Mushoku Tensei (LN) – Tome 9 – Chapitre 4

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Chapitre 4 : Une journée à l’Université de Magie

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Chapitre 4 : Une journée à l’Université de Magie

Partie 1

Cela faisait un an que je m’étais inscrit à l’Université de Magie de Ranoa, et je venais d’avoir seize ans. Dans ce monde, les gens ne fêtaient vraiment que leur cinquième, dixième et quinzième anniversaire, alors j’avais un peu oublié quel jour c’était à ce moment-là. J’aurais pu le savoir en vérifiant l’âge sur ma carte d’aventurier chaque matin, mais ce n’était pas quelque chose que je sortais trop souvent ces jours-ci.

Et de toute façon, je ne m’en souciais pas tant que ça. L’âge n’est qu’un chiffre, non ?

Après avoir rencontré Nanahoshi, ma routine normale avait quelque peu changé.

Je commençais mes journées en me réveillant tôt, en m’habillant et en allant m’entraîner. C’était comme d’habitude, mais parfois Badigadi apparaissait lorsque je commençais mes exercices à l’épée. Il ne se joignait pas à moi et ne me donnait pas de conseils. La plupart du temps, il se contentait de m’observer en silence, les bras croisés ou posés sur ses hanches, hochant la tête pensivement de temps en temps. Je n’avais aucune idée des conclusions qu’il tirait, et il ne me les avait jamais communiquées. Je n’avais pas non plus essayé d’entamer une conversation. S’il ouvrait la bouche, il se mettrait probablement à rire assez fort pour réveiller tout le voisinage.

Honnêtement, je n’étais pas sûr de savoir comment interagir avec Badigadi. Il avait l’air d’un type sympa, mais je ne savais jamais ce qu’il pensait. Et comme c’était un vrai Roi Démon, je voulais éviter de le contrarier accidentellement.

Néanmoins, un matin, il s’était mis à me parler.

« Hm. Je trouve ton entraînement fascinant, mon garçon, mais je dois te demander… est-ce que ça sert à quelque chose ? »

Ouch. C’est une façon dure de commencer une conversation.

« Euh, eh bien… je ne pense pas que rester en forme soit inutile, mais… »

« Tu as une quantité absurde de mana. Je ne comprends pas pourquoi tu t’entraînes sans te couvrir d’une aura de combat. », m’interrompit Badigadi.

Encore l’aura de combat. J’avais déjà entendu ces mots à plusieurs reprises, mais tout le monde restait toujours très vague sur la façon dont on était censé s’en « envelopper ». Cela semblait être une occasion en or. Ça ne pouvait pas faire de mal de demander, non ?

« De toute façon, c’est quoi exactement l’aura de combat ? »

« C’est du mana ! Rien de plus et rien de moins. »

De la manière dont Badigadi expliquait les choses, il s’agissait essentiellement d’une technique qui utilisait le mana en vous pour améliorer considérablement les capacités physiques de votre corps, vous renforçant jusqu’à des extrêmes contre nature. Cette partie était plus ou moins ce que je m’attendais à entendre.

« Mais comment on fait ça en fait ? »

« Il suffit de répandre un champ de mana sur chaque partie de votre corps, puis de le presser fermement contre vous ! »

« Ooh. »

Ça avait l’air d’être un conseil utile. L’Université avait clairement besoin de remplacer ses professeurs par une bande de Rois Démons. Une fois que j’aurais maîtrisé ça, peut-être que je pourrais gagner quelques niveaux de puissance.

Je m’y étais mis immédiatement, en faisant mes meilleures imitations de divers Super Saiyans et utilisateurs de Nen. Mais peu importe à quel point je manipulais mon mana, il n’y avait aucun changement réel dans mes capacités physiques. J’avais parfois l’impression de devenir plus fort, mais c’était probablement l’effet placebo qui jouait.

« Eh bien, c’est étrange. Tu n’as aucun talent pour ça, mon garçon ! »

Badigadi avait poursuivi en expliquant sans détour la raison de mon échec. Normalement, l’aura de combat était quelque chose que les gens généraient automatiquement après un certain temps d’entraînement physique. Moi, j’avais fait de gros efforts dans ce domaine, mais je n’arrivais toujours pas à m’envelopper de cette aura, même en essayant. Cela signifiait que je n’avais pas le don pour ça.

Cela arrivait de temps en temps. Certaines personnes ne pouvaient jamais générer d’aura de combat, quelle que soit l’intensité de leur entraînement.

« Bwahahaha ! Ce n’est évidemment pas comme si tu en avais besoin ! Laplace ne se couvrait jamais d’aura de combat, mais il était vraiment puissant ! »

Quand il parlait de mes capacités, Badigadi utilisait souvent le Dieu Démon Laplace comme point de comparaison. J’avais supposé que c’était parce qu’il possédait aussi une énorme quantité de mana.

« Vous avez vraiment rencontré Laplace, Seigneur Badi ? »

« En effet, je l’ai rencontré ! Il a anéanti la majeure partie de mon corps en un seul coup. Il m’a fallu du temps pour me refaire après ça ! Pendant un moment, j’ai cru qu’il m’avait tué ! Bwahahahaha ! »

Y a-t-il une raison pour laquelle vous semblez si fier de cela… ?

Eh bien, il avait combattu un adversaire puissant et avait survécu pour en parler. Peut-être que c’était quelque chose qui valait la peine d’être vanté, peu importe les détails. Selon Badigadi, Laplace était un personnage extrêmement louche, mais il était aussi un maître dans l’utilisation de son mana.

