Chapitre 6 : Il pleut dans la forêt
Partie 7
Il n’y avait bien sur rien de mal avec son corps. Le simple fait de la regarder était excitant. Sa poitrine était petite, certes, mais elle était magnifiquement proportionnée. Elle était la définition d’une petite beauté — et j’étais un grand fan des petites beautés. Je veux dire, c’était la seule fille qui m’avait préparé à partir au cours des trois dernières années. Bien sûr, ce n’était pas sa faute. J’étais juste un lâche inutile.
« Ne parle pas comme ça, Rudy ! Cela ne me gêne vraiment pas. Allez, reviens à la normale. »
La voix de Sylphie était implorante et un peu triste. Cela m’avait juste fait me sentir encore plus pathétique.
« J’adorerais revenir à la normale, bien sûr. Mais il semble qu’il n’y ait rien que je puisse faire à ce sujet, j’en ai peur. »
« Non, non… Je voulais juste dire que tu peux arrêter de t’excuser aussi formellement… », avait-elle dit, une larme coulant sur son visage.
« Oh, euh… c’est vrai, c’est vrai. C’est ma faute. Je me suis juste un peu énervé. »
Mon dieu, je n’arrête pas de tout faire foirer. Je m’étais incliné, faisant des courbettes depuis un moment maintenant. J’avais tendance à revenir dans ce mode automatiquement quand je n’avais pas les idées claires.
« … Est-ce que c’est bizarre pour moi d’être un peu formel avec toi ? Je veux dire, je t’appelle Maître Fitz depuis des mois maintenant. »
« Oui, je suppose… mais quand tu parles comme ça, on a l’impression que tu tiens les gens à distance. »
Vraiment ? C’était la première fois que j’en entendais parler. Éris et Ruijerd avaient-ils ressenti la même chose ? Et Zanoba ? J’avais tendance à lui donner des ordres.
« À partir de maintenant, je veux que tu sois plus décontracté avec moi. »
« Comme tu veux. »
« Et bien, ce n’est pas très désinvolte. »
« Allez ! Ne peux-tu pas me lâcher un peu ? »
« Hehehe… bien, peut-être que je ferai une exception. »
Cette conversation semblait au moins améliorer légèrement l’ambiance. Pourtant, cela faisait un moment que je n’avais pas été consciemment désinvolte avec quelqu’un. Après être venu dans ce monde, j’avais surtout été « poli à l’excès ». J’avais passé quelques années à badiner avec Soldat et compagnie, mais j’avais ensuite atterri dans cette école et j’avais recommencé à faire des courbettes.
… En y réfléchissant, il y avait une autre exception. Au village Buena, j’étais plutôt décontracté avec ma petite amie Sylphie. Dans ce cas, peut-être que la décontraction était juste la norme pour nous.
Pendant un moment, nous étions restés assis, blottis l’un contre l’autre en sous-vêtements, sans rien dire de particulier, en écoutant le crépitement du feu. En tournant un peu le cou, j’avais pu voir la clavicule de Sylphie. Son soutien-gorge était légèrement desserré. Quand je regardais sous cet angle, j’apercevais parfois un joli petit quelque chose de rose.
Après un petit moment, cependant, j’avais rompu l’agréable silence.
« Je peux te demander pourquoi tu t’es travestie pendant tout ce temps, Sylphie ? Que t’est-il arrivé après l’incident de téléportation ? »
Je voulais savoir pourquoi elle était la garde du corps de la Princesse Ariel, pourquoi elle avait teint ses cheveux en blanc, et pourquoi elle cachait son identité. Je ne savais pas si j’avais le droit de poser ces questions, mais ça semblait valoir la peine d’essayer.
« Oh, d’accord. Uhm… par où commencer… ? »
Lentement, Sylphie commença à me raconter son histoire.
Elle commença par son entraînement au Village Buena, et ses tentatives pour découvrir où j’étais auprès de Zenith et Lilia. Elles avaient fini par la former respectivement à la magie de guérison et à l’étiquette. Elle avait également mentionné qu’elle m’avait fabriqué le pendentif que je porte encore aujourd’hui.
« Donc tu l’as fait toi-même, hein ? »
« Pourquoi est-ce que tu as ça, Rudy ? »
Cela faisait des années que je cachais le pendentif en question à l’intérieur de mes vêtements. Sylphie l’avait évidemment remarqué lorsque je m’étais déshabillé tout à l’heure.
