Mushoku Tensei (LN) – Tome 9 – Chapitre 7 – Partie 1

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Chapitre 7 : Poussée décisive

Partie 1

Il avait fallu trois jours pour que Rudy et moi rentrions à la ville de Charia. Pendant ce temps, nous avions parlé de toutes sortes de choses. L’un des principaux sujets de conversation était ce que Rudy avait vécu ces dernières années. Il avait apparemment été abandonné par une jeune femme nommée Éris, ce qui l’avait quelque peu traumatisé. Depuis lors, il avait du mal à « être performant » avec les femmes.

J’avais en fait entendu quelques rumeurs sur cette Éris Boreas Greyrat à la cour royale. On disait qu’elle était incontrôlable et violente, qu’elle ressemblait plus à une bête sauvage qu’à une fille bien élevée. D’après ce que Rudy m’avait dit, elle n’était probablement pas aussi mauvaise que je l’avais imaginée… mais quand même. Il l’avait escortée du Continent Démon jusqu’à Asura, et elle l’avait jeté parce qu’il n’était pas assez bien ? C’était juste incroyable. J’avais dit à Rudy que si jamais je la rencontrais, je lui dirais tout ce que je pense. Mais il était devenu blanc comme un linge et m’avait dit que c’était une très mauvaise idée. Au moins, Éris était une épéiste très douée.

Je ne pouvais pas dire qu’entendre tout ça m’ait rendue très heureuse. Mais en fin de compte, c’était seulement grâce à Éris, qui avait largué Rudy, qu’on s’était retrouvés ici. Au moins, il y a eu du bon dans tout ça.

… Mais Rudy était-il vraiment venu ici à cause de son état ? N’enquêtait-il pas sur l’incident de téléportation ?

Eh bien, peut-être qu’il avait juste poursuivi deux objectifs à la fois.

Finalement, nous étions revenus aux portes de l’université. À ce moment-là, j’avais retrouvé ma tenue habituelle — le costume que je portais quand j’étais « Fitz. »

« Bon, je suppose que je dois aller faire mon rapport à la princesse Ariel. », avais-je dit.

« Bien sûr. Je… te verrai bientôt, d’accord ? », dit Rudy avec un sourire un peu gêné.

Il m’avait fallu un moment pour comprendre exactement ce qu’il voulait dire par là. J’avais alors rassemblé les pièces du puzzle, et mon visage devint très chaud. Je rougissais à nouveau jusqu’aux oreilles.

« Oui… bien sûr ! »

On sortait officiellement ensemble maintenant, non ?

Ça me rendait vraiment heureuse. Mon corps se sentait presque en apesanteur. Je n’avais jamais su ce que les gens voulaient dire quand ils parlaient d’« être aux anges », mais maintenant je comprenais. J’étais allée directement à la salle du conseil des élèves pour donner à la princesse Ariel un compte rendu de la situation. C’était l’heure du déjeuner maintenant, donc elle serait certainement là.

J’avais pensé à toutes sortes de choses en marchant. Il y avait tellement de choses que j’avais toujours voulu faire avec Rudy. Comme… faire du shopping en ville ensemble, par exemple. Mais pour ça, il faudrait que je sois déguisée en garçon, et les gens pourraient regarder Rudy d’un drôle d’air.

Mais ça n’avait pas vraiment d’importance, non ? Du moins tant qu’on s’aimait.

Mais bon… les garçons avaient tendance à penser à l’amour d’une manière très physique, non ? Luke disait toujours :

« Si vous ne couchez pas ensemble, vous finirez par vous éloigner. »

Rudy ne semblait pourtant pas trop intéressé par mon corps…

Qu-Qu’est-ce que j’étais censée faire pour ça ?

◇ ◇ ◇

Quand j’étais entrée dans la salle du conseil des élèves, la Princesse Ariel regarda mon visage et soupira.

« Je vois que ça n’a pas du tout marché. »

« Huh ? Uhm, Princesse Ariel… ? »

« Cela semblait être un plan parfait au départ, mais avec le recul… même s’il y avait un certain risque que tu meures de froid, il était idiot de s’attendre à ce qu’il arrache les vêtements d’un ami. »

Pour une raison quelconque, elle semblait avoir tiré une mauvaise conclusion. Cette partie s’était en fait très bien passée…

« C’est bon, Sylphie. Dis-nous exactement ce qui s’est passé, aussi calmement que possible. », intervint Luke.

