Mushoku Tensei (LN) – Tome 6 – Chapitre 3 – Partie 1

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Chapitre 3 : Le royaume de Shirone

Partie 1

Le Royaume Shirone était un petit, mais vieux pays existant depuis deux cents ans. C’était dû au fait que tous les pays humains, à l’exception du royaume d’Asura et du pays saint de Millis, avaient été anéantis par la guerre il y a quatre cents ans.

La partie sud du continent central avait été remplie de conflits jusqu’à ce que le royaume du Roi Dragon prenne le contrôle de toute la région il y a environ trois cents ans. Aujourd’hui encore, les terres situées au nord de cette région étaient une vaste zone de discorde. Le royaume de Shirone était proche de la zone de conflit. Compte tenu de sa situation précaire, comment ce royaume avait-il survécu pendant deux cents ans ? La réponse se trouvait dans l’alliance qu’il avait conclue avec le royaume du Roi Dragon juste après sa fondation, une alliance qui n’en avait que le nom. Tout comme les deux autres pays que nous avions dû traverser pour arriver ici, le royaume de Shirone était en fait un état vassal du royaume du Roi Dragon.

Cela dit, je ne m’intéressais que très peu à la politique nationale. La seule chose qui m’intéressait était le fait que Roxy était dans ce pays. Je me demandais si mon jeune… attendez, non. Elle n’était pas vraiment jeune, pas vraie ? Bref, je me demandais si mon adorable et maladroite maître était encore une magicienne de la cour ici. Elle avait dit que le prince lui causait des ennuis, mais j’étais sûr qu’elle pouvait le supporter.

Cela faisait si longtemps. Je voulais la voir. Je voulais la voir et lui dire que j’allais bien. Je voulais lui raconter comment j’avais visité sa ville natale. Je voulais qu’elle me montre la magie de rang Roi qu’elle avait dit pouvoir utiliser maintenant. Mon cœur battait la chamade alors que nous nous dirigions vers la capitale.

Le long de la route, il y avait des rizières et des pâturages désordonnés. Il y avait aussi des parcelles de terre inactives et des pâturages remplis de plantes qui ressemblaient à du trèfle. Je n’étais pas très au fait des pratiques agricoles, mais les gens de ce monde semblaient réfléchir à la façon dont ils cultivaient leurs récoltes.

Bien qu’il était supposé être un état vassal du Royaume du Roi Dragon, le Royaume Shirone n’avait pas vraiment l’aspect d’une colonie, contrairement aux deux pays que nous avions traversés auparavant. Peut-être était-ce parce qu’il était si éloigné, ou parce qu’il servait de tampon entre la zone de conflit et les autres pays. En tout cas, tel était le paysage qui nous accompagnait lorsque nous étions arrivés à la capitale, Latakia.

Dans ce monde, la plupart des grandes villes étaient entourées de remparts protecteurs, comme Roa et Millishion. Même les grandes villes du royaume de Kikka et du royaume de Sanakia étaient entourées de murs. Il en était de même pour la capitale du royaume de Shirone, dont le périmètre était bordé d’un mur solide et impressionnant.

Rétrospectivement, il en était de même sur le Continent Démon. En fait, comme le continent avait une si forte concentration de monstres puissants, leurs défenses étaient plus complètes. Il n’y avait pas de ville là-bas qui pouvait rivaliser avec les énormes murs naturels qui entouraient la ville de Rikarisu. Chaque ville du continent utilisait les capacités spéciales des tribus vivant à proximité pour ériger de solides murs afin de se protéger. Même les petites colonies procédaient quotidiennement à l’extermination des bêtes à la périphérie du village. En comparaison, les remparts du continent central avaient l’air tellement ridicules.

