Mushoku Tensei – Tome 4 – Chapitre 3

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Chapitre 3 : Sage dans le navire

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Chapitre 3 : Sage dans le navire

Partie 1

~1~

Il nous avait fallu un mois pour terminer nos négociations avec les contrebandiers.

Ce n’était pas si difficile de trouver les contrebandiers.

Il avait suffi de donner de l’argent à un informateur afin qu’il puisse vous présenter à un intermédiaire.

Ensuite, vous contactiez les contrebandiers par le biais de cet intermédiaire.

Et pour finir, vous attendiez la réponse de l’intermédiaire.

On avait dû répéter ce processus un grand nombre de fois. Remettre de l’argent à un informateur, remettre de l’argent à l’intermédiaire pour enfin donner l’argent au contrebandier.

En peu de temps, plus de la moitié de l’argent que nous avions en main avait disparu.

Mon portefeuille devint léger.

Je voulais croire que nous aurions suffisamment d’argent pour nous loger dans une auberge de l’autre côté de l’océan.

Honnêtement, j’avais l’impression que nous aurions pu économiser beaucoup d’argent si nous avions approché directement les contrebandiers.

Cependant, il semblerait que les contrebandiers évoluent ensemble en tant qu’organisation. Si vous ne passiez pas par l’intermédiaire, vous ne pouviez pas prendre contact avec eux.

Cela semblerait être une façon intelligente de vivre sans être exposé.

Je ne comprenais pas tout à fait leur organisation, mais il semblerait qu’ils s’en sortent très bien.

Il avait fallu un mois pour terminer toutes les préparations.

Ce qui m’avait donné l’impression que le mois était à la fois long et court.

Mais d’une façon ou d’une autre, c’était bien.

~2~

Un jour spécifié, tard dans la nuit.

C’était une nuit sans lune.

L’endroit indiqué était un certain quai près de l’extrémité du port.

L’environnement était étrangement calme et seul le bruit des vagues pouvait être entendu.

Il y avait là une personne avec une capuche suspecte couvrant son visage et un petit bateau.

Comme nous l’avions prévu, nous lui avions remis la personne que nous voulions faire entrer clandestinement.

Nous avions remis Ruijerd au contrebandier.

Ruijerd était menotté dans son dos.

Ces menottes avaient également été achetées dans un magasin d’outillage spécifié.

« ... »

Dans le cas des passeurs, toutes les personnes qu’ils transportaient étaient littéralement traitées comme des esclaves.

Le coût du transport d’un esclave était de 5 petites pièces vertes. C’était un prix fixe.

Cet argent avait déjà été payé.

Mais selon l’intermédiaire, il y avait aussi des gars qui demandaient à être payés pendant l’échange.

C’était de vrais rapaces.

« Alors, occupez-vous bien de nos affaires. »

« ... »

Le contrebandier n’avait rien dit du tout.

Il hocha la tête en silence, plaça Ruijerd sur le petit bateau et lui mit un sac sur la tête.

Le petit bateau n’avait qu’un seul batelier.

Mais à bord, il y avait un certain nombre de têtes avec des sacs qui les recouvraient.

Cependant, à en juger par leur taille, aucun d’entre eux ne devait être des enfants.

Après avoir confirmé que Ruijerd était monté à bord du bateau, le passeur avait donné un signal.

L’homme assis à l’avant du bateau avait commencé une incantation magique.

Puis, dans la nuit noire, le petit bateau avait avancé dans l’océan sans faire aucun bruit.

Je n’avais pas très bien entendu l’incantation, mais il me semblait que c’était la magie d’eau qui contrôlait les courants et faisait avancer le bateau.

Si c’était le cas, je devrais aussi pouvoir le faire.

Le petit navire s’arrêta un moment en haute mer, puis on s’installa sur un plus grand navire marchand.

Là, ils avaient livré les esclaves, mais il semblerait qu’ils ne partiraient que demain matin.

Ruijerd avait continué de se diriger vers moi sur le petit bateau.

Même si vous lui mettiez un sac sur la tête, il saura où je suis.

Je le raccompagnais.

Donna Donna [1] s’envola.

Non, il ne s’en allait pas.

Ce n’était pas comme si je l’avais vendu.

C’était juste une courte séparation.

~3~

Le jour suivant.

Nous avions vendu le lézard dont nous dépendions depuis un an.

Il fallait payer une taxe pour amener le lézard à bord du navire et dans le Continent Milis les gens utilisaient des chevaux.

