Mushoku Tensei (LN) – Tome 9 – Histoire bonus 4 – Partie 3

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Histoire bonus : Sylphiette (Partie 0)

Partie 3

Après quelques secondes, Rudy sembla réaliser que ce qu’il tenait était une paire de sous-vêtements. Il leva les yeux, me repéra, et souleva la culotte comme pour dire « tu as fait tomber ça ». C’était un geste lent, désinvolte, très différent de son mouvement réflexe de tout à l’heure.

Mais oui, bien sûr ! Il vient de s’inscrire aujourd’hui ! Il ne le sait pas !

Rudy était un étudiant spécial, et ils avaient tous une chambre pour eux. J’avais entendu dire qu’ils étaient également exemptés de toutes sortes de devoirs typiques des dortoirs… y compris la présence aux réunions où nous expliquions les règles locales.

Je devais le prévenir tout de suite. S’il se tenait à l’extérieur de notre dortoir avec une paire de culottes, quelqu’un allait certainement se faire une fausse idée.

« Gyaaaah ! Voleur de culottes ! »

Mes craintes étaient devenues réalité presque instantanément. Une fille cria d’en bas, le comité d’autodéfense qui vivait au premier étage sortit en courant, et Rudy avait été rapidement encerclé… Bon, on parlait quand même de Rudy. Il allait peut-être pouvoir s’en sortir.

Au lieu d’intervenir immédiatement, j’avais succombé à un certain optimisme.

J’étais un peu intéressée de voir comment Rudy allait gérer cette situation. Est-ce qu’il les mettrait tous à terre, comme il avait battu ces brutes au Village Buena ? Ou peut-être trouverait-il une excuse intelligente et s’en sortirait-il par la parole ? Il y avait aussi l’approche « les effrayer avec de la magie ». Et le classique « s’enfuir en courant ».

J’avais regardé et attendu avec impatience… mais Rudy n’avait pas fait grand-chose. Une fille nommée Goliade l’avait saisi par le bras, et il se contentait de la regarder d’un air malheureux. Le voir comme ça m’avait rappelé la façon dont j’avais été brutalisée au Village Buena. Tout à coup, j’avais eu une sensation de froid au creux de l’estomac.

Mais qu’est-ce que je fais ?

Me maudissant en silence, j’avais sauté du balcon, atterri sur le sol et couru vers le groupe.

« Oh, qu’est-ce que c’est ? Vous avez l’intention de résister ? Quel culot pour un voleur de culottes ! Vous pensez vraiment pouvoir combattre autant de personnes ? »

Il faisait nuit, donc les autres ne semblaient pas s’en rendre compte, mais Rudy avait fixé ses jambes au sol avec de la magie terrestre. Je n’avais cependant pas compris la raison. Peut-être qu’il n’y en avait pas ? Je veux dire, c’était Rudy. C’était difficile d’imaginer que ses jambes tremblaient ou quoi que ce soit…

Mais alors même que cette pensée me traversait l’esprit, je m’étais souvenue de quelque chose de mon enfance. Quand Rudy avait chassé Somal et les autres brutes, ses jambes avaient tremblé. Et puis, un peu plus tard… après qu’il avait découvert que j’étais une fille, et que les choses soient devenues un peu bizarres pendant un moment… il avait légèrement tremblé en disant :

« J’ai l’impression que tu ne m’aimes plus, Sylphie. »

Oui. Il avait peur parce qu’il pensait que je le détestais. Comme un garçon normal.

Oh…

J’avais réalisé quelque chose à ce moment-là. Quelque chose que j’aurais dû remarquer avant. J’avais agi comme si Rudy était spécial parce qu’il avait du talent. J’avais toujours eu l’impression qu’il avait des années et des années de plus que moi. Mais en fait, nous avions le même âge, non ? Je m’étais souvenue d’une question que mon père m’avait posée un jour, et de la promesse que j’avais faite en réponse.

« Sylphie, tu vas rester assise à le laisser te protéger pour toujours ? »

Non. J’allais aider Rudy. J’allais être assez forte pour rester à ses côtés. J’allais le soutenir, quoi qu’il arrive. Je me l’étais promis. C’était la raison pour laquelle j’avais travaillé si dur tout ce temps, non ? Mais il avait des problèmes en ce moment, et je n’avais rien fait. Pire, tout ce bordel était de ma faute !

« Attendez ! Ne lui faites rien ! »

Je m’étais frayé un chemin au milieu du groupe, et j’avais pris la défense de Rudy avec force. C’était peut-être la première vraie conversation que j’avais eue dans cette école, à l’exception de mes discussions avec Ariel et Luke. C’est dire à quel point j’étais fidèle dans mon rôle de Silent Fitz.

