Mushoku Tensei (LN) – Tome 9 – Chapitre 2 – Partie 4

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Chapitre 2 : Le fiancé insensible

Partie 4

Maintenant que j’y pense, Kishirika avait également fait un commentaire à ce sujet. Quels étaient ses mots exactement ? Tout ce dont je me souvenais, c’était qu’elle gloussait de rire sans raison apparente…

« Euh… eh bien, oui. Il semblerait que j’ai un peu plus de mana que la plupart des gens. »

« Ahahahaha ! Un peu plus, hein ? Oui, en effet ! »

Badigadi se mit à rugir de rire pendant un certain temps. Au bout d’un moment, il s’était brusquement tu et s’était laissé tomber au sol avec un bruit sourd.

« Assieds-toi, mon garçon. »

J’avais rapidement pris un siège. Badigadi était encore énorme, même assis. J’avais l’impression de parler avec une montagne de muscles. Il était dommage que je n’aie pas eu la chance d’avoir un tel physique.

« On dirait que tu ne comprends pas ce que signifie être appelé “étonnant” par l’impératrice démoniaque Kishirika Kishirisu. »

« … Eh bien, je suppose que non, en effet. »

« Elle m’a dit que tu avais une quantité incroyable de mana, même plus que Laplace. Tu es la première personne à qui elle dit ça. »

Laplace ? Comme… le Laplace ?

Apparemment, j’avais plus de mana qu’un Dieu Démon. Et franchement, ça ne me semblait pas normal. Il est vrai que je n’avais pas manqué de mana depuis très longtemps, mais ce n’était pas comme si mon corps débordait de puissance ou autre.

« Le Dieu Démon Laplace avait l’une des plus grandes réserves de mana de toute l’histoire. En d’autres termes, le tien est aussi l’un des plus grands de tous les temps. »

« Oh, ce n’est pas vrai. Ce n’est pas possible. »

Malgré mes légères protestations, mon cœur bondissait toujours d’excitation. Après tout, je parlais à un Roi-Démon, quelqu’un avec des siècles d’expérience dans la bataille. C’était presque comme si un athlète professionnel me disait que j’avais du « potentiel » ou quelque chose comme ça.

« Je ne sais pas moi-même ce qu’il en est. Kishirika peut être un peu négligente parfois. Il y a une chance qu’elle t’ait mal jugé. »

L’expression de Badigadi était devenue légèrement aigre en prononçant ces mots. Peut-être se souvenait-il d’une erreur coûteuse commise par sa fiancée dans le passé ? Elle semblait en effet être du genre à faire des erreurs inconsidérées.

« Eh bien, j’admets que j’ai fait un effort pour augmenter ma réserve de mana au fil des ans. Je ne sais par contre pas si j’en ai plus que quiconque dans l’histoire. Cela ne voudrait-il pas dire que n’importe qui pourrait battre le record s’il s’entraînait comme je l’ai fait ? »

« Non. Une telle chose serait normalement impossible. »

Peut-être que cela avait quelque chose à voir avec le fait que j’avais été réincarné d’un autre monde ? Ou peut-être que l’Homme-Dieu avait en quelque sorte « triché » en mon nom sans que je m’en aperçoive…

« Il y a une chose que j’aimerais vous demander, votre Majesté. Si vous le voulez bien. »

« Qu’est-ce que c’est ? N’hésite pas à poser n’importe quelle question. »

« Euh, juste pour être clair, je ne suis pas un laquais de la personne que je vais nommer. Donc j’apprécierais que vous ne m’attaquiez pas soudainement. »

« J’ai déjà accepté d’attendre, mon garçon. Un Roi-Démon ne brise jamais une promesse. »

Vraiment ? Eh bien, c’est bon à savoir. Je vais te prendre au mot sur ce coup-là, d’accord ? Pas de violence, s’il vous plaît…

« Est-ce que le nom d’Homme-Dieu vous dit quelque chose ? »

« … Où as-tu entendu ce nom, mon garçon ? »

« C’est quelqu’un qui apparaît parfois dans mes rêves. »

Repliant ses bras, Badigadi commença à se caresser le menton pensivement.

« Hmm, je vois. Tes rêves, hein ? »

« Savez-vous quelque chose sur lui, votre Majesté ? »

Badigadi s’arrêta un instant, apparemment plongé dans ses pensées, puis secoua la tête.

