Mushoku Tensei (LN) – Tome 9 – Chapitre 1 – Partie 6

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Chapitre 1 : Le secret du prodige

Partie 6

Une semaine plus tard, j’étais arrivé à ma classe mensuelle et j’avais trouvé un certain couple se livrant à une démonstration publique et effrontée d’affection. Une grande femme était assise sur les genoux de son petit ami, le regardant amoureusement dans les yeux.

« La magie combinée n’est pas trop difficile une fois que tu as mémorisé tous les phénomènes physiques fondamentaux. Même si tu ne peux pas encore utiliser deux écoles de magie, tu peux imiter les effets de l’une d’entre elles en tirant parti des forces naturelles. »

« Comme c’est intelligent ! Tu sais vraiment tout, Cliff. »

« Eh bien, je ne dirais pas ça… »

Je connaissais les deux personnes concernées. C’était Cliff et Elinalise. Je m’étais lentement approché et je les avais simplement regardés, la tête inclinée.

« Hm ? Oh, Rudeus ! Merci encore pour l’autre jour ! »

Cliff essaya de se lever pour saluer, mais en raison de la femme sur lui, il avait dû se contenter de baisser la tête en signe de gratitude.

« De rien, Cliff. Elinalise, vous voulez bien m’expliquer la situation ? »

Elinalise m’avait souri gentiment depuis son nouveau siège.

« Eh bien, on sort ensemble maintenant. »

Okaaay. Mais pourquoi ? Ce n’était pas du tout comme ça que ça devait se passer…

« Euh, ce n’est pas… ce que tu as décidé à l’avance, si ? »

« Que veux-tu, Rudeus ? Sa proposition était si audacieuse et passionnée ! Il a dégelé mon cœur instantanément ! »

Attends, sa demande en mariage ? On a sauté quelques dizaines d’étapes à un moment donné, ou c’est juste moi ?

« Franchement, Elinalise. Tu m’embarrasses. »

« Je cite : je vais lever ta malédiction, quoi qu’il arrive ! Alors, s’il te plaît… épouse-moi ! »

« Hé, arrête ça ! »

« Oh, tu aurais dû aussi le voir à l’auberge cette nuit-là. Si innocent, si impatient… Oh non, je suis excitée rien que d’y penser… »

« Allez, sérieusement… On est en public, Elinalise… »

Le visage de Cliff était rouge vif. Malgré toutes ses protestations, il n’avait pas l’air d’être particulièrement contrarié.

Eh bien, je suppose que je dois te féliciter pour la perte de ta virginité. Tout ça était légèrement odieux, mais ça ne me dérangeait pas tant que ça, peut-être parce que j’avais au moins une certaine expérience maintenant. Ou peut-être parce que je connaissais les habitudes d’Elinalise. Mais bon… il était clair qu’elle lui avait parlé de la malédiction. C’était une bonne raison de ne pas entamer une relation exclusive avec quelqu’un, et c’était bien réel, mais…

pourquoi diable Cliff aurait-il réagi en demandant sa main ?

« À partir de maintenant, je vais me restreindre autant que possible. Pour le bien de Cliff, bien sûr. »

« Je te l’ai dit, ne te force pas. C’est une malédiction, ce n’est pas quelque chose que tu peux contrôler. Tant que ton cœur m’appartient, rien d’autre ne compte… »

« Oh, Cliff… tu sais que c’est le cas. C’était toujours purement physique, avec les autres… mais je suis à toi corps et âme… »

Elinalise se blottit contre Cliff, enchantée, tandis qu’il lui caressa doucement les cheveux. Un instant plus tard, ils se regardaient dans les yeux. À portée de main, naturellement.

« Elinalise… »

« Cliff… »

Super. Maintenant, ils s’embrassent. Ils avaient apparemment oublié que j’existais et ils avaient commencé à s’embrasser sans vergogne.

Était-ce ce que Cliff voulait ? Être ce mec ? Le genre de gars qui embrassait dans la classe ? J’avais l’impression qu’il devrait y repenser. Elinalise disait tout ce qu’il fallait, mais je ne pouvais m’empêcher de penser qu’elle le gardait dans les parages comme une solution de secours. L’amour avait rendu ce pauvre gars aveugle ou quoi ?

