Mushoku Tensei (LN) – Tome 5 – Interlude 1 – Partie 3

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Interlude 1: Éris, tueuse de Gobelins

Partie 3

Cliff lui avait ensuite donné une longue conférence sur les différents niveaux de sorts, expliquant que la magie qu’il venait d’utiliser était un sort de niveau avancé, si complexe que même la plupart des adultes étaient incapables de le lancer.

Bien sûr, Éris savait déjà tout cela. Elle l’avait appris au cours de ses leçons avec Rudeus. Et comparées aux explications décousues de Cliff, les cours de Rudeus avaient été dix fois plus faciles à comprendre.

« Et alors ? Maintenant, tu comprends à quel point je suis étonnant ? »

Éris voulait absolument frapper ce petit con au visage. Il mettait vraiment un bémol à sa journée tant attendue de chasse aux gobelins. Les bras encore pliés, elle avait froidement rendu son verdict.

« Bon, j’en ai assez vu. Tu ne vas pas m’aider beaucoup, alors tu peux partir maintenant. »

Si Rudeus avait été à la place de Cliff à ce moment, il aurait probablement choisi de battre en retraite. Mais Cliff n’avait pas conscience de l’hostilité dans les yeux d’Éris.

« Tu es sérieuse !? Je ne peux pas te laisser seule ici ! Tu luttais pour tuer une poignée de gobelins ! »

Dès que les mots quittèrent sa bouche, Éris l’avait frappé. Durement.

Cliff recula en titubant et posa une main sur son visage. Du sang jaillissait de son nez. Il s’était rapidement jeté un sort de base de guérison pour arrêter le flux.

« Hé, pourquoi as-tu fait cela !? »

Éris s’était mise à claquer la langue en signe d’irritation. Cette fois-ci, elle y avait été mollo avec lui, car le laisser inconscient au milieu d’une zone externe n’était pas vraiment une option. Apparemment, il avait besoin d’une plus sévère correction avant d’apprendre sa leçon.

Mais au moment où elle serrait le poing pour une nouvelle attaque, Cliff semblait enfin comprendre la situation.

« Attends, non ! J’ai compris ! Tu es manifestement très forte, Éris. Et si on allait dans la forêt un moment, alors ? Je ne peux pas vraiment démontrer ma vraie valeur en tant que mage contre une bande de gobelins. »

Il n’y avait pas de motifs sinistres derrière cette proposition. Cliff voulait juste frimer devant Éris. Ce n’était pas comme s’il avait le béguin pour elle, ni même qu’il voulait l’impressionner, il était simplement désireux de se délecter de son propre pouvoir.

« Les forêts sont dangereuses », déclara sèchement Éris. C’était ce que Rudeus disait toujours, et Ruijerd était d’accord avec lui. Elle avait une confiance totale dans leur jugement.

« Tu n’as sûrement pas peur, Éris ? »

« Bien sûr que non ! »

Mais bien sûr, Éris était une fille simple. Quand vous contestiez sa fierté, elle mordait à l’hameçon chaque fois. Après tout, aucun membre de la famille Boreas qui se respecte ne laisserait un aventurier novice leur parler comme ça.

« La forêt, c’est ça ? Très bien ! Allons-y ! »

C’était ainsi qu’ils firent un détour par un bois sombre et lugubre situé à proximité.

« Je suppose que même les bois ne sont pas trop mal à Millis, hein ? »

Éris avait abattu une créature ressemblant à un singe appelée Utan pendant qu’elle parlait. C’était un monstre de Rang D, considérablement plus dangereux qu’un gobelin, mais il ne représentait pas une réelle menace pour elle.

« Je suppose que non. Ces choses ne sont pas à mon niveau ! »

Cliff, pour sa part, tuait les Utans avec des sorts de vent de niveau intermédiaire tout en poussant de plus en plus loin dans les bois.

« Oh… »

Soudainement, Éris arrêta d’avancer.

« Qu’est-ce qu’il y a, Éris ? », dit Cliff, en se retournant et en s’approchant d’elle avec un grand sourire sur le visage.

