Mushoku Tensei (LN) – Tome 9 – Chapitre 6 – Partie 6

***

Chapitre 6 : Il pleut dans la forêt

Partie 6

Qu’est-ce qui se passe avec Fitz ? Je ne pouvais pas mettre le doigt dessus, mais quelque chose en elle me rendait si… excité. J’avais dû lutter contre une envie soudaine de la pousser au sol à ce moment précis. Ignorant mes désirs du mieux que je pouvais, j’avais attrapé la ceinture de Fitz. Après quelques secondes maladroites et bruyantes, j’avais réussi à la défaire. J’avais tendu le bras pour attraper son pantalon par la taille… et là, une image du passé m’avait traversé l’esprit.

J’avais déjà fait quelque chose comme ça, il y a des années. J’avais cinq ou peut-être six ans, mais je n’avais pas oublié.

En baissant le pantalon de Fitz, j’avais découvert une culotte blanche. Contrairement à la première fois, je n’avais pas baissé en même temps ses sous-vêtements. Cela dit… la culotte était tellement imbibée d’eau de pluie qu’elle était presque transparente. Est-ce que je voyais des choses, ou est-ce que c’était une courbe douce en bas… ? J’avais dégluti bruyamment.

Fitz retira ses jambes de son pantalon en silence, puis s’était assise devant moi, les jambes écartées de chaque côté. Je m’étais assis sur mes genoux juste devant elle. Le sol de la grotte était accidenté et rugueux, mes tibias commencèrent à me faire mal immédiatement.

J’avais tendu la main vers elle une fois de plus. Elle avait toujours ces gants blancs trempés sur ses mains.

« Laisse-moi… les prendre aussi… »

En enlevant les gants, j’avais constaté qu’une de ses mains était marquée par une vieille cicatrice. J’avais reconnu cette main.

Comment était-ce arrivé, déjà ? Mais oui, c’est vrai. Elle avait mis sa main dans une cuisinière et s’était brûlée. Je me souviens de lui avoir demandé si cet accident avait quelque chose à voir avec sa lutte pour apprendre la magie du feu.

« Rudy… »

Fitz ne me regardait plus dans les yeux. Son regard était légèrement tourné vers le bas, vers une autre partie de mon corps. La tente que j’avais plantée quelques minutes plus tôt tenait toujours bon. Fitz était vraiment une faiseuse de miracles.

« Il reste encore une chose. »

Je savais qu’elle ne parlait pas de son soutien-gorge ou de sa culotte. À ce stade, j’avais enfin compris. J’avais attrapé ses lunettes de soleil et les avais enlevées.

En dessous, j’avais trouvé un visage familier, celui que je m’attendais à voir.

À l’époque, j’avais pensé que mon amie deviendrait une vraie tombeuse. Sylphiette était si jolie, même quand je pensais encore que c’était un garçon, même quand elle était une enfant. Et maintenant… elle était devenue encore plus belle que je ne l’avais imaginé.

Ses traits avaient toujours un soupçon d’infantilisme. Mais belle était la seule description qui s’appliquait. Ses yeux étaient vifs et clairs. Son nez était un peu long, et ses lèvres étaient légèrement fines. J’avais cru voir une ressemblance avec sa compagne elfe, Elinalise… mais d’une certaine manière, son visage était plus accessible et attachant. Peut-être avait-elle hérité cela de ses ancêtres humains.

« Euh, Maître Fitz… »

« Oui, Rudy ? »

La façon dont elle inclinait la tête pour écouter, même en rougissant, n’avait pas changé du tout. Pourquoi diable m’avait-il fallu autant de temps pour comprendre ça ? Ses cheveux ? Oui. Sa couleur de cheveux était différente. Elle avait eu les cheveux verts avant, mais maintenant ils étaient blancs purs. Mais bien sûr, les cheveux des gens changent de couleur tout le temps. On pouvait par exemple les décolorer si on le voulait.

« Est-ce que par hasard ton vrai nom est... Sylphiette ? »

« … Oui. »

Fitz — ou plutôt Sylphie — sourit timidement et hocha la tête.

« Oui… c’est ça. Je suis Sylphiette. Sylphiette… du Village Buena… »

Après seulement quelques secondes, celle-ci fut submergée par l’émotion, et son sourire s’était effrité et il avait disparu. Avant de s’effondrer complètement, elle avait réussi à se pencher en avant et à jeter ses bras autour de moi.

