Mushoku Tensei (LN) – Tome 6 – Chapitre 3 – Partie 2

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Chapitre 3 : Le royaume de Shirone

Partie 2

« Très bien. Éris, tu peux être l’Épée de la Lune Noire et Ruijerd peut être la Lance de la Lune Noire. Nous serons donc tous assortis de cette façon. »

« Très bien, nous sommes assortis ! Utilisons ça ! »

Je pensais que Ruijerd serait gêné par un tel nom, mais cela ne semblait pas être le cas. Paul avait dit que Aqua Heartia était un nom cool. Apparemment, le concept de « geek » n’existait pas dans ce monde.

« Mais tu n’as pas du tout l’air d’un chevalier, Rudeus », murmura Éris, après avoir pensé que nous avions réglé la question.

Pas un chevalier, hein ? Peut-être devrais-je plutôt me faire appeler Méchant Magicien ou Général Omega ? Mais je ne savais pas si je finirais par utiliser ce nom. Si ça ne marchait pas, je pourrais toujours utiliser à la place le Maître du chenil.

« OK. On a décidé de nos faux noms. »

« Que faisons-nous ensuite ? »

« Pour l’instant, je vais envoyer une lettre à Roxy au palais royal. Nous passerons notre temps à rassembler des informations jusqu’à ce que je reçoive une réponse », avais-je déclaré.

♥♥♥

Le lendemain, j’étais allé au marché, j’y achetais du papier à lettres et une enveloppe. J’avais commencé à écrire ma lettre à Roxy. J’avais commencé par lui envoyer des vœux de saison, je m’étais ensuite renseigné sur son bien-être, puis je l’avais informée que, bien que j’ai été téléporté, j’étais en sécurité. Je lui avais dit que j’étais maintenant dans la capitale de Shirone et que je voulais la rencontrer. Espérant éveiller son inquiétude et son anxiété, je lui avais dit en passant que tous les habitants du village de Buena avaient disparu et qu’aucun d’entre eux n’avait été retrouvé malgré les recherches en cours. J’avais ensuite abordé le sujet de notre bonne, Lilia, et j’avais conclu en soulignant une dernière fois (parce que c’était important) à quel point je m’inquiétais pour ma famille. J’avais également structuré la lettre de manière à ce que la première lettre de chaque ligne, si elle était lue verticalement, se lise « AIDEZ-MOI ». Avec tout ce que j’avais inclus dans ma lettre, j’étais sûr que Roxy comprendrait ce que j’insinuais.

Je l’avais scellée avec de la cire dans laquelle j’avais enfoncé une empreinte du pendentif de Roxy. J’avais brièvement envisagé de l’envoyer sous un faux nom, mais je serais dans l’embarras si elle la jetait en pensant : « Mais qui c’est, bon sang ? » Alors je l’avais signé ainsi : votre élève bien-aimé Rudeus Greyrat, qui veut juste veiller sur vous.

Honnêtement, Roxy reconnaîtrait probablement mon écriture même si j’utilisais un faux nom, mais c’était aussi son genre d’être négligente quand il s’agissait de quelque chose d’important. Je ne savais pas si la lettre lui parviendrait jusqu’à ce qu’elle l’ait vraiment entre les mains. Le Roxy de Schrödinger. J’imaginais Roxy assise dans une boîte qui disait « s’il te plaît, viens me chercher ». Aww. Pour l’amour de Dieu (Roxy), tu es censé retourner la boîte et te cacher à l’intérieur.

De toute façon. Cela mis à part, il n’y avait pas de mal à s’assurer qu’elle lirait le contenu en laissant mon vrai nom sur l’enveloppe.

« Très bien, je vais aller envoyer cette lettre. »

« OK. »

« Très bien, fais attention ! »

Ils m’avaient salué tous les deux, Éris avait un sourire radieux sur le visage. Quelle déception ! J’étais si sûr que l’un d’eux voudrait me suivre.

« Hein ? Qu’est-ce que vous allez faire tous les deux ? »

« J’ai l’intention de poser des questions sur ta sœur en ville », dit Éris.

C’est vrai, j’avais dit que nous chercherions des informations. Après tout, l’information c’est le pouvoir, et il n’y avait rien de mal à essayer de rassembler ce qu’on pouvait. En fait, je m’étais senti un peu gêné par mon laxisme, en essayant de passer à l’étape suivante sans le faire avant.

« Très bien. Je m’assurerai aussi de rechercher des informations, une fois que j’aurai fini d’envoyer cette lettre. »

Sur ce, j’avais laissé le duo derrière moi.

J’étais allé à la guilde des aventuriers pour poster la lettre. J’avais l’intention de commencer à chercher des informations par la suite, mais quelques minutes plus tard, je m’étais rendu compte qu’on me suivait. Au début, j’avais cru que c’était Ruijerd qui me surveillait, pensant probablement que je pourrais avoir des ennuis si on me laissait faire. Mais cela n’avait aucun sens après ce qui s’était passé ces derniers mois. Il m’aurait rejoint plutôt que de me suivre en secret. En outre, sa capacité à suivre les gens était sans égale. Si c’était vraiment lui qui me suivait, je n’aurais pas pu le remarquer.