Les chevaux de ce monde étaient rapides.

Il n’y avait plus de raison de monter sur un lézard.

Éris serra le cou du lézard dans ses bras et lui tapota le corps.

Il ne disait rien, mais elle se sentait triste.

Le lézard était attaché à Éris.

Pendant le voyage, il lui léchait souvent la tête, la recouvrant de salive.

Il couvrait Éris d’un liquide visqueux, c’était... c’était un vrai lézard érotique.

Moi aussi, je voulais lécher tout le corps d’Éris.

C’était ainsi que je découvris un nouveau sentiment, la jalousie.

C’est vrai, c’est vrai.

Ce lézard était déjà notre allié, n’est-ce pas ?

C’était un membre de « Dead End ».

Ce n’était pas bon de continuer à l’appeler lézard.

Il fallait lui donner au moins un nom.

Très bien, à partir d’aujourd’hui ton nom sera Gera Ha.

C’était le nom d’un homme de mer qui voulait se faire beaucoup d’amis humains.

« Il est étonnamment obéissant. L’avez-vous bien entraînée pendant le voyage ? »

Le marchand qui s’occupait du lézard était admiratif.

« Eh bien oui. »

C’était Ruijerd qui l’avait entraîné.

Il n’y avait rien fait de spécifique, mais il y avait certainement une relation maître-serviteur entre Ruijerd et Gero Ha.

Ce lézard savait sûrement qui était le plus fort dans notre groupe.

Soit dit en passant, il n’était pas particulièrement attaché à moi et avait essayé de me mordre plusieurs fois.

Oui, j’étais un peu irrité après m’en être souvenu.

« Haha, comme on pouvait l’attendre d’un membre de “Dead End”. Vu dans quel état il est, ça ne prendra pas beaucoup de temps pour lui trouver un nouveau maître. Récemment, beaucoup de gens les traitent assez brutalement, alors il est difficile de les revendre. »

Ce marchand était de la race des Lugonia.

Il avait une tête de lézard.

Sur le Continent magique, des lézards entraînent des lézards.

« Il était normal de bien traiter un allié qui a voyagé avec nous. »

Suite à cet échange, Gero Ha reçu de bons traitements, comme Donna Donna.

Dans ma main se trouvait l’argent reçu de la vente de mon allié.

Après y avoir pensé, l’argent semblait extrêmement sale. Comme c’était mystérieux.

Après tout, j’aurais peut-être dû ne pas aller plus loin que le nom. Cela aurait été ainsi une séparation moins pénible.

Au revoir, ô lézard sans nom.

Je ne t’oublierais jamais.

« Gusu... »

J’avais entendu le son des pleurs d’Éris.

~4~

Nous étions montés à bord du bateau après avoir vendu le lézard.

« Rudeus ! C’est un vaisseau ! C’est vraiment énorme ! Wa !! Il se balance ! Qu’est-ce que c’est ? »

Peu de temps après l’embarquement, Éris s’était mise à courir énergiquement dans les deux sens.

Elle avait déjà oublié sa séparation avec le lézard.

Le fait que ses sentiments changeaient de direction si rapidement était l’un de ses bons aspects.

Le bateau était un voilier en bois.

Il semblerait qu’il s’agisse d’un modèle assez récent, achevé un mois plus tôt.

J’avais entendu dire que ce voyage à Saint Port sera à la fois son premier test et son voyage inaugural.

« Cependant, sa forme est un peu différente de ceux que j’avais vus avant. »

« As-tu vu un bateau avant, Éris ? »

C’était pourtant la première fois qu’elle voyait l’océan.

« De quoi parles-tu ? N’y en avait-il pas un dans ta chambre, Rudeus !? »

Maintenant que j’y pensais, j’avais le souvenir d’avoir fait quelque chose comme ça.

Quelle nostalgie !

C’était l’objet que j’avais commencé à faire pour pratiquer ma magie de Terre. Puis la pensée « pourrais-je faire une figurine » m’était venue à l’esprit et j’avais commencé à fabriquer une Roxy à l’échelle 1/10.

Ça faisait longtemps que je n’avais pas fait de figurine.

Comme je ne savais pas quand et combien de puissance magique j’aurais besoin, j’avais évité de faire tout entraînement qui consommait de la puissance magique.

Je n’avais fait de l’exercice que durant les entraînements de Ruijerd et d’Éris.