Nous avions traversé ces murs et nous étions entrés dans la ville, où nous avions garé notre chariot dans une écurie. Il y avait de nombreux donjons dans les environs de la ville, il y avait donc beaucoup d’aventuriers à l’allure durs. Nombreux étaient ceux qui faisaient de la conquête de donjon. C’était la vie de Paul et Ghislaine dans le passé, et même Roxy l’avait fait pendant un certain temps. J’étais presque sûr que c’était Paul qui avait dit que les conquérants de donjon étaient incroyablement doués.

Il y avait de nombreux donjons disséminés dans Shirone, et vous pouviez gagner une somme d’argent incroyable rien qu’en explorant leurs niveaux les plus élevés. Il y avait probablement une poignée d’aventuriers classés S parmi les conquérants de donjon qui visaient le butin le plus lucratif. Nous nous étions ainsi mêlés à cette foule en parcourant la route principale et avions choisi une auberge au hasard pour y séjourner. Comme d’habitude, c’était une auberge adaptée aux aventuriers classés D. Même les auberges les moins bien classées de cette ville étaient un peu chères, peut-être parce qu’il y avait tant d’aventuriers de haut rang dans les environs.

Par rapport aux logements de catégorie D sur le Continent Démon, la qualité des logements sur le Continent Central n’était pas du tout mauvaise. En fait, c’était tellement bien que nous aurions été à l’aise dans des chambres destinées aux aventuriers de rang inférieur, mais nous avions assez d’argent pour ne pas nous en soucier. Bien au contraire. En fait, nous aurions pu nous offrir un logement encore meilleur si nous l’avions voulu.

J’aurais aimé loger dans une meilleure chambre, m’étais-je dit à un moment donné. Mais même si nous avions de l’argent en plus, c’était du gaspillage. Peut-être que j’étais vraiment qu’un avare.

« Très bien ! Maintenant que nous sommes arrivés dans le Royaume de Shirone, nous allons mener notre réunion stratégique », avais-je annoncé aux deux personnes qui se trouvaient devant moi. Leurs applaudissements apathiques me dirent qu’ils s’étaient habitués à ce dispositif.

« Maintenant, par quoi devrions-nous commencer ? »

« Nous allons rencontrer ton professeur, non ? »

La question d’Éris me rappela ce que le Dieu-Homme avait dit.

« Elle s’appelle Aisha Greyrat. Actuellement, elle est détenue dans le Royaume de Shirone. Tu seras là quand les événements de ta vision se produiront, tu la rencontreras et la sauveras. Tu ne devras absolument pas faire connaître ton nom. Appelle-toi le maître du chenil de Dead End et demande-lui des détails sur sa situation. Envoye ensuite une lettre à ta connaissance au Palais Royal de Shirone. Si tu fais cela, Lilia et Aisha seront toutes deux sauvées de ce palais. »

Quelque chose dans ce sens.

Si je me fiais entièrement à ses conseils, il me suffirait de marcher dans la ruelle que j’avais vue dans la vision pour déclencher cet événement. Je m’étais dit que je devrais probablement emmener Éris et Ruijerd. Après tout, l’Homme-Dieu n’avait pas dit que je devais y aller seul cette fois-ci.

J’avais continué à réfléchir. Si je croyais l’Homme-Dieu, alors Lilia et Aisha étaient détenues au palais royal de Shirone. Mais dans ma vision, j’avais rencontré Aisha à l’extérieur. Cela signifiait qu’elle avait réussi à s’échapper du palais. Je m’étais souvenu du regard des deux hommes qui la poursuivaient dans mon rêve. J’avais vu leur tenue à de nombreuses reprises dans la ville, c’était une tenue de soldat ordinaire.

En d’autres termes, Aisha serait poursuivie puis attrapée par les soldats du palais. C’était à ce moment-là que j’entrais en scène. Si j’adoptais l’approche la plus évidente pour la sauver, je risquais de faire du palais un ennemi, ce qui devait être la raison pour laquelle l’Homme-Dieu m’avait dit de ne pas utiliser mon nom. Il serait peut-être préférable que je cache aussi mon visage.