« Lilia me l’a donné quand je l’ai trouvée. Mais elle n’a pas dit que tu l’avais fabriqué pour moi, Sylphie. »
« Eh bien, elle a probablement pensé que je pourrais être morte. »
« Ah, je vois. »
Certaines personnes pourraient être d’accord pour porter un souvenir d’un ami mort, mais d’autres pourraient être tristes et mal à l’aise.
« Uhm, ça te dérange si je continue mon histoire ? »
« Désolé pour ça. Vas-y. »
Après l’Incident de Téléportation, la vie de Sylphie avait pris une tournure orageuse et dramatique. Elle avait été éjectée au-dessus d’un jardin du palais royal avec un dangereux monstre juste en dessous d’elle. Après avoir sauvé la vie de la Princesse Ariel par pure coïncidence, elle reçut en récompense son rôle actuel de Mage Gardien.
Sans savoir pourquoi, ses cheveux avaient perdu leur couleur d’origine lorsqu’elle avait été téléportée. Et les gens de la capitale royale étaient si différents de ce à quoi elle était habituée dans leurs perspectives et leurs ambitions que cela lui donnait mal au ventre chaque jour. Elle avait dû repousser des assassins envoyés pour tuer Ariel, tandis que les membres de la famille royale et leurs partisans luttaient pour le pouvoir.
Finalement, ils avaient été chassés de la capitale et s’étaient lancés dans un voyage auquel aucun d’entre eux n’était prêt. Il y eut des trahisons, des déceptions, et des moments de danger désespéré. Mais finalement, ils avaient atteint l’Université de magie de Ranoa, où ils avaient commencé à préparer leur retour… et ce fut à ce moment-là que j’étais arrivé.
« Je sais que ce n’est pas ta faute, Rudy… mais quand tu t’es présenté à moi comme un étranger, ça a été un choc. »
« Je suis désolé pour ça. Mais tu sais, si tu m’avais dit qui tu étais un peu plus tôt, ça n’aurait pas pris autant de temps. »
« Oui… je suppose que tu as raison. Désolée. C’est ma faute pour n’avoir rien dit, hein… ? Je suis vraiment… désolée pour ça… »
Soudainement, des larmes coulèrent sur le visage de Sylphie. Il semblerait que cela faisait un moment qu’elle était angoissée par cette histoire. Ce n’était pas comme si elle avait caché la vérité juste pour m’embêter ou autre, et je n’avais pas l’intention de la critiquer.
« Hey, je suis aussi désolé. J’ai eu une année entière pour le découvrir, et je n’ai même pas réalisé. »
D’après l’histoire de Sylphie, elle avait caché son identité pour une bonne raison, et semblait penser que je l’avais complètement oubliée. Et si je l’avais oubliée, il y avait un risque que je dise la vérité sur elle à quelqu’un si elle s’ouvrait à moi. J’avais après tout des liens avec la famille Boreas. Il y avait donc une possibilité que je puisse même devenir un ennemi. Garder le silence était probablement la meilleure solution.
De plus, je n’avais pas vraiment donné d’indication que je cherchais Sylphie au cours de l’année dernière. Si elle pensait que je n’étais pas inquiet pour elle, on ne pouvait pas lui reprocher d’hésiter, non ? Oui, on ne le peut pas. Toutes sortes de circonstances s’étaient mises en travers du chemin. Et à la fin, elle s’était ouverte à moi. C’était ce qui comptait vraiment.
J’avais enroulé mes bras autour des épaules de Sylphie et elle appuya sa tête contre moi. Son corps était encore un peu froid. J’avais décidé de la garder serrée contre moi jusqu’à ce que ça s’améliore.
« Je n’ai pas pu trouver le courage, Rudy. Et je suppose qu’une partie de moi aimait les choses telles qu’elles étaient. »
« Oui. Je dois dire qu’être l’ami avec Maître Fitz n’était pas si mal. »
Cependant, elle avait apparemment commencé à s’inquiéter. Il y avait quelques jolies filles dans ma vie ces jours-ci, et elle pensait que l’une d’entre elles allait m’enlever si elle n’agissait pas rapidement. À cause de ma condition, ce scénario semblait plutôt improbable… mais on ne savait jamais. Et si Nanahoshi m’avait trouvé une sorte de remède magique. J’aurais été très reconnaissant envers elle, non ? Peut-être que notre relation aurait évolué d’une manière inattendue.
