Mushoku Tensei (LN) – Tome 7 – Chapitre 3 – Partie 9

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Chapitre 3 : Rudeus le Quagmire

Partie 9

Je n’avais pas répondu. Le silence m’avait semblé être ma seule option. Il ne servait à rien d’essayer d’avoir une conversation avec quelqu’un comme ça.

« Merde. Je suis désolé, il a eu un peu trop de… allons-y, Sol ! »

« Tais-toi ! Laisse-moi y aller ! Allez, Quagmire ! Frappe-moi avec un putain de coup de poing ! Pourquoi ne le fais-tu pas ? Tu es énervé, hein ? Alors, frappe-moi ! Arrête de t’asseoir dans ton coin en pensant que tu es triste ! Agis comme un homme pour une fois ! »

J’avais regardé vers le bas et j’avais attendu que la tempête passe. Il n’y avait pas de raison de se battre ici. Laisser Soldat me provoquer ne servirait à rien. La seule façon de traiter avec un ivrogne était de l’ignorer complètement. Il fallait que je laisse passer ça. C’était aussi simple que ça, vraiment.

« Sol, arrête ! Tu vas trop loin ! »

« Lâche-moi, bordel ! Hé, Quagmire ! Tu t’amusais bien là-bas, hein ? Si tu détestes tant que ça ta vie, alors va mourir dans un fossé quelque part ! Au moins comme ça, je n’aurai plus à voir ton visage ! »

Les amis de Soldat l’avaient finalement traîné dehors, mais je n’avais pas levé les yeux. J’avais juste regardé la soupe sur mes genoux, j’avais pris mon idole sacrée dans ma poche et j’avais gardé l’esprit totalement vide. J’étais resté comme ça jusqu’à ce qu’il soit parti et que Sarah ait essuyé la soupe sur moi.

« Ce type est tout simplement le pire », murmura-t-elle.

Tout ce que je pouvais faire, c’était de hocher lentement la tête.

 

Sarah

Je brûlais de colère en retournant dans ma chambre. Dès que j’étais entrée, j’avais jeté mon arc et mes flèches sur la table, j’avais retiré mes vêtements et je m’étais jetée sur le lit.

« Ce type est le pire ! »

Je pouvais sentir mon visage rougir rien qu’en pensant à Soldat. Parfois, un homme doit se battre ? Quelle connerie ! Il n’avait pas la moindre idée à quel point Timothy se battait pour nous tous chaque jour ! Ce sourire était son arme. Suzanne me l’avait dit il y a longtemps. Cet homme ne pouvait pas commencer à le comprendre. De quel droit pouvait-il insulter quelqu’un ?

Peut-être qu’il y avait des moments où il fallait se lever et se battre. Bien. Mais n’était-ce pas le travail du chef du groupe d’empêcher des combats inutiles et de protéger ses hommes ? Soldat ne faisait certainement pas un très bon travail à ce niveau. De toute façon, qu’avait-il prévu de faire si nous nous étions battus dans les ruines ? Pensait-il qu’il pourrait nous tuer facilement et s’en tirer ? Si c’était le cas, l’homme était sérieusement arrogant. Cet endroit était une forteresse en forme de labyrinthe, et il n’avait bloqué aucune des sorties.

D’après ce que j’avais vu, c’était cet abruti qui devait travailler ses qualités de chef, pas Timothy.

Et pour couronner le tout… pourquoi diable s’en était-il pris en particulier à Rudeus ? Rudeus s’était battu courageusement quand il le fallait. Il s’était battu seul contre tous ces ennemis pour gagner du temps et nous permettre de nous échapper. Soldat ne savait rien de tout ça. Il n’avait pas vu Rudeus en action. Qu’est-ce qui lui donnait le droit d’insulter le gamin comme ça ?

Bien sûr, Rudeus pouvait vous énerver parfois. Contrairement à Timothy, il ne s’était jamais défendu, et ce faux sourire qu’il affichait toujours sur son visage me faisait grimacer chaque fois que je le voyais. Mais même ainsi…

À ce moment-là, il m’était apparu que je prenais en fait le parti de Rudeus. Pourquoi le faisais-je ? Je ne détestais pas ce gamin ?

Peut-être que non.

Non, ça n’avait aucun sens. Peut-être que c’était juste que je détestais Soldat encore plus. Ouais. C’était à tous les coups ça. Rudeus n’était pas aussi mauvais que Soldat, alors j’avais dû prendre son parti sur ce coup-là. C’était assez simple.

Au moins, Rudeus ne nous avait jamais rabaissés comme ça. Il avait toujours traité Timothy et les autres avec un véritable respect. C’était un magicien incroyablement talentueux, mais il n’avait jamais agi comme s’il était trop bien pour nous. Il nous suivait toujours dans notre travail, et nous laissait le temps de courir quand les choses devenaient dangereuses…

« … D’accord, attends. Ce n’est pas bien. »

Rudeus était un noble de naissance. Il n’avait pas vraiment agi comme tel, mais ça n’avait pas d’importance. Il était né avec une cuillère en argent dans la bouche, et c’était déjà assez mauvais en soi. Je détestais les enfants riches qui voulaient se faire passer pour des aventuriers. Mais je détestais aussi la noblesse en général. Ma ville natale avait été détruite par leur arrogance. Ils n’avaient pas levé le petit doigt pour aider quand les monstres s’étaient précipités hors de cette forêt, chez moi. Ils n’avaient jamais envoyé les chevaliers pour nous sauver.

C’était de leur faute si mon père et ma mère étaient morts. Les hommes qui avaient le devoir de protéger notre village nous avaient juste… laissés mourir.

Je n’avais pas oublié le désespoir que j’avais ressenti à l’époque. Je n’oublierai jamais.

Ouais. C’est vrai.

J’avais une bonne raison de détester la noblesse. Et Rudeus était un noble, donc ça voulait dire que je le détestais aussi.

« … Mais Rudeus s’est battu pour nous, non ? »

Il s’était battu contre les Grizzlys Brillants. Il s’était aussi battu contre les Drakes des neiges. Il n’avait jamais fui pour se sauver, même quand il aurait pu le faire. Il n’avait pas le devoir de nous protéger. Il n’était même pas un membre de Counter Arrows. Pourtant, il avait essayé de nous sauver. Il avait essayé de nous faire gagner du temps.

Et quand je l’avais vu se battre pour nous… j’étais retournée en courant pour le sauver. Parce que je ne voulais pas le voir mourir.

Ce n’est pas comme si je voulais qu’il meure ou quoi que ce soit. Bien sûr que non. Mais… je m’étais quand même un peu surprise quand j’étais retournée le sauver.

Si je le détestais, ne l’aurais-je pas laissé derrière moi dans une telle situation ?

« … Argh. Ça craint. »

Dernièrement, quand j’avais regardé Rudeus, j’avais eu l’impression que le sol se déplaçait sous mes pieds. Je détestais la noblesse, mais je ne pouvais pas me résoudre à le haïr trop fortement. Je ne savais pas comment faire face à cela. Je n’étais même plus sûre de ce que je détestais vraiment. Rien n’avait de sens.

Mais au final…

Oui, d’accord. Bien. Je suppose que je dois l’admettre. Je ne déteste pas Rudeus.

C’était l’enfant d’un riche connard, mais il y avait plus que ça en lui. Je ne le détestais pas. Mais c’était ça. Je n’irais pas plus loin. Je ne l’aimais pas du tout.

Ne pas haïr quelqu’un était très différent de l’aimer. C’était évident.

« Je n’aime pas du tout Rudeus. »

Une fois ce fait établi, je m’étais endormie.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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