Mushoku Tensei (LN) – Tome 7 – Chapitre 5 – Partie 1

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Chapitre 5 : Approche abrupte

Partie 1

Le printemps était arrivé, puis l’été. Le temps passait vite, et bientôt un an s’était écoulé depuis ma première visite à Rosenburg. J’étais maintenant suffisamment connu ici. On parlait de « Quagmire Rudeus » même dans les petits villages voisins. Et pourtant, je n’avais pas entendu parler de Zenith.

Malgré tout, j’étais resté à Rosenburg. Je n’étais donc pas passé à la ville suivante.

« On a encore fait du bon travail aujourd’hui. »

« Bon travail ! »

« Bon travail ! »

Aujourd’hui, j’avais levé mon verre en signe d’encouragement avec les membres de Counter Arrows une fois de plus.

« Tu as encore sauvé nos arrières. Comme on peut s’attendre de “Quagmire” ! »

« Non, non. Je n’ai pu en faire autant que grâce à vos compétences », avais-je insisté.

« Et voilà que tu recommences, toujours aussi humble. Allez, tu as été assez étonnant pour aller dans une forêt la nuit, et tout seul. »

Depuis cet incident, j’avais passé de plus en plus de temps à travailler avec Counter Arrows. Ce n’était pas une coïncidence, ils m’invitaient maintenant délibérément à participer à des quêtes. Au début, j’avais pensé que c’était une question de timing, mais ils étaient toujours là quand je me présentais à la guilde des aventuriers et m’invitaient toujours. Même quelqu’un d’aussi obtus que moi avait fini par comprendre que c’était intentionnel.

Inévitablement, cela signifiait que je participais de moins en moins à des quêtes avec d’autres groupes. Auparavant, je n’avais fait équipe avec Counter Arrow qu’une fois sur cinq. C’était maintenant devenu une fois sur trois, puis une fois sur deux, et maintenant quatre fois sur cinq. À ce moment-là, j’étais pratiquement devenu un membre de leur groupe.

« … Tu vois, mon père était un chasseur, et je m’entraîne à l’arc depuis que je suis petite. C’est pourquoi j’en utilise un en ce moment, mais c’est un peu gênant en tant qu’aventurier », déclara Sarah.

« Mon père était chevalier. Apparemment, avant ma naissance, il avait prévu d’apprendre à son enfant le maniement de l’épée s’il avait un fils et la magie s’il avait une fille. Mais j’avais plus de talent pour la magie que pour le sabre, alors il a recruté une magicienne nommée Roxy venant de la ville de Roa pour qu’elle me serve de tutrice à domicile. »

Une autre chose avait changé : Sarah et moi étions beaucoup plus proches. Maintenant, lorsque nous campions pendant les missions ou que nous allions boire un verre après, elle s’asseyait naturellement à côté de moi et entamait une conversation. Au début, il s’agissait surtout de petites conversations, mais récemment, nous avions commencé à parler de notre enfance et de nos origines.

« C’est ainsi que Roxy est devenue mon maître. Elle était vraiment incroyable, elle aussi. »

« Uh-huh. »

« C’était un démon et pourtant elle a fait de son mieux parmi les humains. Elle était si directe, elle ne se laissait pas abattre même quand de mauvaises choses arrivaient. En la regardant, j’ai juste… »

« Uh-huh. Je vois. »

Son humeur s’aigrissait selon le sujet de la conversation, mais en général, je pensais que nous nous entendions bien.

Sarah venait d’un village situé à l’extrémité ouest de la région de Milbotts, près du centre du royaume d’Asura. Elle était née de parents chasseurs et avait grandi en les aidant dès son plus jeune âge. Un jour, alors qu’elle avait environ dix ans, des monstres étaient soudainement apparus dans la forêt voisine, ses parents avaient tous deux été tués.

Orpheline et seule, Sarah avait été recueillie par Suzanne. Suzanne et Timothy faisaient partie du même groupe à l’époque, mais les autres membres étaient complètement différents. C’était des aventuriers qui avaient été envoyés d’une ville voisine pour lutter contre le fléau des monstres.

Le nombre de bêtes était impressionnant, tout comme le nombre d’aventuriers jetés sur eux et les blessures qui en résultaient. Tout le groupe, à l’exception de Suzanne et Timothy, avait été tué. Mimir et Patrice avaient été dans une situation similaire. Ainsi, Counter Arrows avait été formé à partir d’aventuriers qui avaient survécu après que la horde de monstres de la région de Milbotts fut éliminée.

À l’époque, Counter Arrow n’était qu’un groupe de rang D. Après que Sarah soit devenue une aventurière, elle les avait aidés tout en élevant rapidement son propre rang. Bientôt, elle devint également membre officielle. Elle avait sans doute déjà du talent pour l’arc, mais sa progression était encore incroyablement rapide.

