Mushoku Tensei (LN) – Tome 6 – Chapitre 11 – Partie 1

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Chapitre 11 : La fin du voyage

Partie 1

Nous étions finalement arrivés tous les trois au royaume d’Asura trois jours plus tard. Il était juste devant nous… ou plutôt, nous étions en plein dedans. Malgré cela, les événements de la veille nous pesaient encore, laissant des regards lugubres sur nos visages.

Nous avions été totalement vaincus. Nous avions été anéantis si brutalement, et on m’avait même pris ma vie. Orsted m’avait ressuscité suite à un étrange caprice, mais sans cela, je ne serais même plus là. Je n’avais pas encore tout à fait compris.

Il était vrai que je pensais ne pas vouloir mourir au moment où il avait porté son dernier coup. On s’attendrait à ce que je sois traumatisé, et pourtant, quand j’avais ouvert les yeux, je m’étais senti revigoré. C’était un peu exagéré. C’était plus comme : oh, était-ce juste un rêve ? C’était le même sentiment que j’avais eu quand je m’étais réveillé d’un cauchemar. Peut-être était-ce dû au fait que j’avais vu l’Homme-Dieu juste au moment de ma mort et que tout cela me semblait surréaliste.

En d’autres termes, il semblerait que l’Homme-Dieu avait dû deviner ce qui se passait et s’était imposé dans ma conscience. Pour être honnête, instinctivement, je ne voulais rien faire d’autre que le repousser, mais l’Homme-Dieu se souciait de Ruijerd et de ses affaires, alors peut-être que ce Dieu n’était pas si mauvais que ça.

Cela mis à part, depuis que j’avais failli mourir, Éris était restée très proche de moi pendant que nous étions dans la calèche. Avant, elle se tenait juste en diagonale en face de moi et disait : « J’entraîne mon sens de l’équilibre. Pourquoi n’essayes-tu pas ? » Mais dernièrement, elle s’était mise à s’asseoir. Plus précisément, juste à côté de moi. Assez près pour que nos cuisses se touchent. Hier, il y avait de la peau qui sortait de l’ourlet de son pantalon. C’était seulement l’instinct humain qui me fit toucher quelque chose que je pouvais voir, alors j’avais tendu la main droite, juste un peu, et je l’avais caressée. En retour, Éris me regarda fixement, son visage était rouge vif.

Elle ne m’avait pas frappé. Éris, celle qui frappait toujours les gens, s’était soudainement arrêtée. Même quand je faisais quelque chose qui méritait totalement d’être puni, elle ne le faisait pas. Son visage se mettait à rougir et elle se contentait de me regarder. Et elle continuait à le faire tout en me regardant de haut. Pas seulement ça, mais elle restait assise juste à côté de moi. Autrefois, elle s’éloignait quand je faisais ce genre de choses, mais maintenant, elle restait près de moi.

Pour être tout à fait honnête, j’en étais arrivé au point où je voulais mettre ma main dans son pantalon, j’avais donc souhaité qu’elle mette un peu de distance entre nous. Je savais qu’il y avait des choses qu’on pouvait faire passer pour une blague et d’autres qu’on ne pouvait pas laisser placer. Je me retenais. Mais qu’elle soit au courant ou non de mon conflit interne, Éris était tout de même restée près de moi.

Si je laissais mes mains inoccupées, elles s’éloignaient dans la direction d’Éris, alors actuellement je créais de la magie avec ma main gauche et j’utilisais ma droite pour perturber le mana qui en sortait. C’était la magie qu’Orsted avait utilisée. Je crois qu’il l’avait appelée « Magie Pertubatrice ». Juste avant que le mana puisse prendre forme lorsqu’il s’accumulait dans ma main, j’avais utilisé différents manas pour le perturber et le disperser.

C’était simple et ne coûtait pas beaucoup de mana, mais c’était une technique incroyable. Rétrospectivement, cette méthode d’annulation était similaire à la barrière de rang Roi dans laquelle je m’étais retrouvé piégé dans le Royaume de Shirone. Elle était simple à expliquer, mais sa mise en œuvre était assez difficile. Et bien que j’utilisais ma main non dominante pour la bloquer, la magie prenait pourtant encore forme, bien qu’imparfaitement. Il était extrêmement difficile de l’annuler complètement comme l’avait fait Orsted. Mais, même dans son imperfection, elle pouvait toujours être utilisée pour la contraindre. Il m’avait en fait appris quelque chose d’assez utile.

« Hé, Rudeus, qu’est-ce que tu as fait pendant tout ce temps ? »

« J’essaie d’imiter la magie qu’Orsted a utilisée », avais-je dit.

Éris fixa mes mains avec attention. Dans ma gauche, j’avais fabriqué un petit canon de pierre déformé qui était tombé sur le sol avec un petit bruit sourd.

Encore un échec. J’avais presque l’impression de jouer à pierre-papier-ciseaux avec mes mains. Peu importe comment j’essayais, je continuais à laisser ma main gauche gagner. Hm. Ça ne marcherait jamais si je faisais preuve de négligence. En d’autres termes, il y avait certaines règles à respecter pour perturber la magie. Cela voulait-il dire que si je pouvais libérer la magie conformément à ces règles, je pouvais en fait annuler sa magie perturbatrice ? Les possibilités se multipliaient.

