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Gakusen Toshi Asterisk – Tome 1

***

Chapitre 1 : Rose Éclatante

Partie 1

Quelque chose flottait doucement en provenant d’en haut. Ayato l’attrapa uniquement par réflexe.

Il avait alors regardé un moment ce qui luisait dans la lumière matinale du début de l’été comme s’il s’agissait d’une plume d’un blanc pur, mais une fois qu’il était arrivé dans sa main, il avait pu constater qu’il s’agissait simplement d’un mouchoir tout à fait ordinaire.

À en juger par la broderie mignonne de fleurs, mais maladroitement cousue, il n’avait probablement pas été acheté dans un magasin, mais fait à la main. Il ne donnait pas l’impression d’être neuf, et en regardant de plus près, il pouvait voir qu’il avait dû être réparé à plusieurs reprises.

Il pouvait pratiquement sentir l’affection que son propriétaire avait pour lui. Selon lui, ce mouchoir n’aurait pas pu être volontairement jeté.

« Si cela a été emporté par un coup de vent... ? » murmura-t-il pour lui-même alors qu’il se demandait certaines choses. Mais d’où ? Alors qu’il se retournait pour chercher la réponse, il laissa échapper un rire d’autodérision.

Ayato lui-même venait d’arriver dans cette ville — à l’Académie Seidoukan. Il était arrivé un peu plus tôt que prévu et avait décidé de faire une promenade sans but dans le campus afin de tuer le temps. Mais les lieux étaient si vastes que maintenant il n’avait aucune idée d’où il était. Il n’était pas exactement perdu, puisqu’il avait simplement fait une promenade. Pourtant, il n’y avait que peu d’espoir qu’un nouveau venu comme lui puisse trouver le propriétaire de ce mouchoir.

« Tant pis. Je suppose que je vais l’apporter plus tard au bureau, » murmura-t-il.

De toute façon, il était sur le point de rencontrer la Présidente du Conseil des Étudiants, alors il pourrait le lui remettre. Avec cette pensée en tête, Ayato plia soigneusement le mouchoir et le plaça dans sa poche.

Il était encore tôt, mais c’était le moment propice pour être dehors et se promener. Le trajet de sa promenade traversait des arbres luxuriants remplis du chant joyeux des oiseaux.

Alors qu’il était entouré par une telle beauté naturelle, il était difficile d’imaginer qu’il était sur une île artificielle. Mais c’était ainsi qu’était Asterisk, c’était après tout la ville académique la plus renommée mondialement.

Ils doivent porter une attention particulière même à l’esthétique environnementale, pensa-t-il.

À ce moment, Ayato remarqua au-delà des arbres mêmes qu’il admirait, une voix avec un soupçon de consternation perceptible dedans... Cela avait sonné à ses oreilles telles une clochette, et c’était clairement aussi beau que le chant des oiseaux, mais cela lui avait également transmis une volonté vive.

« ... Arg ! De tous les moments possibles, pourquoi... pourquoi, maintenant, merde !? »

Mais en l’écoutant de plus près, il entendait la litanie d’un langage grossier qu’on pourrait difficilement qualifier de charmant.

En cherchant celui qui parlait en ce moment, il leva les yeux pour constater qu’une seule fenêtre était grande ouverte. Elle appartenait à une pièce dans un bâtiment soigneusement entretenu conçu selon l’architecture classique et qui se trouvait justement sur le chemin de sa promenade.

« Je dois aller le rechercher avant qu’il ne s’envole plus loin ! »

Il pouvait entendre une panique évidente dans la voix qui descendait d’au-delà des rideaux flottants.

« C’est donc ça, » Ayato jeta un coup d’œil à sa poche, puis ses yeux revinrent vers la pièce. Il n’était pas le plus vif des observateurs, mais même pour lui, cette situation particulière était facile à saisir.

« Le quatrième étage... Eh bien, il y a des points d’ancrage, donc ça ne devrait pas être trop difficile, » déclara-t-il pour lui-même.

Entre le chemin et le bâtiment se trouvait être une clôture en acier d’environ six pieds de haut. Ayato avait sauté sans effort par-dessus l’obstacle, et cela, sans que son rythme cardiaque change d’un iota.

Il avait ensuite saisi une branche d’arbre à proximité et avait grimpé en douceur. De telles manœuvres seraient impensables pour un être humain normal. Mais pour l’un des Genestellas, ce n’était rien du tout.

« C’est reparti... ! » Sa destination était encore plus haute que la cime des arbres, mais avec un saut supplémentaire, il avait atteint le rebord de la fenêtre à partir d’une corniche bien située. Puis, courbant son corps comme un chat, il avait atterri sur ses pieds presque sans bruit.

« Euh, désolé d’avoir fait ça de cette façon. Mais avez-vous laissé tomber votre mouchoir...? » demanda-t-il.

Du point de vue d’Ayato, tout ce qu’il avait fait était de prendre la ligne de conduite la plus simple. La personne qu’il avait entendue semblait être pressée, alors il pensa qu’il serait préférable de rendre le mouchoir le plus rapidement possible.

Il avait agi par pure et simple bonté. Il n’y avait aucun doute à ce sujet.

Cependant, si l’on devait trouver à redire sur ce qu’il avait fait et qu’il y avait effectivement quelques fautes flagrantes, deux questions viendraient immédiatement à l’esprit.

La première était que ce bâtiment était le dortoir des filles du Lycée de l’Académie de Seidoukan.

La seconde était que la fille à laquelle cette chambre appartenait était, en ce moment même, en train de s’habiller.

« Hein... ? »

« Quoi... ? »

Ayato et la fille, qui venait juste d’entrer dans sa jupe, se regardaient avec des regards vides totalement assortis.

La fille avait environ le même âge qu’Ayato, soit seize ou dix-sept. Elle avait des yeux d’azur, pâles comme un bourgeon en germination. Son nez lisse et galbé et sa peau était telle de la neige fraîche.

Ses cheveux, qui descendaient jusqu’à sa taille, étaient d’une teinte rouge brillante. Ce n’était pas assez sombre pour être décrite comme étant de couleur cramoisie, mais c’était trop vif pour être rose. S’il avait été pressé de mettre un nom sur cette couleur, alors il l’aurait sans doute décrite comme rose.

En plus, la fille était remarquablement bien proportionnée. Ayato n’aurait sûrement pas la seule personne qui aurait été captivée face à une telle vision d’elle.

En ce moment, la fille était à moitié nue. Le chemisier de son uniforme était déboutonné, révélant ses sous-vêtements, et elle se penchait d’une manière qui exposait la forme de ses seins en plein dans la vision d’Ayato.

Ses courbes étaient plutôt modestes, mais son corps était indubitablement féminin, avec une taille si mince qu’elle semblait fragile. Ses jambes saines et souples étaient tout en longueur jusqu’à ses orteils, et un aperçu de l’adorable culotte blanche avait offert un coup d’œil agréable envers ses cuisses éblouissantes. Son état de maladresse évidant lors de cet habillage rendait cette vue beaucoup plus attirante que si elle avait été simplement nue.

Pendant un moment, les deux ne bougeaient pas, comme s’ils étaient figés. Considérant que la fille était tout ce temps sur une jambe, elle devait avoir été bénie des dieux pour ainsi lui conférer un sens extraordinaire de l’équilibre.

Cette scène semblait vraiment comme si le temps s’était arrêté. Bien sûr, ce n’était pas le cas.

Ayato fut le premier à revenir à la raison. « D-Désolé ! Euh, euh, je ne voulais vraiment pas faire... du tout... ! » Il avait essayé de s’expliquer, mais les mots ne venaient pas correctement à lui. Il essaya de couvrir ses yeux, mais entre ses doigts, il pouvait toujours voir la silhouette séduisante de la jeune fille.

 

 

« Qu-qu-quoi... !? » La fille, elle aussi, semblait enfin comprendre la situation. Son visage rougissait et sa bouche bougea sans former de mots.

Humiliation ? La colère ? Tous les deux ? Peu importe ce qu’elle ressentait, Ayato se préparait soit à un hurlement, soit à une effusion d’invectives.

Au lieu de se dépêcher de se couvrir, la jeune fille prit une profonde inspiration et lui lança un regard furieux, alors même que des larmes coulaient aux coins de ses yeux.

« T-Tournez vous ! » elle lui avait alors ordonné ça à voix basse, avec la présence d’une flopée d’émotions refrénées de force.

« Hein !? » s’exclama-t-il.

« Commencez par vous tourner ! » recommença-t-elle à demander.

Il se précipita à obéir. L’autorité dans son ton était irréprochable.

Derrière lui, un léger bruissement de vêtements put être entendu. Il y avait également un parfum étrangement agréable qui arrivait jusqu’à ses narines. Ayato n’aurait pas pu être plus mal à l’aise qu’en cet instant.

En plus de cela, il était toujours perché sur le rebord de la fenêtre. Au moindre faux mouvement, il pourrait tout à fait se retrouver dans une chute mortelle.

Il avait ainsi attendu comme ça pendant plusieurs minutes, alors que le vent avait à plusieurs reprises menacé son équilibre.

Elle soupira enfin et lui déclara : « C’est bon. Vous pouvez vous retourner ! »

Après avoir obéi à l’ordre, ce qu’il vit maintenant était une jeune fille qui éblouissait par son éclat.

Portant impeccablement son uniforme, elle avait en elle l’image même de la classe et de l’élégance qui était un tel contraste avec son apparence antérieure qu’il se demandait s’il ne l’avait tout simplement pas imaginée. Son expression maussade et son regard féroce déclarèrent bruyamment une humeur immonde, mais même cela semblait quelque peu attachant. Ayato ne put s’empêcher de la regarder.

Elle avait brusquement interrompu sa transe. « Alors, le mouchoir ? »

« ... Euh désolé !? » s’exclama-t-il.

« C’est ce dont vous m’avez parlé plus tôt. Vous m’avez parlé d’un mouchoir ! » déclara-t-elle.

« Oh... Oh, oui c’est vrai. Il est ici..., » Ayato prit le mouchoir de sa poche et le lui tendit. « Je l’ai trouvé flottant dans le vent alors je l’ai ramassé. Par hasard, est-ce le vôtre ? »

La jeune fille inspira brusquement, ouvrit largement les yeux pendant une fraction de seconde, puis laissa échapper un profond soupir de soulagement.

« Dieu merci..., » elle prit le mouchoir et le tint doucement sur sa poitrine. « Je vous remercie. Ce mouchoir... il est très spécial pour moi. »

« Oh non ! Je veux dire, je l’ai juste trouvé..., » déclara-t-il.

« Tous de même, j’apprécie vraiment que vous l’ayez retrouvé, » répondit-elle.

Alors qu’Ayato restait embarrassé par sa gratitude, elle se pencha en avant dans un profond salut. Mais alors...

« Eh bien, alors... je dirais que c’est réglé, » murmura-t-elle, la tête toujours penchée. Sa voix avait complètement changé. Une émotion semblait mijoter en elle et cela semblait pouvoir exploser à tout instant.

« Hein !? » s’exclama-t-il.

La fille leva lentement les yeux vers lui, un sourire éclairant son visage. Cependant, il n’y avait pas un soupçon de joie dans ses yeux. Même si sa bouche faisait l’effet d’un sourire chaleureux, il remarqua que les coins de ses lèvres se contractaient.

« Maintenant, mourrez ! »

À l’instant suivant, l’air dans la pièce avait complètement changé. Le prana de la fille avait explosé hors de son corps, et l’atmosphère avait grondé en réponse. Le flux avait donné la direction et cela avait converti les éléments présents dans l’air avant de mettre un phénomène en mouvement.

Cette aura ! pensa-t-il. Est-elle... ?

« Épanouissez-vous en une fleur... Amaryllis ! »

À cet instant, une énorme boule de feu s’était matérialisée devant la fille et avait volé dans la direction d’Ayato.

« Une Strega !? » s’exclama-t-il.

Il avait été repoussé en arrière depuis sa position sur la fenêtre, puis il avait retrouvé son équilibre et avait atterri sans le moindre effort.

Un rugissement assourdissant avait résonné le long du sillage de l’attaque. Ayato leva les yeux pour voir une énorme fleur faite de feu ouvrant son bourgeon pour fleurir en une roue de flammes géante avec des pétales de chaleur brûlante qui se chevauchent.

L’air vacilla et des rafales chaudes soufflèrent sur lui. Il s’agissait d’une puissance incroyable, exactement comme si une bombe avait explosé.

« ... Hmm, non... »

Alors qu’Ayato regardait avec étonnement au milieu des projections de flammes qui tombaient, la jeune fille avait sauté par la fenêtre ouverte. Tout comme il l’avait fait, elle avait atterri après avoir franchi quatre étages avec grâce et sans effort.

Elle devait être une Genestella, l’un de ceux doués avec une affinité pour le mana qui leur donnait de merveilleuses capacités physiques. Et à en juger par le pouvoir qu’elle venait d’afficher, elle devait être Strega — une classe spéciale même parmi les Genestellas.

La plupart des élèves des six écoles d’Asterisk, dont celle de Seidoukan, étaient des Genestellas. Même Ayato, qui s’intéressait peu à la Festa, en savait beaucoup sur ça. Il savait aussi que les Stregas et les Dantes, qui pouvaient plier les lois de la nature en se liant au mana, n’étaient pas souvent trouvés.

Selon la théorie qu’il avait entendue, même parmi les Genestellas, seuls quelques pour cent manifestaient les talents d’un Strega ou d’un Dante. Et alors qu’ils augmentaient progressivement en nombre, les Genestellas constituaient pour commencer qu’une très petite fraction de la population. Donc, il va sans dire que les Stregas et Dantes étaient exceptionnellement rares. Ayato lui-même n’avait rencontré qu’un seul Strega dans sa vie... avant cette fille.

« Oh... Donc vous avez réussi à esquiver ça. Pas si mauvais que ça, » la fille semblait légèrement impressionner, bien que sa voix dégoulinait toujours de colère. « Très bien alors. Pour le moment, je vais vous offrir un vrai combat. »

« Quoi !? Arrêtez-vous ! D’accord ? » demanda-t-il.

« Quoi encore ? Ne me causez plus de problème, et je serai gentille avec vous et vous serez ainsi grillé à mort quand j’en aurai fini avec vous, » déclara-t-elle.

« ... Voulez-vous dire par là que vous voulez me cuisiner pendant tout ce temps ? » demanda Ayato. Cela ne sonnait pas du tout comme étant quelque chose de gentil. « Attendez, je voudrais au moins savoir pourquoi vous essayez de me tuer... »

« Vous avez regardé une jeune femme en train de s’habiller. Il est naturel que vous payiez ça avec votre vie, » elle avait annoncé cette proclamation inquiétante avec un parfait sang-froid.

« Mais alors, pourquoi m’avez-vous remerciée tout à l’heure ? » demanda-t-il.

« Bien sûr, je vous suis reconnaissante que vous m’ayez rendu mon mouchoir. Cependant, cela n’a rien à voir avec cette présente affaire, » répondit-elle.

« ... Peut-être que vous pourriez être un peu plus flexible ? » demanda-t-il.

Elle avait rejeté son plaidoyer avec un sourire. « Malheureusement, je déteste ce mot... “flexible” ! »

Il n’y avait aucune voie de négociation possible avec cette fille.

« De toute façon, si vous vouliez me donner le mouchoir, » elle avait continué à parler, « il n’y avait nullement besoin de se faufiler par la fenêtre ! Les dégénérés comme vous qui se faufilent dans le dortoir des filles méritent d’être battus par une foule en colère. »

« Hein !? Le dortoir des filles !? » Complètement abasourdi, Ayato regarda alternativement la fille puis le bâtiment. Des perles de sueur coulaient de ses tempes.

« Voulez-vous dire par là... que vous ne saviez pas ? » demanda la jeune fille.

« Comment le pourrai-je ? Je viens d’être transféré ici. Je suis censé commencer aujourd’hui. Je suis arrivé ici il y a un petit moment. C’est vrai, je vous le jure ! » Alors qu’Ayato plaidait son cas, il avait pointé du doigt son uniforme flambant neuf.

Ayant à peine été portés, la veste et le pantalon semblaient encore raides.

La fille passa quelques instants à le regarder avec suspicion, puis laissa échapper un long soupir.

« Très bien. Je vous crois, » déclara-t-elle.

En entendant cela, Ayato avait expiré de soulagement et avait mis une main sur son cœur.

Mais alors, sans s’arrêter, la fille continua : « Cependant, cela n’a toujours rien à voir avec ça. »

Alors qu’elle souriait, encore plus de boules de feu s’étaient déjà formées autour d’elle. Elles étaient plus petites que celui d’avant... mais cette fois-ci, il y en avait neuf.

« Épanouissez-vous en fleurs... Primevère ! »

« Atte... ! »

 

 

Neuf boules de feu ressemblant à de gracieuses primevères avaient volé vers Ayato en empruntant neuf trajectoires différentes.

***

Partie 2

Il s’était contorsionné afin de les éviter. Certaines boules de feu avaient touché le sol, explosant avec des sons d’explosions sourds et arrachant de gros morceaux du pavage en béton décoré. Elles étaient peut-être moins puissantes que l’explosion précédente, mais leur puissance était mortelle.

Les Genestellas étaient beaucoup plus résistants que les humains ordinaires. En concentrant leur prana, ils pouvaient se défendre contre les projectiles sans armure. Pourtant, un coup direct de l’une de ces boules de feu ferait plus que des chatouilles.

Les autres boules de feu avaient poursuivi Ayato en provenance de toutes les directions. Criant avant chaque attaque, Ayato évita chacun de la largeur d’un cheveu. Il pouvait à peine les éviter en sautant d’un côté et en esquivant l’instant d’après la suivante.

Tandis qu’elle observait ses manœuvres, les yeux de la jeune fille s’élargissaient à nouveau. « Je vois... Vous n’êtes pas qu’un pervers normal. »

En entendant une note d’éloge indubitable dans sa voix, Ayato essuya son front. Peut-être qu’elle change d’avis sur moi. Après tout, peut-être que je peux m’en sortir vivant.

« Vous êtes un pervers remarquable, » continua-t-elle à dire.

Ou peut-être pas. « Pourquoi est-ce si difficile pour les individus de se comprendre... ? », grogna-t-il en pensant à haute voix.

« Hmph. Cette dernière partie était une blague, » elle lui avait jeté un regard fixe et elle lança ses cheveux d’un simple mouvement du poignet. « Cela semble vrai que vous ayez livré le mouchoir par bonne volonté, et je suis aussi disposée à le croire, que pour l’instant, vous ne vouliez pas... me regarder, euh, me changer... Mais seulement pour l’instant ! »

« ... Vraiment ? » Ayato n’avait pas pu s’empêcher d’être prudent après avoir déjà perdu plusieurs fois ses espoirs en vain.

La fille hocha la tête à contrecœur et continua. « Mais en premier lieu, c’est votre faute si vous ne vous êtes pas assuré de ce qu’était ce bâtiment. Et faire irruption par la fenêtre — alors qu’il n’a aucun semblant de bon sens à tout cela. Vous voyez, n’est-ce pas, que ce n’est pas parce que vous ne l’avez pas fait exprès que vous n’aviez pas tort ? »

« Oui... Vous avez raison, » il n’avait aucun argument contre sa logique.

« Vous avez une défense, et j’ai encore besoin de satisfaire ma colère. Donc, je suggère que nous réglions ça selon les règles de notre belle ville. Heureusement, vous semblez avoir les compétences pour cela. Pas d’objections, j’espère ? » La fille l’avait regardé droit dans les yeux. « Quel est votre nom ? »

« ... Ayato Amagiri, » répondit-il.

« Mm-hmm. Je m’appelle Julis. Julis-Alexia Von Riessfeld, cinquième dans l’Académie de Seidoukan, » se présenta-t-elle.

Après s’être ainsi nommée, Julis avait levé la main droite sur sa poitrine et y avait touché l’écusson de l’école — l’écusson du Lotus Rouge de l’Académie de Seidoukan.

« Au nom du Lotus Rouge inflexible, moi, Julis-Alexia Von Riessfeld vous défie, Ayato Amagiri, dans un duel ! » déclara Julis.

« Un duel !? » Indifférent au choc d’Ayato, le blason de son uniforme brillait en rouge en réponse à ses paroles. Il exigeait sa réponse au défi — accepter ou refuser.

« Si vous gagnez, j’accepterai votre défense et je vous laisserai tranquille. Mais si je gagne, je peux faire ce que je veux de vous, » Julis avait souri, comme pour lui ajouter, « évidemment. »

« A-Attendez une seconde, je..., » répliqua Ayato.

« Vous avez été transféré dans cette école. Vous devez au moins connaître les duels ? » demanda Julis.

Il n’y avait pas moyen d’esquiver la question. « ... Bien sûr, j’en ai entendu parler. »

Il serait tout à fait juste de dire que tous les étudiants vivant à Asterisk y étaient rassemblés dans le seul but de se battre. Asterisk était le site de la Festa, le plus grand événement de combat et de divertissement dans le monde, et les élèves de chaque école étaient candidats pour être ses concurrents.

« Alors, acceptez maintenant. Regardez, les gens sont là pour nous observer, » déclara-t-elle.

Ayato regarda pour voir un cercle d’étudiants se former autour d’eux. Ils avaient dû venir voir ce qui se passait. La plupart des spectateurs étaient des filles, probablement parce qu’elles se trouvaient sur le terrain du dortoir des filles, mais il y avait aussi quelques garçons qui regardaient.

« Oooh, qu’est-ce qui se passe ? »

« La Sorcière des Flammes Resplendissantes — la Rose de Glühen — est en duel ! »

« Vraiment ? C’est une Première Page ! Je ne manquerais ça pour rien au monde ! »

« Alors, qui est l’heureux adversaire ? »

« Je ne sais pas. Je ne l’ai jamais vu... As-tu vérifié sur le Net ? »

« Je vérifie... Mais il n’est pas listé dans le tableau des noms. »

« Non cotés, hein ? Ce type a du toupet ! »

« Combien de temps peut-il tenir ? La Princesse n’est pas du genre à se retenir. Mais genre, pas du tout. »

« Je lui donne trois minutes. »

« Une minute. »

« Attends, les paris sont sur le Net maintenant. Voyons voir... double pour trois minutes ou moins. »

« Il y a déjà des paris là-dessus ? Comment obtiennent-ils toujours leurs renseignements si vite ? »

« Certains clubs d’information le diffusent en direct. Tu vois, juste là ? Et là-bas, aussi. »

À l’écoute de la foule, Ayato s’était retrouvé mal à l’aise. Il y avait peu de choses qu’il aimait moins que d’être le centre d’attention. « Pourquoi tout le monde nous regarde-t-il... ? »

« Deux raisons. La première est qu’ils veulent recueillir des données sur un étudiant de haut rang — ce qui serait moi. Je suis une Première Page dans cette école, et il n’y a pas de pénurie d’élèves qui aimeraient prendre ma place, » répondit-elle.

« Première Page ? » demanda-t-il.

« Avez-vous vraiment besoin qu’on vous explique tout ? » Julis avait donné à Ayato un regard empli de scepticisme. « Bien. Vous savez que chaque école d’Asterisk a un système de classement, n’est-ce pas ? Les critères exacts diffèrent d’une école à l’autre, mais chacun a une liste des meilleurs combattants — le Tableau Nominatif. Il contient en tout soixante-douze noms. Les douze premiers de la liste sont appelés Première Page, parce que leurs noms apparaissent sur la première page. »

C’est logique, pensa Ayato.

« Maintenant, la raison numéro deux est assez simple : Ces gens sont tous des idiots affamés de ce qui les intéresse, » déclara-t-elle.

... C’est vrai, pensa-t-il.

« Bien sûr, si vous ne vous sentez pas à la hauteur, je ne peux pas vous forcer. Vous avez le droit de refuser le défi. Mais dans ce cas, je vais devoir vous remettre à la garde du dortoir. Bien que j’espère pouvoir m’en occuper moi-même..., » déclara-t-elle.

Ayato était complètement acculé.

Mais il essayait une dernière fois de s’en sortir. « Oh ! Mais regardez, je n’ai même pas d’arme. »

Certains élèves apportaient leurs propres armes, mais la plupart d’entre eux personnalisaient l’équipement fourni par l’école. Ayato avait prévu de le faire, si le besoin s’en faisait sentir, alors il n’avait pas encore d’arme.

« Vous n’êtes pas un Dante. Quelle est votre arme de prédilection ? » demanda-t-elle.

« ... L’épée, » répondit-il.

« Y a-t-il quelqu’un ici qui peut lui prêter son arme ? Une épée ! » Julis avait appelé la foule, et la réponse était immédiatement venue.

« Voilà pour vous. Utilisez ça ! » Avec ces mots, un spectateur avait jeté quelque chose à Ayato.

En l’attrapant, il avait vu que c’était un appareil en forme de bâton court, la taille parfaite pour tenir dans une main. À une extrémité, un minerai vert — la manadite était incrustée. Il tenait un Activateur Lux.

« Et si vous ne savez même pas comment l’utiliser, je ne veux pas l’entendre, » déclara Julis avec un sourire audacieux.

Ayato avait poussé un long soupir et avait activé le Lux dans sa main.

Un protège-main mécanique et fin s’était matérialisé à partir de l’air, et s’était reconstruit dans ce que composait le motif élémentaire codé dans la manadite. Le Lux était passé du mode veille au mode actif, et une lame brillante de mana concentré et stabilisé s’étendait vers l’avant.

La lame faisait à peu près un mètre de long. C’était un Lux assez standard avec peu ou pas de modifications.

Voyant cela, Julis avait dégainé son propre activateur et avait allumé son Lux. Contrairement à celui d’Ayato, il avait pris la forme d’une rapière mince et longue faite de lumière.

« Alors, on commence ? » demanda-t-elle.

Julis fixa les yeux sur Ayato alors qu’elle prenait gracieusement position avec sa lame mince.

L’arme de Lux était trop légère pour lui. Il aurait préféré une épée avec un peu de poids, mais ce n’était pas le moment d’être difficile.

Tenant sa main vers l’écusson de l’école sur sa poitrine, il marmonna les mots dans un soupir. « Moi, Ayato Amagiri, j’accepte votre défi, Julis, » le symbole était devenu rouge vif, confirmant sa volonté de faire ce duel.

***

Partie 3

La Festa était un événement de combat comprenant tous les styles avec la plus grande base de fans au monde, se déroulant chaque année dans la ville artificielle de l’île au centre du lac créé par le cratère laissé par la collision de la masse du Kanto Nord — la ville de Rikka, mieux connue sous le nom d’Asterisk. L’événement avait toujours été un spectacle violent, dans lequel les élèves des six écoles d’Asterisk s’étaient disputé la suprématie avec des armes à la main. Cela dit, les concurrents ne se battaient pas techniquement pour tuer.

Les règles avaient été énoncées dans un document connu sous le nom de Stella Carta. En termes simples, la victoire avait été décernée au combattant qui aurait détruit l’écusson scolaire de son adversaire. Bien que la cruauté volontaire soit interdite, les attaques sur des cibles autres que le blason étaient permises si l’intention était de réduire la force de l’adversaire. Il s’agissait de combats armés, de sorte que, bien sûr, les blessures n’étaient pas rares — et parfois, des morts survenaient.

Et pourtant, il y avait une raison pour que les jeunes du monde entier affluent dans cette ville. Chacun était venu avec un vœu qui ne pouvait être exaucé nulle part ailleurs.

La Festa n’était pas la seule occasion pour les étudiants de se battre entre eux. Le fait d’avoir tant de jeunes personnes audacieuses rassemblées en un seul endroit et désireuses de tester leur force ne pouvait que causer des ennuis. Avec de tels cas à l’esprit, les lois d’Asterisk permettaient de mener des batailles personnelles.

Qui était, pour le dire simplement — les duels.

Tout comme dans la Festa, la victoire serait obtenue en détruisant l’écusson scolaire de l’adversaire. Cependant, les blasons fortifiés étaient dotés d’une puissance de traitement, capable de juger le résultat des duels ainsi que de transmettre les données de combat à un ordinateur hôte central. L’objectif de ces mesures était de prévenir autant que possible la fraude.

En particulier, les duels entre élèves d’une même école avaient une incidence sur le classement et, par conséquent, leur importance allait au-delà du simple règlement de différends personnels.

Julis elle-même avait atteint le cinquième rang en sortant victorieux d’un certain nombre de duels. Mais même elle était perplexe devant le garçon qui se tenait devant elle en ce moment — cet Ayato Amagiri. Elle ne pouvait pas savoir ce que pourrait être sa vraie force.

« Explosion Fleurale — Longiflorum ! »

Julis agitait sa lame comme un bâton de chef d’orchestre et une lance de flamme d’un blanc bleuté se matérialisait le long de sa trajectoire. La flamme, en forme de lis de Pâques, avait été tirée en ligne droite vers Ayato avec la force d’un missile.

« Argh — ! » Il avait été à peine capable de dévier l’attaque avec son épée, mais l’impact l’avait fait voler. Il avait amorti sa chute, mais il respirait déjà avec difficulté.

« Huh. Le nouveau a quelques talents. »

« Plutôt impressionnant de pouvoir se défendre ainsi contre les flammes de la princesse. Mais on dirait qu’il ne fait que gagner du temps. »

« Ouais, je veux dire, il a l’air d’aller bien... »

« Pas mal. Mais ce n’est pas si bien que ça non plus. »

« Je pense que la princesse se retient, n’est-ce pas ? »

Les sourcils bien marqués de Julis s’étaient rapprochés lorsqu’elle avait entendu les ragots de la foule. Elle ne se retenait pas. Elle n’allait pas y aller à fond, mais elle prenait son adversaire au sérieux.

Et en effet, peu importe comment on le regardait, Julis avait l’avantage. Ayato était complètement sur la défensive et ne pouvait même pas s’approcher d’elle. Sa tactique habituelle était de défaire son ennemi à distance avec une puissance de feu écrasante, de sorte que le combat se déroulait idéalement pour elle. Elle avait sa lame, Aspera Spina, pour tenir son adversaire en échec s’il parvenait à réduire la distance.

... Pour l’instant, Julis n’arrivait pas à se débarrasser de l’impression que quelque chose n’allait pas du tout bien. Elle ne pouvait pas tout à fait dire ce que c’était. Il y avait quelque chose de bizarre dans ce combat.

C’était vrai, elle semblait gagner, mais d’une certaine façon, elle avait l’impression d’attaquer de l’air. Ayato s’échappait à tous ses attaques, ne serait-ce que par la marge la plus étroite. Pendant un moment, la pensée lui avait traversé l’esprit qu’Ayato était celui qui se retenait — mais d’après la façon dont ses épaules se soulevaient à chaque respiration, il n’avait certainement pas l’air de faire semblant.

Elle était suspicieuse, mais en même temps intriguée.

En étudiant à nouveau Ayato, elle remarqua que son visage, tout en conservant une innocence enfantine, n’était pas inesthétique. Il avait une silhouette mince, mais la façon dont il se comportait lui-même montrait clairement qu’il était en excellente forme. Ses yeux sombres avaient un regard doux, même au milieu de la bataille, le faisant paraître distant, éloigné. Ou même, pourrait-on dire, facile à vivre.

« Hmm... Mademoiselle... Julis ? Peut-être que vous pourriez me pardonner maintenant ? » Finalement, en reprenant son souffle, Ayato avait laissé son visage se détendre et avait levé les deux bras.

« Appelez-moi Julis. Dois-je considérer cela comme un geste d’abandon ? » demanda-t-elle.

« Bien sûr ! Je veux dire, je n’ai jamais voulu me battre, » déclara-t-il.

« C’est très bien pour moi. Mais dans ce cas, en tant que pervers, vous serez soit grillé lentement par moi, soit remis à la garde du dortoir. Qu’est-ce que ce sera ? Oh, au fait, j’ai entendu dire que le voleur de culotte qui s’est fait prendre par la garde l’autre jour a été laissé assez traumatisé. Il ne parle qu’en phrases partielles maintenant et n’arrive pas à sortir de sa chambre, » déclara-t-elle.

« ... Je suppose que je vais essayer de tenir un peu plus longtemps, » forçant un sourire tendu, Ayato avait une fois de plus préparé son épée.

C’est mieux, pensa Julis. Je ne peux pas laisser ce combat se terminer avant d’aller au fond des choses. Je dois découvrir ce qu’est ce sentiment étrange. Avec cette détermination, Julis avait concentré son Prana.

Le Prana était la source du pouvoir d’un Genestella. Il l’entourait comme une aura invisible et pouvait être concentré pour augmenter la puissance offensive ou défensive. Pour un Dante ou un Strega comme Julis, cela deviendrait aussi l’énergie nécessaire pour activer leurs capacités.

Parce que Dantes et Stregas devaient allouer du prana à leurs capacités, ils en avaient moins à utiliser pour la défense et avaient tendance à être désavantagés en combat rapproché.

Ce qui n’était pas un problème tant qu’elle ne laissait pas un adversaire s’approcher.

« Explosion Fleurale — Amaryllis ! »

Je ne raterai pas cette fois. Alors qu’une boule de feu géante émergeait devant Julis, la foule s’était déplacée.

« La vache ! C’est sa technique majeure ! »

« Elle ne déconne pas ! »

« Évacuation ! Évacuation ! »

Les spectateurs étaient responsables de leur propre sécurité. La foule s’était dispersée en pleine panique.

N’effectuant même pas un coup d’œil pour les fouineurs, Julis avait calculé la trajectoire idéale en un instant et avait lancé sa boule de feu. Ayato s’était accroupi pour s’équilibrer, mais au moment où il était sur le point d’esquiver l’attaque, Julis serra le poing.

« Explose ! »

Sur son ordre, la boule de feu avait explosé sous les yeux d’Ayato.

Même si elle ne pouvait pas le toucher directement, à cette distance, il était impossible d’esquiver complètement cette attaque. Genestella ou non, toute personne emportée par une explosion à une telle distance serait laissée immobile.

Son champ de vision était rempli de flammes déchaînées. Alors qu’elle protégeait son visage de l’explosion, Julis était convaincue de sa victoire.

Mais ensuite —

« Style à l’Épée Amagiri Shinmei, Première Technique — Les Serpents Jumeaux ! »

Julis pensait avoir vu quelque chose briller, comme le flash d’une lame, et deux frappes croisées avaient coupé en quatre les flammes en forme de pétales.

« Qu... ? Est-ce une Technique des Météores ? »

Les Techniques des Météores étaient des techniques pour augmenter temporairement la production de Lux en versant son prana dans la manadite. Le terme technique pour le phénomène était « surcharge d’excitation du mana », et ce n’était certainement pas le genre de choses que l’on pouvait apprendre du jour au lendemain. La formation appropriée était essentielle, sans parler de la personnalisation complexe de son Lux pour avoir la moindre chance de le réussir.

S’il a vraiment fait ça avec un Lux qu’il a emprunté il y a quelques instants..., pensa-t-elle.

Julis commença à ressentir quelque chose qui ressemblait à de la trépidation — puis une ombre noire émergea de derrière les flammes et se rapprocha d’elle avant qu’elle ne reprenne son souffle.

Au moment où elle avait reconnu l’ombre comme étant Ayato, il était déjà au corps à corps. Sa vitesse était incroyable. Dans tous les cas, c’était à un niveau complètement différent de ses mouvements d’il y a une minute.

Pendant un moment, elle avait cru voir de faibles étincelles de lumière autour du corps d’Ayato. Mais ce n’était pas le moment d’être distrait.

« Eh bien, vous — ! » Agissant selon ses réflexes, Julis s’était déplacée pour le contrer, mais Ayato l’avait plutôt frappée d’un cri aigu.

« Baissez-vous ! » cria-t-il.

Avant qu’elle n’ait pu traiter ses paroles, elle avait été projetée au sol. Et puis le visage d’Ayato s’était retrouvé si près du sien qu’elle pouvait sentir son souffle. Il avait envoyé une secousse dans sa poitrine. La lumière dans ses yeux était si sincère, comme s’il s’agissait d’une personne entièrement différente.

« Qu-Qu’est-ce que vous êtes... !? » Alors qu’elle essayait d’élever la voix en signe de protestation, ses yeux tournaient en rond.

Une unique flèche scintillante perça l’endroit où Julis se tenait avant ça. Elle n’avait pas de forme solide — elle devait être générée par un Lux. Les armes de Lux créaient des lames ou des projectiles de lumière en utilisant du mana concentré et stabilisé. Une arme telle qu’une épée, maniée dans la portée effective de l’utilisateur, pouvait être maintenue pendant un certain temps, mais les projectiles tirés ne duraient pas longtemps. La flèche s’était désintégrée en particule de lumière devant leurs yeux.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? » La flèche était clairement destinée à Julis. L’assassin avait dû le considérer comme une attaque furtive au milieu de l’explosion. Vu d’où cela venait et avec un tel minutage, personne ne l’aurait remarqué. Elle détestait l’admettre, mais si Ayato ne l’avait pas sauvée, l’attaque aurait été parfaitement exécutée.

« La signification de... ? Ne me demandez pas ça à moi, » répondit Ayato, agité. « Demandez à celui qui vient d’essayer de vous tirer dessus. »

« Pas ça ! Pourquoi avez-vous changé votre trajectoire pour — ? » Julis était arrivée si loin dans la phrase avant de se rendre compte que quelqu’un serrait fermement l’un de ses seins encore en développement.

Enfin, pas quelqu’un. Ayato était celui qui se trouvait actuellement sur Julis, comme dans une étreinte romantique, de sorte qu’il s’ensuivait naturellement que le propriétaire de la main était aussi Ayato.

Dès que Julis l’avait compris, son visage avait rougi d’un rouge écarlate.

« Oh... » Ayato donna tardivement un sens à la situation. Il avait sauté loin d’elle dans la panique et avait baissé la tête dans la honte. « Désolé ! Euh, euh — je ne voulais vraiment pas — du tout — ! »

Déjà vu encore une fois.

« Wôw ! As-tu vu ce trou du cul ? Il vient de sauter sur la Princesse ! »

Quelqu’un avait sifflé. « Il a de ses couilles, le nouveau ! »

« Ooh, quelle évolution passionnante ! »

La foule, qui était revenue à un moment donné, était en train de tomber dans une certaine frénésie. Cela ne servait qu’à verser de l’huile sur la rage ardente de Julis.

« P-P-P-P-Pourqu-Pourquoi, vous... ! » En réponse à sa fureur, l’air autour d’elle s’était enflammé. Sa colère lui faisait perdre le contrôle de son prana.

Stupéfié par son pouvoir si féroce, Ayato ne pouvait que secouer la tête dans le déni. Et puis...

« D’accord. C’est tout à fait suffisant, » une voix vraiment sereine avait retenti sur le terrain, et à cela s’était rajouté le son énergique des applaudissements.

***

Chapitre 2 : Asterisk, la ville des guerres académiques

Partie 1

« Bien que l’Académie Seidoukan reconnaisse le droit de nos étudiants de tenir leurs propres duels, je crains de devoir annuler celui-ci, » une fille aux cheveux blonds-platine éblouissants avait émergé de la foule.

Elle était belle d’une manière calme et douce — tout à fait différente de Julis. Si Julis avait la beauté luxuriante et radieuse d’une rose en pleine floraison, la beauté de cette fille était profonde et paisible comme un lac tranquille. C’est peut-être la raison pour laquelle elle semblait beaucoup plus mûre que Julis, même si elles avaient probablement le même âge.

« Claudia. Qu’est-ce qui te donne exactement le pouvoir d’intervenir ? » demanda Julis.

« Julis, ce sera bien sûr selon mon autorité en tant que présidente du Conseil des Étudiants de l’Académie de Seidoukan, » la fille appelée Claudia avait souri avec douceur et posa sa main sur l’écusson de l’école. « Par le pouvoir qui m’est conféré en tant que représentante du Lotus Rouge, je déclare nul et non avenu ce duel entre Julis-Alexia Von Riessfeld et Ayato Amagiri, » les blasons de l’école de Julis et Ayato, rougeoyant jusqu’à ce moment, étaient redevenus normaux.

« Maintenant, vous êtes en sécurité, Monsieur Amagiri, » avait ajouté Claudia en riant amicalement.

« Oufff... » Je suis enfin hors de danger. Ayato avait essuyé la sueur de son front et avait poussé un profond soupir. « Merci... euh, Mademoiselle la Présidente... ? »

« C’est exact. Claudia Enfield, Présidente du Conseil des Étudiants de l’Académie de Seidoukan. Je suis enchantée de faire votre connaissance, » déclara-t-elle.

Elle tendit doucement sa main, et Ayato se hâta de la secouer.

De près, il pouvait voir que Claudia était époustouflante de beauté, ce qui donnait envie de la regarder. Mais sa caractéristique la plus accrocheuse était la poitrine ample qui mettait à rude épreuve la coupe de son uniforme scolaire. Ces courbes étaient assez généreuses pour inspirer le respect. Il n’aurait pas été très délicat de le signaler, mais Julis ne pouvait pas être comparée à Claudia à ce niveau-là.

 

 

Julis, quant à elle, semblait bien moins que satisfaite du récent jugement et avait fixé Claudia d’un regard noir. « Je ne crois pas que même la présidente du Conseil des Étudiants puisse intervenir dans un duel sans raison valable. »

« Mais il y a une raison. Savais-tu que c’est un nouvel élève transféré ? Ses données ont déjà été entrées dans le système, donc son blason l’a jugé admissible au duel. Cependant, il y a encore quelques détails techniques à régler avant que son transfert ne soit complet. Ce qui signifie, à proprement parler, qu’Ayato Amagiri n’est pas encore un étudiant de l’Académie de Seidoukan, » expliqua Claudia en douceur sans briser son sourire. « Les duels ne sont autorisés que lorsque les deux parties sont des étudiants inscrits. Et donc ce duel n’est pas valable. Tout cela est parfaitement logique, ne le penses-tu pas ? »

Julis avait fait un petit bruit de frustration et s’était mordu la lèvre inférieure. En se basant sur le fait qu’elle n’avait pas fait de réplique, elle semblait comprendre qui avait raison.

« Eh bien, maintenant que nous avons éclairci tout cela... Tout le monde, s’il vous plaît, partez de là. Vous ne voudriez pas être en retard en cours, » face à l’insistance de Claudia, la foule s’était dispersée. Certains avaient été déçus par la conclusion peu intéressante du duel, mais apparemment ce n’était pas assez pour se plaindre auprès de la présidente du Conseil des Étudiants.

« Oh ! » s’écria Ayato, se souvenant de la flèche. L’assassin qui avait ciblé Julis aurait pu être parmi les spectateurs. Il n’avait peut-être pas encore bien compris les règles de l’école, mais une attaque aussi sournoise aurait dû les enfreindre.

Et si on laissait le coupable s’enfuir ? pensa-t-il. « Euh —, attendez, juste un —, »

Alors qu’Ayato commençait à hausser la voix, Julis avait saisi son épaule. « Laissez tomber. Qui que ce soit, il est parti depuis longtemps, » elle secoua la tête avec un sourire cynique. « D’ailleurs, il n’est pas inhabituel qu’un élève de la Première Page soit ciblé. »

« Elle a raison, » Claudia était d’accord. « Malheureusement, de tels incidents ne sont pas rares. Pourtant, c’était aller trop loin. Il est hors de question qu’un tiers tende une embuscade à un étudiant engagé dans un duel. Je vais demander au Comité de Discipline d’effectuer une enquête. Dès que la partie responsable sera identifiée, elle sera sévèrement punie. »

Ayato avait été un peu déconcerté par l’implication quant au fait que Claudia avait aussi vu la flèche. Il y avait bien plus que quelques étudiants dans la foule, mais il doutait que quelqu’un d’autre parmi eux ait remarqué l’attaque. Si Claudia avait pu voir cette attaque au milieu d’une explosion de flammes, alors elle aussi n’était pas une étudiante ordinaire.

« Quoi qu’il en soit, euh, merci... pour ça, » Julis s’était soudain mise à balbutier, se tournant vers Ayato avec un regard embarrassé. Par « ça », elle devait signifier le fait qu’Ayato l’avait sauvée de la flèche.

« Oh non — ce n’était rien... mais..., » commença-t-il.

Tout s’était passé si vite qu’il n’avait pas d’autre choix. Pourtant, c’était vrai — il l’avait plaquée au sol, et même si c’était involontaire, on ne pouvait nier qu’il l’avait touchée d’une manière inexcusable.

