Mushoku Tensei (LN) – Tome 8 – Chapitre 4

***

Chapitre 4 : Le début de ma vie scolaire

***

Chapitre 4 : Le début de ma vie scolaire

Partie 1

Un mois s’était écoulé depuis mon inscription. La vie scolaire de Rudeus le Quagmire était monotone. D’abord, je me réveillais le matin, puis, comme c’était devenu ma routine quotidienne, je commençais mon entraînement. D’après un manga que j’avais lu dans ma vie antérieure, il y avait un homme qui faisait des pompes et des accroupissements une centaine de fois, courait dix kilomètres et sacrifiait ses cheveux afin d’obtenir assez de puissance pour devenir le plus fort du monde. Mais comme je ne voulais pas perdre mes cheveux, j’avais donc dû travailler un peu plus dur que lui. Notamment en m’entraînant avec mon épée en bois. Un tel entraînement n’avait de valeur que parce que je continuais à le faire quotidiennement.

Apparemment, il y avait d’autres personnes dans cette université qui étaient également passionnées par l’exercice, parce que j’avais repéré une fille qui allait encore faire son jogging ce matin. Je n’avais pas vu son visage parce que son chapeau était tiré sur ses yeux, mais elle avait l’air en forme, même si elle était un peu mince.

De retour dans ma chambre, j’avais fait un peu d’entraînement à la magie. Pour la première fois depuis longtemps, je faisais à nouveau une figurine. Zanoba n’arrêtait pas de me harceler pour que je lui apprenne mes compétences, c’était donc en partie un cours de rattrapage pour moi. Mais je n’avais pas fait beaucoup de progrès avec celle-ci, car Zanoba m’interrompait sans cesse pour me convoquer au petit déjeuner. L’ordre des repas dans la cafétéria du dortoir était déterminé par l’année scolaire et la position sociale, mais ils étaient indulgents avec les délais. Après tout, ils étaient occupés le matin.

Après le repas, je m’étais séparé de Zanoba et m’étais dirigé vers la bibliothèque. Mes recherches sur la téléportation étaient devenues intéressantes. Quand la cloche de midi sonnait, Zanoba et moi déjeunions ensemble. Il me posait des questions sur des choses qu’il n’avait pas comprises en classe, et je répondais du mieux que je pouvais. Zanoba ne prenait que des cours de magie de la terre, mais il travaillait toujours dur, à sa façon.

Nous prenions nos repas à l’extérieur. Elinalise venait parfois, mais apparemment Zanoba n’avait pas l’air d’un « homme bon » à ses yeux, alors elle s’enfuyait rapidement. Je lui avais demandé comment elle gérait sa situation, puisqu’elle n’était pas autorisée à faire entrer des hommes dans le dortoir des femmes, et elle m’avait répondu qu’elle allait en ville la nuit pour se désaltérer. Elle était d’une endurance impressionnante.

Par ailleurs, cette cafétéria avait beaucoup de nourriture qui répondait à mon palais. Il y avait des choses comme le nanahoshiyaki (le pseudo-karaage), ainsi que quelque chose qui avait un goût similaire au curry, appelé soupe au karité. Ce n’était pas étonnant, mais j’aimais bien que cela ait le goût de quelque chose de ma vie précédente. Ils avaient certainement maintenu un menu que les différentes races ici pouvaient apprécier.

L’après-midi, je suivais un cours sur les bases de la magie de guérison, de la magie divine et de la magie de barrière. La magie divine était particulièrement efficace contre les créatures de type fantôme ou les bêtes sous forme gazeuse. D’un point de vue théorique, je m’étais dit que c’était probablement similaire à la magie de perturbation, utilisant le mana dans sa forme la plus brute pour frapper votre adversaire. Il était vrai que le simple fait de frapper quelque chose avec du mana pur n’occasionnait que peu de dégâts, il devait donc il y avoir quelque chose de plus. Peut-être que je pourrais comprendre ce genre de choses si j’avais été un exorciste dans ma vie précédente. En fait, j’apprenais juste la théorie qui se cachait derrière et je mémorisais chaque incantation.

