Mushoku Tensei (LN) – Tome 9 – Chapitre 2 – Partie 3

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Chapitre 2 : Le fiancé insensible

Partie 3

Fitz m’avait beaucoup aidé récemment. Je n’étais toujours pas emballé par tout ça, mais je lui devais de faire un effort.

« Très bien alors. Pour le bien de ta réputation, Maître Fitz, je vais tous les massacrer. »

« Quoi ? ! Ne les tue pas, Rudeus ! »

« C’était juste une blague. Désolé. »

Les gens prenaient ces duels au sérieux, mais il y avait une règle non écrite selon laquelle personne n’était censé en mourir. Pourtant, il y avait peut-être de puissants combattants qui m’attendaient dans cette foule. Je ne pouvais pas me permettre d’être négligent.

Finalement, résigné à mon sort, j’étais sorti de la bibliothèque pour la première fois depuis des heures.

« … C’est quoi ce bordel ? »

J’avais été accueilli par une scène légèrement surprenante. Des dizaines de corps étaient éparpillés sur le sol, mous et immobiles. C’était comme si j’avais erré sur une sorte de champ de bataille.

Tous étaient des hommes bêtes de différentes races, formes et tailles. Certains d’entre eux portaient des uniformes scolaires, mais beaucoup n’en portaient pas.

Oh, attends. Il y a aussi une fille.

C’était l’épéiste que j’avais vue plus tôt. S’était-elle d’une certaine manière mélangée à eux ? Ou peut-être… qu’elle était en amour avec moi depuis le début ?

Alors que je réfléchissais à cette question extrêmement importante, un éclat de rire retentit dans l’air.

« Bwahahahaha ! »

Un homme se tenait debout au milieu des personnes au sol, tenant le dernier de ses ennemis d’une main.

« Je vous reconnais le mérite de m’avoir défié, mes jeunes amis ! C’était une très mauvaise décision de votre part, certes, mais une décision courageuse ! Les étudiants de cette “Université de la Magie” ont clairement du cran ! »

Fitz et moi étions restés figés sur place, bouche bée. Après quelques secondes, j’avais finalement réussi à dire un timide « Euh… »

Jetant de côté le dernier guerrier homme-bête, l’homme s’était retourné pour nous faire face.

« Ohoh ! Ces jeunes hommes m’ont dit de les battre si je ne voulais pas attendre mon tour, et c’est ce que j’ai fait ! Et maintenant, vous êtes venus à ma rencontre, juste à temps ! Excellent, excellent. J’aime les hommes qui tiennent leurs promesses ! »

Il était évident au premier coup d’œil que cet homme était un démon. Sa peau était aussi noire que l’obsidienne, et il avait six bras. Ceux du haut étaient repliés, ceux du milieu pointaient vers nous, et les deux du bas étaient posés sur ses hanches. Ses longs cheveux, qui descendaient jusqu’à sa taille, étaient d’une nuance intéressante de violet.

« Je suis l’immortel Roi-Démon Badigadi ! »

Est-ce qu’il venait de se faire appeler Roi-Démon ? Est-ce qu’on parlait du même genre de Roi-Démon ? Comme celui qui enlevait les jeunes filles du village le plus proche pour satisfaire ses appétits ? Le type qui pouvait faire tout ce qu’il voulait, tant qu’il se battait contre le « héros » occasionnel venu pour le tuer ?

Oui, probablement pas.

La question la plus importante pour l’instant était : qu’est-ce qu’un Roi-Démon pouvait bien faire ici ?

« Je vois que tu as l’Oeil de la clairvoyance, mon garçon ! Tu dois être Rudeus Greyrat ! J’ai entendu parler de toi par ma fiancée, l’impératrice démoniaque Kishirika ! »

Eh bien, au moment où il s’approchait de moi…

« Je te provoque en duel ! »

Très bien. Au moins, il savait comment aller droit au but. Malheureusement, je n’avais toujours aucune idée de ce qui se passait ici. Peut-être qu’il me laisserait tranquille si je lui offrais deux jeunes filles légèrement poilues en sacrifice… ?