« Euh, entendu. Le plan que tu as mis au point à en fait très bien marché, Princesse Ariel. »

La princesse Ariel haussa un sourcil en signe de surprise, mais réussit à garder sa voix stable.

« C’est vrai ? Je dois dire que tu n’as pas l’air particulièrement ravie. »

« Uhm, oui. À propos de ça… »

« Je suis désolée. Tu pourras expliquer ça plus tard. Commence ton rapport, s’il te plaît. »

« Oh, d’accord. »

Essayant de me calmer un peu, j’avais décrit le résultat de notre opération étape par étape. En gros, les choses s’étaient réellement passées exactement comme prévu. Nous nous étions réfugiés dans la grotte et nous nous étions dit comment nous nous sentions près du feu. Rétrospectivement, cela ressemblait presque à un rêve. Je pouvais dire que je rougissais à nouveau.

La princesse Ariel m’avait cependant regardé avec une confusion grandissante. Elle se demandait manifestement quel était le problème.

« Bref, euh… Rudy a été un peu déprimé après ça. Il a dit qu’il était en fait venu à l’Université pour trouver un remède à son état. »

« Attends, quoi ? »

« Huh ? Euh, tu sais. Il cherchait un moyen de guérir son, euh, impuissance. »

« Je vois. Excuse-moi. J’ai été un peu surprise, c’est tout. »

La Princesse Ariel avait plaqué une main sur sa bouche, une expression incrédule sur le visage. Je pouvais dire ce qu’elle pensait : J’avais entendu les rumeurs, mais je n’avais jamais pensé qu’elles pouvaient être vraies. Pourquoi s’inscrire à l’Université de la Magie pour une telle raison ? C’est un endroit pour apprendre la magie, pas un centre médical.

« Je dois dire que je suis un peu déçue par ce Rudeus. Un homme doit être performant quand ça compte, non ? Je pensais qu’il était inconscient, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il embarrasse une dame de cette façon. Surtout celle qui a été assez courageuse pour faire le premier pas. »

Les mots de la Princesse Ariel étaient durs, mais elle essayait probablement de garder son sang-froid et son contrôle. Elle savait que je me mettrais en colère, et une fois que je l’aurais fait, elle pourrait adopter un ton apaisant et apologétique, et faire avancer la conversation sans révéler sa confusion. C’était une astuce qu’elle utilisait très fréquemment.

Mais à ma surprise, Luke était intervenu pour objecter avant que je puis dire un mot.

« Princesse Ariel, je pense que vous êtes tout à fait injuste. Parfois, un homme ne peut tout simplement pas s’empêcher de faire ce genre de choses. Rudeus n’a pas fait le choix conscient de repousser Sylphie. En fait, je pense que ça explique pourquoi il a été si hésitant jusqu’à maintenant. »

« L-Luke… ? »

« Je me suis demandé pourquoi il avait toujours l’air si peu sûr de lui. Pauvre homme. Il a dû venir ici par pur désespoir, sans savoir où chercher de l’aide… »

Luke pouvait être frivole et même grossier parfois, mais il ne répondait presque jamais à la Princesse Ariel. Il lui donnait parfois des conseils, mais il n’était pas du genre à rejeter catégoriquement l’opinion de son suzerain de cette façon. En fait, je ne me souvenais pas qu’il lui avait déjà parlé aussi fermement auparavant.

La Princesse semblait un peu décontenancée.

« … Mes excuses. Je suppose que je suis allée un peu trop loin. »

« Ce n’est pas grave, Princesse Ariel. Je ne m’attendais pas à ce qu’une femme comprenne ces choses. »

Avec un petit hochement de tête, Luke se tourna vers moi.

« Sylphie, veux-tu guérir l’état de Rudeus ? »

« Huh ? Uhm, oui, bien sûr. »

Je m’étais inquiétée pour moi pendant tout ce temps. Mais en y réfléchissant, Rudy était visiblement déprimé par la situation. Il avait commencé à me parler de façon très formelle, et j’avais vu quelque chose qui ressemblait à de la peur dans ses yeux. Ses mains tremblaient, et pas à cause du froid.

