Mushoku Tensei (LN) – Tome 9 – Chapitre 6 – Partie 2

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Chapitre 6 : Il pleut dans la forêt

Partie 2

Deuxièmement, il avait depuis rencontré Ruijerd, Kishirika, Orsted et Badigadi. Ses rencontres avec ces individus surpuissants lui avaient donné l’impression que le monde était rempli de personnes bien plus fortes que lui. Dans son esprit, il semblait raisonnable de penser qu’il existait de nombreux lanceurs d’incantations silencieuses.

Et enfin, il y avait Ariel elle-même. Les incantations silencieuses de Sylphie auraient pu sembler plus inhabituelles si elle n’avait été qu’une élève ordinaire, mais elle était la gardienne d’une puissante Princesse. Pour Rudeus, il était logique que tout mage ayant servi de garde du corps royal soit hautement compétent.

« Des souvenirs, hein ? Euh… Je vous ai raconté que j’étais victime d’intimidation, n’est-ce pas ? »

« Oui. Tu m’as dit qu’on te harcelait à cause de la couleur de tes cheveux. »

D’ailleurs, Sylphie n’avait jamais révélé à Luke ou à la princesse que ses cheveux étaient verts à l’origine. Elle avait peur qu’ils ne la traitent avec suspicion. Ce n’est pas qu’elle ne leur faisait pas confiance. L’idée de l’admettre était simplement effrayante. Elle avait donc décidé de prétendre que ses cheveux avaient toujours été blancs. Une fois que le mensonge était sorti, il était difficile de revenir en arrière. Et comme ses cheveux ne montraient aucun signe de retour à leur couleur d’origine, elle n’avait pas vraiment besoin de le faire.

C’était probablement le moment idéal pour révéler la vérité qu’elle leur avait cachée jusqu’à présent… mais les brimades qu’elle avait subies dans son enfance avaient laissé des traces dans son esprit, et elle ne pouvait pas s’y résoudre.

« La première fois que j’ai rencontré Rudy, c’est quand il m’a sauvée de ces brutes. C’est le souvenir le plus fort que j’ai de lui. »

« … Hmm, je vois. »

Ariel y avait réfléchi. Pourraient-ils s’arranger pour que Sylphie soit attaquée par un groupe de voyous, donnant à Rudeus la chance d’intervenir et de la sauver ?

Il y avait malheureusement un problème avec ce plan. Sylphie était une puissante mage. Vous ne le sauriez pas en la regardant maintenant, mais en combat réel, elle était décisive, rapide et mortelle. Une bande de voyous moyens ne tiendrait pas cinq secondes contre elle. Selon toute vraisemblance, Rudeus avait une certaine estime pour la force de son ami Fitz. Y avait-il des attaquants potentiels assez doués pour la mettre en danger ?

… La réponse était en fait oui.

La plupart des membres du clan d’aventuriers Thunderbolt, connu pour son habileté au combat, se trouvaient actuellement dans cette ville. Pour un bon prix, on pourrait probablement les convaincre de faire semblant d’agresser Sylphie. Cependant, la rumeur voulait qu’ils soient en bons termes avec Rudeus. Quelqu’un avait prétendu avoir vu « Quagmire Rudeus » boire du thé avec Soldat du groupe Stepped Leader dans un café récemment. Elinalise Dragonroad et Cliff Grimoire y étaient également. Sur la base de ces faits, engager Thunderbolt n’était pas une option convenable.

Choisir un autre groupe d’aventuriers au hasard pour jouer ce rôle ne semblait pas non plus être une bonne idée pour Ariel. Rudeus avait probablement plus de connaissances dans cette communauté qu’Ariel ne le pensait. Même si elle essayait de trouver un groupe qui ne le connaissait pas, il y avait de fortes chances pour qu’ils se soient déjà rencontrés quelque part.

Cela pourrait rendre les choses compliquées et désordonnées. Quelqu’un pourrait même finir par être blessé, et Ariel ne voulait certainement pas prendre ce risque.

