Mushoku Tensei (LN) – Tome 7 – Chapitre 4 – Partie 1

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Chapitre 4 : Une forêt en pleine nuit

Partie 1

Plusieurs mois passèrent et l’hiver venait de commencer. L’hiver dans les Territoires du Nord fut rude. Et vu l’abondance de neige qui semblait presque enterrer la terre, il était presque difficile de croire que cet endroit n’était qu’un peu plus au nord du royaume d’Asura.

Comme la neige bloquait la région, les importations des royaumes voisins cessèrent. Les habitants ne pouvaient donc plus se procurer de légumes frais. Leurs repas se composaient plutôt des tas de haricots qu’ils cueillaient avant l’hiver, de plats fermentés tels que les légumes marinés et de la viande de bêtes que les aventuriers chassaient. Dans cette région, la coutume voulait que l’on associe ces repas bruts et fades avec de l’alcool fort. Les gens autour de moi avaient longtemps eu pitié de moi parce que je ne buvais pas, mais cela m’importait peu. De toute façon, ces derniers temps, rien de ce que je mangeais n’avait de saveur.

Bien que ce soit l’hiver maintenant, ma vie était restée la même. Je faisais de l’entraînement physique, je priais, je mangeais, puis je partais faire mon travail d’aventurier. Telle était ma routine quotidienne. Cependant, cela faisait presque six mois que j’étais venu dans cette ville et je sentais qu’il ne me restait plus grand-chose à accomplir ici. Pour le meilleur ou pour le pire, le nom de « Quagmire Rudeus » commençait à se répandre. J’étais proactif en offrant mon aide à la jeune génération d’aventuriers, et j’étais également bien connu des vétérans. J’avais même des collaborateurs au sein de certains groupes d’aventuriers de Rosenburg, qui se renseignaient sur Zenith en mon nom lorsqu’ils s’aventuraient dans des villages lointains. L’un de ces groupes, qui était parti avant le début de l’hiver, m’avait assuré qu’il ferait passer le message.

Peut-être que, grâce à ce travail acharné, ma réputation s’était également répandue parmi les marchands qui faisaient affaire avec les aventuriers, comme ceux qui possédaient des magasins d’armes et d’armures. En plus de cela, j’avais également réussi à faire bonne impression sur un magasin spécialisé dans les outils magiques. S’ils avaient des problèmes, je les aidais et ils faisaient connaître mon existence en tant que paiement. Je n’étais pas sûr de l’efficacité de cette méthode, mais les commerçants avaient leurs propres réseaux. J’espérais que, grâce à l’une de ces connexions, la nouvelle pourrait parvenir à Zenith.

Mais, vu le silence radio obtenu malgré mes efforts ici, elle ne devrait probablement pas être dans la région. Une autre possibilité était qu’elle était déjà…

Non, arrête. Penser à cela ne servira à rien, me suis-je dit.

« Ouf… »

J’avais soupiré en enfilant ma tenue hivernale et j’avais quitté l’auberge. Ma destination était la guilde des aventuriers.

Il faisait froid dehors. La neige tombait à peine, et la brise n’était pas très forte. La fourrure du hérisson des neiges qui m’enveloppait me semblait chaude, mais le vent sur mon visage était glacial. Mon souffle se transformait en une brume blanche, et la salive dans ma bouche me donnait l’impression qu’elle pouvait geler. Bien que la température soit meilleure maintenant que pendant la nuit ou l’aube, il faisait toujours très froid.

Je frissonnais en traversant la rue enneigée. Je devrais probablement passer à la ville suivante au printemps, me suis-je dit, même si je ne me sentais pas du tout motivé pour le faire.

La guilde des aventuriers était remplie de gens en hiver. Cela s’expliquait en grande partie par le fait que peu de groupes choisissaient d’entreprendre des voyages de plusieurs jours alors que nos environs étaient enneigés. Au lieu de cela, ils poursuivaient leur travail dans la ville ou donnaient la priorité aux demandes qui pouvaient être satisfaites avant la tombée de la nuit. Sinon, ils pouvaient se rendre dans un village situé à un ou deux jours de distance et prévoir d’y rester.

