Mushoku Tensei (LN) – Tome 9 – Chapitre 2 – Partie 5

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Chapitre 2 : Le fiancé insensible

Partie 5

« Le Dieu Dragon ? Tu veux dire Orsted ? Tu l’as combattu et tu as survécu ? »

« Oui, d’un rien. S’il ne m’avait pas épargné sur un coup de tête, je ne serais pas là aujourd’hui. »

Le visage du Roi-Démon devint soudainement très sérieux. C’était loin d’être idéal. J’avais baissé ma garde quand il n’avait pas réagi au nom de l’Homme-Dieu. Et si Orsted était celui que je n’aurais pas dû mentionner ? En parlant d’imprudence…

« Dis-moi, mon garçon. As-tu été capable de blesser le Dieu Dragon dans ce combat, même légèrement ? »

« Hein ? Oui, je crois. J’ai réussi à arracher un peu de peau de la paume de sa main. Mais c’est tout. »

Badigadi ferma sa bouche hermétiquement et me regarda férocement. L’effet était légèrement intimidant.

Allez, pourquoi ne pas recommencer à rire ? Bwahahaha…

« Dans ce cas, j’aimerais te faire une demande personnelle. »

« O-Oh vraiment ? Qu’est-ce que c’est ? », avais-je dit aussi humblement que possible, en observant l’expression de Badigadi.

« Tu as droit à un seul essai. »

« … »

« Frappe-moi avec ta magie la plus puissante. Je te donne une chance, pas plus. Utilise donc le sort qui a blessé le Dieu Dragon. S’il parvient à percer mon aura de combat et à me blesser, alors tu as gagné. Si je suis indemne, alors je gagne. Qu’est-ce que tu en penses ? »

Ooh. Ça me semble bien ! Je n’aurais vraiment pas pu demander une meilleure offre. Je n’aurais même pas à me faire frapper au visage.

« Euh, bien sûr, mais n’est-ce pas un peu unilatéral ? »

« Unilatéral ? Unilatéral, tu dis ? Hm, c’est vrai ! Très bien alors. Si tu n’arrives pas à m’écorcher avec ta magie, alors je te frapperai avec une contre-attaque. Ce sera un seul coup, pas plus ! »

Merde. Je viens de creuser ma propre tombe.

Une seule attaque de ce monstre serait probablement suffisante pour pulvériser mon cœur. Je devrais probablement arrêter de parler maintenant avant de réussir à la creuser encore plus profondément.

« Je comprends. Faisons donc comme convenu. »

« Très bien ! »

Donc, j’avais tenu Aqua Heartia en avant et j’avais commencé à me concentrer.

« Whooo… »

J’avais pris une longue et profonde inspiration, et j’avais commencé à rassembler autant de puissance magique que je pouvais dans mon bâton. Je lançais le Canon de pierre, un des sorts qui m’était le plus familier. Mais j’avais fait en sorte que ce projectile soit beaucoup plus dur que celui que j’avais lancé sur Orsted. À l’époque, j’avais lancé ce sort rapidement, par pur désespoir. Je n’avais pas tenu mon bâton, et je n’avais utilisé qu’une seule main. Cette fois, il n’y avait aucune situation d’urgence. Une fois que j’aurais rassemblé assez de mana, je devrais être capable de rendre mon sort plusieurs fois plus puissant.

Projectile : Solide et incroyablement dur.

La création de la « balle » n’était pas fondamentalement différente de celle d’une figurine. Mais je m’étais entièrement concentré sur sa dureté, en ignorant des propriétés comme la solidité et la résilience. Je l’avais façonnée comme un fuseau, effilé jusqu’à une pointe fine, et j’avais ajouté un motif de rainures.

Modifications : Rotation rapide.

Plus ça tournait vite, mieux c’était. Je m’étais concentré jusqu’à ce que ma balle ne soit plus qu’un éclair. Je n’avais aucune idée du nombre de rotations par seconde que je regardais.

Vélocité : Maximum.

