Mushoku Tensei (LN) – Tome 9 – Chapitre 6 – Partie 3

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Chapitre 6 : Il pleut dans la forêt

Partie 3

Sylphie

Nous n’avions pas perdu de temps pour mettre en place notre opération.

C’était l’heure du déjeuner un jour d’école, et je me trouvais au premier étage du réfectoire. La salle était remplie d’étudiants « communs » : d’anciens aventuriers, des hommes bêtes, des démons, et toutes sortes d’autres personnes.

Les étudiants nobles avaient tendance à se moquer impitoyablement de ce groupe dès qu’ils en avaient l’occasion. Mais la plupart de leurs insultes n’étaient basées que sur des préjugés. La Princesse Ariel trouvait cette attitude absurde. Elle aimait rappeler qu’il y a seulement quatre cents ans, certaines des tribus dont ils se moquaient si librement avaient presque conduit l’humanité à l’anéantissement,

non pas que tout cela soit très pertinent en ce moment.

J’avais repéré Rudy assis à la dernière table, discutant avec un petit groupe d’amis. Il était avec Zanoba, le roi Badigadi et Julie, qui était assise au bout de la table, une tasse à la main, tout en jetant des regards aux trois autres.

« Expliquez-nous, Sire Badi. Quelles sont les qualités les plus importantes d’une figurine, selon vous ? »

« Elles doivent être plus mignonnes que les vraies ! Et plus important encore, elles doivent être assez sexy pour exciter tous ceux qui les voient ! »

« Ah oui, l’élément érotique ! Vos goûts sont vraiment raffinés, votre Majesté. Tenez, prenez un autre verre… »

Badigadi engloutissait de grandes quantités de bière. Sa peau sombre semblait légèrement rougie. Rudy et Zanoba le regardaient avec de grands sourires, remplissant régulièrement leurs chopes. C’était étrange. Ce réfectoire ne servait même pas d’alcool. Étaient-ils allés en acheter à l’avance ?

« À propos, Monsieur Badi, que diriez-vous si je faisais une figurine de l’Impératrice Kishirika ? Une très sexy, bien sûr. »

« Tu souhaites dépeindre ma fiancée ? Mais tu ne sais même pas à quoi elle ressemble une fois adulte, mon garçon. »

« C’est justement pour cela que je veux la faire. Une fois qu’elle sera redevenue normale, vous ne pourrez plus voir la charmante version miniature d’elle ! C’est pourquoi nous devons préserver son apparence actuelle pour la postérité. »

« Je vois ! Tu as peut-être raison. Mais cette femme est parfois un peu négligente, et il lui est arrivé de se faire tuer assez brusquement. Je pense qu’elle reviendra sous sa plus petite forme tôt ou tard. »

« Mais le décor de votre château serait sûrement amélioré par une exposition de l’Impératrice Kishirika à différents âges ! »

« Tu es un humain, mon garçon. Tu ne vivras pas assez longtemps pour la voir à tous ses âges. »

« C’est bien là le problème. Si nous voulons que ce rêve devienne réalité, je dois transmettre mes techniques de fabrication de figurines aux générations futures. Et c’est pourquoi j’aurais vraiment besoin de votre soutien, votre Majesté ! Ehehehehe. »

« Bwahahaha ! Malgré toute ta puissance, tu joues curieusement bien le rôle d’un vendeur cupide ! J’approuve ta cupidité, mon garçon. Qu’est-ce que tu désires, alors ? De l’argent ? Des hommes ? »

« Oh, rien de tout ça. J’espérais simplement que vous pourriez glisser un mot en ma faveur de temps en temps… »

Rudy avait encore son sourire diabolique. Il avait vraiment l’air d’un vrai méchant. Il ne souriait pas souvent, mais quand il le faisait, c’était toujours comme ça. C’était une chose qui n’avait pas changé depuis que je l’avais rencontré.

Il y avait aussi quelqu’un qui souriait comme ça à la cour royale, un homme que je connaissais sous le nom de Ministre Darius. C’était notre ennemi mortel, et celui qui avait fini par nous chasser du pays. Mais son sourire ressemblait à celui de Rudy, je n’avais donc jamais bronché quand il l’avait tourné vers nous. Peut-être que c’était juste quelque chose qui appartenait en fait à toute personne intelligente.