Cette douceur inattendue sous sa main était encore dans son esprit lorsqu’il lui demanda timidement : « ... Êtes-vous encore plus en colère contre moi ? »

Julis, pour sa part, avait détourné les yeux alors qu’un léger rougissement illuminait ses joues. « Je ne peux pas dire que je ne suis pas en colère, mais vous m’avez sauvée. »

Elle est vraiment le type juste et honnête, pensa Ayato.

Bien qu’elle ne semblait pas tout à fait prête à lui pardonner, elle hocha la tête avec fermeté. « Même moi je peux comprendre qu’il s’agissait d’un cas de force majeure. »

Ce n’était vraiment rien à voir avec l’incident du mouchoir. Ayato avait eu juste assez de temps pour agir — pas pour y penser. Le prana pouvait renforcer les défenses physiques de l’organisme, mais ce n’était pas suffisant pour se protéger contre une attaque d’un tireur d’élite.

« Alors, disons que je vous dois une dette, » lui avait dit Julis.

« Une dette ? » demanda-t-il.

« Oui. C’est assez simple, n’est-ce pas ? » demanda Julis.

Une dette était certainement assez simple à comprendre, mais cela semblait un peu étrange pour Ayato.

« Tu ne changeras jamais, n’est-ce pas ? » déclara Claudia avec une légère exaspération. « Je pense que ta vie serait plus facile si tu étais un peu plus honnête avec tes sentiments. »

« Mêle-toi de tes affaires, » répliqua Julis. « Je suis assez honnête comme je suis, et ma vie est parfaitement réussie. »

« Oh, alors ta recherche d’un partenaire pour ton équipe doit se dérouler sans problème ? » demanda Claudia.

« Euh... Eh bien... » Julis baissa maladroitement son regard. Elle ne voulait pas en dire plus, mais elle était trop facile à lire.

« La date limite pour l’inscription à la Festa est dans deux semaines. Tu n’as plus beaucoup de temps, » déclara Claudia.

« Je... Je le sais ! Je trouverai quelqu’un ! » Julis virevolta, les épaules serrées de colère, et retourna au dortoir.

« Oh, ma chère, » Claudia suivait Julis du regard comme une mère regardant un enfant irritable qui s’éloignait.

***

Partie 2

« Hmm, dans ce sens, nous pourrions dire que le siècle dernier a été une ère de désastre absolu. Mais la pluie de météorites, connue sous le nom d’Invertia en particulier, a causé de grands dommages au monde entier, à une échelle sans précédent. Considérant la détérioration des États-nations existants et la montée des fondements de l’Entreprise Intégrale, les changements ultérieurs dans les valeurs éthiques, l’émergence d’une nouvelle race d’êtres humains, nés du mana porté sur Terre par les météorites — c’est-à-dire ceux comme vous, les Genestellas, le domaine de l’ingénierie météorique qui s’est développé à partir de la recherche sur le mana, et l’explosion qui en résulte dans le progrès technologique, et ainsi de suite... Nous devons conclure que, pour le meilleur ou pour le pire, l’Invertia était un événement unique qui a complètement modifié le cours de l’histoire de l’humanité. »

En marchant dans le couloir, Ayato pouvait entendre un professeur âgé effectuer une leçon à sa classe.

« L’opinion générale, selon les théories académiques les plus récentes, est que l’Invertia n’était pas constituée de météores ordinaires. Aucun observatoire astronomique n’a détecté cette pluie à l’avance, et les ondes de choc qui auraient dû être générées lors de l’impact n’ont pas été observées. Ce que cela signifie, c’est que... »

Même une minute d’écoute de la voix lente et monotone de l’enseignant était un puissant somnifère. En regardant dans la salle de classe, Ayato n’a pas été surpris de voir que plus de la moitié des élèves étaient affalés sur leur bureau.

« Vous avez des cours si tôt, Mademoiselle ? Même avant la classe ? » demanda Ayato.

« Oui. Bien qu’il s’agisse d’une classe de rattrapage, » répondit Claudia.

« Une classe de rattrapage dès le matin... » Ça allait être dur.

« Après tout, la philosophie de notre école valorise la puissance de la plume et de l’épée. J’espère que vous le prenez à cœur, » alors qu’elle lui montrait le chemin vers la salle du Conseil des Étudiants, Claudia se retourna pour offrir à Ayato un doux sourire.

Contrairement au dortoir des filles avec sa façade classique, les bâtiments principaux de l’Académie Seidoukan étaient des gratte-ciel modernes avec une sensation de plein air. Trois bâtiments — primaire, collège et lycée — entouraient un spacieux quadrilatère central. Le collège, ayant le plus grand nombre d’élèves, occupait le plus grand bâtiment.

« Oh, en passant... Vous et moi sommes dans la même année, Ayato, alors vous devrez vous sentir libre de me parler de façon plus décontractée. »

« Hein ? Mademoiselle Enfield, vous êtes aussi en première année ? » C’était difficile à croire, vu son comportement calme. « Attendez. Si vous êtes la présidente du Conseil des Étudiants, alors... »

Ils étaient en juin maintenant. L’année scolaire avait commencé en avril, donc si elle était une étudiante de première année comme Ayato, cela ne faisait que deux mois qu’elle avait commencé le lycée. Ayato n’était pas tout à fait clair sur le processus de sélection d’un président du Conseil des Étudiants, mais il s’imaginait qu’il était difficile pour quelqu’un d’atteindre ce poste en si peu de temps.

« Oh, je suis Présidente depuis le collège. Il s’agit de ma troisième année de mandat, » répondit Claudia comme si ce n’était rien, alors qu’ils marchaient dans un couloir en verre brillant en raison de la lumière du soleil.

Selon elle, la direction des étudiants n’était pas divisée en conseils de primaire, de collège et de lycée, mais plutôt constituée d’un Conseil des Étudiants qui supervisait l’ensemble de l’académie, composé d’étudiants de tous les niveaux.

« Je vois... »

« Alors s’il vous plaît, appelez-moi par mon prénom, » déclara Claudia.

« D’accord. C’est compris, Mademoiselle Claudia, » déclara-t-il.

« Uniquement, Claudia fera l’affaire et sois moins formel, » déclara Claudia.

« Mais nous venons juste de nous rencontrer..., » avec Julis, elle semblait vouloir éviter les formalités, mais normalement Ayato avait du mal à être aussi décontracté avec une fille qui s’était présentée il y a quelques minutes.

« C’est Claudia et c’est tout, » déclara-t-elle.

« Mais, euh..., » commença-t-il.

« Clau-di-a, » elle avait même été jusqu’à épeler son prénom.

« D’accord... Claudia, » déclara-t-il finalement.

Elle était beaucoup plus forte qu’elle n’en avait l’air. Une fois qu’Ayato avait cédé et l’avait appelée comme elle l’avait demandé, elle avait souri et ses yeux étincelaient.

« Alors tu devrais aussi m’appeler Ayato. Où cela va-t-il faire bizarre ? » demanda-t-il.

« Très bien, Ayato, » déclara-t-elle.

« Tu n’as pas besoin de parler si formellement..., » répondit-il.

« Oh, non... C’est tout simplement l’une de mes habitudes. S’il te plaît, n’y pense pas, » déclara-t-elle.

« Une habitude ? » demanda-t-il.

« Oui. J’ai, disons-le franchement, un cœur noir, alors je m’efforce toujours de me présenter au moins comme une personne polie et affable. Et maintenant, je ne peux plus parler autrement, » répondit-elle.

Claudia avait souri aussi gentiment qu’une mère ce qui ne correspondait pas du tout à ses mots, alors il avait fallu quelques instants à Ayato pour les saisir.

« ... Cœur noir ? » demanda-t-il.

« Oh, c’est comme si tu n’y croyais pas. Mon cœur est au moins aussi noir qu’un morceau de matière sombre... brûlé, carbonisé, coincé dans un trou noir, et surmonté de mélasse noirâtre. »

Cela sonne terriblement noir, pensa Ayato.

« Aimerais-tu le voir ? » demanda-t-elle.

« Hein ? » s’exclama Ayato.

À peine avait-elle posé sa question qu’elle avait commencée à remonter son chemisier.

« Hé ! Attends, qu’est-ce que tu es — ? » s’exclama Ayato.

Claudia exposa son ventre pâle et lisse, et Ayato détourna les yeux. Évidemment, ce qu’elle décrivait sur elle-même ne serait pas visible.

« Je plaisante, c’est tout. Quelle adorable réaction que j’ai pu voir venant de toi ! » Claudia se couvrait la bouche en riant. Ayato était totalement tombé dans le panneau.

« ... Nous y voilà. S’il te plaît, entre, » déclara-t-elle.

Ils étaient arrivés dans la salle du Conseil des Étudiants au dernier étage du lycée. En fait, toutes les pièces de cet étage avaient quelque chose à voir avec le Conseil des Étudiants.

Le système de sécurité avait lu l’écusson de Claudia et la porte s’était ouverte. Cependant, l’intérieur de la salle ne semblait pas contenir quoi que ce soit de très pertinent pour le gouvernement étudiant.

Un ensemble de meubles de salon en cuir se trouvait sur un tapis sépia. Les murs étaient ornés de vues peintes du campus à une certaine distance. La fenêtre était si énorme qu’elle ressemblait à un morceau de ciel, et devant elle se trouvait un lourd bureau en bois. Cet endroit aurait pu être le bureau du PDG d’une entreprise géante.

Claudia s’était assise derrière le bureau comme si elle y était habituée, puis se serra les doigts et laissa échapper une grande respiration.

« Maintenant, faisons les choses correctement... Bienvenue à l’Académie Seidoukan, Ayato. J’espère que tu apprécieras ton séjour ici, » elle avait regardé attentivement Ayato pendant quelques instants, puis avait fait tourner sa chaise et avait tourné les yeux vers la scène à l’extérieur de la fenêtre. « Et... bienvenue chez Asterisk. »

En suivant son regard, Ayato regarda vers le bas la métropole étalée en contrebas avec ses rues ordonnées et parfaitement arrangées. La ville artificielle, flottant au sommet d’un énorme lac dans un cratère, se composait d’une zone urbaine centrale en forme d’hexagone régulier et des six écoles qui faisaient saillie de chaque sommet comme les bastions d’une ancienne forteresse. Dans l’ensemble, la forme de la ville ressemblait à celle d’un flocon de neige, ce qui avait dû donner au lieu son nom officiel : Rikka, un vieux mot poétique en japonais qui décrivait les flocons de neige comme des fleurs à six pétales.

Une large avenue courait de chaque école, se réunissant au centre, jusqu’à l’école sur le coin opposé de l’hexagone — les lignes formant un astérisque. Ce nom était devenu le nom le plus populaire, peut-être parce que la signification du mot japonais n’était pas immédiatement apparente pour les étudiants étrangers.

« Tu as été transféré ici grâce à une bourse spéciale, et nous, à l’Académie Seidoukan, nous n’avons qu’un seul espoir pour toi : la victoire. » Claudia gardait son regard sur la ville pendant qu’elle parlait. « Battre Gallardworth, être meilleur qu’Allekant, chasser Jie Long, vaincre Le Wolfe, et dominer Queenvale. C’est-à-dire — gagner la Festa. Si c’est le cas, notre institution accordera tout ce que tu souhaites. N’importe quel souhait dans le royaume des possibilités terrestres. »

« Euh..., » embarrassé, Ayato se gratta la tête et plissa ses sourcils. « Je suis désolé, mais ce n’est pas vraiment ce qui m’intéresse. »

L’école — ou plutôt les Fondations des Entreprises Intégrées qui se tenaient derrière chaque école — avait vraiment ce pouvoir. La puissance des FIE dépassait de loin celle des nations, qui n’étaient plus que des lignes sur une carte, et l’État de droit se pliaient facilement devant elles. L’argent, le pouvoir, la gloire, autant qu’on puisse le souhaiter, seraient mûrs à saisir.

Il serait juste de dire qu’environ la moitié des étudiants rassemblés à Asterisk étaient ici pour poursuivre de tels rêves. Quant à l’autre moitié, c’était des Genestellas qui n’avaient rien d’autre à voir avec leur force. Ils voulaient se tester, se battre avec tout ce qu’ils avaient pour une fois dans leur vie. Et c’était le seul endroit au monde où ils pouvaient libérer leurs pouvoirs sans aucune réserve.

Ayato n’appartenait à aucune des deux catégories.

« Oui, je sais très bien que tu n’as aucun intérêt dans ces questions. Je sais aussi que tu as déjà refusé une offre de bourse d’études, » Claudia s’arrêta et elle fit tourner de nouveau sa chaise pour faire face à Ayato. « Cependant, la performance de notre école à la Festa ces dernières années n’a guère été louable. La saison dernière, nous avons terminé à la cinquième place. Queenvale a pris la dernière place, mais considérant qu’une partie de leur stratégie est d’ignorer complètement leur propre rang, nous aurions aussi bien pu finir derniers. Nous ferons tout ce qu’il faut pour sortir de ce triste état de choses et, à cette fin, nous devons acquérir tous les étudiants prometteurs sur lesquels nous pouvons mettre la main. »

La Festa était un terme général qui faisait référence à un ensemble d’événements — trois catégories, en fait, une qui avait lieu chaque année. La compétition de double par équipe, Phoenix, avait eu lieu à l’été de la première année, la compétition par équipe, Gryps, à l’automne de la deuxième année, et la compétition individuelle, Lindvolus, à l’hiver de la troisième année. Dans chaque compétition, des points avaient été attribués aux meilleurs élèves et à leurs écoles, les résultats totaux étant calculés à la fin du Lindvolus. Une « saison » complète de la Festa était un cycle de trois ans.

Et comme Claudia venait de le mentionner, la performance de l’Académie de Seidoukan était en difficulté depuis plusieurs saisons consécutives.

« Les étudiants ont le droit de participer à la Festa trois fois. Ceci est en fait assez limitatif — même les candidats les plus remarquables ne peuvent participer que trois fois. Pour être honnête, je ne peux pas dire que le tableau de service de notre école soit très profond, » déclara Claudia.

Les étudiants pouvaient s’inscrire à la Festa de treize à vingt-deux ans, soit une décennie. À quelques exceptions près, ils étaient libres de choisir les événements de la Festa auxquels ils participeraient. Par exemple, certains se battraient à chaque compétition d’une seule saison et quitteraient leur école dans les trois ans, alors que d’autres mettraient neuf ans tout en ne participant qu’au Lindvolus.

Plus il y a d’élèves talentueux dans une école, mieux c’était. C’est pourquoi chaque école avait employé un certain nombre de recruteurs aux yeux vifs pour rassembler des combattants du monde entier. Les exemptions de frais de scolarité, les subventions de subsistance, l’équipement et le soutien matériel — bien que les commodités spécifiques fournies par chaque école variaient, c’étaient les étudiants boursiers qui avaient été spécialement choisis et invités.

« En premier lieu, pourquoi m’inviter avec une bourse spéciale ? » dit Ayato. « J’ai l’impression d’être modeste, mais je ne pense pas mériter ce niveau de traitement. »

« C’est compréhensible. Tu étais complètement inconnu, et pour dire la vérité, nos recruteurs ont soulevé de féroces objections lorsque j’ai inscrit ton nom, » déclara-t-elle.

« Cela veut-il dire — que tu m’as nommé ? » demanda-t-il.

Les étudiants qui s’étaient fait repérer pour obtenir des bourses d’études étaient généralement ceux qui excellaient dans des tournois de niveau inférieur affiliés à la Festa ou à d’autres compétitions. Stregas et Dantes étaient des exceptions, mais l’enregistrement national obligatoire ne leur avait pas permis d’échapper à l’examen minutieux des recruteurs.

Ayato, quant à lui, n’était rien de plus que le fils d’un dojo en déclin depuis longtemps, et il n’avait rien réalisé de significatif dans les tournois ou ailleurs.

« Oui, et j’ai forcé quant à ta candidature, » s’était-elle pavoisée. « Je n’ai jamais été aussi heureuse d’être la présidente du Conseil des Étudiants. Trois hourras pour l’autorité ! »

« ... C’est plutôt affirmé, » déclara-t-il.

« Si tu avais refusé, j’aurais complètement perdu la face. Je suis si contente que tu aies changé d’avis, » déclara Claudia.

« Je n’ai pas vraiment changé d’avis..., » pendant qu’Ayato voûtait ses épaules, Claudia rétrécissait ses yeux.

***

Partie 3

« Alors, pourquoi venir dans cette école ? » demanda Claudia.

Ayato n’avait rien dit. Et puis soudain, avec un regard mortellement sérieux, il s’était penché avec les deux mains sur le bureau et l’avait regardé droit dans les yeux.

« Claudia, est-il vrai que ma sœur était ici ? Haruka Amagiri — était-elle ici ? » demanda-t-il.

« Hmm, eh bien. À ce sujet..., » en rencontrant son regard imperturbable, Claudia leva l’index. « Il n’y a qu’une seule chose que je sais qui pourrait être pertinente. Quelqu’un a supprimé les données sur une certaine élève qui avait déjà été inscrite dans cette école. »

« Supprimée... ? Est-ce que c’est possible ? » demanda-t-il.

« Dans des circonstances normales, non, » répondit-elle.

« Et cela, même par le président de Conseil des Étudiants ? » demanda Ayato.

« Le pouvoir de mon poste n’est pas absolu. Mais pour ceux qui sont au-dessus de moi... Eh bien, » Claudia lui avait fait un sourire complice.

L’expression d’Ayato n’avait nullement changé. Par là, elle ne pouvait parler que de la Fondation des Entreprises intégrées.

« Il n’y a aucune trace de la participation de cette étudiante à la Festa, et elle n’a jamais été répertoriée dans le Tableau Nominatif. Il n’est pas clair si elle a déjà fréquenté cette école. C’était il y a seulement cinq ans — ses camarades de classe et ses professeurs seraient encore là. Et pourtant pas une seule personne ne se souvient d’elle. Je ne sais pas ce qu’on peut faire, » déclara Claudia.

« Et si les enregistrements de la Festa étaient aussi altérés ? » demanda Ayato.

« Impossible. Cela signifierait tromper la totalité d’Asterisk, ainsi que les milliards de fans de Festa dans le monde entier. La Festa est diffusée en direct dans le monde entier, le Tableau Nominatif est accessible au public en ligne et constamment mis à jour. Dans cette ville, même les duels spontanés sont repris par les médias en un clin d’œil. Les vidéos de ton duel avec Julis sont probablement déjà partout sur le Net, » répondit-elle.

« Mais alors..., » commença Ayato.

En le coupant, Claudia avait fait passer sa main sur un dispositif électronique. Une interface virtuelle s’était ouverte dans l’espace qui les séparait, affichant l’image d’une femme. Les yeux d’Ayato s’étaient élargis.

« Il s’agit de la seule donnée que j’ai pu récupérer. Elle s’est inscrite ici il y a cinq ans, puis elle est partie après six mois pour des raisons personnelles. Son nom, sa date de naissance — il ne reste pratiquement plus rien de l’information qui pourrait l’identifier, » répondit Claudia.

Mais c’était plus que suffisant pour Ayato. C’était elle. Il n’y a pas eu d’erreur.

« Comment as-tu eu ça, Claudia ? » demanda-t-il.

Pour récupérer les données, il fallait savoir que quelque chose avait été effacé au départ. Mais elle venait de lui dire qu’il n’y avait aucune trace et même pas de souvenir chez les résidents, de l’existence de cette étudiante. Alors, comment le savait-elle ?

« Je suis désolée, mais je ne peux pas te le dire. Ne me crois-tu pas ? » demanda Claudia.

« Oh — non, ce n’est pas ce que je veux dire, » répondit Ayato en hâte. En tant que présidente du Conseil des Étudiants, elle avait probablement ses sources d’information. Il lui était reconnaissant de lui avoir au moins fait savoir qu’elle ne pouvait pas lui dire.

« Maintenant, c’est mon opinion personnelle, mais... peu importe, les détails, je doute qu’elle soit toujours dans cette école. Si c’est à cause d’elle que tu es venu ici..., » Claudia s’était excusée, mais sa voix s’était éteinte à la fin.

Mais Ayato avait retrouvé son comportement décontracté habituel et avait secoué la tête. « Non, c’est bon. Merci. Mais je ne suis pas venu ici que pour chercher ma sœur. »

Elle l’avait regardé avec curiosité et avait répété sa question précédente. « Alors pourquoi es-tu venu dans cette école ? »

« Hmm..., » il croisa les bras et se donna quelques instants de réflexion, puis il répondit avec un petit rire, « Si j’ai besoin d’avoir une raison... je suppose que c’est pour savoir ce que je dois faire. »

« Une réponse aussi vague et calculateur, » répondit Claudia.

« Hein, est-ce que cela l’est vraiment ? Je pensais que j’avais réussi à parler comme un étudiant, » répondit Ayato.

Claudia avait ri doucement. « Tu n’es pas toi-même si innocent, n’est-ce pas ? »

Elle semblait penser qu’il avait esquivé sa question. Mais Ayato avait l’intention de répondre sincèrement, du moins, dans un certain sens. Peut-être qu’il pourrait vraiment trouver ici ce qu’il devait faire. Si sa sœur était vraiment ici...

« Oh, c’est vrai ! » s’exclama-t-elle d’un claquement de mains. « J’ai failli oublier de te dire quelque chose d’important... Les étudiants boursiers de notre école jouissent de plusieurs privilèges spéciaux en plus des exemptions de frais de scolarité et de frais divers. L’une d’entre elles est la priorité dans l’utilisation d’un Orga Lux. »

« Un Orga Lux ? Veux-tu dire ceux qui utilisent la manadite spéciale ? » demanda Ayato.

« Oui, l’urm-manadite, » répondit-elle.

Les météorites tombées sur Terre pendant l’Invertia contenaient un élément inconnu auparavant connu sous le nom de mana et un minerai particulier connu sous le nom de manadite. On avait découvert que la manadite était composée de mana cristallisé et, au cours des dernières années, des méthodes avaient été mises au point pour la fabriquer artificiellement (bien que la manadite synthétisée soit de moindre qualité).

La recherche sur le mana et la manadite avait été le fer de lance d’un nouveau domaine scientifique appelé « génie météorique », dont le couronnement était le Lux — des armes transformant le mana par l’intermédiaire de la manadite dans leurs noyaux. Une fois activés, ils allaient assembler le schéma élémentaire incorporé dans la mémoire de la manadite et généré des lames (ou projectiles) de mana concentré.

La technologie Lux était supérieure à bien des égards aux armes conventionnelles — la puissance de sortie pouvait être ajustée à volonté, l’activateur tenait dans la paume de la main, les projectiles de type Lux n’avaient besoin d’aucun stock de munitions. Avec tous les avantages en termes de facilité d’utilisation, la plupart des armes à petite échelle produite aujourd’hui étaient des Luxs. Et le Lux était devenu si courant que des versions à faible puissance étaient vendues pour la protection personnelle et comme jouets pour enfants.

De rares cristaux de manadite d’une pureté extraordinaire avaient également été trouvés — l’urm-manadite. L’Orga Lux allait utiliser ces cristaux comme noyaux, produisant un rendement au-delà de la comparaison avec les Lux normaux. Bien qu’ils puissent conférer des capacités spéciales semblables à celles de Dantes et de Stregas, ils étaient également connus pour être difficiles à manier.

La grande majorité des Orga Luxs était contrôlé par les fondations d’entreprises intégrées, mais quelques-unes avaient été confiées à des écoles Asterisk pour la collecte de données.

« Il y a des gens qui n’aiment pas les Orga Luxs. Bien sûr, tu n’es pas obligé d’en utiliser un. Et certains d’entre eux peuvent causer, eh bien, des effets secondaires d’une certaine sorte — nous disons qu’ils ont un “coût”. Qu’en penses-tu ? » demanda-t-elle.

« N’y a-t-il pas une côte de compatibilité ou une autre chose dans le genre ? » demanda Ayato.

La question de savoir si un Orga Lux pouvait être utilisé à son plein potentiel dépendait grandement de l’utilisateur. Selon la rumeur, un Orga Lux avait sa propre volonté et sélectionnait son utilisateur en conséquence.

« Oui — en vérité, c’est le facteur le plus important. La norme ici à l’Académie Seidoukan est de 80 % de compatibilité. Même si tu trouves une arme que tu aimes, tu ne seras pas autorisé à l’utiliser si ton facteur est inférieur. »

« Je vois..., » ce n’était pas qu’Ayato n’était pas complètement désintéressé, mais le fait de traverser tout cela semblait trop compliqué. Quoi qu’il en soit, il se pouvait qu’il n’ait même pas la compatibilité requise.

Tandis qu’Ayato se tenait là en réfléchissant, il remarqua le regard incertain sur le visage de Claudia.

« Y a-t-il un problème ? » demanda-t-il.

« Eh bien, je n’étais pas sûre de devoir te le dire, parce que j’essaie encore de le confirmer... Mais il y a quelque chose de suspect dans les dossiers de prêt d’Orga Lux, » déclara Claudia.

« Que se passe-t-il avec eux ? » demanda Ayato.

« Eh bien, tout naturellement, l’utilisation de tout équipement Orga Lux est strictement supervisée. Les enregistrements de qui a pris lequel et quand sont collectés avec les données de combat. Mais nous avons identifié un cas où un Orga Lux possédait des données de combat alors qu’il n’y avait aucune trace de son utilisation, » répondit Claudia.

« Veux-tu dire... que quelqu’un l’a utilisé sans permission ? » demanda Ayato.

« Ou ils ont modifié les dossiers de prêt. Ce serait l’explication la plus probable. Ces registres sont conservés dans la banque informatique du département Matériel, tandis que les données de combat sont accumulées dans le noyau urm-manadite de chaque arme. Et il y a encore beaucoup de choses que nous ne comprenons pas à propos de ce dernier, donc il se peut qu’ils aient essayé de le modifier et qu’ils n’aient pas pu le faire, » répondit Claudia.

« Laisse-moi deviner — les données datent d’il y a cinq ans, » déclara Ayato.

« Précisément, » répondit-elle.

Ayato soupira lourdement. « Alors j’aimerais vraiment y jeter un coup d’œil. »

À ce moment-là, il pouvait déduire la probabilité que sa sœur eût déjà utilisé l’Orga Lux en question. Qu’il soit autorisé ou non à l’utiliser, il voulait au moins le voir de ses propres yeux.

« Très bien. Je te contacterai plus tard avec les détails. En attendant, veuille utiliser ceci », Claudia avait tendu un activateur Lux. « C’est un Lux de type lame ordinaire. J’ai pris la liberté de le calibrer en fonction de tes données personnelles, mais n’hésite pas à l’apporter au département Matériel si tu as besoin d’autres ajustements. »

« Génial, merci. Attends, ça me rappelle..., » en voyant l’activateur, Ayato se souvient qu’il avait emprunté un Lux pendant tout ce temps — celui que le spectateur lui avait lancé avant le duel avec Julis. « Ce n’est pas bon. Comment le rendre... ? » Il l’avait sorti et l’avait inspecté, mais il n’y avait pas de nom inscrit dessus.

Elle avait ri doucement. « Oh, tout va bien. L’école fournira les armes et l’équipement dont un élève pourrait avoir besoin. »

« Vraiment ? C’est... assez généreux, » Les Lux d’une puissance pouvaient être utilisés en combat réel n’étaient pas bon marché. Pourtant, le coût n’était probablement qu’une goutte d’eau par rapport à l’océan de profits apportés par la Festa.

« Je viens de me souvenir d’une dernière chose, » déclara Ayato.

« Oui ? Qu’est-ce que c’est ? » demanda Claudia.

« Tu parlais tout à l’heure des derniers détails techniques à prendre en charge pour mon transfert ? » demanda Ayato.

« Oh ça. À ce propos —, » Claudia avait commencé à parler, mais sa bouche s’était refermée au milieu de la phrase. Elle semblait perdue dans ses pensées et regardait tout autour d’elle.

« ... Quelque chose ne va pas ? » demanda Ayato.

« Oh non ! Pas exactement..., » elle avait fait un signe de la main, mais il était clair que quelque chose l’avait fait agir différemment. Ses joues étaient rouges comme si elle avait de la fièvre, et elle jeta son regard vers le bas. « Pourrais-tu fermer les yeux un instant ? »

« Hein ? » Quel genre de paperasse l’obligeait-il à fermer les yeux ? Cela passa par l’esprit d’Ayato, mais il ferma les yeux sans trop y penser. Il avait entendu le grincement de la chaise, puis après une pause — .

« Je t’ai eu ! » s’exclama Claudia.

Un léger choc l’avait heurté dans le dos. Il avait été un peu surpris, mais cela ne lui avait pas fait mal. En vérité, c’était doux au toucher... Et même, trop doux.

« Quoi — ? » Il avait une idée de ce qui s’était passé. Ouvrant les yeux avec hésitation, il vit deux bras gracieux enroulés autour de sa partie médiane. Il était enlacé par-derrière.

« Qu — Hey ! C-Claudia !? » s’exclama-t-il.

Sa seule réponse fut un rire malicieux.

 

 

Quelque chose comme une masse écrasante et d’une douceur inégalée s’appuyait sur son dos. Si l’on devait le décrire avec des onomatopées, alors le jiggle ou le squish serait certainement un choix approprié.

Agité, Ayato décida qu’on le taquinait à nouveau. Si tel était le cas, il devrait essayer d’agir sans se décourager et de réagir calmement. Le mot clé, c’est « essayer ».

Mais il y avait un léger murmure derrière lui...

« Enfin... Nous nous rencontrons enfin, » murmura Claudia.

Sa voix semblait si fragile, si impuissante — la vulnérabilité d’une émotion irrépressible. Face à cette candeur, son cynisme s’était dissipé comme de la brume.

« Claudia... ? » déclara-t-il, mais aucune réponse n’était venue.

Il se demandait un instant s’ils s’étaient déjà rencontrés quelque part auparavant, mais il ne s’en souvenait pas. Et il n’y avait pas moyen qu’il oublie une fille aussi exceptionnelle. Après qu’ils soient restés ainsi pendant un certain temps — même si ce n’était pas vraiment si long —, elle l’avait libéré en douceur.

« Ha-haha. Je plaisante, c’est tout. T’ai-je surpris ? » demanda Claudia.

Ayato se tourna pour la voir sourire comme si rien ne s’était passé du tout. Pris au dépourvu, il avait perdu l’occasion de lui demander ce qu’elle voulait dire. « Eh bien... n’importe qui serait surpris si quelqu’un l’étreignait de derrière de nulle part. »

« Ne te méprends pas, s’il te plaît. Ce n’est pas comme si je faisais des choses comme ça à tous ceux que je rencontre. En vérité, je suis très réservée, » elle avait mis sa main à sa bouche, et Ayato ne pouvait pas discerner de son ton à quel point elle était sérieuse.

« Et maintenant, quoi ? » demanda-t-il.

« Oui ? » demanda-t-elle en retour.

« Ça ne pouvait pas être ce dernier détail technique, n’est-ce pas ? » Il avait changé de sujet, essayant de revenir à la raison pour laquelle elle l’avait amené ici.

« Oh, ça. C’était un mensonge, » répondit Claudia.

« ... As-tu donc menti ? » La bouche d’Ayato était ouverte en grand.

« Un crime de convenance, pourrait-on dire, » affirma Claudia sans aucune honte. « Tu fais officiellement partie de cette institution depuis un moment maintenant. Il ne reste pas un seul détail technique. C’était tout simplement la façon la plus efficace de mettre fin à cette situation. Julis est sérieuse pour le moindre détail, alors je savais qu’elle ne continuerait pas un duel en violation des règles. »

« Attends, mais..., » commença Ayato.

« Aurais-tu préféré que je ne l’arrête pas ? » demanda Claudia.

« Euh..., » il n’avait pas de réponse.

« Comment les choses auraient-elles tourné si vous aviez tous deux continué ? Ni l’école ni moi ne voudrions de cela, » déclara Claudia.

Ayato pouvait voir ce qu’elle entendait par « cœur noir ». Il n’était pas certain de savoir à quel point son cœur était noir, mais la présidente du Conseil des Étudiants qui se tenait devant lui était beaucoup plus complexe qu’elle n’en avait l’air. La vulnérabilité qu’elle avait montrée il y a quelques secondes avait déjà disparu sans laisser de trace.

« C’est bientôt l’heure des cours, alors finissons-en, d’accord ? N’hésite pas à me contacter en cas de problème. Je ferai de mon mieux pour t’aider, » déclara Claudia.

Même après tout cela, le sourire sur le visage de Claudia quand elle avait vu Ayato au loin était incontestablement beau.

***

Partie 4

« Voici le nouvel étudiant boursier, Ayato Amagiri. Soyez gentil avec lui, okay ? »

C’est plutôt superficiel quant à la présentation. Un peu de considération ou d’empathie auraient été agréables, pensa Ayato, alors qu’il était un étudiant transféré inquiet de s’intégrer dans sa nouvelle classe. Il jeta un coup d’œil à la femme qui se tenait à côté de lui. Mais Kyouko Yatsuzaki, professeur principale depuis 10 années, classe 3, ne lui avait que fait un faible signe du menton, comme pour dire : « Bon, suivant. »

Elle était mince et grande, avec des yeux affûtés... en vérité, des yeux vicieux seraient une description plus précise. Sa façon de parler et de se comporter n’était pas du tout pédagogique et, pour parler franchement, elle était quelque peu vulgaire.

Ce qui ressort le plus d’elle, c’est un objet qu’elle tenait : une batte de baseball avec des clous enfoncés dedans. Ayato pouvait voir qu’il était bien conçu. C’était un article qui invitait des sentiments contradictoires — d’un côté, il était très curieux au sujet des taches rouge foncé dessus, et d’autre part, il ne voulait vraiment pas savoir du tout.

« Dépêchez-vous ! Je n’ai pas toute la journée devant moi, » avait-elle souligné.

« Oh oui, madame. Je suis Ayato Amagiri. Bonjour, » déclara Ayato.

Ayato n’avait lui-même pas mieux réussi cette introduction brusque, alors peut-être qu’il n’était pas approprié pour lui de la juger.

Ses camarades de classe le regardaient avec des expressions diverses. Certains étaient intrigués, d’autres étaient complètement désintéressés, d’autres l’inspectaient, et d’autres étaient encore prudents...

En effet, une certaine fille avait tourné son regard vers Ayato avec un regard très compliqué, mais il pouvait le comprendre.

« Alors, votre siège... Oh, nous y voilà. Il y a un bureau vide à côté de notre amie qui joue avec le feu. Prenez celui-là, » déclara Kyouko.

« Qu’est-ce que vous dites ? Qui joue avec le feu ? » Face aux paroles de Kyouko, la fille — qui devait être Julis — s’était levée avec son visage qui rougissait d’un rouge vif.

« Hehehehe. De qui d’autre pourrais-je parler, Riessfeld ? Je n’arrive pas à croire que vous fassiez une comédie comme ça dès le matin. Si vous étiez mis au défi, ce serait une chose — mais ce n’est pas le moment pour une élève de la Première Page de commencer à se battre délibérément. Nous ne sommes pas à “Le Wolfe”, vous savez, » déclara Kyouko.

Avec un petit bruit de colère, Julis avait pris place à contrecœur dans l’avant-dernière rangée. À côté d’elle se trouvaient deux sièges vides adjacents.

« Qui aurait cru qu’on serait dans la même classe ? » fit remarquer Ayato en s’asseyant à côté d’elle.

« Si c’est une blague, ce n’est pas drôle, » Julis s’était écrasée sur son bureau et soupira lourdement. Ce n’était certainement pas un accueil des plus chaleureux.

Imperturbable, Ayato essaya de nouveau. « Nous avons eu une matinée mouvementée, mais... J’espère que nous nous entendrons mieux à partir de maintenant. »

Julis le regarda du coin de l’œil. « Je vous dois une dette. À votre demande, je ferai quelque chose pour vous aider une fois. À part ça, je ne vous donnerai pas de temps de ma journée, » puis elle s’était détournée de lui de manière catégorique.

... D’accord, alors...

« Oooh, rembarré, » d’un siège derrière lui, une voix à moitié sympathique et à moitié taquine s’était fait entendre.

Ayato se tourna pour voir un garçon avec un sourire amical sur un visage bien marqué, tenant sa main. « Après tout, c’est la princesse, alors que peux-tu faire face à ça ? »

Tandis qu’Ayato offrait sa propre main, l’autre garçon la serrait avec joie et vigueur.

« Je suis Eishirou Yabuki. Je suis ton colocataire, du moins, c’est ce qu’on m’a dit, » déclara le jeune homme.

« Colocataire ? Oh, tu veux dire dans le dortoir ? » demanda Ayato.

« C’est exact. La plupart de nos logements sont en double occupant, » répondit Eishirou.

« Donc tu avais la chambre pour toi tout seul jusqu’à maintenant ? Désolé de te couper l’espace en deux, » déclara Ayato.

« Ne t’inquiète pas pour ça. Plus on est de fous, plus on rit, » Eishirou était un jeune homme joyeux.

Ayato ne pouvait pas être sûr quand ils étaient assis, mais Eishirou semblait avoir une tête de plus que lui. Il se comportait comme un gamin, mais sa corpulence et ses expressions semblaient bien adultes. La cicatrice assez visible sur sa joue gauche n’avait fait qu’ajouter à son charme contradictoire.

« Quoi qu’il en soit, si je partage ma chambre, j’espérais que ce serait avec quelqu’un d’intéressant, » déclara Eishirou.

« ... Je ne suis pas si intéressant que ça, » répondit Ayato.

« Oh, voyons. Tu as fait un duel avec une Première Page le matin de ton premier jour, puis tu as agressé la Princesse en la plaquant au sol devant toute une foule. Pas besoin d’être si modeste, » déclara Eishirou.

Pour sa part, Ayato n’avait pas l’intention d’être modeste. Il aurait pu passer une heure à s’expliquer sur ces événements, mais il semblerait que la rumeur l’avait devancé et qu’une certaine impression de lui s’était déjà infiltrée dans le corps étudiant.

Et en effet, à peine la leçon était terminée qu’une petite foule s’était formée autour d’Ayato.

« Hé, Amagiri, n’est-ce pas une drôle de période de l’année pour un transfert ? Qu’est-ce que tu faisais à l’école où tu étais avant ? »

« Alors pourquoi as-tu affronté la princesse en premier lieu ? Je ne trouve aucune information à ce sujet ! »

« Non, non, non, non — nous voulons entendre parler de ta romance ! Cette ouverture intense ! Allez, dis-nous tout ! As-tu craqué pour elle au milieu d’un duel ? Les douleurs de l’amour interdit ? »

« Arrêtez donc ! Oublions ces ordures — dites-nous comment battre la Princesse ! Comment évitais-tu ces attaques ? »

« Il a raison. Pour être honnête, je n’aurais jamais pensé que tu tiendrais si longtemps. »

D’un autre côté, certains étaient beaucoup plus insensibles.

« Hah. N’est-ce pas évident ? La Rose de Glühen se retenait ! »

« C’est vrai, c’est vrai. Ses mouvements, son temps de réaction —, tout à fait médiocre selon les standards de cette ville. À ce rythme, il n’arrivera jamais au Tableau Nominatif. »

« En quoi est-il un étudiant boursier ? Est-ce que nos découvreurs de talents ont besoin d’un examen des yeux ? »

Et ainsi de suite.

Cela se répétait à la fin de chaque période de classe, de sorte qu’au moment où l’école avait été finie pour la journée, Ayato était complètement épuisé.

« Pffww... »

Le soleil de fin d’après-midi s’était répandu dans la salle de classe où il s’était affalé dans son siège.

Eishirou l’avait tapoté sur l’épaule. « Longue journée, hein ? Ça doit être dur d’être aussi populaire. »

« Eh bien, j’ai tout de même pu apprendre des choses, » répondit Ayato.

« Oh ? Comme quoi ? » demanda Eishirou.

« Pour commencer, je ne suis pas du tout le plus populaire, c’est Julis, » Ayato jeta un coup d’œil au bureau à côté du sien et haussa les épaules théâtralement. Celle qui occupait ce bureau avait disparu depuis longtemps, ayant quitté au moment où la leçon avait pris fin. « Aucun d’entre eux ne s’intéresse à moi. Ils voulaient juste entendre parler du type qui avait fait un duel contre Julis. N’est-ce pas ? »

« Ooh ! Très perspicace ! » avait applaudi Eishirou, lui donnant un regard très approbateur.

« Mais ce ne serait-il pas plus facile s’ils le demandaient directement à Julis ? » demanda Ayato.

« Oui, c’est plus facile à dire qu’à faire. Ce n’est pas vraiment facile de lui parler, tu sais ? » déclara Eishirou.

« Maintenant que tu en parles, elle ne semble pas très accessible, » répondit Ayato.

Pourtant, se souvenant de son sourire alors qu’elle lui prenait ce mouchoir, Ayato ne pouvait pas imaginer qu’elle était le genre à rejeter tout contact humain.

« Eh bien, je ne sais pas pourquoi, » déclara Eishirou, « mais la Princesse garde les gens à plus d’une longueur de bras, c’est sûr. D’ailleurs — . »

« Oh, attends. Je me sens bête de demander ça maintenant, mais est-ce que “Princesse” est son surnom ou quelque chose comme ça ? Tout le monde semble l’appeler comme ça, » demanda Ayato.

« Euh, en quelque sorte, mais... c’est aussi une vraie princesse en chair et en os, » répondit Eishirou.

« Hein ? » Ayato ne pouvait pas croire ce qu’il venait d’entendre. « Une princesse... comme une princesse de conte de fées ? »

« Ouais. Le genre qui est maudit par une sorcière maléfique et réveillée par le baiser d’un prince, est offert en mariage à des fins politiques, vient d’un royaume magique, est attaqué par des orcs et des tentacules. Une princesse, quoi ! » déclara Eishirou.

Ayato pensait que quelque chose n’allait pas très bien dans la dernière partie, mais il pouvait comprendre ce qu’Eishirou voulait dire.

« Tu sais qu’après l’Invertia, des pays à travers l’Europe ont commencé à revenir aux monarchies ? Eh bien, je suppose que pour une fondation d’entreprise intégrée, il devait être pratique d’avoir une royauté en tant que figure de proue pendant qu’ils prenaient le contrôle politique et économique. C’est la première princesse héritière d’un pays appelé Lieseltania. Son nom complet est Julis-Alexia Marie Florentia Renate von Riessfeld. C’est dans le registre des familles royales européennes, » répondit Eishirou.

« Wôw... Tu en sais beaucoup sur elle, » déclara Ayato.

« Eh bien, c’est mon affaire. Je suis dans le club de presse, » Eishirou avait souri triomphalement.

« Mais pourquoi une princesse se bat-elle dans un tel endroit ? Les princesses ne s’asseyent-elles pas avec grâce ? » Ayato se demandait ça, se rappelant qu’il avait failli être brûlé ce matin même. Certes, elle avait de l’élégance, de la dignité et du style, mais sa volonté de se battre semblait un peu excessive.

« Ça, je ne sais pas. En fait, j’adorerais moi-même le lui demander, » Eishirou avait hoché la tête sérieusement et s’était ajouté à lui-même, « Ce serait certainement du contenu à la une... »

Puis il avait continué, « Bien sûr, vu qu’elle est aussi jolie, forte et une princesse de surcroît, personne ne la laisserait seule. Elle est venue à cette école l’année dernière, et si tu penses que ce que tu as eu aujourd’hui était monstrueux, ce n’était rien comparé à la Fièvre de la Princesse. Avant que tu ne puisses cligner des yeux, elle était entourée d’une foule de gens qui la bombardaient de questions. »

« Je peux parfaitement l’imaginer, » déclara Ayato.

« Et ensuite, que crois-tu qu’elle leur a dit ? Tais-toi ! La ferme ! Je ne suis pas un spectacle à contempler ! » déclara Eishirou.

« Je peux également imaginer ça, » répliqua Ayato.

« Eh bien, la plupart des gens l’ont évitée après cela, mais il y en avait qui n’aimaient pas son attitude. Ainsi, un groupe de personnes l’a défiée dans un duel les uns après les autres — et elle les a tous fait chuter. Avant que quelqu’un ne sache ce qui se passait, boum, elle était une Première Page, » expliqua Eishirou.