« J’ai finalement… dit ça… »

Son corps était très, très froid.

Nous étions restés comme ça pendant quelques longues minutes.

J’étais encore sous le choc, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais en même temps, je commençais à sentir que tout avait enfin un sens.

Sylphie sanglotait et reniflait doucement en me serrant fortement dans ses bras. C’était assez similaire à la façon dont cela s’était passé la dernière fois, en fait. On aurait dit qu’elle était encore une pleurnicheuse.

Son corps était toujours aussi doux. Elle était si mince qu’on aurait pu croire qu’elle n’avait pas une once de graisse, mais quand on la prenait dans ses bras, on avait l’impression d’avoir à porter un nuage. Elle se mettait de l’adoucissant dans le bain ou quoi ?

« J’ai attendu… Je t’ai attendu tout ce temps, Rudy. Je suis restée au Village Buena, et j’ai travaillé très dur… »

Je savais que c’était vrai. Paul m’avait déjà raconté comment Sylphie avait occupé son temps une fois que j’étais parti donner des cours à Éris. Ne disant rien pour le moment, j’avais juste caressé sa tête. Elle avait réagi en me serrant encore plus fort.

Après un moment, elle releva son visage pour me regarder. Ses larmes et son nez qui coulait l’avaient laissé dans un sale état. Je n’étais pas sûr de ce que je devais lui dire.

« J’ai toujours… »

Sylphie savait ce qu’elle voulait dire. Elle m’avait regardé droit dans les yeux et avait dit ce qu’elle avait à dire.

« Je t’ai toujours aimé. »

Tout ce que je pouvais faire, c’était de la regarder bêtement, sans rien dire.

« Je t’aimais tellement à l’époque, Rudy. Et maintenant, je t’aime encore plus. Ne me quitte plus jamais… s’il te plaît ? Je veux rester avec toi pour toujours… »

Mon esprit s’était court-circuité. J’étais littéralement abasourdi.

Bien sûr, Sylphie avait été très attachée à moi dans le passé. On pourrait dire que je l’avais arrangé de cette façon. Mais les choses étaient différentes maintenant. J’avais passé un an à apprendre à faire confiance et à respecter « Maître Fitz » comme mon ami et mon égal. C’était une personne différente maintenant, capable de se défendre. J’avais un réel respect pour elle. Ses sentiments pour moi n’étaient-ils que des traces persistantes de mes tentatives pour la conquérir quand j’étais enfant ? Cela semblait possible.

Mais… j’en étais venu à faire sincèrement confiance à Fitz. C’était une personne intelligente et bien informée qui écoutait mes problèmes et m’aidait à y réfléchir. Je n’étais d’ailleurs pas le seul à la tenir en haute estime. La princesse Ariel lui faisait également confiance.

Et elle me disait qu’elle m’aimait.

Un sentiment chaud et agréable gonfla dans ma poitrine. J’avais encore du mal à me faire à l’idée que Sylphie et Fitz étaient la même personne… mais j’étais tellement heureux que j’avais envie de danser.

Pendant un moment, je m’étais surpris à penser à Éris. Est-ce que je lui avais déjà dit que je l’aimais ? Nous avions parlé de former une famille à un moment donné, mais c’est elle qui en avait parlé. Je ne me souvenais plus de ce que j’avais dit.

Et pour Sarah ? Non, les choses n’étaient jamais allées aussi loin avec elle. Sincèrement, je n’étais pas sûr d’avoir vraiment aimé Sarah. Je l’aimais bien, et j’avais essayé de la mettre dans mon lit… mais j’avais l’impression qu’« amour » n’était pas le mot juste pour décrire ce que j’avais ressenti.

Bon, très bien. Et Fitz… ou plutôt Sylphie ? Qu’est-ce que je pensais d’elle ?

Pour être honnête, je voulais prendre le temps de bien y réfléchir. Je voulais vérifier mes propres pensées, et élaborer une réponse claire et précise. Mais si je ne lui donnais pas de réponse tout de suite… elle allait probablement disparaître, comme Éris.

Je m’étais retrouvé à prendre Sylphie par les épaules et à l’éloigner d’un bras. Elle essaya de résister, mais c’était un effort plutôt faible.