Je m’étais également dit que cela ne devait pas être Éris. Elle était très mauvaise pour filer les gens. Je l’aurais remarquée à la seconde où j’étais sorti de l’auberge, et elle aurait de toute façon préféré rester silencieusement derrière moi plutôt que de se cacher dans l’ombre.

Alors, qui était-ce ? Y avait-il quelqu’un dans ce pays qui m’en voulait… ? Je n’avais pas trouvé âme qui vive. De plus, je venais d’arriver hier. Il était probable que j’allais créer des problèmes à l’avenir, mais je n’avais encore dérangé personne.

Cela avait-il un rapport avec quelque chose que j’avais fait sur le Continent Démon ? Est-ce que quelqu’un me suivrait vraiment jusqu’ici pour se venger ? C’était peu probable. Mais c’était peut-être un survivant du groupe de contrebande de Port Zant qui m’avait repéré par hasard. Peut-être prévoyaient-ils de saisir l’occasion pour m’achever.

Non, l’explication la plus probable était qu’ils n’avaient absolument aucun lien avec moi.

Quand j’avais tourné au coin de la rue, j’avais aperçu une petite silhouette qui se cachait dans l’ombre. C’était un enfant. Peut-être qu’un des enfants du quartier avait décidé de faire semblant que j’étais un méchant afin de me suivre. Ou peut-être que c’était un orphelin qui avait l’intention de me piquer mon portefeuille. Si je me cachais quelque part, il pourrait paniquer et me poursuivre, et je pourrais surgir et leur faire peur.

Non, attendez. Ce monde possédait des races comme les hobbits, qui semblaient tous de petites tailles. Je ne pouvais pas baisser ma garde.

J’avais décidé de le laisser filer. En gardant cela à l’esprit, j’avais pris à droite à deux intersections, puis j’étais entré dans une ruelle un peu étroite.

« Hm… ? »

J’avais eu la sensation bizarre que quelque chose n’allait pas, une sensation comme si quelque chose remontait du fond de ma gorge.

En balayant la zone du regard, j’avais utilisé la magie pour créer un mur de terre. Un mur de trois mètres s’éleva, scellant l’allée derrière moi. J’avais entendu des pas pressés de l’autre côté alors que mon harceleur courait vers le mur, suivis du bruit de quelque chose qui le frappait faiblement.

J’étais allé assez loin dans les ruelles sinueuses pour perdre ce gamin. Maintenant, quel chemin prendre pour retourner à la route principale ? Je me sentais un peu comme un enfant perdu. Contrairement à la disposition en grille de Millishion, même les grandes artères de cette ville n’étaient pas rectilignes. Même quelqu’un ayant un bon sens de l’orientation comme moi commençait à se perdre.

Je supposais que si on en arrivait là, je pourrais toujours utiliser la magie pour me propulser sur un toit. Attendez. Cette ruelle ressemblait à celle de la vision que l’Homme-Dieu m’avait donnée.

« Ah ! »

J’avais réalisé quel était l’étrange sentiment d’il y a un instant. C’était du déjà vu.

En retournant sur mes pas, je courrais dans l’allée sinueuse. J’avais fait demi-tour à un croisement en T, mais j’avais réussi à revenir sur mes pas jusqu’au mur de terre que j’avais créer.

« Non, stop ! » J’avais entendu une fille crier. « Rends-le-moi ! »

J’avais mis ma main contre la structure solide et j’y avais canalisé mon mana. En utilisant la magie de la terre, j’avais affaibli la composition du mur tout en utilisant simultanément la magie du vent pour déclencher une onde de choc. Avec fracas, le mur s’était effondré.

Devant moi se trouvait la vision que l’Homme-Dieu m’avait montrée. Un soldat s’était emparé brutalement de la main d’une fille, tandis qu’un autre lui tendait un papier qu’il lui avait pris, le déchiquetant en morceaux.

« C’est pour mon père ! Ne déchirez pas ça ! », cria la fille.

Au milieu de l’écho de ses protestations, les soldats avaient regardé dans ma direction, dans la confusion.

« Mais qui êtes-vous… ? »

La fille avait un visage qui ressemblait à celui de Lilia, avec les cheveux bruns de Paul ramenés en queue de cheval. Elle portait une tenue de bonne ample. Son visage, qui aurait normalement dû être léger et joyeux, était déformé par les larmes et la morve qui coulait.

 

 

Les soldats l’avaient regardée avec des regards obscènes sur leur visage. Attendez, non. Ce n’était pas correct. Ils avaient l’air d’avoir pitié d’elle. Faisaient-ils cela par devoir, plutôt que parce qu’ils le voulaient ?