Cependant, la fille qui tenait le bras de Rudy, Goliade, s’était avérée être très têtue. Elle continua à insister sur le fait qu’il était un criminel, même s’il n’avait rien fait de mal

« Hm, c’est surprenant que tu ailles si loin pour défendre quelqu’un. Ce que tu dis doit être vrai. Il n’en reste pas moins que ce garçon a violé le règlement du dortoir. Nous allons en faire un exemple en le punissant… quoi ?! »

À l’instant où j’avais entendu le mot « punition », quelque chose s’était brisé en moi. Je n’allais pas les laisser faire de quelqu’un que j’aimais un exemple juste parce qu’il avait été malchanceux. J’avais sorti mon bâton, l’avais pointé vers Goliade, et y avais canalisé du mana.

« N’ai-je pas dit qu’il n’avait rien fait de mal ? Assez. Maintenant, lâche sa main. »

« F-Fitz… monsieur ? »

« Ou bien voulez-vous toutes être envoyées au bureau médical ? »

J’avais appris à faire des menaces comme ça avec Luke, au Royaume d’Asura. Il disait toujours que le bluff était une compétence importante, alors j’y avais travaillé dur. Pendant notre voyage d’Asura à Ranoa, j’avais essayé plusieurs fois lorsque nous avions rencontré des groupes de bandits. Luke me taquinait toujours en me disant que ma voix était trop enfantine pour qu’elle puisse accomplir quoi que ce soit.

Cette fois, cependant, cela semblait avoir l’effet escompté.

« Tch… bien, je comprends. »

Goliade avait finalement lâché le bras de Rudy et était parti en grognant bruyamment. Avec leur chef de groupe parti, les autres filles disparurent également.

« Ouf… cette fille. Si seulement elle écoutait. »

J’avais vu comment était Goliade à présent, et elle n’était pas une mauvaise personne. Mais les hommes bêtes comme elle avaient tendance à suivre les règles très sérieusement, et à les appliquer strictement. Ils n’étaient pas du tout flexibles sur ce genre de choses.

Mais ça n’avait pas d’importance pour l’instant. Je devais m’excuser auprès de Rudy. C’était après tout essentiellement de ma faute.

« Désolé. Si je n’avais pas fait tomber ce sous-vêtement, ça ne serait jamais arrivé. »

« Vous n’avez rien fait de mal. Vous m’avez aidé. »

La voix de Rudy était un peu bizarre. La raideur habituelle de sa voix avait disparu. J’avais regardé son visage et j’avais réalisé qu’il me regardait un peu différemment. Et puis toutes les pièces s’étaient assemblées.

… Rudy se méfiait de moi jusqu’à maintenant, hein ?

Maintenant que j’y pensais, son attitude m’avait semblé un peu étrange depuis le début. Pour commencer, il s’inclinait toujours devant moi. Mais maintenant, je comprenais pourquoi. Tout cela était bien sûr logique. J’étais Silent Fitz maintenant, pas sa vieille amie. Pourquoi ne se méfierait-il pas de moi ?

Il semblerait néanmoins que j’avais gagné maintenant un peu de confiance. Ça me rend plutôt heureuse.

Rien de tout cela ne serait arrivé si je n’avais pas merdé, mais j’avais l’impression que nous étions tous les deux un peu plus proches maintenant.

J’avais profité de l’occasion pour expliquer les règles du dortoir à Rudy, l’avertissant que cette route était interdite après le coucher du soleil. Comme je le soupçonnais, il semblerait que personne d’autre ne lui avait dit tout cela. Il hocha profondément la tête pendant que je parlais.

« Je suis vraiment reconnaissant envers vous, Maître Fitz. »

Et avec ces mots, il inclina sa tête à nouveau.

C’était un peu bizarre de le voir agir avec gratitude envers moi. À l’époque où j’étais malmenée, nos positions étaient totalement inversées. L’avais-je déjà remercié aussi poliment ? Quelque chose m’avait paru étrangement drôle.

« Ahaha, c’est un peu bizarre de vous entendre me remercier. »

« Oh ? Pourquoi ça ? »

J’avais failli dire Eh bien, parce que la première fois que nous nous sommes rencontrés… Mais au dernier moment, j’avais hésité. Voulais-je vraiment révéler mon identité ? L’anxiété gonfla en moi à cette idée. S’il me disait : « Désolé, je ne me souviens pas de toi » suite à cela, cela me ferait vraiment mal.

Je m’étais convaincue que cela n’avait de toute façon pas d’importance. Et s’il ne se souvenait pas de moi ? On pourrait repartir à zéro, avec une ardoise vierge. Je pouvais laisser le passé de côté et apprendre à connaître la personne qu’il était maintenant. Ça me paraissait suffisant.

