Mushoku Tensei (LN) – Tome 9 – Histoire bonus 4 – Partie 2

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Histoire bonus : Sylphiette (Partie 0)

Partie 2

Mais alors même que je pensais à ça, une autre pensée m’avait traversé l’esprit. Une pensée très désagréable.

Rudy ne se souvient plus de moi, hein… ?

Une fois que je m’étais permis de penser ça, mon destin était scellé. Mes lunettes de soleil n’allaient nulle part. Et si je lui montrais mon visage, que je lui disais mon nom, me dirait-il encore : « Désolé, qui êtes-vous déjà ? »

Cette pensée était trop douloureuse à supporter.

« Oh, o-oui ! »

J’avais bégayé maladroitement. Toutes les choses que j’avais prévu de dire à Rudy étaient parties, éparpillées au vent. Je ne savais même plus ce que je devais lui dire. Et avant que j’aie eu le temps de rassembler mes idées, l’examen avait commencé.

J’avais perdu notre duel. Rudy m’avait complètement écrasée.

Il avait commencé par lier ma magie avec un sort que je n’avais jamais vu auparavant. Alors que je restais là sans défense, il avait lancé un sort Canon de Pierre incroyablement puissant qui effleura ma joue. Il aurait bien sûr pu me frapper s’il l’avait voulu. Il y était allé doucement avec moi.

Tous les progrès que j’avais faits en tant que magicienne me semblaient complètement hors de propos. Rudy avait pris beaucoup, beaucoup d’avance sur moi.

« Comment as-tu fait ça à l’instant ? »

C’était la seule chose que je pouvais réussir à lui demander.

« Ça s’appelle Magie de Disturbation. Vous ne connaissez pas ? »

Je n’en avais jamais entendu parler. C’était probablement un obscur sort secret transmis par les membres d’une tribu spécifique ou quelque chose comme ça. Je doutais que quiconque à l’université reconnaisse ce nom.

Rudy est incroyable…

Bien sûr, je le savais depuis le début. Mais il l’avait vraiment fait comprendre. Je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir un peu impressionnée par lui. J’avais travaillé comme une folle pendant des années pour arriver là où j’étais, mais lui avait grandi bien plus que moi.

Alors que je fixais Rudy, ce dernier s’était lentement incliné vers moi.

« Merci, monsieur ! Pour avoir fait exprès de perdre afin que je puisse être beau devant tout le monde ! »

« Huh ? »

Maintenant, j’étais encore plus confuse qu’avant. Rudy n’était pas du tout cohérent. Je n’avais aucune chance contre lui, et il devait le savoir. De quoi parlait-il ? Totalement déconcertée, j’avais serré la main de Rudy quand il me l’avait tendue. Elle ne ressemblait pas à la main d’un magicien, mais plutôt à celle d’un épéiste. Il y avait des callosités là où les ampoules s’étaient formées et brisées. Rudy avait probablement même passé plus de temps avec une épée dans sa main que Luke. Et il n’était même pas épéiste.

Même dans mon état de confusion, je sentais mon cœur battre plus fort qu’avant. La chaleur de Rudy se répandait dans ma main, et cela me rendait irrationnellement heureuse.

Il continuait pourtant à dire des choses qui n’avaient aucun sens.

« Je m’assurerai de vous remercier correctement plus tard. »

De quoi parlait-il ? Je ne comprenais vraiment pas. Sentant que je commençais à rougir, j’avais juste hoché la tête.

Une fois qu’il fut parti, je m’étais souvenue qu’il ne m’avait pas du tout reconnue. J’avais dû prendre un temps pour pleurer.

Un mois plus tard, j’avais vu Rudy à la cérémonie d’entrée. Il avait l’air encore plus vif qu’avant, maintenant qu’il portait l’uniforme de l’école. Quand nos regards s’étaient croisés, mon cœur fit un bond.