On m’avait appris qu’il fallait changer le type de magie que vous utilisiez pour contrer votre adversaire. Si vous vouliez devenir un magicien divin compétent, il était important que vous soyez capable d’analyser votre adversaire. Mais cette exigence ne s’appliquait-elle pas au-delà de la magie divine ? Sur ce point, des combattants à l’épée de premier ordre pouvaient apparemment couper à travers les fantômes. Pas besoin d’analyse. J’avais vu un certain nombre de bêtes de type fantôme lorsque j’étais aventurier, mais jamais un combattant à l’épée qui pouvait les transpercer.

La magie de type barrière était, comme son nom l’indiquait, une magie où l’on créait un mur protecteur. Ils étaient essentiellement construits à l’aide de cercles magiques, mais au niveau débutant, vous pouviez également les créer par incantation. Le Bouclier magique avait le pouvoir d’isoler les flammes ou le froid et de réduire leur effet. Les briques résistantes à la magie de l’université, ainsi que la cheminée de l’auberge, avaient très probablement été développées à partir de cette magie.

S’il y avait un bouclier qui pouvait protéger de la magie, il y en avait sûrement un pour les attaques physiques ? Quand j’avais interrogé le professeur à ce sujet, ils m’avaient dit que la foi Millis possédait les droits à la fois sur la magie divine et la magie de barrière, de sorte que l’université ne pouvait enseigner que les niveaux de base des deux. Apparemment, le Bouclier physique était un sort de niveau intermédiaire et je ne pouvais pas l’apprendre. Le professeur pouvait utiliser cette magie et même l’enseigner, mais c’était illégal de le faire. S’ils enfreignaient la loi et se faisaient prendre, la foi de Millis les traquait et les faisait passer en jugement.

En fait, il fut un temps où l’université n’était même pas autorisée à enseigner les bases de ces écoles de magie. Mais il y a environ deux ans, et après avoir accepté certaines conditions, ils avaient enfin reçu l’autorisation. Dans ces circonstances, on m’avait dit que la classe allait plutôt se concentrer sur la manière de briser les barrières.

Il y avait deux types de barrières, celles contre la magie et celles contre les attaques physiques. Une fois qu’une personne était de rang Saint et au-dessus, elle pouvait créer des barrières qui combinaient les deux aspects. Il y avait aussi d’autres utilisations, comme une barrière pour se protéger et une barrière pour enfermer quelque chose à l’intérieur.

Mon ancienne professeur Roxy m’avait également enseigné les barrières, mais à l’époque, je me contentais de savoir qu’elles existaient et j’avais plus ou moins ignoré le reste de ses propos. Il était donc instructif de les revoir et de demander à quelqu’un de me les expliquer à nouveau.

J’étais retourné à la bibliothèque une fois le cours terminé. Là, j’avais passé mon temps à faire des recherches sur la téléportation jusqu’à ce qu’il fasse nuit dehors. Techniquement, j’avais fait une chasse dans les ouvrages, mais comme la magie de la téléportation était considérée comme un art interdit, il n’y avait rien de détaillé. Le livre dont Maître Fitz m’avait parlé, le compte rendu de l’exploration du labyrinthe de la téléportation, était peut-être l’information écrite la plus complète qui existait.

Après cela, j’étais rentré au dortoir, j’avais dîné, puis, après avoir un peu travaillé sur la figurine, j’étais allé me coucher. Mon mode de vie était devenu routinier et je commençais à me sentir détendu, mais l’appétit de mon petit bonhomme, ou plutôt son manque restait inchangé. Le cours de magie de guérison n’avait jamais abordé aucun sujet lié aux troubles de l’érection, bien sûr, et il n’y avait pas non plus de livres sur la façon de guérir d’une telle condition dans la bibliothèque.

Il n’y avait aucun signe de guérison.

◇ ◇ ◇

Puis, un jour, quelque chose s’était produit.

C’était le soir et j’étais à la bibliothèque en train de faire des recherches sur la téléportation quand Maître Fitz s’était approché avec ses cheveux blancs et ses lunettes de soleil. Il avait une cape un peu à la mode sur son uniforme scolaire, des bottes d’apparence robuste et des gants blancs bien ajustés. Je l’avais déjà croisé plusieurs fois, mais j’avais l’impression qu’il portait toujours les mêmes affaires.

