Mushoku Tensei (LN) – Tome 5 – Chapitre 4 – Partie 1

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Chapitre 4 : Réunis

Partie 1

Paul

Je n’avais toujours pas quitté le bar.

Le soleil était sur le point de se coucher, l’endroit commençait donc à recevoir plus de clients qui n’étaient pas membres de mon équipe. D’autre part, beaucoup de mes gens étaient déjà partis. Mais ce n’était pas comme si je m’en souciais vraiment. J’avais été laissé à une table tout seul, à boire comme un trou.

Apparemment, il était évident que je n’étais pas de très bonne humeur. Tout le monde dans cet endroit me laissait une large place.

« Hé là ! Je te cherchais, mon pote. »

Tout le monde, à l’exception du dernier arrivé.

J’avais levé les yeux et je m’étais retrouvé face à face avec un homme singe souriant. C’était la première fois que je voyais son affreux visage en un an.

« Geese… ? Où diable étais-tu passé, hein ? »

« Ooh, quelle hostilité ! Tu as l’air encore plus grincheux que d’habitude, mon ami. »

« Qu’attends-tu ? »

En claquant la langue en signe d’irritation, je m’étais levé et j’avais touché ma joue. L’endroit où Rudeus m’avait frappé plus tôt me faisait encore mal. J’aurais peut-être dû ravaler ma fierté et laisser un de nos guérisseurs me soigner.

Ce satané gamin. Je te le jure.

« Le Continent du Démon est peut-être dur, mais ma magie était plus que suffisante », hein ? Eh bien, tant mieux pour toi. Si c’était si facile, pourquoi n’as-tu pas pris le temps de chercher ta mère ?

Oh, mais au moins, j’avais pu entendre ta conférence sur les meilleures façons de cuisiner la viande de Grande Tortue.

« Si je n’avais pas eu l’idée de créer une marmite en utilisant la magie de la Terre, nous aurions été obligés de manger des morceaux carbonisés et malodorants de ce truc pendant toute une année ! »

N’y avait-il rien d’autre que tu aurais pu faire avec le temps que tu as utilisé à traquer les ingrédients d’un ragoût de monstre?

Argh. Bon sang.

Et puis, pour couronner le tout, tu as eu le culot de m’accuser d’infidélité ! Je n’ai même pas pensé à toucher une femme depuis un an et demi, espèce de petit crétin suffisant ! Tu n’as rien fait pour m’aider, et tu penses avoir le droit de t’occuper de mon cas ?

Oh, tu ne savais pas, hein ? Super excuse. Si tu t’étais donné la peine de regarder le monde autour de toi, Zenith ou Lilia seraient peut-être de retour parmi nous en ce moment !

Sérieusement. Quelle blague... !

« Hee hee hee. D’après ce que je vois, je suppose que vous n’avez pas eu la chance de vous rencontrer. »

Souriant à lui-même pour une raison peu claire, Geese commanda quelque chose. Probablement de l’alcool. L’homme était un plus gros buveur que Talhand, et Talhand était un nain.

« Hé, Paul. N’oublie pas de passer à la Guilde des Aventuriers demain, d’accord ? »

« Pourquoi ? »

« Parce que je pense que tu vas rencontrer quelqu’un d’intéressant. »

Quelqu’un d’intéressant ? Geese avait apparemment pensé que cette rencontre améliorerait mon humeur. Étant donné le moment de son arrivée et la personne que j’avais « rencontrée » aujourd’hui… il n’était pas difficile de deviner de qui il voulait parler.

« Tu parles de Rudy ? »

En boudant un peu, le vieux singe se gratta la tête.

« Hein ? Comment sais-tu ça ? »

« Je suis déjà tombé sur lui aujourd’hui. »

« Compte tenu de la situation, tu n’as pas l’air particulièrement heureux. Vous vous êtes battu ? »

Un combat… ? Eh bien, je suppose que c’est ce qu’on a fait. Bien que l’on puisse avoir du mal à le qualifier comme tel.

Bon sang. J’ai encore mal au visage rien que d’y penser,…

« Que s’est-il passé, Paul ? Raconte-moi tout. »

Geese s’était levé et tira sa chaise à côté de moi. Avec son visage amical, l’homme avait toujours eu un talent pour écouter les problèmes des gens. Ce n’était pas la première fois qu’il mettait son nez dans mes affaires et m’encourageait à râler.