Rudy et Zanoba semblaient vraiment dévoués à leur passion qui consistait à utiliser la magie de Terre pour faire des petites sculptures de personnes. Il m’était difficile de commenter la qualité de leur travail, mais au moins, les figurines étaient vraiment détaillées et précises. Lorsque Rudy m’avait montré une sculpture de Wyrm Rouge sur laquelle ils travaillaient, j’avais été sérieusement impressionnée.

Ils formaient également Julie, qui s’était révélée être une jeune naine talentueuse, afin qu’elle les aide. Et maintenant, ils essayaient d’attirer un Roi Démon dans leur entreprise. Il était évident qu’ils étaient vraiment sérieux à propos de ce projet. Je voulais les rejoindre et les aider, puisque j’étais moi-même un assez bon mage, mais ce n’était pas une option. Je devais garder mon mana pour protéger la Princesse Ariel.

« Bonjour, Rudeus. »

« Oh ! Bonjour, Maître Fitz. »

Au moment où je l’avais appelé, Rudy leva les yeux vers moi avec une expression de satisfaction. J’avais agi un peu bizarrement avec lui récemment, mais il ne semblait pas se méfier de moi. Honnêtement, il pouvait être assez inconscient parfois.

Pourtant… c’était la preuve qu’il me faisait entièrement confiance. Ça me rendait heureuse.

« Que puis-je faire pour toi ? »

« Uhm… »

J’avais hésité pendant un moment. C’était un peu difficile d’aborder le sujet avec Zanoba et le Roi Démon qui me regardaient.

« Euh, ça te dérangerait de sortir avec moi une minute ? »

« Pas du tout. Zanoba, tu peux t’occuper du reste ? »

« Bien sûr, Maître. Laisse-moi m’occuper de tous les détails. »

Rudy et Zanoba étaient très proches ces derniers temps. Je ne pouvais m’empêcher d’être un peu jalouse.

J’avais conduit Rudy hors du réfectoire et j’avais trouvé un endroit calme et isolé pour parler. Il était temps d’aller droit au but.

« Vas-y, je t’en prie », dit Rudy.

Il était si beau quand il avait cette expression sérieuse sur le visage. Ce n’était même pas juste.

« Euh… en fait, j’ai une assez grosse faveur à te demander. »

« Vraiment ? Eh bien, rassure-toi ! Je ferai évidemment tout ce que je peux ! », dit Rudy en se frappant légèrement du poing sur sa poitrine.

« Attends une seconde. Je ne t’ai même pas encore dit ce que je voulais de toi… »

« Je ne vais pas te refuser, Maître Fitz. Eh bien, sauf si c’est quelque chose que je ne dois absolument pas faire. »

Wôw. C’était en fait vraiment gentil. Le décevoir de cette façon me rendait mal à l’aise. Le fait que je ne puisse même pas me résoudre à lui dire qui j’étais était déjà assez mauvais…

« Très bien… tu te souviens que je t’ai dit que la Princesse Ariel passait quelques jours dans la maison d’un noble qu’elle connaît ? Eh bien, ils avaient ce garde du corps là-bas, et apparemment il est vraiment fort. »

« Ah. Tu veux de l’aide pour combattre ce garde du corps, non ? »

« Quoi ? Non, non ! »

« Oh, je vois. C’est bien, alors. Je n’aime pas trop me battre. »

Pas très doué pour la bagarre… ? Est-ce censé être une blague ? Je devrais rire maintenant ? Passons à autre chose…

« La princesse Ariel a commencé à s’agacer de la façon dont cette noble se vantait de son garde du corps. Elle a insisté sur le fait que “son Fitz” était encore plus fort. »

« Ahah. J’ai compris. »

« Alors le noble lui dit, “Mon garde du corps a bravé la Forêt de la Grêle avec une équipe de seulement quatre personnes, et a ramené la fleur qui pousse dans ses profondeurs”, sur un ton vraiment insolent… »

Rudy posa une main sur son menton et hocha pensivement la tête.

« Une fleur qui pousse dans les profondeurs de la Forêt de Grêle… elle doit vouloir dire la Frange de Givre, non ? Ses pétales peuvent être utilisés pour faire un tonique puissant, mais elle est connue pour ne pousser que là, et seulement en hiver. »

Wôw. Comme attendu de Rudy. Il connaissait ça sur le bout des doigts ?