« Quelle sorte de magie est-ce ? »

« Celle qui annule la magie », avais-je répondu.

« Peux-tu faire ça ? »

« Je la pratique en ce moment même. »

« Pourquoi fais-tu quelque chose comme ça ? », demanda Éris.

« Ces derniers temps, je me suis souvent trouvé à des endroits où j’ai eu ma magie scellée et où je n’ai rien pu faire. Je suppose qu’on peut dire que je fais des recherches. Au moins, si nous revoyons Orsted et que cela se transforme en bagarre, je veux pouvoir m’éloigner de lui. Ça a-t-il du sens ? »

Éris s’était tue. Pendant un court moment, le seul bruit était celui des canons de pierre frappant le sol.

« Hé, Rudeus, pourquoi es-tu si fort ? »

J’étais vraiment fort ?

« Je pense que tu es plus forte que moi », lui avais-je dit.

« Ce n’est pas du tout vrai. »

« … »

« … »

La conversation s’était close. Éris semblait avoir quelque chose à demander, mais elle n’avait rien dit. Je m’étais demandé ce qu’elle avait en tête, mais je n’en avais pas la moindre idée. Non, ce n’était pas tout à fait vrai.

« Es-tu inquiète du fait que tu as été si facilement vaincue l’autre jour ? »

« … Oui », dit Éris.

Ce n’était pas sa faute. Selon l’Homme-Dieu, Orsted était le Dieu-Dragon, l’être le plus fort de ce monde. Il avait même facilement battu Ruijerd. Ce n’était pas un combat loyal. Il se trouvait à un niveau qu’on ne pouvait pas atteindre par ses seuls efforts. Dans ma vie précédente, j’avais fait beaucoup d’efforts dans certains domaines et j’avais réussi à atteindre certains sommets, mais je ne m’étais jamais classé parmi les meilleurs dans quoi que ce soit. Même avec les jeux dans lesquels j’étais absorbé, où je pensais que je ne perdrais jamais, il y avait toujours des gens meilleurs que moi.

Orsted était limité par des malédictions, et malgré cela, sa capacité de combat physique dépassait celle de Ruijerd. Il avait vaincu Éris d’une seule main et m’avait rendu complètement impuissant. De plus, il se battait de façon si précise qu’il ne faisait pas plus d’efforts que nécessaires pour vous faire passer de la pleine puissance à zéro, ce qui signifiait qu’il avait encore de l’énergie à revendre. Je n’avais aucune idée de la force qu’il aurait vraiment s’il se donnait à fond.

« Cet adversaire est à un tout autre niveau. Ce n’est pas ta faute. »

« Mais… »

Je pouvais comprendre pourquoi Éris était troublée. Elle avait été victime d’une attaque. Il avait pris son attaque à l’épée directement et l’avait envoyée voler.

« Tu es encore jeune. Tant que tu travailleras dur, tu deviendras plus forte », lui avais-je assuré.

« Tu le penses vraiment… ? »

« Oui, même Ghislaine et Ruijerd ont dit la même chose, non ? »

Éris leva soudainement la tête et me regarda droit dans les yeux.

« Tu sais que tu as failli mourir ? Pourquoi es-tu... Comment peux-tu dire ça si facilement ? »

Eh bien, parce que ça me semblait surréaliste. Je ne pensais pas non plus que j’essayerais de le combattre à l’avenir. La prochaine fois que je verrai son visage, je m’envolerai comme une fusée. Ou peut-être, je me cacherais dans l’ombre comme un rat. Si je ne pouvais pas trouver un moyen de m’enfuir, peut-être que je lui supplierais d’épargner ma vie. J’avais prié pour qu’Éris n’ait pas à voir ce spectacle.

« Parce que je ne veux pas mourir la prochaine fois », avais-je finalement dit.

« C’est vrai, tu ne veux pas mourir… ? »

« S’il te plaît, ne t’inquiète pas. Je vais travailler dur, pour que si jamais on se retrouve dans une autre situation dangereuse comme celle-là, je puisse te prendre et m’enfuir. »

Éris affichait un regard complexe alors qu’elle appuyait sa tête contre mon épaule. J’aurais peut-être gagné plus de points d’affection avec elle si j’en avais profité pour lui caresser la tête, mais j’étais en train de lancer de la magie perturbatrice avec ma main droite.

« Eh bien, quoi qu’il arrive, nous devons devenir un peu plus forts. »

Juste un peu plus. Il n’y avait aucune chance que nous devenions les plus forts de ce monde. Le plafond ici était bien trop haut. Mais je voulais au moins devenir assez fort pour que nous puissions nous enfuir si nous étions attaqués par un fou.

En pensant à cela, j’avais enfoncé mon visage dans les cheveux d’Éris et j’avais inhalé son parfum.