« Je ne saurais le dire ! Je crois avoir déjà entendu ce nom, mais je ne me souviens pas où ! Cela fait au moins quelques siècles que personne ne m’a parlé de lui. »

« C’est vrai ? Eh bien, je vous remercie quand même. »

Quelques siècles… c’est un peu vague. Je suppose qu’il n’a pas la meilleure mémoire…

« Pas de problème ! Si je m’en souviens, je te le ferai savoir ! Bwahahahahaha ! »

« Je vous en serais reconnaissant. »

« Tu es tellement ennuyeux, mon garçon. Rigole avec moi pour une fois ! Bwahahahaha ! »

Badigadi semblait certainement être un homme qui profitait de la vie. Je n’avais rien dit de particulièrement drôle dans toute cette conversation, mais il ne semblait jamais s’arrêter de rire.

Je m’étais souvenu de la nuit où j’avais rencontré Ruijerd. C’était en riant ensemble que nous avions établi un lien personnel. Peut-être que le rire était une sorte de langage commun ici. Si la personne à qui je parle rit, il était probablement impoli de ne pas répondre de la même manière.

Très bien, alors, faisons ça.

« Bwaaahahahahahahaha ! »

« Bien ! C’est comme ça, mon garçon ! Kishirika disait toujours ceci : on rit d’abord, on réfléchit après ! En y pensant, ne riait-elle pas la dernière fois qu’elle est morte ? ! Bwahahahaha ! »

Badigadi se mit à rire une fois de plus. Malgré son apparence effrayante, il ne semblait pas être un si mauvais garçon.

Pendant que nous riions, le groupe de spectateurs derrière nous commença à faire un peu de chahut. Je m’étais retourné pour voir ce qui se passait. On aurait dit qu’il y avait une sorte d’agitation au milieu de la foule. Je pouvais à peine distinguer le son des voix qui criaient.

« Laissez-moi passer ! Je dois lui donner son bâton ! »

« Arrête ! Si tu le lui donnes, il devra commencer le duel ! »

« Mais si le duel commence quand même ? Tu vas juste rester là et le laisser mourir ?! »

« Ce n’est pas ce que je… »

« Laissez-moi faire ! »

« Ah ! Zanoba ! »

« Zanoba Shirone ? ! Lâchez-moi ! Lâchez-moi… Aïe ! Aïe, aïe, aïe ! »

Soudainement, Maître Fitz jaillit de la foule et se précipita vers moi à une vitesse féroce. Ce type était vraiment rapide sur ses pieds. Il devait bouger trois fois plus vite que moi. Peut-être devrions-nous le peindre en rouge et lui coller une corne sur la tête…

« Hah… hah… Je suis désolé, Ru… Rudeus. Les professeurs ont essayé de m’arrêter… »

Haletant pour respirer, Fitz s’était arrêté devant moi. Il tenait mon bâton dans ses bras.

« Tu es, euh… un sacré bon coureur, Fitz. »

« Huh… ? Hah… Non. Mes chaussures sont des objets magiques, c’est tout… »

J’avais regardé les bottes que Fitz semblait toujours porter. Je n’avais même pas réalisé qu’elles étaient de nature magique. Sa cape était probablement enchantée aussi, hein ? Il ne l’enlevait jamais, même quand il faisait chaud dehors.

« Sans blague ? Ces lunettes de soleil sont-elles aussi magiques ? »

« Hah… hah… Oh, celles-ci. Oui, elles sont… euh, attends. Désolé, c’est un secret… »

Fitz rit doucement et sourit d’embarras.

Pourquoi ce type devait-il avoir l’air si mignon quand il riait ? Il faisait faire des choses bizarres à mon rythme cardiaque.

« Hah… Bref, voilà. Bonne chance, Rudeus… Mais ne te surmène pas, d’accord ? Si tu réalises que tu ne peux pas gagner, excuse-toi et fuis. Tu es face à un Roi-Démon. Personne ne va te blâmer. Ta vie est plus importante que ta fierté. »

En hochant la tête, j’avais pris l’Aqua Heartia de Fitz. Cela faisait un moment que je n’avais pas livré une vraie bataille avec cette chose dans mes mains. Faisons ce que nous pouvons, partenaire. Si on s’en sort en un seul morceau, je vais rentrer directement chez moi et épouser ma salade d’ananas adorée…

J’avais lancé un drapeau de mort juste pour le plaisir puis j’avais retiré le tissu d’Aqua Heartia. Fitz avait pris une grande respiration de surprise. Une idée malicieuse surgit dans ma tête, et je n’avais pas pu résister.