« Très bien, écoute donc ça… »

J’avais raconté à Geese ce qui s’était passé plus tôt.

J’étais bien sûr heureux de voir Rudeus. Mais nous n’étions pas vraiment sur la même longueur d’onde, alors je lui avais demandé ce qu’il avait fait jusqu’à présent. C’est alors qu’il commença à parler joyeusement de son voyage à travers le Continent des Démons.

Chaque mot qui sortait de sa bouche était une vantardise inutile, alors je lui avais fait remarquer qu’il aurait pu utiliser son temps de manière plus productive. Il s’était ensuite mis en colère contre moi. Il fit une blague sur le fait que je couchais à droite à gauche. J’avais complètement perdu mon sang-froid. On s’était ensuite disputés, et il me botta le cul. Fin de l’histoire.

« Ahh… oui. Je comprends… »

Geese avait écouté patiemment toute l’histoire, hochant la tête et faisant quelques brefs commentaires ici et là. J’avais eu l’impression qu’il sympathisait avec moi. Mais une fois que j’avais terminé, il me regarda dans les yeux et me dit :

« On dirait que tes attentes étaient un peu injustifiées, chef. »

« Hein ? »

J’avais répondu en lui montrant un air complètement idiot.

Injustifié ? En quoi était-ce injustifié ? Et envers qui ?

« Tu crois que j’en attendais trop ? De Rudy ? »

« Je veux dire, réfléchis-y, mec », poursuivit Geese alors que je clignais des yeux dans la confusion.

« Bien sûr, le gamin est incroyable. Je n’ai jamais vu quelqu’un qui pouvait jeter des incantations silencieuses comme ça. Et quand je l’ai vu rendre coup pour coup avec le Saint Gall du Nord, ça m’a donné des frissons dans le dos. Rudeus est le genre de prodige que l’on voit une fois par siècle. »

C’est vrai. Rudeus était un prodige. C’était un génie. Il pouvait toujours faire tout ce qu’il voulait, même quand il était petit. Pendant un certain temps, j’avais eu l’impression qu’il avait aussi des défauts relativement sérieux, mais… je voulais dire qu’à la fin de son séjour à Roa, Philip était prêt à lui marier sa propre fille. Philip ! Le même gars qui avait dit des conneries sur moi dans mon dos !

« Ouais, c’est ça. Il est incroyable. Quand il n’avait que cinq ans, il… »

« Mais au bout du compte, ce n’est encore qu’un enfant. »

Surpris par l’interruption ferme de Geese, je me suis tu.

« Rudeus est encore un enfant de onze ans », répétait-il lentement, juste pour me faire passer le message.

« Même toi, tu ne t’es pas enfui de chez toi avant tes douze ans, pas vrais ? »

« Oui… »

« Toute personne plus jeune que ça est encore considéré comme un morveux. N’est-ce pas ce que tu disais toujours ? »

« Oui, d’accord, bien sûr. Et si c’était le cas ? »

Franchement. Rudy est déjà plus fort que moi.

Il est vrai que j’étais déjà imbibé dès le matin. Mais même en tenant compte de ça, il était clair que le gamin avait fait des progrès spectaculaires. J’étais peut-être ivre, mais j’étais aussi à fond. Je m’étais abaissé à utiliser la « Position à quatre pattes » du Style du Dieu du Nord, et j’avais même utilisé « l’Épée silencieuse » du Style du Dieu de l’Épée. Mais mon épée n’avait fait que trancher la culotte qu’il portait sur son visage. De plus, Rudy ne prenait même pas ce combat au sérieux. Le fait qu’aucun de mes hommes n’ait eu à subir de blessure sérieuse en était une preuve suffisante.

Il était difficile de dire à quel point il avait grandi en tant que combattant depuis la dernière fois que je l’avais vu. Mais même à l’âge de sept ans, il était plus intelligent que moi. Maintenant, il était à la fois plus intelligent et plus fort que moi. Qu’y avait-il donc de si déraisonnable ?? Je m’attendais à ce qu’il accomplisse bien plus que moi. Et ensuite ?? Son âge n’avait rien à voir avec ses capacités.