Cela semblait naturel. Ayato savait, après l’avoir affrontée au combat, que Julis possédait une maîtrise considérable. Il ne pouvait pas imaginer qu’il y avait beaucoup d’étudiants plus forts qu’elle, pas mêmes ici à Asterisk.

« Et voilà, tu as compris. Une princesse qui se tient tellement à l’écart que tout le monde s’éloigne d’elle. Il n’y en a pas beaucoup qui ont le cran de la regarder de face et de lui parler, » déclara Eishirou.

« Euh... Mais est-ce qu’elle a des amis ? » demanda Ayato.

« Pas un seul. À ma connaissance, en tout cas... Désolé. Attends une seconde, » Eishirou avait levé une main pour interrompre la conversation et avait sorti l’appareil mobile vibrant légèrement de sa poche. « Hé, quoi de neuf, chef ? »

Une fenêtre transparente s’était matérialisée avant de révéler une femme avec une coiffure courte qui s’était immédiatement lancée dans une diatribe. « Ne me réponds pas “Hé, quoi de neuf, chef” ! Je t’ai dit que j’avais besoin de cette preuve à la première heure ce matin ! Qu’est-ce que tu fous là ? »

« Oh, c’est de ma faute ! Quelque chose d’autre est arrivé ce matin —, » répondit Eishirou.

« Je n’ai pas besoin de tes excuses ! Ramène ton cul ici ! Dans cinq minutes, sinon... ! » La fenêtre s’était fermée avec un blip.

Eishirou affichait un sourire penaud et se gratta le nez. « Eh bien, tu as entendu ça. Je ferais mieux d’y aller. »

« De toute façon, je devrais aller au dortoir, » déclara Ayato.

« C’est vrai. On se retrouve là-bas, » déclara Yabuki.

« Oh, attends... Yabuki ! » Au moment où Eishirou quittait la salle de classe, Ayato lui avait jeté l’objet qu’il tenait dans ses mains.

« Hein ? » Surpris, Eishirou l’avait attrapé, puis avait souri en voyant ce que c’était. « Oh. Alors tu avais donc compris, hein ? »

« Je suppose que je devrais te remercier, même si je n’en suis pas tout à fait sûr, puisque Julis m’aurait peut-être laissé partir sans problème si je n’avais pas eu cette chose, » c’était un activateur Lux — pas celui que Claudia lui avait donné, mais celui qu’Ayato avait emprunté plus tôt ce matin-là.

« Comment savais-tu que c’était moi ? » demanda Eishirou.

« Hmm. Je suppose que c’est ta voix qui t’a trahi, » répondit Ayato d’une manière joviale.

Eishirou le fixa d’un regard vide pendant un moment. « Me dis-tu que tu te souviens de ma voix, d’un type dans la foule, dans une situation comme ça ? »

« Ma grande sœur m’a toujours dit de rendre tout ce que j’emprunte, » déclara Ayato.

« Hahaha ! Après tout, tu es plutôt intéressant, » Eishirou fit trembler de rire ses épaules, essayant de dissimuler le fait que ses joues brûlaient. « Hé, Amagiri. Crois-tu vraiment que tu n’aurais pas pu gagner ce duel ? »

« Non. Pas comme je me trouve maintenant, » répondit-il. C’était la simple vérité.

« Hmm. Comme tu es maintenant, hein ? » Peut-être satisfait de cette réponse, Eishirou sortit tranquillement de la salle de classe.

Ayato avait regardé la porte que l’autre venait de franchir pendant un moment, puis avait poussé un profond soupir. « Cette école va être beaucoup plus dure que je ne le pensais... »

***

Chapitre 3 : Ses Yeux Nobles

Partie 1

« Hein ? Oh, voyons. Ne puis-je pas aller par là ? » demanda Ayato pour lui-même.

Ayato avait essayé de couper à travers la cour, pensant que ce serait un raccourci vers les dortoirs, mais il s’était retrouvé coincé par une barrière de métal.

Apparemment, l’école avait fermé certaines portes le soir.

La porte n’était pas si haute que ça, et Ayato aurait pu la franchir — mais c’était exactement ce qui lui avait causé tant d’ennuis ce matin. Mieux valait donc rebrousser chemin et trouver un autre moyen.

« Oh, eh bien... Ce n’est pas comme si j’étais pressé, » après tout, se promener était l’une des rares choses qu’Ayato aimait faire pour s’amuser.

La cour était aussi spacieuse qu’un parc de taille moyenne, avec une verdure impeccablement entretenue. En regardant autour de lui, Ayato avait vu plusieurs robots humanoïdes qui ressemblaient à des poupées sans traits — des Marionnettes — tailler les arbres. Alors qu’il avait entendu dire quelque part que les marionnettes à usage militaire pouvaient être télécommandées, les marionnettes d’usage courant étaient entièrement automatisées, se déplaçant lentement et ne pouvant accomplir que des tâches simples. À ce jour, les marionnettes comme celles-ci avaient largement pris le dessus sur le domaine du travail physique éreintant.

Pourtant, ce n’était pas un spectacle communément vu dans les villes de province comme celle d’où venait Ayato.

Il marchait entre les silhouettes fines des arbres face au soleil couchant, regardant avec curiosité les marionnettes au travail, quand un cri de colère s’était soudain fait entendre dans la cour : « Alors pourquoi t’es-tu battu avec ce nouveau gamin !? »

C’était une voix masculine assez jeune, assez féroce pour figer un auditeur timide, emplissant l’air de tension.

Un genre de dispute... ? pensait Ayato.

Se cachant dans l’ombre, il avait jeté un coup d’œil à travers les arbres pour trouver un petit belvédère dans une clairière. Devant, il y avait trois étudiants de sexe masculin. Le garçon du milieu se démarquait, grand, robuste et musclé, et il était intimidant même de loin. Les deux autres — un mince et un gros — se tenaient un pas en arrière, donnant l’impression qu’ils s’en remettaient au grand garçon.

Ils semblaient parler à quelqu’un à l’intérieur du belvédère, mais de son point de vue, Ayato ne pouvait pas voir qui c’était.

Si quelqu’un avait des ennuis, il pouvait difficilement s’en aller — mais en même temps, il préférait ne pas mettre son nez là où on ne voulait pas de lui. D’autant plus que cette école avait ses propres règles, auxquelles Ayato ne faisait que commencer à s’acclimater.

Toujours...

« Dites-le-moi, Julis ! » cria l’homme.

En entendant ce nom, Ayato s’était automatiquement rapproché.

« Je n’ai rien à te dire, Lester. Nous avons tous le droit de nous battre en duel avec qui nous le voulons, » répondit-elle.

« Tu as raison. C’est valable aussi pour moi, » déclara Lester.

Ayato se déplaçait sournoisement d’arbre en arbre, et elle était là — une fille aux cheveux rose-rouge resplendissants assise dans le pavillon. Elle et l’élève du nom de Lester se regardaient avec une telle férocité que l’on pouvait pratiquement voir des étincelles voler.

« Nous avons aussi le droit de refuser, » avait répliqué Julis. « Tu peux me défier autant que tu le veux, mais je n’ai pas l’intention de t’affronter à nouveau en duel. »

« Alors, dis-moi pourquoi ! » s’écria Lester.

« Il faut vraiment qu’on te l’explique ? » Julis soupira lourdement et se leva face à Lester. « C’est parce que ça ne finira jamais. Je t’ai vaincu trois fois. Ça ne sert à rien de se battre à nouveau. »

« Je vais te battre cette fois ! Ne laisse pas cette série de coups de chance te monter à la tête ! Tu ne connais pas ma véritable force ! » cria Lester.

 

 

« C’est exact ! Tu n’aurais aucune chance si Lester avait fait tout ce qu’il fallait ! » L’un des deux se tenant derrière Lester, le gros avait essayé de faire mouche en se moquant de Julis.

« Alors, prouve-le à quelqu’un d’autre, » Julis s’était détournée, déclarant la fin de leur conversation.

« Hé ! Ce n’est pas fini ! » cria Lester.

Juste au moment où Lester s’avançait pour saisir son épaule, Ayato était sorti de derrière les arbres et s’exclama : « Oh, c’est vous, Julis ! Quelle coïncidence de vous croiser dans un endroit comme celui-ci. »

« ... Qu’est-ce que vous faites ici ? » demanda Julis.

« Qui diable es-tu ? » demanda Lester.

Le choix du moment et les paroles d’Ayato avaient rendu ce numéro si limpide que Julis et Lester l’avaient regardé avec des poignards dans les yeux.

Il avait forcé un rire maladroit, puis il avait déclaré. « Eh bien, euh, il se peut que je me sois un peu perdu, non ? »

« Oh, hé ! Lester ! C’est lui — le nouveau ! » cria l’un des deux autres garçons.

« Quoi... ! !? » Lester avait fusillé Ayato d’un regard encore plus intense. Si un regard avait une force physique, celui de Lester aurait traversé une feuille de métal.

Mais Ayato l’avait calmement laissée glisser sur lui comme si tout cela n’était rien pour lui. « Alors, Julis, qui est-ce ? » demanda-t-il.

Julis lui répondit, la main sur la hanche, le regardant comme s’il était ridicule. « Lester MacPhail. Il est classé neuvième. »

« Oh, donc vous êtes également une Première Page, » fit remarquer Ayato, se tournant vers Lester. « Wôw ! »

Lester n’avait rien dit.

« Oh oui — je suis Ayato Amagiri. Enchanté de vous rencontrer, » déclara Ayato.

Lester n’arrêtait pas de le dévisager, sans même jeter un coup d’œil à la main droite tendue d’Ayato.

De près, la taille de Lester était encore plus impressionnante. Il devait mesurer presque sept pieds de haut, avec des épaules larges et des muscles bombés et affûtés.

La musculature de Genestella était beaucoup plus puissante et souple que celle des humains ordinaires, mais elle était largement résistante aux efforts de musculation. Ce qui signifiait que Lester avait dû travailler incroyablement durement pour atteindre son physique actuel.

Il avait les cheveux courts, bruns et hérissés sur un visage ciselé qui était actuellement plein de fureur.

« Toi... tu t’es battue contre un petit morveux comme ça, mais tu ne te bats pas avec moi... ? » grogna Lester, ses poings serrés tremblants. « Au diable avec tout ça ! Je vais t’écraser ! Peu importe ce qu’il faut faire ! »

Apparemment, la présence d’Ayato ne s’était même pas inscrite dans le cerveau de l’autre. Lester s’était approché de Julis en se pavanant avec une attitude belligérante.

« H-hey, Lester, doucement ! Ça ne peut pas être le meilleur endroit..., » le garçon maigre avait essayé de le calmer, mais Lester n’avait pas semblé entendre.

Julis était de taille moyenne pour une fille de son âge, si bien qu’à côté de Lester, elle ressemblait à une enfant à côté d’un adulte, mais elle n’avait pas peur. « C’est peu probable. À moins que tu ne fasses quelque chose à propos de ta personnalité de sanglier, je te battrai chaque fois. »

« Quoi — ? Putain de merde ! » Lester était sur le point de faire éclater sa fureur, mais il s’était rendu compte que cela ne ferait que donner plus de vérité à ses paroles.

« Tu ferais mieux de prendre Lester au sérieux, ou tu vas le regretter ! Il t’aura la prochaine fois, attends et..., » cria le garçon grassouillet.

« C’est assez, Randy ! » Lester avait crié sur le garçon qui venait de parler et était descendu du belvédère avec un ricanement aigre. « Je n’abandonne pas, » avait-il craché. « Pas avant que je te fasse voir ma vraie force... ! »

Il avait quitté Julis ainsi et les deux acolytes s’étaient précipités après lui.

« Quel ennui ! », soupira-t-elle une fois que les garçons furent complètement hors de vue et avoir reprit place sur le banc.

Ayato riait sous son souffle. « Peut-être que je n’aurais pas dû faire quoi que ce soit ? »

« C’est ce que je pense. À cause de vous, il était encore plus agaçant que d’habitude, » déclara Julis.

« Désolé... Attendez, c’est habituel, non ? » demanda Ayato.

Julis haussa les épaules en réponse. « Apparemment, il ne s’intéresse qu’à moi. Il n’est pas le seul dans cette situation, mais il est le premier à faire preuve d’autant de persévérance. »

« Mais il est classé neuvième, donc il doit être assez fort, n’est-ce pas ? » Ayato était sur le point de demander si cela allait pour elle, mais il avait gardé ça pour lui. Même les connaissances qu’il avait obtenues en un jour lui avaient suffi pour comprendre que le fait de prendre ce genre de ton avec elle déclencherait son tempérament volcanique.

« Si on parle de capacité de combat, oui, il est fort, » répondit Julis. « Mais pas aussi fort que moi. De plus, les classements ne sont pas très fiables au départ. Il y a beaucoup de combattants qualifiés qui ne sont pas dans le Tableau Nominatif. Il y a aussi la question des atomes crochus — quand vous affrontez un adversaire particulier. »

***

Partie 2

Julis leva le regard vers lui, les coins de sa bouche se recourbant légèrement, comme si elle s’attendait à quelque chose. Ayato détourna les yeux.

« Puisque vous êtes ici, j’ai ma propre question, » déclara-t-elle.

« Qu’est-ce que vous voulez savoir ? » demanda Ayato.

« Vous avez utilisé une Technique des Météores dans notre duel de ce matin. Comment avez-vous fait ça avec un Lux non calibré ? » demanda Julis.

« Oh, ce n’était pas une Technique des Météores, » répondit Ayato.

« Êtes-vous sérieux ? » demanda Julis.

« Je ne peux pas utiliser de Techniques des Météores. — Je ne pense pas bien m’entendre avec les Lux, et disons, ce n’est vraiment pas pour moi ce genre de chose. Je préférerais avoir une vraie arme physique entre les mains, » répondit Ayato.

« Mais, cette technique de ce matin..., » demanda Julis.

« C’était juste une technique à l’épée. Ma famille a un dojo traditionnel qui remonte à loin, alors j’en connais quelques-unes, » répondit Ayato.

« Juste une technique à l’épée ? » Les yeux de Julis s’étaient élargis. « Il n’est pas impossible de couper à travers mes flammes avec une lame Lux. Mais je n’ai jamais vu quelqu’un les couper en deux aussi facilement que vous. À quel point êtes-vous bon ? »

« Oh, j’ai eu de la chance, » répondit Ayato en riant.

« ... Hmph. Très bien. Nous verrons combien de temps vous pourrez continuer cet acte d’innocence. Cet endroit n’est pas aussi sympa que vous le pensez, » répliqua Julis.

« Je ne pense pas du tout que..., » Ayato s’était gratté l’arrière de la tête. « Et vous, Julis ? Pourquoi vous battez-vous dans un endroit si dangereux ? »

« Quoi ? » demanda Julis.

« J’ai entendu dire... que vous êtes une princesse, » déclara Ayato.

« C’est vrai — je suis la première princesse héritière de Lieseltania. Et alors quoi ? Tout le monde ici, dans une certaine mesure, se bat pour quelque chose qu’ils ne peuvent obtenir ailleurs. Les titres et le statut n’ont rien à voir avec cela, » elle parlait calmement, mais ses paroles avaient une détermination farouche et inébranlable.

Il avait hésité, se demandant s’il n’irait pas trop loin, mais il avait quand même posé la question. « ... Qu’est-ce que vous voulez ? »

Julis lui avait donné une réponse inattendue et directe. « L’argent. »

« Hein... ? » s’exclama Ayato.

« J’ai besoin d’argent. Et se battre ici est le moyen le plus rapide de l’obtenir, » déclara Julis.

Une princesse qui se bat pour de l’argent ? Il aurait pensé qu’une princesse serait riche. Alors pourquoi... ?

« J’en ai besoin rapidement, » poursuit-elle. « Et le moment est opportun. Je serai invaincue dans toutes les Festas de cette saison. C’est mon objectif. »

« Les trois Festas... ? » demanda Ayato.

Le soi-disant « grand chelem ». Même Ayato savait à quel point c’était difficile.

« Oui, et je vais commencer par le Phoenix, » avait dit Julis. « Je dois au moins gagner ça. »

Le montant du prix Festa était déterminé en fonction des points gagnés, mais gagner même un seul événement, Ayato l’avait entendu, vous ferait gagner assez d’argent pour passer le restant de votre vie dans une profusion de loisirs.

Il voulait savoir pourquoi, mais il s’y était opposé. Il avait quand même un peu de discernement. Mais le peu qu’il avait entendu répondait à une question différente pour lui.

« Oh, alors c’est pour ça que vous cherchez un partenaire ? » demanda Ayato, se souvenant de l’échange ce matin-là entre Claudia et Julis.

Le Phœnix était un tournoi par équipe de deux, donc Julis ne pouvait pas participer seule.

Elle avait un peu tressailli « ... E-Eh bien, oui. »

Sa réticence à ce sujet semblait indiquer qu’elle avait vraiment de la difficulté à trouver un partenaire. C’était peut-être inévitable, étant donné sa personnalité...

« Je... Je n’ai peut-être pas encore trouvé de partenaire, mais ce n’est pas parce que je n’ai pas d’amis ! Je veux dire, c’est vrai que je n’ai pas d’amis dans cette école, mais ce n’est pas le problème. Il n’y a tout simplement personne qui répond à mes normes en tant que partenaire, » déclara-t-elle.

Donc elle admet qu’elle n’a pas d’amis ? pensa Ayato, mais il était resté à l’écart de cela. « Alors, quel genre de partenaire recherchez-vous ? »

« Eh bien... Tout d’abord, quelqu’un d’aussi bon que moi — mais je sais que c’est trop demander. Je demande donc quelqu’un avec au moins les capacités d’une Première Page, une personne d’une intégrité irréprochable, qui réfléchit correctement, avec une volonté forte et un esprit noble. Quelqu’un qui a les qualités d’un chevalier, » répondit Julis.

« ... Vous placez la barre très haut, » fit remarquer Ayato.

« Hmm, vraiment ? Je pensais que j’étais assez clémente..., » répliqua-t-elle.

C’était peut-être la princesse qui parlait en ce moment.

« Bien que la date limite d’inscription soit proche, je suppose que je ne peux pas être trop difficile à ce stade, » murmura Julis, comme si elle parlait à elle-même, puis elle avait pris son sac et s’était levée. « Il était temps que je parte... Mais de toute façon, qu’est-ce que vous faisiez ici ? »

« Oh, eh bien, euh... Je pensais que ce serait plus rapide d’aller par là, mais la porte là-bas était fermée à clé, » répondit Ayato.

« C’est bien le cas. Les portes de la cour se ferment automatiquement la nuit. À cette heure, cependant, les seuls qui sont fermés devraient être du côté du collège, » répliqua Julis.

J’étais donc complètement perdu, pensa Ayato avec chagrin.

« Attendez, donc si les portes se ferment automatiquement, ça veut dire que je serai piégé si je reste ici trop longtemps ? » demanda-t-il. « Dois-je m’en inquiéter ? »

« Hein ? » s’exclama Julis.

« J’aime bien me promener dans des endroits comme ça, mais je ne voudrais pas être coincé..., » déclara Ayato.

Julis le fixa d’un regard vierge de toute émotion pendant un moment, puis éclata de rire.

« Eh bien, évidemment ! Êtes-vous vraiment aussi bête ? Après le désordre dans lequel vous vous êtes mis ce matin, vous n’avez même pas pris la peine de regarder un plan du campus !? Ne vous inquiétez pas — les portes du lycée restent ouvertes jusqu’au milieu de la nuit, » déclara-t-elle en se moquant de lui, et ses yeux se rétrécissaient alors qu’un sourire était apparu. Elle ressemblait alors à une fille normale...

« Hmm ? Quoi ? » demanda-t-elle en remarquant son silence.

« Oh... J’étais en train de penser, alors vous pouvez rire, » annonça-t-il.

« Qu... !? » La couleur rose apparut sur son visage sous les yeux d’Ayato. « Qu’est-ce que vous racontez !? Je ris parfois, comme tout le monde ! »

Puis en un clin d’œil, son expression avait retrouvé son apparence maussade habituelle, et elle s’était détournée.

« Alors pourquoi n’agissez-vous pas plus amicalement pour commencer ? » demanda Ayato. « Vous pourriez si vous le vouliez... »

« La ferme ! Ça ne vous regarde pas ! » Julis avait rugi de colère. « Qu-Qui êtes-vous pour parler, de toute façon ? Pourquoi ne pas mettre de l’ordre dans votre visage ahuri ? Un visage détendu révèle un esprit négligent ! Si vous vous comportiez mieux, alors peut-être que vous ne feriez pas de bourdes aussi stupides, comme vous l’avez fait toute la journée d’aujourd’hui ! »

Cela semble un peu exagéré, pensa-t-il, mais il avait concédé ce point. « J’ai été négligent, mais il est vrai que je ne connais pas assez cet endroit... »

Ce campus était trop grand pour commencer. Et il y avait tant de règles étranges. Ce n’était pas du tout facile pour un nouveau venu. Alors, peut-être que s’il y avait eu quelqu’un pour lui faire visiter...

« Oh ! » Avec cette pensée en tête, Ayato la regarda droit dans les yeux.

« Qu-Quoi maintenant... ? » Pour une raison ou une autre, elle rougit et fit un pas en arrière.

« Julis, pouvez-vous me faire visiter l’école ? Oh, et peut-être la ville aussi, tant qu’on en parle, » déclara Ayato.

« ... Hein ? » Julis n’avait pas pris la peine de cacher son mécontentement face à cette demande. « Est-ce une blague ? Pourquoi ferais-je ça ? »

« Eh bien, vous me devez une dette, n’est-ce pas ? Vous l’avez dit vous-même — je peux donc vous demander une faveur, » déclara Ayato.

« Je l’ai dit, mais... êtes-vous sérieux ? » demanda Julis.

« Sérieux... ? » demanda Ayato.

« Je veux dire, est-ce suffisant pour rembourser la dette que je vous dois ? Je n’aime pas du tout ça, mais vous m’avez sauvée ce matin. Ce n’est pas une petite dette. Vous pourriez avoir tout ce que vous voulez de moi, dans la mesure du raisonnable, — c’est-à-dire, rien d’indécent, bien sûr ! Mais par exemple, je pourrais vous prêter ma force en tant que Première Page, » déclara Julis.

« Voulez-vous dire que vous m’aideriez dans un combat ? » demanda Ayato.

« Oui, » répondit Julis.

« Ah non, ce n’est pas grave, » Ayato secoua la tête. « Je pense que je ferais mieux de m’habituer à cette école d’abord avant de penser à autre chose. »

Face à cette réponse nonchalante, Julis lui fit un regard pénétrant, puis sourit avec sarcasme et soupira. « Vous êtes un homme aux profondeurs mystérieuses. Ou bien peut-être êtes-vous vraiment un idiot ? »

« Si ce sont les deux possibilités... alors je suis probablement le deuxième, » avait admis Ayato.

« Hmph. Probablement. Mais très bien. Je vais vous faire visiter, si c’est ce que vous voulez, » déclara Julis.

« Merci. J’apprécie ! » déclara Ayato.

« E-Et bien, je n’ai pas vraiment le choix, n’est-ce pas ? Une dette est une dette. Je vous ferai visiter le campus après l’école demain. Quant à la ville... eh bien, je vais devoir vous réserver l’un de mes jours de congé, » déclara Julis.

« Super. J’ai hâte d’y être, » déclara-t-il. Cela devrait résoudre certains de mes problèmes les plus immédiats, pensa-t-il. « OK, je suppose que je ferais mieux de trouver mon propre dortoir maintenant. Ghk ! »

Quand Ayato avait commencé à s’éloigner, Julis avait attrapé le col de ses habits par-derrière.

« Laissez-moi tout de suite vous donner un conseil. Le chemin le plus rapide vers le dortoir des garçons à partir d’ici est de passer devant le bâtiment du collège, » déclara Julis.

S’étouffant, il avait réussi à répondre, « Merci pour ça. Mais je vous serais reconnaissant que vous soyez un peu plus douce lors de vos leçons... »

Alors qu’Ayato sifflait contre la pression exercée autour de sa gorge, Julis répondit avec un léger sourire. « Dommage. Mais vous n’avez pas précisé cela dans les termes de notre accord. »

***

Partie 3

Il faisait complètement noir quand Ayato était arrivé au dortoir des garçons, qui était situé sur le côté opposé des bâtiments scolaires par rapport au dortoir des filles. L’immeuble des filles arborait une façade européenne classique, mais celle-ci ressemblait à une tour d’habitation conventionnelle.

« Voyons voir, chambre 211..., » cette fois, Ayato s’était assuré de vérifier sur la carte avant de se diriger vers la chambre.

Alors qu’ils étaient divisés en ailes séparées, les élèves des lycéens et des collégiens partageaient les mêmes étages que les primaires. Ayato avait trouvé cela quelque peu rafraîchissant. Chaque étudiant qui l’avait vu passer lui avait jeté un regard interrogatif et surpris, mais il avait décidé de ne pas se laisser déranger par ça et avait retourné leur attention avec des sourires et des gestes.

La chambre 211 était une chambre d’angle au deuxième étage. Une nouvelle plaque signalétique portait le nom AYATO AMAGIRI. Il frappa prudemment avant d’entrer.

« Hé, te voilà. Tu en as mis du temps, » Eishirou, allongé sur son lit, le salua paresseusement.

« Oui, j’ai eu beaucoup de choses qui me sont arrivées les unes après les autres... C’est plus grand que je ne le pensais, » sa chambre faisait environ deux cents pieds carrés et était équipée d’un lit et d’un bureau. Un seul sac était placé négligemment sur les draps flambant neufs. Il contenait les quelques effets personnels qu’Ayato s’était arrangé pour faire envoyer ici.

« C’est tout ce que tu as ? Tu n’as pas apporté grand-chose, » déclara Eishirou.

« Oui, c’est juste assez pour m’habiller. Tu n’as pas non plus l’air d’en avoir beaucoup, » déclara Ayato.

Il y avait des notes manuscrites et des piles de papiers sur le bureau d’Eishirou, mais à part cela, il était pratiquement vide.

« Je n’ai pas beaucoup de passe-temps. J’ai juste mon travail avec le journal, » répondit Eishirou.

« Oh, ça me fait penser à un truc, » avait dit Ayato. « J’ai une question pour toi, Monsieur le grand Reporter. Il y a un étudiant qui s’appelle Lester. — Quel genre d’homme est-il ? »

« Lester ? Lester MacPhail ? » demanda-t-il.

« Cela sonne correct... Quelqu’un disait qu’il était classé neuvième, » répondit Ayato.

« Ça doit être lui, » déclara Eishirou. « Lester, La Hache du Rugissement Lointain, » Eishirou s’était assis et avait touché son portable pour faire venir une fenêtre dans les airs. Elle affichait le même grand et robuste étudiant masculin qu’Ayato avait rencontré plus tôt.

« Lester MacPhail. Première année à l’Académie Seidoukan, Section Lycée, Première Page, neuvième place, » continua Eishirou. « Il excelle au combat physique qui lui permet d’utiliser pleinement son corps, et il n’a pas d’égal au combat rapproché. Mais il a tendance à lutter contre des adversaires aux pouvoirs spéciaux comme les Stregas et les Dantes. Il manie un Lux en forme de hache, le Bardiche-Leo. »

« Wôw, tu es plutôt bon ! » s’exclama Ayato.

« C’est tout ce qu’on peut trouver sur le Net. Si tu veux quelque chose de plus, c’est une autre histoire, » déclara Eishirou.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Ayato.

« Je veux dire ça, » Eishirou avait frotté son pouce et ses doigts ensemble.

« Vas-tu me faire payer !? » s’exclama Ayato.

« Allez, à quoi t’attendais-tu ? Les élèves de cette école — en fait, les autres sont à peu près les mêmes, donc les élèves d’Asterisk — se répartissent en deux catégories. La première comprend ceux qui vont tous se battre dans la Festa, comme la Princesse. Et l’autre, ce sont des gens qui ont depuis longtemps renoncé à la Festa — comme moi, » déclara Eishirou.

« Yabuki, ne vas-tu même pas essayer ? » demanda Ayato.

« Non. Ce n’est pas comme si n’importe quel Genestella pouvait gagner ici, » répondit Eishirou. « Si tu as été ici pendant un certain temps, tu ne peux pas t’empêcher de remarquer les différences dans la force des individus. Et tu réalises qu’il y a des obstacles que tu ne peux pas surmonter. La question est donc de savoir ce que font les gens qui ont abandonné la compétition. »

« Que font-ils ? Je n’en sais rien, » répondit Ayato.

Alors qu’Ayato commençait à se perdre dans ses pensées, Eishirou avait ri et avait gonflé sa poitrine. « C’est simple ! Nous trouvons des choses que nous voulons faire et des moyens de gagner de l’argent sans se battre dans la Festa. Pour moi, c’est le journal de l’école. »

« Je n’avais aucune idée qu’être dans le club des journaux était si lucratif, » gagner de l’argent pour un gain personnel n’était pas une activité que l’on associe habituellement aux clubs étudiants.

« Hé, un peu de respect. Je ne veux pas me vanter, mais on s’en sort plutôt bien, tu sais. Tu as dû voir des images d’Asterisk sur le Net ou à la télévision. S’il s’agit d’une photo prise sur un campus, tu peux parier qu’elle provient de l’un des clubs de journalisme étudiants. Il y a une convention contre la présence de médias extérieurs sur le campus. »

Maintenant, c’était logique. « Ha-ha, j’ai compris... Ainsi, toi et tes collègues journalistes vendez ce genre d’images et d’informations à des sociétés de médias, » déclara Ayato.

« Bingo ! » Eishirou avait souri et il leva le doigt. « Il y en a beaucoup d’autres qui dirigent un commerce. Comme la Société pour l’étude de l’ingénierie météorique... Ils se chargent de la personnalisation des Luxs, et ils sont bien meilleurs que le département Matériel. Eh bien, ce n’est pas comparable avec ceux d’Allekant — ils sont les meilleurs en technologie sur les six écoles — mais quand même. Et ne le dis pas trop fort. Mais une grande partie des paris autour des duels scolaires est créée par des étudiants en tant que preneur de paris. »

« L’école ne sévit-elle pas contre ce genre de choses ? » Il semblait aux yeux d’Ayato que les jeux de hasard et la réalisation de paris s’éloignaient du domaine des activités étudiantes.

Mais Eishirou remua son doigt levé et fit claquer sa langue. « Qui va soulever une objection ces jours-ci à l’échange d’argent ? En premier lieu, les FEIs gèrent toutes les écoles. »

Les Fondations d’Entreprises Intégrées avaient toujours donné la priorité à la stimulation et au développement de l’activité économique. Le flux d’argent liquide était essentiel à cet objectif, et le consommateurisme avait été encouragé en tant que tendance mondiale. Asterisk, aussi, avait été construite avec tout cela à l’esprit.

« Et quoi d’autre... ? » Eishirou continua à parler. « Oh, c’est vrai, il y en a qui rejoignent l’entourage d’étudiants plus forts. Surtout des élèves de Première Page. Il y a beaucoup d’avantages à être proche d’eux. »

« Oh ? Est-ce que c’est... Est-ce que Lester a des personnes comme ça autour de lui ? » Ayato se souvient des deux étudiants debout derrière Lester.

« Veux-tu dire ces types ? » Eishirou avait ouvert deux autres fenêtres dans les airs, l’une montrant le garçon mince et l’autre le garçon rondouillard. Alors que leurs traits physiques offraient un contraste saisissant, ils avaient le même regard obséquieux dans les yeux.

« Oui, c’est eux, » répondit Ayato.

« Le maigre est Silas Norman. C’est un Dante, mais il n’a pas grand-chose d’utile. Quelques pouvoirs télékinétiques. Le gros, c’est Randy Hooke. Il a été dans le Tableau Nominatif une fois, mais plus maintenant. Il utilise un Lux de type arc, » répondit Eishirou.

« Tu es vraiment bon quand il s’agit de renseignements..., » Ayato était franchement abasourdi. C’était une chose de garder une trace des élèves les plus forts — mais avoir une bonne connaissance de leurs acolytes en plus, c’était à un autre niveau.

« Heh. Je t’ai impressionné, n’est-ce pas ? » En riant, Eishirou ferma les fenêtres aériennes et sauta du lit. « D’accord, alors. Allons manger quelque chose. Je vais te montrer la cafétéria. »

« Avant de partir, j’ai encore une question à propos de Lester, » déclara Ayato.

« Oh ? » s’interrogea Eishirou.

« Y a-t-il... quelque chose entre lui et Julis ? » demanda Ayato.

Eishirou avait souri face à la question. « Oh, j’ai compris. Je me demandais pourquoi tu voulais en savoir autant sur ce type tout d’un coup. Tu en pinces vraiment pour la Princesse, hein ? »

« Ce n’est pas ça du tout..., » cependant, c’était vrai que la jeune fille était souvent dans son esprit, pour des raisons qu’Ayato ne pouvait pas expliquer.

« C’est bon, je m’en fiche. Mais comme je l’ai déjà dit, ça va te coûter cher, » déclara Eishirou.

Eishirou avait attendu qu’Ayato acquiesce, puis il avait ouvert une autre fenêtre dans l’air.

Celle-ci montrait une vidéo. Une jeune fille brandissant des gerbes de flammes dansait de façon impressionnante sur l’écran. Son adversaire était un homme, un géant. Il se trimballait avec une hache aussi grosse que son corps, mais il était clair qu’il perdait le combat.

« Il s’agit des matchs de classement officiel de l’année dernière. Lester était classé cinquième à l’époque. La princesse avait dix-sept ans, » déclara Eishirou.

« Tu veux dire que..., » commença Ayato.

« Ouais. Elle a gagné. C’est ce combat qui a fait d’elle une Première Page. Un match à ne pas oublier, » déclara Eishirou.

« Et pour Lester, un match qu’il préférerait oublier, » déclara Ayato.

« On peut dire ça. En fait, Lester a défié la Princesse dans deux autres matchs officiels, et il a perdu de façon spectaculaire, » raconta Eishirou.

Les matchs officiels étaient des examens sélectifs organisés une fois par mois par l’école. Comme le consentement des deux parties était nécessaire pour un duel, on pouvait refuser indéfiniment. Afin d’empêcher les étudiants de haut rang d’utiliser cela comme échappatoire pour conserver leur position, ils devaient se battre au moins une fois par mois. En règle générale, lors d’un match officiel, un étudiant de haut niveau n’avait pas le droit de refuser une contestation d’un étudiant de rang inférieur.

« Pourtant, on ne peut défier le même élève que deux fois, » expliqua Eishirou. « Sinon, tu pourras avoir des gens qui effectueraient à la chaîne des duels. »

« Ça veut dire que Lester ne peut plus défier Julis dans un match officiel, » déclara Ayato. C’est pourquoi il est si obsédé par le duel avec elle, pensa Ayato.

« Lester a beaucoup de fierté et de tempérament. Cela doit vraiment le rendre fou de ne pas pouvoir se venger d’elle. Mais je ne pense pas qu’il ait une chance, » déclara Eishirou, empochant son portable. « Qu’en penses-tu ? »

Dans ce match, Lester était désavantagé, mais il avait beaucoup de talent. La chance allait également compter comme une variable présente dans un combat, et donc, rien n’était certain dans un duel.

« En regardant juste cette vidéo, je ne pense pas que ce soit impossible pour lui, » avait répondu Ayato. « Mais... leurs regards sont clairement différents. »

« Hmm, » s’interrogea Eishirou.

Les yeux de Julis ne regardaient pas Lester dans cette vidéo — ils étaient fixés sur quelque chose de loin, au-delà de son adversaire. En revanche, les yeux de Lester étaient concentrés que sur Julis. À ce rythme, Lester ne pouvait pas tenir une dragée à Julis.

Mais son regard lointain... Ayato avait déjà vu quelque chose comme ça avant.

« Merci, Yabuki. Alors, quel coût serait demandé pour ces renseignements ? » En tant qu’étudiant boursier, Ayato n’avait pas eu à payer de frais de scolarité ou d’inscription. Mais il n’avait pas vraiment beaucoup d’argent. En fait, le dojo de sa famille était sur le point de fermer ses portes. Il avait de l’argent de poche économisé grâce à des emplois à temps partiel, mais s’il n’était pas frugal avec cela, cela pourrait s’épuiser rapidement.

« D’accord ! C’est l’heure de manger ! Allons-y, Amagiri ! » Eishirou avait drapé de force son bras autour du cou d’Ayato et l’avait plus ou moins traîné hors de la pièce. « On a le choix entre le repas japonais et le repas occidental. Qu’est-ce que ce sera ? »

« Euh, euh, alors japonais, je suppose... ? » répondit Ayato.

« L’option japonaise d’aujourd’hui est le maquereau espagnol mariné et grillé, le tofu frit, le ragoût de radis daikon et la pâte de poisson... D’accord, je vais prendre ton tofu frit, » annonça Eishirou.

« ... Hein ? » s’exclama Ayato.

« C’est mon tarif pour cette fois-ci. Considère cela comme un rabais pour un nouvel étudiant, » Eishirou avait souri, puis avait retiré son bras du cou d’Ayato et l’avait frappé dans le dos. « Tu vois ? Ne suis-je pas un mec génial ? »

« Je pourrais le penser... si tu ne l’avais pas dit sur toi-même, » Ayato avait souri et avait rendu une tape à son colocataire.

***

Chapitre 4 : Réminiscence et Retrouvailles

Partie 1

Il s’agissait d’une nuit d’été précoce avec l’odeur de l’herbe fraîche qui s’élevait dans l’air.

Ce jour-là, le garçon avait été amené à s’agenouiller en seiza, à la manière traditionnelle japonaise, le dos rigide et ses fesses se reposant sur ses talons, dans un coin du dojo. La douleur ne se voyait sur son visage d’enfant charmant que sous la forme d’une bouderie, faiblement éclairée dans l’obscurité. Il ne savait même plus depuis combien de temps il était dans cette position. Pourtant, il avait refusé d’en sortir, par orgueil et par défi.

Soudain, une porte s’était ouverte et une voix douce se fit entendre, accompagnée du clair de lune. « Franchement... Qu’as-tu fait cette fois ? Papa était furieux. »

« Je n’ai rien fait de mal, » répondit le garçon, en boudant, et en se détournant.

La fille qui avait ouvert la porte s’accroupit avec alors que dans son dos se trouvait le clair de lune et elle poussa un petit soupir.

Elle repoussa ses longs cheveux noirs et regarda le garçon d’un regard préoccupé. Elle avait cinq ou six ans de plus que lui, débordant d’énergie, complétée par son uniforme de marin à manches courtes.

« Ayato, » déclara la fille.

« Mais, sœurette ! Ces types —, » déclara Ayato.

« Ayato ! » Le tranchant de sa voix avait fait trembler le garçon. « Un véritable homme ne trouve pas d’excuses. »

Jusqu’à présent, il s’était retenu par la seule force de la volonté. Son visage s’était plissé et ses yeux s’étaient remplis de larmes.

« Mais si tu es vraiment désolé, alors j’écouterai ta version de l’histoire, » déclara-t-elle.

« Vraiment ? » Maintenant, son expression s’était illuminée.

« Es-tu vraiment désolé ? » demanda sa sœur.

« Oui, je suis désolé ! » répondit Ayato.

« Est-ce que tu referais un jour ? » demanda-t-elle.

« Non, plus jamais ! » répondit Ayato.

« Es-tu vraiment sincère ? » demanda-t-elle.

« Euh-Hmm ! »

« Es-tu vraiment vraiment sincère ? » lui redemanda-t-elle.

« Hé, sœurette, te souviens-tu quand Saya disait que personne n’aime les filles qui prennent les choses trop au sérieux ? » demanda Ayato.

Bing. Le poing de la fille s’était écrasé sur la tête d’Ayato.

« Je suis désolé. Je le pense vraiment, » déclara Ayato.

« Très bien, » elle acquiesça d’un signe de tête grave. « Assieds-toi là. »

« Mais je suis déjà assis, » répliqua Ayato.

« A-Assieds-toi correctement ! Seiza ! » ordonna la fille.

« Mais je suis déjà assis en seiza, » répondit Ayato.

La jeune fille se racla la gorge, alors que son visage rougissait furieusement et elle avait finalement pris une paire de lunettes se trouvant dans la poche de son uniforme.

« Je me demande toujours si cela ne serait pas mieux que tu portes tes lunettes tout le temps, au lieu d’essayer d’avoir l’air cool, » avait dit le garçon.

« Toi, tais-toi ! Je ferai ce que je veux avec mes lunettes ! » Les lunettes noires à monture conservatrices convenaient bien à son visage, mais elle ne s’en souciait pas. « Alors. Que s’est-il passé ? »

Finalement, ils en arrivèrent au but de sa visite. L’histoire avait alors été racontée par lui. « Je n’ai rien fait ! Ils n’arrêtaient pas de m’embêter pour avoir un match et ne me lâchaient jamais ! »

Selon le garçon, l’altercation avait commencé lorsque des élèves du dojo l’avaient agressé parce qu’il ne faisait rien d’autre que de balancer son épée à l’entraînement sans jamais faire le moindre combat.

Son père lui avait strictement interdit de faire un entraînement avec un autre ou de se battre avec les autres élèves. Parfois, ils s’en prenaient à lui pour ça d’une manière assez méchante.

Le dojo n’avait pas beaucoup d’élèves, mais la plupart d’entre eux étaient des Genestellas, puisque le gouvernement avait recommandé les arts martiaux comme moyen pour Genestella de former leur esprit et de forger leur caractère.

Le garçon avait des doutes quant à tout ça. Les autres voulaient juste montrer leur propre force.

Il y avait des lois sévères en place pour punir tout acte de violence de la part de Genestella contre les civils. Et les mineurs n’avaient reçu aucune indulgence, ce qui aurait pu être la raison pour laquelle Ayato, en tant que camarade de Genestella, s’était trouvé une cible de taquineries.

« Et ils ont dit du mal de toi... ! » Le garçon s’était énervé en mordant sa lèvre.

La jeune fille faisait également partie de ceux qui étudiaient l’art de l’épée au dojo. Bien qu’il ne lui avait jamais été interdit aussi strictement que son frère de s’engager dans un combat, elle n’avait presque jamais fait face aux autres étudiants. Les étudiants en question ici n’avaient rejoint le dojo que récemment, et ils ne l’avaient jamais vue dans un match.

Mais le garçon savait que sa sœur était l’étudiante la plus compétente au dojo.

« C’est pourquoi j’ai accepté de les combattre ! » dit le garçon en fanfaronnant. « Juste un petit peu — ! »

La fille n’avait pas besoin d’entendre les résultats pour savoir ce qu’ils étaient.

« Hmm, » elle avait réfléchi calmement pendant quelques instants et avait choisi ses mots avec soin lorsqu’elle avait parlé. « Je vois. Je suis d’accord que tu n’es pas en faute, Ayato. »

« Je te l’ai dit ! » Le garçon la regarda joyeusement.

Elle l’avait cloué du regard acéré et avait ajouté en le réprimandant : « Mais en même temps, tu n’es pas non plus dans le bon droit. »

« Hein ? » s’exclama le jeune.

« Ayato, sais-tu pourquoi papa t’interdit de te battre avec quelqu’un ? » demanda-t-elle.

Le garçon secoua la tête. Il avait lui-même posé la même question à son père, mais n’avait jamais reçu de réponse.

« Tu as une grande force présente en toi. Mais parfois, la force peut blesser les autres. Et tu pourrais même te blesser, Ayato, » déclara sa sœur.

« Mais je ne suis pas blessé du tout, regarde ? Je n’ai mal nulle part..., » déclara le jeune.

« C’est parce que tu comptes toujours sur ta force, » la voix de la fille était rendue un peu plus fort. « Tant que tu uses de ta propre force de cette façon, tu ne sentiras pas la douleur. Mais en même temps, tu ne pourras pas non plus ressentir la douleur des autres. Papa et moi ne voulons pas que tu deviennes ce genre de personne, Ayato. »

Il l’avait regardée en silence.

« Toute personne a le droit de se battre pour sa dignité, » continua la fille. « C’est pour ça que tu n’es pas en faute. Mais tu ne sais pas encore comment assumer la responsabilité de tes actes. Et tu n’auras jamais raison si tu n’es pas responsable. »

« ... Je ne comprends pas, » déclara le garçon. Il savait qu’elle lui disait quelque chose d’important, mais il ne comprenait pas grand-chose.

