Mushoku Tensei (LN) – Tome 7 – Chapitre 1 – Partie 1

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Chapitre 1 : Le magicien au cœur brisé

Partie 1

La ville de Rosenburg, située à deux mois de voyage au nord de la frontière d’Asura, était parfois appelée la « Porte des Territoire du Nord ». Si elle n’était pas la plus grande ville du duché de Basherant, elle la suivait de près. L’exportation d’instruments de magie de là vers Asura fournissait plus de la moitié des revenus du pays.

« C’est donc ici que… »

J’étais descendu de la calèche et je m’étais arrêté pour jeter un coup d’œil. Le ciel au-dessus de moi était complètement couvert de nuages blancs. Les rues étaient pleines d’aventuriers et de marchands, qui semblaient tous très occupés. Cela avait probablement un rapport avec les deux chariots pleins de marchandises avec lesquelles nous étions arrivés en ville. Les marchandises qui arrivaient jusqu’ici depuis le royaume d’Asura étaient très chères.

« … Il fait froid. »

Beaucoup de gens qui allaient et venaient portaient des vêtements très épais. C’était compréhensible, vu le froid qui régnait dans l’air. Les hivers dans cette région étaient apparemment très enneigés. Il fallait que j’aille chercher des vêtements appropriés pour le temps froid le plus tôt possible.

Je devrais peut-être m’en occuper tout de suite, en fait…

Non, trouver une auberge devait venir en premier. Je n’avais pas beaucoup de bagages, mais tout aventurier expérimenté savait que la sécurisation d’une base d’opérations devait toujours être sa priorité absolue. Cette décision prise, j’étais parti dans les rues de Rosenburg.

Il n’y avait pas beaucoup de stands extérieurs dans notre voisinage immédiat. C’était vraiment inhabituel. Peut-être que les calèches étaient entrées par une autre entrée que celle utilisée par les aventuriers locaux ? À bien y réfléchir, le soir allait bientôt tomber. Dans un endroit aussi froid, il ne serait pas surprenant que les marchands ambulants ferment boutique avant que le soleil ne commence à se coucher.

J’avais vite trouvé une rue bordée d’auberges. J’avais erré un moment en regardant les tarifs affichés devant, mais j’avais fini par en choisir une plus ou moins au hasard. L’endroit s’appelait « L’auberge du Bouclier Circulaire » et s’adressait à des aventuriers de rang B. C’était un nom un peu étrange. Au début, je l’avais presque confondu avec un magasin d’armures, car l’enseigne à l’avant avait la forme d’un bouclier.

Normalement, je me serais contenté d’un endroit moins cher destiné aux personnes de rang C ou D, mais selon Suzanne, les auberges bon marché du coin n’étaient pas équipées de chauffage. On pouvait littéralement mourir de froid en hiver, il était donc plus judicieux de trouver un endroit pour rang B au minimum. Je n’avais écouté qu’à moitié les discours de cette femme, mais elle m’avait certainement donné quelques précieuses pépites de connaissances. J’avais besoin de prendre un peu plus au sérieux toute cette histoire de « collecte d’informations. »

« Hm ? »

Quand j’étais entré, j’avais trouvé un homme en train de nettoyer. C’était probablement le propriétaire. Le type me regarda et fit une grimace comme s’il venait de voir un cafard se faufiler sur le sol. C’était très amical.

« Je voudrais une chambre pour, euh… un mois, s’il vous plaît. »

« … Bien sûr. J’ai besoin d’une signature et d’une empreinte de pouce ici. Une fois que vous aurez payé, vous pourrez avoir la dernière chambre au troisième étage. »

Le visage de l’aubergiste était moins qu’accueillant, mais il n’avait pas hésité à me remettre une clé et la feuille d’enregistrement. Je l’avais remplie comme demandé, puis j’avais payé d’avance pour tout mon séjour. Heureusement, la monnaie d’Asura était encore valable dans cette région. Il se pourrait que je doive l’échanger contre la monnaie locale à un moment donné, mais cela pouvait attendre. D’après ce que m’avait dit Suzanne, les pièces d’Asura étaient de toute façon plus fiables et plus précieuses.