Récemment, je m’étais un peu relâché.

Il se pourrait que je doive m’entraîner à nouveau une fois que les choses se seraient calmées.

« C’était quelque chose qui sortait directement de mon imagination. Après tout, il est tout à fait normal que cela soit bien différent de la réalité. »

En plus, ce vaisseau était censé être le dernier modèle.

Bien que je ne sache pas ce qu’il y avait de nouveau.

« C’est incroyable, n’est-ce pas. Traverser l’océan sur un truc pareil. »

Éris s’y intéressait beaucoup.

~5~

Trois jours après notre départ.

Alors que j’étais à bord du navire, j’avais commencé à réfléchir.

Navire.

Si vous parliez de navires, vous penseriez automatiquement à tout un tas d’événements.

Il n’y a pas moyen de monter à bord d’un bateau sans qu’il ne se produise pas quelque chose.

Je pouvais le dire.

Je pouvais le déclarer.

Par exemple, un dauphin sautant à l’extérieur du navire.

L’héroïne voit ça et dit : « Regarde ! C’est incroyable ! »

Je regarde aussi et je dis : « Ma technique la nuit est tout aussi incroyable. »

Puis l’héroïne rajoute : « Incroyable ! Tiens-moi dans tes bras. »

Puis je dis : « Hé hé, dans ce genre d’endroit, tu es vraiment un mauvais petit chaton... », puis...

Ouais. Il y avait quelque chose d’un peu différent.

Aussi, si vous pensiez aux navires, alors vous pensiez aussi aux attaques.

Poulpe, calamars, serpents, pirates ou bateaux fantômes.

Être attaqué par quelque chose de ce genre et s’enfoncer, s’éloigner et s’échouer.

L’endroit où vous arriviez enfin était une île solitaire, où vous commenciez votre vie commune avec l’héroïne.

L’héroïne commencerait par vous haïr, mais s’adoucirait progressivement après avoir surmonté un certain nombre d’événements.

Puis, ils feront ce qu’on ne peut faire qu’une fois seul, en tant qu’homme et femme.

Le regard qui se croise. Une passion brûlante. Du sang qui chauffe.

Le paradis pour seulement eux deux.

Aussi, si vous parliez d’une attaque par une pieuvre, le sort de l’héroïne était déjà scellé.

Les huit pattes que l’on ne voyait pas très bien attaqueraient et pendraient l’héroïne en l’air.

Son corps sera à l’agonie. La poitrine remontera à la surface. Des tentacules ramperaient sur la partie inférieure de son corps.

Un grand spectacle qui rendrait vos mains moites. Pour l’instant, vous ne pouviez pas détourner vos yeux.

Cependant, la réalité était cruelle.

Éris était actuellement dans la cabine, devant un seau, le visage pâle.

Juste au moment où je me disais à quel point elle était excitée de monter sur un bateau pour la première fois, elle avait commencé à vomir sur le pont.

Même si elle était à l’aise sur un lézard, je me demandais ce qu’il y avait de mal à monter sur le bateau.

Pour moi qui ne connais rien au mal des transports, je ne le comprenais pas.

La seule chose que je pouvais dire, c’était que même si le balancement était faible, cela ne faisait aucune différence pour les personnes qui avaient le mal de mer.

Juste ça.

Notes

  • 1 Titre d’une chanson : https://en.wikipedia.org/wiki/Dona,_Dona

***

Partie 2

~6~

Le quatrième jour.

Une pieuvre était apparue.

C’était probablement une pieuvre. Quand j’avais ouvert les yeux, j’avais vu une pieuvre de couleur bleu clair et elle était super énorme.

Cependant, elle avait été repoussée sans effort par un groupe d’aventurier de Rang S qui assurait la garde du navire.

Cependant, il existait donc des emplois de garde de navire ?

Après avoir pensé cela, j’avais demandé à un marchand des environs, il semblerait que ce soient des gens qui se spécialisaient dans la protection de navires.

Leur groupe s’appelait [Chemin Aquatique].

Il semblerait qu’ils aient un contrat exclusif avec les corporations de construction navale.

Mais puisque c’étaient eux, alors tous les monstres qui apparaissent sur cette route maritime semblaient être leur spécialité...

Il n’y a pas eu de frissons ou ni d’attaques tentaculaires.

Comme c’était décevant.

Cependant, il y avait un côté positif à cela.

Dans tous les cas, je regarderai ces batailles de loin.