« Je pourrais devenir plus fort si j’apprenais à me battre comme Laplace ? »

« Je te déconseille d’essayer. Si tu essayais d’utiliser ton mana comme il le faisait, tu te ferais exploser le corps en un instant. C’est déjà bizarre pour un humain d’avoir autant de mana en lui ! »

Canaliser trop de mana à la fois pouvait apparemment détruire un magicien de l’intérieur. À un niveau intuitif, cela avait du sens pour moi. S’injecter de la magie, c’était un peu comme étirer son bras au maximum. Si vous continuez à pousser les choses au-delà de cette limite, vous finirez probablement avec l’équivalent d’un os cassé ou deux.

Laplace, quant à lui, possédait non seulement une énorme réserve de mana, mais aussi le corps robuste et les compétences techniques nécessaires pour l’utiliser pleinement. En comparaison, j’étais une petite chose fragile et maladroite. Peu importe l’intensité de mon entraînement, je n’allais jamais atteindre son niveau.

« Mais pourquoi veux-tu devenir plus fort, mon garçon ? »

« Pourquoi ? Eh bien, euh… je veux dire… »

Quelqu’un avait failli me tuer il n’y a pas si longtemps. Je voulais devenir assez fort pour éviter que cela ne se reproduise. Cela me semblait raisonnable…

« J’ai connu beaucoup d’hommes qui ont recherché la gloire et la force à un degré excessif, et ça ne s’est jamais bien terminé pour eux. Prends mon neveu, par exemple. Il était vraiment trop orgueilleux ! Il s’est un peu calmé après avoir frôlé la mort, mais jusque-là, il était obsédé par l’idée de devenir l’homme le plus fort du monde. Il y a des choses plus importantes dans la vie que ça. »

« Comme quoi ? »

« Comme les femmes ! Quand tu en auras une, tu comprendras ! Bwahahahaha ! », dit Badigadi avec un sourire d’autosatisfaction.

Pour être justes, les gens qui voulaient le pouvoir pour lui-même étaient généralement des méchants. Du moins dans les mangas que je lisais dans ma vie précédente. Mais je n’avais pas l’intention de consacrer ma vie à la poursuite du pouvoir, ou de quoi que ce soit. Être fort vous permettait de vous pavaner avec assurance, mais cela ne faisait pas de vous une personne meilleure ou plus heureuse en soi. Je pouvais comprendre que vous donniez la priorité à quelque chose d’amusant comme la drague. Mais à cause de ma condition, ce n’était pas vraiment une option pour le moment.

« Cela me rappelle, votre Majesté… »

« Oui ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Vous ne connaîtriez pas un remède contre l’impuissance, par hasard ? »

« … Non. »

Je suppose que même les Rois Démons ne savent pas tout.

Après avoir terminé l’entraînement, j’avais pris un rapide petit-déjeuner et j’étais allé en cours.

Mes matinées commençaient avec la magie de désintoxication intermédiaire. Même au niveau débutant, la désintoxication permettait de guérir un large éventail de maladies courantes et de purger le corps de la plupart des poisons. Mais lorsqu’il s’agissait de maladies plus rares, ou du venin utilisé par les monstres de haut rang, il fallait connaître des sorts plus avancés ayant des incantations spécifiques qui nécessitaient d’utiliser beaucoup de mana. Les classes de désintoxication intermédiaires et supérieures consistaient principalement à apprendre ces sorts ultra-ciblés.

Leurs incantations étaient douloureusement longues. Même au niveau intermédiaire, il fallait chanter une phrase plusieurs fois plus longue que celle utilisée pour un sort offensif. Les incantations modernes étaient censées être des versions abrégées de phrases plus anciennes et moins raffinées… mais lorsqu’on entrait dans les niveaux les plus avancés de certaines disciplines, on avait l’impression qu’elles n’avaient jamais été raccourcies.

Il y en avait aussi beaucoup à apprendre. Pour la désintoxication intermédiaire, vous deviez mémoriser plus de cinquante incantations différentes. Et à ma grande surprise, certaines d’entre elles créaient en fait des poisons. Peut-être avaient-elles une utilité médicale dans certains cas.

Au niveau avancé, il fallait apprendre plus d’une centaine de sorts. Une fois ce niveau atteint, il fallait de sérieuses capacités de mémorisation pour tenir le coup.

Au niveau Saint, la mémorisation était censée être moins nécessaire, mais la quantité de mana requise pour lancer un seul sort augmentait de façon spectaculaire. Et pour ce qui était des sorts de niveau Roi et plus… il s’agissait de choses étudiées et conçues par une nation, et pour la plupart gardées comme des secrets d’État. Certains créaient des poisons incurables par la magie ordinaire, afin de menacer les autres pays. D’autres créaient des antidotes spécifiques à ces mêmes poisons. C’était en fait une sorte de course aux armements.

Par ailleurs, le seul sort de désintoxication de niveau divin dont j’avais entendu parler était un sort qui guérissait une maladie étrange et terrible appelée syndrome de pétrification. Si elle n’était pas traitée, elle transformait lentement le mana contenu dans votre corps en pierre magique. Une seule personne avait été capable d’utiliser le sort en question. Il était soigneusement gardé dans la Grande Cathédrale de Millishion.