L’aubergiste avait les yeux écarquillés lorsque je comptais pour lui mes pièces d’argent d’Asura sur la réception. J’avais eu l’impression qu’il n’aimait pas mon apparence, mais au moins il était content de mon argent.

J’avais encore en main pratiquement tout l’argent que mon groupe avait gagné au cours de notre voyage du continent des démons à Asura. Nous aurions dû partager ces fonds à parts égales entre nous trois, mais cela n’avait pas finalement pu se faire. En plus de cela, j’avais aussi économisé un peu de l’argent qu’Alphonse m’avait donné pour m’aider au camp de réfugiés de Fittoa. Un mois dans une auberge comme celle-ci n’était pas vraiment bon marché, mais à ce moment-là, il me restait encore un bon coussin financier. Bien sûr, il faudrait que je recommence à gagner de l’argent un jour.

J’étais monté au troisième étage. J’avais trouvé ma chambre et j’étais entré pour jeter un coup d’œil. Il y avait un lit, un placard, une table et une chaise. C’était assez typique. Les seuls éléments de la pièce qui se détachaient au premier coup d’œil étaient les murs de briques nues, que l’on ne voyait pas souvent dans d’autres pays, et le poêle encombrant qui était intégré à l’un d’entre eux. À côté du poêle, il y avait un petit tas de bois et quelques silex. Vous deviez sans doute le faire démarrer vous-même dès que vous aviez froid. Je n’avais aucune idée de la façon de faire fonctionner ce truc, mais je pouvais toujours demander à l’aubergiste plus tard.

« Ha… »

J’avais jeté mes bagages par terre et je m’étais écroulé sur mon lit en soupirant. Le ciel devant ma fenêtre était encore d’un blanc pur. Peut-être que le ciel couvert était la norme dans les pays enneigés comme celui-ci.

À Asura, le ciel était bleu. Parfois, on pouvait scruter d’un horizon à l’autre sans voir un seul grain de nuage. J’avais regardé cette grande étendue bleue pendant la majeure partie de mon voyage ici, c’était vraiment une belle couleur. Mais la seule couleur à laquelle je pouvais penser était son opposé, le rouge, et ce qu’elle symbolisait.

« … ! »

OK, non. Ne nous engageons pas dans cette voie à nouveau. Ne pensons pas aux couleurs pour l’instant.

J’avais décidé qu’il valait mieux regarder les rues à la place. J’étais sorti du lit, j’étais allé à la fenêtre et j’avais regardé Rosenburg. Du troisième étage de cette auberge, on pouvait voir presque toute la ville. Il y avait une quantité surprenante de verdure dehors. Le duché de Basherant avait tendance à aligner ses rues avec des arbres plantés à intervalles réguliers. J’avais entendu dire que c’était pour assurer à chacun un approvisionnement d’urgence en bois de chauffage en cas de besoin, mais le résultat esthétique n’était pas mal non plus. Cela me rappelait la forêt que nous avions traversée juste après avoir laissé Asura derrière nous. C’était un bel endroit. Tous ces arbres massifs partout… le doux bruissement des feuilles dans le vent…

Oui. Les arbres, c’est bien. La nature est si belle.

Il n’y a rien de tel que le grand air pour vous aider à oublier les parties du monde les plus laides et les plus horribles. Restez un bon moment dans la verdure, et vous rincerez toute la boue de votre cœur.

« Éris… »

Ce mot m’échappa sans le savoir, et mon humeur piqua du nez encore une fois. On pouvait se rincer le cœur autant qu’on le voulait, cela ne servait pas à grand-chose quand il avait été brisé en quelque cinquante mille morceaux.

Pour être honnête, la façon dont cela s’était terminé avait été un véritable choc. J’étais tellement convaincu qu’Éris et moi étions un couple. J’étais tellement convaincu que nous nous aimions l’un et l’autre. Je pensais que nous allions vivre ensemble à Asura, je pensais qu’elle aurait besoin de mon soutien maintenant qu’elle avait perdu ses parents. J’étais prêt et disposé à m’engager avec elle. Peut-être que ça ne devrait pas vraiment compter, mais… elle était ma première, et je voulais faire ce qu’il fallait. Je voulais rester avec elle. La famille Greyrat restait encore noble. Il y aurait donc peut-être quelques obstacles à surmonter, mais j’étais déterminé à la protéger. Cela pouvait signifier que l’on devrait se dresser contre nos ennemis ou les fuir ensemble.