« Paul, que faisais-tu quand tu avais onze ans ? »

« Hm… ? »

Ce que je faisais ?? J’avais passé la plus grande partie de cette année à la maison à m’entraîner au sabre et à me faire rabrouer par mon père. Il trouvait des raisons de se plaindre de chaque petite chose que je faisais, et il saisissait toutes les occasions possibles pour me frapper.

« Crois-tu que tu aurais pu survivre seul sur le Continent des Démons ? »

« Heh. Tu oublies un petit détail ici, Geese. Rudy s’est trouvé un garde du corps démons, tu te souviens ? Ce type parle la langue humaine, celle du Dieu-démon et du Dieu-Bestial, et il est assez fort pour abattre un monstre de classe A à lui tout seul. N’importe qui aurait pu revenir avec un chaperon comme ça. »

« Non, tu n’aurais pas réussi. Aucune chance. Même si tu y allais maintenant, tu ne survivrais pas tout seul. », déclara Geese avec confiance.

Je ne peux pas dire que le fait d’entendre cela m’avait mis de bonne humeur. Et le fait que Geese me souriait encore de l’autre côté de la table ne m’aidait pas. L’homme avait un sourire très irritant.

« Haha ! Bien ! Ça prouve bien que j’ai raison. Rudy a fait quelque chose que je n’ai pas pu faire. Mon fils est un prodige ! Il se débrouille déjà très bien tout seul ! Je n’ai plus rien à lui apprendre. J’ai eu tort d’attendre de lui qu’il utilise ces talents, hein ? ! Est-ce que j’ai vraiment tort !? »

« Effectivement. Mais ce n’est pas nouveau, hein ? »

Toujours souriant, Geese s’arrêta un instant pour boire la bière qu’on venait de lui donner.

« Ahhhh ! C’est ça, le truc. Sais-tu qu’on ne peut pas trouver de l’alcool comme ça dans la Grande Forêt ? »

« Geese ! »

« D’accord, d’accord. Pas besoin de crier. »

Geese posa sa tasse en bois sur la table et me regarda dans les yeux, son expression devenant soudainement beaucoup plus grave.

« Écoute, Paul. Tu n’as jamais été sur le Continent des Démons, n’est-ce pas ? »

« Et alors ? »

C’était vrai. Je n’avais jamais eu le plaisir de le visiter. Je voulais dire, j’avais évidemment entendu des rumeurs. Tout le monde disait que c’était un endroit dangereux où l’on rencontrait des monstres chaque fois que l’on se promenait, et qu’il fallait les manger pour survivre. Mais « beaucoup de monstres » semblaient être honnêtement quelque chose que je pouvais gérer.

« Eh bien, c’est là que je suis né et que j’ai grandi, tu te souviens ? Et à mon avis, tout le continent est un cauchemar. »

« Tu sais, maintenant que j’y pense, tu n’as jamais vraiment parlé de cet endroit. Qu’est-ce qu’il y a de si terrible là-dedans ? »

« Tout d’abord, il n’y a pas de véritables routes. Il y a des chemins entre les villes, bien sûr, mais vous ne trouverez rien qui ressemble à ces routes sûres, lisses et sans monstres telles que l’on a à Millis et sur le continent central. Si tu voyages quelque part, tu dois t’attendre à être attaqué par des monstres de rang C. Ou pire encore. »

Bon, je savais que l’endroit était rempli de monstres, mais classé C ou pire ? Sur le continent central, il fallait aller au fond d’une forêt pour trouver quelque chose d’aussi dangereux. Beaucoup de monstres de ce rang voyageaient en grandes meutes, ou avaient une capacité spéciale mortelle.

« J’ai l’impression que tu exagères un peu là, Geese. »

« Non. Je ne t’ai raconté aucun bobard pour l’instant, mec. C’est juste comme ça qu’est le Continent des Démons. L’endroit grouille de monstres puissants. »

Geese avait l’air parfaitement sérieux, mais c’était son apparence habituelle lorsqu’il vous mentait. Je n’allais pas tomber dans son piège cette fois-ci.

« Maintenant, disons que nous jetons un enfant au milieu d’un endroit comme ça. C’est un gamin très talentueux, mais il n’a aucune expérience en combat réel. »

« … Bien. »

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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