Mushoku Tensei (LN) – Tome 7 – Chapitre 6 – Partie 1

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Chapitre 6 : Le magicien impotent

Partie 1

Une heure plus tard, j’avais vidé ce flacon. J’étais sorti en titubant et j’étais entré dans le premier bar venu. Je m’étais alors immédiatement assis au comptoir et j’avais commandé.

« Patron, donnez-moi l’alcool le plus fort que vous avez ici. »

« Pour un enfant ? Nous n’avons pas… »

Il commença à objecter, mais son expression se transforma en surprise lorsque j’avais sorti une pièce d’or d’Asura de ma poche et l’avais déposée sur le comptoir. Mais la surprise fit vite place au dégoût, car il avait immédiatement pris une bouteille sur l’étagère derrière lui et l’avais déposée devant moi. Pourquoi me faire attendre alors que vous avez ce que j’ai demandé ? pensais-je, amèrement.

« Ahh… »

J’avais bu directement à la bouteille, en la soulevant, en reculant ma tête et en avalant tout. Je n’avais jamais bu d’alcool comme ça, mais ça m’avait fait un bien fou. J’avais la tête qui tournait. Intoxication aiguë à l’alcool ? Qui s’en souciait ? Mourir en me sentant aussi bien serait pour moi un rêve devenu réalité.

« Hé, mon vieux, encore une ! Donnez-moi aussi quelque chose à grignoter. »

« Hé, vous ne devriez pas boire comme ça. »

« Lâchez-moi ! Dépêchez-vous de m’apporter l’alcool ! »

Comme j’avais reculé, le barman haussa les épaules et me donna la prochaine bouteille.

Ahh, ça m’avait rappelé des souvenirs. C’était exactement comme ça dans ma vie précédente. J’étais en colère, et mes parents, terrifiés, faisaient exactement ce que je leur demandais. Hah, après avoir vécu dans ce monde pendant tant d’années et être arrivé jusqu’ici, me voilà en train de répéter l’histoire.

Bon sang, bon sang… !

J’avais pris une autre gorgée. L’alcool ici était très chaud et suffisamment fort pour faire mal à la langue. Mais le goût n’avait pas d’importance. Plus je buvais, moins je sentais le froid mordant qui m’avait glacé l’intérieur.

Les encas que le barman me fournissait n’étaient que des haricots. Plus particulièrement des haricots rôtis. Comment s’appelait-il déjà ? Je les avais mangés plusieurs fois, mais je ne m’en souvenais plus. Peu importe, je pouvais simplement les appeler des haricots. Après tout, cette ville n’avait rien d’autre que des haricots.

« Oho, mais qui vois-je ? »

Alors que je mettais avidement ces haricots dans ma bouche et que je les accompagnais avec de l’alcool, j’entendis soudainement une voix derrière moi.

« Eh bien, si ce n’est pas Quagmire. Te voir venir boire ici dans un bar qu’on fréquente tout le temps est assez inhabituel. Mais bon, tu vas gâcher l’alcool si tu restes ici. Alors, dégage. Tu m’écoutes ? Hé ! Regarde-moi quand je te parle. »

Soldat était venu et s’était jeté sur le tabouret à côté de moi. Je m’étais retourné. Il me montra alors son habituelle expression moqueuse.

« Qu’est-ce que tu as, toi et ton air déprimant ? Laisse-moi deviner, quelque chose de terrible est arrivé ? Pas surprenant… Non pas que ça ait de l’importance. Tu es toujours comme ça, n’est-ce pas ? Chaque fois que quelque chose ne va pas dans ton sens, tu cours et tu cours, tu souris comme un idiot et tu attends que ceux qui t’entourent te réconfortent. N’est-ce pas ? C’est exactement ça, hein ?! »

Son visage était devenu trop proche, alors j’avais envoyé mon poing dedans. Soldat tomba de la chaise après l’impact et atterrit sur son cul, bien qu’il ait immédiatement sauté sur ses pieds.

« Sale petite merde ! »

J’avais sauté du tabouret et je l’avais attrapé par le col.