Juste une chose… à mesure que l’on passait de la désintoxication intermédiaire à la désintoxication avancée, les incantations devenaient de plus en plus longues. D’après ce que j’avais vu, un sort de niveau Roi pouvait nécessiter la récitation à haute voix du contenu d’un livre entier.

Mon nouveau cerveau n’avait pas une mémoire aussi basse que ça, mais j’avais toujours l’impression d’avoir du pain sur la planche. Honnêtement, les moines et les prêtres ne semblaient jamais avoir de répit et ce quel que soit le monde dans lequel ils se trouvaient. Ils avaient toujours des chants fastidieux à mémoriser. Personnellement, j’avais tout simplement l’intention de me promener avec un livre contenant les incantations.

La raison principale pour laquelle j’avais suivi ce cours était de voir si je pouvais trouver un sort qui pourrait guérir ma maladie. Mais d’après ce que le professeur m’avait dit, il n’y avait rien dans le niveau intermédiaire qui pouvait me le rendre plus vivant.

Ce n’était pas vraiment surprenant.

***

Partie 2

Après la fin de mon premier cours, il était temps de déjeuner.

Je mangeais dehors depuis des mois, mais il commençait à faire froid ces jours-ci, j’avais donc décidé de me faire un petit abri. J’utilisais donc la magie de terre pour entourer une des tables extérieures de quatre murs et d’un toit, puis j’avais ouvert un trou au milieu de la table et j’avais allumé un feu à l’intérieur. Une fois que j’ai ajouté un trou dans le plafond pour laisser sortir la fumée, j’avais obtenu une petite cabane confortable. C’était en fait très agréable de s’asseoir autour de cette table, car le feu réchauffait bien la pierre.

Malheureusement, le vice-principal Jenius arriva vite et me passa un savon. Plutôt que de me fabriquer un bâtiment à l’extérieur, on m’avait encouragé à utiliser celui qu’ils avaient déjà. J’avais donc décidé de commencer à manger au premier étage du réfectoire. Je m’attendais à ce que Zanoba proteste, mais il l’avait accepté assez facilement.

« De toute façon, Julie ne pourrait pas s’asseoir avec nous au deuxième étage. »

Apparemment, il y avait une règle informelle là-haut selon laquelle les esclaves n’étaient pas autorisés à utiliser les chaises. Cela ne s’appliquait bien sûr pas ailleurs.

Zanoba ne traitait pas Julie comme une esclave, même si techniquement elle en était une. Il la considérait ni plus ni moins que comme une apprentie dans l’art de la figurine. Cela dit, elle était toujours sa subordonnée, et on le voyait parfois lui donner des ordres. Le traitement des esclaves variait grandement dans ce monde, en fonction de l’endroit où vous étiez et de celui qui vous achetait. Je ne savais pas si la façon dont Zanoba la traitait était bonne ou mauvaise. Au moins, il n’avait pas agi comme si elle n’était qu’un jouet.

« Merde, c’est Rudeus… »

« Qu’est-ce qu’il a, ce type ? Comment a-t-il fait pour prendre le contrôle la classe spéciale en une seule année ? »

« J’étais là quand il a éliminé le Roi Démon, bon sang… il n’a utilisé qu’un seul sort… »

Quand j’étais entré dans le réfectoire, la foule s’était séparée devant moi, et j’avais entendu des murmures de tous les côtés. Je ne me souvenais pas d’avoir « pris le contrôle » de la classe spéciale, et mon seul coup sur Badigadi avait été remboursé par trois coups de poing… mais peu importe. Ce n’était pas un mauvais sentiment, même si je devais m’assurer que cela ne me montait pas à la tête. Orsted m’avait donné une leçon très douloureuse sur les dangers de l’excès de confiance. Si mon ego devenait trop grand, je finirais par replonger.

J’avais suivi le chemin ouvert par la foule, et je m’étais retrouvé conduit directement à une table tout au fond du réfectoire.

« Bwahahahaha ! Je vois qu’il fait finalement trop froid pour que tu manges dehors, mon garçon ! »

Badigadi était assis là. Pour une raison inconnue, il buvait d’énormes chopes d’alcool, qui n’étaient certainement pas servies ici. À en juger par le teint rougeâtre de sa peau noire de jais, il était probablement légèrement ivre à ce stade.

Les autres étudiants, qui se tenaient à bonne distance, me regardaient avec espoir. Leurs yeux me suppliaient de m’asseoir avec Badigadi. Apparemment, on m’avait assigné une table normale par consensus.

D’ailleurs, Cliff et Elinalise mangeaient au deuxième étage. Je les avais vus manger ensemble une fois, et cela avait suffi à me faire perdre l’appétit. Ils avaient passé tout leur temps à se nourrir et à s’embrasser passionnément, ignorant totalement tous les regards. En regardant cela, je me sentais vide à l’intérieur, alors j’avais décidé de garder mes distances avec eux à l’heure du déjeuner.

« Maître, que boit le Roi Démon ? Ça a l’air très bon. », dit Julie en tirant sur la manche de Zanoba.

« Bwahahaha ! Tu es bien un nain ! En effet, cette bière est de la plus haute qualité. C’était la réserve secrète de l’homme à la boule de poils sur la tête ! »

J’avais entendu dire que les nains aimaient boire, oui, mais… Julie avait-elle déjà un goût pour l’alcool ? J’avais l’impression qu’elle était encore bien trop jeune pour ça, mais apparemment, j’étais le seul à penser cela.