En faisant une grimace, Éris plia les bras, écarta ses pieds à la largeur des épaules et leva le menton en l’air.

« Réponds-moi. As-tu suivi notre itinéraire pour sortir d’ici ? »

« Non, pas vraiment. »

Cliff n’avait même pas pensé à faire attention à cela. Tout ce voyage avait été fait sur un simple coup de tête, il n’avait donc pas fait de planification ou de préparation au préalable.

« Je vois. Cela veut donc dire que nous sommes perdus » dit Éris.

Cliff se tut. Au bout d’un moment, son visage devint très pâle.

« Euh… que devrions-nous faire ? »

Comme Éris semblait imperturbable, Cliff supposa qu’elle devait avoir une sorte de plan. Mais ce ne fut pas le cas.

Ce n’était pas bon du tout. Que diraient Rudeus et Ruijerd s’ils découvraient qu’elle s’était perdue dans les bois ? Comment pourrait-elle expliquer comment elle s’est retrouvée là-bas, alors qu’elle était censée chasser des gobelins ?

Bien sûr, Éris n’avait pas laissé transparaître son anxiété. En tant que femme de la famille Greyrat, on attendait d’elle qu’elle reste calme et posée en tout temps.

« Cliff, élève-toi dans le ciel et vois dans quelle direction est la ville. »

« Tu plaisantes ? C’est absurde. »

« Rudeus peut très bien le faire. »

« Rudeus ? Qui diable est Rudeus ? »

« C’est mon tuteur. »

« Quoi !? »

Éris laissa échapper un petit soupir. Il était inutile de se lancer dans une dispute pour l’instant. Que devrait-elle faire dans une telle situation ? Ghislaine ne lui avait-elle pas appris ce qu’elle devait faire si elle se perdait ?

Si. Tu devais ramasser des branches et allumer un feu, non ? La fumée serait visible de loin. Mais qui verrait le signal ? Ruijerd et Rudeus avaient tous deux d’autres affaires à régler aujourd’hui. Ils n’étaient pas à sa recherche.

Éris plia les bras et commença à froncer les sourcils. Elle ferma les yeux et essaya de réfléchir. Ghislaine disait toujours qu’il était essentiel de rester calme, surtout quand on se sentait anxieux. Éris ne se laissait donc jamais affoler.

« Qu’est-ce qu’on fait, Éris ? »

« Il y a probablement plusieurs autres aventuriers dans cette forêt, non ? »

« Oh, bien sûr ! On peut juste demander de l’aide… Essayons d’en trouver ! »

Cliff commença immédiatement à courir, mais Éris ne bougea pas. Ruijerd lui avait dit qu’il valait mieux ne pas bouger dans ce genre de situation. Il lui avait appris à rester immobile et à aiguiser consciemment ses sens. Éris n’avait pas son troisième œil, mais elle avait des oreilles et un nez. Et elle pouvait sentir le flux d’énergie magique dans la région. Elle était encore inexpérimentée à bien des égards, mais elle s’entraînait tous les jours.

« Euh, Éris…  ? »

« Tais-toi ! »

Les yeux encore fermés, Éris prit une grande respiration et se vida l’esprit. Elle écouta la forêt. Elle pouvait entendre le bruissement des branches, les monstres en mouvement, le bourdonnement des insectes volants… et quelque part au loin, les faibles bruits du combat.

« Très bien. Suis-moi. »

Sans un instant d’hésitation, Éris se remit à marcher.

« Qu’est-ce qui se passe ? As-tu remarqué quelque chose !? » dit Cliff, se dépêchant de la suivre.

« Très bien, il y a d’autres personnes ici. Ils sont par là. »

« Comment peux-tu le savoir !? »

« J’ai aiguisé mes sens pendant un certain temps. »

« Ton professeur t’a-t-il aussi montré comment faire cela !? »

Éris avait dû y réfléchir pendant une seconde. Ruijerd était-il son professeur ? Probablement. Il lui avait appris beaucoup de choses, sinon autant que Ghislaine. Elle pourrait même l’appeler son maître actuel.