Au début, je me moquais d’eux parce qu’ils y allèrent à contrecœur.

L’épéiste qui s’était battu à l’avant-garde était fort, mais pas autant que Ghyslaine.

Le guerrier qui avait encaissé l’attaque ennemie et l’avait gardé occupé était fort, mais pas autant que Ruijerd.

Le magicien qui avait arrêté la pieuvre à l’arrière-garde était d’un niveau plus faible que moi.

Au début, j’étais plutôt déçu.

Même si vous vous dites Rang S, ce n’était qu’un truc de ce niveau.

Je pensais qu’il y avait beaucoup de gens forts dans ce monde, mais de façon inattendue, ils n’étaient peut-être pas si géniaux.

Cependant, j’avais soudainement changé d’avis.

C’était un groupe de Rang S.

Ce que je devrais examiner, ce n’étaient pas leurs capacités individuelles, mais leur travail d’équipe.

Même si leur capacité individuelle était faible, ils avaient réussi à vaincre cette grande pieuvre.

Même si leur capacité individuelle est faible, ils avaient réussi à atteindre le Rang S.

C’était le point le plus important.

Chacun jouait son rôle et était un grand soutien pour le groupe.

C’était du travail d’équipe.

Et c’était ce qui nous manquait dans notre groupe.

Les capacités individuelles des membres de [Dead End] étaient élevée.

Cependant, que ferions-nous lorsque nous devrions travailler en équipe ? Je me le demande.

Le travail de Ruijerd en tant que coéquipier était remarquable.

Je me demandais si cela était dû au fait qu’il avait une grande expérience dans l’armée. Il s’accordait bien avec le groupe.

Même si Éris ou moi faisions une erreur, il était capable de nous tirer de là.

Il était aussi excellent pour contrôler les monstres. Les monstres étaient cloués sur place d’un simple coup d’œil.

Cependant, il était trop fort.

En réalité, c’étaient tous des adversaires qu’il pouvait vaincre seul, mais nous le forcions à se battre avec nous en utilisant le prétexte d’être une équipe.

Je ne dirai pas que c’était mauvais, mais dire que l’on déformait la réalité n’était pas faux.

J’essayais, la plupart du temps, de garder ces choses à l’esprit quand on combattait en équipe.

Même si je disais cela, cela ne voulait pas dire que nos mouvements étaient bien coordonnés.

Je me concentre trop sur les méthodes qui permettaient de m’occuper des ennemis qui se rapprochaient de moi.

Nous comptions beaucoup sur Ruijerd quand il y avait un grand nombre d’ennemis.

Éris était inutile. Elle ne ferait qu’écouter honnêtement les instructions.

Cependant, elle ne pouvait pas faire correspondre ses mouvements avec ceux de son entourage pendant le combat.

Quand l’ennemi était devant elle, elle devient désespérée et se surpassait.

Ça avait l’air bien si vous appeliez ça un combat facile, mais elle n’avait jamais suivi Ruijerd ou moi une seule fois.

Il était vrai que Ruijerd n’avait pas besoin que je le suive.

Et si nous finissions pour une raison ou une autre séparés de Ruijerd, je n’avais aucune confiance en mes compétences pour soutenir Éris.

J’avais mis la main sur un oeil démoniaque, mais je n’avais que deux mains.

J’avais une main pour me protéger et l’autre pour protéger Éris.

Et la mesure dans laquelle je pouvais la protéger d’une seule main était limitée.

J’étais inquiet.

Dès que nous arriverions de l’autre côté, nous devrions rejoindre Ruijerd.

« Rudeuswu... »

Éris s’approcha du pont avec le visage pâle.

Ses pieds étaient chancelants lorsqu’elle sortit sur le pont du navire, elle s’était mise à vomir.

Il semblerait qu’elle n’avait plus rien dans l’estomac à vomir.

« Quand... quand les gens souffrent, pourquoi... es-tu dans ce genre d’endroit... »

« Désolé pour ça. Comme la mer est bonne. »

« Tu es cruel... uppu... »

Des larmes étaient apparues dans un de ses yeux alors qu’elle m’enlaçait.

Son mal de mer était sérieux.

~7~

Le cinquième jour, Éris était dans la cabine, déprimée comme d’habitude.

Et j’étais là, à lui accorder toute mon attention.