« Hum. Monsieur Badi, cela vous dérangerait-il qu’elle en prenne un peu ? »

« Pas du tout ! Il n’y a aucun plaisir à boire toute seule. Prenez-en autant que vous voulez ! Bwahahahaha ! »

Julie prit un gobelet de bière que Badi avait rempli à ras bord et se mit à boire à petites gorgées. Était-ce vraiment une bonne idée ? Elle devait être un peu jeune pour ça, non ? Je veux dire, bien sûr, nous pourrions toujours utiliser la magie de désintoxication si elle était trop ivre, mais quand même…

Mais encore une fois, j’avais bu moi-même dans ce monde à l’âge de 7 ans. Peut-être que ce serait hypocrite de ma part d’objecter.

« Hmm. Dans ce cas, peut-être que je vais moi aussi prendre une chope », dit Zanoba.

« Tu as des cours aujourd’hui. Ce n’est probablement pas une bonne idée. », lui avais-je fait remarquer.

« Ah. Si tu le dis, Maître. Mes excuses, Monsieur Badi. »

« Bwahahahaha ! Ne peux-tu même pas boire quand ça te chante ? La vie d’étudiant doit être malheureuse ! »

Avec cette conversation bruyante en arrière-plan, j’avais mangé mon déjeuner puis j’étais parti pour mon prochain cours. Il s’agissait d’un cours sur la guérison avancée, situé dans une salle de classe de cinquième année.

J’avais été surpris d’apprendre que Pursena suivait également ce cours. Plus précisément, ce qui était surprenant, c’est qu’il n’y avait que Pursena. Linia suivait un autre cours. D’habitude, Pursena ne prenait rien au sérieux. Mais elle avait eu le mérite de prêter attention aux cours… tout en rongeant des bâtons de viande séchée, bien sûr.

Mais comme la plupart des autres élèves avaient peur d’elle à cause de sa réputation de délinquante, elle passait beaucoup de temps toute seule ces derniers temps. Elle avait même eu du mal à trouver un partenaire pour les séances de travaux pratiques. À cause de tout cela, elle semblait vraiment reconnaissante de m’avoir à ses côtés. Cet après-midi-là, elle était allée jusqu’à dire : « Tu es le meilleur, patron. Tiens, tu peux avoir mon bien le plus précieux. »

Le cadeau qu’elle m’avait tendu était un morceau de viande séchée à moitié mangé. Selon ses critères, c’était probablement un geste très spécial. Je l’avais accepté d’un signe de tête et je l’avais léché de partout, en savourant le goût de la fille-chienne. Pursena m’avait regardé avec dégoût.

Hé, c’est toi qui me l’as donné…

Quant à Linia, elle me harcelait de questions sur les sorts élémentaires ces derniers temps. On aurait dit qu’elle avait du mal à maîtriser la magie combinée.

C’était apparemment un fondement majeur pour beaucoup de personnes qui concentraient leurs études sur la magie offensive. Sylphie l’avait appris relativement facilement à l’époque, mais peut-être était-ce une de ces choses qui devenaient plus difficiles à apprendre avec l’âge.

Aujourd’hui, j’avais pris le temps d’essayer d’enseigner à Linia comment combiner la magie du feu et de l’eau. Cela m’avait franchement mis dans une sorte d’humeur nostalgique. J’avais commencé par essayer d’expliquer le cycle de l’évaporation, de la condensation et de la précipitation, mais le concept semblait la troubler.

« Miaou ? Mais si l’océan entier se transformait en pluie, ne disparaîtrait-il pas au bout d’un moment ? »

« Je veux dire, la pluie retourne dans l’océan après être tombée, donc il n’y a pas de perte nette. »

« Ce n’est pas vrai, miaou ! Dans la Grande Forêt, l’eau s’infiltre directement dans le sol ! », dit Linia, son visage brillant de triomphe.

« Bien sûr, mais cette eau est soit aspirée par les plantes, soit elle commence à s’écouler sous terre. Et finalement… »

J’avais fait de mon mieux pour la guider pas à pas, mais je n’avais pas réussi à la convaincre. Je voulais tout simplement qu’elle comprenne que l’eau de l’océan s’évaporait, formait des nuages de pluie, puis retombait. Une fois que vous aviez une bonne compréhension intuitive de cela, vous pouviez commencer à mettre les principes impliqués dans l’utilisation pratique… mais nous n’étions clairement pas encore là.

Mais Linia n’était pas aussi désespérée que Ghislaine quand il s’agissait de réfléchir, elle finira donc par comprendre.

Mais, maintenant que j’y pense… il n’y avait aucune garantie que le cycle de la pluie fonctionnait de la même manière dans ce monde, étant donné que l’on peut invoquer l’eau avec la magie ici.

Puisque nous parlions de magie élémentaire, je devais mentionner que j’avais récemment appris mon premier sort de magie de terre de niveau Saint, Tempête de sable.

Il s’agissait en fait d’une version plus puissante du sort de niveau avancé Tempête de poussière. Cela n’avait pas l’air très impressionnant à première vue, mais lorsque je l’avais essayé, un torrent de sable et de vent d’une férocité étonnante recouvrit une large zone autour de moi. Quiconque se trouvait à l’intérieur était pratiquement aveuglé et devait se battre pour respirer. Et même lorsque l’effet du sort expira finalement, le champ de bataille tout entier était resté couvert d’énormes tas de sable instable et mouvant. Alors que le sort d’eau Cumulonimbus impliquait une manipulation minutieuse des nuages de pluie et des courants de vent, la Tempête de sable exigeait que vous dispersiez tout autour une quantité massive de petites particules. Il semblerait que la plupart des sorts de ce niveau impliquaient une sorte de modification du temps.