« Rudeus, ça te dérange si je m’assieds à côté de toi ? »

« M’asseoir à côté de moi ? Cela donne l’impression que nous sommes des étrangers. Tiens, assieds-toi à côté de moi, s’il te plaît. Je l’ai réchauffé pour toi. »

« Ahaha, désolé pour le dérangement. »

Maître Fitz avait souri et il s’était assis. Il avait l’air de quelqu’un qui savait réagir aux situations sociales. Une fois que j’avais déplacé les sièges et continué ma lecture, il jeta un coup d’œil pour voir ce que j’avais dans les mains.

« Fais-tu des progrès ? »

Cela faisait une semaine que nous n’en avions pas parlé. Je fouillais tous les jours dans des livres au sujet de la téléportation.

« Je sais maintenant qu’il y a apparemment eu d’autres incidents dans le passé qui ressemblaient à ce qui s’est passé dans la région de Fittoa », avais-je dit.

Après tout, Fitz m’avait donné une longueur d’avance sur mes recherches, alors j’avais décidé que partager ce que j’avais trouvé était une façon de montrer ma gratitude. Et de toute façon, ce n’était pas quelque chose qui valait la peine d’être caché.

« Ce n’était pas à une échelle aussi grande que la téléportation de Fittoa, mais il y a eu des cas de personnes qui ont brusquement disparu un jour et qui sont soudainement revenus un autre jour. »

En d’autres termes, être emporté par l’esprit. Une personne seule disparaissait et réapparaissait ensuite soit dans un autre endroit, soit au même endroit. Ce phénomène était assez courant… enfin, pas tout à fait, mais il semblerait se produire occasionnellement.

« Je me demande si c’est la même chose que la téléportation de la région de Fittoa ? »

« Difficile à dire… hm ? »

Quand j’avais regardé ce qui se trouvait dans les mains de Maître Fitz, j’avais remarqué qu’il tenait un livre sur la téléportation.

« Peut-être m’aideras-tu ? »

Il secoua la tête quand je lui avais demandé.

« Non. Je fais aussi des recherches sur l’incident de téléportation. »

« Alors, c’est ça. Pourquoi te donnes-tu tant de mal ? Est-ce la Princesse Ariel qui te l’a ordonné ? »

« Pas tout à fait… »

Il avait mis sa main sur son menton comme s’il considérait sa réponse et les commissures des lèvres s’étaient levées alors qu’il riait. Son rire était un rire d’autodérision.

« À vrai dire, une de mes connaissances a disparu pendant l’incident. »

« Oh, euh, je ne sais pas trop quoi dire… »

Je m’étais souvenu de la liste des personnes décédées au camp de réfugiés — combien de centaines de noms y figuraient. Cela faisait cinq ans que la catastrophe avait eu lieu. Les chances de survie des personnes encore portées disparues étaient pratiquement nulles. J’étais sûr que les connaissances de Maître Fitz et tous les autres disparus étaient probablement déjà décédés. J’étais l’un des chanceux puisque toute ma famille était encore en vie.

« Oh, pour être franc j’ai récemment découvert qu’ils sont toujours en vie », intervint Fitz.

« Hein ? Oh, vraiment ? »

« Oui. J’avais fait des recherches sur la téléportation jusqu’alors, en pensant que si je pouvais trouver le schéma derrière les endroits où les gens étaient téléportés, alors cela rendrait leur recherche plus facile. C’est pourquoi je me suis penché sur la question. »

Un schéma derrière l’endroit où les gens avaient été téléportés, hein ? Intéressant, je n’avais jamais envisagé cela auparavant.

« Incroyable comme toujours, Maître Fitz. C’est une idée perspicace. »

« Non, ce n’est vraiment pas si spécial. En plus, je n’ai finalement même pas eu besoin de les chercher », répondit Fitz, la tête baissée.