En conséquence, cela signifiait que de nombreux groupes se prélassaient dans la guilde, en attendant que la bonne demande soit affichée. Bien sûr, mon travail n’avait pas du tout changé. J’approchais ceux qui hésitaient sur une quête, ou j’acceptais l’invitation d’un groupe afin de les accompagner. J’étais un aventurier extrêmement utile, étant donné que je pouvais lancer les quatre écoles de magie offensive sans incantation.

Évidemment, ce n’était pas une situation idéale. Je ne voulais pas simplement être utilisé pour mes capacités. Je voulais que les groupes apprennent à me connaître et utiliser cela pour répandre mon nom. Mais je ne savais pas non plus quoi faire ensuite.

Aujourd’hui, comme toujours, j’avais pris un siège près du tableau d’affichage. À un moment donné, j’avais commencé à considérer cela comme mon siège personnel. Je me demandais si quelqu’un d’autre l’occupait pendant que je partais en mission.

« Tch. »

Alors que je regardais les rangées de demandes sur le tableau, en attendant d’autres aventuriers, j’avais entendu quelqu’un claquer sa langue. Mon cœur s’était senti plombé lorsque j’avais jeté un regard en arrière et que j’avais aperçu le « Stepped Leader » s’approcher du tableau d’affichage. Celui qui avait rendu son dégoût audible était, sans surprise, Soldat.

Depuis cet incident dans le bar, il semblait nourrir un profond mépris pour moi, et chaque fois qu’il me voyait, il me disait ou trouvait un autre moyen de faire connaître ce mépris. Je préférais l’éviter le plus possible, mais maintenant que c’était l’hiver, lui et les autres ne pouvaient pas plonger dans les labyrinthes.

« Tu cherches encore des restes ? », demanda Soldat en se moquant.

« J’ai mes raisons pour faire ça. »

« Quelles raisons ? Tout ce que tu fais est à moitié fou », avait-il raillé, avant de se diriger vers le tableau d’affichage.

Je savais que j’étais à moitié perdu. Je n’étais pas sûr de savoir comment régler ce problème, mais personne n’était parfait. En ce moment, je faisais de mon mieux pour faire ce que j’avais à faire. Qu’est-ce qu’il trouvait de si désagréable en moi ?

J’aurais aimé qu’il reste en dehors de tout ça. Ça n’a rien à voir avec lui, pensais-je d’un air maussade.

Soldat choisit rapidement la mission suivante de son groupe, conclut son affaire à la réception et quitta la guilde. Il ne s’attardait jamais longtemps, soit parce qu’il ne supportait pas d’être en ma présence, soit parce qu’il voulait juste s’occuper de son travail. Il entrait, se dirigeait vers le tableau d’affichage, sélectionnait rapidement une demande et se mettait en route. Puis il revenait le soir même ou le lendemain, et si nous nous rencontrions, il se moquait encore de moi.

Ce n’était pas du harcèlement. J’étais sur que Soldat faisait aussi tout son possible pour m’éviter. Pourtant, à chaque fois qu’il me voyait, il me disait que j’étais un merdeux, que je n’avais aucune valeur ou que je faisais des choses à moitié. J’en étais vraiment épuisé. Peut-être que son véritable objectif était de me décourager de faire partie de la guilde.

De temps en temps, les membres de Counter Arrows intervenaient pour m’aider s’ils étaient présents, mais ils n’étaient pas là aujourd’hui. En y repensant, je ne les avais pas vus depuis deux jours entiers. Comme je ne les avais pas vus non plus en ville, cela devait signifier qu’ils étaient partis dans un village pendant une longue période afin de terminer des quêtes.

Je me sentais un peu seul sans eux.

Il n’y avait pas eu de demandes notables ce jour-là. La neige s’était accumulée immédiatement après mon entrée dans la guilde, et pendant les blizzards, les groupes qui n’étaient pas intéressés par un travail mal payé prenaient généralement un jour de repos. Bien sûr, il y avait aussi pas mal d’aventuriers qui avaient du mal à trouver de l’argent et qui se mettaient à faire des demandes non classées par eux-mêmes. Il s’agissait par exemple de pelleter la neige ou de déblayer les toits des gens. Pelleter de la neige me semblait être une tâche insensée, mais c’était mieux que rien.