◇ ◇ ◇

La nouvelle s’était répandue dans les pays proches de l’Université de Magie de Ranoa à une vitesse remarquable : Un Roi-Démon était apparu.

Normalement, la nouvelle de l’apparition d’un Roi-Démon aurait dû leur parvenir bien avant son arrivée effective. Mais ce Roi-Démon s’était déplacé si rapidement qu’ils ne l’avaient appris qu’au moment où il traversait leur territoire. Les dirigeants de ces nations avaient été plongés dans un état de confusion et de panique.

C’était compréhensible. En règle générale, les Rois Démons ne s’aventuraient jamais en dehors du Continent Démon. Il y eut des Rois Démons belliqueux et agressifs il y a longtemps, bien sûr, mais ils avaient pratiquement tous été exterminés lors de la Guerre de Laplace il y a des siècles. Les survivants qui régnaient désormais sur le Continent Démon étaient pacifiques ou prudents par nature, et largement désintéressés par les conflits.

Mais, quelle que soit leur personnalité, ces rois étaient suffisamment puissants pour prendre le contrôle d’une partie du terrifiant Continent des Démons. Si l’un d’entre eux décidait de se déchaîner sur le territoire des Humains, les dégâts seraient incalculables. Ranoa, Neris et Basherant avaient tous réagi instantanément à l’arrivée de Badigadi, envoyant tous les chevaliers à leur disposition pour l’intercepter, ils avaient également fait appel à la Guilde des Aventuriers pour une assistance d’urgence. Mais leurs forces se trouvaient encore à une certaine distance de l’Université de la Magie.

En guise de palliatif d’urgence, les petites unités de soldats des Nations magiques déjà en garnison dans la ville de Sharia avaient rejoint tous les aventuriers locaux et les membres de la Guilde des mages et avaient encerclé le campus. Dans le pire des cas, ils avaient reçu l’ordre de ralentir le Roi Démon jusqu’à l’arrivée des forces principales.

Cependant, le but de la venue du Roi Démon ici restait un mystère total. Il n’était pas difficile de l’identifier. Il n’y avait qu’un seul Roi Démon avec une peau noire de jais et six bras : Badigadi l’Immortel. C’était l’un des anciens rois ayant vécu avant la guerre de Laplace. Son pouvoir le plus remarquable, comme son nom l’indiquait, était son indestructibilité. En raison de sa nature pacifique, on savait peu de choses sur ses capacités au combat, mais certains historiens pensaient qu’il avait déjà combattu contre Laplace lui-même. Cela signifiait que même le redoutable Dieu Démon n’avait pas réussi à le détruire.

Pourquoi une telle personne était-elle soudainement apparue à l’Université de Magie de Ranoa ? Et pourquoi avait-il erré sur le campus, assommant des étudiants innocents et des hommes bêtes en visite ?

Il faudra un certain temps avant que quiconque n’apprenne les réponses à ces questions.

Rudeus

À ce moment précis, je me tenais au centre du Terrain d’Entraînement Magique Avancé de l’Université… ce qui était le nom fantaisiste donné à cette cour plate et vide. Face à moi se trouvait le Roi-Démon Badigadi. J’avais gardé la tête haute et j’avais croisé les bras pour tenter de projeter une certaine confiance, mais pour être parfaitement honnête, je paniquais un peu. Mais peut-on vraiment m’en vouloir ? Dans quelle mesure seriez-vous calme si vous aviez un énorme démon tank à six bras qui vous regardait comme ça ?

Bon, d’accord. Je dois l’admettre que j’avais l’impression d’être assez puissant ces derniers temps. Mais on parlait d’un Roi-Démon là. C’était une entité que même une personne assez puissante ne pouvait pas affronter. J’avais l’impression que l’univers me punissait pour mon arrogance. J’avais honnêtement envie de m’enfuir en hurlant dans les collines.

J’avais regardé derrière nous et je vis qu’on avait attiré une énorme foule de curieux. Il semblait y avoir un mélange équilibré d’étudiants et d’étudiantes, ainsi qu’un bon nombre de professeurs. Si je tournais les talons et courais ici, qu’allaient-ils penser de moi ?