Heureusement qu’on avait pris le temps de faire des recherches et de choisir une plante qui existait vraiment.

« La Forêt de la Grêle est dangereuse en hiver, mais si vous y allez avec un groupe de quatre aventuriers de rang A, ce n’est pas un exploit si impressionnant. Tant que tout le monde se déplace prudemment, vous pouvez obtenir la fleur et sortir sans prendre trop de risques. », poursuivit Rudy

Il continua à énumérer les noms des différents monstres qui résidaient dans la Forêt de la Grêle : Frelons des neiges, couguars blancs, tréteaux tachetés, et ainsi de suite. J’avais été un peu étonnée par la facilité avec laquelle il avait sorti ces informations de nulle part. Comment avait-il pu mémoriser tout cela ?

« Uhm, c’est vrai. Quoi qu’il en soit… la Princesse Ariel ne pouvait pas se résoudre à reculer, alors elle lui a dit “Fitz pourrait faire ça avec un groupe encore plus petit !”. Bon ce n’est pas comme si elle me l’avait demandé. »

« Maintenant, je vois. C’est donc ça le problème, hein ? »

Rudy hocha la tête avec un air de satisfaction.

« Je vais contacter un de mes amis aventuriers et lui demander de te vendre les fleurs à un bon prix. Ce noble ne saura jamais que tu n’y es pas allé toi-même. »

« Quoi ? ! Ce serait de la triche, Rudeus ! Je suis censé faire le travail moi-même ! »

« Le pouvoir se présente sous de nombreuses formes. Avoir des relations en est une. J’ai des tonnes d’amis aventuriers, et je suis ton ami. Tu ne fais que mettre à profit les relations que tu as construites. C’est une façon tout à fait valable de faire avancer les choses. »

Oh wôw, écoute-le jouer avec les mots. De quoi est-ce qu’il parle ?!

« Désolé, je ne peux pas faire ça. Si ça se savait, je finirais par humilier la princesse Ariel. »

« Hm, Je comprends. Allons donc chercher les fleurs nous-mêmes. »

Rudy changea d’avis assez facilement. L’idée d’affronter cette forêt dangereuse à deux ne semblait pas l’intimider le moins du monde.

… Enfin, c’était ce que je pensais, jusqu’à ce que la phrase suivante sorte de sa bouche.

« Donne-moi trois jours, et je vais rassembler quelques gars que je connais. Cela devrait être assez simple avec un groupe d’une dizaine de personnes pour nous aider. Ne t’inquiètes pas, Stepped Leader est en ville en ce moment. Je suis sûr que je peux convaincre certains d’entre eux de venir. »

Maintenant, j’étais complètement perdue.

« Quoi ? Rudeus, non ! Ariel a dit que j’irais avec un plus petit groupe ! Pourquoi est-ce qu’on emmènerait dix autres personnes ? »

« Oh, ne t’inquiète pas pour ça. Par chance, ils entreront dans la forêt quelques heures avant nous. Peut-être que certains d’entre eux y collecteront des matériaux, et d’autres chasseront des monstres pour un travail. Il se peut qu’ils éliminent toutes les menaces sur notre chemin, mais aucun d’entre eux ne touchera aux fleurs. Nous les prendrons tous seuls. »

Euh… wôw. En voilà un plan sournois. C’est comme ça que les aventuriers font les choses ?

Non, non. Rudy était un aventurier depuis des années, et il avait appris à quel point les forêts étaient dangereuses. Il s’inquiétait juste que je sois blessée, puisque j’étais une amatrice dans ce genre de choses. Oui, ça devait être ça. Probablement.

« Écoute, avons-nous vraiment besoin de toutes ces autres personnes ? Je parie que toi et moi, on peut très bien s’en sortir tout seuls, Rudeus. »

« … Oh, attends. Me demandes-tu juste d’être ton garde du corps, Maître Fitz ? »

N’était-ce pas ce que j’avais dit au début ? Peut-être pas, en fait…

« O-Oui, c’est ça ! Tu peux m’aider, Rudeus ? »

Rudy posa une main sur son menton et réfléchit juste un instant avant de hocher la tête.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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