« Pourquoi t’énerves-tu ? ! C’est toi qui te bagarres toujours avec moi. C’est exactement ce que tu voulais, hein ? ! »

« Tu… »

Je l’avais encore frappé. Soldat ne s’était pas défendu, et n’avait pas essayé de l’éviter. Il avait juste pris mon poing en pleine face et trébucha de quelques pas.

« Qu’est-ce qu’il y a de mal à sourire comme un idiot ? »

Un nouveau coup de poing vola.

« Si je pouvais être comme toi — si je pouvais dénigrer et rabaisser les autres tout en me vantant de mes propres réalisations, même si les gens m’en voulaient et que mon cœur était rempli de jalousie quand ils s’étaient tous mis à me détester et à se détourner — si je pouvais traverser tout ça et avoir encore ton genre d’attitude, je le ferais ! »

J’avais continué : « Je ne veux pas que les gens me haïssent. C’est pour cela que je souris comme ça ! Qu’est-ce qui te dérange tant dans tout ça, hein ?! »

Les mots ne cessaient d’arriver : « Pourquoi est-ce qu’ils partent tous ? ! Reste avec moi ! Je me fiche que ce soit un mensonge, sourit pour moi ! Ça fait mal quand tu es cruel avec moi ! »

Je ne pouvais pas me retenir.

« Peu importe, tout est fichu. C’est fini pour moi. D’ailleurs, c’est quoi ton problème ? Tu ne sais rien de moi et pourtant tu me tires toujours dessus. Qui est-ce que tu traites de loup solitaire et à moitié fou ? Qu’y a-t-il de mal à s’enfuir quand les choses deviennent difficiles ? »

J’avais continué : « Putain ! Vas-y et viens vers moi. Frappe-moi, fais ce que tu veux. Puis, quand je serai étalé sur le sol, tu pourras me regarder et rire ! Tu es de toute façon probablement plus fort que moi. »

J’avais fait pleuvoir coup sur coup sur lui pendant que je hurlais cette diatribe. Les autres dans le bar avaient commencé à se moquer de nous, en disant : « C’est une bagarre ! Réponds-lui donc ! » Pourtant, Soldat ne bougeait pas. Il aurait sûrement pu réagir à mes attaques, mais au lieu de cela, il avait continué à laisser mon corps alcoolisé se balancer sur lui.

Peu à peu, les voix autour de nous s’étaient éteintes. La seule chose qui restait, une fois que je m’étais épuisé et que je m’étais écroulé sur le sol, c’était le son de mon étouffement en sanglot.

« Hé, Soldat… Ne t’acharne pas trop sur le gamin. »

« D’accord. »

Tout le monde dans le bar, y compris les membres du Stepped Leader qui buvaient dans le fond étaient tous complètement abasourdis en me regardant. Soldat lui-même ne faisait pas exception.

« Désolé. C’était ma faute. J’ai merdé. Peut-être que tu en as plus chié que les autres. Ne pleure pas. Je suis sûr que de bonnes choses t’attendent dans le futur. »

J’avais craché en réponse : « Qu’est-ce que tu en sais ? »

« Hmm… Ah, euh, eh bien, bois. Tu pourras m’en parler après. Peut-être qu’on pourra alors trouver une solution, ou tu pourras au moins te vider la tête. Alors… sèche ces larmes », dit-il en me tapant sur l’épaule.

Et puis, avant même que je ne réalise ce qui se passait, Soldat et moi buvions ensemble.

« Donc, en gros, tu ne pouvais pas le lever et la fille t’a largué, hein ? »

« Sniff… Quoi, tu essaies de te moquer de moi ? », avais-je demandé de façon accusatrice.

« Non, pas du tout. Il est juste important de trouver la cause exacte quand tu te sens déprimé. »

« Je suppose que oui. »

À ma grande surprise, Soldat m’avait écouté calmement pendant que je sanglotais et racontais ce qui s’était passé. Il avait même tenu les autres membres de Stepped Leader à distance et m’avait conduit dans un coin du bar où il n’y avait que nous deux.

« Alors, Monsieur Soldat, ce qui m’a vraiment bouleversé, c’est… »

« Détends-toi », s’était-il exclamé.