« Uu, uuuu... ma tête me fait mal... guéris-moi... »

« Oui, oui, oui. »

C’était quelque chose que j’avais entendu d’un marin, mais il semblerait que le mal de mer pouvait être soulagé avec juste un peu de magie de guérison.

Après l’avoir essayé, nous avions confirmé qu’Éris commençait à se sentir un peu mieux.

Le mal de mer résultait des incohérences du système nerveux autonome.

Si vous utilisiez la magie de guérison sur la tête, cela s’apaisait pendant un certain temps.

En d’autres termes, c’était ce que je faisais.

Même si je disais cela, ce n’était pas une mesure définitive, et cela ne vous faisait pas vous sentir mieux.

« Hé... vais-je... mourir... ? »

« Ce serait plutôt risible si tu mourais du mal de mer, hein ? »

« Je ne peux pas en rire... »

Il n’y avait personne d’autre dans la cabine.

Bien que les cabines de ce bateau étaient plutôt grandes, il semblerait qu’il n’y ait pas beaucoup de gens qui voyageaient du continent magique au continent Milis.

Je me demandais si c’était dû au fait que les frais de voyage pour les races magiques étaient plus élevés que pour la race humaine, ou parce qu’il était plus facile de vivre sur le continent magique.

Je n’en connaissais pas vraiment les raisons.

Éris et moi étions seuls.

Dans une pièce sombre et tranquille, avec Éris qui n’avait plus la force de résister.

Et pendant les cinq jours, le seul qui s’était occupé de l’Éris affaiblie, c’était moi.

Au début, je pensais que c’était bien.

Cependant, la simple guérison n’était pas une bonne chose.

Pour la guérir, je devais lui toucher la tête.

Pour que je puisse la guérir périodiquement, je lui avais donné mon genou en guise d’oreiller, et tout en soutenant sa tête, j’utilisais continuellement la magie.

Ce faisant, je commençais à me sentir un peu bizarre.

Eh bien, utiliser le mot « bizarre » serait trompeur, hein ?

Je vais le dire franchement.

Je commençais à activer le mode érotique.

Pensez-y un peu, s’il vous plaît.

Dans la cabine, l’Éris, normalement forte, se trouvait maintenant avec des yeux humides, tout en respirant sauvagement, me suppliant d’une voix frêle et faible

« S’il te plaît. Je t’en supplie, alors fais-le, s’il te plaît. (Guérison). »

À l’intérieur de ma tête, j’avais baissé le volume de la partie « guérison » le plus faiblement possible.

Je ne pouvais pas voir ça comme autre chose qu’une invitation d’Éris.

Naturellement, ce n’était pas le cas.

Elle était juste malade.

Je n’avais jamais eu le mal de mer auparavant, mais je comprenais que c’était douloureux.

Je la touchais, mais il n’y avait rien d’érotique.

Cependant.

Caresser la tête d’une fille de cet âge et sentir sa chaleur corporelle.

C’était quelque chose de stimulant.

Bien que l’endroit que je touchais ne soit pas un endroit érotique, c’était stimulant.

Même si ce n’était qu’un peu stimulant, il aurait été dangereux de le faire sur une longue période de temps.

Être touché, cela signifiait qu’il y avait un contact.

S’il y avait un contact, cela voulait dire qu’on était proche.

Être proche signifiait qu’en d’autres termes...

Le visage d’Éris était plein de sueurs froides, y compris la nuque et la poitrine...

Tout était dans mon champ de vision.

De plus, c’était une Éris épuisée et affaiblie.

Éris qui me frappait toujours même si je la touchais accidentellement.

À l’heure actuelle, elle était, en d’autres termes, une cible facile.

N’était-elle pas déjà à moi ?

N’était-ce pas bien de lui faire ce que je voulais ?

Ce genre de sentiments commençait à germer.

J’étais pratiquement certain que, même si je lui arrachais ses vêtements et la soumettais à ma luxure, Éris ne résisterait pas.

Non, elle ne pourrait pas résister.

Avec une expression faible, une expression résignée et des larmes qui coulaient sur son visage, elle n’aurait probablement pas d’autre choix que de l’accepter.

Juste en imaginant ce genre de scène, je plaçais l’Excalibur, qui était entre mes jambes, juste devant Arthur.

L’Arthur dans mon esprit me criait dessus et me suppliait.

Vas-y fonce maintenant vu qu’Éris ne peut pas résister.

Vas-y fonce, cette chance ne se représentera plus jamais.

Vas-y fonce, en ce moment, tu as la possibilité de lui mettre « ça ».