« Rudy a très mal pris ce qui s’est passé. Si je peux faire quelque chose pour l’aider, je le ferai. »

« Même si c’est difficile ? »

« O-Oui. Je ferai tout ce qu’il faut. »

Il y a longtemps, Rudy m’avait sauvée d’une situation vraiment misérable. Je voulais lui rendre cette faveur en nature, si je le pouvais.

« Très bien alors. Attend ici, veux-tu ? Il y a quelque chose que je dois te donner. Veuillez m’excuser un moment, Princesse Ariel. »

Sans plus d’explications, Luke quitta la salle du conseil des élèves d’un pas rapide.

La princesse Ariel fronça légèrement les sourcils en le regardant partir.

« Je suis désolée, Sylphie. Je n’aurais pas dû dire ça de Rudeus. »

« Ce n’est pas grave, je ne suis pas contrariée. Je suis un peu surprise que Luke se soit disputé avec toi comme ça, par contre. Il ne fait pas ça très souvent. »

En plus de ça, je ne m’attendais pas à ce que Luke prenne la défense de Rudy. J’avais l’impression qu’il ne l’aimait pas beaucoup, et il ne semblait pas être du genre à prendre la défense de l’homme dans une situation comme celle-ci.

« En tout cas, ça a l’air d’être un obstacle assez sérieux. »

« Oui. Que dois-je faire, Princesse Ariel… ? »

« Eh bien, Luke semble avoir une sorte de plan en tête… mais je connais moi-même quelques remèdes contre l’impuissance. »

« Vraiment ? »

« En effet. C’est une de ces petites choses qu’on vous apprend en tant que membre de la famille royale. »

C’était assez logique. Quand une princesse se mariait avec quelqu’un, il était très important pour elle d’avoir des enfants. Même si leur mari avait un problème comme celui de Rudy, elles devaient trouver un moyen d’y parvenir.

« On m’a enseigné tout cela quand j’étais assez jeune, et j’ai bien peur de ne pas y avoir prêté beaucoup d’attention. Mais je me souviens de certaines choses. En général, vous commencez par les faire boire. »

« Vraiment ? Hmm… »

Je m’étais souvenue de ce que j’avais vu dans le réfectoire l’autre jour. Rudy, Zanoba et le roi Badigadi avaient bu ensemble, et ils étaient tous de très bonne humeur. Je n’avais pas moi-même expérimenté l’alcool, mais je savais qu’il permettait aux gens de se comporter plus facilement que d’habitude. Grossièrement, cela vous mettait dans un état d’esprit altéré… mais si l’état de Rudy était déjà anormal, cela signifiait peut-être que cela le rendrait « normal » à la place ?

La princesse Ariel avait ensuite énuméré un certain nombre de méthodes spécifiques pour séduire les hommes. Plutôt que de guérir physiquement l’impuissance, la plupart de ses conseils semblaient viser à exciter une cible autrement désintéressée. Pourtant, je ne doutais pas de leur efficacité. La famille royale d’Asura s’assurait que ses membres étaient bien éduqués dans toutes sortes de domaines.

« … après ça, tu dis que tu as chaud, et tu fais glisser ta robe le long de ton épaule. »

« Est-ce que ça marcherait vraiment ? »

« Oh, j’imagine que oui. Tu es après tout extrêmement mignonne. Une fois que l’humeur est bonne, tout ce dont tu as besoin est une bonne ligne d’arrivée… »

Au moment où Luke était revenu, nous avions élaboré les grandes lignes d’un plan. Il nous écouta parler pendant quelques secondes en silence, puis nous avait brusquement interrompus.

« Quel genre d’idiot se plaint de la chaleur par ce temps glacial ? De toute façon, toute votre démarche est malencontreuse. Sylphie n’a pas assez de courbes pour tenter un homme avec son corps. »

« Ah… »

Je m’étais retrouvée à court de mots, et la Princesse Ariel lança à Luke un regard de reproche.

« Étais-tu obligé de le dire aussi crûment, Luke ? La pauvre fille est morte d’inquiétude à cause de ça. »

« … Princesse Ariel, les hommes de la famille Notos Greyrat sont traditionnellement attirés par les femmes à forte poitrine. À titre d’exemple, je ne ressens moi-même aucune attirance pour Sylphie. »

Les Notos Greyrats aimaient les filles à forte poitrine. C’était de notoriété publique pour tous ceux qui étaient associés à la noblesse d’Asura, tout comme l’amour contre nature de la famille Boreas pour les hommes bêtes.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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