« Ça veut dire que tu n’es pas encore prêt, » déclara la fille.

« Alors, quand serai-je prêt ? » demanda le garçon.

« Hmm, je ne sais pas, » tout en réfléchissant, la jeune fille avait touché son menton et avait incliné sa tête. « Si je devais dire quelque chose... alors peut-être quand tu sauras ce que tu dois faire, Ayato. »

« Ce que je dois faire... ? » demanda le garçon.

« Tout à fait. Cela viendra quand tu auras décidé comment utiliser ta force, » continua la fille.

Les choses qu’elle disait étaient encore un peu trop compliquées pour lui, mais le garçon avait fait un petit signe de tête.

« Très bien, » satisfaite, la fille hocha la tête et elle caressa la tête de son frère.

Et c’est alors que quelque chose lui était venu à l’esprit. « Et toi, sœurette ? » lui demanda-t-il.

« Hmm ? » demanda sa sœur.

« As-tu trouvé la chose que tu dois faire ? » demanda le garçon.

Pendant un moment, elle avait semblé surprise par la question, mais elle lui avait ensuite souri avec douceur. « Bien sûr. Ce que je dois faire..., » la jeune fille commença à parler puis elle se pencha pour serrer son frère dans ses bras. « ... C’est te protéger, Ayato. »

« Moi... ? » demanda son frère.

« C’est exact. C’est la chose la plus importante au monde pour moi, » déclara la fille.

« Alors je vais te protéger aussi, sœurette ! C’est la chose que je dois faire ! » Le garçon était tout à fait sérieux. Pour lui aussi, c’était vraiment ce qu’il y avait de plus précieux et de plus important.

Mais la jeune fille avait souri malicieusement, puis se mit à pointer le front du garçon avec son doigt et à rire. « Qu’est-ce que tu dis ? Ne sais-tu pas qu’il faut être plus fort que moi pour dire ça ? »

Face à cela, il n’avait pas de réplique appropriée. Il savait que sa sœur était beaucoup plus forte que lui.

« En plus, tu dois être prudent avec des promesses comme ça. Tu es un garçon, alors un jour viendra où quelqu’un voudra vraiment l’entendre de ta bouche, » déclara sa sœur.

« Je ne comprends pas, » le garçon avait penché sa tête, découragé.

Elle le serra à nouveau, beaucoup plus serrée qu’avant. « Je sais, je sais. Mais c’est bon pour l’instant. »

« ... Sœurette ? » demanda le garçon.

« Merci de m’avoir défendu, Ayato. Je t’aime. Oui, je t’aime tellement, » déclara la fille.

***

Partie 2

Jetant de côté la couverture légère, il s’était levé du lit comme un diable à ressort.

Il avait jeté un coup d’œil à l’horloge pour voir qu’il était un peu plus de quatre heures du matin. À l’extérieur de la fenêtre, il n’y avait rien d’autre que des ombres de la période avant l’aube.

« Et voilà que je rêve à nouveau de ces souvenirs..., » murmura-t-il.

Ayato avait réussi à éteindre l’alarme dès qu’elle avait commencé à émettre des bips et il avait ensuite commencé à faire ses étirements. L’habitude était une puissance redoutable. Après cette journée-là, il avait été complètement épuisé, mais il s’était retrouvé bien réveillé et en forme à son heure habituelle.

« Mais l’instant choisi par l’alarme m’a sauvé aujourd’hui, » se murmura-t-il. S’il avait rêvé du reste...

Ayato secoua la tête avec force et commença à s’habiller avec sa chemise d’entraînement et son short plutôt qu’avec son uniforme.

Il avait alors réfléchi à la façon dont ce programme du matin était une autre chose que sa sœur lui avait apprise. Combien de choses lui avait-elle données — à la place de la mère qu’il avait perdue à un si jeune âge, et comme elle, sa sœur était stricte, mais bienveillante ?

« Oh, alors c’est à elle qu’elle m’a fait penser..., » Ayato venait de le réaliser. Le regard de Julis dans cette vidéo du combat était le même que celui de sa sœur. C’était comme ses yeux quand elle avait dit qu’elle le protégerait. Il s’agissait des yeux de quelqu’un avec une détermination inébranlable — des yeux qu’il n’avait tout simplement pas encore.

« OK..., » il avait pris l’activateur Lux à l’endroit où il l’avait laissé près de son oreiller et l’avait placé dans l’étui présent à sa hanche. Maintenant, il était prêt. Il aurait préféré avoir l’épée d’entraînement en bois qu’il utilisait à la maison, mais il avait décidé qu’elle était trop volumineuse pour l’apporter.

Alors qu’il essayait de s’éclipser sans réveiller son colocataire, une voix joyeuse s’éleva de derrière lui. « Pars-tu pour ton entraînement du matin, Monsieur le boursier ? Quel élève consciencieux ! »

Il se retourna pour voir Eishirou encore couché dans son lit avec un œil ouvert, montrant ses dents blanches en un sourire.

« Désolé, je ne voulais pas te réveiller, » déclara Ayato.

« Ne t’inquiète pas pour ça. J’ai le sommeil léger. En vérité, je suis toujours à moitié endormi. » Tout en se grattant la tête, Eishirou avait ravalé un bâillement. « J’ai cru entendre quelqu’un parler dans son sommeil, mais ça devait être un rêve. »

Toutes les couleurs avaient disparu du visage d’Ayato.

« Euh, Yabuki ? Je suis sûr que tu as rêvé. Totalement sûr. Mais juste par curiosité — peux-tu me dire ce que la personne dans ton rêve disait dans son sommeil ? » demanda Ayato.

« “Moi aussi, je t’aime vraiment, sœurette” ! » répondit Eishirou.

Ayato avait crié en signe de protestation et s’était précipité pour placer ses mains sur la bouche de son colocataire. « Oui, c’était un rêve ! Dans tous les cas, un rêve ! » répéta-t-il, essayant désespérément de le convaincre.

« Oh, eh bien ! Si tu le dis, je suppose que c’était le cas, » avait dit Eishirou. « Euh, je ne peux vraiment pas le dire... Au fait, Amagiri, est-ce que tu choisis l’option japonaise ou l’option occidentale aujourd’hui ? »

Ayato avait affaissé les épaules. « Bien. Prends ce que tu veux. »

« Hehehehe. Alors, je vais prendre le poisson ! » déclara-t-il

À ce rythme, je suis sur la bonne voie pour perdre un plat à chaque repas. La peur lui avait traversé l’esprit, mais Ayato s’était dit qu’il ne fallait pas discuter sur ce point cette fois-ci.

« Je vais me rendormir. Bonne chance pour ton entraînement ! »

Ayato soupira. Il avait l’impression qu’il soupirait beaucoup plus depuis son arrivée dans cette école. Et il était presque sûr que ce n’était pas seulement un sentiment.

***

Partie 3

« Hoo, franchement, je suis endormi. Bonjour, les gars ! » Eishirou avait ouvert la porte de la salle de classe. Il avait dû se rendormir, comme il l’avait dit, mais apparemment c’était encore insuffisant pour lui.

Étonné, Ayato l’avait suivi pour constater que la plupart des sièges étaient déjà comblés. Des conversations animées s’épanouissaient ici et là dans la salle de classe comme des fleurs sauvages, une scène qui n’était pas différente des autres écoles. Quoi que l’on puisse dire, le taux de participation semblait respectable, alors peut-être qu’après tout, les étudiants ici étaient sérieux au sujet de leurs études.

« Bonjour, Julis, » déclara Ayato.

« ... Oh. Salut ! » quand Ayato avait offert un salut au siège à côté du sien, Julis avait lâché cette réponse brusque, alors que son menton reposait toujours dans sa main.

Le vacarme de la salle de classe s’était arrêté d’un seul coup.

« Hé, venez-vous d’entendre ça ? » demanda l’un des étudiants aux autres.

« La princesse vient-elle de dire bonjour à quelqu’un ? » demanda une autre étudiante.

« On ne rêve pas, n’est-ce pas ? »

« Quel genre de sort ce type lui a-t-il jeté ? »

« Attendez — sommes-nous sûrs qu’il s’agit de la véritable Julis ? » demanda un autre.

Tandis que ses camarades de classe se déchaînaient dans une autre sorte de conversation, Julis avait claqué ses mains sur le bureau et s’était levée. « Vous êtes tous incroyablement impolis ! Pourquoi ne puis-je pas répondre à quelqu’un quand il me salue ? »

Elle avait fait cette déclaration avec un regard d’indignation totale, mais l’agitation n’avait montré aucun signe annonciateur du calme. Le fait que Julis avait dit un mot de salut était plus qu’inattendu. Cette réaction avait révélé quel genre de standing elle avait dans la classe.

Elle pourrait profiter de l’occasion pour briser la glace avec ses camarades de classe... ou peut-être que c’est trop d’espérer ça, alors qu’Ayato pensait cela, il s’était souvenu qu’il n’avait été transféré qu’hier. C’était bien beau de penser à Julis, mais il devait d’abord gérer sa propre situation.

Juste à ce moment-là, Ayato avait remarqué que le siège à sa gauche, vide la veille, était occupé. Une fille aux beaux cheveux bleutés dormait profondément, la tête à plat sur le bureau.

Avoir deux transferts en autant de jours semblait plutôt improbable, alors Ayato avait deviné qu’elle avait tout simplement été absente hier.

Je devrais me présenter, pensa-t-il, mais il ne voulait pas la réveiller... Alors qu’il s’inquiétait de ce qu’il fallait faire, la jeune fille avait clairement levé la tête.

Oui ! Pile au bon moment, pensa-t-il. « Hé, à vous, étudiante qui se trouve à côté de moi. Euh. J’ai été transféré ici hier. Je suis Ayato — hein ? »

Il n’avait pas pu finir son introduction. Dès qu’il avait vu son visage, il s’était figé d’un regard empli de stupéfaction. « S-Saya ? »

La jeune fille le regarda d’un air sans émotion, puis elle inclina légèrement sa tête et murmura. « Ayato... ? »

« Quoiiiii ? Saya, qu’est-ce que tu fais ici !? » s’écria Ayato.

 

 

Il n’y a pas eu d’erreur — c’était Saya Sasamiya. Tandis qu’Ayato sautait de son siège, Eishirou s’était penché par-derrière avec les yeux brillants d’un garçon qui vient de trouver un nouveau jouet. « Qu’est-ce qu’il y a ? Vous connaissez-vous ? »

« Ouais, eh bien... On peut dire qu’on est de vieux amis. Je suppose qu’on a grandi ensemble, » répondit Ayato.

« On a grandi ensemble ? » Eishirou observait avec un regard dubitatif les deux personnes. « Alors pourquoi ne saviez-vous pas que vous seriez tous les deux étudiants ici ? »

« On a grandi ensemble, mais on ne s’est pas vus depuis que Saya a déménagé à l’étranger. Ça fait six ans, je crois, » répondit Ayato.

« Euh... Il semblerait qu’elle n’ait pas beaucoup de réactions venant de son côté, » fit remarquer Eishirou.

En fait, Saya fixait Ayato sans le moindre changement d’expression.

« C’est vrai, mais elle est comme ça depuis aussi longtemps que je la connais bien. Elle est surprise. Enfin, je crois, » déclara Ayato.

« Vraiment ? » demanda Eishirou.

« Euh-Hmm, » marmonna Saya. « Je suis super surprise. »

« D’accord, mais tu ne le sembles pas du tout, » insista faiblement Eishirou à Saya, qui n’avait même pas bougé un sourcil.

« Mais ça fait vraiment un moment. Vas-tu bien ? » demanda Ayato.

Elle avait hoché la tête une fois en réponse.

« Comme d’habitude. Tu ne changeras jamais, Saya, » déclara Ayato.

Cette fois, Saya secoua la tête négativement. « ... Ce n’est pas vrai. Je suis plus grande. »

« Oh... Vraiment ? » Ayato regarda de plus près son amie d’enfance, réunie avec lui par coïncidence.

Elle avait un visage enfantin, avec d’adorables grands yeux et une allure innocente. Elle ne semblait pas avoir grandi d’un pouce depuis le jour de leur dernière rencontre — elle aurait pu facilement passer pour une élève du primaire. Son expression n’avait pratiquement jamais changé, ce qui lui donne un charme que l’on pourrait décrire (pour le meilleur ou pour le pire) comme une poupée.

« Je pense que tu n’as pas du tout changé depuis la dernière fois..., » déclara Ayato.

« Non. Tu es juste devenu trop grand, » Saya avait gonflé ses joues dans une moue. « ... Mais ce n’est pas grave. Selon mes estimations, d’ici l’an prochain, je devrais être à peu près aussi grande que tu l’es maintenant. Et tu grandiras un peu plus, alors les proportions seront tout simplement parfaites. »

Saya acquiesça d’un signe de tête en accord avec elle-même. Mais il était difficile d’imaginer qu’elle pouvait grandir d’un pied en un an.

« Mais le monde est petit, hein ? » déclara Eishirou. « Je dirais qu’il s’agit d’une réunion fatidique. »

« Des retrouvailles fatidiques... Oui. Tu as bien dit les choses, Yabuki, » Saya lui avait fait un signe avec le pouce levé. Son empressement à se laisser entraîner par le flux des choses semblait également inchangé.

« Et ton père et tout le monde ? Comment vont-ils ? » Le père de Saya était un ingénieur météorique qui avait consacré toute sa carrière au développement de Lux. Ayato s’était souvenu que le travail de son père était la raison du déménagement de sa famille à l’étranger.

« Presque trop bien. J’aimerais qu’il soit plus prudent, » répondit Saya.

« Hahaha. On dirait qu’il n’a pas non plus changé depuis, » l’image du père de Saya qu’Ayato avait dans sa tête était l’archétype d’un savant fou. Il se rappelait que lorsqu’il se rendait chez les Sasamiyas pour jouer quand il était enfant, il pouvait entendre le Docteur Sasamiya glousser et ricaner, caché dans son laboratoire.

De réputation, c’était un excellent scientifique, mais avec une personnalité difficile — grâce à laquelle il avait changé plusieurs fois d’employeur.

« Je suis ici parce que mon père m’a dit de venir, » déclara Saya.

« Il l’a fait ? » demanda Ayato.

Saya avait sorti un activateur Lux de l’étui de son uniforme. L’activateur en forme de poignée s’était allumé et un grand fusil automatique s’était matérialisé en un instant. La fluidité de ses mouvements indiquait clairement que sa main était entraînée. « Il m’a dit de faire de la publicité pour l’arme qu’il a fabriquée. »

« Publicité ? Est-ce pour ça que tu es là ? » demanda Ayato.

Même si les étudiants ne se battaient pas pour tuer, Asterisk n’était pas un endroit sûr si l’on y pensait sérieusement. Ayato ne pouvait pas avoir beaucoup d’estime pour la décision du scientifique d’envoyer sa propre fille ici juste pour l’utiliser comme publicité pour une arme.

« Eh, je ne pense pas que ce soit si fou, » intervint Eishirou. « Si tu réussis ici, ce serait mieux que ce que l’argent pourrait acheter. Je veux dire, de toute façon, c’est la moitié de la raison pour laquelle les FEIs dirigent cet endroit. »

« Mais tu es d’accord avec ça, Saya ? » Ayato s’était inquiété de ça.

« J’ai mes propres raisons, » répondit-elle nonchalamment. « Donc je suis d’accord avec ça. »

« Ah. Pourrais-tu nous en dire plus sur ces raisons ? » Ayant entièrement basculé en mode journalisme, Eishirou affichait un regard sérieux et il avait un bloc-notes dans une main.

« Elles sont secrètes, » même quand elle avait dit ça, Saya avait jeté un coup d’œil à Ayato. « Mais tout à l’heure, la moitié de mes raisons viens de venir ici... »

« Ah-ha ! » Apparemment, c’était tout ce dont Eishirou avait besoin afin de comprendre la situation. « Cela me fait penser, Sasamiya — tu as demandé un permis d’excursion dès ton arrivée ici. Qu’est-ce qui s’est passé avec ça ? »

Asterisk était située sur le territoire du Japon, mais avait une extraterritorialité totale. Pour quitter Asterisk, il fallait un but légitime et la permission de son école.

« ... Je ne l’ai pas encore eu. Qu’en est-il ? » demanda Saya.

« Oh, rien du tout. Je me demandais juste si tu en avais encore besoin —, » souriant, Eishirou avait presque fini la phrase avant de se taire soudainement. Le canon de l’arme de Saya s’enfonçait dans sa gorge.

« ... C’est assez de tes conjectures maladroites, » déclara Saya.

« D’accord. Compris. Désolé. Pardon..., » Eishirou leva les deux mains en se rendant alors que Saya forçait son menton vers le haut, en enfonçait le canon plus profondément.

« Je ne suis pas sûr de comprendre ce dont tu parles, » déclara Ayato, « mais sache que Saya est plus violente qu’elle n’en a l’air. Alors, fais attention à toi. »

« Tu aurais pu me le dire plus tôt..., » déclara Eishirou.

« Yo ! Posez vos fesses à vos places. C’est l’heure du cours, » Kyouko était entrée dans la classe, en bougeant d’une manière léthargique. Elle n’avait même pas tenu en l’air son bâton à clous, et elle l’avait tout simplement laissé traîner sur le sol, mais le bruit de râpage qu’il faisait était suffisamment intimidant. « Hé ! Vous, n’agitez pas votre arme dans ma classe... Oh, c’est vous, Sasamiya. »

« Bonjour, m’dame, » répondit Saya.

« Où diable étiez-vous hier ? Allez, je suis tout ouïe, » Kyouko se dirigea vers Saya, puis elle croisa les bras et la fixa du regard noir.

« ... J’ai juste trop dormi, » répondit Saya.

« Ha-Ha. Je vous ai eu. Vous ne vous êtes pas réveillée, » déclara-t-elle. Clong.

« ... Outch, » s’écria Saya.

« Espèce d’abrutie ! Combien de fois cela fait-il !? Demain, vous allez poser votre petit cul dans les cours de rattrapage pour la peine ! » cria leur professeur.

Même après avoir pris un poing sur la tête, le visage de Saya était resté sans expression — à l’exception d’un petit soupçon de larmes présente dans ses yeux.

« Tu n’es toujours pas une personne du matin, hein ? » déclara Ayato, en riant.

« ... C’est juste que mon lit gagne toujours, » déclara Saya.

Depuis son siège de l’autre côté d’Ayato, Julis les regardait tous les deux, sans s’amuser le moins du monde.

***

Partie 4

Le même jour, après l’école, Julis se tenait devant le miroir de sa salle de bains.

« Eh bien... Hmm. Cela devrait suffire, » murmura-t-elle à son reflet.

Il n’y avait pas de défaut dans ses cheveux (qu’elle n’aimait pas, pensant que c’était trop voyant) ni dans son uniforme parfaitement ajusté.

Ce n’est pas comme si je m’inquiétais beaucoup de mon apparence. C’est une question de convenance, rien de plus. Être moins que vigilant avec ses vêtements conduit à l’insouciance dans d’autres domaines. Je lui ai dit quelque chose comme ça hier, après tout, donc je ne peux pas être moi-même négligent. Oui, c’est ça, se dit Julis, puis elle était retournée en classe.

Il ne restait plus beaucoup d’étudiants, mais Ayato était à sa place, bavardant joyeusement avec Saya.

Ayant entendu leur conversation de ce matin, Julis savait qu’ils avaient grandi ensemble. Et maintenant, ils se voient pour la première fois depuis des années, il est donc naturel qu’ils aient beaucoup de choses à se dire, se dit-elle. Mais ça l’avait quand même rendue nerveuse pour une raison ou une autre.

« Euh, — ahem. Êtes-vous prêt à partir ? » demanda Julis.

« Oh. Hey, Julis. J’apprécie ce que vous faites, » déclara Ayato.

« E-Et bien, je dois le faire, n’est-ce pas. Une promesse est une promesse, » alors même qu’elle se détournait sèchement de lui, Julis regardait Ayato du coin de l’œil.

Ce visage facile à vivre manquait de caractère selon elle. Mais soudain, elle se souvient de ce regard sérieux quand il l’avait sauvée, et son cœur se mit alors à battre plus vite. Une émotion qu’elle ne comprenait pas tourbillonnait dans sa poitrine, et elle secoua la tête comme si elle pouvait littéralement s’en débarrasser en faisant ça.

« ... Une promesse ? » demanda Saya, mystifiée par leur conversation.

« Julis va me faire visiter le campus aujourd’hui, » lui expliqua Ayato.

« Riessfeld y va ? Pourquoi ? » demanda Saya.

« C’est, euh... Eh bien, c’est une longue histoire, » répondit Julis. « Cela n’a rien à voir avec vous, Sasamiya. »

À ce moment-là, Saya fit un bruit boudeur tout en fronçant faiblement les sourcils.

« Allons-y, » déclara Julis.

« C’est vrai. OK, Saya, à demai..., » commença Ayato.

« Attends. Si c’est simplement ça, Ayato, alors je vais te faire visiter, » déclara Saya.

« Qu’est-ce qui se passe ? » demanda Ayato.

« Hein ? » s’exclama Julis.

Julis et Ayato avaient tous deux été surpris par cette déclaration soudaine.

« Je peux lui faire visiter comme n’importe qui d’autre, » continua Saya. « Vous disiez que vous devez le faire, Riessfeld, mais c’était comme si vous ne vouliez pas le faire. Alors, je peux vous épargner des ennuis en le faisant à votre place. »

Maintenant, c’était Julis qui s’était mise à rouspéter. « L’offre est appréciée. Mais j’ai fait une promesse, et je ne brise pas mes promesses. »

« ... Mais ce serait aussi mieux pour Ayato si la personne qui lui montre les alentours le veut vraiment, » déclara Saya.

« Ce n’est pas que je ne veux pas le faire ! Bref, vous venez de commencer ici, Sasamiya ! Et je suis ici depuis le collège. Je pense qu’il est très clair quant à savoir laquelle d’entre nous est la plus qualifiée, » répliqua Julis.

De terribles étincelles volaient entre elles.

« Euh, mesdames... ? » Ayato avait essayé d’intervenir, mais elles n’avaient pas semblé l’entendre.

« Oh, si c’est l’affaire qui nous occupe, je crois que je serais la mieux placée pour le faire, » déclara une troisième voix féminine.

Ayato avait poussé un cri de surprise quand Claudia avait fait apparaître sa tête de derrière lui. Elle avait aussi ses bras autour de lui, pressant délibérément son ample poitrine contre son dos.

Au fur et à mesure qu’elles avaient réalisé cette scène, les expressions de Saya et Julis étaient respectivement devenues encore plus intenses.

« Julis est venue ici pour sa troisième année du collège, » déclara Claudia. « Alors que je me suis inscrite en première année. »

« ... Qui êtes-vous ? » demanda Saya.

« Pourquoi es-tu ici ? » demanda Julis.

« Tout d’abord, pourrais-tu me laisser un peu d’espace, Claudia ? » demanda Ayato.

« Vous êtes tous si inamicaux. Comme j’étais ici, j’ai pensé que je pourrais me joindre à la fête..., » déclara Claudia.

« ... Non, » répondit Saya.

« Demande refusée, » s’exclama Julis.

« S’il te plaît, i-ils me touchent ! » s’écria Ayato.

« Hm, comme c’est malheureux. Dans ce cas, je vais finir mon travail ici et partir, », Claudia lâcha à contrecœur Ayato et lui tendit une liasse de papiers. « Demain, nous sélectionnerons un Orga Lux pour toi et ferons un test de compatibilité, comme nous en avons discuté plus tôt. Veuille examiner ces documents et t’assurer que tu n’as aucune objection à quoi que ce soit avant de signer. »

« Oh — ça, » demain, c’était plus tôt qu’Ayato l’aurait souhaité, mais c’était sa chance de voir l’Orga Lux que sa sœur aurait pu utiliser. Il ne pouvait pas se permettre de rater cette occasion. « OK... Wôw, c’est cependant toute une tonne de paperasse. » Il y avait au moins dix différents documents contenant de nombreuses pages, tous remplis de petites lettres.

« L’arme nous a été prêtée, mais elle appartient à la FIE, » avait déclaré Claudia. « Mais ce n’est qu’une formalité, alors ne t’en fais pas trop. Il suffit de les feuilleter. »

« Si la présidente délivre elle-même une telle paperasse, le Conseil des Étudiants ne doit pas avoir grand-chose à faire, » fit remarquer Julis avec aplomb.

Claudia avait balayé l’insulte. « En effet, ce n’est pas le cas — grâce à la bonne conduite de nos élèves. »

« Je me le demandais déjà tout à l’heure, » déclara Ayato, « mais êtes-vous deux amies ? »

« Oui, c’est vrai, » répondit Claudia.

« Nous ne le sommes certainement pas ! » s’écria Julis.

Ayato inclina sa tête en raison de la confusion provoquée par les deux réponses diamétralement opposées.

« Oh, comme c’est froid de ta part, Julis, » dit Claudia en deuil.

« Nous nous sommes vues quelques fois au Opernball à Vienne, » avait déclaré Julis. « Nous nous connaissons, ni plus ni moins. »

L’Opernball était le plus grand événement de la société en Europe, bien connu comme l’affaire où les jeunes hommes et les femmes des classes supérieures avaient fait leurs débuts dans la haute société.

« Maintenant, si tu as fini ici, pourquoi ne pas y aller ? » avait dit Julis.

« Shoo, shoo, shoo, » ajouta Saya.

Claudia avait légèrement ri. « Alors, bonne journée. Mais j’aurai Ayato pour moi toute seule demain. Ne pense pas trop de mal de moi. »

Avec un simple salut, elle était partie, poursuivie du regard furieux de Julis et Saya.

« Cette mégère intrigante, » murmura Julis. « Elle pense qu’elle peut faire ce qu’elle veut juste parce qu’elle est un peu excessivement massive... Ce ne sont que des sacs de graisse. »

« ... Tout à fait d’accord. » Saya hocha la tête vigoureusement.

Elles étaient si intimement sur le même niveau qu’il était difficile de croire qu’elles s’étaient disputé il y a quelques instants. Désireux de saisir l’occasion, Ayato s’était empressé de soumettre une proposition de compromis. « Oh, je sais ! Puisque vous êtes toutes les deux ici, vous pouvez peut-être toutes les deux me faire visiter ? »

« Toutes les deux... ? » demandèrent les deux filles.

Julis et Saya s’étaient regardées pendant un moment, puis elles avaient ri avec résignation.

« ... J’accepte, » déclara Saya.

« Très bien. Ne perdons plus de temps à discuter, » déclara Julis.

« Pfew, » Ayato, était profondément soulagé, essuyait les gouttes de sueur sur son front.

Tous les trois avaient donc fait le tour du campus ensemble.

***

Partie 5

« C’est le complexe des clubs. La plupart des clubs ne sont pas très actifs, mais vous pourriez vous retrouver ici si vous avez une plainte pour l’un des clubs de médias, » déclara Julis.

« ... Euh-Hmm, » murmura Saya.

« C’est le Centre des Comités. Vous devrez aller les voir pour les demandes et les ajustements pour les avantages sociaux, » expliqua Julis.

« ... Je vois, » murmura Saya.

« Et les réfectoires — je suppose que vous les avez déjà trouvés. Quoi qu’il en soit, il y a sept endroits pour manger sur le campus, y compris la cafétéria. Mais celle du sous-sol est généralement moins bondée, alors il vaut mieux y aller, » expliqua Julis.

« ... Je ne le savais pas, » murmura Saya.

« Sasamiya, comprenez-vous que je ne vous fais pas visiter la zone ? » demanda Julis, alors qu’ils faisaient tous les trois une pause sur un banc dans la cour.

Saya avait soigneusement pris en compte tous les détails de la visite du campus effectué par Julis. « ... Je n’ai aucun sens de l’orientation. »

« Je suis étonnée que vous proposiez de faire la visite des lieux à quelqu’un d’autre, » grogna Julis.

Saya toussa d’une manière modeste en gonflant sa poitrine.

« Ce n’était pas un compliment, » continua Julis.

« Oh, c’est bon, » déclara Ayato avec son sourire insouciant habituel. « J’ai aussi beaucoup appris. Vraiment, merci. »

« Eh bien, d’accord, mais..., » commença Julis.

« Je sais, je vais nous chercher quelque chose à boire. Qu’est-ce que vous voulez ? C’est moi qui régale, » demanda Ayato.

« Hmm. Alors, je prendrais du thé glacé, » répondit Saya.

« Je prendrai du jus de pomme. Mais j’espère que ce n’est pas celui fait à partir de concentré, » déclara Julis.

« J’ai compris, » Ayato s’était alors mis à courir, contournant la fontaine et retournant vers le bâtiment du lycée.

En fait, les distributeurs automatiques du bâtiment du collège sont plus proches, pensait Julis. Je lui montrerai ça plus tard...

Tandis que Julis souriait d’un sourire ironique, Saya avait interrompu ses pensées. « ... Riessfeld, il y a quelque chose que je souhaite toujours savoir. »

« Quoi ? » demanda Julis.

« Pourquoi avez-vous promis de faire visiter le campus à Ayato ? » demanda Saya.

« Je vous l’accorde, vous êtes tenace... D’accord, je vais vous le dire. C’est parce que j’avais une dette envers lui. C’est simplement ça la raison, » répondit Julis.

« Quelle était cette dette ? » demanda Saya.

Julis avait hésité un moment, mais elle lui avait dit la vérité à contrecœur. « Il m’a sauvée d’une attaque extérieure lors d’un duel. »

« Un duel ? Riessfeld, avez-vous fait un duel contre Ayato ? » demanda Saya.

« Oui. Vous ne le saviez pas ? » demanda Julis.

Les duels des élèves de Première Page avaient toujours été du matériel rêvé pour les ragots, et Julis était sûre que les vidéos avaient dû faire la une des journaux hier soir. Apparemment, sa camarade de classe n’était pas intéressée par le classement.

« Mais je ne vais pas vous dire pourquoi nous avons dû le faire, » déclara Julis. « C’est une affaire privée. »

« ... Qui a gagné ? » demanda Saya.

« Il y a eu des interférences et donc le duel a été déclaré nul, » annonça Julis.

« ... C’est très drôle, » déclara Saya.

« Qu’est-ce que vous dites ? » demanda Julis.

« Si vous aviez vraiment combattu Ayato, vous ne devriez pas être en un seul morceau, » annonça Saya.

La remarque inattendue de Saya avait pris Julis au dépourvu. Elle se demandait si Saya plaisantait, mais ses yeux étaient vraiment très sérieux.

« Vous ne devez pas avoir une très haute opinion de moi, » déclara Julis.

« Vous êtes très forte, Riessfeld. Je le sais, » lui avait dit Saya, calme et direct. « Mais au mieux, vous êtes au même niveau que moi. Mais c’est insignifiant face à Ayato. »

Entendant cela, exposée comme si c’était une vérité si évidente, Julis sentit son cœur se serrer.

« Oh ? » répondit-elle. « Il s’agit là d’une déclaration bien audacieuse. »

L’air était tendu à l’extrême en ce moment.

D’après ses souvenirs, le nom de Saya ne figurait pas dans le Tableau Nominatif. Et Julis avait gardé une trace des autres élèves de sa classe. Ne parlant jamais beaucoup aux autres, elle ne pouvait pas être sûre, mais elle ne pensait pas que Saya avait même participé aux matchs de classement officiel.

Bien sûr, les classements n’étaient pas le seul indicateur de force. Julis elle-même l’avait dit à Ayato tout à l’heure. Et il y avait bien plus qu’un petit nombre d’étudiants qui n’aimaient pas assez avoir l’attention sur eux qu’ils gardaient leurs capacités cachées jusqu’à juste avant la Festa.

Quoi qu’il en soit, ce n’était pas une insulte que Julis pouvait négliger.

« Très bien. Voulez-vous me tester ? » demanda Julis.

Sans un mot, Saya s’était levée et avait placé une certaine distance entre elles.

Julis, interprétant cela comme un assentiment, se leva et posa sa main sur l’écusson de son école.

« Moi, Julis-Alexia von Riessfeld, je vous défie, Saya Sasamiya, lors d’un —, » Julis avait commencé, mais elle avait instinctivement sauté vers l’arrière.

Moins d’une demi-seconde plus tard, il y avait un son léger et sec alors que plusieurs flèches de lumière volaient l’une après l’autre avant de se planter dans le banc.

C’était une attaque latérale. Donc, cela ne venait pas de Saya, mais — .

« La fontaine !? » Julis n’avait aucune idée depuis combien de temps la personne était là, mais un tireur d’élite vêtu de noir se tenait jusqu’à la taille dans l’eau, tenant une arme Lux en forme d’arbalète. « Hmph. Est-ce une autre embuscade ? »

C’est probablement le même coupable que la dernière fois, pensa-t-elle. Avec un rire moqueur, Julis concentra son prana et fit jaillir le feu de l’intérieur.

« Épanouissez-vous en une fleur — Longiflorum ! » Elle avait généré la lance de feu alors qu’elle était en l’air et l’avait relâchée sur sa cible en atterrissant.

C’était une contre-attaque parfaitement chronométrée, mais la lance flamboyante qui aurait dû empaler sa cible avait été interceptée par une ombre sombre qui avait sauté sur sa trajectoire.

« Un autre... ! Mais — quelqu’un capable de repousser mes flammes... ? » s’exclama Julis.

Comme le tireur d’élite, le nouveau venu était également vêtu de noir. Le Lux géant en forme de hache qu’il portait des deux mains devait servir de bouclier.

À en juger par leur manque commun de jugement vestimentaire, ils devaient travailler ensemble. Celui qui s’était caché dans la fontaine était plutôt trapu, tandis que le second était un géant musclé d’un homme de plus de six pieds de haut.

Ce physique et le choix de l’arme lui rappelaient quelqu’un — mais ce n’était pas le moment de découvrir qui. Considérant à quel point ils cachaient bien leur présence, ce n’étaient pas des ennemis à prendre à la légère. Julis pouvait obtenir toutes les réponses dont elle avait besoin après les avoir vaincus.

Mais juste au moment où elle était sur le point de concentrer son prana pour attaquer — .

« ... Boom. »

Et le géant s’était mis à voler sur le côté en raison d’une explosion secouant la terre. Il avait parcouru une quarantaine ou une cinquantaine de pieds avant de tomber au sol en vrille, puis était resté couché sur le sol, complètement immobile.

« Qu... ? » En se plaçant face au vent provoqué par l’explosion, Julis avait été stupéfaite de voir Saya avec un énorme canon, plus grand que sa propre carrure. Il était difficile de dire, en fait, si Saya tenait l’arme à feu ou si elle y était attachée.

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda Julis.

« Lux type trente-huit, le Modèle Lance-grenades, Helnekraum, » répondit Saya.

« Voulez-vous dire qu’il balance des grenades... ? » demanda Julis.

Saya hocha la tête et elle déplaça la bouche du canon vers la fontaine. « ... Explosion. » Le canon avait faiblement brillé. Son prana augmenta dramatiquement et il se déversa dans l’énorme canon. La manadite s’était mise à briller encore plus intensément. Cela ne peut être que...

« Technique de Météores !? » demanda Julis.

L’assaillant se précipitait hors de la fontaine, essayant de s’enfuir — trop tard.

« ... Kaboom. » Alors que Saya avait lâché un murmure plutôt qu’un cri, le projectile de lumière explosa au moment du contact avec sa cible.

Un rugissement assourdissant avait retenti et la fontaine fut anéantie. L’eau jaillissait de la base de la fontaine et cela tombait sur l’environnement comme une douche surdimensionnée.

 

 

L’ampleur de l’explosion pourrait être comparable à celle de mon Amaryllis, pensait Julis, mais c’était supérieur en puissance destructrice pure. « Vous êtes plus violente que vous n’en avez l’air. »

« ... Mais pas autant que vous, Riessfeld, » répliqua Saya.

Julis n’avait aucune réplique pour ça.

« Je ne vais pas vous remercier, » déclara Julis à la place. « J’aurais pu m’en occuper moi-même. » Les attaquantes étaient douées, oui, mais elle avait confiance en sa capacité à les repousser.

« Pas besoin. Ils étaient justes sur notre chemin, » répondit Saya d’une manière brutale, puis se tourna vers Julis. « ... Pouvons-nous continuer ? »

Julis avait été confuse pendant un moment, puis elle avait failli éclater de rire quand elle avait réalisé que Saya voulait parler de leur duel. « Non, je passe mon tour. Vous êtes vraiment forte. Je m’excuse de vous avoir sous-estimée. »

« ... Dans ce cas, c’est bon, » aussi facilement que ça, Saya avait désactivé son Lux.

Je ne suis probablement pas du genre à pouvoir en parler, se dit Julis, mais cette fille est elle aussi bizarre.

« Alors, devrions-nous remettre ces mécréants au Comité de Discipline ? » demanda Julis.

Comme si cela avait été un signal, une silhouette vêtue de noir avait émergé des décombres, poussant son chemin hors des décombres. Julis et Saya prirent rapidement des positions de combat à nouveau, mais l’attaquant étonnamment agile disparaissait déjà dans les bois. Puis elles avaient remarqué que le géant n’était lui aussi plus là.

« Solide, n’est-ce pas ? » dit Julis.

« ... Je suis stupéfaite, » répondit Saya.

En raison de la force de cet impact, un adversaire ordinaire aurait même eu de la difficulté à se déplacer.

« On ne peut pas faire grand-chose maintenant qu’ils se sont enfuis. Si nous les pourchassons sans faire attention, nous risquons de tomber dans un piège. Bref, Sasamiya, vous avez détruit les biens de l’école. Vous devriez le signaler, » déclara Julis.

« ... Moi ? » demanda Saya.

« Oui, vous. Vous avez fait exploser la fontaine, » déclara Julis.

« ... Trop d’ennuis. Je vous laisse faire, Riessfeld, » répliqua Saya.

« Pourquoi moi ? Tout cela est grave, » déclara Julis.

« Hé ! » Alors que les deux filles s’envoyaient la balle, Ayato était venu en courant de la direction des bâtiments du lycée. « J’ai entendu ce bruit énorme et... attendez, wôw — ! Qu’est-ce qui s’est passé ici !? » s’exclama-t-il, en voyant la fontaine pulvérisée.

« Il s’est passé quelque chose. Pas vrai, Sasamiya ? » demanda Julis.

« ... Oui. Il s’est passé quelque chose, » déclara Saya.

Ce n’était pas vraiment une explication. Mais aucune d’elles n’avait voulu se donner la peine d’expliquer dès le début. Alors ils avaient laissé la zone dans cet état.

« Je ne suis pas sûr de ce qui s’est passé, mais... argh ! » Ayato regardait autour de lui, perplexe, quand son visage était soudainement devenu écarlate et qu’il avait regardé maladroitement sur le côté.

Julis pencha la tête vers le sol — et elle avait immédiatement compris.

Tout ce qui se trouvait à proximité était complètement imbibé d’eau provenant des vestiges de la fontaine. Julis et Saya n’avaient nullement fait exception. C’est ainsi que le tissu fin de leurs uniformes d’été s’accrochait étroitement à leur peau et, bien sûr, il était devenu entièrement translucide.

Dans la panique, Julis baissa les yeux pour voir que ses sous-vêtements étaient bien visibles.

« Quoi — ? Vous — n’osez pas regarder ! Vous me le paierez si vous ouvrez les yeux ! » s’écria Julis.

« Je ne regarde pas ! Je ne regarde pas ! » répéta Ayato.

« Hmm, transparent. C’est très érotique, » déclara Saya.

« Arg, Sasamiya ! Couvrez-vous ! Attendez, pourquoi ne portez-vous pas de soutien-gorge ? » Les yeux de Julis s’étaient écarquillés en raison de la surprise lorsqu’elle s’était tournée vers Saya, dont l’uniforme s’accrochait aussi à son corps.

Toutes les deux étaient trempées de la même manière — mais il y avait une différence fatale entre elles.

 

 

« ... C’est triste à dire, mais je n’en ai pas encore besoin, » déclara Saya.

Face au ton tout à fait imperturbable de Saya, Julis serra la tête dans la consternation. « Quoi qu’il en soit, allons nous chercher quelque chose pour nous couvrir ! Maintenant ! »

« Euh — c’est vrai ! » déclara Saya.

Ce n’était qu’une question de temps avant que le bruit provoqué par l’explosion d’une fontaine n’oblige tous les étudiants de l’Académie Seidoukan à se rassembler.

Tandis qu’elle regardait Ayato ne pas réagir quant à la situation, Julis poussa un terrifiant soupir.

***

Chapitre 5 : Le Ser Veresta

Partie 1

Le lendemain, Ayato s’était rendu au Bureau du Conseil des Étudiants pour effectuer le test de compatibilité avec l’Orga Lux. Claudia l’avait accueilli avec le sourire.

« J’ai entendu ce qui s’est passé hier, Ayato, » déclara Claudia.

La nouvelle que Julis avait été attaquée à nouveau avait été rapportée au Comité de Discipline le même jour. Naturellement, Claudia l’avait également appris.

L’histoire faisait aussi l’actualité du Net, mais chaque reportage parlait de « Julis repoussant les attaquants mystérieux ». Il n’y avait aucune mention du nom de Saya ou même du fait que quelqu’un d’autre avait été là. Il semblerait que les élèves de la Première Page aient reçu un traitement différent de celui de leurs pairs non classés.

Eh bien, la façon dont les choses fonctionnent ici est assez simple, pensa Ayato.

« Penses-tu que les attaquants seront appréhendés ? » demanda-t-il.

« Hmm — pour être franche, je ne suis pas très optimiste, » répondit-elle. « Nous avons demandé au Comité de Discipline de mener une enquête complète, mais il n’y a pas beaucoup de preuves. »

« Même dans Asterisk, il est évident que c’est un crime, n’est-ce pas ? La police ne devrait-elle pas s’en occuper ? » demanda Ayato.

Après tout, le Comité de Discipline n’était qu’une organisation étudiante. Un organisme d’enquête doté d’une autorité officielle devait être mieux adapté à la tâche.

« C’est la partie difficile, » avait dit Claudia. « Il y a bien une organisation à Asterisk qui agit en tant que force de police — le Stjarnagarm. Mais ils sont trop bons dans leur travail. »

« Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » demanda Ayato.

« Leur compétence se limite à la zone urbaine d’Asterisk et ne s’étend pas aux propriétés des six écoles — du moins, c’est ainsi que toutes les écoles interprètent la loi. Les écoles ne les autorisent pas sur le campus, sauf dans des circonstances extrêmes, » déclara Claudia.

L’opinion des écoles était l’opinion des fondations d’entreprises intégrées, et cette dernière était la loi dans Asterisk. Ce qui signifie que tant que les écoles ne le permettaient pas, même ce soi-disant Stjarnagarm ne pouvait pas mettre un seul pied sur le campus.

« Je suppose que tu ne voudrais qu’ils fouillent que là où ça ne fait pas mal, » avait dit Ayato.

« Nous ne voulons pas qu’ils fouinent précisément parce que cela ferait mal, » avait admis Claudia. « Si ça ne tenait qu’à moi, je demanderais leur aide. Mais dans ce cas, mon autorité a peu de poids. Si seulement Julis était plus coopérative, nous aurions plus d’options à notre disposition... »

« Bon sang. Je ne sais pas pourquoi elle est si têtue, » déclara Ayato.

Après avoir signalé l’incident au Comité de Discipline, Julis avait rejeté toute autre participation. Elle était convaincue qu’elle n’avait besoin de l’aide de personne. Le comité avait même offert une équipe de sécurité personnelle, mais Julis avait refusé : « Des gardes du corps plus faibles que moi ne seraient d’aucune aide. »

« Cette fille fait probablement tout ce qu’elle peut pour protéger ce qu’elle tient dans ses mains, » avait dit Claudia. « Peut-être qu’elle pense que si elle essayait de saisir autre chose, elle laissera tomber ce qu’elle tient maintenant dans ses mains. »

« Tenant... dans ses mains... ? », demanda Ayato.

« Eh bien, c’est un tout autre sujet. En tout cas, je ne peux pas négliger cette affaire. C’est pourquoi je voulais te demander une faveur —, » quand Claudia s’était penchée vers l’avant, un coup sec à la porte avait retenti. « Oh, je m’excuse. J’avais oublié que nous attendions un autre visiteur. Nous continuerons plus tard. »

Claudia actionnait les commandes à son bureau, et la porte s’était ouverte pour laisser entrer un groupe auquel Ayato ne s’attendait pas. Le sentiment était réciproque, car les nouveaux venus le regardaient tous avec des visages surpris.