J’avais pris une grande inspiration, sur le point de dire ce que je pensais, mais je m’étais forcé à m’arrêter. J’avais accepté de les présenter à la condition que personne ne se plaigne du résultat. Il serait ridicule pour moi de m’y opposer maintenant.

J’avais jeté un coup d’œil au fond de la classe et j’avais trouvé les trois autres totalement désintéressés. Pursena mâchouillait un morceau de viande séchée et Zanoba parlait à Julie d’un personnage qu’il avait aperçu sur la place du marché l’autre jour. Julie écoutait attentivement, sans même jeter un coup d’œil au couple qui se trouvait devant.

Linia était la seule qui semblait être dérangée. Elle arborait une mine renfrognée et irritable. Je m’étais approché pour lui parler en premier.

« Patron, c’est quoi le problème avec cette femme ? J’ai fait un petit commentaire et elle m’a traité de tous les noms… »

« Pour être honnête, je ne suis pas sûr non plus. »

La situation était vraiment bizarre, mais j’avais pris un moment pour essayer de la comprendre. Quand j’étais parti l’autre jour, Elinalise était déterminée à rejeter Cliff fermement et complètement. Et d’après ce que j’avais entendu, elle avait commencé la conversation sur cette note. Quoi que vous puissiez dire d’autre sur elle, c’était une personne honnête. Elle avait probablement donné à Cliff tous les détails sur sa malédiction, et expliqué que les rumeurs à son sujet étaient en fait vraies.

Et pourtant, il avait répondu en la demandant en mariage. En jurant de lever sa malédiction et en demandant sa main, il l’avait apparemment convaincue… d’une certaine manière. Je n’avais aucune idée de la façon dont ce plan avait pu traverser l’esprit de Cliff. Son processus de pensée était un vrai mystère.

Mais si je me plaçais du point de vue d’Elinalise ? Ce jeune homme avait promis de lui consacrer sa vie, et de l’aider à échapper à sa malédiction. Si quelqu’un te lançait une telle proposition comme ça, sans crier gare… ça pourrait marcher ? Est-ce que tu tomberais vraiment amoureux d’elle, juste comme ça ?

Je pouvais quand même voir cette proposition faire un grand effet. Cette malédiction affligeait Elinalise depuis de très nombreuses années. On ne savait pas si Cliff pouvait vraiment la lever, mais il avait promis de faire de son mieux pour que cela arrive. Cela signifiait probablement beaucoup pour elle. Même si elle appréciait surtout ses escapades nocturnes, la malédiction lui avait probablement causé beaucoup de tristesse et de douleur.

Peut-être que c’était aussi simple que ça. Peut-être que ses promesses étaient suffisantes pour la convaincre. Mais il y avait plus que ça, non ? Cliff lui avait montré de la vraie bravoure et de la passion.

« Hé, patron ! Je viens d’avoir une super idée ! »

« Laquelle, Linia ? »

« On devrait aussi commencer à sortir ensemble ! Mew ! Faisons goûter à ces crétins leur propre médecine ! »

Ce n’était clairement pas une idée à laquelle Linia avait sérieusement réfléchi, mais je m’étais surpris à vouloir tenter cette petite expérience.

« Je pourrais être prêt à tenter le coup. Dis-moi cependant une chose. Si je te prends au mot, tu m’aiderais à trouver un remède à mon impuissance ? », dis-je lentement.

« Hein ?! », dit Linia… et tous les autres dans la pièce, à l’exception d’Elinalise.

Toutes les têtes s’étaient tournées dans ma direction. Cinq personnes à l’air très confus me fixèrent en silence pendant quelques longues secondes.

Quoi ? Ce serait si bizarre que je sorte avec Linia ?

« Tu nous as entendus tout à l’heure ? », demande Linia, la voix hésitante et nerveuse.

« De quoi est-ce que tu parles ? »

« Eh bien, au déjeuner, euh… Pursena et moi parlions de la façon dont tu nous as attachées et déshabillées, sans même t’accoupler avec nous, tu vois ? Miaou… On disait que ta saucisse ne fonctionne même pas correctement. »

Petites crétines. Je vais leur donner une bonne leçon…

Au moment où j’avais jeté un coup d’œil à Pursena, celle-ci détourna immédiatement les yeux.