« As-tu d’autres souvenirs de lui ? »

« Uhhh… Oh, oui. Une autre chose me vient à l’esprit… »

Le visage de Sylphie devint rouge, et elle s’arrêta un instant avant de poursuivre.

« Au début, Rudy pensait que j’étais un garçon. Un jour, il s’est mis à pleuvoir alors que nous étions dehors à pratiquer la magie, je suis donc venue chez lui pour prendre un bain. Mais alors il, euh, a commencé à arracher mes vêtements… »

À mi-chemin de son histoire, Sylphie jeta un coup d’œil à Luke. Ce dernier couvrit rapidement ses oreilles avec ses mains. On pouvait dire ce qu’on voulait de cet homme, mais il avait compris l’allusion.

« Euh, et puis… il-il a baissé ma culotte… et a vu mes, euh, parties intimes. C’est comme ça qu’il a réalisé que j’étais une fille… »

Sylphie poursuivit en expliquant comment Rudeus avait été un peu déprimé pendant un moment après ça.

Ariel avait en fait déjà entendu l’histoire de ce qui s’était passé après cet incident. Il lui semblait possible que ces événements aient quelque chose à voir avec la décision de Rudeus de garder le silence sur le sexe de Fitz. Même s’il ne se souvenait pas clairement de Sylphie, il avait alors appris une leçon qui lui collait toujours à la peau : on n’exposait pas les gens de force sans leur consentement.

« C’est… une belle histoire », dit Ariel en souriant.

Mais en son for intérieur, elle pensait que c’était la clé. Il leur suffirait de créer une situation identique et de faire en sorte que Rudeus déshabille Sylphie de ses propres mains. Avec l’excitation qui régnait de part et d’autre, elle pouvait espérer surmonter son anxiété et lâcher la vérité.

« Très bien. Faisons comme ça. »

Ariel avait pris sa décision, et il n’y aurait pas de débat.

« Luke, enlève tes mains de tes oreilles. Nous allons discuter de notre plan maintenant. »

À ce moment, cependant, la princesse se souvint de leur second plus gros problème : le penchant de Sylphie pour l’autosabotage. S’ils ne prenaient pas certaines précautions, sa lâcheté mettrait leur plan à l’échec.

« Mais avant d’entrer dans les détails, il y a un point sur lequel je veux m’assurer que nous sommes d’accord. »

« O-Ok… »

« Sylphie, tu nous as dit que tu voulais être avec Rudeus. Mais j’aimerais savoir ce que ça signifie pour toi, spécifiquement. »

Sylphie réfléchit à la question. Qu’est-ce qu’elle attendait spécifiquement de Rudy ? Que voulait-elle faire avec lui ? Elle voulait être au moins à ses côtés. Elle était amoureuse de lui depuis un certain temps, et ses sentiments n’avaient fait que croître depuis leurs retrouvailles.

Mais il lui arrivait aussi de se livrer à des fantasmes très spécifiques. Par exemple, elle rêvait souvent de ce que serait leur vie après leur mariage.

Dans ces fantasmes, la maison dans laquelle ils vivaient était celle que la famille de Rudy possédait au Village Buena, ou du moins une maison de la même taille. Tous les deux partageant naturellement le même lit. Quand elle se réveillait chaque matin, Rudy était couché à ses côtés. Il la saluait d’un « bonjour » et d’un baiser, puis s’habillait et partait faire son entraînement matinal.

En descendant les escaliers, Sylphie préparait le petit déjeuner. C’était l’une de ses tâches dans la maison. Ce n’était pas quelque chose de très compliqué, mais Rudy avait toujours un bon appétit, alors elle préparait beaucoup de nourriture. Le temps que tout soit prêt, Rudy était de retour. Il mangeait la nourriture et disait quelque chose comme « délicieux comme toujours » une fois qu’il eut terminé. Mais il ne parlait pas pendant qu’il mangeait. Sylphie le regardait simplement s’empiffrer, lui servant une deuxième portion quand il en voulait une.

Une fois le petit-déjeuner terminé, Rudy partait au travail. Sylphie lui tendait une boîte à lunch et lui faisait un signe d’au revoir, puis elle partait rejoindre la Princesse Ariel. Ils avaient tous les deux un travail, tout comme les parents de Rudy. Elle n’avait pas trouvé de travail spécifique pour Rudy, mais c’était juste un fantasme, donc ce n’était pas trop important.