Le professeur qui m’avait enseigné ce sort m’avait conseillé à plusieurs reprises de ne pas l’utiliser à l’intérieur d’une ville ou d’un village, à moins que ce ne soit absolument nécessaire, car il causerait de graves dommages aux cultures de la région. C’était probablement un avertissement standard que l’on était censé répéter lorsqu’on enseignait à quelqu’un un sort élémentaire de rang Saint.

Quoi qu’il en soit, j’étais maintenant officiellement qualifié de magicien de terre de rang Saint. J’avais un vague intérêt à atteindre ce niveau dans les deux autres éléments également, si j’avais le temps de trouver des professeurs prêts à m’enseigner.

D’ailleurs, le type qui m’avait enseigné Tempête de sable avait été surpris d’apprendre que je n’étais pas déjà familiarisé avec cet élément. Mes attaques de sorts silencieux étaient d’un niveau Roi à ce stade, donc je suppose qu’il avait supposé que j’avais déjà maîtrisé tout ce qui était au niveau inférieur au rang Saint.

Badigadi m’avait récemment dit que le Canon de pierre que je lui avais tiré dessus était en fait de niveau Empereur en termes de puissance destructrice pure. Cela voulait-il dire que je pouvais m’appeler un magicien de niveau Empereur ?

Quand je l’avais demandé au professeur, il avait dit que je pouvais m’appeler de la manière que je voulais. Sentant une légère pointe dans cette remarque, j’avais décidé de ne pas le faire. De toute façon, il était difficile d’imaginer qu’il serait bon de s’afficher comme un maître mage.

En début d’après-midi, je me rendais souvent au laboratoire de Nanahoshi. L’Université lui avait donné beaucoup d’espace pour travailler. Mais comme elle avait rempli la pièce principale d’un fouillis d’objets, on se sentait un peu à l’étroit quand on entrait.

Juste après cette zone de stockage initiale se trouvait la chambre expérimentale, dont les murs étaient faits de briques résistantes à la magie. La pièce au-delà était la chambre à coucher de Nanahoshi. Elle semblait garder une réserve importante de nourriture dans un coin, ce qui m’inquiétait. Pourquoi dormait-elle à côté de sa nourriture ? Et si elle attirait les souris ou les cafards ?

J’avais compris assez rapidement que cette fille avait l’étoffe d’une grabataire de classe mondiale. Et venant de moi, ça voulait vraiment dire quelque chose. Il m’était également strictement interdit de mettre les pieds dans sa chambre.

Quant à la nature de mes visites ici… la plupart du temps, je ne faisais que l’aider dans ses expériences de magie d’invocation. Mon rôle était simple : je canalisais le mana dans les cercles magiques qu’elle avait dessinés. C’était assez simpliste, mais il y en avait une tonne. Elle testait toutes sortes de choses, même des modèles qu’elle s’attendait à voir échouer, dans une approche d’essai et d’erreur. Nanahoshi avait beaucoup d’argent à dépenser, mais cela ne signifiait pas qu’elle pouvait s’assurer un nombre infini de cristaux magiques à jeter dans ces expériences. L’offre disponible était toujours limitée, et si vous essayiez de les acheter tous, vous vous feriez très vite beaucoup d’ennemis. C’était pourquoi elle avait auparavant hésité à aller de l’avant avec ces tests.

Je n’avais fait que canaliser mon mana dans un cercle magique, puis dans un autre. Normalement, il n’y avait aucun résultat. La peinture magique disparaissait, laissant seulement les lignes qu’elle avait esquissées en dessous. Cependant, il arrivait que l’un d’eux aspire une grande quantité de mana et que quelque chose d’étrange apparaisse de nulle part, généralement une aile d’oiseau noire et sale ou une patte d’insecte.

Et quand je demandais à Nanahoshi si nous avions réussi, elle répondit simplement : « Bien sûr que non. »

L’idée était d’essayer des dizaines de milliers de ces choses, à la recherche d’une réussite fortuite ou d’indices de principes généraux à partir desquels elle pourrait travailler. Il semblerait pourtant que cela allait nous prendre un certain temps.

« Quel est le but exact de ces expériences ? »

« Je veux apprendre comment invoquer un être humain de notre ancien monde. Pour l’instant, nous posons les bases… les bases des bases… d’une théorie qui pourrait nous y mener. »

Une fois qu’elle aurait réussi à faire un cercle magique capable d’invoquer des gens d’un autre monde, elle pourrait en faire un qui pourrait les renvoyer également chez eux. C’était possible en théorie. Quoi qu’il en soit, nous avions beaucoup d’étapes préliminaires à franchir avant d’en arriver là. Ce n’était certainement pas un projet à court terme.

« Ok, je comprends le principe du plan. Mais si nous invoquons quelqu’un de la même manière que tu as été invoqué ici, n’allons-nous pas simplement causer un autre énorme désastre ? »

« Crois-moi, je n’ai pas l’intention de créer un deuxième incident de déplacement. Mais si j’arrive à avancer un peu plus dans mes recherches, je devrais être capable d’établir une théorie sur la raison de cet incident. »

« Bien sûr. Mais je sais que les choses tournent mal dans les expériences tout le temps. Sois juste prudente, d’accord ? Beaucoup de gens sont morts à cause de cette histoire. »

« Il n’y a pas que les expériences, Rudeus. Les choses tournent toujours mal, quoi qu’on fasse. Je suis très consciente des risques encourus. C’est pourquoi je suis si prudente. »

Je ne pouvais pas dire que je lui faisais entièrement confiance, mais je comprenais qu’elle préparait quelque chose lentement et méthodiquement. Peut-être qu’il serait bon que j’apprenne au moins les bases.