Vu qu’il n’y avait pas de demande de travail, j’allais donc ne rien faire. Mais il n’était pas non plus normal de se contenter de mijoter dans l’atmosphère lugubre de la guilde des aventuriers. J’avais décidé d’essayer de prendre une de ces demandes non classées.

« Essayer quelque chose de nouveau » ne m’avait pas vraiment absous de la soi-disant « demi-mesure » de Soldat, mais ses paroles m’avaient certainement inculqué le besoin de faire quelque chose.

« Déneiger la route, déneiger les toits, déneiger le jardin de la maison du Seigneur féodal et déneiger les remparts. »

En regardant le tableau d’affichage, toutes les missions avaient trait à la neige. La seule différence entre les demandes était de savoir qui l’avait faite. Le simple fait de penser à partir dans le froid pour déplacer la neige et la jeter ailleurs était déprimant, mais je devrais peut-être être content du fait que ce soit un moyen de gagner de l’argent, non ?

Non, la récompense ne semblait pas en valoir la peine.

Pourtant, malgré mes réserves, j’avais quand même décidé de prendre un des emplois.

« Comme c’est inhabituel, Monsieur Quagmire, que vous acceptiez une telle demande. »

« Oui, eh bien, c’est un changement de rythme. »

« Un changement de rythme, hm ? Oui, je pense que ça a l’air merveilleux ! »

La réceptionniste avait souri joyeusement tout en traitant la demande.

 

◇ ◇ ◇

La mission était située dans ce qui était en gros un centre de collecte de neige. Et bien qu’il ne soit pas particulièrement grand, la neige provenant des alentours de la ville était transportée jusqu’à cette place relativement petite. Au milieu de cette place de la taille d’un parc se trouvait une énorme fournaise, et c’était tout.

J’approchais l’homme qui semblait être le responsable et je lui montrais la demande que j’avais reçue.

« Je m’appelle Rudeus Greyrat. C’est un plaisir. »

« Vous êtes le célèbre Quagmire ? », me demanda-t-il.

« Je ne sais pas vraiment si je suis célèbre ou non », lui dis-je maladroitement.

« Alors, dépêchez-vous de vous y mettre. »

Ce n’était pas les instructions les plus utiles.

« Hmm… puis-je demander quel genre de travail je suis censé faire ? »

« Ahh, alors c’est votre première fois, hein ? Le travail est simple. Les gens transportent de la neige ici, vous utilisez cette pelle là-bas pour la compacter vers l’arrière. En gros, vous emballez la neige. Nous avons mis en place un itinéraire pour accéder à l’outil magique, donc n’empilez pas la neige dessus. Une fois que vous en avez assez amassé, attendez le signal et activez l’appareil magique là-bas. Même si votre mana s’épuise, la neige continuera d’arriver, alors ne partez pas comme ça. Vous pouvez continuer à nous aider à l’organiser. »

« Très bien, compris. »

Je n’étais pas encore sûr de la nature de mon travail, mais je savais ce que j’étais censé faire, cela ne servirait donc à rien de trop réfléchir. Il fallait juste que je le fasse.

Un autre membre du personnel me donna une pelle. Conformément aux instructions, j’avais commencé à transférer les amas de neige désordonnés à l’arrière de la place. Les choses fonctionneraient mieux si les gens commençaient par les jeter là. Et puis, il y avait l’appareil magique au centre. Compte tenu des problèmes qui surviendraient si quelqu’un le cassait accidentellement ou l’enterrait dans la neige, c’était peut-être après tout la meilleure solution, m’étais-je dit.

Telles étaient mes pensées distraites pendant que je travaillais. J’avais échangé quelques mots avec les autres aventuriers qui se trouvaient à mes côtés, et nous avions pelleté la neige ensemble, la jetant au sommet d’une congère qui était à peu près aussi haute que moi. Il y avait aussi d’autres hommes en train de se déplacer au sommet de la congère. Le mur que nous avions finalement créé faisait environ trois fois ma taille.

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2 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

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