D’après ce que j’avais entendu, la deuxième princesse avait perdu sa position environ un an après l’incident de téléportation. Bien sûr, il devait y avoir des signes montrant qu’elle se dirigeait sur ce chemin avant même cette date, et en tant que garde du corps, Maître Fitz devait être très occupé pendant cette période.

« Ce n’est pas ta faute. »

Les gens avaient leurs propres devoirs à remplir. Il ne pouvait pas simplement les abandonner pour participer à leur propre recherche. En fait, il avait utilisé sa position pour accéder à la bibliothèque de l’université et faire des recherches sur l’incident. Le fait qu’il savait que sa connaissance avait été retrouvée signifiait également qu’il avait recueilli des informations. Il avait sa propre vie à vivre et son propre travail à faire, mais même alors, il avait fait ce qu’il pouvait. À mon avis, c’était suffisant.

« Au lieu de nous attarder sur le passé, réfléchissons à ce qu’il faut faire à partir de maintenant. Et sur cette note, pourrais-tu me dire ce que tu as trouvé, Maître Fitz ? »

« Oui, bien sûr. Je peux rassembler mes conclusions et les apporter demain. Mais n’en attends pas trop. Je ne suis pas très doué pour faire des recherches, donc je ne peux pas découvrir des choses aussi vite que toi. »

Il n’avait pas l’air très confiant. Fitz avait dit qu’il était en quatrième année, non ? Il suivait des cours, faisait office de garde du corps et, d’après ce que j’avais entendu l’autre jour, effectuait également des tâches de routine pour la princesse Ariel. Il avait également mentionné qu’il était impliqué dans le conseil des étudiants. Même s’il avait tout cela en tête, il avait quand même mené ses recherches, refusant d’échapper à l’affaire sous prétexte qu’il était « trop occupé ». Cela le rendait incroyable à mes yeux.

« J’ai juste plus de temps à y consacrer que toi », lui avais-je assuré.

***

Partie 2

Après tout, je passais tout mon temps avant midi à examiner l’affaire. J’avais en fait vu l’épicentre de la catastrophe, et avec les connaissances que j’avais acquises dans ma vie précédente, j’avais une certaine capacité à prévoir les choses.

« Euh, hum… hey, Rudeus. Il y a quelque chose dont je veux te parler. »

Fitz se grattait soudain l’arrière de l’oreille en regardant vers ses genoux et en marmonnant.

J’avais incliné ma tête.

« Oui, qu’est-ce qu’il y a ? »

Je lui étais aussi redevable pour m’avoir aidé l’autre jour. Quoi que ce soit, je voulais qu’il se sente libre de me le dire.

« J’aimerais que tu me laisses t’aider dans tes recherches sur l’incident de téléportation. »

Je m’étais senti incroyablement humilié par son offre.

« Non, en fait, c’est moi qui devrais t’aider. Je suis celui qui a commencé mes recherches récemment. Je n’ai même pas beaucoup d’informations sur le sujet. »

« Mais je n’ai pas beaucoup de temps à y consacrer. Même si nous nous associons, la majeure partie du travail t’incombera. Est-ce que cela… te dérange ? Avoir quelqu’un comme moi qui viens ici de temps en temps, mais qui m’immisce dans tes recherches. »

Cela pourrait me déranger si quelqu’un qui passait très peu de temps pour m’aider venait ici juste pour critiquer mes progrès, mais il ne semblait pas qu’il était enclin à le faire. De plus, il était probablement préférable de faire intervenir quelqu’un qui a un point de vue différent plutôt que de travailler tout seul, non ? De toute façon, je n’étais pas si intelligent que ça et Fitz était considéré comme un génie, il pourrait donc être capable de trouver quelque chose dans les données que j’avais recueillies.

« Ça ne me dérange pas. J’ai hâte de travailler avec toi. »

« Oui, moi aussi. »

On s’était serré la main, Fitz m’avait alors fait un sourire en coin. Le regard sur son visage, combiné à la douceur de sa main, fit battre mon cœur.

Est-ce que je me sentais sérieusement comme ça envers un gars… Non, c’était absurde. Mes émotions s’éloignaient tout simplement de la réalité.