Cependant, le Merlin en moi me disait de l’endurer.

« Tu as déjà décidé, n’est-ce pas ? » dit-il.

Tu as déjà décidé de protéger cette promesse d’attendre d’avoir 15 ans, n’est-ce pas ? dit-il.

Tu as déjà décidé de l’endurer jusqu’à la fin du voyage, n’est-ce pas ? dit-il.

Je soutenais Merlin.

Cependant, mon endurance était proche de sa limite.

Par exemple, je testais un peu son corps en touchant sa poitrine.

Il n’y avait pas d’erreur, c’était doux.

Mais ce n’était pas seulement doux.

C’était vrai. Quand il s’agissait de seins, ils n’étaient pas seulement mous.

Au milieu des parties molles se trouvait une partie ferme.

Le Saint Graal.

C’était ce que mon Arthur cherchait.

Si mon Gawain (main) trouvait le Saint Graal, que se passerait-il ?

Ce serait la bataille de Camlann.

Bien sûr, ce n’était pas seulement le Saint-Graal.

Le corps d’Éris grandissait de jour en jour.

Après tout, elle était dans sa période de croissance.

Probablement à cause de ses gènes, une certaine partie de son corps prenait rapidement l’apparence de sa mère. (NdT : la poitrine)

À ce rythme, elle deviendra sûrement une beauté voluptueuse et accrocheuse.

Les hommes qui l’entouraient ne pourraient pas la quitter des yeux.

Il y aura un type qui dirait : « Heh. Ce serait parfait s’ils étaient un peu plus petits. »

Après tout, les gens possédaient des goûts variés.

Mais je dirais à ce type,

« Je l’ai connue à l’époque où ils étaient “parfaits”, vous savez. »

Est-ce que vous comprenez ?

Ça veut dire qu’en ce moment, à l’instant même, je pouvais faire en sorte qu’Éris ne soit plus qu’à moi.

« Huu... Huu... »

Ma respiration devint difficile.

« Ru —, Rudeus... ? »

Éris me regardait avec un visage inquiet.

« À —, tu vas bien ? »

Sa voix me frappa.

Sa voix qui était habituellement perçante, inutilement forte et un peu désagréable.

Cette voix, au bon volume, m’engourdit l’esprit.

« Hahh... Hahh... Je vais bien. Ne t’inquiète pas, s’il te plaît. Nous avons fait une promesse après tout... »

« ... Si c’est douloureux, alors c’est bien de ne pas te forcer, tu sais ? »

« ! »

Par « c’est bien de ne pas se forcer », voulait-elle dire,

« C’est bien de ne pas se retenir ? »

Était-il donc normal de pouvoir faire ce qu’on voulait ?

...

Je plaisantais, c’est tout.

J’avais compris.

Elle se demandait si j’étais à court de pouvoirs magiques à force d’utiliser la guérison.

J’avais compris.

Elle me faisait confiance.

Elle savait qu’en aucun cas je ne mettrais la main sur elle en ce moment.

Et je ne trahirai pas cette confiance.

Rudeus Greyrat ne le trahira pas.

C’était ce que l’on pourrait appeler « vivre dans la confiance ».

D’accord, j’allais devenir une machine.

J’allais devenir un distributeur automatique de guérison.

J’allais devenir un robot sans émotion.

Je ne regarderai rien du tout.

Si je regardais le visage d’Éris, je me déchaînerais.

Après y avoir pensé, j’avais fermé les yeux.

Je n’entendais rien.

Si j’écoutais la voix d’Éris, j’allais faire un carnage.

Après y avoir pensé, je me bouchais les oreilles.

J’étais une personne asociale, je n’avais aucun désir, donc je n’allais rien faire sur elle.

En y repensant, je fermais mon cœur.

Cependant, la chaleur de la tête d’Éris et son parfum...

À cause de ces deux choses là, en un instant, ma détermination s’estompa.

J’avais l’impression que mon esprit était sur le point de devenir vide. [1]

Ouais, je ne pouvais pas tenir plus longtemps. J’avais enduré jusqu’à ma limite.

J’avais enduré jusqu’à mes limites.

« Éris, je vais aux toilettes un moment. »

« ... Ahh. Donc tu avais besoin d’aller aux toilettes, hein ? ... Prends ton temps... »

En jetant un coup d’œil à Éris qui m’avait facilement cru, je quittais la cabine.