« Tu sais, j’aimerais moi-même apprendre la magie d’invocation… »

« L’invocation est mon gagne-pain. Je ne peux pas distribuer mon savoir gratuitement. »

« Je croyais que tu avais dit que tu m’apprendrais tout ce que je veux savoir ? »

Nanahoshi fit claquer sa langue en signe d’irritation.

« Très bien, d’accord. Une fois que nous aurons terminé cette expérience, je répondrai à une question pour toi. »

« Une réponse pour tous ces cercles ? Tu paies terriblement mal, Nanahoshi. »

« Une fois qu’on aura vraiment fini et que je rentrerai chez moi, tu pourras avoir toutes les ressources, les connaissances et les relations que je laisserai derrière moi. Donc pour l’instant, essaie d’être un peu patient. », dit-elle.

Quelqu’un semblait un peu à cran. Quoique, pour sa défense, je suppose que ce n’était pas cool de ma part de commencer à mendier des récompenses alors que nous n’avions encore rien accompli.

***

Partie 3

Avant de continuer, Nanahoshi m’avait donné un livre intitulé Invocations de Sig.

« Si tu es si intéressé, étudie un peu par toi-même. »

J’avais l’impression d’avoir déjà vu ce livre quelque part, mais je n’avais aucun souvenir de l’avoir lu. Je l’avais accepté avec gratitude.

Et c’était ainsi que mes expériences avec Nanahoshi continuèrent.

À ce stade, j’avais cessé de fréquenter la bibliothèque pendant des heures. Maître Fitz venait parfois me rejoindre quand je rendais visite à Nanahoshi. En le voyant essayer de m’aider un jour, j’avais réalisé que ces expériences étaient en fait un travail assez éreintant. Il s’était retrouvé à court de mana après avoir travaillé sur une vingtaine de parchemins.

« C’est fou, Rudeus. Activer un de ces trucs consomme autant de mana que lancer un sort avancé… »

Fitz était un lanceur de sorts silencieux comme moi, mais de toute évidence, sa capacité de mana était considérablement plus faible. Et pourtant on disait qu’il avait plus de mana que la plupart des gens. Il semblait que ma capacité était juste anormalement grande. J’aurais aimé que quelqu’un puisse la mettre en chiffres.

En tout cas, Fitz était un mage compétent, et il avait eu du mal avec cette tâche. Cela avait-il un rapport avec les cercles magiques de Nanahoshi ? Ou la magie d’invocation consommait-elle autant de mana ? Contrairement aux sorts offensifs, on n’utilisait probablement pas une douzaine de sorts d’invocation différents au cours d’une seule bataille, et il semblait donc raisonnable qu’ils aient un coût en mana plus élevé. Mais il était bizarre que des parchemins qui ne produisaient aucun effet drainent autant d’énergie de Fitz. Peut-être que cela avait quelque chose à voir avec le fait que nous essayions d’invoquer des choses d’un monde différent.

« Je suis désolé, Rudeus. Je dois protéger la Princesse Ariel, donc je ne pense pas que je puisse aider avec ça… Je dois garder un peu de mana en réserve juste au cas où… »

« Oui, bien sûr. C’est tout à fait logique. »

Pour une raison inconnue, l’humeur de Fitz semblait un peu sombre ces derniers temps. Peut-être qu’il se sentait mal à propos de tout cela. Il semblait avoir une certaine confiance dans ses talents de magicien. Tout le monde avait sa fierté. Ce n’était pas quelque chose auquel je prêtais beaucoup d’attention, mais pour un jeune homme comme lui, cela pouvait sembler la chose la plus importante au monde.

Nanahoshi n’avait pas vraiment parlé à Maître Fitz quand il était arrivé. Mais encore une fois, j’avais l’impression que Fitz n’était pas non plus le plus grand fan de Nanahoshi.

« Je ne suis pas… très utile ici, hein ? »

La voix de Fitz était tout à fait déprimée. J’avais rapidement secoué la tête.

« Ce n’est pas vrai. »

« Ce n’est pas vrai ? »

« Bien sûr que non. C’est rassurant de t’avoir près de moi. »

Fitz m’avait aidé de bien des façons au cours de l’année dernière. Peut-être qu’il ne pouvait pas contribuer beaucoup à cette tâche particulière, mais je ne voulais pas le renvoyer juste parce qu’il ne m’était pas utile. S’il avait quelque chose de plus urgent à gérer, je n’allais pas le forcer à rester… mais s’il envisageait de partir parce qu’il ne pouvait pas aider, je l’encourageais à y réfléchir.

« S’il te plaît, continue à venir ici avec moi quand tu as le temps, Maître Fitz. Nous avons cherché des réponses depuis des mois maintenant, non ? Continuons à chercher la vérité ensemble. »

« … Bien sûr. Merci, Rudeus », dit Fitz tout en souriant timidement.