En tout cas, Sylphie avait décidé de tout risquer sur une opération majeure. J’avais prouvé que j’étais inconscient, et je sabotais régulièrement ses plans en essayant d’être prévenant. De son côté, elle avait tendance à toujours se dégonfler au dernier moment. Mais cette fois, elle allait se mettre au pied du mur… et me gifler avec la vérité jusqu’à ce que je comprenne enfin.
« Tu es vraiment inconscient, Rudy. »
« Oui, je plaide coupable. »
J’avais fait le serment silencieux d’agir comme un protagoniste ignorant, mais après ça, je ne pouvais plus me moquer de ces types. Parfois, quand il y avait beaucoup de facteurs de complication, il pouvait être difficile de réaliser que quelqu’un vous voulait.
Si j’avais été un peu plus excité dès le début, peut-être que j’aurais lu les signaux venant d’elle plus clairement. Est-ce que tous ces stupides héros à harem avaient aussi besoin d’une ordonnance de Viagra ? Ça expliquerait en fait beaucoup de choses.
« Donc je suppose que j’ai fini par tomber dans ton piège, hein ? »
« Uhm, oui. Désolée. Je me sens un peu mal de t’avoir piégé comme ça. »
« C’est bon. Je ne pense pas que ça aurait marché si tu n’avais pas poussé les choses aussi loin. »
Au rythme où allaient les choses, j’aurais continué à prétendre que Fitz était un homme indéfiniment, en supposant que je lui faisais une faveur. Et pour être honnête, je ne savais pas si je me souvenais bien de ma vieille amie Sylphie avant qu’elle ne me fasse ce rappel utile.
« Au fait… la Princesse Ariel sait-elle que tu fais ça ? »
« Oh, absolument. Elle a tout planifié. »
« Elle l’a vraiment fait ? »
« Oui. »
C’était un soulagement. Si Sylphie avait agi de son propre chef, il aurait été plus sûr de continuer à prétendre que je ne savais pas la vérité… bien que le personnage de « Fitz » n’allait pas disparaître dans les deux cas.
« Elle était cependant un peu inquiète à propos de tout ça. Elle n’avait jamais pu comprendre quels étaient tes objectifs, ou ce que tu pensais. Je pense qu’elle n’aurait jamais vraiment cru que tu sois venu ici à cause de ton, euh, problème. »
Il y avait des rumeurs sur mon état de santé qui circulaient, mais d’après ce que j’ai entendu, elle les avait probablement rejetées d’emblée. La vérité pouvait parfois être plus étrange que la fiction.
« Hmm. Dans ce cas, peut-être que je devrais tout simplement rejoindre son équipe ? »
Honnêtement, je voulais encore éviter de me mêler à de dangereuses luttes de pouvoir. Mais si ça pouvait aider Sylphie, je lui offrirais tout le soutien possible.
« La Princesse Ariel a beaucoup fait pour moi, alors personnellement, je serais heureuse de t'avoir à ses côtés… mais tu ne veux pas te mêler à la politique d’Asura, non ? Ne te force pas, Rudy. »
Sylphie me sourit timidement une fois de plus. Son côté mignon était vraiment amplifié par cent quand elle ne portait pas ces lunettes de soleil géantes. Pour la deuxième fois aujourd'hui, j'avais senti une montée de chaleur dans mon aine. Incapable de me retenir, je m’étais penché et j'avais léché son oreille.
« Aah ?! »
« Oups. Pardonne-moi. »
Le cri de surprise de Sylphie fit fuir mon petit ami turbulent qui retourna en hibernation. Je n'arrivais vraiment pas à contrôler ma propre libido ces derniers temps. Pourtant, c'était un soulagement d'avoir un peu de mouvement en bas. Il semblait que j'étais sur la voie de la guérison.
Tout ça était bien sûr dû à Sylphie.
« Merci, Sylphie. »
« Huh ? Pour quoi... ? »
Sylphie inclina la tête vers moi, confuse.
On n'avait pas encore fait tout le chemin, mais c'était suffisant pour le moment. Rome ne s’était pas construite en un jour, non ?
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merci pour le chapitre