« Hein ? »

« Il y a un instant, tu parlais comme une personne normale. Tu n’as pas besoin de mettre un masque en parlant de manière rigide et formelle. Tu te mens à toi-même quand tu fais cela », expliqua Soldat.

« Très bien… »

« Tu continues à te mentir à toi-même et c’est comme un poison qui se construit. C’est bien d’être poli, mais sois toi-même. »

Vu ce que j’ai vécu l’année dernière, il avait peut-être raison.

« Donc ce qui m’a déprimé, c’est quelque chose qui s’est passé avant ça. Il y avait cette fille que j’aimais bien. »

« Ah oui ? »

« Il s’est passé beaucoup de choses et, enfin, on a fait… je veux dire, tu sais. C’était la première fois pour nous deux. »

« Eh bien, tout le monde a une première. »

J’avais continué : « Quand je me suis réveillé, elle n’était plus là. Elle était déjà partie en voyage. »

« Alors elle t’a mis de côté, hein ? »

Me mettre de côté ? La vérité de ces mots était comme une lame qui m’avait poignardé à la gorge. Des larmes fraîches bouillonnaient dans mes yeux et ma main tremblait en tenant ma tasse, un autre sanglot s’échappait.

« J’ai dit : arrête les larmes. Quoi qu’il en soit, si tu pleures à ce sujet, cela doit être la source de ton problème. Tu t’y es accroché tout ce temps, et c’est ce qui t’a mené là où tu es maintenant. D’accord. Je comprends ce qui s’est passé. Maintenant, allez, cul sec. Bois ces larmes », dit-il tout en versant encore de l’alcool coûteux dans ma tasse.

J’avais jeté ma tête en arrière et je l’avais bu. Mon estomac était complètement engourdi. Je n’avais aucune idée de la quantité d’alcool que j’avais bue, même si mes larmes commençaient à s’estomper.

« Pourquoi a-t-elle… Pourquoi Éris m’a-t-elle quitté ? Pourquoi… »

« Ahh, alors elle s’appelle Éris, hein ? C’est une femme cruelle. Mais tu ne peux pas perdre de temps à te demander quelle est la raison de chacun de ses mouvements. Les femmes sont comme les chats. Nous sommes plutôt comme des chiens. Les chiens et les chats ne peuvent pas comprendre ce que pense l’autre, hein ? »

« Mais quand même, pourquoi ? Pour quelle raison… ? »

« Hmm. D’après mon expérience, quand une femme disparaît soudainement comme ça, c’est parce que tu as foiré quelque chose juste avant. Elles deviennent soudainement toutes énervées et partent toutes seules, en disant qu’elles ne s’en soucient plus. »

« Quelque chose que j’ai fait juste avant », avais-je répété pour moi-même. Une chose m’était alors venue à l’esprit.

« Alors je suppose que j’ai vraiment été nul au lit… »

« Mieux vaut ne pas tirer ses propres conclusions sur ce qui l’a tant énervée. Ce que tu trouveras sera probablement faux, alors fais attention à cela. Si tu t’excuses en pensant que c’est tout, elles seront furieuses contre toi et crieront : “Je ne suis même pas fâchée pour ça !”

« Je ne sais même pas où elle est, donc je ne peux pas m’excuser », avais-je avoué.

« Oui, c’est bon. Je comprends. »

Soldat vida le reste de son verre. Après l’avoir reposé, il passa son pouce sur le bord, essuyant les gouttes de liquide qui s’y trouvaient. Après avoir eu l’air contemplatif pendant quelques instants, il marmonna : « Ça va être déprimant si tu continues comme ça. »

Ces mots traduisaient parfaitement mes sentiments. L’expression de Soldat n’avait pas changé. Il avait toujours ce regard de ressentiment total envers le monde, cette expression sarcastique et moqueuse. Pourtant, ce n’était que son visage. Ses yeux me regardaient droit dans les yeux et ses paroles étaient sincères.

« Arrangeons ça », dit-il enfin.

« Mais comment ? »

Il secoua alors la tête : « Pas la moindre idée. »

« Mais si c’est la source de ton problème, tu devras simplement le résoudre de la même manière. », poursuivit-il

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