Counter Arrows continua à changer de membre dans leur progression vers le rang B. Lorsqu’ils y arrivèrent, ils virent qu’il ne restait presque plus de travail au centre du royaume d’Asura. Après avoir rebondi dans les zones rurales, les membres avaient décidé de se rendre dans un endroit plus difficile. Ils hésitaient entre le nord et le sud, mais ils optèrent pour le Nord, vu qu’ils opéraient déjà dans la région de Donati, qui était proche des territoires du nord. Le nord était également le lieu de naissance de Timothy, qui connaissait bien le terrain. C’était pourquoi ils avaient finalement décidé d’aller dans cette direction.

Bon, tout ça mis à part… Sarah était la fille de chasseurs, hein ? Tout comme Sylphie. Je me demandais où se trouvait Sylphie en ce moment et ce qu’elle faisait.

« Quand j’ai entendu le nom de Greyrat, j’ai tout de suite pensé que tu étais le fils d’une des familles nobles d’Asura. Pour moi, on aurait dit que tu essayais de t’enfuir parce que les choses ne se passaient pas comme prévu. »

Au début, elle était donc en colère contre moi parce qu’elle comprenait mal mes origines et la raison pour laquelle je faisais des choses. J’étais donc en fait victime de préjugé.

« Eh bien, le nom Greyrat est célèbre dans le royaume d’Asura »

J’étais d’accord.

« Pourtant, tu n’es pas un de ces Greyrat, hein ? »

« Oui, euh, apparemment je suis de leur famille. »

« Oh. Donc tu es… »

Elle se pinça alors les lèvres.

« Je suis effectivement un des leurs, mais je ne suis pas noble moi-même. Alors, ne t’en fais pas. »

Après un bref moment, Sarah dit : « Quand ces monstres sont sortis de la forêt, la noblesse a trouvé toutes ces excuses pour ne pas envoyer les chevaliers. C’est pourquoi tant de gens sont morts. »

« Le seigneur féodal a vraiment fait ça ? »

« Oui. C’est ce que j’ai entendu. »

« Oh… eh bien, parfois les gens utilisent la perte comme excuse pour critiquer la noblesse. Peut-être que d’autres nobles l’empêchaient d’aider », avais-je expliqué.

« Pourtant, c’était sans cœur. Ceux qui sont morts étaient des villageois. »

Voilà donc pourquoi elle avait un tel mépris pour la noblesse. Sarah pensait que même les enfants de nobles, qui n’avaient rien à voir avec cette affaire comme moi, finiraient par grandir et par commettre de tels crimes.

« Même la noblesse a ses problèmes », lui dis-je, en lui rappelant combien leurs positions avaient semblé dures pour Philip et Sauros. Philip avait ses projets, mais quoi que vous pensiez du vieux Sauros, il se souciait de ceux qu’il dirigeait. Bien qu’il ait semblé un peu violent dans son approche des choses.

En fin de compte, ceux qui ignoraient les gens qu’ils dominaient étaient ceux qui ne vivaient pas parmi eux, en particulier ceux qui résidaient dans la capitale. Ils ne se souciaient pas de leur région ou de ses citoyens et entravaient ceux qui pourraient les aider. Sauros avait été l’une des victimes de cet état d’esprit, et il avait perdu la vie pour cela.

Malgré cela, je ne pouvait pas leur reprocher entièrement ce qu’ils avaient fait. Les nobles vivaient dans leur propre monde et avaient leurs propres batailles. Les gens avaient tendance à tout oublier, sauf ce qui se trouvait devant eux.

« Désolée, t’ai-je offensé ? »

Alors que j’étais préoccupé par de telles pensées, Sarah tendit la main, comme paniquée par mon silence, et passa sa main sur la mienne. Sa paume était dure et guerrière, devenue calleuse à cause des centaines de milliers de flèches. Pourtant, sa prise était forte et chaude.

« Non, tu ne m’as pas offensé. Je me souvenais juste de mes proches. Ils étaient nobles et sont morts pendant l’incident de déplacement. »

« Oh… alors c’était ça. Je suis désolée. Même si tu n’es pas de la noblesse, tu connais des gens qui le sont. »

« S’il te plaît, ne t’inquiète pas pour ça. Je suis sûr qu’ils n’ont aucun lien avec ce qui est arrivé à ton village. »

Bien que Philip avait à un moment donné mentionné la méchanceté de son frère, peut-être que le noble qui avait retenu l’aide du village de Sarah était quelqu’un de la famille Boreas ? De plus, le village était situé dans la région de Milbotts, supervisée par le même Notos Greyrat que Paul avait fui. Il était fort probable qu’ils étaient impliqués. C’était un sujet assez alambiqué, cependant, alors je n’en avais pas parlé.

