Mushoku Tensei (LN) – Tome 9 – Chapitre 3 – Partie 1

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Chapitre 3 : Le masque blanc

Partie 1

Il semblerait que, récemment, certaines personnes aient un peu peur de moi. Et par « certaines personnes », j’entends pratiquement tous les étudiants de l’Université de Magie.

Au début, je pensais simplement que tout le monde m’évitait pour une raison inconnue. Non pas que je me sois trompé à ce sujet.

Voici un exemple concret : parfois, je me retrouvais à marcher dans un couloir vers un groupe de durs à cuire qui se dirigeait vers moi. Naturellement, je m’écartais du chemin pour qu’ils ne me harcèlent pas. Mais pour une raison inconnue, ils s’écartaient déjà de mon chemin. Parfois, ils regardaient même par la fenêtre et disaient qu’il faisait beau, même s’il neigeait.

Évidemment, j’étais simplement heureux qu’ils ne me harcèlent pas. Mais en y repensant, peut-être qu’ils pensaient exactement la même chose.

Je n’avais compris ce qui se passait qu’après un incident qui s’était produit un après-midi, alors que je rentrais de mon cours de désintoxication intermédiaire. En sortant de la classe après le cours, j’avais aperçu Goliade dans le couloir juste à l’extérieur. Oui, cette Goliade, cette énergique exterminatrice d’humains qui m’avaient faussement accusé d’avoir volé des sous-vêtements lors de mon tout premier jour ici. Elle m’avait remarqué au même moment que je l’avais remarquée. Nos yeux s’étaient croisés.

Comme nous nous connaissions tous les deux et qu’elle était ici depuis plus longtemps que moi, il me semblait impoli de partir sans même dire bonjour… et j’avais l’impression que je devais m’excuser pour notre dernière rencontre.

Alors que je m’approchais, Goliade tressaillit et détourna les yeux. Elle rentra ses larges épaules pour se faire aussi petite que possible, et regarda au loin avec une expression craintive, essayant consciemment de ne pas me voir.

« Euh, salut, Goliade. Je voulais vous parler de ce qui s’est passé lors de mon premier jour ici… »

Et alors lorsque j’étais en train de lui parler, celle-ci s’était immédiatement mise à trembler comme un faune nouveau-né.

« Je suis… je suis désolée pour ça. Vraiment… vraiment désolée. S’il vous plaît, je ne savais pas… », avait-elle lâché faiblement.

Son attitude semblait légèrement différente de la dernière fois que nous nous étions rencontrés. J’étais en fait un peu décontenancé. J’avais presque l’impression de la menacer ou quelque chose comme ça.

« Euh… J’allais en fait m’excuser auprès de vous. Je ne connaissais pas les règles concernant les dortoirs à l’époque. Mais je ne referai pas cette erreur, donc… »

Alors que je trébuchais sur ce que j’avais prévu de dire, un groupe de spectateurs commença à se rassembler autour de nous.

« Hé, regardez, c’est Rudeus. »

« A-t-il encore de la rancune pour ce qui s’est passé le premier jour ? »

« Oh bon sang. Pauvre Goliade… »

« C’est lui qui a enfreint les règles, non ? Quelle brute… ! »

« Tais-toi, idiot. Et s’il t’entend ? »

Leurs chuchotements étaient critiques à mon égard, et pleins de pitié pour Goliade. Je pouvais voir des larmes couler dans ses yeux. Honnêtement, j’avais aussi un peu envie de pleurer. Que diable se passe-t-il ici ? La façon dont ils me regardaient me faisait vraiment mal.

« C’est quoi tout ça, miaou ? Qui se bat dans le couloir ? »

« Quelqu’un a trop d’énergie, hein ? »

À ce moment précis, Linia et Pursena étaient arrivées. Elles traversèrent la foule et nous repérèrent, Goliade et moi. Après avoir étudié un instant son visage éploré, elles sourirent et hochèrent la tête, puis s’imposèrent avec assurance entre nous.