Ce sourire était sérieusement puissant. Fitz n’avait probablement pour le moment que treize ans environ, mais dans quelques années, il serait probablement un vrai tombeur. Pour être tout à fait honnête… il était si mignon que, ces derniers temps, il m’était difficile de ne pas réagir instinctivement à lui comme je le faisais avec les filles.

Il y avait quelque chose qui n’allait pas avec mes yeux, ou quoi ? Peut-être que je m’éveillais à un intérêt latent pour les hommes ?

Au coucher du soleil, j’étais retourné vers mon dortoir avec Fitz. Nous allions comme toujours nous séparer un peu avant le dortoir des filles.

« Oh, c’est vrai. Rudeus ? »

« Oui ? »

« Je pense que tu peux prendre ce chemin maintenant, si tu le veux. »

Fitz indiqua le chemin devant lui. Il menait à l’endroit où j’avais été accusé d’avoir volé des sous-vêtements peu après m’être inscrit à cette université. Depuis ce jour, j’avais pris soin de ne pas m’aventurer dans ce quartier.

« Allez, Maître Fitz. Veux-tu encore que je me fasse attaquer par une horde de filles en colère ? »

« Hehe. Je ne suis pas sûr que ça se passe comme ça cette fois. Tu es devenu assez populaire dans les dortoirs des filles. »

« Hein ? Attends, sérieusement ? Suis-je le prince du club de tennis maintenant ? »

« Tennis… ? »

Fitz semblait totalement déconcerté. C’était compréhensible.

« Euh, eh bien, les gens disent que tu es en fait un gentleman. Tu frappes les méchants, mais tu ne fais jamais de mal aux élèves normaux, non ? Je veux dire, tu es assez fort pour battre le Roi-Démon, et il a battu tous ces guerriers hommes-bêtes facilement, mais quand les filles t’ont entouré et ont fait toutes sortes de menaces, tu ne leur as rien fait. », continua-t-il

Il avait dû inventer tout ça, non ? J’avais entendu la façon dont les gens chuchotaient à mon sujet dans la salle à manger. À coup sûr, je n’avais pas de fan-club.

« Hehe. Au début, elles avaient bien sûr toutes peur de toi. Mais Linia et Pursena leur avaient dit : “Notre patron est un type bien, miaou ! Il ne s’en prend jamais aux faibles !”

En imitant la voix de Linia, Fitz leva les mains là où se trouvaient les oreilles de la chatte. Comment pouvais-je décrire ça ? C’était mignon. Injustement mignon. Quelque chose d’effrayant et de mystérieux se passait au niveau de mon aine.

“Après ça, leur opinion de toi s’est améliorée très vite. Je veux dire, tes vêtements sont un peu minables, mais ton visage est plutôt beau, et certaines filles aiment ton air sombre. Oh, et tu n’es pas un crétin arriviste, même si tu es vraiment puissant.”

Hmm. Ces deux-là avaient dû faire du très bon travail ici. D’après la description de Fitz, elles n’avaient même pas mentionné le problème de l’impuissance. Je devrais offrir un bon steak à Pursena un de ces jours. Et Linia, alors ? Je ne sais même pas ce qu’elle veut. Un statut ? De l’honneur ? De l’argent ?

“Bien sûr, il y a des filles qui ont encore peur de toi. Comme Goliade, par exemple.”

“Ah, d’accord. C’est logique. Elle était quand même à la tête de ce groupe lors de mon premier jour. Et je l’ai en quelque sorte accidentellement intimidée l’autre jour.”

“Vraiment ? Linia et Pursena la harcèlent aussi à ce sujet chaque fois qu’elles la voient.”

Hmm. Ça pourrait expliquer pourquoi elle avait réagi si violemment quand j’avais essayé de lui dire bonjour.

“Tu n’interviens pas là-dedans, Maître Fitz ?”

“Non. Je veux dire, c’est effectivement de sa propre faute. C’est elle qui a décidé que tu étais le méchant en se basant sur rien du tout. Peut-être qu’elle apprendra quelque chose de tout ça.”

Wôw. Fitz pouvait être dur quand il le voulait. Je pouvais comprendre où il voulait en venir, mais l’intimidation n’était pas la réponse.

“Je ne pense pas qu’elle voulait mal faire. Essaie de ne pas trop la harceler, d’accord ? J’aimerais que tu transmettes aussi ce message à Linia et Pursena.”

Ma voix était devenue plus dure que prévu. Fitz leva les mains en signe d’apaisement, l’air un peu troublé.

“Personne ne la harcèle, Rudeus ! Je dirais plus qu’elles la taquinent de temps en temps. Je ne pense pas qu’elle soit vraiment effrayée, juste un peu exaspérée.”

C'était assez difficile d'imaginer quelqu'un d'aussi intimidant physiquement que Goliade être la personne que tout le monde embêtait… mais de toute façon, une blague récurrente comme celle-là pouvait facilement se transformer en véritable intimidation, il fallait donc quand même être prudent ici.

« OK. Tant que c'est pour s'amuser, c'est bon. Mais pour info, je ne suis pas du genre rancunier. Pourrais-tu garder un œil sur ces choses et t'assurer qu'elles ne vont pas trop loin ? »

« Tu es vraiment un type bien, Rudeus. Très bien, je le ferai aussi savoir à Goliade. »

Cette dernière partie pourrait ne pas être nécessaire. La dernière chose dont j'avais besoin était qu'elle m'envoie une paire de sous-vêtements en gage de sa gratitude.