« … Fitz, jette un coup d’œil à la pierre magique sur mon bâton. Qu’est-ce que tu en penses ? »

« C’est vraiment gros… »

Oh wôw. Je pense que quelque chose en bas vient de trembler. Qu’est-ce que ça peut être ?

Bon, assez joué.

Badigadi s’était déjà levé et était en train de fléchir joyeusement ses six épaules. Avais-je réussi à gagner assez de temps ? Cela semblait peu probable. Mais je n’avais honnêtement aucune idée de la façon dont j’étais censé lui parler assez longtemps pour que tous les soldats de la ville se rassemblent.

Fitz trotta vers la foule, semblant un peu réticent à me quitter. Personnellement, ça ne m’aurait pas dérangé qu’il reste dans le coin. Un peu de soutien serait bien en ce moment. Sérieusement. De l’aide ? S’il vous plaît ?

« Tu es prêt, mon garçon ? »

« Pour être honnête, je préférerais passer un peu plus de temps à bavarder… »

« Bwahahahaha ! On aura le temps pour ça plus tard ! »

Cela signifie-t-il qu’il n’allait pas me tuer ? Non, il n’était pas prudent de supposer quoi que ce soit. Ce type semblait assez imprudent pour me décapiter accidentellement, en supposant que quelqu’un avec beaucoup de mana pouvait encaisser un coup ou deux.

J’avais envisagé de dire quelque chose. Cela pourrait-il faire mal de lui demander un duel non mortel ?

Badigadi se tenait là nonchalamment, les mains sur les hanches. De ce que je pouvais voir, il n’avait pas l’intention de me charger. Peut-être attendait-il que je lui signale que le combat était engagé. Par mesure de précaution, j’avais activé mon Œil de Prévoyance.

« … Huh ? »

À ma grande surprise, il me montra… rien. Il n’y avait littéralement rien à l’endroit où je savais que Badigadi se trouvait.

« Qu’est-ce qui te fait paraître si étonné, mon garçon ? Ah, je vois. Tu as déjà essayé l’œil de Démon que Kishirika t’a donné, non ? Désolé, mais ces trucs ne fonctionnent pas sur moi. »

Badigadi laissa échapper un grognement de fierté en annonçant cela de manière désinvolte.

Attends, sérieusement ? L’œil du Démon est complètement inutile contre lui ? J’aurais dû m’y attendre de la part d’un Roi Démon… C’était vraiment problématique. Mes chances d’éviter un coup fatal venaient de chuter de façon spectaculaire. Je n’avais rien de spécial, physiquement parlant. S’il me frappait au mauvais endroit, ça pouvait être la fin pour moi.

« Votre Majesté… »

« Appelle-moi Badi. Je permets à ceux qui rient quand je le leur demande de m’appeler par ce nom. »

« Roi Badi, alors. J’ai une proposition à vous faire. »

« Quelle sorte de proposition ? »

« Je voudrais vous demander d’épargner ma vie, même si je perds ce duel. »

Badigadi éclata de rire une fois de plus.

« Bwahahahaha ! Tu supplies pour ta vie avant même que nous ayons commencé ? Tu ne cesseras jamais de m’amuser ! »

« Eh bien, une vie est une chose tragique à gaspiller, ne le croyez-vous pas ? », avais-je dit.

« Ah, oui. Vous, les humains, vous mourez si vite ! J’ai entendu dire que beaucoup d’entre vous le pensaient ! Mais pourquoi es-tu si sûr de perdre ? On pourrait penser qu’une telle masse de mana donnerait à un homme une certaine confiance », répondit le Roi Démon avec un gloussement.

« J’ai failli être tué par quelqu’un appelé le Dieu Dragon il n’y a pas si longtemps. Cela a probablement quelque chose à voir avec ça. »

Le rire de Badigadi s’arrêta brusquement.

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