Pendant que les chevaliers étaient occupés à traquer ma fausse identité, je pourrais envoyer une lettre à ma connaissance dans le palais (Roxy) et lui demander de l’aide. Si elle était magicienne de la cour, ses mots devraient avoir un certain pouvoir. Je lui devais déjà beaucoup. Je ne voulais pas me présenter pieds nus et avec des semelles sales sur le pas de sa porte, comme un enfant errant, bien que je lui laverais volontiers les pieds si nos positions étaient inversées.

Mais c’était l’Homme-Dieu dont nous parlions. Il était possible qu’il prépare quelque chose. Si j’en dis trop, ça va gâcher mon plaisir, avait-il dit. En d’autres termes, il espérait que quelque chose d’intéressant allait se produire, et il n’y avait probablement rien que je puisse faire pour l’éviter.

Mais il avait aussi dit : j’espère que tu me feras confiance la prochaine fois. J’espérais que, même si des surprises désagréables m’attendaient, elles n’impliqueraient pas de blessures graves ou la mort d’un de mes proches.

Mais tout cela supposait que je fasse confiance à ce connard. Il pourrait bien essayer de me tromper cette fois-ci, sans se soucier de ce qui se passerait par la suite. Malgré tout, il était inutile d’opposer une résistance qui risquerait d’aggraver la situation de manière catastrophique. Je n’aimais pas le fait de devoir à nouveau rentrer dans son jeu, mais il me semblait que je n’avais pas d’autre choix que de l’écouter.

Mes principaux objectifs étaient maintenant de rechercher Aisha, de masquer mon nom et d’envoyer une lettre à Roxy. Cela dit, comment allais-je convaincre mes compagnons ? La lettre n’était pas un problème, mais il me fallait quand même une bonne raison pour chercher dans les ruelles en utilisant un faux nom. Depuis que nous étions partis de Millishion, ils s’étaient assurés que l’un d’entre eux soit toujours à mes côtés, même pendant nos jours de congé. Apparemment, ils étaient toujours préoccupés par la dépression que j’avais ressentie après ma rencontre avec Paul.

Les avoir inquiétés me mettait mal à l’aise, mais il y avait de fortes chances que nous nous retrouvions face à des soldats dans notre quête pour retrouver Aisha. Ni Éris ni Ruijerd n’étaient bons pour jouer la comédie. Peu importe qui je prenais, il était fort probable qu’ils fassent quelque chose qui nous retombera un jour dessus. Le karma agissait de la même façon.

Alors… que faire ?

« Rudeus, de quoi t’inquiètes-tu ? »

Hm… bien, c’est comme on dit, mieux vaut agir maintenant et s’inquiéter plus tard, m’étais-je dit.

« En fait, j’aimerais que nous cachions nos identités pendant que nous sommes ici. »

« On va encore faire semblant ? Pourquoi ? »

« Hmm… »

Même si je ne devais rien dire au sujet de l’Homme-Dieu, il n’y avait aucune raison que je cache le reste de l’histoire.

« En fait, j’ai entendu dire par une source que des membres de ma famille ont été emmenés en captivité quelque part dans ce pays. »

« Vraiment ? », demanda Éris.

« Oh », grogna Ruijerd.

Ils ne m’avaient pas non plus demandé de qui ou d’où j’avais obtenu cette information, même si l’un ou l’autre d’entre eux avait toujours été avec moi chaque fois que j’avais recueilli des informations. Mais il valait mieux pour moi qu’ils n’insistent pas sur la question.

« Oh, j’ai compris ! Ils seront donc en alerte s’ils entendent le nom de Greyrat ! », s’exclama Éris

« C’est vrai. »

« Alors, quel membre de ta famille ? »

« Lilia et Aisha. Notre ancienne bonne et ma petite sœur. »

En fait, maintenant que j’y pensais, de quelle manière devrais-je appeler Lilia ? Elle n’était pas vraiment ma belle-mère.