« Je t’aime aussi », avais-je dit.

Le visage de Sylphie était complètement désordonné à ce moment-là, mais ce n’était pas grave. Je lui avais caressé doucement la tête, puis j’avais approché mon visage du sien.

Ses lèvres étaient très douces. Elles étaient aussi légèrement gluantes à cause de la morve, mais ça n’avait pas d’importance pour le moment. Quand le baiser fut terminé, Sylphie avait enfin arrêté de pleurer. Elle leva les yeux vers moi, hébétée, le visage toujours rouge vif.

J’avais perdu la capacité de parler moi-même. Fort heureusement, les mots n’étaient pas vraiment nécessaires à ce stade.

Maintenant que nous avions confirmé nos sentiments l’un pour l’autre, la prochaine étape était évidente. Quand on était amoureux, on était censé faire l’amour, non ? Sans vouloir être vulgaire, mon petit pote avait passé deux ans sans aucune forme de défoulement et il était prêt à exploser.

Sylphie n’avait pas objecté quand j’avais fait mon mouvement. Elle m’avait laissé l’allonger doucement sur le dos sur la couverture de camping que j’avais apportée. Franchement, j’avais l’impression qu’elle était préparée à ce que cela arriverait depuis le début. Peut-être qu’elle avait organisé toute cette « mission » juste pour pouvoir me dire la vérité en toute intimité.

Mais ce n’était pas le moment de penser à tout ça. Pour l’instant, je devais juste m’assurer de ne pas tout faire foirer à nouveau.

« … Est-ce ta première fois, Sylphie ? »

« Huh ? Euh, oui. C’est la première fois. Est-ce que c’est un problème… ? »

« Bien sûr que non. »

Pourtant… ça voulait dire que je devais être prudent avec elle. Si je faisais une erreur, les choses pourraient se passer comme la dernière fois. Je ne voulais pas ressentir ça à nouveau. C’était déjà assez dur de se faire larguer par Éris… et Sarah. Je ne pouvais pas tout faire foirer. Je ne pouvais pas.

Lentement, prudemment, je m’étais penché pour toucher Sylphie…

« … Uhm, Rudy ? »

J’avais alors réalisé que ma tente s’était effondrée.

Une heure s’était écoulée avant que nous n’abandonnions finalement.

La pluie s’était arrêtée. Grâce au temps que nous avions passé serrer l’un contre l’autre, nos corps s’étaient considérablement réchauffés. Nos vêtements étaient aussi presque secs.

Mais pour l’instant, j’avais surtout envie de pleurer. J’étais douloureusement déprimé par mon incapacité à être performant à un moment aussi crucial. Mais au fait, combien de fois avais-je ressenti cette variété particulière d’agonie ? Ça ne semblait jamais devenir moins terrible. Et cette fois-ci, je n’avais pas affaire à une fille de bordel ou à une aventurière avec qui j’avais sympathisé dans une auberge. C’était quelqu’un que j’aimais vraiment. Quelqu’un avec qui j’avais une connexion spéciale.

J’étais terrifié à l’idée que Sylphie puisse se retourner pour me regarder avec la déception sur le visage, pousser un long soupir et sortir de ma vie. J’étais alors resté allongé, tremblant légèrement tout en lui tenant la main.

Sylphie n’était cependant allée nulle part. Elle semblait également choquée par la tournure des événements, même si elle n’était pas aussi dévastée que moi. Il y avait un petit demi-sourire maladroit sur son visage.

« Ce n’est pas ta faute, Rudy. Mes seins sont plutôt petits, hein ? Je sais que je ne suis pas vraiment sexy… »

« Ne sois pas ridicule, Sylphie. Tu es très belle. Le truc c’est que… je suis dans cet état depuis trois ans maintenant. »

« R-Rudy… »

Je lui avais raconté l’histoire. Toute la longue et humiliante histoire, en commençant par le jour où, il y a trois ans, j’avais couché avec quelqu’un pour la première fois. J’avais même admis que j’étais venu à l’Université de la Magie dans l’espoir de trouver un remède à mon état, et que je n’avais pas eu de chance jusqu’à présent.

« T’embarrasser était la dernière chose que je voulais faire, Sylphie. S’il te plaît, accepte mes excuses les plus sincères. »

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

Laisser un commentaire