« Qui êtes-vous ? Dites votre nom ! »

« Je suis son… » J’avais failli dire « frère », mais je m’étais arrêté. Je n’étais pas censé donner mon vrai nom.

« Euh… Je suis le Chevalier de la Lune Noire ! »

« Quelle partie de toi est chevalier ? On peut bien voir que tu es un magicien. »

« Argh… »

Bon sang ! La prochaine fois, je me nommerai le Magicien des Ténèbres !

« Écoute bien, petit. C’est bien que tu veuilles jouer au héros, mais nous sommes des soldats du palais. Cette petite fille s’est perdue, alors nous sommes venus la ramener chez elle. »

Il me considérait clairement comme un enfant malicieux. J’étais sûr qu’ils mentaient sur leurs intentions, mais il y avait ce regard troublé sur le visage de l’autre soldat qui regardait Aisha, qui pleurait encore. Quoi qu’il se soit passé au palais pour que Lilia et Aïcha soient détenues, cela ne signifiait pas nécessairement que les soldats du palais étaient aussi des méchants. Peut-être que je devrais essayer de leur parler ?

« Mais vous avez déchiré la lettre qu’elle tenait. »

« Ahh… c’est, eh bien, comment l’expliquer ? Les adultes ont leurs raisons. »

Uh-huh. Les adultes avaient beaucoup de raisons.

« Ah ! »

Aisha trouva une ouverture et gifla la main du soldat. Elle se cacha derrière moi et s’accrocha à ma taille, le visage couvert de larmes et de morve.

« S’il vous plaît, aidez-moi ! »

En regardant son expression impuissante et son comportement frénétique, je m’étais soudainement moqué de savoir si je me faisais de ce royaume un ennemi ou non.

« Ces gars ressemblent à des meurtries, et pires encore ! »

Je n’avais absolument aucune idée de ce qu’elle disait en sanglotant, mais je pouvais dire qu’elle était désespérée. D’accord. Mettons un terme à tout ça. J’étais au fond de moi un adulte. Je ne pouvais pas continuer à jouer la comédie d’un enfant qui joue au héros.

Sans prévenir, j’avais levé la main et j’avais envoyé en silence un canon de pierre sur les soldats.

« Mnh ! »

L’homme que j’avais visé avait immédiatement sorti son épée et avait intercepté le canon.

Ouah ! C’était une sacrée vitesse de réaction ! Le style du Dieu de l’eau, hein ? Ça allait rendre les choses difficiles. Mais le Canon de Pierre n’était pas le seul sort que je connaissais. Tant que je maintenais de la distance, ce sera facile.

Même si vous êtes la première personne à éviter mon canon de pierre, avais-je pensé.

« Un magicien qui peut utiliser la magie sans incantations !? »

« Alors, est-ce que ça pourrait être lui !? »

« Appelez des renforts ! »

« Oka-aaaah ! »

J’avais créé une fosse sous les pieds du soldat qui allait essayer de s’enfuir. Whoosh! En même temps, j’avais tiré des canons de pierre en succession rapide pour détourner l’attention de l’autre soldat. En faisant cela, j’avais dit à Aisha : « Nous allons nous enfuir. Tu peux le faire ? »

« Ngh, wah… oui… ! »

Elle hocha la tête, même en sanglotant.

Très bien, très bien. Tout ce que j’avais à faire était de l’assommer, et nous pouvions nous échapper.

Tweeeeee !

À peine avais-je pensé cela qu’un bruit aigu comme le cri d’un oiseau résonna autour de moi. Il provenait du trou que j’avais ouvert. Un sifflement ! L’autre soldat donnait l’alarme !

Quelques instants plus tard, de partout, de près ou de loin, d’autres sifflets s’étaient joints au chœur. Tweee, tweeeet !!

Chacun sonnait légèrement différemment, probablement pour permettre aux gens d’identifier leur emplacement exact. Lorsque mon adversaire avait vu que j’avais cessé de lui lancer des canons à pierre, il cria : « Nous avons créé un blocus autour de cette zone ! D’autres soldats seront là dans un instant. Cessez votre lutte futile et rendez-nous la fille ! Nous ne vous ferons pas de mal ! »

Cette zone était sur le point d’être envahie. Cependant, j’avais encore une carte dans ma manche. « Aisha ! Accroche-toi bien ! »

« Huh!? »

« Ne lâche pas, quoi qu’il arrive ! »

Malgré sa confusion, Aisha enroula ses bras autour de ma taille et serra. J’avais saisi sa chemise de la main gauche et j’avais canalisé le mana dans la droite. Puis, j’avais conjuré une lance de terre avec une pointe aplatie à mes pieds et je l’avais utilisée comme une catapulte pour nous lancer dans le ciel.

« Qu-quoi !? »

« Aaaaaaaah ! »

Ah ha ha ! À plus tard, loosers !

Au fait, je m’étais cassé les deux jambes lors de mon atterrissage. Je n’allais certainement plus jamais faire ça.

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