Et donc, je ne lui répondis que par un « C’est un secret ».

Rudy cligna juste des yeux, confus.

J’étais retournée au dortoir après ça. Naturellement, j’avais demandé à Rudy de rendre la culotte en premier. Comme il l’avait attrapée en plein vol, elle n’était pas sale, mais Rudy était un homme. J’étais un peu mal à l’aise à l’idée de faire porter à la Princesse Ariel des sous-vêtements qu’il avait tenus dans ses mains.

« Je suppose que je devrais les laver à nouveau, hein… ? »

En montrant la culotte sous la lumière du couloir, je m’étais figée sur place. Ce n’était pas celle de la Princesse Ariel. C’était la mienne. Rudy les tenait depuis… un bon moment, non ?

Il me fallut un certain temps avant de réussir à arrêter de me tordre de honte.

Il avait fallu que j’attende encore un mois environ avant que nous ne commencions à faire des recherches sur l’incident de téléportation ensemble.

◇ ◇ ◇

Quand je m’étais réveillée de mon rêve, j’avais trouvé Rudy à mes côtés.

« Wargh… »

Je n’avais pas pu m’empêcher de pousser un petit glapissement. Heureusement, ça ne l’avait pas réveillé. Il dormait profondément avec une expression paisible sur le visage. Je l’avais déjà vu comme ça plusieurs fois au Village Buena… mais c’était la première fois que j’avais la chance de le voir dormir en tant qu’adulte.

… Un adulte, hein ?

Ce mot m’avait rappelé ce que nous avions fait la nuit dernière. En regardant sous la couverture, j’avais constaté que nous étions tous les deux complètement nus. L’agréable brouillard de la somnolence avait fait place à la gêne, et j’avais soudainement pris conscience d’une douleur persistante entre mes jambes.

On l’a vraiment fait…

C’était quelque chose dont j’avais rêvé pendant des années, même si ce n’était pas dans les moindres détails. Mais maintenant, c’était la réalité. Plus je me rappelais de la nuit dernière, plus j’avais envie de serrer un oreiller contre ma poitrine et de me rouler en donnant des coups de pied à mes jambes dans un mélange de gêne et d’extase.

Gah…

En couvrant mon visage avec mes deux mains, j’avais accidentellement cogné mon coude contre l’épaule de Rudy. Sans raison particulière, j’avais doucement pressé ma joue contre cette épaule. Rudy semblait mince de loin, mais il avait en fait un corps étonnamment musclé. Il était assez grand pour m’engloutir complètement dans ses bras.

Agh ! Arrête ça !

Il fallait vraiment que je contrôle ces pensées parasites. Mon visage allait mettre le feu à quelque chose.

Je m’étais éloignée de Rudy. Mais comme je bougeais, ce dernier fronça les sourcils.

« Mm… »

Il grimaçait dans son sommeil, comme s’il souffrait. Mais quand j’avais pris sa main dans la mienne, son expression s’était adoucie. À ce moment, il ouvrit finalement les yeux. Et après avoir fixé le plafond pendant quelques secondes, il s’était lentement tourné vers moi.

« Bonjour, Rudy. »

Lorsque je lui avais adressé la parole, une expression de soulagement s’était clairement répandue sur son visage. Environ deux secondes plus tard, il tendit la main vers moi et attrapa mes seins.

« Hyaah ! Quoi… Rudy ! »

Je ne l’avais bien sûr pas frappé. Tout simplement parce que j’aimais bien la sensation que ça procurait.

Après m’avoir tripotée pendant un petit moment, Rudy m’avait serrée fortement dans ses bras et avait murmuré « Je suis guérie » d’une voix pleine de sentiments. Je n’avais pas compris tout de suite ce qu’il voulait dire. Mais j’avais aussi quelque chose d’autre en tête.

« Euh, Rudy… ? Qu’est-ce que tu en penses ? Mon corps est… bien, non ? »

J’avais posé ma question timidement, mon cœur s’emballant d’anxiété. J’avais l’impression que tout allait probablement bien maintenant. Mais je voulais quand même entendre la réponse.

« Merci. »

C’était tout ce que Rudy avait dit.

Je ne comprenais pas pourquoi il m’avait remerciée dans la grotte, mais maintenant je le savais. Cette fois, j’avais été capable de l’aider. Je n’étais peut-être pas son égale sur certains aspects, mais j’avais quand même réussi à le soutenir.

Il n’y a pas de quoi.

Le rêve que j’avais poursuivi toutes ces années était enfin devenu réalité. À partir de maintenant, Rudy et moi formions un couple.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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