« Ta petite sœur ? Tu veux dire celle qui était si imbue d’elle-même, que nous avons rencontrée à Millishion ? »

« J’en ai une autre. »

« Uh-huh… »

Éris avait l’air peu enthousiaste en pinçant ses lèvres.

Donc Norn semblait imbue d’elle-même ? Je ne pensais pas du tout ça, mais Éris avait clairement une impression différente. Je m’étais demandé de quel côté je serais si Éris la frappait…

Éris s’était mise à renifler triomphalement.

« Eh bien, si c’est ce qui se passe, pas de plaintes ici ! Impressionnant, Rudeus. Tu as vraiment bien réfléchi. »

C’est ce qu’elle avait dit, mais tout ceci n’était pourtant qu’un plan conçu par l’Homme Dieu.

« Alors on va cacher nos noms. Devrions-nous en utiliser des faux ? »

« Oui, et ce serait mieux d’utiliser quelque chose de commun », dis-je.

« Pourquoi ? »

« Ils seraient préférables que de faux noms ne seront pas mémorisables. »

« Quels étaient les noms célèbres dans le coin ? », se demandait Éris à voix haute.

« Pendant que nous étions en voyage, j’avais souvent entendu des noms comme Shyna et Reidar », proposais-je.

Shyna, chevalier du Dieu de la mort, était une femme chevalier qui apparaissait fréquemment dans l’Épopée du Dieu du Nord. Elle était l’un des trois chevaliers du dieu du Nord et était l’une des compagnes du Dieu. Quelle que soit la brutalité de la bataille, elle rentrait toujours chez elle, presque comme si elle ne pouvait pas être tuée. L’histoire était probablement fictive, mais il y avait encore beaucoup de gens qui nommaient leur enfant Shyna dans l’espoir que ce nom puisse les empêcher d’être tués dans un accident bizarre.

Reidar était le nom d’un Dieu de l’eau. C’était un génie pour contrer les attaques, il pouvait geler l’océan et marcher dessus, c’était aussi le héros qui avait vaincu le dragon roi des mers. Le nom de cet homme légendaire avait été transmis de génération en génération. Chaque nouveau chef du Style du dieu de l’Eau en héritait : les hommes s’appelaient Reidar tandis que les femmes s’appelaient Reida. C’était un nom assez courant par ici.

Mes deux camarades avaient beaucoup réfléchi aux faux noms qu’ils allaient utiliser. Je leur en étais reconnaissant. Maintenant, je devais aussi réfléchir sérieusement au mien.

« Rudeus, que vas-tu choisir ? »

« Eh bien, voyons voir. Dans ce cas, il vaut mieux qu’ils sachent tout de suite que c’est un faux nom. »

« Pourquoi ? »

« Ils ne connaissent ni nos noms ni nos visages. Ça pourrait les embrouiller si on leur donne un faux nom tape-à-l’œil », avais-je dit, en citant une réplique d’un super vieux dessin animé que j’avais vu il y a longtemps. Pour être tout à fait honnête, cela n’avait pas vraiment d’importance tant que les noms étaient faux.

« Alors on devrait choisir un nom cool. »

Un nom cool, hein ?

« Très bien. Je m’appellerai le Chevalier de la Lune Noire. »

« Chevalier de la Lune Noire !? »

Les joues d’Éris rougirent et ses yeux brillèrent.

C’était un personnage de Kamen Rider qui aimait les haïkus, il portait ce qui semblait être à un uniforme de cantinière de mauvais goût. Si quelqu’un comme ça apparaissait devant Éris, elle le tabasserait probablement.

« Je vais choisir le même nom ! Attends, mais on ne peut pas porter le même, euh… »

L’avait-elle vraiment autant apprécié ? Dans ce cas, autant s’en tenir au thème du chevalier.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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