Une fois que la nuit était tombée et qu’Éris s’était endormie, j’étais allé parler à Ruijerd. Nous avions parlé encore moins que d’habitude depuis cet incident. Ruijerd n’avait jamais été un grand bavard, mais depuis, il était devenu morose. Il s’était probablement blâmé pour ce qui s’était passé parce que, malgré sa promesse de nous ramener chez nous en toute sécurité, il n’avait pas été capable de nous protéger. Mais au moins, j’étais toujours en vie, même si la chance avait joué un rôle dans cette affaire.

« Cet homme, Orsted, c’était apparemment le Dieu-Dragon. Le numéro deux des sept grandes puissances. », lui avais-je dit.

J’avais ouvert la conversation par cette remarque, en partant de l’idée que puisque notre adversaire était trop fort, il était naturel que nous perdions.

« Alors c’était donc ça. Pas étonnant qu’il était si… »

« Fort, n’est-ce pas ? Après que tu aies été assommé, je n’ai rien pu faire pour m’opposer à lui. »

« C’est la première fois depuis Laplace que j’ai eu l’impression de ne pas pouvoir le vaincre après n’avoir jeté qu’un seul regard sur lui. »

Ruijerd n’était pas au courant des malédictions qui limitaient le pouvoir d’Orsted. Il ne savait pas qu’il avait été battu en duel par un adversaire qui se retenait. S’il connaissait la vérité, cela pourrait le choquer.

« Même moi, je ne pense pas pouvoir m’opposer à l’élite des sept grandes puissances. Ces gens sont des monstres incompréhensibles. On a eu la malchance de croiser quelqu’un comme ça sur la route. Le fait que nous ayons réussi à survivre peut être considéré comme un gros coup de chance. »

Ces mots donnaient l’impression qu’ils se cherchaient des excuses, mais il y avait aussi une pointe d’autodérision dans le ton de Ruijerd. Il avait peut-être reconnu qu’il ne pouvait rien faire, mais il avait vu cela comme une question distincte de son incapacité à remplir son devoir.

« Rudeus, si jamais nous rencontrons à nouveau quelqu’un comme ça, il ne faut absolument pas chercher la bagarre avec lui. Ne croise même pas leurs yeux. C’est-à-dire, si tu ne veux pas que les choses se reproduisent comme cette fois-ci… », avait-il poursuivi.

« Oui, oui. La prochaine fois, je détournerai probablement les yeux et je passerai à autre chose. »

Il était en colère contre moi. Si je n’avais pas appelé Orsted, nous serions probablement passés à côté. J’admettais cette erreur. Même s’il n’avait pas l’air si dangereux au début. Non… après la réaction de Ruijerd et d’Éris à son égard, j’aurais dû être plus prudent.

« Alors, qu’est-ce qui te dérange ? » Avais-je demandé.

Ruijerd me jeta un regard furieux.

« Qui est l’Homme-Dieu ? »

Oh. Alors c’était de ça qu’il s’agissait.

« Au début, il semblait avoir l’intention de nous laisser partir. Malgré l’aura sanguinaire qui émanait de lui, il n’y avait en fait rien de meurtrier dans ses yeux. Mais au moment où il a entendu le nom “Homme-Dieu”, il a tourné toute cette animosité vers toi. »

J’avais fermé les yeux. Devrais-je lui dire ou non ? C’était une décision que je pensais avoir déjà prise auparavant. Mais aussi répugnant qu’il puisse paraître, l’Homme-Dieu n’était pas une si mauvaise personne, et après ce qui nous était arrivé, je n’aimais pas garder les choses cachées.

« En fait, l’Homme-Dieu est… »

Malgré le temps que j’avais passé à réfléchir à la question de savoir si je devais ou non le dire à Ruijerd, une fois ma décision prise, les mots sortirent facilement de ma bouche. Je lui avais raconté comment, depuis l’époque de l’incident de téléportation, un être mystérieux qui se faisait appeler l’Homme-Dieu était parfois apparu dans mes rêves. Qu’il m’avait conseillé d’aider Ruijerd, qu’il m’avait aussi donné des conseils à d’autres moments. Que mon comportement suspect était dû au fait que je suivais ce conseil. Puis je lui avais dit qu’il me semblait que l’Homme-Dieu et le Dieu-Dragon étaient des ennemis. Je lui avais dit que mes conversations avec l’Homme-Dieu étaient vagues et que j’oubliais probablement beaucoup de détails, mais j’avais raconté tout cela aussi largement que possible.

« L’Homme-Dieu et le Dieu-Dragon… les sept dieux d’autrefois… C’est si soudain, c’est difficile à croire », déclara Ruijerd.

« J’en suis sûr. »

« Mais il y a des parties qui ont un sens. »

Après avoir dit cela, Ruijerd s’était tu. L’air était dominé par le crépitement du feu qui était en train de brûler. Les ombres qu’il créait dansaient autour, se gravant sur le visage du vieux guerrier. Grâce à sa génétique, Ruijerd semblait assez jeune, mais il y avait quelque chose dans son expression qui suggérait une histoire déchirée par les batailles.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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