Après cela, j’avais rassemblé ce que j’avais recherché pour la journée et j’étais rentré chez moi. Lorsque nous avions quitté la bibliothèque, il faisait déjà nuit dehors. Maître Fitz et moi avions eu une petite conversation en retournant aux dortoirs. Entre son rôle de garde du corps de la princesse et les tâches qu’il devait accomplir pour elle, il était occupé tous les jours, mais une fois tous les dix jours, il avait du temps libre le soir.

« Au fait, je t’ai vu à midi. Tu étais incroyable. »

À midi ? J’avais penché la tête suite à ces mots. Qu’est-ce que je faisais ?

« J’ai été choqué de voir le Zanoba Shirone te suivre comme un petit chiot. »

« … Hah. »

À midi, il voulait dire quand nous mangions à la terrasse de notre insta-café, baignant dans l’attention des étudiants environnants.

« Tu ne le sais peut-être pas, mais quand il s’est inscrit pour la première fois, il était un violent fauteur de troubles qui se battait avec tout le monde. »

J’avais ri amèrement en entendant la partie « fauteur de troubles ». J’aurais dû le deviner. Il semblait qu’il n’était après tout pas malmené. C’était en fait assez logique : quelqu’un qui pouvait arracher la tête d’une personne à mains nues ne se faisait pas malmener aussi facilement.

« Bien qu’il se soit finalement calmé, après que Linia et Pursena — deux élèves mal élevés — l’aient finalement maté. »

Linia et Pursena étaient donc apparemment les chefs des délinquants. Elles avaient défié le nouvel étudiant Zanoba, qui se battait tout le temps, et avaient assez facilement réussi à le battre, à deux contre un. Vu sa force, je n’allais pas dire que c’était injuste. Après cela, elles avaient commencé à traiter Zanoba comme leur sous-fifre. Mais je n’en avais pas vraiment été témoin moi-même.

« Linia et Pursena pourraient tenter quelque chose avec toi, alors fais attention », avait prévenu Fitz.

« Je pense que tout se passera bien sur ce point. »

J’avais déjà agi avec déférence envers elles. Pour l’instant, je doutais qu’elles aient planifié quelque chose dans mon dos. Je n’étais pas sûr de l’endroit où les délinquants se réunissaient, mais je ne les avais presque jamais vus à la cafétéria.

« Hum, eh bien, je ne pense pas qu’elles seraient très gentilles si elles te rencontraient. »

« Et pourquoi ça serait le cas ? », lui avais-je demandé.

« Eh bien, quand nous étions encore en première année, elles ont essayé d’interférer avec la Princesse Ariel. J’ai alors engagé et battu les deux. »

« Deux contre un ? »

« Oui. C’est pourquoi elles pourraient m’en vouloir. »

C’était donc ça. Cependant, d’après ce qu’il disait, Maître Fitz était assez fort. Il avait battu Linia et Pursena, qui avaient elles-mêmes battu Zanoba. Hé, attends. Cela signifiait que j’étais le plus fort depuis que j’avais vaincu Maître Fitz, non ?

Non, pas du tout. C’était juste un mauvais match. Je pouvais utiliser la Magie Perturbatrice pour être meilleur contre un adversaire qui pouvait utiliser des incantations silencieuses. Le fait que mon adversaire soit pris au dépourvu avait aussi joué en ma faveur. S’il avait su que j’allais utiliser la Magie Perturbatrice quand nous nous étions battus, il n’y avait aucune garantie que j’aurais quand même gagné.

« Mais je suis sûr que tout ira bien », déclara Fitz.

« Eh bien, qui sait. »

« Il n’y a pas une personne ici qui peut me vaincre en un contre un. Je n’ai jamais perdu un combat, pas avant toi », avait-il dit en me félicitant.

C’était moi qui devrais le féliciter pour son attitude. Voilà quelqu’un qui n’avait jamais perdu, qui goûtait enfin à la défaite de mes mains. Pourtant, il n’avait même pas de rancune. N’était-il pas frustré d’avoir perdu ?