« Le fait de lancer une procédure pour l’utilisation d’Orga Lux est un processus assez lourd, donc je voulais le faire en une seule fois si c’était possible. Maintenant, laisse-moi te présenter..., » son offre amicale de présentations était, en vérité, complètement inutile.

Les visiteurs n’étaient autres que Lester et ses acolytes.

Claudia avait rapidement remarqué la tension entre eux et elle avait incliné sa tête avec interrogation. « Oh, est-ce que par hasard, vous vous connaissez déjà ? »

« Eh bien, d’une certaine manière, » marmonna Ayato.

« Qu’est-ce que tu fais ici ? » Randy, le rondouillard, désignait Ayato du doigt, la mâchoire relâchée.

Quant à Lester, il avait fait un regard irrité sur Ayato puis il avait évité tout contact visuel.

« Ayato et Monsieur MacPhail feront le test de compatibilité aujourd’hui. Vous deux, » déclara-t-elle en s’adressant aux acolytes, « Vous ne pouvez pas entrer dans le caveau — comme vous le savez, je crois. Est-ce que c’est clair ? »

« Oh. Oui, bien sûr, » le mince, Silas, hocha la tête.

« Commençons dès maintenant, » grogna Lester. « Je n’ai pas toute la journée. »

Claudia gloussa légèrement. « Si impatient. Mais je suis d’accord pour dire que nous devrions utiliser notre temps efficacement. Alors, on y va ? » Elle s’était levée et avait ouvert la voie pour sortir du Bureau du Conseil des Étudiants.

Alors qu’ils marchaient dans le couloir éblouissant, Ayato posa à Claudia la question qu’il avait à l’esprit depuis un certain temps. « Alors, quelle est la procédure pour pouvoir sortir un Orga Lux ? »

« Oh, la procédure elle-même est simple. Nous mesurons le taux de compatibilité avec l’Orga Lux de ton choix, et s’il dépasse quatre-vingts pour cent, il te sera prêté, » déclara Claudia.

« Est-ce tout ? » demanda Ayato.

« Oui, » répondit Claudia.

Cela semblait contraire aux attentes. Les cristaux d’urm-manadite dans les noyaux d’Orga Lux avaient une valeur supérieure à toute somme d’argent. Ayato se demandait si cela avait beaucoup de sens de prêter de tels objets à des étudiants avec une telle légèreté.

« Hehe. Tu ne sais vraiment rien du tout, » déclara Lester, tout près d’Ayato. « Se voir confier un Orga Lux est plus facile à dire qu’à faire. Pour commencer, ce n’est pas n’importe qui qui peut faire une demande. Tu dois être très bien classé ou bien combattre lors d’une Festa... ou être titulaire d’une bourse spéciale. Et puis tu ferais mieux d’espérer que tu as la chance de rencontrer un Orga Lux avec un taux de compatibilité supérieur à quatre-vingts pour cent. Et même si tu as le droit d’en utiliser un, la question de savoir si tu peux bien l’utiliser est une tout autre question. »

La cote de compatibilité était une estimation de la capacité d’un individu à tirer parti de la puissance d’un Orga Lux. Contrairement aux Luxs ordinaires, qui pouvaient être activés et contrôlés par n’importe qui, les Orga Luxs étaient délicats et plus difficiles à maîtriser.

L’urm-manadite était une manadite d’une pureté extraordinaire capable de générer, dans une certaine mesure, des pouvoirs spéciaux semblables à ceux de Stregas et de Dantes. Le test de compatibilité allait servir à déterminer si un utilisateur pouvait exercer pleinement ces pouvoirs. En fin de compte, il s’agissait de l’aptitude individuelle, et aucun effort de la part de l’utilisateur ne pouvait changer la valeur de base.

« Considérant que vous essayez pour la troisième fois, vos paroles ont un certain poids, » avait fait remarquer Claudia.

Lester avait parlé avec vantardise, mais à ce moment-là, il avait grogné et craché, « Je l’aurai cette fois-ci. »

« Ouais, Lester ! Tu n’as pas eu de chance précédemment, » dit Randy. « Tu y arriveras cette fois, c’est sûr ! »

« Hehe. Bien sûr que si, » déclara Lester.

La flatterie semblait un peu forcée, mais c’était suffisant pour rétablir l’humeur de Lester.

« Vous pouvez donc essayer autant de fois que vous le souhaitez ? » demanda Ayato.

« Avec la permission, oui, » avait dit Claudia. « Ça ne sert pas à grand-chose que l’école laisse un Orga Lux inutilisé. Bien qu’il soit toujours vrai que le processus de sélection est strict — à moins que vous ne soyez une Première Page. »

C’est tout un avantage, pensa Ayato.

« Pourtant, même les privilèges de Première Page ont leurs limites. D’autres demandes peuvent être refusées si un candidat est jugé peu susceptible de trouver une correspondance, » déclara Claudia.

En peu de temps, ils étaient arrivés au département Matériel, situé sous le bâtiment du lycée, c’est-à-dire sous l’eau, car Asterisk était une île artificielle. Mais comme il n’y avait pas de fenêtres apparentes, cela ne faisait guère de différence sur le plan pratique.

Tandis qu’Ayato regardait avec curiosité autour de lui, marchant dans un couloir avec des gens en blouse de laboratoire qui semblaient être le personnel du département, une voix faible s’était soudain fait entendre derrière lui. « H-hey. Désolé pour l’autre jour. »

Il se retourna pour voir Silas debout là avec un sourire timide.

« Lester n’est pas un mauvais garçon, mais, euh... il peut être un peu capricieux..., » Silas inclina la tête en s’excusant, l’air décontenancé.

« Oh — non, c’est bon, » déclara Ayato.

« Et vous savez, Randy l’accompagne pour qu’ils puissent vous causer des ennuis plus tard... Je suis vraiment désolé. Hier, ils parlaient, et ça sonnait comme —, » déclara Silas.

« Hé, Silas ! Qu’est-ce que tu fais ? » demanda Lester.

« Ouais, viens par ici ! » s’écria Randy.

Lester et Randy lui criaient dessus d’un peu plus loin.

« O — Oui, monsieur ! » Silas s’inclina encore une fois devant Ayato, puis il se dépêcha de rattraper les deux autres garçons.

Il était clair que parmi les trois, Lester occupait le sommet de la hiérarchie et Silas était au bas de la hiérarchie. « Hmm, » marmonna Ayato, en assimilant ceci.

Au fond du département Matériel, il y avait un ascenseur qui les avait emmenés plus bas. Finalement, ils étaient arrivés à un espace dégagé qui ressemblait à une arène d’entraînement. Malgré le fait qu’ils étaient sous terre, le plafond était assez haut.

***

Partie 2

L’un des murs était recouvert d’un motif hexagonal et une partie du mur opposé était une grande fenêtre en verre. Au-delà du verre, il y avait plusieurs hommes et femmes en blouse de laboratoire qui, à en juger par leur âge apparent, n’étaient pas des étudiants, mais des employés du département. Randy et Silas se tenaient à leurs côtés, les regardant.

« J’y vais en premier, » avait annoncé Lester. « Des objections ? »

« Qu’en penses-tu, Ayato ? » demanda Claudia.

« Oh, euh, bien sûr. Allez-y, » déclara Ayato.

Ayato voulait simplement voir l’Orga Lux que sa sœur avait (ou aurait pu) utiliser. Cela n’avait pas d’importance quant à celui qui aurait tenté le premier le test.

Avec une main expérimentée, Lester avait manipulé le panneau de contrôle au bord du mur avec les hexagones. Un certain nombre d’énormes volets d’aération s’étaient ouverts, et il les avait regardés dans une sorte de sombre délibération.

Ayato regarda depuis une courte distance en arrière. « Qu’est-ce que c’est que tout ça ? » Il murmura ça à Claudia, qui se tenait à côté de lui.

« C’est un catalogue des Orga Luxs en possession de l’Académie Seidoukan. Ce nombre s’élève actuellement à vingt-deux. C’est le plus important des six écoles, » répondit Claudia en murmurant.

« Wôw ! » s’exclama Ayato.

« Le catalogue énumère le type d’arme, ainsi que son nom et sa puissance. Choisis-y celui pour lequel tu voudrais tester. Ceux qui apparaissent en gris sont actuellement utilisés par un autre étudiant — c’est-à-dire qu’ils ont déjà été empruntés, » expliqua Claudia.

« Donc ça veut dire, euh..., » Ayato avait commencé à compter ceux affichés en gris.

« Il y a actuellement sept étudiants qui utilisent Orga Lux, » avait dit Claudia en riant. « De ce nombre, quatre se trouvent être à la Première Page. »

Un tiers des étudiants de Première Page étaient des utilisateurs d’Orga Lux. C’est là une indication de la puissance de ces armes.

« D’accord. Celui-là, » Lester avait choisi une arme dans le catalogue et avait fermé les fenêtres.

Au même moment, l’une des marques hexagonales avait commencé à briller, changeant de place l’une après l’autre avec les hexagones adjacents, jusqu’à ce que la silhouette brillante arrive à l’endroit où se tenait Lester. Enfin, avec un grondement grave, l’hexagone avait sailli du mur. Ce qui semblait être des motifs sur le mur était des étuis de rangement.

« Quelle précaution idiote ! » déclara Claudia en riant.

« Idiote... ? » Ayato se sentait mal pour les gens qui avaient conçu le système de stockage, seulement pour que la présidente du Conseil des Étudiants s’en moque.

« Oh ? » Claudia avait haussé les sourcils. « Monsieur MacPhail — vous avez choisi le Ser Veresta, la Lame du Creuset Noir ? Voilà qui est intéressant... »

« Ser Veresta ? » répéta Ayato.

« Oui, un Orga Lux si puissant qu’il était craint par les autres écoles — “Tout ce qu’il touche fondra, et la terre ainsi empalée sera comme dans un creuset”, » avait expliqué Claudia.

« Cela... semble un peu trop dramatique, » déclara Ayato.

 

« Il a la puissance pour être à la hauteur d’une telle description. Eh bien, ce n’est pas là la question. Le truc, c’est que..., » Claudia s’arrêta avec un sourire désagréable. « Il s’agit de l’Orga Lux dont les enregistrements ont pu être modifiés. »

« Quoi !? » s’exclama Ayato.

Lester avait pris l’activateur de l’étui, puis il s’était dirigé vers le milieu de l’arène et avait fait un signal vers la fenêtre.

Ayato fixa son regard sur l’objet dans la main de Lester. « Alors c’est ça... celui que ma sœur aurait pu utiliser. »

En apparence, il n’était guère différent d’un activateur Lux ordinaire. La seule distinction qu’il aurait pu être décrit était la couleur du noyau de manadite. La manadite utilisée dans les Luxs était toujours verte, mais l’urm-manadite était disponible dans une variété de couleurs. Le noyau de l’activateur de la main de Lester brillait d’un rouge vif.

« Il est temps de commencer ! » Lester avait allumé l’activateur et la poignée avait commencé à se matérialiser, et elle était assez grande en soi. Sans interruption, la poignée s’était ouvert et une lame très lumineuse émergea.

Contre son épithète de « Lame du Creuset Noir », l’épée était d’un blanc presque translucide et pur. Cela ressemblait à une épée géante de lumière, ayant apparemment un seul tranchant.

Alors Ayato s’était penché pour obtenir une meilleure vue, son cœur avait bondi d’un seul battement violent. Un frisson le traversa comme s’il avait fermé les yeux face à un monstre inconnaissable. La sensation n’avait duré qu’un instant, puis elle avait disparu.

Qu’est-ce que c’était... ? Tandis qu’Ayato essayait d’en comprendre le sens, une voix retentit à partir des haut-parleurs au-dessus de la tête.

« Étalonnage terminé. S’il vous plaît, commencez. »

Au signal, Lester avait poussé un rugissement avec le Ser Veresta dans ses mains. « Yaaaaaaaargh ! »

Ayato pouvait dire que le prana de Lester augmentait violemment, mais il n’y avait pas d’énergie équivalente provenant du Ser Veresta.

« Votre taux de compatibilité actuel est de trente-deux pour cent. »

Lester était devenu rouge de rage face à l’annonce. « Je n’ai pas encore fini ! » Il hurlait avec les muscles de ses bras se gonflant sous l’effet de la force de sa prise en main, ses dents se serrant si fort qu’elles pourraient se fissurer. Il était l’incarnation même d’une volonté d’écraser n’importe quoi à sa manière avec une puissance écrasante.

Mais le Ser Veresta ne semblait pas s’en apercevoir. Puis il avait laissé échapper un flash soudain et vicieux de lumière qui avait fait voler le corps massif de Lester. Il avait crié en raison de la douleur et de la frustration.

Le Ser Veresta était resté en l’air — Ayato n’était pas sûr quant à la manière qu’il le faisait — et semblait regarder Lester avec mépris. On dirait qu’il annonçait qu’il venait d’écraser un insecte bruyant et ennuyeux.

« Il l’a rejeté, » murmura Claudia.

« C’est donc ce qu’ils veulent dire lorsqu’ils disent que les Orga Luxs ont leurs volontés propres..., » murmura Ayato.

« C’est exact. Nous n’avons aucun moyen de communiquer avec eux, et pourtant..., » répondit Claudia.

« Votre relevé global est de vingt-huit pour cent, » avait annoncé la voix provenant des haut-parleurs.

« Ce n’est pas fini ! » Poussé contre le mur, Lester s’était levé, sans se décourager, et avait repris en main le Ser Veresta.

« Je n’ai pas de problème avec cette sorte de... poursuite têtue de la force, » avait dit Claudia, « mais je doute qu’il réussisse à conquérir l’épée par la force. »

« Peux-tu dire tout ça ? » demanda Ayato.

« Eh bien, je suis moi-même un utilisateur d’Orga Lux, » déclara Claudia.

C’était une surprise pour Ayato.

« Monsieur MacPhail a également choisi un Orga Lux de qualité lors de sa tentative précédente et à la tentative précédente. Ces tests se sont déroulés à peu près de la même façon. Il est possible qu’ils puissent voir à travers son simple désir d’avoir n’importe quelle arme tant qu’elle est puissante. Je ne pense pas que ce soit un mode opératoire si terrible, mais..., » Claudia avait déplacé son regard et elle avait regardé vers Lester.

Il semblait vouloir imposer sa volonté au Ser Veresta. Chaque tentative n’avait fini que par le jeter contre le mur. « Merde ! Pourquoi !? Pourquoi ne veux-tu pas obéir ? »

« Il ne semble pas se soucier de son attitude. Mais je suppose que ce n’est guère surprenant, étant donné sa réputation d’être difficile à satisfaire, » déclara Claudia.

« Vraiment ? » demanda Ayato.

« C’est un Orga Lux qui est relativement vieux, mais il n’y a eu que deux étudiants qui ont été capables de l’utiliser — oh, trois, si on l’inclut, » déclara Claudia.

« Ma sœur a utilisé cette épée..., » murmura Ayato.

Lester ne pouvait même plus toucher le Ser Veresta. Il l’avait repoussé simplement pour s’être rapproché de lui.

« Votre taux de compatibilité est de dix-sept pour cent, » déclara la voix du haut-parleur.

Au fur et à mesure que ses résultats diminuaient, Lester n’avait nullement tenté de cacher sa frustration. « Fais ce que je te dis, bon sang ! » Alors qu’il essayait d’attraper l’épée en produisant un hurlement féroce, il avait été frappé avec encore plus de force que les autres fois. Après avoir été frappé si durement contre le mur, il s’était affaissé à genoux en pleine défaite alors qu’il lâchait un autre grognement furieux.

« Votre taux de compatibilité a changé dans une valeur négative ! Il n’est plus sûr de continuer le test. Nous devons vous demander d’arrêter ! » déclara la voix du haut-parleur.

« Oh, ce n’est pas bon. Il semble être vraiment offensé maintenant, » semblant inhabituellement nerveuse, Claudia avait fait un pas en avant, mais s’était ensuite arrêtée. Ayato avait compris immédiatement la raison. Le Ser Veresta, toujours flottant dans l’air, dégageait une chaleur intense. C’était comme être grillé par une flamme nue, même à une dizaine de mètres.

« Le sujet est hors de contrôle ! Veuillez évacuer immédiatement ! » la voix paniquée résonnait dans les haut-parleurs. « La chaleur dégagée par le sujet monte rapidement ! »

Cette dernière partie n’était pas nécessaire pour Ayato et Claudia, qui pouvaient le ressentir par eux-mêmes. Ils étaient sur le point d’être grillés vivants.

« Cette épée est censée stocker la chaleur dans sa lame, » expliqua Claudia. « Maintenant qu’il n’y a personne pour le contrôler, la chaleur semble s’échapper légèrement. »

« Est-ce que ce genre de choses arrive souvent ? » demanda Ayato.

« Parles-tu d’un Orga Lux en train de perdre le contrôle ? Non. J’en ai trouvé quelques archives, mais c’est la première fois que je le vois. On s’enfuit ? » demanda Claudia.

« J’adorerais, mais..., » répondit-il. La chambre ressemblait déjà à un sauna.

Pendant que la sueur coulait sur sa peau, Ayato pouvait le sentir — le Ser Veresta l’observait.

Et sa lame s’était abaissée puis elle s’était pointée droit sur lui.

Pour une raison inconnue, il le visait.

Si cela avait été une personne, il aurait pu essayer de parler pour s’en sortir, mais il faisait face à une épée. Il doutait de pouvoir le distraire avec des plaisanteries.

« Je n’ai pas le choix, » soupira-t-il.

Les yeux fixés sur la pointe de la lame, il concentra son prana. Ce faisant, il avait ressenti une douleur sourde qui tiraillait tout son corps, mais il ne pouvait pas laisser cela le ralentir.

Le Ser Veresta semblait tourner le regard d’Ayato, puis s’était précipité vers lui.

La lame l’avait attaqué avec une vitesse féroce. Ayato l’avait évité par la largeur d’un cheveu, et même en grimaçant face à sa chaleur extraordinaire, il avait tendu la main vers la poignée. Mais au moment où il avait essayé d’enrouler ses doigts autour de lui, le Ser Veresta s’était retourné en l’air et s’était déplacé pour trancher la poitrine d’Ayato.

Ayato avait quitté la trajectoire, mais pas avant que son uniforme n’ait été ouvert par le bord tranchant. « Puis-je être remboursé pour cela ? »

« Hé ! » Pendant une seconde, Ayato avait cru que Lester le réprimandait pour être passé outre lui, mais il avait rapidement vu que Lester avait l’intention de l’avertir.

En un éclair, le Ser Veresta s’était envolé jusqu’au plafond et s’était ensuite élancé tout droit vers Ayato. L’attaque venait précisément de son angle mort, mais Ayato s’était tordu, comme s’il savait qu’il venait à ce moment-là. Lorsque le Ser Veresta lui était passé devant, il avait saisi la poignée comme s’il s’agissait de la queue d’un animal.

« Aïe ! » Comme il pouvait s’y attendre, la poignée était insupportablement chaude. Il pouvait sentir sa chair brûler alors même qu’il concentrait son prana pour protéger la paume de sa main.

Pourtant, Ayato n’avait pas relâché son emprise. En un seul mouvement, il avait enfoncé la lame de Ser Veresta dans le sol. « Désolé, mais je n’aime pas qu’on me poursuive — comme ce que tu fais. »

Ce même instant, la chaleur qui avait rempli la pièce s’était dissipée d’un coup. Le Ser Veresta, lui aussi, s’était complètement arrêté — presque comme si rien ne s’était produit avant ça. Ayato avait poussé un soupir de soulagement.

Pendant que tout le monde regardait dans un silence épouvantable, Claudia seule l’applaudissait. « Très impressionnant, Ayato. Bien joué. Avez-vous une lecture de son taux de compatibilité ? »

Les membres du personnel du département étaient restés figés sous le choc pendant quelques instants avant de se rendre compte que Claudia s’était adressée à eux. Ils se précipitèrent sur leur mesure et quelqu’un annonça : « Q-Quatre-vingt-dix-sept pour cent ! »

« Merci, » Claudia hocha la tête en signe de satisfaction, puis se tourna vers Lester. « Vous avez entendu les chiffres. C’est un résultat malheureux pour vous, mais j’espère que vous n’avez pas d’objections ? »

Lester fixa Ayato, incapable de croire ce qu’il avait vu. Finalement, il s’était mordu la lèvre inférieure en raison de la frustration et avait cogné ses poings contre le sol.

***

Partie 3

« Voilà. C’est fini, » Claudia avait libéré avec douceur la main droite d’Ayato, après avoir appliqué de la pommade et des bandages sur ses brûlures. « Mais es-tu sûr de ne pas vouloir aller à l’infirmerie du campus ? Ils seront en mesure de mieux te traiter. »

« Non, c’est très bien ainsi. Merci, » Ayato avait serré son poing et il n’avait presque pas ressenti de douleur. Ça piquait un peu, mais il fallait s’y attendre.

« D’accord, si tu le dis..., » déclara Claudia.

Ayato et Claudia étaient de nouveau dans le Bureau du Conseil des Étudiants. Elle l’avait pratiquement traîné ici pour le panser, puisqu’il s’était brûlé la main en saisissant le Ser Veresta.

Ils étaient assis côte à côte sur le canapé. Pour une raison ou pour une autre, elle se penchait de très près, ce qui l’avait quelque peu agité, mais il lui avait demandé quelque chose qu’il avait en tête. « Est-ce que je peux vraiment l’utiliser ? »

Après ce tumulte, le Ser Veresta avait été officiellement confié aux bons soins d’Ayato. Cependant, le processus d’enregistrement prendrait deux ou trois jours de plus, et donc l’épée n’était pas encore en sa possession.

« Personne ne s’opposerait à un taux de compatibilité de quatre-vingt-dix-sept pour cent. Préférerais-tu autre chose que le Ser Veresta ? » demanda Claudia.

« Non, il s’agit de l’épée que ma sœur aurait pu utiliser, alors j’étais curieux. C’est juste que, eh bien..., » répondit Ayato.

« Est-ce au sujet de Monsieur MacPhail ? » demanda Claudia.

Ayato hocha la tête, se souvenant du regard excessivement frustré de Lester quand ils étaient partis. « Je me sens mal d’avoir fini par lui soustraire l’épée devant son nez. »

« C’est tout simplement la façon dont les choses se déroulent, » répondit Claudia. « La concurrence est la nature même de cette ville. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de place pour l’amitié et la coopération, mais il faut l’accepter quand quelqu’un d’autre en sort vainqueur. »

« J’espère que Lester le voit comme ça aussi, » depuis leur première rencontre, Ayato avait eu l’impression que l’autre élève ne pensait pas en bien de lui.

« Est-ce qu’il s’est passé quelque chose entre vous deux ? » demanda Claudia.

« Techniquement, c’était entre lui et Julis, et pas moi..., » Ayato avait expliqué l’échange entre Lester et Julis de l’après-midi précédent.

« L’obsession de Monsieur MacPhail pour Julis est bien connue, » déclara Claudia.

« Je ne peux rien y faire si Lester m’en veut, » avait dit Ayato. « Mais avec ce qui est arrivé à Julis hier, je ne veux pas que cela lui cause encore plus d’ennuis. »

« Penses-tu que Monsieur MacPhail est celui qui a attaqué Julis ? » demanda Claudia.

Ayato avait souri maladroitement face à la question très précise. « Je n’ai pas dit ça... Bien sûr, le gars qui a attaqué Julis hier était aussi massif que Lester, mais ce n’est pas correct de le traiter comme un suspect sur cette seule base. »

« Mais ne conviendrais-tu pas qu’il a le mobile ? » demanda Claudia. « C’est un fait bien connu qu’il a des sentiments bien moins qu’amicaux envers elle après avoir perdu contre elle à plusieurs reprises, » déclara Claudia.

« C’est bien pourquoi je pense que ce n’est pas lui, » déclara Ayato. « Lester n’a pas vraiment de rancune contre Julis — il veut juste la battre ou peut-être lui faire admettre qu’il est fort. Donc il n’y a pas de raison pour se faufiler et lui tirer dessus. Je pense que le moment venu, il veut la défier de front, devant de nombreux témoins. »

« Alors pourquoi penses-tu que ce qui s’est passé aujourd’hui pourrait causer des ennuis à Julis ? » demanda Claudia.

« Celui qui est derrière les attaques semble choisir avec soin ses opportunités, » répondit Ayato. « Je suppose que c’est naturel — Julis est forte, et il y a de fortes chances qu’il ne puisse pas la battre dans un combat loyal. Mais si elle se bat déjà, même quelqu’un d’aussi fort que Julis doit se concentrer sur l’adversaire devant elle. »

« C’est l’occasion parfaite pour eux de frapper, » déclara Claudia.

« C’était la même chose quand elle était dans le duel contre moi, et hier, elle a été attaquée alors qu’elle était sur le point de faire un duel avec Saya, » expliqua Ayato. « J’avais peur que si Lester avait encore plus de motivation pour combattre Julis, cela puisse la mettre encore plus en danger. »

« Je vois... C’est très perspicace, » Claudia hocha la tête, l’air impressionné.

Elle ressemblait à une enseignante faisant l’éloge d’un élève qui avait bien réussi, et Ayato était convaincu que la comparaison n’était pas loin. Elle a probablement déjà compris tout ça.

Alors qu’il réfléchissait à cela, Claudia s’était assise plus droit et elle se tourna vers lui.

« Ayato, j’aimerais te demander une faveur. Je suis persuadée que tu es la bonne personne pour la tâche. Pourrais-tu me retrouver ce soir ? » demanda Claudia.

« Hein ? Bien sûr, mais ne peux-tu pas me demander maintenant ? » demanda Ayato.

« Non. Cela exige un certain niveau de secret. Je te contacterai plus tard pour te faire savoir l’heure et le lieu exacts, » répondit Claudia.

Il semblait étrange selon le point de vue d’Ayato qu’elle insiste tant sur le secret alors qu’il n’y avait qu’eux dans la pièce.

« On dit que les murs ont des oreilles et les portes ont des yeux, » poursuit Claudia, comme si elle avait lu son esprit. « Cet endroit est un maelström de stratagèmes et de supercheries. Ce n’est pas aussi sûr que tu pourrais le penser. »

 

***

 

Cette nuit-là, alors qu’il était presque l’heure de l’extinction des lumières pour les dortoirs, Ayato avait finalement reçu un appel sur son portable. Il ne voulait pas qu’Eishirou entende, alors il avait mis l’appel en attente et avait quitté le dortoir. Heureusement pour lui, il n’y avait pas de couvre-feu pour les élèves du lycée.

« Je m’excuse d’appeler si tard. J’ai dû assister à une réunion après notre discussion précédente, » il n’y avait pas de fenêtres affichées dans les airs. Elle avait donc dû passer un appel vocal uniquement.

« C’est correct pour moi. Mais n’est-ce pas un peu tard pour toi ? » Même s’il n’y avait pas de couvre-feu, ce n’était pas une heure où les filles marchaient seules dehors.

« Un petit peu. Donc j’espérais que je pourrais te demander de venir ici, » répondit Claudia.

« Où est-ce “ici” ? » demanda Ayato.

« Ma chambre, » répondit Claudia.

« Ta chambre, dans le dortoir des filles ? » demanda Ayato.

« Tout à fait. Je suis au dernier étage, côté sud-est. Je laisserai ouverte la fenêtre, alors viens par là, » avait-elle dit comme si c’était tout à fait normal.

« En vérité, j’ai eu de gros problèmes pour avoir fait ça auparavant..., » la dernière fois, il ne savait pas que c’était un dortoir réservé aux filles. Cette fois-ci, il n’aurait pas l’excuse de l’ignorance.

« Ne t’inquiète pas pour ça. Contrairement à Julis, je ne te défierai pas en duel, » déclara Claudia.

« Je pense que tu n’as pas compris le sens, » la présidente du Conseil des Étudiants qui enfreignait les règles ne pouvait que produire un exemple problématique.

« Je t’attendrai, » déclara Claudia.

« Hé — un instant ! Claudia !? » s’écria Ayato.

Elle lui avait déjà raccroché au nez. De plus, bien évidemment, elle n’avait pas décroché quand il avait essayé de la rappeler. Ayato ressentait le besoin de se coincer le visage dans ses mains, mais il ne pouvait pas faire semblant de ne pas l’avoir entendue.

Parfois, c’est difficile de dire ce qu’elle veut vraiment, mais Claudia est quelqu’un en qui je peux avoir confiance... du moins, je pense, pensa Ayato.

Résigné, Ayato décida de se rendre au dortoir des filles. « Si Julis me voit, je suis mort cette fois... »

À première vue, le bâtiment semblait être léger sur le plan de la sécurité, mais il y avait une raison à cela. Le dortoir des filles de l’Académie de Seidoukan mettait moins l’accent sur la prévention des intrus que sur leur éloignement par la force.

Les mesures de sécurité ordinaires étaient insuffisantes pour éloigner des Genestellas. D’autre part, une sécurité trop serrée poserait un inconvénient pour les étudiants qui y vivaient. Le dortoir des filles avait résolu ce dilemme en améliorant le système de communication pour la surveillance du dortoir.

Les étudiants du dortoir pouvaient déclencher l’alarme d’un seul mot ou d’une simple pression sur un bouton. Le système était hautement personnalisable — par exemple, une étudiante pouvait régler une alarme pour alerter le surveillant du dortoir si la fenêtre de sa chambre était brisée, et une étudiante extrêmement prudente pouvait régler l’alarme pour qu’elle sonne si quelqu’un d’autre qu’elle entrait dans sa chambre.

Ainsi alerté, le surveillant du dortoir allait mettre en moyenne deux minutes pour arriver sur les lieux et rendre une justice rapide et impitoyable à l’intrus — pas de questions posées, pas d’excuses entendues.

Quand il avait entendu parler de ce système de sécurité, Ayato n’avait pas pu s’empêcher d’être reconnaissant que l’incident de l’autre matin ne se soit pas aggravé. Si Julis avait réglé ses options d’alarme différemment, Ayato aurait pu être la cible de cette justice. Mais il avait aussi entendu dire que Julis avait désactivé la plupart de ses réglages d’alarme, probablement parce qu’elle était convaincue qu’elle pouvait éloigner les intrus sans l’aide de la surveillance du dortoir.

« OK, il y a la chambre de Claudia, » se dit Ayato en arrivant au dortoir. « Il y a des prises pour mes pieds, donc ce sera plus facile qu’avant, mais ça me donne vraiment l’air d’un dégénéré... »

Il s’était rapproché, essayant de rester hors de vue, puis s’était servi des rares points d’appui pour se frayer un chemin jusqu’à l’étage supérieur. S’aplatissant contre le mur comme un gecko, il s’était frayé un chemin jusqu’à la chambre.

Il frappa légèrement à la fenêtre et la trouva déverrouillée, comme Claudia l’avait dit.

Une faille possible dans cette configuration de sécurité était que les étudiants pouvaient inviter n’importe qui s’ils le souhaitaient. Il fallait se demander ce que cela signifiait en ce qui concerne la conduite appropriée pour les étudiants de leur âge, mais la surveillance des dortoirs n’avait apparemment pas pour but de s’impliquer dans les affaires privées des étudiants.

« Claudia ? J’arrive, » avait appelé Ayato. Il n’y avait pas obtenu de réponse.

Comme ce n’était pas facile de continuer à s’accrocher au mur extérieur comme ça et que ce n’était pas sans danger d’être vu, il était entré timidement dans la pièce.

L’endroit était décoré avec style et c’était beaucoup plus grand que la chambre qu’il partageait avec Eishirou, plus comme une suite dans un hôtel de luxe qu’une chambre de dortoir. L’ameublement était de bon goût jusqu’au plus petit accessoire, reflétant le sens esthétique de son occupante.

Cependant, cette occupante n’était pas visible. « Elle ne peut pas être allée dehors..., » murmura-t-il.

Il y avait une autre pièce là, probablement la chambre à coucher. Pourrait-elle être là-dedans ? Juste au moment où Ayato était sur le point de jeter un coup d’œil là-bas à contrecœur, la porte de l’autre côté de la pièce s’était ouverte avec un petit bruit.

« Oh, tu es déjà là. Excuse-moi — j’étais sous la douche, » déclara Claudia.

Ayato ne savait pas trop quoi dire. Claudia était couverte d’un flot de vapeur montante. À part cela, elle n’était vêtue que d’une unique serviette de bain qui enveloppait d’une manière très lâche son torse. Ses seins généreux semblaient pouvoir surgir de là à tout moment. La serviette était bien trop petite pour ses courbes, exposant ses cuisses souples à un degré de hardiesse. Sa peau rougeâtre ne faisait qu’ajouter à son charme féminin déjà excessif.

***

Partie 4

« Je vais aller m’habiller. Fais comme chez toi, mets-toi à l’aise, » des gouttes d’eau scintillaient dans ses cheveux mouillés. Claudia traversa tranquillement sa chambre jusqu’à sa chambre à coucher, passant juste devant un Ayato pétrifié.

Comment suis-je censé me sentir chez moi dans cette situation ? Ayato voulait crier, mais vu que c’était lui qui s’était faufilé, il ne pouvait pas dire grand-chose. À ce moment-là, il était douteux de toute façon que sa voix ait fonctionné à la convaincre.

« Désolée de t’avoir fait attendre, » avait-elle crié au bout d’un moment. « Viens par ici, s’il te plaît ? »

« ... D’accord, » Ayato avait suivi la voix provenant de la chambre à coucher jusqu’à arriver dans la pièce.

Claudia était assise sur le lit, maintenant drapée uniquement d’un peignoir, ce à quoi Ayato aurait pu s’attendre.

« Tu es... peut-être un peu trop décontractée, » commenta-t-il.

« Je suis toujours comme ça chez moi, » répondit Claudia.

Ayato ne savait pas trop où regarder. Mais tout ce qu’il pourrait dire à ce sujet tomberait dans l’oreille d’une sourde.

Alors qu’il s’asseyait sur le canapé avec un soupir, Claudia versa un liquide de couleur rubis dans un verre qu’elle avait préparé. « Il y en a suffisamment pour toi aussi. Aimerais-tu en avoir ? »

« Je ferais mieux de ne pas demander ce que c’est, n’est-ce pas ? » demanda Ayato.

« C’est très sage de ta part, » dit-elle en rigolant.

Ayato avait poliment refusé. « Ta chambre est assez grande. Est-ce l’un des avantages d’être présidente du Conseil des Étudiants ? » Il avait demandé ça, en regardant dans la pièce — et en faisant de son mieux pour ne pas trop regarder vers elle.

« Non, cela a plus à voir avec le fait d’être une combattante de haut rang qu’avec mon poste de président. Les étudiants de Première Page bénéficient de chambres comme celle-ci, ainsi que d’un traitement spécial en matière financière, » répondit Claudia.

« Oh, tu es également une Première Page, Claudia ? » demanda Ayato.

Claudia lui avait offert un sourire attristé. « Ayato, tu es si cruel. Tu pourrais montrer un peu plus d’intérêt pour moi. »

« D-Désolé, » déclara-t-il.

« Eh bien, peu importe... Quoi qu’il en soit, être président d’un Conseil des Étudiants, c’est beaucoup de problèmes sans grand-chose en retour, » expliqua Claudia.

« Alors pourquoi as-tu accepté d’être présidente ? » demanda Ayato.

« Parce que j’aime les problèmes, » elle avait ri énigmatiquement et avait recroisé gracieusement ses jambes. Alors même que ses cuisses envoûtantes attiraient énormément son regard, Ayato s’était efforcé de détourner le regard loin d’elle et d’aller droit au but.

« Alors... est-ce que la faveur que tu voulais me demander a à voir avec ce genre de problèmes ? » demanda Ayato.

« Je suis bien contente que tu sois si perspicace. Jettes-y un coup d’œil, s’il te plaît, » Claudia avait touché son appareil mobile et plusieurs fenêtres s’étaient ouvertes dans les airs. Chacune d’elles montrait un élève différent, avec apparemment peu de choses en commun.

« Tous ces étudiants étaient inscrits à la prochaine édition de la Festa du Phoenix. Il n’y a pas de Premières Pages parmi eux, mais ils étaient tous assez bien classés dans le Tableau Nominatif. Et on s’attendait à ce qu’ils s’en sortent tous bien, » expliqua Claudia.

« Tu parles au passé, » constata Ayato.

« Exactement. Chacun de ces étudiants a dû se retirer récemment à cause d’une blessure, » avait répondu Claudia en soupirant et en fermant les fenêtres.

« Et cela s’est fait pour des raisons différentes, » continua Claudia. « Un accident pour l’un d’eux, une blessure dans un duel pour un autre... Dans une certaine mesure, les blessures sont assez courantes dans cette ville. Il s’agit de l’une des raisons pour lesquelles il nous a fallu tant de temps pour le remarquer. Mais après une inspection plus poussée, nous avons trouvé quelque chose de suspect au sujet des circonstances dans chaque cas. »

« Penses-tu qu’un tiers était impliqué ? Comme avec Julis ? » demanda Ayato.

« Oui. Aucun rapport n’indique qu’ils ont été la cible d’attaques directes, » répondit Claudia. « Mais quand tu t’es battu avec Julis, ils ont utilisé un tireur d’élite, cachant ainsi leur implication. Il est très probable que dans ces autres cas également, les attaquants ne se sont jamais révélés. »

Ayato resta un moment assis en réfléchissant. « As-tu des preuves ? »

« Non, aucune. Et les étudiants qui ont été attaqués n’ont pas voulu coopérer à l’enquête, » répondit Claudia.

« Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » demanda Ayato.

« Eh bien... c’est un problème propre à cette école, ou plutôt, aux Genestellas. Les élèves qui ont une certaine confiance en leurs capacités ont tendance à rejeter l’aide des autres, » répondit Claudia. « Il y en avait même un qui voulait s’en prendre seul aux coupables dès que ses blessures seraient guéries. »

« Je vois. C’est un problème..., » déclara Ayato.

« Ils pourraient réagir différemment si nous pouvions tout expliquer — mais nous ne pouvons pas non plus vraiment le faire, » déclara Claudia.

Ils veulent se charger de ce genre de problèmes exactement parce qu’ils pouvaient eux-mêmes gagner lors d’un combat contre leur agresseur, pensa Ayato. Bien sûr, il y avait des étudiants qui auraient laissé le Comité de Discipline les aider. Mais si les attaquants avaient ciblé des étudiants avec un certain type de personnalité, ils avaient soigneusement planifié les choses.

« C’est juste entre nous, mais le Comité de Discipline enquête sur Lester MacPhail en tant que suspect probable, » avait déclaré Claudia. « Lui et Randy Hooke n’ont pas d’alibi pour l’attaque de Julis hier. »

« Mais penses-tu que cela soit le cas ? » demanda Ayato.

« Non. Je pense la même chose que toi, » Claudia avait souri vivement.

« Silas n’est-il pas également suspect ? J’ai eu l’impression qu’ils étaient toujours ensemble, » demanda Ayato.

« Silas Norman a un alibi sans faille. Son colocataire et ses amis disent tous qu’il étudiait dans sa chambre au moment de l’attaque, » déclara Claudia.

« Oh... Dans tous les cas, avec si peu d’indices, nous ne pouvons pas être très proactifs, » déclara Ayato.

« Tu as raison. Mais nous avons une chose en notre faveur, » déclara Claudia en levant l’index. « Nous savons qui est leur prochaine cible. »

« ... Julis, » répondit Ayato.

« Oui. S’ils étaient prêts à attaquer n’importe qui, ils ne prendraient pas le risque d’être repérés, » déclara Claudia. « Et ils n’iraient pas jusqu’à cibler une Première Page. Cela signifie que le responsable s’en prend à des étudiants puissants, pleinement conscients de la difficulté de leur tâche. À partir de là, nous pouvons spéculer..., » Ayato s’était penché vers l’avant pour écouter. « ... Qu’ils travaillent pour une autre école. »

« Une autre école est-elle impliquée ? » demanda Ayato.

« Oui, et le coupable est l’un de nos étudiants. La plupart des attaques ont eu lieu sur notre campus, et il serait trop risqué pour les élèves d’une autre école de s’infiltrer, » répondit Claudia.

« Mais ce serait..., » commença Ayato.

Les six écoles qui rivalisaient pour obtenir la suprématie dans Asterisk — L’Académie Seidoukan, l’Académie Sainte de la Gallardworth, l’Institut Noire Le Wolfe, l’Institut Sept Jie Long, l’Académie d’Allekant et l’Académie pour Jeunes Dames Queenvale — n’étaient pas exactement en bons termes entre elles.

C’est tout à fait naturel étant donné qu’ils sont tous en compétition, pensa Ayato. Mais cela n’est-il pas en dehors de la loi ?

« Bien sûr, une telle conduite ne peut pas être permise, » avait dit Claudia. « Inutile de dire que c’est également prohibé par la Stella Carta. Mais il y a beaucoup d’exemples du passé, et la vérité est que chaque école est prête à recourir à de telles mesures si elle le juge nécessaire. »

Un léger froncement de sourcils était apparu sur le visage d’Ayato. La présidente du Conseil des Étudiants venait de lui dire que l’Académie Seidoukan pourrait prendre des mesures similaires.

« En ce qui concerne le cas présent, nous pouvons probablement exclure Gallardworth et Queenvale, » continua-t-elle. « Ils ont certaines réputations à maintenir, et s’ils devaient être exposés en faisant cela, les dommages qu’ils subiraient sont trop importants. Ils n’ont pas assez à gagner de cette façon. Le Wolfe excelle dans ce genre de subterfuge, mais ils se concentrent probablement sur le Lindvolus. Je ne pense pas qu’ils feraient un geste si tôt. Ce qui nous laisse avec Jie Long ou Allekant... Mais actuellement — pour être franc, cela n’a pas d’importance. »

« Ça n’a pas d’importance ? » demanda Ayato.

« C’est exact. Le problème est le suivant : si une autre école est impliquée, nous devons également faire preuve de prudence, » Claudia s’arrêta et fixa son regard sur Ayato. « L’Académie Seidoukan, en fait, dispose d’une unité militaire spéciale sous le contrôle direct de la FIE. Même moi, je ne peux pas les mobiliser sans la permission d’en haut, mais ils ont beaucoup plus d’autorité que le Comité de Discipline. Si je les mets en mouvement, notre ennemi ne tardera pas à le découvrir. Les FIE se surveillent les unes les autres avec la plus grande vigilance. »

Elle haussa les épaules, exaspérée.

« Et quand ils l’apprendront, quelle que soit l’école derrière ces attaques, ils se retireront. Ça n’aidera pas. Nous devons obtenir la preuve qu’une autre école était impliquée, » continua-t-elle. « Tout autre résultat est une défaite pour nous. Et notre FIE n’est pas assez charitable pour négliger une défaite vaine. »

« Donc tu ne peux pas faire appel à cette agence à moins d’avoir une preuve ou une garantie que tu peux attraper le coupable..., » déclara Ayato.

« Ce qui signifie malheureusement qu’ils sont susceptibles de poursuivre leurs attaques entre-temps, » déclara Claudia. « C’est pourquoi je voulais te demander une faveur... Peux-tu être avec Julis autant que possible pendant que tout cela se déroule ? »

« Hein ? » face à cette demande inattendue, Ayato avait regardé Claudia fixement.

« Ils l’attaqueront de nouveau d’ici peu de temps, » expliqua Claudia. « Et j’ai peur que lors de la prochaine fois, elle ne soit pas capable de les repousser seule. J’espère que tu pourras être là pour elle quand ça arrivera et faire ce que tu peux. Je sais que ce n’est pas quelque chose que je devrais demander à un autre étudiant, mais... »

« Y a-t-il une raison pour que ce soit moi ? » demanda-t-il.

« Comme tu le sais, elle a tendance à garder les autres à distance. Mais heureusement pour nous, elle laisse de côté ses défenses avec toi, » déclara Claudia.

« C’est ce que tu penses vraiment... ? Je suppose qu’elle m’a fait visiter le campus, mais..., » il semblerait selon Ayato que Julis était toujours en colère contre lui pour quelque chose qui lui était encore inconnu.