En y réfléchissant bien, je n’en avais en fait rien à faire de ça. Mais j’avais l’impression d’avoir perdu ma chance de m’échapper.

Tout à coup, quelqu’un traversa la foule des spectateurs et trotta vers moi à vive allure. C’était un homme âgé qui portait une perruque un peu voyante. Le look lui allait cependant bien.

« J’ai entendu parler de la situation par Jenius. Mes excuses, mais pourriez-vous nous faire gagner du temps ? Nous rassemblons nos forces aussi vite que possible. »

Sur ce, il se retourna et alla dans la foule.

Mais au fait, qui était censé être ce type ? J’avais l’impression de l’avoir déjà vu quelque part. Ça ne me revenait pas pour l’instant, mais je comprenais au moins ce qu’il essayait de me dire. Le vice-principal Jenius était au courant de la situation, et il allait me sortir de ce pétrin si je parvenais à gagner suffisamment de temps. C’était agréable d’avoir des gens avec de l’influence de votre côté parfois.

« Hrm. Le garçon prend certainement son temps… », dit Badigadi en me regardant les bras croisés.

« Je ne pense pas qu’il en ait pour longtemps », avais-je répondu.

Pour l’instant, Fitz était parti me chercher mon fidèle bâton Aqua Heartia. À ma demande, Badigadi avait accepté d’attendre qu’il arrive. Je ne m’attendais pas à ce que Fitz prenne autant de temps. La bibliothèque n’était pas très loin de mon dortoir, et j’avais laissé le bâton juste à côté de mon lit avec un drap dessus. Il devrait être assez facile à trouver.

« Hm. Je me suis précipité ici parce que je sais que vous, les humains, êtes toujours pressés, mais tu sembles être assez calme, mon garçon. Je n’en attendais pas moins de quelqu’un qui a intrigué ma fiancée. »

« Votre fiancée… je suppose que vous parlez de, euh… l’Impératrice Kishirika, correct ? »

« En effet », Badigadi acquiesça fermement.

Je n’avais bien sûr pas oublié l’impératrice démoniaque Kishirika Kishirisu. C’était elle qui m’avait donné mon Œil de Démon. Au début, je n’avais pas cru qu’elle était la vraie, et elle était partie si brusquement que j’étais trop abasourdi pour comprendre ce qui s’était passé…

Mais pourquoi son fiancé venait-il me combattre maintenant, après tout ce temps ? Il ne cherchait sûrement pas à épouser Linia ou Pursena.

« Vous savez, Votre Majesté, je n’ai eu qu’une brève conversation avec l’impératrice. Mais elle m’a accordé cet Œil de Démon. »

« Elle n’arrête pas de dire à quel point tu es impressionnant, mon garçon ! Cela fait des années que je ne l’ai pas entendue parler de quelqu’un avec une telle excitation dans la voix. Je suis un homme très tolérant, bien sûr, mais j’admets que j’étais un peu jaloux ! »

Jaloux ? Sérieusement ? Ce n’est pas comme si j’avais fait quelque chose avec elle, non ? Pourquoi serait-il en colère contre moi ? Était-ce à cause de la blague que j’avais faite sur le fait de vouloir coucher avec elle ? Ça n’avait cependant servi à rien. Elle m’avait rejeté parce qu’elle avait un fiancé… qui devait être ce type. C’est ça.

« Je n’ai rien de spécial, je vous assure. Je ne suis rien d’autre qu’un triste et pitoyable vermisseau humain. Je ne vois pas pourquoi un Roi-Démon comme vous serait jaloux de moi… l’Impératrice des Démons a dû exagérer quelque peu », avais-je dit de la voix la plus calme que j’avais pu faire.

Badigadi répondit en éclatant de rire, comme si j’avais fait une blague vraiment hilarante.

« Bwahahahaha ! Ne sois pas modeste, mon garçon ! J’ai entendu parler de cette étonnante réserve de mana que tu as en toi. »

Étonnante était un mot fort. Oui, il devenait évident que j’avais beaucoup plus de mana que la plupart des gens. Mais ce n’était sûrement pas assez impressionnant pour rendre jaloux un véritable Roi-Démon… non ?

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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