C’était la partie la plus critique, j’y avais donc consacré autant de mana que possible. Je n’avais jamais utilisé autant de mana pour un seul Canon de Pierre auparavant. Vu le temps de préparation, cette version du sort ne serait pas très utile en combat réel… et pour la plupart des monstres, ce serait probablement excessif. Mais cet homme était un Roi Démon. Il pourrait très bien se contenter de l’ignorer. Au moins, j’espérais pouvoir lui faire une égratignure. Je ne voulais vraiment pas que ces bras massifs me frappent au visage.

« Très bien. C’est parti. »

« Excellent ! Attaque-moi ! »

J’avais lancé le sort.

Ma balle fendit l’air avec un gémissement aigu. Il n’y avait pas de recul. Pour une raison quelconque, il n’y en avait jamais avec la magie. Mais cela ne rendait pas son pouvoir moins réel.

La pierre frappa Badigadi avec une énorme détonation. Toute la partie supérieure de son corps fut pulvérisée, ses six bras se désintégrèrent instantanément. Sa moitié inférieure, toujours intacte, s’était envolée à des dizaines de mètres en arrière et avait atterri mollement sur le sol.

« … Hein ? »

Ce qui restait de Badigadi n’avait même pas tremblé. Je m’attendais à ce que mon attaque… rebondisse sur lui avec un « twang » ou quelque chose comme ça. Mais qu’est-ce que c’est ?

Lentement, avec crainte, je m’étais approché afin de regarder le corps de Badigadi. Pour je ne sais quelle raison la partie intacte de son corps ne saignait pas. Était-ce comme ça que fonctionnait un Roi Démon ? Vu à quel point il riait, je pensais qu’il n’avait pas besoin de larmes… Mais peut-être qu’il n’y avait pas de liquide dans son corps.

« … Hein ? »

Attends, vraiment ? Ce n’est pas possible…

Était-il mort ?

Je ne comprenais toujours pas ce qui venait de se passer. Lorsque je m’étais retourné, j’avais trouvé la foule de spectateurs qui me fixait dans un silence total. Leurs regards me faisaient froid dans le dos. Personne ne bougeait.

J’avais avalé par réflexe. Le son que faisait ma gorge semblait étrangement fort. L’avais-je vraiment tué ?

Ce n’est pas possible. Il semblait si confiant. Hein ? Il a dit qu’il était immortel, non ? Il m’a demandé que je lui envoie ma magie la plus puissante ! Il n’avait pas l’air inquiet du tout ! C’est quoi ce bordel ?!

J’avais besoin de me calmer. Et m’assurer que je comprenais exactement ce que j’avais fait.

Lentement, avec crainte, je m’étais retourné pour regarder Badigadi une fois de plus.

« Bwahahahaha ! Je suis ressuscité ! »

J’avais failli tirer un autre canon de pierre immédiatement.

Badigadi se tenait juste devant moi, vivant à nouveau… et deux fois moins grand qu’avant. Il faisait à peu près ma taille, mais sa tête n’était pas plus petite qu’avant. L’effet était un peu bizarre. Mais ce n’était pas vraiment important pour le moment.

« Oh. Vous êtes vivant… »

C’était vraiment un soulagement. Je m’étais convaincu que j’avais tué un homme sans le vouloir. Heureusement que je n’étais pas face à un être humain normal.

« Bwahahaha ! Je pensais que j’étais fichu, mon garçon ! En tout cas, maintenant tout s’explique. Il était sage de ta part d’éviter une vraie bataille. Si nous nous étions battus pour de bon, toute cette zone aurait été réduite à un terrain vague ! »

Badigadi laissa échapper un éclat de rire soutenu. Je suppose qu’il avait trouvé l’idée amusante.

Au cours des instants suivants, ses six bras étaient venus vers lui en rampant à travers la terre et avaient rejoint son corps. Il grandit de plus en plus, mais il n’était pas encore tout à fait revenu à la normale.

« Tu m’as vraiment envoyé voler sur une bonne distance, mon garçon. On dirait que ça va prendre du temps avant que je ne redevienne comme avant ! »

Badigadi semblait inexplicablement excité à ce sujet.