« Tu es vraiment lent en ce qui concerne la compréhension de la situation, » Claudia riait.

Mais Ayato avait répondu sérieusement. « Je comprends la situation, mais je ne pense pas pouvoir aider. »

« Oh ! Et pourquoi cela ? » demanda Claudia.

« Je ne sais pas si une auto-évaluation a beaucoup de poids ici, mais je ne suis pas très fiable, » répondit Ayato

« Tu es trop modeste, » déclara Claudia.

« C’est la vérité, » affirma Ayato.

Oui, c’est malheureusement la vérité, pensa-t-il. Je ne peux pas aider Julis juste en la suivant partout.

Claudia regarda de manière interrogative Ayato pendant quelques instants, puis poussa un doux soupir. « Comme je l’ai dit, fais ce que tu peux. Même si cela signifie s’enfuir si tu te sens toi-même en danger. »

Ayato ne savait pas quoi dire.

« Le simple fait d’avoir quelqu’un à proximité pourrait avoir un effet dissuasif, n’est-ce pas ? » demanda Claudia.

Il soupira. « Bon, très bien. Je le ferai si tu insistes, mais n’en attends pas trop de moi. Et tout ça sera fini dès que tu auras trouvé le responsable. »

« Absolument, » dit-elle avec un sourire de soulagement.

« Tant qu’on y est, puis-je te demander pourquoi tu t’inquiètes autant pour Julis ? » demanda Ayato.

« Oh ? N’est-il pas naturel qu’une présidente du Conseil des Étudiants veuille protéger ses camarades de classe ? » demanda Claudia.

« C’est vraiment tout ce que tu as en tête ? » demanda Ayato en réponse.

Claudia se tut un moment, évitant son regard, puis elle répondit tranquillement : « Je suis venue dans cette école pour réaliser mon souhait, comme les autres élèves. Je ne fais que ce que je dois faire pour le réaliser. »

« Ton... souhait... ? » Ce mot avait provoqué un léger pincement de douleur chez Ayato.

Claudia et Julis — elles se battaient toutes les deux pour quelque chose. Pour un vœu.

« Oh, je devrais te remercier d’avoir accepté ma faveur, n’est-ce pas ? » demanda Claudia.

« Hein ? Non, c’est bon. Tu n’as rien à faire, » Ayato avait fait signe de la main, mais elle se leva du lit et se dirigea lentement vers lui. « C-Claudia... ? »

En réponse, elle n’avait fait qu’un rire mignon, puis l’avait encerclé de son sourire envoûtant.

Ayato avait essayé de se lever, mais Claudia s’était déjà blottie contre lui pour l’en empêcher. « Gah ! »

« Puisque nous sommes ici, juste toi et moi..., » chuchota-t-elle langoureusement à son oreille. « Tu pourrais faire un vœu que je pourrais exaucer. »

« Quoi — !? » s’exclama Ayato.

Son souffle chaud caressait doucement son cou, et lentement, elle l’avait poussé encore plus contre le canapé, jusqu’à ce qu’elle soit à moitié montée sur lui. Le peignoir avait commencé à glisser de ses épaules, révélant une bonne partie de son décolleté. Dans la pièce sombrement éclairée, ses yeux luisants le regardaient droit dans ses yeux.

 

 

Cela ne peut vraiment pas aller plus loin, pensa Ayato, mais elle était plus qu’à peine vêtue. Il voulait la repousser, mais il ne savait pas où mettre ses mains.

« Il n’y a aucune raison de se retenir maintenant..., » déclara Claudia langoureusement.

« Hein ? » s’exclama Ayato.

Claudia avait pris la main d’Ayato et elle l’avait placée délibérément contre sa propre poitrine. « Hmm... »

Cela semblait trop doux pour être de ce monde. Sa peau lisse semblait se modeler contre la main d’Ayato, et cette texture était si délicieuse qu’il pensait qu’il fondrait simplement en la touchant. Il voulait se laisser emporter par le désir et le plaisir — .

« Attends ! Arrête ! » Revenant à la réalité en un clin d’œil, il s’était glissé sous Claudia et s’était échappé en un seul mouvement jusqu’à la porte de la chambre à coucher. « Désolé ! Eh bien, je suppose que c’est tout ! À bientôt ! »

Il ne savait pas ce que ça signifiait, mais il savait que c’était trop dangereux de rester. C’était incontestablement trop dangereux.

Claudia était trop difficile à déchiffrer pour une raison. Il ne pouvait pas dire à quel point ce qu’elle faisait était sincère et à quel point c’était juste une blague.

Si tu ne sais pas, attends de le savoir. C’était ce que sa grande sœur lui avait souvent dit.

« Oh, quel dommage ! Je sentais bien que ce ne serait pas si facile, » avait-il entendu Claudia dire ça en fuyant la scène.

Et il ne pouvait vraiment pas être sûr de ce qu’elle voulait dire par là.

***

Partie 5

« Ce n’est pas passé loin..., » après s’être échappé du dortoir des filles, Ayato s’était appuyé contre la clôture métallique et il avait laissé échapper un souffle de soulagement.

La sensation incroyable qu’il avait ressentie contre sa main il y a si peu de temps lui avait de nouveau traversé l’esprit et il avait secoué vigoureusement la tête.

« Euh — quoi qu’il en soit ! » déclara-t-il dans le vide. Puis il se donna des gifles sur les joues.

Il n’avait rien contre la demande de Claudia. Il se souciait également de Julis.

« Mais... elle avait le même regard que ma sœur..., » en y repensant, il y avait une sorte de détermination cachée dans ce regard. Alors quoi — .

« Hé ! » cria quelqu’un.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » Il avait porté son attention sur la voix soudaine venant d’en haut. Tandis qu’il levait les yeux en panique, il vit que Julis s’appuyait sur le rebord de sa fenêtre pour le regarder vers le bas.

« Qu’est-ce que tu fais là ? » demanda Julis.

« Euh, euh, eh bien..., » il ne pouvait pas lui dire qu’il venait d’entrer dans le dortoir des filles.

« Que se passe-t-il ? Je ne t’entends pas, » sans prévenir, Julis avait sauté par la fenêtre.

Elle était en tenue décontractée, voire même très décontractée selon lui. Cette tenue couplée à ses actions rendait difficile d’imaginer le fait qu’elle était vraiment une princesse. « Voilà, c’est mieux ! »

« Je ne suis peut-être pas du genre à parler de ça, mais sors-tu toujours de ta chambre comme ça ? » demanda Ayato.

« Ne sois pas stupide. L’autre matin, quand je t’ai poursuivi, c’était la première fois. Mais en vérité, mais c’est plutôt pratique, » répondit Julis.

Alors qu’elle s’approchait, Ayato remarqua qu’elle tenait une enveloppe dans sa main. « Une lettre ? »

« Euh — oui. Quelque chose comme ça, » Julis semblait hésiter à s’attarder sur le sujet, mais elle avait aussi l’air heureux d’une manière ou d’une autre. C’était peut-être une lettre d’un proche.

Même à une époque où le chat vidéo était devenu courant et où le courrier électronique était la norme, la culture de l’écriture de lettres n’avait pas disparu. Il y avait une myriade de raisons, mais l’une d’entre elles était qu’il y a des choses qui ne pouvaient tout simplement pas être transmises sous forme de données. Une raison moins réjouissante était que les données électroniques pouvaient être retracées plus facilement.

« Alors ? Que fais-tu ici à cette heure ? » demanda Julis.

« Euh... je fais une promenade, » déclara Ayato.

« Une promenade ? » demanda Julis.

« C’est vrai. Je t’ai dit que j’aime me promener, » au moins, cette partie n’était pas un mensonge.

« Hmph. Oublie ça. Es-tu libre ce dimanche ? » demanda Julis.

« Après-demain ? Bien sûr, je n’ai rien de prévu, » il venait d’emménager ici alors bien sûr qu’il n’avait pas de projets.

« Bien. Alors je peux ainsi te faire visiter la ville comme nous en avons discuté. Je te l’ai promis, après tout, » déclara Julis.

« Oh, merci. Ce sera très utile, » il se souvenait qu’elle lui avait dit de laisser libre l’un de ses jours de congé.

« Donc, à propos de ça... Pour être clair, tu m’as demandé d’être guide. N’est-ce pas vrai ? » demanda Julis.

« Hein ? Oui, je suppose que oui, » répondit Ayato.

« Alors, euh... Cette fois, je ne veux pas que quoi que ce soit me dérange ou me fasse perdre mon rythme, ou bien..., » balbutia Julis.

Julis semblait inhabituellement peu claire, mais Ayato comprenait ce qu’elle voulait dire par là. « Je ne pense pas que tu aies à t’inquiéter en ce qui concerne Saya. »

« Pourquoi penses-tu cela ? » demanda Julis.

« Elle était assignée au cours de rattrapage, ne t’en souviens-tu pas ? » demanda Ayato.

Julis avait claqué dans ses mains. « Oh, c’est vrai... Maintenant, je m’en souviens ! Alors c’est parfait. Oui ! Alors, bonne nuit ! Nous parlerons plus tard sur la façon de se rencontrer ! » Satisfaite, elle hocha la tête, puis fit un signe de la main et se dirigea vers le dortoir, reprenant la route conventionnelle jusqu’à sa chambre.

« Après-demain... Je ne pense pas qu’ils essaieraient d’attaquer en dehors du campus, mais je devrais quand même garder l’œil ouvert. »

Après avoir pris un moment pour reprendre son souffle, Ayato, lui aussi, s’était dirigé vers son dortoir. La saine curiosité de son colocataire pourrait être sa mort s’il passait trop de temps dehors à cette heure.

Il leva les yeux vers le ciel nocturne pour voir un mince voile de nuages cachant la lumière des étoiles.

***

Chapitre 6 : Un Congé pour Deux

Partie 1

« Salut, Julis. J’espère ne pas t’avoir fait attendre trop... longtemps... »

« Non, je viens d’arriver moi-même. Je devrais te féliciter d’être si ponctuel — Hmm ? Pourquoi ta bouche est-elle ouverte comme ça ? Tu as déjà un visage de crétin. Donc, n’aggrave pas les choses. »

C’était un dimanche clair et ensoleillé. Ayato avait atteint la porte d’entrée de l’école, où ils avaient accepté de se rencontrer, et s’était retrouvé paralysé à la vue de Julis.

Elle portait une jolie robe noir et rose, plutôt courte, avec des chaussettes à froufrous recouvrant ses jambes minces jusqu’aux cuisses. Tenant un parasol dans sa main, elle avait l’air d’une fille — ce qui représente un total de 80 % de l’image qu’elle cultivait à l’école.

Ayato savait depuis le début que Julis était une belle fille, mais parce qu’elle se comportait si violemment, il s’était trouvé beaucoup plus conscient de son apparence présente.

« Ai-je quelque chose sur le visage ? » demanda Julis.

« Oh — euh — désolé ! Non, c’est juste que... tu as l’air différente des autres fois, » déclara Ayato.

« Qu... Est-ce vrai ? » demanda Julis.

« Ouais. Mais tu es vraiment belle, » répondit Ayato.

« Hein ? Tais-toi ! Essayes-tu de me mettre mal à l’aise ? » Julis avait détourné son visage, le laissant avec une vue complète de ses joues rougissantes. « C-Ce sont des choses que j’avais à la maison. Ce n’est pas comme si je l’avais choisi spécialement pour toi... »

Elle marmonnait avec une expression complexe, quelque chose entre embarrassé et agacé. Puis, regardant Ayato à nouveau, elle avait dit avec curiosité, « Toi, par contre... Il y a peut-être une meilleure façon de le dire, mais tu n’as pas l’air beaucoup mieux dans tes vêtements de tous les jours. »

« Ouais, je n’ai pas grand-chose à me mettre. Et ils sont tous assez vieux, » Ayato était habillé de façon très décontractée avec un jean et une chemise à manches trois-quarts sur un T-shirt.

« Ce n’est pas que tu as une mauvaise allure, mais... attends, » déclara Julis.

« Hein ? » s’interrogea Ayato.

Julis s’était penchée pour placer son visage près de celui d’Ayato, puis avait commencé à lui tapoter les cheveux.

« Wôw ! Q-Que se passe-t-il ? » s’exclama Ayato.

« Tu es plein de mèches rebelles ! Voyons, franchement. Tu n’es plus un petit garçon. Tu pourrais au moins peigner tes cheveux avant de sortir, » le gronda Julis, mais alors qu’elle riait de lui, son visage était franc et innocent. Pendant ce temps, le cœur d’Ayato s’était mis à battre plus vite avec chaque petite chose qu’elle faisait sur lui.

« Très bien, allons-y ! » Julis avait ouvert la voie dans la bonne humeur, qu’elle soit consciente ou non de son état d’esprit.

La ville d’Asterisk avait été divisée en deux parties : le quartier central et le quartier résidentiel extérieur. Une ligne de monorail en boucle traversait le district extérieur, reliant le bloc portuaire, la zone résidentielle et les six écoles. Le principal mode de transport dans le District Central était un réseau de métro séparé. Cette configuration aurait pour but d’empêcher les duels entre étudiants d’interférer avec les transports publics.

Julis et Ayato étaient dans le quartier central, devant la scène principale de la Festa.

« Il s’agit de la scène principale, la plus grande arène d’Asterisk. Tous les matchs du championnat de la Festa se déroulent ici, » lui expliqua Julis, en faisant un geste vers l’énorme structure en dôme.

Elle avait une capacité d’environ cent mille personnes. Elle avait accueilli des foules à guichets fermés tout au long de chaque tournoi Festa. Même aujourd’hui, les touristes pouvaient être vus ici et là en train de prendre des photos.

« On dit que le design est inspiré du Colisée de Rome, mais c’est une entité tout à fait différente, » poursuit-elle. « Il y a trois autres grandes arènes et sept stades de taille moyenne. Et d’innombrables petites arènes extérieures. »

« Wôw, c’est beaucoup, » s’exclama Ayato.

« À l’intérieur de la ville, on est censé utiliser ces zones pour les duels. Mais... peu de gens le font vraiment, » déclara Julis.

« Y a-t-il donc des duels dans les rues ? » demanda Ayato.

« Oui, » répondit Julis.

« Ça doit être assez dangereux, non ? » demanda-t-il. Si Julis lançait des attaques comme elle l’avait fait l’autre matin, Ayato pensait que des blocs entiers seraient brûlés.

« Les personnes qui vivent ici connaissent les risques. Les touristes aussi — personne n’entre dans Asterisk sans avoir d’abord signé une renonciation. Les dommages causés aux magasins et aux résidences sont indemnisés, » lui expliqua-t-elle.

« Alors, tout est permis, hein ? Je ne comprends toujours pas pourquoi tout le monde veut venir ici, » demanda Ayato.

« D’un point de vue commercial, avoir un magasin dans Asterisk est un symbole de prestige et un moyen de faire de la publicité pour ta marque. Alors, ils s’en occupent. Il y a même des événements où tout le quartier central devient l’arène, » répondit Julis.

« Je ne voudrais pas vivre dans un endroit comme ça, » déclara Ayato.

« Moi non plus, » déclara Julis avec un sourire sarcastique. « Eh bien ? Qu’est-ce que tu veux faire maintenant ? Voudrais-tu faire un tour dans le coin ? »

« Non, je crois que j’en ai assez d’ici, » répondit Ayato.

« Hmm. Je pourrais t’emmener dans la zone administrative pour voir le centre de thérapie, » déclara Julis. « Il emploie des Stregas et des Dantes avec des pouvoirs de guérison, et c’est là où tu finis si tu te blesses sérieusement à la Festa. Bien que si c’est quelque chose comme un os cassé, ils te feront suivre un traitement plus conventionnel. »

Ceux qui avaient des capacités de guérison étaient extrêmement rares, ce qui avait conduit à un accord pour les rassembler dans un seul centre de soins, de sorte que les élèves de n’importe quelle école puissent avoir un accès égal aux soins. Cependant, en raison de la capacité limitée, seuls les patients présentant des blessures potentiellement mortelles ou débilitantes avaient été traités par ces guérisseurs.

« Voyons voir... quoi d’autre ? » s’interrogea Julis. « Je devrais peut-être te montrer la zone de rénovation. Il y a des problèmes urbains de cette façon, de mauvais quartiers, mais tu devrais savoir où ils se trouvent afin de ne pas errer par accident. »

Ayato avait entendu dire que les mauvais quartiers étaient peuplés d’étudiants qui avaient été forcés de quitter les écoles pour une raison ou pour une autre et de criminels Genestellas qui se réfugiaient à l’intérieur de la ville extraterritoriale. Il était troublant, mais probablement inévitable qu’une ville avec une telle population ait un côté plus sombre.

« Oh ouais, » dit-il. « Saya m’a dit qu’elle est allée faire du shopping et s’est perdue dans une partie ombragée. Elle a dit qu’il y avait beaucoup d’immeubles délabrés et de magasins fermés. »

« Il s’agit de la zone de réaménagement. Il serait plus logique d’aller dans la zone commerciale pour faire des achats... Comment s’est-elle retrouvée là-haut ? » demanda Julis.

« Saya n’a absolument aucun sens de l’orientation, » répondit Ayato.

Julis lui avait fait un sourire taquin. « Et c’est toi qui dis ça. Tu as l’habitude d’errer dans les endroits les plus étranges. »

Pris en flagrant délit, il avait hésité. On ne discutait pas avec la vérité. Maintenant qu’elle en parlait, Ayato se souvenait de plusieurs occasions où lui et Saya s’étaient perdus ensemble alors qu’ils étaient enfants.

« Alors, la prochaine chose..., » Julis avait ouvert une fenêtre dans les airs pour consulter une carte.

« Hé, Julis ? J’apprécie vraiment la visite. Mais ne voudrais-tu pas aller manger bientôt ? » suggéra Ayato. L’heure, ainsi que son estomac, lui avait indiqué que c’était un bon moment pour un repas.

« Eh bien... Je suppose que c’est le bon moment..., » Julis ne semblait pas très enthousiaste à cette idée.

« Il y a un problème ? » demanda Ayato.

« Non, euh, c’est juste... Prendre un repas me semble être une bonne idée, mais je ne suis pas sûre de savoir... où il faudrait aller, » répondit Julis.

« N’y a-t-il pas beaucoup d’endroits pour manger dans la zone commerciale ? » demanda Ayato. « Oh ! Ou bien est-ce parce que tout y est super cher ? » Ayato pouvait imaginer que les restaurants de la région avaient une pratique commerciale de surfacturation des touristes. Mais il fallait aussi qu’il y ait des places à des prix raisonnables, compte tenu de toutes les écoles présentes dans la zone.

« Non, ce n’est pas ça. Oh, comment devrais-je dire ça ? Je suis vraiment désolée ! » Julis s’était excusée en se penchant vers l’avant. « En vérité, je ne vais presque jamais dans la zone commerciale, donc je ne sais pas où je devrais t’emmener manger. »

« Oh, OK..., » répondit Ayato.

« Je suis une guide inutile... Oh, mais j’ai effectué quelques recherches sur le Net ! Tiens ! » Julis avait pris son téléphone et avait affiché une liste, provenant apparemment d’un site de critique.

La mâchoire d’Ayato était tombée quand il l’avait regardée. Tout ce qu’il y avait sur la liste était des restaurants gastronomiques de premier ordre. Ce n’étaient pas des endroits qui escroquaient simplement les touristes. Les prix étaient plus longs de deux chiffres que le budget ordinaire du déjeuner qu’il prenait normalement. Quoi qu’il en soit, Ayato doutait qu’ils puissent s’asseoir dans n’importe lequel de ces restaurants sans réservation.

« Je pense que c’est un peu trop..., » déclara Ayato.

« Je — je suis tout à fait consciente que ce ne sont pas des prix ordinaires ! Mais c’était les seuls endroits dont j’avais entendu parler. Je me sentirais mal à l’aise de t’emmener dans un endroit que je ne connais pas, même s’il y a de bonnes critiques..., » répondit Julis.

En effet, tous les restaurants de la liste étaient universellement reconnus — trois étoiles ou une réputation équivalente.

« Ce n’est pas grave, » répondit Ayato en riant. « Marchons un peu et voyons ce qui a l’air bien. »

« Est-ce que... est-ce que c’est correct ? » demanda Julis.

« Si tu es d’accord avec ça, cela me va, » répondit Ayato.

« Cela me va aussi. Mais c’est juste que..., n’es-tu pas contrarié ? » demanda-t-elle nerveusement.

« Pourquoi le serais-je ? » demanda Ayato, surpris.

« Mais... c’était si négligent de ma part, » déclara Julis.

Julis semblait tout à fait sincère. Y a-t-il quelque chose qu’elle ne prend pas si au sérieux ? Se demanda-t-il.

« Je n’arrête pas de me demander, n’est-ce pas épuisant d’être si consciencieuse tout le temps ? » demanda Ayato.

« Eh bien, c’est comme ça que je suis, donc je ne peux pas y faire grand-chose ! » Elle était devenue maussade, se retournant en faisant la moue.

« J’ai juste peur que tu t’épuises si tu continues à assumer la responsabilité de tout, » déclara-t-il.

« J’aime avoir ce genre de poids sur mes épaules, » répondit Julis. « C’est comme ça que je vis ma vie. Si tu veux mon avis, c’est toi qui devrais t’inquiéter. Tu es comme un nuage, flottant et impossible à cerner. Pourquoi ne prends-tu pas les choses plus au sérieux ? Tu te sentirais mieux enraciné. »

Elle avait dit les mots avec désinvolture, mais ils mordaient.

« Euh... » Ayato, mal à l’aise, avait changé le sujet. « Quoi qu’il en soit, devrions-nous aller dans la zone commerciale ? »

Julis n’avait pas pris la peine de répondre à haute voix. Ils s’étaient dirigés vers la partie la plus animée de la zone commerciale, la rue principale.

« Wôw, c’est bondé ici, » s’exclama Ayato.

« Tout à fait. Après tout, c’est le week-end. » La rue de pierre bien ordonnée débordait d’étudiants — et aucun n’était en uniforme, mais ils portaient tous leurs écussons d’école, indiquant clairement leur statut. Dans Asterisk, les élèves devaient porter leur écusson en tout temps.

Aucune circulation de véhicules n’était permise à l’intérieur de la zone commerciale, sauf à certaines heures, de sorte qu’il n’y avait que des piétons à découvrir dans la rue. Toutes sortes de magasins étaient alignés de part et d’autre, mais le tronçon où ils se trouvaient se vantait d’une forte concentration dans le commerce de nourriture et de boissons. Et les prix annoncés sur les panneaux étaient parfaitement raisonnables.

« OK, on devrait choisir quelque chose par ici ? » Ayato se retourna pour demander à Julis — mais elle n’était pas là. « Hein ? »

Il avait regardé de tous les côtés et avait finalement vu ses cheveux éblouissants de couleur rose un peu plus loin de là où il était arrivé.

« Tu m’as fait peur. Tu as disparu tout d’un coup, » lui déclara-t-il, soulagé.

Julis se tourna avec précaution vers lui et lui demanda comme si elle était mal à l’aise : « Pouvons-nous manger ici ? »

« Ici... ? » demanda Ayato.

Le restaurant que Julis regardait était une franchise de hamburgers. Comme les restaurants qu’elle avait consultés à l’avance, il était aussi universellement connu, mais pour une raison tout à fait différente et à des prix tout à fait différents.

« C’est d’accord de mon côté... mais est-ce vraiment ce que tu veux ? » demanda Ayato.

« Oui ! Je veux manger ici ! » s’exclama Julis.

Au début, il se demandait si elle avait choisi cet endroit par curiosité aristocratique, mais d’après la façon dont elle commandait et payait, ce n’était pas une curiosité pour elle. Ayato avait demandé un hamburger et des frites avec un cola moyen — une commande plutôt standard — et tous les deux s’étaient assis à une table de la terrasse extérieure.

« Ce n’est pas la première fois que je te demande ça... mais es-tu vraiment une princesse ? » demanda Ayato.

« Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » Elle avait même mordu son hamburger comme une habituée. Mais Ayato devait admettre que la façon dont elle le tenait dans ses deux mains était adorable.

« Les princesses ne mangent jamais dans des chaînes de fast-food, n’est-ce pas ? » demanda Ayato.

« Il s’agit là d’un stéréotype. Tu as un contre-exemple assis devant toi. Accepte les faits, » déclara Julis.

« Eh bien, bien sûr. Mais..., » Ayato s’était penché en arrière sur son siège pendant qu’il mangeait ses frites. Elles avaient le même goût que toutes les frites qu’il avait depuis qu’il était petit, comme toutes les frites du monde entier. C’était la constance apportée par la mondialisation. Mais selon lui, il y avait quelque chose de réconfortant là-dedans.

 

 

« J’ai appris l’existence de cet endroit par mes amies, » déclara doucement Julis au bout d’un moment, comme si elle se souvenait d’un bon souvenir.

« Des amies ? » demanda Ayato.

« Tu sais, j’en ai aussi. Mais pas ici, elles sont dans mon pays, » déclara Julis.

Puis, Ayato avait fait le lien. « Oh, la lettre que tu tenais l’autre jour — était-ce celle de tes amies ? »

« Arg !? » Julis semblait s’étouffer avec sa bouchée de hamburger. Elle avait donné un coup de poing sur sa poitrine alors que son visage devenait bleu. Toussant, elle avait réussi à dire, « C-Comment as-tu fait — !? »

« Tu es vraiment facile à déchiffrer, Julis, » répondit Ayato.

Maintenant qu’elle rougissait de rouge vif, elle se détourna de lui.

Passé d’un rouge au bleu puis de nouveau au rouge — quelle vie bien remplie qu’elle a ! pensa Ayato.

« Tu sais, cet endroit n’est apparu sur aucun des sites d’évaluation. Pourquoi est-ce ainsi ? » demanda Julis pour changer de sujet.

« Personne ne s’embêterait à le faire pour un endroit comme celui-ci, » répondit Ayato.

« Pourquoi pas ? La nourriture est si bonne, » avait dit Julis, vraiment mystifiée par les faits.

Oui, il y a quelque chose qui cloche chez elle, pensa-t-il.

« Au fait — peut-on parler de quelque chose de sérieux une seconde ? » demanda Ayato, après avoir fini son hamburger.

« Hmm ? Que se passe-t-il ? » Julis se redressa et le regarda.

« Il s’agit du moment où tu as été attaquée..., » Ayato avait relayé à Julis ce que Claudia lui avait dit plus tôt, la plupart du temps mot pour mot. Claudia ne lui avait pas demandé de garder l’affaire secrète, et il pensait que le fait de lui donner ces informations aiderait Julis à se défendre.

Il avait omis la partie concernant le fait qu’on lui avait demandé de l’aider. Il savait déjà à quel point elle s’y opposerait.

Julis avait siroté son cola avec une paille pendant qu’elle écoutait. « Oui, tout cela semble plausible. Un plan d’une autre école. » Elle hocha la tête, l’air tout à fait imperturbable. « Je dois être leur dernière cible. Cela expliquerait pourquoi ils se sont laissés voir alors qu’ils essayaient de m’achever. »

« Je me disais que tu ne devrais peut-être pas sortir seule ou participer à des duels pendant un certain temps..., » déclara Ayato.

« C’est absurde. Pourquoi devrais-je agir différemment à cause de ces sales lâches ? » demanda Julis.

« ... Tu as raison, » je savais qu’elle dirait ça, pensa-t-il.

« Je choisis mon propre chemin. Et ma volonté est la mienne, » déclara Julis.

« Heh. Si vaillante, comme d’habitude, » une énorme silhouette s’approchait de derrière elle.

« Bonjour, Lester, » déclara-t-elle en grimaçant sans se retourner. « De l’espionnage ? Tu as des passe-temps si intéressants. »

Ayato regarda Lester avec surprise. Se croiser le dimanche, en dehors du campus et tout ça — pour le meilleur ou pour le pire, Lester et Julis semblaient vraiment avoir un lien.

« Comme si je voulais t’espionner, » se moquait Lester. « Je viens de t’entendre parler. » Derrière lui se tenaient ses deux acolytes habituels. « J’ai entendu dire que tu avais été attaquée par ces hommes mystérieux. Je pense que tu as énervé trop de monde. »

« Je n’ai rien fait pour énerver qui que ce soit, » répondit Julis d’un air sérieux.

Lester avait fait demi-tour quand il avait entendu ça, alors qu’il avait l’air stupéfait. « Voilà. Tu devrais savoir que c’est cette attitude qui t’attire tant d’ennemis ? »

« Non, pas du tout. Je n’ai rien fait de mal. Si ça me rapporte des ennemis, je les affronterai tous, » déclara Julis.

« Hah. Tu parles beaucoup, » dit Lester. « Pourquoi ne reviendrais-tu pas sur ta confiance ? »

« Combien de fois dois-je le dire pour arriver à cette bouillie que tu appelles un cerveau ? Je ne souhaite pas à nouveau t’affronter, » répliqua Julis.

« Tais-toi et bats-toi contre moi ! » Lester avait claqué la table si fort qu’Ayato pensait qu’elle pourrait se briser en deux. La terrasse extérieure avait tremblé avec le bruit de l’impact, puis cela s’était calmé au fur et à mesure que les conversations cessaient.

« L-Lester ! On ne peut pas forcer quelqu’un à se battre en duel dans un endroit comme celui-ci ! » cria Silas.

« Il a raison, Lester ! Si tu fais une scène ici, le garde de la ville sera sur nous, » cria Randy.

Silas et Randy avaient désespérément essayé de le calmer. Lester n’avait pas l’air de les entendre.

« Peut-être que vous devrez vous en arrêter là, » déclara Ayato.

« Toi, tu la fermes, » lui répondit Lester sans le regarder.

« Je ne peux pas faire ça. N’avez-vous pas entendu parler de l’agression de Julis de l’autre jour ? » demanda Ayato.

« Alors, où veux-tu en venir ? » demanda Lester.

« Si vous vous battez avec Julis, ici et maintenant, tout le monde pensera que vous n’êtes pas différent de ceux qui l’ont attaquée, » annonça froidement Ayato.

C’était plus que ce que Lester pouvait accepter d’entendre. Maintenant, il s’était tourné vers Ayato pour lui crier dessus. « Retire ça tout de suite ! Tu me dis que je suis la même chose que ces lâches qui se faufilent pour attaquer !? » Il avait attrapé Ayato par le col de ses vêtements, le traînant à ses pieds. « Alors peut-être que je devrais t’écraser d’abord. »

« Non. Désolé, mais je n’ai pas non plus envie de vous combattre dans un duel, » répliqua Ayato.

« Quoi !? » cria Lester.

« Je n’ai aucune raison d’accepter, » déclara Ayato.

Lester avait repoussé Ayato, affichant un visage plein de rage qui bouillait en lui, puis il avait frappé de son poing sur la table. Cette fois, la table malchanceuse s’était coupée en deux. « Tu me traites de lâche et tu refuses de me combattre ? Espèce de sale gosse ! »

« Appelez-moi comme vous voulez, » Ayato avait froidement haussé les épaules en lui répondant.

« Eh bien, tu... ! » cria Lester.

« Lester, calme-toi ! Tout le monde sait combien tu es fort ! Tu te bats toujours loyalement contre tout le monde. Il est si peureux qu’il ne sait pas de quoi il parle ! » déclara Randy.

Tandis que Lester levait son poing, Randy le retenait dans un état de panique. « C-C’est vrai ! Tu ne ferais jamais un tour de passe-passe comme tendre une embuscade au milieu d’un duel — tout le monde le sait ! » Silas s’était joint avec anxiété à l’autre qui tentait de calmer Lester.

Lester grogna, regardant Ayato avec une fureur à peine contenue. Finalement, il avait tourné ses talons et s’était éloigné sans dire un mot.

« Ouf..., » Ayato se frotta le front.

Julis lui avait souri. « Tu es vraiment un cas épineux. »

« Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » demanda Ayato en toute innocence.

« Ce n’est pas grave. Plus important encore..., » son sourire ironique s’était transformé en un sourire tendu et elle avait essuyé les lèvres d’Ayato avec une serviette en papier. « Tu avais du ketchup sur ton visage. Disons, je ne sais vraiment pas grand-chose sur toi. »

***

Partie 2

Le soleil s’enfonçait à l’horizon lorsque Julis avait mis fin à la visite.

« Merci, Julis. J’ai beaucoup appris, et c’était très amusant, » déclara Ayato.

« Eh bien... Je déteste me répéter, mais je ne fais que rembourser ma dette. Donc, pas besoin de me remercier, » répondit Julis.

Les deux marchaient en ce moment l’un à côté de l’autre à travers les rues sinueuses, serpentant vers la station de métro. Puis ils avaient remarqué une certaine agitation près de l’entrée.

« Hein ? Qu’est-ce que ça pourrait être ? » demanda Ayato.

Ils s’étaient approchés pour trouver un groupe d’étudiants dans une dispute animée, une douzaine de personnes qui criaient et lâchaient des railleries les uns contre les autres. Il y avait aussi des spectateurs curieux, mais la plupart des personnes de la zone se dépêchaient de fuir, parfaitement heureuses de ne pas s’en mêler.

« Ils sont de Le Wolfe, » marmonna Julis. « Comme d’habitude, ils se comportent comme des imbéciles. »

L’Institut Noire Le Wolfe avait la réputation d’être la plus belliqueuse des six écoles. La culture y valorisait la victoire avant tout, au point que les règles et règlements de l’école étaient laxistes, voire inexistants. Il en avait résulté que de nombreux élèves avaient fait preuve d’un comportement nettement mauvais, et les chiffres l’avaient prouvé : La majorité des décrocheurs vivant dans les bidonvilles étaient d’anciens élèves de l’école Le Wolfe.

« On dirait qu’il y a deux côtés qui se disputent..., » déclara Ayato. « Ooh, c’est devenu physique. »

Un étudiant qui ressemblait au chef de l’un des groupes avait poussé un autre étudiant, incitant les deux parties à sortir leurs armes. En un clin d’œil, l’altercation s’était transformée en bagarre.

« C’est mauvais. On a été piégé, » s’exclama Julis.

« Hein ? » Au moment où Ayato était sur le point de demander à Julis ce qu’elle voulait dire par là, une étudiante tenant un Lux ayant la forme d’un couteau s’était jetée sur eux.

« Wôw ! » Ayato avait réussi à l’éviter d’un pas léger — mais il était clairement la cible. L’attaquant disparaissait déjà au milieu de la mêlée.

Pendant ce temps, Ayato et Julis s’étaient retrouvés soudainement entourés par les étudiants de Le Wolfe.

« C’est un truc que ces idiots de Le Wolfe utilisent pour attaquer quelqu’un dans la rue. Ils entourent la cible lors d’une bagarre et les brutalisent, puis prétendent simplement que la cible s’est mélangée par hasard à leur dispute. J’en avais entendu parler, mais c’est la première fois que je me fais prendre, » avait expliqué Julis tout en repoussant plusieurs attaquants.

Donc, cette dispute qu’ils avaient n’était qu’un numéro. Ayato regarda autour de lui et vit que les élèves s’affrontant les épées semblaient ne faire que des mouvements sans force. Ils lancèrent par intermittence des regards acérés vers lui et Julis comme s’ils cherchaient une occasion d’attaquer. « Ils se donnent beaucoup de mal... »

« Les deux camps sont probablement passés par la procédure des duels proprement dits, » avait déclaré Julis. « Ils auront ainsi une manière de défendre leur acte même s’ils sont arrêtés par le garde de la ville. »

Ils seraient quand même punis dans ce cas, mais apparemment, l’administration pardonnait souvent lorsqu’il s’agissait de duels.

« Est-ce que cela signifie que les personnes après toi viennent de Le Wolfe ? » demanda Ayato.

« Pas nécessairement. De tels voyous feront presque n’importe quoi pour un peu d’argent. Oop ! » Alors qu’elle esquivait une flèche Lux, Julis avait souri malicieusement. « En plus, ce sont toutes des mauviettes. »

« Qu’est-ce qu’on fait ? » Ayato pouvait deviner ce qu’elle dirait, mais il demandait quand même.

« Dois-je te le dire ? C’est évidemment une situation d’autodéfense. Nous allons donc les écraser et en tirer des réponses, » déclara Julis.

« Je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure idée..., » la bagarre elle-même était probablement un piège pour faire baisser la garde de Julis. Il pourrait y avoir un autre tireur d’élite qui visait à ça pendant qu’ils parlaient.

« Ne t’inquiète pas. Je peux les rôtir d’un bout à l’autre et chercher en même temps une embuscade, » des flammes s’étaient élevées tout autour de Julis.

« Peut-être pourrais-tu les laisser partir juste “à point” ? » Ayato avait suggéré sans enthousiasme.

***

Partie 3

Les élèves de Le Wolfe s’étaient avérés être de piètres combattants. La grande majorité d’entre eux étaient allongés sur le sol, des panaches de fumée s’élevant de leur corps.

Quelques-uns d’entre eux avaient essayé de fuir, et d’après leurs cris de consternation (« C’est la Rose de Glühen ! » « Ça ne faisait pas partie du marché ! »), il était clair qu’ils n’avaient même pas su qui ils attaquaient.

« Hmph. C’était à peine un échauffement, » Julis avait passé ses doigts dans ses cheveux afin de les peigner et avait ignoré les tas de corps pour fixer méchamment Ayato. « Mais toi, de quoi s’agissait-il ? »

« Qu’est-ce que c’était que ça maintenant ? » demanda Ayato.

« C’était quoi ce combat pathétique que tu as livré ? C’était vraiment tout ce que tu pouvais faire contre eux !? » Julis lui criait dessus.

Julis avait des raisons d’être en colère. Elle était celle qui avait vaincu la plupart des brutes, alors qu’Ayato fait tout ce qu’il pouvait pour échapper aux attaques incessantes qui l’agressaient de toutes les directions. Même si aucun d’entre eux n’était particulièrement compétent, ils présentaient suffisamment de problèmes en tant que groupe autour de lui.

« Eh bien, ouais. Comme je suis maintenant, c’est le mieux que je peux faire, » répondit Ayato.

Julis le fixa d’un air dubitatif et finit par pousser un long soupir. « Apparemment, je t’ai surestimé. »

La déception dans sa voix était sans équivoque. Ayato ne pouvait que sourire et s’excuser.

« Oublie ça. Pour l’instant, nous avons besoin d’en tirer des réponses, » déclara Julis.

Julis avait examiné plusieurs des élèves de Le Wolfe au sol, puis en avait attrapé un avec un mohawk. Ayato s’était souvenu qu’il était le chef de l’un des groupes.

« Toi. Combien de temps vas-tu faire semblant d’être inconscient ? Réveille-toi. Ou je brûlerai ta coupe de cheveux flippante jusqu’au cuir chevelu. » La menace avait fonctionné à merveille, car l’étudiant avec le mohawk avait ouvert les yeux avec un cri effrayé.

« Je veux des réponses claires. Qui t’a engagé ? » cria Julis.

« Je — je ne sais rien du tout ! On nous a juste dit de vous brutaliser un peu ! Il n’a même pas dit pourquoi ! » répondit le voyou.

« À quoi ressemblait-il ? » demanda Julis.

« Un mec grand et énorme, tout en noir. Je n’ai pas vu son visage ! » répondit le voyou.

« As-tu reconnu sa voix ? » demanda Julis.

« Sa v-voix ? Non, je ne sais pas, » répondit le voyou.

« Veux-tu dire que c’était une voix que tu ne connaissais pas ? » demanda Julis.

« Non, le mec n’a pas dit un mot. Le travail a été écrit sur un morceau de papier qui était fourni avec l’argent comptant, » répondit-il.

« Un morceau de papier... ? Qu’est-ce qu’il disait d’autre ? » demanda Julis.

« Qu’il s’agissait d’une avance et qu’il paierait le reste après avoir confirmé que le travail avait été réalisé, » répondit l’autre étudiant.

« Confirmer..., » alors que Julis semblait perdue dans ses pensées, l’étudiant avec le mohawk avait soudain ouvert les yeux en grand.

« L-Lui ! C’était lui ! Il nous a engagés pour faire ça ! » cria l’étudiant.

Juste au moment où Ayato et Julis se tournèrent pour regarder, une ombre s’enfuyait dans les allées. Ils n’avaient eu qu’un aperçu, mais il n’y avait pas d’erreur — il s’agissait d’un homme massif vêtu de noir.

« Stop ! » Julis avait couru après l’ombre.

« Julis, non ! C’est peut-être un piège ! » Ayato l’avait appelée.

Elle se tourna vers lui, mais n’abandonna pas sa poursuite. Elle devait être furieuse pour agir de manière si imprudente. C’était précisément l’ouverture que ses agresseurs espéraient.

« Quoi — ! !? » La grande silhouette attendait Julis dans l’allée et lui lança son énorme hache de guerre.

Julis s’était écartée pour esquiver le coup, mais c’était simplement pour être attaqué par un autre homme vêtu de noir. Celui-ci tenait un Lux de type fusil d’assaut. Alors que des balles de lumière pleuvaient sur elle, elle avait évité la volée de tir en roulant sur le sol. Ses réflexes étaient tout simplement étonnants.

Je peux y arriver ! pensa-t-il.

Juste au moment où Ayato était sur le point de sauter entre Julis et le deuxième attaquant, une ombre sur un toit était apparue dans le coin de son œil. Un autre homme vêtu de noir se tenait au sommet du bâtiment, visant un Lux ayant la forme d’une arbalète.

Un troisième — ! pensa-t-il.

La cible de l’attaque suivante n’était pas Julis, mais Ayato. La flèche de lumière avait fendu à travers le vent vers Ayato. Un tir de précision parfaitement minuté.

Décidant qu’il ne pouvait pas l’esquiver, il avait fait un geste plus rapide et avait dégainé son activateur Lux pour l’utiliser comme bouclier. L’extérieur s’était brisé, des fragments perçant ses vêtements. Heureusement pour lui, le noyau avait arrêté la flèche, mais l’activateur était probablement inutilisable maintenant.

Alors qu’il poussait un soupir de soulagement, Ayato s’était émerveillé de la capacité des attaquants à trouver le bon moment pour frapper. Ces individus devaient être d’une mauvaise moralité époustouflante.

« Hé ! Vas-tu bien !? » Julis avait couru vers lui, l’air assez sérieux.

« À peine. Mes vêtements sont abîmés, » Ayato lui avait souri ironiquement et il regarda autour de lui pour découvrir que les attaquants étaient déjà partis. Ils étaient également des experts pour fuir la scène du crime.

Les élèves de Le Wolfe, qui avaient été étalés sur le sol jusqu’à il y a quelques instants, se dispersaient également en amas.

« Le garde de la ville sera là d’une seconde à l’autre, » avait dit Julis. « On devrait également partir d’ici. »

« Es-tu sûre ? » demanda Ayato.

« Nous n’avons rien fait pour qu’ils puissent nous retenir, mais je ne veux pas non plus avoir à tout expliquer. En plus, on a enfin un indice. Je ne vais pas laisser les flics s’amuser avec ça, » ses yeux brûlaient de rage pendant qu’elle parlait. « Cela va bien trop loin. Je ne serai satisfaite que si je règle l’aire que de mes propres mains. »

« Tu es leur cible. Peut-être que... tu pourrais être un peu prudente ? » demanda Ayato.

Julis avait répondu par un « Hmph », et Ayato s’était demandé s’il devait prendre cela comme un acquiescement.

Dans tous les cas, il devait probablement devoir le signaler à Claudia...

« Au fait, es-tu libre après ça ? » demanda-t-elle.

« Hein ? J’imagine que je n’ai rien de prévu..., » répondit Ayato.

Alors qu’il s’agissait du crépuscule, Julis fixa Ayato longuement comme pour l’inspecter avant de finalement se remettre à parler. « Alors, viens dans ma chambre. »

« Hein... ? » s’exclama Ayato.

***

Partie 4

Mais il ne pouvait pas entrer dans le dortoir des filles par la porte d’entrée.

« Salut, c’est moi... Je déteste vraiment m’habituer à ça, » une fois de plus, il entrait dans la chambre de Julis par la fenêtre.

Même s’il ne l’avait pas su la première fois, c’était la troisième fois qu’Ayato entrait dans le dortoir de cette façon. Cela lui avait fait frissonner la colonne vertébrale en pensant à ce que la garde du dortoir pourrait lui faire si elle l’apprenait.