Lorsque Sylphie avait fini sa journée de travail et rentrait chez elle, elle tombait sur Rudy à l’entrée. Il souriait un peu en la voyant, balayait la neige de ses épaules et la serra dans ses bras. Puis ils entraient ensemble et allumaient le poêle chauffant. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, le bain était prêt. Une fois qu’ils s’étaient nettoyés et réchauffés, il était temps de dîner. Pendant que Sylphie travaillait à cela, Rudy faisait des figurines près du poêle.

Le dîner était un peu différent du petit déjeuner. Rudy était pour commencer beaucoup plus bavard. Il lui racontait sa journée et les choses qu’il avait vues au travail. Toutes ses histoires étaient incroyables… trop incroyables pour qu’elle puisse y penser à l’avance. Elle rigolait à ses blagues et se sentait impressionnée par ses réalisations.

Une fois le repas terminé, ils passèrent un moment tranquille ensemble sur le canapé près du poêle. Sylphie se blottissait contre Rudy, qui passait son bras autour de ses épaules. Parfois ils parlaient, parfois ils ne disaient pas un mot. Très vite, ils se mirent à se regarder dans les yeux, et leurs visages se rapprochèrent. Leurs ombres se chevauchaient lorsque Rudy prenait Sylphie dans ses bras, éteignait la cuisinière et l’emmenait dans la chambre.

Rudy était un peu pervers parfois. Il pouvait dire quelque chose du genre « Combien d’enfants veux-tu ? ». Mais je lui réponds alors : « Autant que tu veux m’en donner, Rudy ! » Il rirait probablement et dirait « C’est peut-être trop », puis il commencerait à me déshabiller… et je rirais aussi, et je dirais « Tu ferais mieux de t’y mettre, alors ! ». Hee hee hee !

« Hee hee hee ! »

« Ahem. »

« Gah ! »

Ramenée à la réalité par un raclement de gorge délicat d’Ariel, Sylphie mit fin à son monologue interne, rougit et regarda le sol en tripotant ses oreilles.

« Très bien. Prends ton fantasme et imagine une autre femme à ta place. », dit doucement Ariel.

Sylphie essaya d’imaginer Nanahoshi prenant la place d’épouse de Rudeus. Elle s’imaginait vivre dans la maison voisine, les observant par les fenêtres alors qu’ils vaquaient à leurs occupations. Mais quand Rudy et Nanahoshi la remarquèrent, ils eurent un petit sourire en coin et fermèrent les rideaux…

« Tu n’aimes pas cette idée, n’est-ce pas ? »

« N-Non ! Pas du tout ! »

« Alors c’est parfait. »

Avec un hochement de tête ferme, Ariel regarda Sylphie droit dans les yeux.

« Le succès ou l’échec de cette opération dépend entièrement de tes efforts, Sylphie. »

« En-Entendu ! »

Au cas où ça ne suffirait pas, Ariel choisit d’enfoncer le clou.

« Je ne te permettrai pas de te dégonfler à nouveau. Pas cette fois. Si tu reviens et que tu me dis que tu n’as pas trouvé le courage de parler au moment décisif, alors je ne t’aiderai plus jamais. En fait, je ferai pire que ça. De par mon autorité en tant qu’Ariel Anemoi Asura, deuxième Princesse du royaume d’Asura, je t’interdirai de contacter à nouveau Rudeus Greyrat. »

Sylphie déglutit bruyamment. Elle comprenait, bien sûr, qu’Ariel essayait seulement de la pousser en avant. Il s’agissait moins d’une menace littérale que de l’ordre d’aborder cette affaire très, très sérieusement.

Voyant la tension sur le visage de Sylphie, Ariel prononça lentement ses derniers mots sur le sujet.

« Donne tout ce que tu as. »

« Euh… oui, madame ! »

« Très bien. »

Ariel hocha profondément la tête une fois de plus, et commença à exposer son plan.

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