Mushoku Tensei (LN) – Tome 5 – Interlude 1 – Partie 4

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Interlude 1: Éris, tueuse de Gobelins

Partie 4

Bien que ce fût la première fois qu’Éris tuait quelqu’un, elle n’avait pas faibli, même pas un seul instant. Son attention s’était déjà portée sur sa prochaine cible. Les hommes vêtus de noir se déplaçaient rapidement pour l’encercler, mais Éris était un pas plus rapide que n’importe lequel d’entre eux. Ruijerd lui avait fait la leçon sur la bonne façon de se déplacer lorsqu’elle était entourée de plusieurs ennemis. De nombreux monstres chassaient en meute, votre but était de les éliminer rapidement avant qu’ils ne puissent vous encercler.

« Haaah ! »

En un clin d’œil, Éris avait abattu un autre des assassins.

Les trois hommes restants étaient visiblement perturbés. Les mouvements de cette fille étaient erratiques, et ses attaques venaient subitement d’angles inattendus. Il était pratiquement impossible de les esquiver tout en essayant de faire autre chose.

Pourtant, c’était des tueurs professionnels. Au moment où ils virent Éris tuer leur camarade, ils l’avaient encerclée avec succès. Deux des assassins sautèrent vers Éris presque simultanément, en échelonnant délibérément leurs attaques.

Ils étaient rapides, mais pas autant que Ruijerd. Ils n’étaient pas non plus aussi parfaitement coordonnés que les Pax Coyotes du Continent Démon.

Ces hommes n’étaient pas assez bons.

« Il y a du poison sur leurs poignards ! Faites attention ! »

Le chevalier qui avait défendu la petite fille se précipita pour frapper l’un des assassins par-derrière en lui lançant ces mots d’avertissement.

Éris anticipa avec précision la réaction des hommes vêtus de noir et trouva l’opportunité de se libérer de leur encerclement. Au moment même où elle réalisa qu’elle allait gagner ce combat, son épée transperça un troisième assassin.

« Merde ! Battons en retraite ! »

Les deux hommes restants firent volte-face et ils se mirent à courir. Mais Éris n’avait jamais été du genre à laisser un travail à moitié terminé. En un clin d’œil, elle en rattrapa un et le découpa sauvagement par-derrière, l’éviscérant. Ses entrailles s’étaient déversées sur le sol alors qu’il tombait.

 

 

Le dernier assassin n’avait pas regardé en arrière. Le temps qu’Éris se tourne vers lui, il avait déjà disparu au loin.

Avec un petit soupir de dédain, elle avait vigoureusement brandi son épée pour retirer le sang qui était sur sa lame. D’après les apparences, elle était plus calme que jamais. Mais son cœur battait encore rapidement dans sa poitrine. Elle venait de vivre sa première bataille de vie ou de mort contre d’autres êtres humains. Pour la toute première fois, elle avait tué quelqu’un.

De plus, ses adversaires avaient manié des poignards empoisonnés, et même une seule égratignure aurait pu lui être fatale. Et Rudeus et Ruijerd n’avaient pas non plus été là pour surveiller ses arrières. Elle s’était jetée dans la mêlée sans trop réfléchir, mais sans cette femme chevalier, elle aurait pu mourir.

Naturellement, Éris garda ces pensées pour elle. Rengainant son épée, elle se tourna vers le Chevalier du Temple en armure.

« Désolé. L’un d’eux s’est enfui. »

Ces mots avaient laissé le chevalier quelque peu abasourdi. La fille qui se tenait devant elle n’était même pas adulte, mais elle avait réussi à se frayer un chemin à travers un groupe de tueurs. Et elle semblait en plus totalement imperturbable.

Sans même enlever son casque, la femme posa son poing sur son ventre et s’inclina dans le style des Chevalier Saint de Millis.

« Mes remerciements les plus sincères pour votre aide. »

Éris s’était souvenue de la façon dont Ruijerd avait répondu à des mots comme ceux-ci, et avait décidé de suivre son exemple. Ne faisant pas de courbettes, elle dit : « Je suis heureuse que l’enfant soit indemne » et rien de plus.

« Je suis Thérèse Latria des Chevaliers du Temple. Je suppose que vous êtes une aventurière, mademoiselle ? Puis-je vous demander votre nom ? »

« Je suis Er — »

Éris commença à donner son vrai nom, mais elle s’arrêta net. Ce n’était pas juste. Que faisait toujours Rudeus dans ces situations ?

« Je suis Ruijerd de Dead End. Croyez-le ou non, je suis en fait un Superd. »

Sous son casque, le visage de Thérèse s’était tendu. Bien qu’Éris n’en soit pas consciente, les Chevaliers du Temple dans leur ensemble avaient plaidé pour l’expulsion de toute les espèces démoniaques du continent Millis.

Bien sûr, Éris n’avait pas tous les traits distinctifs d’une vraie Superd. Il n’avait fallu qu’un instant à Thérèse pour se détendre à nouveau. Cette fille lui avait donné un nom clairement faux et avait pris l’identité d’un démon que les Chevaliers du Temple verraient avec hostilité. Cela semblait indiquer qu’elle n’avait aucun intérêt à s’impliquer davantage avec eux ou dans cette affaire.

En d’autres termes, elle ne s’attendait à aucune récompense, bien qu’elle ait sauvé la vie d’un personnage important. Thérèse trouva cela agréablement surprenant.

« Je vois. Très bien… »

Pendant un moment, elle s’était arrêtée pour étudier Éris alors que la jeune fille la regardait avec les bras croisés. Une fois son visage mémorisé, elle siffla fortement.

Peu de temps après, un cheval sortit de la forêt en courant.