J’agissais vite, dans un endroit où il n’y avait personne. J’en vis un immédiatement.

Et puis, vint mon moment de bonheur.

« Ouf... »

C’était de cette manière que j’étais devenu un sage.

Mais je ne m’arrêtais pas là, je fermais les yeux, je devenais comme Stronger [2].

« Je suis de retour. »

« Ouais, bon retour parmi nous. »

J’étais retourné à la cabine avec une expression faciale digne d’un bodhisattva, j’étais redevenu une machine à guérison.

« ... Hm ? Rudeus, as-tu mangé quelque chose ? »

« Hein ? »

« Sniff sniff sniff — ... Tu as une drôle d’odeur... »

J’avais oublié de me laver les mains.

Tehepero [3].

~8~

Après notre descente du navire, Éris avait rapidement retrouvé son énergie.

« Je ne veux plus jamais monter à bord d’un autre vaisseau ! »

« Non, il nous en reste encore un pour aller du continent Milis au continent Central. »

Éris avait clairement été déprimée après avoir entendu ça.

Mais elle se souvint de ce qui s’était passé sur le bateau, et déclara avec une expression inquiète.

« Hé, hé, hé. Quand ce sera le moment, pourrais-tu à nouveau te servir de ta guérison sur moi ? »

« C’est bon, mais la prochaine fois, je pourrai finir par faire un truc osé. »

Je l’avais dit sérieusement.

Vraiment très sérieusement.

Le fait d’essayer de faire face à son état de demi-mort, c’était presque de la torture.

« Uu... Pourquoi dis-tu une chose si méchante ? »

Ce n’était pas méchant.

C’était la douloureuse vérité.

C’était comme comprendre les sentiments d’un chien qui s’était fait servir un repas devant lui, mais qui était forcé d’attendre.

J’avais l’impression que mon estomac était vide et que le repas me disait : « mange-moi et rassasie-toi. »

Vous pouviez boire beaucoup d’eau pour éviter la faim, mais cela ne satisfera en aucun cas votre estomac vide.

Le repas ne disparaîtra pas et votre estomac redeviendra vite vide.

« J’essaie désespérément d’endurer parce qu’Éris est mignonne. »

« C’est... alors, c’est plus fort que toi. La prochaine fois, ça ira si tu touches, juste un petit peu, OK ? »

Le visage d’Éris était rouge vif.

C’était vraiment mignon.

Cependant, la différence entre son « petit peu » et mon désir était trop grande.

« Malheureusement, ce n’est pas quelque chose qui se terminera par un peu de contact. S’il te plaît, résous ce problème, parce que cela deviendra un désastre. »

Éris était à court de mots.

Je préférerais que tu n’aies pas trop d’attentes à mon égard.

Permets-moi de protéger notre promesse.

Si je finissais par rompre notre promesse, nous finirions tous les deux par avoir de mauvais sentiments.

« Pour l’instant, allons-y. »

« Ouais... ouais. J’ai compris. »

Éris avait vite changé d’humeur, nous avions commencé à marcher vers la ville de bonne humeur.

Devant nos yeux se trouvait un paysage urbain qui ressemblait au Port Venteux.

C’était Saint Port, la ville la plus septentrionale du continent Milis.

On était sur le continent Milis.

Nous étions enfin arrivés jusqu’ici.

Mais le chemin à parcourir était encore long.

« Rudeus, qu’est-ce qui ne va pas ? »

« Non, ce n’est rien. »

Oublions le chemin qui nous attendait.

Ce qui était important maintenant, c’était de viser la prochaine ville.

« Que faisons-nous maintenant ? »

Il fallait venir ce soir pour chercher la marchandise de contrebande.

Nous avions déjà fini d’échanger notre argent obtenu sur le continent magique.

Il n’était donc pas nécessaire d’aller à la Guilde des Aventuriers.

Pour commencer, nous devrions trouver une auberge.

Ensuite, nous devrions nous débarrasser de la fatigue qui s’était accumulée pendant le voyage en bateau.

Après ça, nous irons retrouver Ruijerd.

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C’était ainsi que nous étions arrivés sur le continent Milis.

Notes

  • 1 Mon esprit est comme une bouilloire sur le point d’exploser.
  • 2 http://en.wikipedia.org/wiki/Kamen_Rider_Stronger 
  • 3 Se réfère à une expression où l’on tire la langue avec insolence (et où l’on cligne habituellement des yeux).

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