« Hehehe… »

Avec un autre sourire timide, Fitz commença à marcher sur la route, tandis que je restais au carrefour.

Après trois pas environ, cependant, il se retourna pour me regarder.

« Uhm… comme je l'ai dit, tu peux vraiment venir par ici maintenant. Si tu le veux. »

« C'est d'accord », avais-je dit tout en prenant ma meilleure expression du gars cool.

« Si j'ai réussi à me faire une bonne réputation ici, je ferais mieux de ne pas la ruiner en me pavanant sur la route comme si j'étais le propriétaire des lieux. »

« Huh ? Euh, en ef-effet. Bien sûr. Je suppose que ça ressemble à ton style… »

Trébuchant un peu sur ses mots, Fitz couvrit sa bouche d'une main. Essayait-il de ne pas rire ? Peut-être que le visage de l'homme cool avait encore besoin d'être travaillé. Les gens me disaient toujours que mes sourires étaient plutôt dérangeants, mais j'avais fait de mon mieux pour les améliorer.

« Très bien, Rudeus. Je te verrai plus tard. »

« D'accord. À bientôt. »

Sur ce, nous avons pris tous les deux des chemins séparés. Pour une raison inconnue, cependant, Fitz avait l'air un peu triste en s'éloignant.

Après le dîner, j'avais donné à Julie sa leçon de magie quotidienne dans la chambre de Zanoba.

Julie était une enfant studieuse et intelligente qui absorbait les nouvelles informations comme une éponge. Elle était aussi plutôt adroite, et pouvait utiliser ses doigts pour faire des travaux de précision lorsque sa magie lui faisait défaut. Sans vouloir être vulgaire, Zanoba avait fait une bonne affaire en l'achetant.

Pourtant, ce n'était que sa première année d'entraînement. Sa capacité de mana était trop faible pour un travail soutenu, et sa précision n'était pas non plus à la hauteur. Bien qu'elle soit habile de ses mains, elle venait tout juste de commencer à s'entraîner avec des outils de sculpture, elle était donc encore maladroite avec eux. Lui apprendre les ficelles du métier allait être un travail de longue haleine.

Tout en donnant des explications et des conseils à Julie, je travaillais également sur mes propres figurines. Dernièrement, j'avais commencé une figurine de Maître Fitz à l'échelle 1/8. Mais comme il portait toujours des lunettes et une cape volumineuse, il m'était un peu difficile d'imaginer la forme exacte de son corps. La plupart des elfes que j'avais rencontrés étaient très minces et n'avaient pratiquement pas de graisse corporelle… Je pouvais travailler sur cette hypothèse. Le plus gros problème, cependant, était de savoir comment traiter ses parties intimes. J'étais sérieusement en conflit. Je ne voulais rien mettre entre ses jambes, mais il risquait de m'en vouloir si je le représentais comme une fille. Et je voulais aussi vraiment lui montrer la figurine une fois qu'elle serait terminée.

« Si vous voulez, Maître, je peux m'approcher de lui au moment où il s'y attend le moins et lui arracher ses vêtements pour vous », proposa généreusement Zanoba.

« C’est gentil, mais ce sera non. »

Par ailleurs, Zanoba travaillait actuellement sur une figurine de la Wyrme Rouge en suivant mes conseils. Les composants de cette figurine étaient tous relativement grands, c'était donc un bon projet pour lui. Mais comme il n'était pas très doué de ses mains, les progrès étaient lents. Nous devions procéder étape par étape.

Avant de m'endormir, j'avais pris le temps de lire.

Aujourd'hui, je travaillais sur l’Invocation de Sig, le livre que j'avais emprunté à Nanahoshi. C'était l'histoire d'une sorcière nommée Sig, qui avait invoqué de nombreux démons redoutables pour diverses raisons. À la fin, elle avait utilisé une énorme offrande et une énorme quantité de mana pour invoquer une créature plus forte qu'elle, qui l'avait rapidement tuée et mangée. Son élève, se lamentant amèrement de cette tragédie, fit le serment de ne jamais invoquer quoi que ce soit qu'il ne puisse contrôler. Il y avait une morale à l'histoire. Ça ressemblait un peu à un conte de fées.

Si quelqu'un comme moi, qui avais plus de mana qu'il ne savait quoi en faire, devait invoquer la créature la plus forte qu'il pouvait, il y avait de fortes chances que quelque chose de trop puissant et dangereux à gérer apparaisse. C'était au moins un point important à retenir. Je devais commencer doucement avec ce genre de choses et m'assurer que je comprenais les risques avant de faire quelque chose de trop spectaculaire.

Pourtant, le livre ne contenait aucun détail concret sur la façon dont les démons étaient invoqués ni sur la nature des cercles magiques utilisés par la sorcière. Il n'y avait pas grand-chose à étudier dans ce livre, vraiment…

Et ainsi, une nouvelle journée à l'Université de la Magie prenait fin. Je n'avais toujours pas trouvé le moyen de guérir ma maladie. J'avais presque l'impression d'avoir raté ma chance et d'être passé à la partie suivante de mon histoire en rencontrant Nanahoshi. Peut-être que la prophétie de l'Homme-Dieu m'avait rendu trop optimiste. Peut-être aurais-je dû chercher une réponse plus urgente, et essayer toutes sortes de choses…

Mais il s’était avéré que mes inquiétudes n'étaient pas fondées. Peu après ce fameux jour, les choses avaient évolué rapidement vers une résolution inattendue.

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