C’était l’animal qui tirait leur chariot auparavant. Il s’était enfui lorsque la voiture avait été renversée, mais il était revenu à l’appel de Thérèse, comme il avait été entraîné à le faire. Après avoir soulevé sa jeune charge sur son dos, Thérèse sauta derrière elle.

« Si jamais vous avez besoin d’aide, demandez Thérèse des Chevaliers du Temple ! »

Avec ces derniers mots, la dame chevalier se mit en route au galop. Éris la regarda partir sans un mot.

Dans l’ombre, un jeune homme, toujours incapable de se tenir debout, la regardait également. Et à ses yeux, le chevalier en fuite et l’intrépide épéiste rousse qui l’avait vu partir ne ressemblaient à rien de moins que des personnages de conte de fées.

Il y avait quelque temps, un prélat de l’église de Millis était tombé amoureux d’une femme de la race des Hobbits. La femme lui avait donné un fils, et avec le temps, ce garçon avait grandi et avait aussi pris une femme. Cliff était le premier et unique enfant de ce couple.

Au moment de la naissance de Cliff, différentes factions au sein de l’église étaient engagées dans une lutte de pouvoir vicieuse. Cette violence avait coûté la vie à ses deux parents. Afin de tenir Cliff à l’écart du conflit, son grand-père, le prélat, l’avait temporairement laissé à l’orphelinat de Millishion. Il triomphera alors de ses ennemis, s’emparera de la papauté et ramènera Cliff dans sa famille.

En d’autres termes, Cliff Grimor était le véritable petit-fils de l’actuel pape de Millis… bien que peu de gens, même au sein de l’Église, en avaient eu conscience.

De ce fait, Cliff savait parfaitement pourquoi cette voiture avait été attaquée. Cette enfant bénie, dont on disait qu’elle possédait des pouvoirs miraculeux, était l’outil le plus puissant de l’arsenal d’un certain archevêque. Et la faction de cet archevêque était actuellement en conflit actif avec le grand-père de Cliff.

En fait, Cliff avait déjà rencontré la fille. Il n’avait aucune idée de ce qu’elle faisait dans cette forêt, mais il connaissait les assassins en noir qui l’avaient attaquée. Ces hommes étaient parmi ses instructeurs. Il savait depuis un certain temps qu’ils faisaient ce genre de travail pour son grand-père. Il savait aussi à quel point ils étaient puissants. Il s’était battu contre eux à de nombreuses reprises, mais jamais il n’avait eu la chance de gagner. Et pourtant, ils n’avaient aucune chance contre Éris.

En réalité, le combat avait été très serré. Mais aux yeux de Cliff, cette fille avait totalement dominé un groupe d’hommes qu’il n’aurait jamais pu vaincre en un million d’années. Alors qu’ils retournaient sur leur pas, il se mit à regarder son visage fatigué avec une profonde et sincère admiration.

Cette fille allait bientôt devenir quelqu’un.

Avec cette pensée bien ancrée dans son esprit, Cliff fit une offre impulsive.

« Éris, veux-tu m’épouser !? »

« Quoi !? N’y pense pas! »

Elle l’avait instantanément rejeté. Et en faisant en plus une horrible grimace sur le visage.

Il semblait bizarre à Cliff que n’importe quelle fille refuse une demande en mariage de quelqu’un d’aussi talentueux que lui, alors il commença à chercher une explication. Il repensa à toutes leurs conversations. Au bout d’un moment, il se rappela qu’elle avait mentionné un certain « professeur » à plusieurs reprises. Comment s’appelait-il déjà ? Ru… Ru…

« Rudeus. »

Éris se tourna au son de ce nom.

« C’est le nom de ton professeur, non ? Comment est-il ? »

En quelques minutes, Cliff en était venu à se maudire pour avoir posé cette question. Il avait eu l’impression qu’Éris n’était pas très bavarde, mais ce n’était clairement pas le cas. Une fois qu’elle avait commencé à parler de ce Rudeus, elle bafouillait fièrement et indéfiniment. Elle continua ainsi des plaines en dehors de Millishion jusqu’à la Guilde des Aventuriers. Tout ce qu’elle disait était exclusivement des compliments, et l’expression de son visage rendait l’intensité de ses sentiments très évidente. C’était plus que suffisant pour rendre Cliff profondément jaloux.

« Je vais rentrer chez moi maintenant », interrompit-il finalement, conscient que son expression était probablement plutôt maussade.

Éris semblait prête à continuer à parler pendant encore une heure ou deux, mais elle se contentait maintenant d’agiter la main avec un mouvement vague et désintéressé.

« Oh, d’accord. Bye. »

Il était difficile de croire que c’était la même fille qui avait parlé avec tant de passion de son tuteur quelques secondes plus tôt.

Cliff la regarda partir en silence jusqu’à ce qu’elle disparaisse. Qui était ce « Rudeus » qui avait totalement enchanté cette fille puissante, belle et sans défaut ?

Avec des visions d’un rival mystérieux flottant dans son esprit, le jeune mage retourna au siège de l’église de Millis, où il reçut un discours sévère de la part des personnes qui l’avaient cherché.

Soit dit en passant, la lutte pour le pouvoir au sein de l’Église s’était rapidement intensifiée à la suite de l’incident avec la Sainte Enfant. Le pape avait rapidement décidé qu’il était trop dangereux pour son petit-fils de rester à Millishion, Cliff avait donc été envoyé vivre dans un pays étranger. Mais bien sûr, tout cela n’avait rien à voir avec Éris.

Quant à Éris elle-même, elle avait pratiquement oublié tous ces événements dès qu’elle était revenue à l’auberge et vit Rudeus assis misérablement sur son lit. Mais là aussi, c’est une tout autre histoire.

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