« Hey, Patron. Pourquoi ne pas en rester là, miaou ? Goliade ne voulait vraiment pas vous contrarier. Pourriez-vous la laisser tranquille pour nous ? On doit s’occuper des autres filles-bêtes. »

« Vas-y, Goliade, il ne se passera rien. Mais ne te mets plus dans le collimateur du patron, compris ? Tu as eu de la chance que son bras droit passait par là. Si je n’avais pas été là, il aurait pu te réduire en bouillie. »

« O-Okay ! Merci ! »

Goliade s’inclina avec reconnaissance devant elles deux, tourna sur elle-même et s’éloigna rapidement, paraissant considérablement plus petite qu’elle ne l’était en réalité.

« Les autres, allez vous faire voir ailleurs, miaou ! Ce n’est pas un spectacle ! », cria Linia.

La foule de spectateurs s’était rapidement dispersée comme un nid de bébés-araignées. J’avais laissé échapper un petit soupir de soulagement. Mais lorsque je m’étais tourné vers Linia et Pursena, dans l’espoir d’une explication, j’avais découvert qu’elles avaient déjà commencé à plaisanter.

« OK, Pursena. Qu’est-ce que ça veut dire ? »

« De quoi parles-tu, Linia ? »

« Je suis le bras droit du patron, évidemment ! »

« Il a ramassé beaucoup de nouveaux larbins ces derniers temps. Tu es trop bête pour faire tourner les choses en douceur. »

« Miaou ?! Tes notes sont aussi mauvaises que les miennes ! »

Je les avais finalement interrompus : « Allez, vous deux. Vous pouvez être toutes les deux mes bras droit, ok ? »

« Miaou ne comprend pas, patron. On doit avoir une hiérarchie ! »

« C’est vrai. C’est important, merde. »

Je pouvais comprendre que les hommes bêtes aimaient les hiérarchies, mais je ne me souvenais pas d’avoir établi une sorte de gang, et je me fichais de savoir laquelle d’entre elles était quelle main. Cela mis à part, elles venaient de me tirer d’affaire. Je devrais leur offrir quelque chose pour leur exprimer ma gratitude. Du poisson cru et un morceau de viande feraient-ils l’affaire ?

« Quoi qu’il en soit, cette Goliade était vraiment stupide. Elle n’aurait pas dû vous contrarier, patron. Qu’est-ce qu’elle vous a fait, miaou ? »

« Euh, elle m’a pris pour un voleur de sous-vêtements lors de mon premier jour ici, mais… »

« Huh ? Je me souviens de ça ! Attendez, donc ce voleur de culottes fantôme… c’était vous depuis le début, patron ?! »

« Sans blague, c’est vraiment le bordel. »

Tout à coup, les deux me regardaient avec du mépris dans les yeux. Et si vous me laissiez finir ma phrase ? J’ai été accusé à tort ! Je devrais peut-être leur offrir une deuxième portion de désespoir et d’humiliation, plutôt que de la viande et du poisson.

« Maintenant que j’y pense, Goliade s’est vantée de cela pendant un moment. Elle a dit qu’elle avait attrapé un lâche de première année en flagrant délit, mais que Fitz l’avait protégé. Je suppose que c’est elle la lâche maintenant, hein ? Hilarant. »

« Elle disait du mal de vous, et vous l’avez laissée s’en tirer ? C’est très fort de votre part, patron, mais nous devons envoyer un message ici. On va s’en occuper, miaou. »

Ça sonnait comme un mauvais présage. Ces deux-là n’avaient pas dépassé leur phase de délinquance depuis le temps ?

« Ne lui fais pas de mal, s’il te plaît. Je ne veux pas me faire d’ennemis pour rien. »

« Pfft. Vous devez vraiment être plus ambitieux, Patron ! Qui se soucie des ennemis, miaou ? On pourrait diriger tous les dortoirs de cette école si on s’associait pour éliminer Ariel ! »

« Vous savez, elle a raison. Vous avez battu Fitz, patron, alors vous pourriez conquérir cette école en un rien de temps. »

De toute façon, c’était quoi le problème avec ces Hommes-Bêtes qui veulent prendre le pouvoir ? Sérieusement, c’était tous des Megatron duveteux.

« Supposons que je prenne le pouvoir dans les dortoirs et tout le reste. Que ferais-je avec ce pouvoir ? »

Je m’en fichais complètement d’être au sommet. J’essayais fondamentalement d’éviter les conflits autant que possible, et prendre une position de leader vous garantissait qu’au moins une personne allait vous détester. Dans ce monde, il suffisait de prendre la mauvaise route au mauvais moment pour se faire poignarder en plein cœur. Il était plus sûr d’être amical et respectueux envers tous ceux que vous rencontriez.