« On ne se moquait pas de toi, patron. C’est juste que… tu ne semblais pas très intéressé quand tu nous touchais. On s’était dit qu’il y avait peut-être un problème. »

Tout à coup, tout le monde dans la classe me regardait avec pitié et non plus avec confusion. Apparemment, ils avaient réagi au terme impuissance, pas au fait que je sorte avec Linia. Est-ce qu’un petit dysfonctionnement érectile était vraiment si inhabituel par ici ?

« Honnêtement, on n’allait pas le répandre, patron. C’est Linia qui a fait la blague de la saucisse. Elle est parfois un peu bête. »

« Tais-toi, Pursena ! Tu as dit que ce n’était qu’une mauviette inoffensive qui n’avait pas le courage de nous faire des avances ! »

« C’était un compliment, idiote. »

« Miaou ?! »

J’avais secoué la tête alors qu’elles se lançaient dans leur habituel va-et-vient, et je m’étais approché pour prendre mon siège.

« C’est bon, vraiment. Ce n’est pas comme si je faisais tout pour garder ça secret. »

« Oui ! Qui se soucie que tu sois impuissant, patron ? Ce n’est pas comme si on allait penser le contraire de toi ! Miaou ! »

« C’est vrai. Tu es peut-être impuissant, mais tu es toujours le chef, patron ! »

Super, c’est très touchant. Tu pourrais arrêter de répéter le mot « impuissant » maintenant ? Ça commence à m’énerver un peu. Peut-être que j’aurais dû finalement garder ça secret…

« Il ne faut pas te laisser abattre, Maître ! », dit joyeusement Zanoba en me tapant sur l’épaule.

« Nous avons nos figurines ! Laissez-nous vivre pour elles ! »

Julie inclina la tête d’un air incertain.

« Maître, ça veut dire quoi impo-tent ? »

« Eh bien, je suppose que cela signifie que tu ne peux pas remplir le rôle attendu d’un homme… mais ce n’est guère important. Cela n’a aucun rapport avec la création de figurines. »

« Hmm… »

Zanoba essayait-il vraiment de me remonter le moral ? Je voyais bien qu’il choisissait ses mots avec soin…

« Et moi qui pensais que tu n’étais qu’un pervers, patron… Je suppose que tu cherchais simplement un remède à ta maladie, hein ? J’en ai la larme à l’œil, c’est vrai… miaou. »

« Je t’aiderai du mieux que je peux, Patron. Tant que tu me donnes de la viande d’abord. »

Le chat et le chien avaient aussi offert quelques expressions forcées de sympathie. Mais ça ne m’apportait pas grand-chose. En tout cas, je ne tombais définitivement pas amoureux d’elles.

« Pour ce que ça vaut, Rudeus, j’ai appris à entendre les confessions dans le cadre de ma formation. Ils ont dit que je n’avais pas beaucoup de talent dans ce domaine, mais je pourrais peut-être discuter avec toi, au moins. Fais-moi savoir si tu as besoin de quelqu’un pour te prêter une oreille, d’accord ? »

D’un autre côté, les mots de Cliff semblaient chaleureux et authentiques. C’était vraiment le genre de chose qui pouvait gagner le cœur d’un homme. Dommage que je ne sois pas gay. Mais je pouvais comprendre ce qu’Elinalise avait dû ressentir l’autre jour.

Bref, passons. Cliff et Elinalise sortaient maintenant officiellement ensemble. J’avais du mal à croire qu’Elinalise serait capable de résister à l’envie de coucher à droite et à gauche. Et j’étais certain que Cliff ne pourrait pas supporter ça longtemps. Tout allait bien pour le moment, mais il était évident que leur relation allait finir par s’effondrer.

Mais je n’avais bien sûr pas l’intention de le dire.

Dans un autre ordre d’idées, les autres élèves spéciaux étaient maintenant au courant de mon état. La conversation avait été extrêmement gênante, mais au moins ils m’avaient offert leur coopération.

Peut-être que j’avais fait mon premier vrai pas en avant ici. Peut-être. Je voulais juste m’occuper de ce truc pour pouvoir échanger ma salive avec quelqu’un.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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