Pourtant, il s’était inscrit ici en tant qu’étudiant spécial. Il n’avait probablement plus grand-chose à apprendre ici, je m’étais donc dit que nous ne nous rencontrerions pas très souvent. Après l’examen d’entrée, j’avais discuté de la question avec les autres, et nous avions décidé que je ne devais pas approcher Rudy trop agressivement s’il ne se souvenait pas de moi. La princesse Ariel et Luke avaient dit toutes sortes de choses pour justifier leur opinion à ce sujet, mais ils semblaient surtout contrariés que Rudy m’ait oubliée. Ça m’avait un peu encouragée. Je pouvais voir qu’ils se souciaient de moi en tant qu’amie.

Finalement, la princesse avait dit qu’elle me laisserait décider. Il semblerait que nous n’allions pas le recruter immédiatement pour notre cause, mais nous pourrions toujours mener une campagne plus lente pour le gagner, comme nous l’avions fait avec beaucoup d’autres. Elle ajouta que « Fitz », en tant que collègue lanceur d’incantations silencieuses, était le mieux placé pour le recruter. Avec le recul, je pense qu’elle était bien consciente que j’avais des sentiments pour Rudy.

Mais comment dois-je m’y prendre pour lui parler ?

Le lendemain de la cérémonie, j’avais passé le reste de la journée à y réfléchir tout en suivant les cours de la Princesse Ariel. La princesse devait être un exemple pour les autres élèves, elle devait donc avoir d’excellentes notes. Et c’était parfois difficile d’être au sommet.

Pour une raison quelconque, ils enseignaient la magie combinée d’une manière très différente ici. Rudy était censé l’avoir apprise de son maître Roxy, qui avait étudié dans cette école, donc je m’attendais à ce que les méthodes d’enseignement soient familières. J’avais eu l’impression qu’ils l’avaient rendu vraiment compliqué. Mais comme je pouvais compter sur les enseignements de Rudy, je finissais toujours par comprendre. La Princesse Ariel et Luke, par contre, avaient du mal. Je faisais de mon mieux pour les aider, mais lorsque j’essayais d’expliquer les choses comme Rudy l’avait fait, cela ne faisait que les troubler davantage.

« Fitz, tu peux m’apporter quelque chose qui pourrait m’aider pour le prochain cours ? »

Lorsque mes explications ne suffisaient pas, la Princesse Ariel me demandait souvent de passer à la bibliothèque pour chercher des ouvrages de référence utiles. La bibliothèque était un bâtiment à part entière, et il ne restait plus beaucoup de temps avant le prochain cours. Mais comme je la fréquentais depuis trois ans, j’avais une bonne idée de l’endroit où trouver des livres sur un sujet particulier. Il ne m’avait fallu qu’un instant pour imaginer où je trouverais le matériel dont elle avait besoin.

Une fois que j’y étais arrivée, je m’étais déplacée rapidement dans les allées, attrapant un livre après l’autre. À ce rythme, je serais de retour en un rien de temps.

Mais ce fut alors que je vis une certaine personne se tenir devant une étagère voisine. J’avais laissé échapper un petit cri de surprise.

« Oh ! »

Rudy était aussi dans la bibliothèque. J’avais pensé trouver une excuse pour aller le voir dans les prochains jours, mais là, je suis tombée sur lui par pure coïncidence. Qu-Qu’est-ce que je dois dire ? !

Et alors que je commençais à paniquer, Rudy jeta un coup d’œil et me remarqua. Et un instant plus tard, il inclina profondément la tête.

« Je m’excuse pour l’autre jour. Ce sont mes actions superficielles qui vous ont fait perdre la face. J’avais prévu de vous apporter une boîte de bonbons, mais malheureusement, en tant que nouvel étudiant, j’ai été occupé par tellement de choses… »

« Guh ?! N -non, c’est bon, s’il te plaît ne t’incline pas. »

Apparemment, Rudy avait l’impression que j’étais en colère contre lui. C’était une surprise… mais cela expliquait pourquoi il avait inventé ces bêtises après l’examen. En y repensant, il m’avait un peu embarrassée en public, n’est-ce pas ? Oui.