« Oh, tu es là. Désolé, donne-moi juste quelques secondes de plus, » Julis, étant rentrée chez elle avant lui, fouillais actuellement pour trouver quelque chose dans un coin.

Ayato s’était assis sur le rebord de la fenêtre et il regarda la pièce, notant sa taille considérable. Cela devait être un avantage d’être une Première Page, comme la chambre de Claudia.

Cependant, l’ambiance de la chambre de Julis était très différente. Ce qui ressortait ici, c’était le nombre de plantes. Avec des rangées de pots et de jardinières, elle ressemblait à un petit jardin botanique, mais soigneusement arrangé de façon à ce que l’on puisse encore se promener dans la pièce sans entrave. Certaines des plantes fleurissaient magnifiquement et le simple fait de les regarder était calmant.

« La dernière fois que je suis ici, je n’ai pas vraiment pu profiter de l’environnement, » pensa Ayato à voix haute. Et s’il essayait de se souvenir de tout ça, trop d’images étaient sur le fait d’être souple et juste... et il pensait à la manière dont elle avait l’air ce matin-là...

« Là, je l’ai trouvé, » s’exclama Julis.

« Augh ! D-Désolé ! » s’écria Ayato.

« Pourquoi t’excuses-tu ? » Julis inclinait sa tête vers lui alors qu’elle lui demandait ça.

« Oh, euh, rien... Mais pourquoi voulais-tu que je vienne ici ? » Il n’essayait pas nécessairement de changer de sujet — c’est ce qu’il essayait de se dire. C’était une question légitime.

Il restait encore un peu de temps avant l’extinction des feux, mais le soleil avait disparu depuis longtemps. Tout comme avec Claudia l’autre soir, Ayato avait découvert que le fait d’être invité dans la chambre d’une fille à cette heure était une sorte de contrainte sur sa santé mentale.

« C’est vrai. Finissons-en avec ça. Enlève tes vêtements, » annonça Julis.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » Ayato s’était élancé vers l’arrière et était presque tombé de la fenêtre. « J-ju-ju-ju-Julis ? »

« Pourquoi es-tu si bouleversé ? Il suffit de se dépêcher et —, » au milieu de sa phrase, Julis avait réalisé la raison de sa consternation, et son visage était devenu rouge vif. « Espèce d’idiot ! Qu’est-ce que tu pensais que je voulais dire par là ? J’offre seulement de réparer tes vêtements déchirés ! »

« Vêtements... ? » Ayato se souvient alors que ses vêtements avaient été déchirés par cette attaque à l’extérieur de la station de métro. « Oh — les réparer ? Sais-tu coudre, Julis ? »

« Je ne suis pas la meilleure pour ça, mais je peux y arriver, » répondit-elle d’un air renfrogné. « J’ai une part de responsabilité dans ce qui s’est passé. Je ne veux plus avoir de dettes envers toi. »

« Eh bien, si t’offres... d’accord, » Ayato enleva docilement sa chemise et la lui remit.

Julis avait pris l’aiguille de son ensemble de couture et avait commencé à la planter à travers le tissu avec des mains instables. Elle semblait un peu maladroite, mais elle n’était pas non plus complètement novice.

« Laisse-moi deviner... As-tu aussi appris ça de tes amies ? » demanda Ayato.

« Bien deviné, » Julis hocha la tête sans regarder en l’air alors qu’elle se concentrait sur l’aiguille.

« J’avais un pressentiment, » Ayato l’avait regardée coudre pendant un moment, puis avait recommencé à regarder dans la pièce une fois qu’il avait vu qu’il s’inquiétait trop pour ça.

Contrairement à Claudia, l’appartement de Julis était un studio, mais cette pièce unique était plus grande que l’une ou l’autre des pièces de Claudia, bien rangé et bien organisé. À côté du lit se trouvait un bureau assez massif, avec une rose dans un petit vase au coin, et à côté, une photo — une rareté de nos jours.

Curieux, Ayato était allé voir de plus près. Elle montrait une femme qui ressemblait à une nonne avec des enfants d’âges différents. D’après leur apparence, ils ne semblaient pas très bien lotis.

Il y avait cependant un enfant qui se distinguait des autres. Elle était habillée aussi simplement que le reste des enfants, mais même d’après une photo, la différence dans l’éducation était claire. Elle avait l’air insouciante, souriante comme les autres enfants — avec ses cheveux roses et tape-à-l’œil.

« Hey, Julis. Est-ce que... ces enfants sont tes amis ? » demanda Ayato.

« Hmm... ? Ai-je dit que tu pouvais fouiller dans mes affaires ? » Julis s’était précipitée vers lui, agitée, et elle avait arraché la photo de sa main.

« La fille du milieu... C’est toi, n’est-ce pas ? » demanda Ayato.

Julis lui avait fait un regard pénétrant, puis avait poussé un soupir et avait remis la photo sur le bureau.

« Oui. Tu as raison, c’est une photo de mes amis, » déclara-t-elle, puis elle était retournée à son siège pour finir de coudre. « C’est peut-être difficile à imaginer, mais j’étais un garçon manqué... »

« Difficile à imaginer ? » Attends, un garçon manqué qui grandit donne quoi ? Alors, qu’est-ce qu’elle est maintenant ? Se demanda-t-il

« As-tu quelque chose à objecter ? » demanda Julis.

« Pas du tout. Continue, s’il te plaît, » répondit Ayato.

« Hmph. De toute façon, je me faufilais souvent hors du palais quand j’étais enfant. Je suppose que c’était trop étouffant pour moi. Ma famille a du sang royal, mais pas en tant que descendance directe. Lorsque la monarchie a été rétablie, il restait très peu de descendants et notre famille a été choisie pour le trône, » son aiguille ne s’était jamais arrêtée pendant qu’elle parlait. « Mais un jour, je suis allée plus loin que d’habitude et je me suis égarée. J’ai erré pendant un certain temps et j’ai fini dans une mauvaise partie de la ville. La Lieseltania est un pays relativement sûr, mais tu peux imaginer ce qui pourrait arriver à un enfant d’apparence aisée qui dérive toute seule dans un tel endroit. »

« Dans quelle mesure tes pouvoirs étaient-ils développés à l’époque ? » demanda Ayato.

« Assez pour faire une petite flamme comme un briquet. Donc pas très utile. Et même avec plus de puissance, j’aurais été impuissante, n’ayant jamais été dans une bagarre auparavant. Une bande de malfrats m’a repérée et m’a emmenée dans une ruelle. Je ne pouvais rien faire — je criais. Puis, juste à temps, elles sont venues me sauver. Peux-tu imaginer ce que j’ai ressenti ? Ces filles étaient des héroïnes pour moi, » elle parlait avec une admiration féroce qui n’avait pas diminué depuis ce jour-là.

« Après mon retour au palais, j’ai découvert qu’elles vivaient dans un orphelinat dans les bidonvilles. Et je continuais à me faufiler hors du palais pour les suivre partout. Elles me considéraient comme une nuisance au début, mais j’étais si têtue que nous avons fini par devenir des amies, » maintenant, sa voix était ombragée de douces réminiscences.

« Ces filles savaient-elles que tu étais une princesse ? » demanda Ayato.

« Non, je le leur ai caché à l’époque. Mais les nonnes devaient le savoir, » répondit Julis.

« Et ta famille ? » demanda Ayato.

« Tout le monde autour de moi a essayé comme un fou de m’arrêter. Mais à ce moment-là, mon père et ma mère étaient déjà morts, et je me fichais de ce que les autres disaient, » répondit Julis.

« Qu... ? » Ayato avait vacillé.

« Hmm ? Oh, tu ne le savais pas. Le roi actuel de Lieseltania est mon frère. Les dirigeants précédents étaient mes parents. Mais je ne m’en souviens pas très bien, » déclara-t-elle.

« Je... Je ne le savais pas... » Ayato se souvenait à peine de sa mère, et il savait de première main qu’il n’y avait rien d’autre à dire sur ce genre de choses.

« Ce qui m’a surpris quand j’ai vérifié, c’est que leur orphelinat a été construit par une fondation caritative créée par ma mère. Je n’ai pas pu m’empêcher de ressentir une connexion, » à ce moment-là, les mains de Julis étaient soudainement tombées en désœuvrement. « Mais cette charité n’existe plus. Il y a de plus en plus d’orphelins chaque année, et il devient de plus en plus difficile de faire fonctionner l’orphelinat. C’est pour ça que je suis venue ici. Cette fois, je dois les sauver — je dois les protéger. C’est triste, mais ce dont ces enfants ont le plus besoin en ce moment, c’est d’argent. »

« Mais attends..., » commença Ayato.

« Laisse-moi t’arrêter tout de suite. Personne ne m’a demandé de faire ça. Je le fais de mon plein gré et pour moi-même. Je ne fais que ce que je veux faire en ce moment, » déclara Julis avec son regard pointé dans les yeux d’Ayato.

Ayato y croyait de tout cœur. C’était son idée, à elle seule. Il s’agit du genre de personne qu’elle est.

Mais ce n’était pas la question qu’il se posait. « Non, je veux dire... n’y a-t-il pas beaucoup d’autres moyens ? »

« Des moyens pour quoi ? » demanda Julis.

« Tu sais... pour faire quelque chose à propos de l’argent. Après tout, n’es-tu pas la princesse ? » demanda Ayato.

Julis haussa les épaules et se moqua. « Comme si le pays avait de l’argent à dépenser. Les allocations pour la famille royale sont tirées d’un budget voté par le Parlement. Lieseltania n’est rien d’autre qu’une marionnette des FIEs. Penses-tu qu’ils permettraient un projet d’aide sociale sans perspectives de profit de survivre ? C’est pourquoi la fondation de ma mère a été fermée. Et le peuple de mon pays n’a jamais protesté face à ça. »

Les fondations d’entreprises intégrées plaçaient l’activité économique au-dessus de tout et n’hésitaient pas à modifier le tissu éthique même de la société en fonction de leurs objectifs. Au fil du temps, ils modifiaient l’opinion publique et ils changeaient progressivement de culture en leur faveur. Ayato se tenait maintenant debout dans l’incarnation concrète de cet effort — la ville d’Asterisk.

« Il y a de l’argent à dépenser quand c’est pour moi, mais je ne peux en dépenser autrement. Donc, la seule chose que je peux faire, c’est de le gagner par moi-même. Heureusement pour moi, j’ai les talents d’un Strega. Et le titre de princesse a dû travailler en ma faveur quand j’ai postulé... Quelle affiche de marketing idéal que je représente pour eux. » Elle avait fait un rire bas et amer. « Cette ville sans valeur et méprisable. Ils ont des étudiants qui se battent entre eux et le monde devient fou à cause de cela. La cupidité tourbillonne dans cet endroit, avalant tout et s’engraissant tout seul. C’est hideux et ça ne cesse de grossir. Mais c’est exactement la raison pour laquelle cette ville est la plus proche de tous les désirs possibles. C’est ici que je vais réaliser mon souhait. C’est ma raison de me battre. »

Julis avait étalé la chemise d’Ayato avec un bouton-pression replacé. Il était... eh bien, il avait été suffisamment réparé pour être fonctionnel, même si le résultat n’était pas particulièrement attrayant.

« Voilà ! » annonça-t-elle. « Prends ceci et rentre chez toi. »

« D’accord. Merci, » répondit-il.

« On ne se doit plus rien maintenant, » annonça Julis.

« Oui, je sais, » déclara Ayato.

Ce n’est pas un bon endroit pour abuser de son hospitalité, pensa Ayato — et puis il remarqua un mouchoir soigneusement plié sur le coin de la table. Ce petit mouchoir avait été le catalyseur de leur rencontre. Mais maintenant, il avait une idée de sa signification.

Julis remarqua ce qu’il regardait et sourit, le ramassant délicatement. « Les filles de l’orphelinat m’ont donné ça pour mon anniversaire. Tout le monde l’a brodé. Les points de couture qui semblent les pires sont ceux de ma meilleure amie. »

Cette personne doit être très importante pour elle, pensa-t-il.

« Ceci est mon plus grand trésor, » dit-elle avec un sourire timide, puis elle posa le mouchoir sur la table.

La vue avait éveillé une chaleur dans la poitrine d’Ayato — et en même temps une douleur sourde.

Quelqu’un d’important. Quelque chose à protéger.

... La chose que je dois faire, pensa-t-il.

« Eh bien, on se revoit demain, » il avait mis sa chemise, avait salué et s’était élancé par la fenêtre.

Le chuchotement d’une pensée a traversé son esprit. C’est donc une raison de se battre...

***

Chapitre 7 : Déchaîné

Partie 1

« Quoi de neuf, Amagiri ? As-tu des absences ? » La voix d’Eishirou l’avait surpris, même s’ils marchaient côte à côte.

« Oh, euh, rien. Ce n’est rien, » Ayato avait fait un signe de la main et il força rapidement un sourire.

« Euh... Eh bien, si tu le dis. Mais tu agis bizarrement depuis hier, » déclara Eishirou.

« Je vais très bien. C’est simplement que je n’ai pas assez dormi... Bref, on ferait mieux de se dépêcher, sinon on sera en retard, » déclara Ayato.

« Ne t’inquiète pas. On se glissera dans la classe juste à temps, » c’était ce qu’Eishirou avait dit, mais les couloirs étaient déjà presque désertés. En fait, les deux étudiants étaient arrivés dans leur classe quelques secondes avant le début de la classe.

« Je n’arrive pas à croire que tu te sois rendormi après que je t’ai réveillé, Yabuki... On a à peine réussi, » déclara Ayato.

« Ah, laisse tomber. On est à l’heure, n’est-ce pas ? » demanda Eishirou.

« C’est le principe — Oh, hey. Bonjour, Julis, » déclara Ayato.

Pendant qu’Ayato s’asseyait, Julis, à son bureau voisin, scrutait attentivement une lettre. Elle n’avait pas répondu.

« Julis ? » insista Ayato.

« Euh — Oh, bonjour, » Julis avait rangé la lettre dans l’urgence et avait détourné ses yeux des siens.

« Yo ! Les fesses sur les sièges maintenant ! Je prends les présences ! » Kyouko s’était précipitée dans la pièce avec l’air assoiffé de sang, et Ayato n’avait pas eu l’occasion de poursuivre son intérêt au sujet du comportement de Julis.

Elle semblait aussi distraite en classe, et son esprit était évidemment ailleurs.

Ayato s’était approché d’elle après l’école, quand il avait pensé qu’ils pourraient enfin parler. « Julis, quelque chose ne va pas ? »

Elle s’était levée de son siège sans même le regarder. « Désolée. J’ai des projets pour aujourd’hui. »

« Hein ? H-hey, Julis ? » Ayato ne pouvait que regarder Julis quitter rapidement la salle de classe, sourd à son égard.

« Je me demande ce qui ne va pas... ? » murmura Ayato.

« Uh-oh. On dirait qu’elle est revenue à son ancienne personnalité, » avait commenté Eishirou.

« Son ancienne personnalité ? » demanda Ayato.

Eishirou haussa les épaules. « Son Altesse a toujours été comme ça avant que tu n’arrives. Elle avait cette atmosphère “laissez-moi tranquille”. Et juste au moment où je pensais qu’elle commençait à dégeler, BAM ! Quel dommage ! »

Ayato s’inquiétait pour Julis, mais il devait aller faire un rapport à Claudia au sujet de l’incident d’hier. Bref, si quelque chose d’autre dérangeait Julis, peut-être que Claudia le saurait...

 

***

 

« Oh, bonne journée. Que puis-je faire pour toi ? » demanda Claudia.

Ayato était entré dans la salle du Conseil des Étudiants et Claudia l’avait salué avec son sourire habituel.

« Nous avons encore eu des problèmes hier, » annonça Ayato.

« Oui, j’en ai entendu parler. Ils ont utilisé les élèves de Le Wolfe, » déclara Claudia.

« Les nouvelles te parviennent rapidement, » ce n’était pas de ça qu’il voulait parler. « J’ai peut-être une idée de qui est derrière les attaques. »

Même Claudia ne pouvait pas cacher sa surprise. « Vraiment ? »

« Oui, j’en suis presque certain, » répondit Ayato.

Tandis qu’il lui murmurait son raisonnement, Claudia s’était enfoncée profondément dans ses pensées.

« Je vois... D’accord. J’enquêterai aussi de mon côté. J’espère que cela mettra fin à l’affaire..., » mais Claudia semblait quelque peu insatisfaite.

« Quelque chose te dérange-t-il ? » demanda Ayato.

« Julis est-elle aussi au courant ? » demanda Claudia.

« On n’en a pas parlé, mais je pense qu’elle aurait pu s’en rendre compte par elle-même, » répondit Ayato.

« Et où est-elle maintenant ? » demanda Claudia.

« Elle est rentrée chez elle en disant qu’elle avait des projets... Oh non — ! » À l’instant, Ayato avait compris.

Bien sûr. Julis étant ce qu’elle est, si elle réalisait qui était derrière les attaques, elle ne laisserait pas la suite à quelqu’un d’autre, se dit-il.

« Cela pourrait être un peu fâcheux, » avait déclaré Claudia.

« Mais les affronterait-elle vraiment en face à face ? Sans preuve tangible, ils nieront tout..., » déclara Ayato.

« Non, à ce stade, ils ne feront probablement pas traîner plus longtemps cette affaire. Ils la réduiraient au silence avec tout ce qu’ils ont sous le coude. Ils peuvent même la contacter en premier et —, » commença-t-elle.

« La lettre de ce matin ! » s’était écrié Ayato.

« Une lettre ? » demanda Claudia.

« Ce matin, en classe, Julis regardait une lettre. J’ai trouvé ça étrange parce qu’elle a essayé de le cacher, » répondit Ayato.

Claudia avait pâli. « En tout cas, nous devrions la trouver immédiatement. »

« Mais où devrions-nous la chercher ? » demanda Ayato.

Même si Asterisk était une île artificielle, elle n’était pas petite. Ils avaient peu de chances de trouver Julis en cherchant sans but.

« D’abord, je vais vérifier si elle est retournée à son dortoir après les cours, » déclara Claudia. « Si notre ennemi suggérait une réunion, ils choisiraient un endroit désert. Cela nous aide à affiner nos recherches. »

Elle avait affiché une carte d’Asterisk dans une fenêtre en dessus de la table.

« Oh, attends..., » quelqu’un avait appelé Ayato sur son portable. Il avait ouvert la fenêtre en toute hâte en pensant que ce pourrait être Julis.

« ... Ayato, aide-moi. »

La fille qui était apparue dans la fenêtre était Saya avec ses sourcils plissés par l’inquiétude.

« Saya ? Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Ayato.

« Je me suis perdue ! » répondit Saya.

Ayato avait pressé sa main contre son front, stupéfait par sa réponse.

« Encore une fois, Saya ? Je ne peux pas t’aider, désolé. Nous sommes occupés avec Julis en ce moment —, » déclara Ayato.

« Riessfeld ? Je pense l’avoir vue..., » commença Saya.

Ayato et Claudia avaient échangé des regards.

« Vraiment ? » demanda Ayato.

Dans la petite image du vidéochat, Saya hocha la tête.

« Saya ! Dis-moi exactement où tu l’as vue ! Non, attends — de toute façon, où es-tu ? » demanda Ayato.

« ... Si je le savais, je ne serais pas perdue, » répondit Saya.

Quand elle a raison, elle a raison, pensa Ayato.

« Excusez-moi, » interrompit Claudia. « Mademoiselle Sasamiya, pouvez-vous nous laisser voir ce qui vous entoure ? »

« Comme ça ? » Saya semblait un peu confuse par la demande soudaine d’une tierce partie, mais elle avait accepté sans hésiter.

« Vous êtes en dehors de la zone de rénovation. Je pense que je peux réduire le nombre de vos allées et venues, » déclara Claudia.

Ayato avait été impressionné par le fait qu’il n’avait fallu qu’un seul regard à Claudia pour savoir où elle se trouvait.

« Merci, Saya ! Tu es d’une grande aide ! » déclara Ayato.

« ... J’ai toujours besoin d’aide, » déclara Saya.

« Oh, c’est vrai. Euh... » Pendant un moment, il avait envisagé de demander à Saya de se joindre à l’opération de sauvetage, mais il avait ensuite pensé qu’il pourrait être trop dangereux de l’impliquer si leur ennemi était sur le point d’y aller cette fois-ci à fond. Et même s’il disait à Saya où aller, elle n’y arriverait probablement pas toute seule.

« J’enverrai quelqu’un pour aller chercher Mademoiselle Sasamiya, » avait dit Claudia. « Ayato, tu trouveras Julis. »

« Merci, Claudia, » déclara Ayato.

« Oh, ce n’est pas du tout un problème, » répliqua-t-elle vivement, puis elle avait mis en évidence les emplacements possibles sur la carte l’un après l’autre. Son action s’était déroulée remarquablement rapidement, mais Ayato avait quand même trouvé sa patience éprouvée, symptôme de l’urgence de la situation.

« Je me demande pourquoi Julis n’a rien dit, » s’était-il plaint. Il savait qu’elle voulait s’en occuper elle-même, et pourtant... « Peut-être qu’elle ne me fait toujours pas confiance. »

« Je pense que c’est le contraire, » avait dit Claudia, en lui faisant un sourire ironique sans quitter la carte des yeux.

« Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » demanda Ayato.

« Je te l’ai déjà dit, tu te souviens ? Elle fait tout ce qu’elle peut pour protéger ce qu’elle a. Et tu peux probablement te considérer comme quelqu’un d’important pour elle, » répondit Claudia.

« Julis ? Me protéger... moi ? » demanda Ayato.

À ce moment-là, quelque chose avait explosé à l’intérieur de lui. Une nouvelle perspective s’étalait devant ses yeux.

« Oh..., » il se souvient des paroles de sa sœur de cette nuit-là. Elle lui avait dit qu’elle le protégerait. Et il lui avait dit qu’il la protégerait. Il n’avait pas tenu cette promesse, mais... « C’est aussi simple que ça. »

Maintenant, il avait compris. Je sais ce que je dois faire.

« C’est fini ! » Claudia avait envoyé la carte sur son portable.

« D’accord. Je m’en vais ! » déclara-t-il, pensant déjà à la façon dont il vérifierait chaque endroit, en commençant par le plus proche.

« Oh, juste un moment. Avant de partir —, » Claudia l’avait rappelé alors qu’il était sur le point de sortir de la pièce comme un coup de feu. « C’est prêt. Tu es libre de l’emporter avec toi. »

***

Partie 2

Julis s’était rendue seule dans un immeuble abandonné dans la zone de réaménagement.

L’obscurité du crépuscule régnait sur l’édifice partiellement démoli. Les murs et les planchers morcelés avaient créé une illusion d’espace dégagé, mais les piles de débris avaient créé de nombreux angles morts.

Sans se décourager, elle était entrée plus profondément dans le bâtiment. Son visage était sombre alors qu’elle marchait constamment vers l’avant à travers les ombres étranges projetées par l’abaissement du soleil.

Dès qu’elle avait mis les pieds à l’arrière de la parcelle, des débris étaient tombés d’un étage supérieur dont le plancher n’existait plus — tombant droit vers l’endroit où elle se tenait. C’était plus que suffisant pour écraser une fille.

« Explosion Fleurale..., » murmura-t-elle, sans même lever les yeux. « “Couronne Rouge” »

Une fleur à cinq côtés s’était matérialisée pour la protéger, comme un parapluie fait de flammes, et cela avait repoussé chaque débris qui tombait sur elle.

« Vous devez savoir qu’il en faudra plus que ça pour me battre ? Montrez-vous, Silas Norman, » cria Julis.

La lune planait faiblement au-delà des trous béants de la structure. Des barres d’armature en acier s’écrasèrent sur le sol et un garçon seul émergea des nuages de poussière.

« Mes excuses. Ça n’a même pas fait un bon spectacle d’avant-match, » le garçon mince et petit, Silas, s’inclinait théâtralement. « Je suis impressionné. Comment saviez-vous que j’étais derrière ces attaques ? »

« Une erreur de langage d’hier, » répondit Julis.

« Hier ? » Silas avait baissé sa tête. « Hmm. Comment ai-je pu me tromper ? »

Julis lui répondit avec un calme forcé. « C’était hier, dans la zone commerciale, quand Ayato a énervé Lester. Quand vous avez essayé de le retenir, vous avez dit qu’il ne me tendait jamais d’embuscade au milieu d’un duel. »

« ... Et alors ? » demanda Silas.

« Comment saviez-vous que les attaquants m’ont tendu une embuscade au milieu d’un duel ? La première attaque lors de mon duel avec Ayato n’a pas fait la une, » demanda Julis.

« Mais la deuxième attaque l’a fait. Je l’ai moi-même vu, » répondit Silas.

« Oui, celle-là l’a fait. Mais tous les reportages ont seulement rapporté que j’avais repoussé les attaquants. Personne n’a mentionné Sasamiya, ni même le fait qu’un autre étudiant était sur les lieux. Quelle farce ! Quand on pense que c’est elle qui vous a repoussé, » déclara Julis.

Silas la fixa d’un regard insondable.

« Comprenez-vous maintenant ? Pour parler d’un duel, quand on ne savait même pas que quelqu’un d’autre était là, il fallait être là ou en avoir entendu parler par quelqu’un qui l’était. L’une ou l’autre possibilité indiquait que vous êtes l’agresseur ou un complice, » déclara Julis.

« Mon Dieu, j’ai été... insouciant. Alors il a provoqué Lester exprès, » déclara Silas.

« Probablement. Il ne laisserait pas ce genre de subterfuge l’affecté, » avait déclaré Julis, rayonnante d’orgueil.

« Hmm. Alors j’ai eu raison de réorienter mon intérêt vers lui. Il est un obstacle trop grand si je veux vous atteindre, » déclara Silas.

« Eh bien, vous — ! » s’écria Julis.

Silas avait ri. « Je sais, je sais ! C’est la raison pour laquelle vous êtes venue jusqu’ici — pour m’empêcher de le faire. »

En le regardant tendre les bras avec un sourire arrogant, Julis avait serré ses dents.

Ce matin-là, elle avait trouvé une lettre dans son bureau sur laquelle était écrit : « Je vais maintenant cibler ceux qui sont près de vous. Si vous ne voulez pas que cela se produise, venez à l’adresse ci-dessous. »

« Alors, finissons-en, » déclara Julis.

« S’il vous plaît, pas besoin d’être si pressée ! J’aimerais vraiment qu’on en parle comme des adultes. C’est pour ça que je vous ai demandé de venir ici, » déclara Silas.

« Un mensonge éhonté, le pire que je n’ai jamais entendu avant. Vous voulez que je vous croie ? » demanda Julis.

« Oh, mais je suis sérieux. Pour être tout à fait franc, si je le peux, je préférerais éviter de vous affronter dans une vraie bataille, » même si Silas l’admettait, il n’en était pas moins sûr de lui.

Julis avait fait ses devoirs avant de venir ici. Silas n’était pas classé, et il n’avait aucun dossier de matchs officiels. En ce qui concerne les combats, il était complètement inconnu.

De plus, il y avait au moins trois attaquants. Même si Silas était l’un d’eux, cela signifiait qu’il avait deux complices.

« Très bien. Je vais vous écouter. » Il vaudrait mieux attendre de voir comment Silas veut jouer ça, décida Julis.

« Merveilleux. La vérité, c’est que je suis là pour l’argent, tout comme vous. Je pensais que nous pourrions nous comprendre, » Silas hocha la tête, souriant largement. « Vous l’avez peut-être déjà devinée, mais je veux que vous vous retiriez du Phoenix. Et si vous pouviez dire que je n’ai rien à voir avec ces attaques, ce serait un plus. »

« Et qu’est-ce que j’y gagne ? » demanda Julis.

« Votre bien-être et celui d’Ayato Amagiri. Est-ce insuffisant ? » demanda Silas.

« C’est ridicule, » répondit Julis d’une manière catégorique. « Je peux l’avoir si je vous écrase ici. Et même si je devais me taire, le Conseil des Étudiants est déjà au courant, j’en suis sûre. »

« Je ne m’inquiète pas pour eux. Il n’y a pas la moindre preuve que j’étais impliqué, » répliqua Silas.

« Vous semblez en être bien sûr, » répondit Julis.

« Parce que c’est la vérité, » déclara Silas.

Ils se regardaient fixement l’un et l’autre.

Puis une voix furieuse avait grondé à travers le bâtiment brisé. « Qu’est-ce qui se passe ici, Silas !? »

« — Lester ? » Julis avait commencé à voir apparaître Lester MacPhail qui arrivait sur les lieux. Elle avait pris sa position de combat avant de comprendre que sa colère était dirigée contre Silas.

« Bonjour, Lester. Je t’attendais, » déclara Silas.

« Tu as dit que Julis était d’accord pour m’affronter en duel, alors je me suis précipité ici, mais ça... Est-ce que c’est vrai ? Es-tu celui qui a attaqué sournoisement Julis ? » Il avait clairement tout entendu.

« Oui, c’est exact. Y a un problème avec ça ? » demanda Silas.

« Ne sois pas idiot ! Pourquoi diable ferais-tu ça !? » s’écria Lester.

« Pourquoi ? Je ne peux que te dire qu’on me l’a demandé, » répondit Silas.

« On t’a demandé de... ? » Le regard sur le visage de Lester était un mélange de surprise, de colère et de confusion.

Si c’était une comédie, alors il faudrait un talent théâtral considérable. Julis savait parfaitement que Lester n’avait pas un tel talent.

Elle avait poussé un soupir et avait dit : « Il travaille avec une autre école pour attaquer les favoris du Phœnix. Alors, tu ne le savais pas ? »

Lester était sans voix, le visage figé alors qu’il était en état de choc. Silas, d’autre part, avait dû jouer un rôle convaincant en tant qu’acolyte obéissant.

Silas avait jeté un regard moqueur sur Lester et avait haussé les épaules. « Contrairement à vous deux, je préfère éviter les bêtises comme se battre en face à face sans cesse. S’il y a un moyen plus sûr et plus efficace de gagner de l’argent, alors il est naturel de le choisir. »

« C’est pour ça que vous avez vendu vos camarades de classe ? » demanda Julis.

« Des camarades de classe ? Vous plaisantez, c’est une bonne blague là, » Silas riait, secouant la tête. « Chaque personne réunie ici est un ennemi pour toutes les autres personnes, voyez-vous. Nous pourrions faire des alliances temporaires pour des compétitions d’équipe ou des matchs en duo, mais à part cela, nous sommes tous en train de prendre de l’avance aux dépens de n’importe qui d’autre. Je pensais que vous deux le comprendriez, avec vos classements élevés. Vous vous battez avec tout ce que vous avez, payant pour votre statut avec la sueur et le sang, gagnant votre place pour seulement être pourchassé par ceux qui veulent vous les prendre depuis en dessous de vous. Je ne suis pas intéressé par une vie aussi pénible. Si je peux gagner autant d’argent sans me démarquer, c’est évidemment le bon choix — n’êtes-vous pas d’accord ? »

« Je vois ce que vous voulez dire. Il est vrai que les étudiants ici ne sont pas là pour se faire des amis. Et il est vrai que plus vous devenez célèbre, plus les gens ennuyeux viennent pour vous, » déclara Julis.

« Hey... Julis ! » Lester s’était renfrogné, conscient qu’elle parlait en partie de lui.

« Mais ce n’est pas tout ce qu’il y a, » déclara Julis.

« Non ? Comme c’est décevant. J’ai toujours pensé que vous et moi étions du même avis, » déclara Silas.

« Vous êtes déçu ? Pour oser dire que j’ai quelque chose en commun avec un voyou comme vous..., » Julis fixa Silas, lui signalant qu’elle n’avait plus rien à lui dire.

« Je vais te demander avant de te fracasser dans le sol, » déclara Lester. « Pourquoi est-ce que tu m’as appelé ici ? Si tu pensais vraiment que je serais de ton côté, tu es bien plus stupide que tu n’en as l’air. »

« Non, tu es plus comme une assurance, » répondit Silas. « J’avais besoin de quelqu’un pour jouer le rôle de l’agresseur coupable, au cas où les négociations avec Mademoiselle Riessfeld n’aboutiraient pas. »

« Es-tu vraiment un idiot ? Pourquoi serais-je d’accord avec ça ? » demanda Lester.

« Oh, pas besoin de s’inquiéter de ça. Comme aucun de vous n’avez parlé de ça à quiconque, je peux écrire le scénario que je veux pour répondre à mes besoins. Eh bien, je suppose que la chose la plus facile serait de dire que vous avez dû faire preuve d’une telle férocité qu’il en a résulté un match nul mortel. »

À ce moment-là, le disjoncteur de Lester avait grillé complètement. « Tu es vraiment un rigolo. Tu crois que tu peux me faire taire avec tes pouvoirs minables ? Voyons voir si tu essaies, » il avait dégainé son activateur Lux, et l’arme qui avait pris forme était une énorme hache de combat aussi grande que sa carrure — la Bardiche-Leo.

« Lester, ne vous précipitez pas au combat. On ne sait pas ce qu’il a dans sa manche. N’est-il pas un Dante ? » Julis pensait difficilement que Lester puisse un jour être un ami de confiance, mais elle n’était pas prête à l’abandonner dans une telle situation.

« Oui, son pouvoir est la télékinésie, » se moqua Lester. « C’est probablement tout ce qu’il peut faire pour balancer des décombres. Bref, Julis — ne vous mêlez pas de ça ! »

Avant même d’avoir terminé la phrase, il se dirigea vers Silas et balança sa hache en forme de demi-lune, sa lame de lumière hurlante dans l’air. « Va au diable ! Qu’est-ce que... !? »

À cet instant, un géant vêtu de noir était tombé du trou du plafond pour se glisser entre Lester et son adversaire et avait arrêté son attaque — à mains nues.

Il grognait en poussant sa hache vers l’avant, y canalisant toutes ses forces, mais le géant n’avait pas bougé d’un pouce. Lester, qui s’était considéré comme l’étudiant le plus redoutable physiquement à Seidoukan, fut stupéfait.

Alors même qu’il regardait ça avec surprise, il avait eu assez de présence d’esprit pour sauter en arrière.

***

Partie 3

« Oh, j’ai compris, » s’écria-t-il. « Alors c’est ton ami. »

« Ami ? » Silas avait fait un rire condescendant. « Ne sois pas bête. » Il claqua des doigts, et deux autres hommes vêtus de noir apparurent des ombres. « Ce sont mes jolies et adorables poupées. »

Les hommes se débarrassèrent de leurs robes noires et se révélèrent n’être que des mannequins. Leurs visages avaient des entailles qui suggéraient des yeux, mais pas de nez ou de bouche. En fait, la plupart étaient sans traits particuliers. Ils ressemblaient légèrement à des mannequins à rotule, mais beaucoup plus étranges.

« Marionnettes de combat... ? » Julis observa ça calmement.

Les marionnettes télécommandées pouvaient être utilisées au combat, mais nécessitaient des installations dédiées à leur contrôle. Julis avait trouvé peu probable à l’extrême que Silas puisse construire une infrastructure d’une telle envergure. Ce n’était pas impossible en soi, mais le faire dans Asterisk tout en réussissant à garder le secret serait aussi impossible qu’on pourrait le penser.

« Je préférerais que vous ne les compariez pas à des jouets non raffinés, » avait dit Silas. « Mes beautés n’ont aucune machinerie en elles. »

Alors comment peuvent-ils bouger ? Mais juste devant leurs yeux, les poupées se déplaçaient aussi harmonieusement que des personnes.

« Donc, c’est votre pouvoir, » Julis avait finalement compris pourquoi elle n’avait jamais pu sentir la présence des agresseurs jusqu’au tout dernier moment. C’était simplement parce qu’ils étaient inorganiques. Ils n’avaient aucune présence, aucun esprit combatif pour lui permettre de les détecter.

« Tout ce temps, tu me l’as caché !? » cria Lester. « Tu as dit que le mieux que tu pouvais faire était de manipuler un couteau. »

« Tu l’as vraiment cru !? » Silas avait éclaté de rire. « Oh, pardonnez-moi. Mais pensez-y. Quel genre d’imbécile montre son jeu à ses ennemis ? »

Il haussa les épaules et continua. « Comme Lester vient de le mentionner, ma capacité consiste à utiliser le mana pour contrôler les objets que j’ai marqués. Tant que c’est inorganique, je peux le manipuler comme bon me semble — même des structures complexes comme ces poupées. Bien sûr, personne dans notre école ne le sait. »

Julis avait vu une partie de la raison pour laquelle Silas était si sûr de lui. « Vous avez utilisé les poupées pour attaquer vos cibles. Si personne ne connaît vos capacités, il serait certainement difficile de vous attraper. »

Ayato avait dit que Silas avait l’alibi parfait. Il serait facile à établir avec cette capacité. Quelle que soit la portée de ses pouvoirs de contrôle à distance, il n’avait pas besoin d’être sur les lieux s’il pouvait voir ce qui se passait. Tout ce qu’il avait à faire était d’équiper l’une des poupées d’une caméra.

La réalité était qu’il était difficile de prouver que les Stregas et les Dantes étaient coupables d’actes répréhensibles lorsqu’ils abusaient de leurs pouvoirs de cette manière — ce qui était exactement la raison pour laquelle chaque nation exigeait que ceux qui étaient si doués s’enregistrent.

« Assez de ça ! » déclara Lester. « Je vais te démolir et te remettre au Comité de Discipline ou à la garde municipale, et ce sera fini de toi ! »

« C’est en supposant que tu puisses partir d’ici indemne, » répondit Silas avec suffisance.

« Comme tu l’as demandé... ! » Alors que Lester soulevait son prana, la lame de la Bardiche-Leo avait presque doublé de volume.

Julis avait déjà vu cela plusieurs fois dans le passé. C’était le coup mortel de Lester, sa Technique des Météores. Son arme ressemblait maintenant à un marteau géant plutôt qu’à une hache.

« Prends ça ! Nemea Maudite ! » cria Lester.

Avec un cri de fracas, Lester s’était précipité et avait frappé, envoyant les trois poupées dans les airs. Elles s’étaient écrasées de façon spectaculaire sur un pilier, alors que des morceaux se dispersaient dans la zone. Le pilier s’était fissuré en raison de la force de l’impact.

Deux des poupées avaient été complètement détruites, alors qu’elles avaient des membres cassés et des corps tordus dans des positions impossibles. Mais la poupée géante n’avait souffert que d’une fracture du torse. Elle s’arracha du pilier et fit face à Lester comme si le coup avait été une légère brise.

« Haha, celle-ci est assez résistante, » Lester avait souri, ne manquant pas de confiance en lui.

« C’est un modèle lourd que j’ai construit pour t’affronter, » avait dit Silas. « Il est beaucoup plus durable que le modèle normal. Son type de corps et son arme ont également été conçus en pensant à toi. J’en avais besoin pour jouer ton rôle quand le besoin se ferait sentir. »

« Pour me piéger, hein ? Alors celui qui est là-bas avec l’arbalète est censé être Randy ? » demanda Lester.

« C’est à peu près sa taille, » répondit Silas.

« Tu as effectué beaucoup de travail, » fit remarquer Lester. « Dommage que tout soit gaspillé ! »

Il avait encore une fois fait pivoter la Bardiche-Leo — mais au moment où la lame était sur le point d’entrer en contact avec la poupée lourde, deux nouvelles poupées étaient sorties de derrière un pilier et l’avaient assailli de projectiles de lumière. Il avait hurlé de douleur et était tombé au sol.

« Lester ! » Julis avait essayé de lui venir en aide, mais une autre poupée était apparue pour bloquer son chemin.

« J’ai besoin que vous restiez là, si vous le voulez bien, » lui avait dit Silas. « Oh oui — celles-là aussi sont spécialement équipées. Elles ont une résistance à la chaleur accrue pour vous résister. »

Trois autres poupées entouraient Julis. Contrairement aux autres, leur corps était noir de jais, mais autrement elles se ressemblaient. Et elles tenaient un Lux en forme d’épée dans leurs mains.

Julis avait activé son propre Lux, l’Aspera Spina.

« Tu ne peux rien faire d’autre que des embuscades bon marché... ? » Lester s’était levé et il était à genou en ce moment. Il était clair qu’il était assailli par la douleur, et il regardait en ce moment dans la direction de Silas.

« Oh, voyons donc. Je ne pensais pas que tu te relèverais ! » s’exclama Silas.

Lester avait dû détourner tout son prana pour le mettre en défense. Il saignait ici et là, mais sa volonté de se battre semblait inébranlable.

Tout le monde avait une réserve limitée de prana. Si elle était épuisée, le combattant perdrait conscience —, et le faire dans ces circonstances signifierait bien pire pour Lester.

« Vas-y, jette-moi autant de ces crétins que tu peux. Ils ne sont pas à la hauteur de —, » commença Lester.

« Oh, pauvre Lester... Tu ne comprends vraiment rien, » Silas lui coupa la parole.

Pendant que Silas parlait, une autre poupée sauta devant Lester — suivie d’une autre et encore d’une autre et encore d’une autre. Cela ne s’arrêtait pas.

Lester regarda avec fureur, mais son expression se transforma peu à peu en incrédulité puis en peur. Julis, essayant de passer devant les poupées qui l’entouraient, essayant de s’approcher un peu de Lester, les yeux écarquillés.

Ils ne regardaient pas dix ou même vingt poupées. Il y avait beaucoup plus que cela...

« Voulez-vous que je vous en envoie autant que je peux ? Très bien, je ferai exactement ce que vous voulez. Le nombre maximum de poupées que je peux contrôler en une seule fois est de cent vingt-huit, » déclara Silas.

« Cent et..., » le désespoir s’était répandu sur le visage de Lester.

En regardant de haut les deux autres, Silas fredonnait de plaisir. « Oh, quelle belle expression ! C’est le genre de visage que j’espérais que tu fasses. Eh bien, alors, ravi de t’avoir connu ! »

Il avait agité son bras à une seule reprise et les poupées avaient foncé sur Lester.

« Silas, non ! » Julis avait essayé de percer le mur de poupées qui l’entourait, mais face à leur nombre, elle ne pouvait rien faire. Bien que ces choses ne soient pas si fortes individuellement, elles se sont battues efficacement en équipe.

Silas regarda Julis avec un mince sourire sur son visage. De derrière lui, elle pouvait entendre les cris étouffés de Lester — mais ils ne tardèrent pas à s’arrêter.

« Ne vous inquiétez pas. J’ai encore besoin de lui vivant, » avait dit Silas. « Je dois faire croire que vous l’avez achevé. J’ai juste besoin de trouver quelque chose d’inflammable et... »

« Explosion Fleurale — Antirrhinum Majus ! » cria Julis.

Julis n’avait pas eu la patience de laisser Silas finir son monologue. Elle agita son épée et un cercle magique prit forme le long de son trajet. Avec un violent déferlement de chaleur, un énorme dragon fait de flammes s’était détaché du cercle.

« Ah. Cela, je ne l’avais jamais vu auparavant, » murmura Silas, impressionné.

Il n’aurait certainement pas dû le voir avant, pensa Julis. C’était sa carte maîtresse. Elle ne l’avait jamais montré inutilement.

Le dragon de feu secoua l’air d’un puissant rugissement, puis écrasa les poupées qui bloquaient le chemin d’une seule bouchée de sa puissante mâchoire.

Silas s’était exclamé face à la surprise de voir ses poupées, y compris les modèles à résistance thermique accrue, détruites par une puissance destructrice aussi impressionnante.

 

 

« Ça, c’est quelque chose. Je suppose qu’il y a une raison pour laquelle vous êtes classée cinquième..., » il avait reculé et avait encore une fois claqué des doigts. « Mais je vous surpasse toujours en nombre ! »

Cinq poupées étaient passées devant la gueule du dragon avant d’aller encercler Julis et l’attaquer. En se serrant les dents, elle s’était défendue avec l’Aspera Spina, mais en contrôlant le dragon, elle avait rendu une bonne partie de sa concentration non disponible pour autre chose, et donc ses mouvements avaient été émoussés. Alors qu’elle bloquait à peine une lame de lumière avec la sienne, l’interférence provoquée par le contact de l’arme Lux avait déclenché des étincelles éblouissantes.

« Je n’ai pas encore fini ! » Avec un cri, Julis fit un coup de pied à la poupée dans la section médiane pour l’envoyer voler, puis elle tourbillonna pour repousser l’arme de la poupée derrière elle et plongea son épée dans celle-là.