Mais ce n’était pas le cas. Éris ne ressentait pas du tout la même chose. En fin de compte, je ne représentais rien pour elle.

Je m’étais retrouvé à renifler un peu. Une sensation de chaleur et de picotement s’était installée dans mon nez.

Je devrais arrêter de penser à ça.

Cela faisait des mois qu’Éris m’avait quitté. Combien de fois allais-je laisser les mêmes pensées résonner dans ma tête ? La fille avait disparu. Elle en avait fini avec moi. Et j’avais mes propres problèmes à régler. Nous nous étions séparés, c’était aussi simple que ça. Nous avions des objectifs différents, nous suivrons donc des chemins différents maintenant. Était-ce vraiment si terrible ?

Ce n’était pas comme si j’étais quelqu’un de spécial. Personne n’allait tomber amoureux de moi. Je devrais être reconnaissant pour tous les moments de bonheur qui m’étaient arrivés… aussi brefs soient-ils.

Oui, c’est bon. Ça suffit. Concentrons-nous sur ce que nous sommes venus faire ici. Tu te souviens pourquoi tu es ici, non ?

Je venais chercher ma mère, Zenith Greyrat. Je n’étais certainement pas parti pour me distraire suite à une rupture douloureuse. Non, vraiment. Ma décision de laisser Asura derrière moi n’avait rien à voir avec le fait que chaque jour passé là-bas me rappelait les souvenirs de la fille qui m’avait largué ! J’étais ici pour rechercher le seul membre de ma famille qui était toujours porté disparu. Elle avait disparu depuis des années et j’avais promis à mon père, Paul, que je ferais de mon mieux pour la retrouver.

Cela dit, je n’avais pas vraiment de plan pour le moment. Que faudrait-il faire pour la retrouver ? Qu’est-ce qui serait même considéré comme une « recherche » de disparue ?

« Haa… »

Dernièrement, je n’avais pu que soupirer. Et tout ce à quoi je pouvais penser, c’était aux derniers moments qu’Éris et moi avions passés ensemble. J’avais été si heureux durant cette nuit-là, mais ensuite…

« OK, non. Stop. »

J’avais poussé ces pensées dans les coins sombres de mon esprit et j’avais essayé de me concentrer sur la tâche à accomplir. Mon cerveau n’était pas d’humeur à coopérer, mais cette fois, je n’avais pas lâché l’affaire. D’accord. Tout d’abord, essayons de faire des suppositions éclairées.

Des années s’étaient écoulées depuis l’incident de la téléportation. Il semblait peu probable que Zenith se trouvait à un endroit où quelqu’un pourrait facilement la trouver. Cette ville était suffisamment grande pour qu’il soit tentant de croire qu’elle pourrait s’y trouver, mais si c’était si facile, quelqu’un l’aurait trouvée il y a des années.

Néanmoins, il était logique de concentrer mes efforts dans les zones très peuplées. Il était difficile d’imaginer Zenith campant dans les bois ou quoi que ce soit d’autre. Il y avait une chance qu’elle soit piégée dans un endroit sur lequel l’équipe de recherche et de sauvetage n’avait pas pu enquêter. Si je voulais trouver des zones probables, je devais fouiner dans des villes comme celle-ci.

Pourtant, j’étais seul. Peu importe les efforts que j’aurais déployés, je ne serais probablement pas capable de fouiller la ville aussi minutieusement qu’il le faudrait. Où cela m’avait-il donc mené ?

« D’accord… Je suppose que ma meilleure chance est qu’elle me trouve à la place, non ? »

Je m’étais laissé tomber sur mon lit et j’avais bien réfléchi à l’idée. Maintenant que je l’avais dit à haute voix, ça me semblait être un plan plutôt convenable. Le monde était grand, il sera toujours difficile de retrouver une personne seule qui pouvait être littéralement n’importe où. Chercher Zenith, c’était un peu comme… essayer de trouver un seul gaucher dans une foule de dix mille personnes. Cela demandait une quantité ridicule de temps et d’efforts.