« Ils sont quand même morts, non ? »

« Ils sont morts. »

« Alors, c’était insensible de ma part. Je suis désolée. »

Je l’avais laissée s’excuser, mais ça ne m’avait pas gêné. Probablement parce que les nobles dont elle parlait ne ressemblaient pas du tout à ceux que je connaissais. Peut-être avais-je eu de la chance étant donné que Philip et Sauros étaient des gens bien.

« Oh, hum… c’est un léger changement de sujet, mais… »

« Oui ? »

« En fait, vois-tu, j’ai un peu envie d’essayer d’utiliser une épée. C’est difficile d’utiliser un arc à bout portant, alors j’ai pensé que je pourrais demander à Suzanne de m’apprendre le maniement de l’épée pour commencer. »

C’était un changement de sujet abrupt, mais c’était logique, vu la maladresse de la conversation précédente. Voilà donc ce que signifiait réellement « lire l’ambiance ». C’était une compétence précieuse qu’une autre fille que je connaissais ne possédait pas.

« C’est vrai, ce n’est pas comme si tu peux prendre tes flèches et simplement poignarder des monstres avec », avais-je accepté avec prévenance.

« Oui. Non pas que j’aurai beaucoup d’occasions de m’approcher de si près tant que je serai dans un groupe. C’est pourquoi j’ai utilisé mon couteau tout usage au lieu d’une épée jusqu’à présent. Mais, eh bien, sans trop de surprise, il s’est cassé hier. »

Sarah sortit la lame en question et la posa sur la table. Et comme elle l’avait dit, un tiers du couteau s’était cassé. Il pourrait encore servir à couper du bois et autres, mais il serait inutile pour la bataille.

« Je me suis dit que ton arc serait le plus prompt à se casser. »

« J’ai fait l’arc moi-même, donc je peux toujours en faire un nouveau s’il se casse. Je peux utiliser des branches de bois du coin pour en faire un très bon », expliqua Sarah.

Les arcs n’étaient pas très populaires, donc ils n’étaient généralement pas vendus dans les magasins d’armes. Cependant, comme la ville disposait d’une abondance de bois pour la fabrication d’outils et de douelles magiques, elle en avait profité pour fabriquer le sien. Il en allait bien sûr de même pour ses flèches.

Je m’étais demandé quand elle avait trouvé le temps de les fabriquer, mais je m’étais ensuite rappelé comment elle taillait le bois avec son couteau avant de se coucher lorsque nous campions. Elle avait probablement préparé les plumes pour les flèches et les fabriquait quand elle était libre.

« J’ai économisé un peu d’argent depuis que nous avons eu une série de missions réussies dernièrement, et je pensais acheter une épée courte. »

« Très bien. »

« Alors, Rudeus, es-tu libre demain ? Veux-tu aller l’acheter avec moi ? Tu es un combattant à l’épée de rang intermédiaire, tu peux donc faire la différence entre une bonne et une mauvaise épée, non ? », continua-t-elle.

« Non, je n’en ai absolument aucune idée. Mais c’est d’accord, allons-y ensemble. »

« C’est d’accord ! », déclara-t-elle, rayonnante.

« Ooh ? »

« Vous partez tous les deux seuls ? Ça, c’est charmant. »

Un rapide coup d’œil sur Suzanne et Timothy montrait qu’ils souriaient tous les deux. Ce fut alors que j’avais compris ce que signifiait l’invitation de Sarah.

C’était un rendez-vous.

Il y avait longtemps que je n’avais pas eu de rendez-vous. En fait, je me demandais à quand remontais la dernière fois que j’en avais eu un. C’était dans le Saint Royaume de Millis, quand j’étais allé faire du shopping avec Éris. À l’époque, nous basions nos achats sur l’observation des gens.

En parlant de vêtements, la seule chose que j’avais était ma robe usée. Je n’avais pas eu le temps d’acheter quoi que ce soit de neuf, et d’ailleurs, je n’avais jamais réellement eu le sens de la mode. Je suppose que je pouvais simplement imiter le style vestimentaire local, mais malheureusement, il n’y avait pas beaucoup de gens à la mode à Rosenburg pouvant servir de référence.

Non, il n’y avait pas besoin d’être si particulier dans ma façon de m’habiller. Je l’accompagnais simplement pendant qu’elle faisait ses courses. Et nous n’allions acheter qu’une seule épée. Je ne pouvais pas m’emporter en pensant que c’était un rendez-vous. Nous nous entendions bien maintenant, mais on en était que là. Je ne pouvais pas me laisser aller à penser qu’elle s’intéressait à moi, ou que cela pourrait aller quelque part. Je n’étais plus vierge, et Sarah ne se pomponnait sûrement pas non plus.

Oui, faisons comme d’habitude, sois normal, me suis-je dit. Aujourd’hui, je serais le Rudeus de tous les jours.

« Désolé de t’avoir fait attendre. Allons-y. »

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2 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. Beau Travail encore une fois

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