« Vous pouvez faire tout ce que vous voulez, miaou. Eh bien… je suppose que vous ne pourriez pas faire grand-chose avec les filles, en fait… ooh, je sais ! On pourrait vous apporter une paire de culottes de toutes les filles des dortoirs au début de chaque année ! »

« Bonne idée. Le patron aime tellement les culottes qu’il les expose dans sa chambre, non ? Il serait super content. »

« N-Non, je ne serais pas… »

Ce n’était pas comme si je les avais mises là parce que j’aimais les culottes. Je veux dire, je les aimais bien… mais ça ne voulait pas dire que je voulais un tas de sous-vêtements de filles que je ne connaissais même pas. Je connaissais Goliade, et je savais que je ne voulais pas de ses sous-vêtements.

Mais bon, on voyait parfois des filles vraiment mignonnes se promener sur le campus. Bien que la plupart d’entre elles ne soient pas vraiment mon type. Honnêtement, je n’aurais pas refusé une culotte de Linia et Pursena. Ces deux-là avaient une odeur légèrement musquée, mais au bout du compte, elles restaient des filles sexy. Et l’odeur de leur fourrure n’était pas si mauvaise de près.

Quand même… Mais oui ! Fitz. Il n’aimerait pas que je fasse ce genre de choses. Ça veut dire que c’est hors de question. Nous y voilà. L’affaire est enfin réglée ! Je ne me laisserai plus tenter. Laisse-moi tranquille, Satan…

« Je ne suis pas du tout intéressé par les culottes de quelques filles lambda. Si vous voulez voler leurs sous-vêtements, faites-le vous-mêmes. Mais si vous causez des problèmes à Maître Fitz, je ne serai pas de votre côté. »

Ouf. Nous y voilà. Vous l’avez échappé belle, très chères filles de l’université. Si je n’avais pas été là, vous auriez pu avoir de sérieux problèmes.

« Guh… E-Entendu, si vous voulez garder les choses calmes, c’est votre droit, Patron. »

« … Oui. On fera ce que vous nous direz. »

En tout cas, cet incident m’avait permis de comprendre la nature de ma situation. De toute évidence, beaucoup de gens me craignaient. Ce n’était pas difficile de comprendre pourquoi, une fois que je l’avais compris. J’avais battu Fitz, qui était l’élève le plus puissant de cette école. J’avais dominé tous les élèves spéciaux délinquants. Et enfin, j’avais vaincu un Roi-Démon avec un seul sort dans un duel très public. Il n’était pas surprenant que les autres élèves me trouvent intimidant.

D’après ce que Badigadi m’avait dit après coup, son aura de combat ne pouvait être pénétrée que par des sorts ou des techniques d’épée de niveau Roi. Ce qui signifiait qu’il fallait être au niveau d’un Ruijerd ou d’une Ghislaine pour avoir une chance contre lui. Mais comme il s’en servait pour se protéger au combat, il avait apparemment du mal à battre les gens au-dessus de ce niveau.

Quoi qu’il en soit… en supposant qu’il me dise la vérité, mon Canon de pierre entièrement chargé était maintenant aussi puissant qu’un sort de niveau Roi. Il n’y avait vraiment pas de quoi se plaindre.

Bien sûr, j’étais aussi un véritable canon de verre. Les combattants de ce monde pouvaient s’envelopper dans le voile protecteur d’une aura de combat sans même y penser, mais peu importe l’intensité de mon entraînement, mon corps n’avait jamais acquis cette force et cette vitesse surhumaines qu’Éris et Ruijerd avaient si facilement exploitées. Mes muscles avaient bien grandi, mais c’était à peu près tout. Tout ce que j’avais vraiment pour moi, c’était ma puissance d’attaque. J’étais censé avoir la capacité de mana d’un Dieu Démon, et grâce à mon Œil de Prévoyance, je pouvais affronter des ennemis d’un niveau un peu plus haut que moi. Mais mon corps lui-même restait totalement ordinaire. Je n’aurais eu aucune chance contre un adversaire vraiment puissant.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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