ait subi un choc important.

Maintenant, son regard était ferme.

Sa voix n’avait pas non plus tremblé.

Elle semblait s’être rétablie en une demi-journée. Du moins, au point qu’elle pouvait faire croire qu’elle l’avait fait.

« Que veux-tu dire ? » demandai-je en réponse.

« Si mon identité est connue, je vais devenir un problème, » déclara Silane.

La gravité de son visage semblait provenir de son souci de nous causer des ennuis après cela.

« … Ne t’en fais pas pour ça. Aller avec toi n’est pas si mal pour moi, » répondis-je.

J’avais haussé les épaules. D’un seul côté, cependant, alors que Lily s’accrochait à l’un de mes bras.

« Nous sommes encore nouveaux dans ce monde. Il serait un peu difficile de trouver un endroit sûr pour nous. Et, nous ne pouvons pas utiliser les pierres magiques de traduction. Si je ne peux pas communiquer, alors à quoi bon, » déclarai-je.

« Alors, vous devriez prendre Kei, » déclara Silane.

Silane avait jeté un regard sur sa protégée qui dormait à ses côtés.

« Elle peut utiliser des pierres magiques de traduction. Elle est encore inexpérimentée dans certains domaines, mais elle devrait se révéler assez utile —, » déclara Silane.

« … Silane, » quand j’avais appelé son nom, Silane avait arrêté de parler.

Son regard était tombé. Il semblait qu’elle n’était pas encore elle-même. Mais c’était tout à fait naturel.

Je ne pouvais pas la laisser seule dans son état actuel.

« En gros, j’ai déjà détenu une bombe depuis le début. Même si tu l’as accrue d’une case maintenant, ce point n’a pas changé. Ne te préoccupe pas des petites choses, » déclarai-je.

Même si je ne l’avais pas été, je n’allais pas abandonner cette fille elfique.

Les abominables conflits causés par Juumonji avaient entraîné la perte de beaucoup de choses, mais s’il y avait quelque chose qui avait été gagné, c’était la relation de confiance que j’avais maintenant avec eux.

Il n’y avait pas moyen que je puisse trahir cela.

« En outre, il s’agit d’une demande de la Leader, » déclarai-je.

Alors que j’ajoutais cela, Silane avait levé la tête.

« De la Leader… vous dites ? » demanda Silane.

« Oui. Mais je ne sais pas si elle l’a dit en sachant que cela pourrait finir comme ça, » déclarai-je.

— S’il vous plaît, prenez soin de Silane à partir de maintenant, Takahiro-dono.

Les mots que la Leader avait prononcés pendant la nuit au village des pionniers m’avaient traversé l’esprit.

Je ne savais pas dans quel but elle avait dit cela.

Au lieu de savoir que cela finirait comme ça, elle aurait pu simplement penser à l’avenir de Silane.

Ce dont je suis sûr, c’est qu’elle m’a demandé de le faire.

Je n’allais pas l’ignorer.

☆☆☆

La nuit s’était achevée.

J’étais resté sur mes gardes, mais il n’y avait pas de poursuivants.

Comme Mikihiko l’avait mentionné, la plupart des combattants de Selatta étaient concentrés sur les chevaliers, donc ils n’avaient probablement pas assez d’hommes de réserve pour se concentrer sur nous.

Les instructions de la Leader étaient correctes.

Après avoir terminé nos repas, nous nous étions rapidement préparés pour le départ.

Alors que nous montions dans le véhicule, j’avais incliné ma tête.

« Mikihiko? » demandai-je.

Quand j’avais regardé en bas depuis le siège du cocher, Mikihiko était avec deux chevaliers, habillés en tenue de voyage.

« Que se passe-t-il ? Dépêche-toi de monter. Tu n’as pas vraiment l’intention de marcher, n’est-ce pas ? » déclarai-je.