… Peut-être que ça avait aussi quelque chose à voir avec la raison pour laquelle la Princesse Ariel avait l’air si contrariée plus tôt. J’étais partie du principe que je n’avais aucune chance contre Rudy, même si je ne m’attendais pas à ce qu’il me batte aussi sèchement. Mais la Princesse Ariel et Luke étaient probablement un peu mécontents que j’aie perdu tout court.

Ce n’était cependant pas important pour le moment. Je devrais y réfléchir plus tard.

« Rudy-um, je veux dire, Rudeus, c’est ça ? Qu’est-ce que tu fais ici ? »

« Juste un peu de recherche. »

« Sur quoi ? »

« L’incident de téléportation. »

Ces mots me firent réfléchir pendant un moment. Y avait-il une chance qu’il ait eue les mêmes pensées que moi ?

« L’incident de déplacement ? Pourquoi ? »

« Je vivais dans la région de Fittoa du Royaume d’Asura, et j’ai été téléporté sur le Continent Démon après l’incident. »

« Le Continent Démon ?! »

Une fois de plus, je m’étais retrouvée trop surprise pour trouver des mots. J’avais bien sûr entendu parler du Continent Démon. C’était censé être un endroit terriblement dur où chaque monstre était de rang D ou plus. Certains épéistes dévoués s’y rendaient parfois pour s’entraîner, mais la plupart n’en revenaient jamais. On disait que les personnes qui y avaient atterri lors de l’incident de téléportation n’avaient aucune chance de survie. Mais Rudy était revenu en un seul morceau.

« Oui. Il m’a fallu trois ans pour rentrer chez moi. Toute ma famille a été retrouvée depuis, mais il y a encore une de mes connaissances qui a disparu. C’était une bonne occasion de faire quelques recherches. »

« C’est pour ça que tu es venu dans cette école ? »

« C’est exact. »

C’était incroyable. Honnêtement, incroyable.

« Je vois. Tu es vraiment incroyable. »

Il avait passé trois longues années à revenir du Continent Démon. Et ensuite, au lieu de pousser un grand soupir de soulagement, il était parti à la recherche d’autres personnes, ce qui était impressionnant en soi. Mais quand l’Université lui avait tendu la main, il avait sauté sur l’invitation comme une chance d’en apprendre plus sur l’Incident. Quelle détermination ! Si j’avais été à sa place, je me serais effondrée de fatigue dès que je serais rentrée chez moi et j’aurais passé les deux années suivantes à traîner dans un camp de réfugiés.

« Mais, si je puis me permettre, qu’est-ce que vous faites ici ? »

La question m’avait sortie de ma rêverie. J’avais oublié les livres de référence que j’étais censée rapporter à la Princesse Ariel. J’avais franchement envie de continuer à parler à Rudy, mais je ne pouvais pas la laisser en plan. Le cours allait bientôt commencer.

« Oh oui. J’ai des documents sur moi. Je dois y aller maintenant. À bientôt, Rudeus. »

« Oui, bien sûr, à plus tard. »

Alors que je me détournais pour vérifier les documents que j’avais rassemblés, quelque chose m’était soudainement apparu. Cette bibliothèque était vraiment grande et contenait des tonnes de livres, mais il y en avait relativement peu qui contenaient des informations relatives à l’incident de téléportation. Rudy était peut-être brillant, mais trouver ce qu’il cherchait lui prendrait probablement du temps.

« Oh, c’est vrai. Tu devrais lire un livre d’Animus sur la téléportation, intitulé Compte-rendu exploratoire du labyrinthe de la téléportation. C’est un livre de non-fiction, mais facile à lire. »

Pour commencer, je lui avais recommandé un livre qui m’avait aidée à comprendre la téléportation. Il était assez simple pour que même un enfant puisse en apprendre les bases. Et il mentionnait également certains détails spécifiques qui étaient souvent retirés des livres plus avancés sur le sujet.