« Tu as gagné, Rudeus ! Sens-toi libre de t’appeler héros ! », continua-t-il joyeusement.

« Je ne pense pas que je le ferai, mais merci quand même. »

« Donne au moins à la foule un cri de victoire, alors ! Bwahahaha ! »

Badigadi saisit ma main droite, qui tenait toujours mon bâton, et l’avait tirée en l’air comme un arbitre annonçant le vainqueur d’un match de boxe.

« Euh… »

Eh bien, peu importe. S’il dit que j’ai gagné, alors je suppose que ce soit vraiment le cas.

« J’ai gagnéééééééé ! »

Les spectateurs répondirent à mon cri par un silence total. Pour une raison quelconque, personne n’avait fait de bruit.

Après un long moment, Badigadi hocha la tête à lui-même.

« Ils ne sont pas très amusants, hein ? Bon, très bien alors. Il est temps pour toi d’encaisser mon coup de poing. »

« Quoi ? ! Ce n’était pas le marché ! »

Avant que je puisse objecter, il m’avait frappé directement au visage. Avec trois poings en même temps.

Il tenait toujours mon bras, bien sûr, je n’avais donc aucune chance de me défendre. Le coup me rendit inconscient.

Espèce de… gros menteur…

◇ ◇ ◇

Après cela, Badigadi était apparemment parti quelque part avec le gars à la perruque, un bel homme d’âge moyen en armure et un vieux monsieur en robe. On dirait que les gros bonnets avaient des choses à discuter en privé.

Quant à moi, j’étais resté allongé à l’infirmerie pendant un moment avant de reprendre connaissance. Une fois que j’avais repris connaissance, le vice-principal Jenius m’avait emmené dans une salle du bâtiment des enseignants et m’avait offert du thé et des collations pendant que je récupérais.

Il n’avait pas grand-chose à me dire. On aurait dit qu’il ne comprenait pas très bien lui-même ce qui se passait. Le Roi Démon était apparu de nulle part, avait déambulé en assommant aussi bien des étudiants que des hommes-bêtes, m’avait provoqué en duel, m’avait permis de revendiquer la victoire, puis m’avait assommé. C’était tout ce que nous avions comme matière à discussion, et ce n’était pas assez pour comprendre la situation. Pourtant, il semblerait qu’aucune personne assommée par Badigadi n’avait succombé à ses blessures. Il était supposé être un homme pacifique par nature, c’était donc probablement logique.

Un certain nombre de personnes très importantes essayaient de comprendre ses objectifs pendant que nous parlions. Le type avec la perruque était en fait le directeur de cette école. Il m’avait fallu une minute pour me rappeler qu’il s’appelait Georg, magicien du vent de niveau Roi. Je l’avais déjà vu une fois, lors de la cérémonie d’entrée. Le chef de la guilde de magie et le capitaine des chevaliers de la nation magique stationnés dans cette ville s’étaient joints à lui dans ses discussions avec Badigadi.

« Mais je dois dire, Rudeus, que c’était un effort vraiment remarquable. Tu as terrassé un Roi Démon d’un seul coup préventif, et il t’a même reconnu comme vainqueur ! Le directeur pensait qu’un aventurier solitaire comme toi ne pouvait que nous faire gagner un peu de temps… mais personne ne pouvait s’attendre à ça ! Tu m’as fait vibrer, chose qui ne m’était plus arrivée depuis des années ! »

Il y avait une véritable excitation dans la voix du vice-principal. On aurait dit que la foule n’avait pas entendu ma discussion avec Badigadi avant le début du duel. Rien de tout cela n’était impressionnant si l’on considérait qu’il m’avait laissé tirer le premier coup et que je n’avais jamais vraiment été en danger.

Jenius m’avait flatté un peu plus longtemps avant de me laisser partir. Il m’avait dit de rester dans mon dortoir jusqu’à ce que tout soit réglé.

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2 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. Ethan Nakamura

    Merci pour le chapitre.

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