Mais la poupée continua à avancer avec indifférence et elle enveloppa ses bras autour d’elle.

« Quoi — elle s’est sacrifiée d’elle-même !? » s’écria Julis.

Silas avait ri. « Si vous les combattez comme si elles étaient humaines, alors elles profiteront de vous comme ça. » Plusieurs poupées, alignées les unes derrière les autres, avaient préparé leurs fusils à l’unisson.

Julis avait rappelé son dragon pour la protéger du déluge de tirs qui allait arriver, mais elle n’avait pas eu le temps de détruire les tireurs. Des projectiles de lumière s’étaient déchaînés à travers les flammes dansantes et dans sa cuisse.

Alors qu’elle réfréna un cri et tomba à genoux, deux poupées la saisissent par chacun de ses bras et la pressent contre un mur. Le dragon de feu avait fondu dans les airs.

« Vos sorts sont puissants, mais ils vous masquent aussi les attaques entrantes, » déclara Silas.

« Heh. Vous êtes plutôt observateur, » répondit Julis, forçant sa grimace de douleur en un sourire provocateur. « Mais j’ai aussi trouvé quelque chose. »

« Oh ? Qu’est-ce que ce serait ? » demanda Silas.

« C’est Allekant qui vous soutient. » Elle avait vu le sourire disparaître de son visage. « Vous avez dit que ces poupées avaient été spécialement fabriquées. Où avez-vous trouvé une armure assez solide pour résister à mes attaques et à celles de Lester ? Et en quantité pour les produire en masse dans ces proportions ? Aucune autre école n’a la capacité technologique. »

« Très perspicace. Mais maintenant, je ne peux pas vous laisser partir d’ici, » déclara Silas.

Julis s’était moquée de lui. « Vous dites ça comme si vous aviez envisagé de me laisser partir. »

Silas s’approcha d’elle sans dire un mot, puis lui donna un coup de pied en plein dans la blessure à la cuisse, avec une violence accrue. Elle avait crié de douleur.

Il riait avec allégresse en constatant ça. « Non, je pensais vous faire souffrir un peu d’abord. Mais j’ai changé d’avis. Finissons-en, si vous voulez bien. »

Il tourna le dos à Julis alors qu’elle se tordait d’agonie, puis il leva légèrement la main. Alors qu’elle se tenait debout contre le mur, l’une des poupées souleva une hache de guerre géante. Julis avait fermé avec forces les yeux en attendant le moment fatidique.

Pendant un instant, une rafale s’était précipitée jusqu’à elle. C’était doux, agréable et pourtant extrêmement féroce...

 

« Désolé, je suis en retard. »

 

En entendant cette voix, Julis avait ouvert les yeux avant de constater qu’un homme qui n’était pas censé être là se tenait là. Il avait dans la main une grande épée d’un blanc pur.

***

Partie 4

« Ayato !? » Alors qu’elle criait de surprise, la poupée à la hache de guerre s’était effondrée au sol, et celles qui la tenaient avaient fait la même chose. Toutes avaient été tranchées net au niveau du torse avec un seul coup d’épée.

« Pourquoi es-tu ici... ? » Soudain, il la tenait dans ses bras. Elle était soulagée, mais au-delà de ça, il y avait un mélange complexe de bonheur et d’embarras.

« C’est grâce à Saya et Claudia, » déclara Ayato.

« Sasamiya et Claudia... ? » Puis elle s’était écriée. « Ne me dis pas que tu es venu ici pour me sauver ! »

« Euh, je l’ai en quelque sorte fait, non ? » répondit-il, déconcerté.

Maintenant, elle était en colère. Il ne comprenait même pas pourquoi elle aurait dû régler ça toute seule. Elle l’admettait elle-même — elle l’aimait bien, ce garçon frivole, mais gentil. Et c’était précisément la raison pour laquelle elle ne voulait pas qu’il soit impliqué.

« C’est mon problème ! Ça n’a rien à voir avec toi ! Mais veux-tu juste te jeter dans le danger sans réfléchir aux conséquences ? » s’écria Julis.

Ayato avait répondu à la question avec une expression étrangement calme sur son visage. « Tu m’as dit l’autre jour —, tu te bats de ton plein gré, pour toi-même. Tu essayes de protéger les enfants de l’orphelinat uniquement parce que tu le veux. »

« Oui... c’est vrai, » le changement soudain de sujet était déconcertant, mais elle avait hoché quand même la tête.

« Je pense que c’est incroyable, vraiment, mais..., » Ayato l’avait regardé droit dans les yeux. « Qui va te protéger, Julis ? »

« Me protéger... moi ? » Elle n’avait jamais pensé à une telle chose.

Elle avait fait tout ce qu’elle pouvait pour ne pas perdre ce qu’elle avait. Pour récupérer les choses qu’elle avait perdues.

Elle voulait avoir le contrôle de l’avenir pour que le passé ne se répète jamais...

« J’ai cherché, Julis. Depuis tout ce temps... J’ai cherché pour trouver quelque chose que je peux faire, quelque chose que je veux faire, quelque chose que je devrais faire — pour la chose que je dois faire. Cela à commencer le jour où quelqu’un que j’aimais m’a quitté. Mais je suis venu ici et je t’ai rencontrée. Et maintenant, je sais enfin ce que c’est, » déclara Ayato.

Ayato donnait l’impression qu’il se remémorait quelque chose d’important... et pourtant, en même temps, c’était comme s’il s’en détachait.

« Je le comprends parfaitement maintenant. J’ai compris que s’il y a quelque chose que je veux faire, et que j’ai la force de le faire — alors c’est tout. C’est ce que je dois faire, » continua Ayato.

« Ce que tu... dois... ? » demanda Julis.

« Pour l’instant, je veux t’aider. C’est tout et rien d’autres, » Ayato lui hocha la tête avec un petit sourire.

Il regardait Julis avec des yeux si sérieux et inébranlables. C’était profond et sombre, et il s’agissait d’yeux tel le ciel nocturne.

En ce moment, le cœur de Julis battait la chamade. Une étrange émotion se développait en elle — douloureuse, agonisante et en même temps réconfortante. C’était puissant, féroce, et ce n’était pas comparable à tout ce qu’elle avait ressenti auparavant...

« Avez-vous maintenant fini de papoter ? Tu es un invité inattendu, Ayato Amagiri, » déclara Silas.

Se rappelant du présent, elle avait vu Silas faire un roulement d’épaules de façon dramatique. Il était encore débordant d’arrogance, indifférent au fait qu’Ayato avait instantanément détruit trois des poupées. Apparemment, il était sûr qu’un nouvel arrivant ne changerait pas son avantage dans ce combat.

« C’est donc ça la puissance du Ser Veresta... Oui, ça pourrait poser un petit problème, » déclara Silas.

Julis en avait entendu parler — la Lame du Creuset Noir, célèbre comme étant une épée d’une puissance énorme, parmi les plus hauts niveaux d’Orga Luxs en possession de l’Académie Seidoukan.

Il s’agissait d’une énorme épée avec une lame d’un blanc aveuglant, mais Ayato la tenait d’une seule main.

« Quel gâchis ! Un Orga Lux dans les mains d’un combattant de seconde zone. Je t’ai vu te battre plusieurs fois, Ayato, et pour être honnête, à notre école, tes compétences sont l’image même de la médiocrité. Tu as bien fait de frapper au cours d’une embuscade ces trois-là, mais qu’espérais-tu réaliser contre plus d’une centaine — ? » déclara Silas.

« Taisez-vous. C’est vous qui ne savez que tendre une embuscade, Silas Norman, » déclara Ayato.

La voix d’Ayato était grave et froide, et ce n’était pas du tout sa voix habituelle.

Silas avait fait un pas en arrière comme s’il était submergé par sa force. Puis, conscient de sa perte de sang-froid, il s’était repris.

« C’est un peu dur. Veux-tu voir ce que je peux faire ? » Alors qu’il claquait des doigts, ses poupées préparaient leurs Luxs. « Penses-tu que tu peux t’attaquer à autant de poupées en étant seul ? Alors, essayons de voir si tu peux le faire ! »

Des projectiles de lumière volaient de toutes les directions, et entre eux, des poupées avec des épées, des haches et des lances chargeaient. Mais une voix avait résonné — .

« Par l’épée en moi, je me libère de cette prison d’étoiles et déchaîne ma puissance ! »

Puis Julis l’avait vu. Une souffrance colossale remplissait le visage d’Ayato. Tandis qu’elle sentait que son prana augmentait en intensité, des cercles magiques luisants flottaient autour de lui pour ensuite se disperser en étincelles de lumière. Un niveau écrasant de prana avait jailli et cela s’éleva en un pilier de lumière pure.

C’était comme si les entraves qui le retenaient avaient été défaites...

L’instant d’après, Ayato n’était plus là.

« Wuh... ? »

Alors que Silas prononçait cette syllabe en raison de la stupéfaction, les poupées qui attaquaient tombèrent en pièces. Elles avaient été découpées en tranches comme si elles avaient été détruites par la chaleur autant que par une lame, les bords cisaillés grésillant de rouge.

« Non ! C’est impossible ! » En sortant de son choc, Silas regarda autour de lui avec terreur. « Où êtes-vous — !? »

« Juste ici, » Ayato se tenait en oblique derrière Silas, qui criait de consternation.

Il avait tourné autour de lui en un clin d’œil, avec Julis dans un bras, et avaient coupé les poupées d’un seul coup.

On aurait dit qu’une rafale de la force d’un ouragan avait balayé la scène. Ce qui s’était passé à ce moment-là, Julis le savait, c’était simplement qu’Ayato s’était déplacé à une vitesse d’un autre monde.

« Comment... !? » Silas se retourna en pleine panique, son visage sans couleur, et commença à reculer comme s’il se préparait à fuir.

Devant lui se tenait un jeune homme avec une grande épée dans la main droite alors qu’il tenait une jeune fille avec son bras gauche. Il était recouvert d’une profusion de prana si épais qu’elle était visible à l’œil nu.

« Qu-Qu’est-ce que tu, tu es... ? »Silas bégayait.

Julis était sans voix avec émerveillement, jusqu’à ce qu’elle reprenne ses esprits et s’adresse immédiatement à Ayato. « Hey — lâche-moi maintenant ! Je refuse d’être un fardeau ! »

Il peut difficilement se battre sans être encombré tout en portant une personne, pensait-elle. De plus, il maniait le Ser Veresta d’une seule main, ce qui, à en juger par la taille de l’épée, devait constituer une charge importante en soi.

« Non. Si je te laisse toute seule, il s’en prendra à toi. Désolé, mais tu devras supporter ça un peu plus longtemps, » déclara Ayato.

« Mais tu ne peux pas te battre avec un seul bras... ! » déclara Julis.

« Ne t’inquiète pas pour ça. Cette chose est plus légère qu’elle n’en a l’air, » avait répondu Ayato et avait fait basculer le Ser Veresta pour le démontrer. La lame avait été blanche comme de la neige fraîche, mais maintenant elle était recouverte de motifs noirs — non, ils flottaient dans l’air, s’enroulant autour de la lame.

Ces étranges motifs faisaient penser à des flammes noires s’échappant du puits de l’enfer. Cela devait être la vérité derrière l’épithète de cette épée.

« Pour être franc, je ne peux pas continuer longtemps... Mais je peux me débrouiller avec quelqu’un de son niveau, » Ayato avait tourné son regard vers Silas.

« Tu es peut-être capable de te défendre, mais ne me sous-estime pas ! » Silas faisait un effort pour retrouver son sang-froid, mais ils pouvaient voir qu’il était clairement ébranlé. « Je ne me retiendrai pas cette fois... »

 

 

Les poupées, alignées grossièrement en lignes, s’étaient maintenant rangées en formation. Les rangs avant tenaient des armes longues comme des lances et des haches de combat, et les rangs arrière tenaient des fusils et des arbalètes, tandis qu’entre les deux se tenaient ceux qui avaient des épées et des haches à main. Au fond se trouvait Silas.

« Voici le véritable esprit de mon Maelzel Corps ! Ils ont la puissance destructrice de toute une compagnie d’infanterie ! Défendez-vous, si vous le pouvez ! » cria Silas.

Le premier rang des poupées s’était précipité sans ménagement.

Alors qu’Ayato sautait pour esquiver les nombreuses lames pointées vers lui, une pluie de projectiles de lumière avait suivi. Il avait dévié ceux-ci avec le plat du Ser Veresta, mais alors qu’il avait atterri au sol, d’autres poupées lui avaient sauté dessus avec des épées. Ayato esquiva en passants sous eux puis il avait effectué un grand pas en arrière, mettant une certaine distance devant lui.

Julis avait enfin pu reprendre son souffle.

Les poupées s’étaient rapprochées suffisamment pour que les bords tranchants de leurs larmes leur permettent presque de trancher leur gorge. Elle ne pouvait s’empêcher de serrer sa main autour du cou d’Ayato, mais chaque fois qu’elle l’avait fait, le fait qu’elle s’accroche à lui avait provoqué une bouffée de chaleur au niveau de son visage et de sa poitrine. Elle s’était reproché de penser de cette façon à un moment comme celui-ci — mais elle n’avait pas pu en faire autrement, c’était incontrôlable.

Silas s’était mis à rire avec dédain. Le fait de voir Ayato sur la défensive avait restauré son arrogance. « Tu es très doué pour esquiver. Vas-tu faire autre chose que de les éviter ? »

« Peut-être. J’ai beaucoup appris tout à l’heure, » annonça Ayato.

« As-tu appris quelque chose ? » demanda Silas.

« Vous ne pouvez déplacer que six modèles de poupées à la fois. N’est-ce pas vrai ? » demanda Ayato.

« Hein ? » Perplexe, Silas fronça les sourcils. « De quoi parles-tu maintenant ? Les as-tu au moins regardé ? Ne vois-tu pas que j’en contrôle plus d’une centaine ? »

« Bien sûr, je vois ça. Mais il n’y a que six modèles qui se déplacent librement, et les autres ne font que suivre des ordres simples. Et je pense que vous pouvez contrôler environ seize poupées individuelles à la fois. Les autres ne font que répéter des mouvements simples comme tirer sur la gâchette et balancer les bras, » déclara Ayato.

Silas n’avait rien dit face à cela.

« Cela pourrait être utile comme bluff, mais maintenant je vois pourquoi vous ne pouvez vous battre qu’avec des attaques furtives, » continua Ayato. « Si vous participiez à un combat régulier, cela ne prendrait pas beaucoup de temps pour que les gens voient à travers votre médiocre capacité. »

Silas tremblait alors que toutes couleurs disparaissaient de son visage, confirmant les déclarations d’Ayato.

« Oh, six types et seize poupées. Êtes-vous en train d’imaginer une partie d’échecs ? » demanda Ayato.

« Échecs — ! Je vois ! » s’exclama Julis.

Les Dantes et les Stregas contrôlaient leurs pouvoirs en conjurant des images spécifiques dans leur esprit. Tout comme les fleurs imaginées par Julis, Silas devait avoir des pièces d’échecs imaginées dans sa tête.

Tout cela avait un sens pour Julis, mais elle était impressionnée par la perception diabolique d’Ayato. S’il avait vraiment déduit tout cela en quelques instants de combat, alors ses capacités étaient bien au-delà de ce que des individus comme Silas pouvaient affronter.

« Vous pensez peut-être que vous êtes le grand maître, » continua Ayato. « Mais je dirais que vous êtes un joueur plutôt médiocre. »

« Va te faire foutreeeee ! » Dans un renversement complet, un Silas ayant un visage rouge foncé avait hurlé de rage. « Écrabouillez-les ! Écrasez-les à mort ! »

Les premiers rangs de poupées se précipitèrent à nouveau vers lui, mais cette fois Ayato n’avait même pas pris la peine de fuir au loin. Il s’était dirigé vers les poupées grouillantes et avait balancé la grande épée devant lui. C’était suffisant pour couper en deux trois poupées avec des lances à la main. Sa lame s’était déplacée à une vitesse extraordinaire. Il avait l’air de repousser des moustiques, mais les poupées tombaient, plusieurs à la fois.

« Ce n’est pas la peine. Prises une par une, vos poupées ne sont pas très fortes. Et une fois que j’ai compris comment elles se déplacent, elles sont aussi fragiles que des marionnettes, » Ayato avait déplacé son épée sans regarder, et l’une des poupées avait sauté pour s’empaler comme si c’était de son plein gré. Avec un son grésillant, elle avait fondu sur le sol. Il avait une parfaite maîtrise du mouvement de son arme, même s’il la tenait que d’une main.

« Alors... Finissons-en maintenant, » déclara Ayato.

Au moment où ces mots étaient sortis de sa bouche, Ayato avait sauté dans la horde de poupées. À chaque déplacement de sa lame, il en restait moins debout. Certaines des poupées avaient tenté de se défendre avec leur Lux, mais en vain. Le Ser Veresta était si puissant que les Luxs ordinaires ne pouvaient même pas espérer parer ses frappes. Il avait simplement coupé à travers toutes les autres lames de lumière qui avaient essayé d’arrêter son chemin.

Les poupées qui tentaient de tirer sur Ayato depuis derrière les piliers et les décombres fondaient comme du beurre en même temps que leur couverture de débris.

Julis ne pouvait pas réprimer un frisson d’horreur devant cette puissance écrasante. Une épée contre laquelle il n’y a pas de défense... ? Même pour un Orga Lux, c’était absurde. Et les attaques d’Ayato étaient trop rapides pour être esquivées.

En moins de trois minutes, c’était fini. Toutes les dernières poupées de Silas, au nombre de plus d’une centaine, avaient été abattues. Les modèles lourds construits pour Lester, les modèles résistants à la chaleur construits pour Julis — ils avaient tous été réduits en deux et se trouvaient maintenant sur le sol.

« Ce n’est pas possible... Ce n’est vraiment pas possible. C’est tout simplement impossible..., » Silas regardait la scène comme s’il était complètement pétrifié, mais il avait crié puis il était tombé sur son postérieur au moment où Ayato avait dirigé le Ser Veresta vers lui.

« Le jeu est terminé, Silas, » déclara Ayato.

« Pas encore ! Il me reste encore une pièce ! » Bien qu’il n’avait toujours pas son équilibre, Silas agitait sauvagement les bras.

Le tas de décombres derrière lui avait explosé et une énorme ombre en avait émergé.

Elle devait être cinq fois plus grande que les autres poupées. Sa tête aurait traversé le plafond s’il n’y avait pas déjà un trou dans ledit plafond. Ses bras et ses jambes étaient aussi épais que les piliers. C’était humanoïde, à peine — plus comme un gorille.

« Allez, ma reine ! » Silas avait crié. « Chopez-les ! »

À son signal, la poupée géante s’était précipitée sur Ayato avec une vitesse indigne de son énorme gabarit. Elle ne possédait pas d’armes, probablement parce qu’elle n’en avait pas besoin. Une attaque de bras aussi massifs écraserait même un Genestella.

Ayato soupira et prépara à nouveau le Ser Veresta. Au moment même où la poupée leva les poings pour les écraser à mort, l’épée scintilla.

« Déchire les cinq viscères et sectionne les quatre membres. Technique Médium du Style Shinmei Amagiri — La Lame aux Neuf Crocs ! »

Malgré sa vue de si près, Julis n’avait aucune idée de ce que faisait Ayato. Le Ser Veresta avait flashé brièvement, puis la poupée géante était tombée au sol avec fracas, alors que ses bras et ses jambes avaient été coupés. De gros morceaux de son torse avaient été taillés de part en part, mais Julis n’avait même pas entrevu le genre d’attaque qui pourrait laisser de tels dommages. Elle ne pouvait même pas dire combien de fois Ayato avait frappé avec son épée.

Silas était assis, complètement incapable de parler.

Alors qu’Ayato s’approchait de lui, Silas s’était empressé de se lever pour s’enfuir, son visage déformé de terreur. Il cria, sanglotant presque sans but entre les restes de ses poupées.

« Vous ne savez vraiment pas quand abandonner, » Ayato fronça les sourcils dans une fausse exaspération, puis son expression devint sérieuse.

Il était sur le point de faire un geste, mais Silas avait une longueur d’avance. Silas s’accrocha aux restes d’une poupée et il se mit à flotter dans les airs. Techniquement, c’était un morceau d’un corps de poupée qui flottait maintenant, mais c’était la même chose. Il avait accéléré vers le haut avec Silas et avait volé à travers le trou dans le plafond.

« Désolé, Julis. Peux-tu attendre ici pendant que je le poursuis ? » demanda Ayato.

« D’accord, mais peux-tu l’attraper ? » demanda Julis.

« Je pense que ça va être serré, » répondit-il. Silas était déjà près du dernier étage. On ne savait pas quel genre d’ennuis il causerait s’il s’échappait, pensa Ayato.

« Alors c’est un travail pour moi, » avait dit Julis.

« Hein... ? » s’interrogea Julis.

« Je te l’ai déjà dit. Je refuse d’être un fardeau ! » déclara Julis.

Julis avait souri sans hésiter et concentra son prana.

« Explosion Fleurale — Strelitzia ! » cria Julis.

Le mana s’était rassemblé sur Ayato et de nombreuses paires d’ailes de feu avaient germé de son dos. Il avait crié en raison de la surprise.

« Allez, on se bouge ! » déclara Julis. « Je dirigerai. Maintenant, fiche-lui une bonne raclée à ce petit enfoiré ! »

« C’est... certainement pas quelque chose qu’une princesse dirait, » déclara Ayato.

Elle avait ignoré la boutade d’Ayato et avait produit un fort battement des ailes afin d’obtenir un important mouvement ascendant, se soulevant du sol comme une fusée. Ils avaient jailli à travers le trou du plafond jusqu’au ciel sombre.

Julis n’avait jamais volé avec le poids de deux personnes auparavant, mais elle n’avait aucune crainte. Elle pouvait sentir la force jaillir de l’intérieur de son corps.

Accélérant encore plus vite, ils dépassèrent Silas en un rien de temps, puis se retournèrent pour lui faire face.

Ayato pointa son épée vers le maître des marionnettes, qui les regardait avec incrédulité. « Cette fois-ci, c’est l’échec et mat, Silas Norman. »

« Non, ne faites pas — nonnnnn ! » cria Silas.

Ils l’avaient frappé avec un seul coup d’épée. Le morceau de la poupée s’était brisé et Silas avait plongé dans une ruelle entre des bâtiments abandonnés, ne laissant que l’écho d’un cri lors de sa chute.

Silas était un Genestella, donc la chute ne le tuerait pas.

« Claudia et son équipe devraient l’attendre là-bas, » déclara Ayato. « Devrions-nous leur laisser la suite ? »

« Cela sonne bien, » Julis ferma les yeux et respira profondément. Il s’était passé beaucoup de choses, mais pour l’instant leur tâche était terminée. Le vent qui les avait caressés était agréable sur sa peau.

« Quelle vue... ! » murmura-t-il.

Elle avait à nouveau ouvert les yeux. « Oh oui ! C’est une belle vue. »

La ville était peinte en rouge au soleil couchant. Les rues, le ciel, le lac — tous cramoisi.

Alors que les ailes de feu oscillaient au-dessus d’eux, Julis et Ayato avaient échangé des sourires dans le ciel.

Soudain, il avait fait un cri étouffé, et son visage se tordit subitement de douleur.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? » Julis le lui avait demandé, surprise, mais avant qu’il ne réponde, elle pouvait sentir que quelque chose d’étrange se produisait.

Le mana autour d’eux était aspiré dans Ayato — et la quantité étaient extraordinaires.

« Qu-Qu’est-ce qui se passe !? » Il n’y avait aucune apparition d’un Strega ou d’un Dante à proximité.

Ce qui signifiait que cela aurait pu être préparé. Une telle chose n’était pas rare. Il y avait beaucoup de capacités qui pouvaient être activées après un laps de temps ou seulement lorsque certaines conditions étaient remplies.

Mais qu’est-ce que quelqu’un peut bien faire avec autant de mana... ? Se demanda-t-elle.

Ayato criait alors que des cercles magiques l’entouraient. Des chaînes de lumière étaient sorties d’eux, puis ils s’étaient enroulés autour de lui — le liant.

« C’est la même chose... ! » C’était comme les cercles magiques qui avaient émergé plus tôt, quand son prana s’était si intensément élevé.

Alors tout cela est uniquement présent pour supprimer ses pouvoirs ? Une telle quantité de mana, juste pour ça... !? s’écria-t-elle dans sa tête.

Elle l’avait entendu gémir. « H-hey ! Ayato, accrochez-vous ! Ayato ! »

Mais son corps était devenu mou alors qu’il s’était évanoui.

Heureusement pour eux, Julis était celle qui contrôlait les ailes de feu. Mais il n’était plus du tout sûr d’être aussi haut dans les airs. Avant ça, Ayato l’avait tenant dans ses bas, mais maintenant, c’était elle qui devait s’accrocher à lui de toutes ses forces.

« Argh ! Je n’arrive pas à y croire ! » s’écria Julis.

Julis avait battu des ailes alors qu’elle chercha un endroit pour atterrir à proximité.

***

Partie 5

« Je suis désolée, Ayato, » souriante, et pourtant au bord des larmes, la jeune fille posa doucement sa main sur la tête d’Ayato.

« Haruka... ? » Le garçon, dans sa tunique d’étudiant, la regarda en pleine confusion.

Il n’y avait qu’eux deux dans le dojo au clair de lune, et il n’y avait rien d’autre dans cet espace réduit sauf le chant étouffé des insectes et l’air nocturne qui persistait.

Cette nuit-là, il y avait quelque chose de différent chez elle.

Son attitude gentille et douce, sa voix majestueuse — ceux-là étaient les mêmes que d’habitude. Pourtant, le garçon avait senti quelque chose d’inhabituel dans la façon dont elle le regardait.

Alors qu’il ouvrait sa bouche pour le lui demander, elle fermait les yeux comme pour l’arrêter.

« Je suis désolée, » alors que la jeune fille répétait ces mots, un horrible choc s’était précipité sur lui, comme si le ciel et la terre s’étaient inversés.

Un hurlement était sorti de sa gorge sans qu’il puisse le contrôler. De violents chocs de douleur avaient traversé son corps comme s’il était électrocuté. Il ne pouvait même pas être décrit comme de l’agonie, et il fut soudainement lié par d’innombrables chaînes punitives qui avaient émergé de l’air... Quand il avait réussi à lever les yeux, il avait pu voir une myriade de symboles complexes, comme des cercles magiques, tourbillonnant autour de la main levée de sa sœur.

Le garçon ne savait pas pourquoi cela se produisait.

Non, il l’avait compris. Il savait. C’était sa capacité : le pouvoir interdit de sceller le flux de la nature et de restreindre n’importe qui et n’importe quoi. Le pouvoir infernal d’un Strega.

Mais la jeune fille détestait ses pouvoirs, et il n’y avait rien au monde qui l’obligerait à les retourner contre lui. C’est du moins ce qu’il avait cru.

« H-Haruka... Pourquoi... ? » Sa voix était faible et rauque. La force était drainée dans les profondeurs de son corps.

Les yeux encore fermés, la jeune fille murmura solennellement : « Avec ces entraves, je confine ton pouvoir. »

Et puis tout s’était évanoui, comme si ses sens s’étaient brisés. C’était comme plonger dans un marais sans fond. Le monde avait sombré impitoyablement dans les ténèbres. Dans cet état flou, sa conscience s’évanouissant, il ne reconnaissait rien d’autre que la voix tamisée de la jeune fille sonnant à l’intérieur de son crâne.

« Tu te souviens de ce que je t’ai dit il y a des années ? J’ai dit que je te protégerais. C’est pourquoi... »

Même cette voix s’était estompée, et il avait tendu la main, cherchant désespérément quelque chose à quoi s’accrocher.

« Mais je ne veux pas ça ! J’ai dit que je te protégerais ! » Il s’entraînait avant tant d’assiduité pour cette raison — seulement pour cela. Mais maintenant — .

« Au revoir, Ayato. Je t’aime. »

Il s’agissait des derniers mots dont il se souvenait

Quand il avait ouvert les yeux, il avait vu le visage de Julis juste devant le sien, l’air inquiet.

Son visage s’était illuminé dès qu’elle avait remarqué que ses yeux étaient ouverts. « Bien, tu es enfin réveillé. Je commençais à me poser des questions. »

« Euh, où sont — aïe ! » Avant que sa conscience ne revienne complètement, Ayato avait essayé de se lever et il avait grimacé en ressentant une sensation de douleur alors qu’il n’avait pas du tout pu bouger. Cela lui avait permis de se souvenir de ce qui s’était passé. « Oh. Alors je me suis évanoui. »

« Ne te surmène pas trop. On est sur le toit de ce bâtiment abandonné. J’ai envoyé un message à Claudia, donc des personnes vont venir nous chercher d’une minute à l’autre, » déclara Julis.

« Merci. Je pense que j’aurai besoin d’aide, » en vérité, il doutait de pouvoir marcher pendant encore un petit moment.

Il regarda sans bouger autour de lui pour voir que le soleil devait être couché depuis longtemps. Un ciel plein d’étoiles étalées au-dessus d’eux.

« Je ne veux pas de tes remerciements. C’est toi qui m’as sauvée, » tout en disant ça, Julis s’était brusquement détournée.

Il s’agissait de sa forme habituelle de sincérité. D’une façon ou d’une autre, Ayato était heureux.

Il la regardait quand il s’était soudain rendu compte que quelque chose ne tournait pas rond.

Sa tête reposait sur quelque chose de trop mou pour être le toit en lui-même. Il pouvait sentir un léger arôme floral.

« H-hey ! Ne bouge pas autant ! » s’écria Julis.

Et son visage était si proche... Ayato était allongé avec sa tête sur les cuisses de Julis pendant tout ce temps.

« Gah ! D-Désolé ! Je ne vais pas m’imposer plus longtemps là — nngh ! » Alarmé, il avait essayé de se relever, mais c’était seulement pour que la douleur puisse surgir à nouveau à travers tout son corps comme un éclair.

« C’est très bien comme ça. Ne bouge pas, idiot ! Ça fait mal de bouger, alors ne bouge pas ! » déclara Julis.

« M-Mais —, » déclara Ayato.

« Je dis que c’est bon, alors ça l’est ! Fais avec ! » Julis s’était de nouveau détournée, maintenant si rouge qu’il semblerait qu’elle pourrait spontanément s’enflammer. Elle l’avait légèrement frappé sur le front.

« Euh — OK, » il n’y avait rien d’autre à faire que de lui faire un petit signe d’acquiescement, alors que son propre visage rougissait d’un rouge profond.

Elle s’était éclairci la gorge et elle l’avait regardé du coin de l’œil. « Et surtout, vas-tu me donner une explication ? »

« Explication de quoi... ? » demanda Ayato.

« Oh, commençons par ce pouvoir qui te retient — ça doit être un Strega ou un Dante. Qui t’a fait ça ? » demanda Ayato.

« Euh, eh bien, c’est..., » Ayato évita de la regarder et essaya de trouver quelque chose, mais comme Julis rapprochait son visage du sien, il poussa un soupir résigné. « Il s’agit de ma sœur. Sa capacité est le pouvoir de l’emprisonnement, d’enchaîner et de confiner toutes choses. »

Son expression s’était assombrie au fur et à mesure qu’elle absorbait l’information. « Hmm... Alors, ce que je viens de voir, c’est ta véritable force ? »

« On peut dire ça. Mais on peut aussi dire que ce n’est pas le cas, » répondit Ayato.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? » répondit-elle, contrariée. « Ce n’est pas une réponse très satisfaisante. »

Ayato avait souri amèrement. « N’est-ce pas bizarre de l’appeler ma “véritable force”, alors que je peux difficilement la contrôler ? »

« Il me semblait que tu pouvais le contrôler efficacement, » répondit Julis.

« Pour un temps limité, c’est vrai. Mais c’était la première fois que je tenais plus de cinq minutes. Et après ça, je suis comme ça pendant un bon moment, et je ne peux même plus bouger. Ce n’est pas vraiment quelque chose dont on peut se vanter. » La première fois qu’il avait libéré sa force, il n’avait duré que dix secondes.

« Pourquoi ta sœur te ferait-elle ça ? » demanda Julis.

« J’aimerais moi-même lui demander. Mais elle a disparu il y a cinq ans, » déclara Ayato.

Julis s’était mordu la lèvre inférieure, comme si elle regrettait d’avoir posé cette question.

Ayato avait fait disparaître ce malaise. « Mais ce n’est pas grave. Je pense qu’elle avait ses raisons. Il doit y avoir un sens à ce qu’elle a fait. Oh, puis-je aussi te demander quelque chose ? »

« Hmm ? Qu’est-ce que c’est ? » demanda Julis.

« As-tu déjà un partenaire pour le Phoenix ? » demanda Ayato.

Elle vacilla, faisant un petit bruit de déception, ce qui suffisait à répondre à sa question.

Ayato soupira avec soulagement. « Euh... et moi ? »

« Quoi ? » s’écria Julis.

« Mon intégrité n’est pas impeccable, mais elle n’est pas non plus trop entachée. Et je ne suis pas pire que la moyenne pour réfléchir, du moins, je pense. Pour ce qui est d’une volonté forte et d’un esprit noble, il se peut que tu doives oublier ça..., » déclara Ayato.

« Donc... veux-tu que je fasse des compromis sur toutes mes normes ? » Julis lui avait offert un petit sourire étonné. « J’apprécie l’offre. Mais je ne t’infligerai pas cela. Tu ne pourras pas te battre dans la Festa à ta force habituelle, et je préférerais ne pas voir cela t’arriver après chaque match. »

« Oh, ça ne me dérange pas du tout, » déclara Ayato sans ménagement. « Je te l’ai dit. Ce que je dois faire, c’est t’aider, Julis. »

Un rougissement avait commencé à colorer ses joues. « Mais, tu veux..., vraiment..., tu ne peux pas juste..., » balbutia la jeune femme.

« Es-tu gênée ? Ton visage est d’un rouge vif, » déclara Ayato qui l’observait.

« La ferme ! Je ne le suis pas ! Et cesse de me regarder ! » Elle l’avait encore une fois frappé légèrement.

Cela n’avait pas fait mal, mais cette fois, elle avait gardé sa main là, couvrant ses yeux.

Ils étaient restés silencieux un moment.

« Julis... ? » Ayato avait essayé de lui parler, mais il n’y avait pas obtenu de réponse. À la place, il avait senti un soupçon de tension dans la main qui reposait sur son visage.

« Toi... le penses-tu vraiment !? » demanda-t-elle d’une voix basse et tremblante.

Son ton habituel débordait de confiance. Mais cette fois-ci, c’était complètement différent. C’était une voix pleine d’incertitude, frêle au point de se briser. La voix de quelqu’un qui avait peur de tendre la main à quelqu’un et d’accepter qu’une main lui soit tendue.

Mais c’est tout à fait normal, pensa Ayato. N’importe qui aurait peur de s’engager sur une nouvelle voie. C’était tout à fait naturel.

Et peut-être que c’était la véritable Julis — une fille normale, parfaitement ordinaire. Mais elle était ici, une fille ordinaire, essayant si courageusement et avec noblesse de vivre selon ses propres convictions. N’était-ce pas admirable ? N’était-ce pas magnifique ?

Ayato lui avait donc donné la réponse la plus claire possible. « Bien sûr que oui. »

Je ne le regretterai pas. Et je vais m’assurer qu’elle non plus, pensa-t-il. Pas cette fois-ci.

« Tu es vraiment bizarre, » avait dit Julis.

Sa main se retira alors de son visage, et il la vit sourire face au ciel d’étoiles scintillantes.

Les lumières s’étaient accrochées aux gouttelettes présentes au coin de son œil. Il avait tendu la main sans un mot et les avait essuyés avec douceur.

***

Épilogue

Silas Norman s’était traîné désespérément dans les ruelles de la zone de réaménagement.

Il avait réussi à amortir sa chute en rassemblant les restes de ses poupées en une sorte de coussin, mais bien sûr, cela ne faisait pas grand-chose pour prévenir les blessures. Il ne savait pas combien d’os il s’était brisé, mais il y avait beaucoup de douleur qui emplissait son corps, parcourant à travers son corps en tout temps.

Pourtant, il ne pouvait pas ralentir.

Il savait qu’ils le recherchaient — l’Étoile de l’Ombre, l’unité des opérations spéciales sous le commandement direct de la fondation d’entreprise intégrée de l’Académie Seidoukan. Quoi qu’il en coûte, il ne doit pas se laisser capturer ; ils utiliseraient tous les moyens nécessaires pour extraire toute l’information dont il disposait. Et après ça...

« Putain de merde ! Pourquoi ne répondent-ils pas ? » cria-t-il.

Il devait se mettre sous la protection d’Allekant dès que possible, mais l’appareil mobile dont il disposait pour les contacter n’avait pas l’air de fonctionner.

« Si je suis capturé, ils auront aussi des ennuis... ! » cria-t-il.

« Ne surestimez-vous pas un peu votre propre valeur, Monsieur Norman ? » une fille lui parla alors.

Silas cria de surprise lorsqu’une fille aux cheveux dorés était sortie des ténèbres pour bloquer son chemin.

« P-Présidente... ! » s’exclama-t-il.

Dans chaque main, elle tenait une épée d’apparence étrange. Le motif sur les gardes ressemblait à des globes oculaires et, lorsqu’on les tenait par deux, les épées évoquaient les yeux d’un monstre terrible.

Il s’agissait de l’Orga Lux Pan-Dora. Silas n’avait jamais vu l’arme tristement célèbre en personne, mais des rumeurs sur son pouvoir lui étaient parvenues.

« Pauvre garçon, » déclara Claudia. « Pour eux, vous n’étiez qu’un pion sacrificiel. »

« Que diriez-vous d’un marché, Mademoiselle Enfield ? » demanda-t-il dans l’urgence.

« Un marché ? Avec moi ? » demanda-t-elle.

« Tout — Je vous dirai tout ce que je sais ! Et en échange, je veux que vous garantissiez ma sécurité ! Remettez-moi au Comité de Discipline et pas à l’Étoile de l’Ombre ! » demanda-t-il.

Elle avait fait pivoter sa tête. « Et pourquoi devrais-je faire ça ? » demanda-t-elle sèchement.

Silas avait jubilé. J’ai encore une chance si elle est prête à négocier.

« L’Étoile de l’Ombre se débarrasserait de moi dans le plus grand secret, » expliqua-t-il. « Mais si le Comité de Discipline était impliqué, tout cela devrait être rendu public. Alors vous pourriez m’utiliser comme atout contre Allekant... ! »

« Hmm..., » Claudia ferma les yeux en y réfléchissant.

Prenant cela comme un bon signe, il avait continué. « Nous nous ressemblons, vous et moi. Nous ne voyons les autres que comme des pièces dans un jeu. Les imbéciles autour de nous pourraient nous critiquer pour cela, mais utiliser les pièces que vous avez à leur plus grand avantage est simplement la façon dont vous gagnez le jeu. Je sais que vous le comprenez ! »

« Je vois... Vous marquez un point, » déclara Claudia.

L’expression de Silas s’était illuminée en entendant ces paroles. Je savais que Claudia était une fille pragmatique. Ce genre d’intelligence est si facile à manipuler.

Cependant, Claudia avait doucement souri. « Mais il y a une grande différence entre vous et moi, Monsieur Norman. »

« Euh... ? » s’exclama-t-il.

« Vous semblez vous imaginer que je suis le joueur qui contrôle les pièces, mais je me considère aussi comme une pièce. À mon avis, le jeu n’est pas amusant autrement, » elle gloussait comme si elle s’amusait vraiment. « Maintenant, je pourrais rendre publique cette affaire pour une certaine influence politique, mais il est plus bénéfique pour moi de m’en occuper secrètement et de laisser Allekant m’en devoir une. »

Son visage avait tressailli et ses genoux avaient tremblé. Avec un long et furieux hurlement, Silas avait utilisé sa dernière carte maîtresse. Il avait dégainé le couteau caché dans ses vêtements et l’avait lancé à Claudia. Elle ne pouvait pas l’esquiver à cette distance. Le moment était parfait, pensa-t-il, complètement sûr de lui.

« Oh mon cher — Vous devez sûrement connaître le pouvoir de cette petite chose, » déclara Claudia.

Claudia avait bloqué le couteau volant avec sa lame comme si elle savait déjà que l’attaque arrivait. Ça ne servait à rien.

Alors qu’il s’apprêtait à prendre du recul, le couteau s’était enfoncé dans le sol à ses pieds. Silas avait crié de peur.

« Il n’y a pas de raison d’avoir peur. Vous êtes toujours d’une certaine valeur pour moi. Pour l’instant, en tout cas, » Claudia affichait son sourire habituel, mais son regard était glacé, détaché.

Silas ne pouvait pas bouger.

« Adieu, » dit-elle d’une voix claire, et les épées jumelles dansèrent.

Silas avait vu un étrange reflet dans les yeux sur les gardes des mains, juste au moment où le sang commençait à jaillir de tout son corps.

« Donc c’est... c’est le Pan-Dora..., » murmura-t-il.

Ses genoux s’étaient pliés et il s’était effondré sur place.

C’était une paire d’épées magiques qui conférait le pouvoir de la prévoyance — l’un des plus puissants Orga Luxs en possession de l’Académie Seidoukan.

L’écusson de l’école de Silas s’était brisé en morceaux. À mesure que sa conscience s’estompait, il avait senti que quelqu’un s’approchait.

« Oh, franchement. Vous ne l’avez pas tué, n’est-ce pas ? » demanda une voix masculine.

Le garçon, qui semblait sortir de l’ombre derrière un réverbère, parla à Claudia d’un ton enjoué et plutôt déplacé par rapport à ce dont il venait d’être témoin.

« Ne vous inquiétez pas. Vous pouvez le jeter dans une cellule pendant un moment. Je laisserais le reste à l’Étoile de l’Ombre, mais assurez-vous d’obtenir les informations dont il dispose, » ordonna Claudia.

« Mais bien sûr. C’est notre travail, après tout, » le garçon regarda Silas couché sur le sol et haussa les épaules, à peine intéressé. « Que s’est-il passé avec les deux autres ? »

« Je viens d’avoir des nouvelles de Julis. Tout s’est bien passé, » déclara Claudia.

« Mais vous n’avez pas l’air très heureuse, » répliqua l’homme.

« Oups... Je suppose que je vais devoir travailler sur mon visage impassible, si on peut dire, » répondit Claudia.

« Si vous deviez tant le regretter, pourquoi n’êtes-vous pas allé avec eux ? » demanda le garçon, exaspéré.

« Les choses ne sont pas si simples. J’ai les devoirs liés à mon poste à respecter, » répondit Claudia.

« Oh, c’est ça ? » Il avait souri.

Sans l’ombre d’une pause dans son sourire, Claudia avait poussé la pointe d’une lame devant ses yeux. « Avez-vous l’ordre de fouiller dans mes affaires, Eishirou Yabuki ? »

« Non ! Pas du tout ! » Le garçon secoua la tête dans un déni alors qu’il semblait paniqué, mais il y avait quelque chose de clownesque dans sa manière d’agir. « Je demandais par pure curiosité. Je me demandais juste si c’était bien de tout leur laisser, c’est tout. »

Claudia avait laissé tomber ses épaules. « Eh bien, il n’y a plus rien à faire maintenant, » murmura-t-elle tout en soupirant. « Je vais laisser Julis s’occuper de tout ça. L’événement principal ne fait que commencer. »

 

***

 

Ayant absorbé le contenu de rapport dans un laboratoire faiblement éclairé, la jeune fille avait reposé ses mains un moment et avait poussé un petit soupir.

« Eh bien, je suppose qu’il est temps de se retirer. J’ai beaucoup de données, et il a fait du bon travail en tendant une embuscade à tous ces étudiants. »

Elle avait d’innombrables fenêtres ouvertes autour d’elle, affichant un grand nombre d’intrigues en constante évolution.

« Oh, mais c’est peut-être parce que mes jolies poupées étaient si bonnes ! » Elle avait ri de bonne humeur et avait sorti un clavier optique. « J’aime ceux qui sont moyennement intelligents — ils sont si faciles à manipuler ! »

Avec un sourire indomptable sur les lèvres, elle avait continué son travail.

Son regard assidu se concentrait sur deux poupées dans un profond sommeil.

***

Illustrations

 

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