« Cette magie — la magie perturbatrice, n’est-ce pas ? C’était incroyable. Apprends-moi à l’utiliser un jour. »

« Oui, certainement. »

J’en serais heureux. Même si lui enseigner la magie de perturbation signifiait que je ne pourrais peut-être plus le vaincre, l’idée de lui dire non ne m’avait même pas traversé l’esprit.

« Oh, eh bien, de toute façon, c’est ce que je voulais te dire, alors fais attention. Il y a beaucoup de gens excentriques parmi les étudiants spéciaux. Il y a Cliff, qui est coléreux, et apparemment même Silent a causé beaucoup de problèmes lorsqu’il s’était inscrit ici pour la première fois. Il y a aussi une ancienne aventurière parmi les premières années. Une elfe étrange, paraît-il. On dit qu’elle a attaqué des garçons. »

« Ahh, cette dernière est une de mes connaissances, alors ne t’inquiète pas. »

« Oh, très bien alors. »

Je n’étais pas sûr pour les deux premiers, mais pour le dernier, c’était vraiment un autre type d’attaque que celle à laquelle pensait Maître Fitz.

« En tout cas, je ferai attention à ma conduite et je m’assurerai de ne pas me battre avec quelqu’un. »

Nous étions arrivés à une bifurcation. Le chemin tout droit menait au dortoir des filles. Il faisait encore jour, mais je n’allais plus jamais marcher sur cette route.

« Oh, j’ai des affaires à régler avec la princesse Ariel, alors je vais me séparer de toi ici. »

« D’accord, merci pour aujourd’hui. J’ai hâte de te parler à nouveau. »

« Je n’ai pas de temps libre demain, mais je vais faire un détour à la bibliothèque », dit Fitz avant de se diriger vers le dortoir des filles. Il avait l’entrée libre dans ce palais rempli de femmes. La seule raison pour laquelle je n’étais pas jaloux était probablement parce que je me souvenais encore de cette terreur musculaire de l’autre jour.

Ou serait-il possible que je puisse utiliser ma connexion avec Maître Fitz pour infiltrer ce palais, et ce serait la clé pour atteindre mon objectif ultime ici, dans cette école. Pour l’instant, je ne voyais toujours pas le sens des conseils de l’Homme-Dieu.

◇ ◇ ◇

Et c’était ainsi que moi et Maître Fitz avions commencé à travailler ensemble pour faire avancer notre enquête. Je pensais que nous étions devenus proches tous les deux. En partie parce qu’il était plus amical que je ne l’imaginais, mais de toute façon nous construisions une amitié positive. Même s’il était encore plein de mystères.

« Au fait, Maître Fitz, pourquoi portes-tu ces lunettes de soleil ? »

« Des lunettes de soleil… oh, tu veux dire celles-ci ? »

Il ne les enlevait jamais. Pas une seule fois, jamais. Peu importe l’occasion.

« Hm, j’ai une raison pour ça, mais je ne peux pas te la dire. Désolé. »

« C’est bon. »

Je voulais voir à quoi ressemblait son visage sans elles, mais je n’avais pas l’intention de le forcer à montrer ce qu’il cachait.

« De toute façon, à quel étage des dortoirs habites-tu ? Je ne t’ai jamais vu à l’heure des repas. », lui avais-je demandé.

« Hum, eh bien, techniquement je dors au dortoir des filles. Je suis après tout le garde du corps de la Princesse Ariel. »

« Et… ça n’a causé aucun problème ? »

« C’est bon, j’ai la permission. Et je ne ferais rien qui puisse causer des problèmes à la Princesse Ariel. »

Vous pouviez garder un esclave avec vous dans les dortoirs si vous en aviez la permission. Il n’était même pas nécessaire que ce soit un esclave. Si vous étiez un puissant roi ou un noble, alors une petite compensation financière jouerait en votre faveur. Il y avait, après tout, quelques nobles dans le dortoir des garçons qui amenaient des servantes avec eux. Cependant, si les servantes ou les serviteurs causaient des problèmes, leur maître en serait bien sûr responsable. Maître Fitz n’était pas un serviteur et était traité comme un étudiant, mais grâce au charisme de la princesse Ariel et à l’influence de la famille noble Asura, l’université faisait confiance à Maître Fitz en tant qu’individu. Même cette fille — Goliade ou Big Van Vader, quel que soit son nom — s’exprimait avec respect lorsqu’elle faisait référence à la princesse Ariel ou à Maître Fitz, reconnaissant leur autorité.