Bien que ce véhicule ne puisse rouler qu’à la vitesse d’un piéton, il pouvait néanmoins réduire considérablement l’accumulation de fatigue pendant un long voyage.

Il n’y avait aucune raison de se forcer à marcher.

Mais Mikihiko avait acquiescé à ma demande. « Oui. Je vais marcher… c’est-à-dire, vers Selatta. »

« — »

Bien qu’il s’agisse d’une révélation soudaine, ce n’était pas une surprise.

Quelque part dans ma tête, je savais qu’il allait le faire.

« Je me disais que, s’il y avait des poursuivants, je pourrais faire en sorte que ça marche d’une manière ou d’une autre, puisque les soldats de la forteresse de Selata savent que je suis un héros, mais il semble que ce ne soit pas nécessaire, » déclara-t-il.

« Tu vas auprès de la Leader, n’est-ce pas ? » demandai-je.

« Il vaut mieux avoir beaucoup de gens pour la défendre, même si ce n’est que moi. Même si je déteste le faire… J’utiliserai ma position de héros du mieux que je peux, » déclara-t-il.

Mikihiko sourit.

« Nous aussi, nous allons suivre Mikihiko-sama. Il y aura certainement des dangers sur le chemin. » L’un des deux chevaliers qui se tenaient près de Mikihiko avait levé la main.

« Takahiro-sama. Je vous laisse notre chef adjoint. »

« Marcus… ? Et toi aussi, Fred ? Vous…, » déclara Silane.

Silane avait sorti sa tête du véhicule, ses yeux s’ouvrant un peu.

Peut-être qu’elle ne trouve pas de mots à dire. Elle avait serré le poing devant sa poitrine, maintenant dépourvue de son armure de chevalier.

Leur détermination était solide. Il était clair qu’ils ne pouvaient pas être persuadés du contraire.

« Tu fais un sacré visage, Takahiro, » déclara Mikihiko.

Ai-je l’air trop sérieux ?

Mikihiko sourit avant de parler. « C’est un peu triste, mais ce n’est pas la fin du monde. »

Il avait un ton léger, mais il ne le disait pas d’un ton mielleux.

Après m’être rendu compte de cela, j’avais aussi un peu souri.

« C’est exact. Ce n’est pas la fin…, » déclarai-je.

Ce monde était différent du pays dans lequel nous vivions autrefois.

Les moyens de communication et de déplacement n’étaient pas parfaits. La menace des monstres était également présente, et les voleurs de nuit étaient effrayants. Le simple fait de voyager entre les villes était généralement risqué.

Même si nous avions assez de force pour que les voyages ne soient pas un problème, nous pataugions nous aussi dans cette situation. Quoi qu’il arrive, ce ne serait pas étrange.

Dans ce monde plein de dangers, vous ne retrouveriez pas toujours votre ami après la séparation.

Mikihiko et moi l’avions reconnu à maintes reprises. En fait, c’est un miracle que nous ayons pu échapper à l’effondrement de la colonie en toute sécurité et que nous nous soyons retrouvés.

« Je vais continuer. Sois sage et reviens vite, » néanmoins, je l’avais dit.

Depuis que Mikihiko avait été sauvé par la Leader, il avait fait ce qu’il pouvait pour elle.

C’est ainsi qu’était Mikihiko Shumoku. Tout comme moi, Takahiro Majima, j’avais décidé de vivre pour Lily et les autres personnes de ma famille alors que Mikihiko était prêt à vivre pour la Leader.

Donc, je ne le découragerais pas avec quelque chose de peu enthousiaste.

« Oui. Jusqu’à ce qu’on se rencontre à nouveau, mec, » déclara Mikihiko.

Mikihiko avait fait un signe de tête rassurant et avait agité la main avec un sourire sur le visage avant de se détourner.

 

Moi à Aker, et Mikihiko à Selatta.

Nous avions tous deux commencé à suivre nos chemins respectifs.

***

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