Légèrement satisfaite de moi, j’avais quitté la bibliothèque.

Ce soir-là, je lavais une brassée de sous-vêtements. Et plus précisément les sous-vêtements de la Princesse Ariel.

Il y avait une raison pour laquelle ce travail m’avait été confié. Tout d’abord, les sous-vêtements de la Princesse étaient faits d’un tissu extrêmement coûteux. Et le fait qu’ils aient été portés par une Princesse d’Asura ajoutait considérablement à leur valeur. En d’autres termes, on pouvait les vendre pour pas mal d’argent au marché noir. Il y eut en fait un incident peu de temps après notre inscription ici. Certaines de ses culottes avaient été volées après que nous les ayons envoyées au lavage. Sur les cinq qui avaient été lavées, quatre avaient disparu. Trois d’entre elles avaient ensuite été vendues, et l’étudiant responsable en avait gardé une pour son usage personnel. Certaines des filles les plus innocentes de notre dortoir avaient poussé des cris de dégoût lorsque cet incident avait été révélé. Mais pour la Princesse Ariel, qui avait grandi à la cour royale d’Asura, et moi-même, qui avait été son assistante pendant un bref moment, ce n’était pas vraiment choquant. Il y avait beaucoup de gens dans cet endroit qui faisaient régulièrement des choses bien plus dépravées.

Cependant, cela ne signifiait pas que la situation n’était pas désagréable. Depuis lors, faire la lessive de la Princesse était devenu l’une de mes tâches officielles. Elle avait légèrement hésité à me confier cette tâche, mais je pouvais laver mes propres vêtements en même temps, ce qui n’était pas très gênant.

D’ailleurs, afin de dissimuler mon sexe, je portais maintenant exactement la même culotte que la princesse, mais d’une couleur différente.

J’avais terminé la lessive de la journée et je m’étais dirigée vers le balcon pour mettre les sous-vêtements à sécher. Le reste pouvait attendre, mais nous voulions que ceux-ci soient prêts pour demain. Mais juste au moment où je commençais à les accrocher sur la corde à linge…

« Hein ? »

J’avais jeté un coup d’œil à la route en contrebas, et j’avais vu quelque chose qui m’avait fait cligner des yeux de surprise. Il y avait un étudiant qui marchait le long du chemin, même si le soleil s’était couché.

Le règlement du dortoir était très strict à ce sujet : les hommes n’avaient pas le droit de se promener sur ce chemin après la tombée de la nuit. Personne ne voulait se faire voler sa culotte, et même si ce n’était pas encore la saison des amours, il fallait aussi tenir compte de ça. À quoi pensait ce garçon, en venant ici à cette heure ? Peut-être qu’il prenait juste un raccourci pour retourner à son propre dortoir. Mais même si c’était le cas, il serait probablement entouré par le « comité d’autodéfense » du premier étage bien assez tôt.

En fait, ne devrais-je pas le prévenir dès maintenant ? La première personne qui repérait un garçon à cette heure-ci était censée le faire savoir à tous les autres. Je n’étais pas censée parler à voix haute si je pouvais l’éviter, cependant…

Attendez une seconde, est-ce que ma vue me joue des tours ?

Alors que le garçon se rapprochait, j’avais réalisé que c’était Rudy. Qu’est-ce qu’il faisait ici ? !

Dans ma surprise, mes mains glissèrent. La culotte que je tenais s’était envolée dans les airs… en direction de Rudy. Et à l’instant où elle passait devant son visage, celui-ci l’attrapa d’un rapide claquement de main.

Il est si rapide… !

Il n’avait jamais baissé sa garde, hein ? La vitesse de cette réaction m’avait appris quelque chose sur ce qu’il fallait faire pour traverser le Continent Démon en vie.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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