De plus, d’après ce qu’Elinalise m’avait dit, Maître Fitz était apparemment très populaire auprès des filles. Ce sont les nouveaux qui avaient dénoncé Luke. Une fois qu’ils avaient acquis un certain niveau d’expérience, leur cœur tremblait lorsqu’ils apercevaient le profil doux de Fitz. En lui parlant, je n’avais pas la même impression de lui, mais je pouvais comprendre d’où elles venaient.

« Au fait, j’ai remarqué que tu me parles assez normalement », lui avais-je dit.

« Hm… ? Qu’est-ce que tu veux dire ? »

« Tout le monde dit que tu es si avare de mots. »

« Je, hum… suis en fait assez timide. »

Et pourtant, j’avais l’impression que c’était lui qui avait commencé les conversations avec moi. Eh bien, il y avait ceux qui étaient sur la même longueur d’onde et ceux qui ne l’étaient pas, m’avait-on dit, alors c’était peut-être la raison. En tout cas, les gens m’avaient dit qu’il était de notoriété publique dans cette école que Maître Fitz était étonnamment silencieux. Il avait même gagné le surnom de « Fitz le silencieux » ou de « Magicien silencieux ». Mais c’était probablement en partie parce qu’il était un magicien qui utilisait l’incantation silencieuse.

« En fait, ton nom de famille ne serait pas Ryback, par hasard ? », avais-je demandé.

« Hein ? Ryback ? Ce n’est pas le nom de famille du deuxième Dieu du Nord ? Pas du tout. En plus, je n’ai même pas de nom de famille. Je ne suis pas un noble ou quoi que ce soit. »

« Et voilà que tu deviens tout humble. Soit honnête, tu es en fait un très bon cuisinier, n’est-ce pas ? »

« Euh, je peux cuisiner, mais… quel est le rapport avec tout ça ? »

Il n’avait pas compris ma blague. Et pourtant il avait bien ri, bien que je ne sois pas sûr de ce qu’il trouvait drôle. C’était vrai, l’homme rempli de mystère, Fitz, riait.

C’était aussi un mystère de savoir pourquoi il m’aidait. Pourtant, je n’étais pas très enthousiaste à l’idée d’éclaircir ce point. Si Fitz était timide dans ses intentions — quelles qu’elles soient — il devait y avoir une raison à cela. Je n’avais pas l’intention d’être aussi ingrat et de fouiller dans les secrets de quelqu’un qui m’avait aidé.

Mais je mentirais si je disais que je n’étais pas curieux. J’avais néanmoins gardé à l’esprit les conseils de l’Homme-Dieu. Quand je l’avais suivi, la personne que j’avais rencontrée était Maître Fitz. À en juger par mon expérience avec l’Homme-Dieu jusqu’à présent, les choses se passeraient de la même façon, quelles que soient les mesures que je prendrais. En d’autres termes, en m’associant avec Maître Fitz, je finirais par trouver comment guérir ma maladie. Il n’était pas nécessaire de se précipiter.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

3 commentaires :

  1. Je ne comprends pourquoi fitz (Sylphie) fait autant durer le suspens et le moment des retrouvailles. On voit bien avec son ENORME allusion qu’il sait que rudeus est là. Par contre, dans la partie d’avant on aurait dit qu’il ne l’avait pas encore retrouvé. Dans tous les cas, je n’en peux plus d’attendre, que cela soit l’anime ou le light novel, cette histoire est une masterclass.

    • La manga est plus avancé de quelques chapitres si l’attente est vraiment insupportable 😀 (mais uniquement en anglais)

    • C’est parceque Fitz doute beaucoup aussi et est terrifié à l’idée que Rudy ait oublié son amie d’enfance. donc il préfère rebâtir une amitié de 0 plutôt que de prendre le risque de briser son admiration en étant oublié comme un détail de l’enfance

Laisser un commentaire