Mais que se passerait-il si vous disiez à cette foule de gens ce qui se passait, au lieu de les passer un par un ? Si vous criiez « Y a-t-il un gaucher ici ? » dans la foule, peut-être que le type que vous cherchiez lèverait simplement la main et s’avancerait.

En gros, si je devenais assez célèbre, il y avait de bonnes chances pour que Zenith vienne me trouver.

Vu le temps qu’elle avait disparu, il était possible qu’elle soit coincée quelque part, tout comme Lilia et Aisha l’avaient été. Mais si elle entendait que j’étais tout près, elle essaierait au moins de me faire passer un message, non ? Oui. Ça pourrait fonctionner, non ? Je vais devenir célèbre d’une manière ou d’une autre, et alors Zenith pourra me contacter. Allons-y.

« Par contre, par quel moyen je me rendrais célèbre… ? »

Au minimum, j’avais besoin que beaucoup de gens apprennent mon nom. Mais c’était plus facile à dire qu’à faire, non ?

Hmm… voyons voir. Ces dernières années, j’avais fait beaucoup de travail de relations publiques pour Ruijerd en faisant de bonnes actions en son nom. J’essayais en gros de créer des avis positifs pour ce type. C’était difficile de dire à quel point cela avait été efficace, mais j’avais le sentiment que nous avions eu au moins un impact sur le Continent Démon.

Si j’adoptais la même approche générale ici et que je me faisais un nom en tant qu’aventurier, je pourrais probablement devenir connu avant longtemps. Contrairement à Ruijerd, je n’avais pas eu à faire face à une étrange malédiction. Tout ce que j’avais à faire était de réaliser quelques exploits impressionnants, et les gens apprendraient qui j’étais. Je ne devrais même pas avoir à trop déformer la vérité cette fois-ci. Le but était de faire connaître dans toute la région de cette façon : « un garçon magicien nommé Rudeus, à la recherche de sa mère Zenith, qui a disparu après l’incident de téléportation. »

À ce moment-là, Zenith ou quelqu’un qui la connaissait pourrait venir me trouver.

Je devrais probablement faire face à de fausses pistes, ce qui pourrait m’exaspérer. Mais cela ne me dérangerait pas de payer pour des informations authentiques si je devais le faire.

« Franchement… je ne veux pas vraiment faire ça… »

Me faire un nom tout seul dans cette ville misérablement froide et enneigée n’allait pas être amusant. Et même si je réussissais à devenir une célébrité locale, il n’y avait aucune garantie que je trouverais réellement Zenith. En fait, les chances étaient minces. L’équipe de recherche et de sauvetage de Fittoa était une organisation relativement importante, et ils l’avaient cherchée partout sans succès. Il faudrait que j’aie une chance incroyable pour faire mieux.

Dans un groupe de la taille de l’équipe de recherche et de sauvetage, il devait y avoir des gens plus intelligents et plus consciencieux que moi… et d’autres plus compétents pour rassembler des informations ou les diffuser. Ces personnes avaient mis en place toutes sortes de plans, avaient fait de leur mieux, et n’avaient toujours pas trouvé Zenith. Est-ce que ça servait à quelque chose que j’essaie ?

Est-ce que c’était juste une perte de temps inutile ?

Plus j’y pensais, plus j’avais envie de soupirer. Mais ce n’était pas comme si des alternatives se présentaient, et je ne pouvais pas rester assis à ne rien faire. Si j’essayais tout ce qui me venait à l’esprit, il y avait une chance que je trouve de meilleures idées ou que je tombe sur une piste.

« Je suppose que je devrais dormir un peu… »

Décidant que j’avais suffisamment réfléchi dans cette journée, j’avais laissé mes yeux se fermer. Je pensais que j’étais maintenant habitué à voyager, mais apparemment cette longue et pénible promenade en calèche avait été plus épuisante que je ne le pensais. J’avais dormi pendant ce qui m’avait semblé être quelques secondes.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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