« Oui, c’est ça. »

« Ce Rudeus doit vraiment être quelque chose… »

« Hm…  ? Oui, Rudeus est incroyable. »

Un peu confuse quant à la raison du changement de sujet si soudain, Éris s’était lancée dans l’aventure.

Au moment où ils atteignirent la lisière de la forêt, ils aperçurent un chariot couché sur le côté au milieu des ornières que ses roues avaient faites.

« Baisse-toi ! »

« Ack! »

Éris avait saisi Cliff par la tête et le poussa au sol, puis elle se baissa et se mit à côté de lui pour observer la situation.

Six personnes étaient encore debout à ce moment-là. L’une d’entre elles était un chevalier entièrement en armure et casqué, debout, le dos tourné à un arbre et l’épée tirée. Les cinq autres étaient des hommes tout de noir vêtus, positionnés en demi-cercle autour de ce guerrier solitaire.

Trois cadavres gisaient dans l’herbe à proximité. Ils portaient tous la même armure que le chevalier encerclé. Lentement mais sûrement, les hommes en noir se rapprochaient de leur proie.

Cette bataille était déjà perdue. Mais pour une raison quelconque, le chevalier ne fit aucun mouvement pour s’enfuir. En regardant de plus près, Éris réalisa qu’il y avait une jeune fille recroquevillée au pied de l’arbre derrière le guerrier en armure, une fille dont le visage était terrorisé et en larmes.

« Cette armure… C’est un chevalier du temple, Éris ! » chuchota Cliff.

Le cœur d’Éris battait maintenant. Elle connaissait bien les Chevaliers du Temple. C’était l’un des trois ordres militaires sacrés de Millis. L’élite des Chevaliers de la Cathédrale était chargée des questions de défense nationale. Les Chevaliers missionnaires étaient envoyés à l’étranger comme des sortes de mercenaires, afin qu’ils puissent diffuser les enseignements de l’église de Millis et démontrer sa puissance. Et les très craints Chevaliers du Temple, avec leurs tristement célèbres inquisiteurs, étaient chargés d’éradiquer l’hérésie.

Les Chevaliers de la cathédrale portaient du blanc, les Chevaliers missionnaires de l’argent et les Chevaliers du temple du céruléen. Même à distance, l’armure du chevalier acculé était d’un bleu très clair. Il n’y avait pas de place pour le doute. C’était un groupe de Chevaliers du Temple qui avait été pris en embuscade ici.

« Imbéciles ! Ne savez-vous pas qui est cette dame ? ! »

Ce n’était que lorsque le chevalier acculé cria ces mots que Cliff et Éris réalisèrent que c’était une femme.

Les hommes vêtus de noir se regardèrent et s’esclaffèrent de rire.

« Bien sûr que oui. »

« Alors, pourquoi chercher à lui faire du mal !? »

« Cela ne devrait-il pas être évident ? »

« Vous êtes donc les laquais du pape !? Saletés de brutes ! »

Éris ne comprenait pas grand-chose à cette conversation. Mais une chose était très claire pour elle : ces hommes menaçants vêtus de noir allaient tuer cette petite fille terrifiée. Elle avait attrapé l’épée à la hanche.

« Attends, tu ne vas quand même pas ? » dit Cliff.

« On ne peut pas se mêler de ça ! Cette fille est la Sainte Enfant qui est supposée être un futur Pape potentiel, d’accord ? Cela signifie que ces hommes en noir sont les assassins personnels du Pape actuel ! Ils sont bien entraînés et impitoyables. Même moi, je n’aurais aucune chance contre eux ! »

Éris ne s’était même pas arrêtée pour se demander pourquoi Cliff en savait autant sur tout cela. Elle n’avait qu’une seule chose en tête en ce moment : à moins qu’elle n’intervienne, cette fille allait mourir sous ses yeux.

Éris était une membre de la Dead End à part entière. Si elle restait assise et regardait un enfant se faire tuer, elle ne pourrait plus jamais regarder Ruijerd dans les yeux. Et plus d’une fois, elle avait vu Rudeus se mettre en danger pour des raisons très similaires.

« Allons. Restons silencieux et espérons qu’ils ne nous remarquent pas… »

« Désolée, mais c’est inutile. Ils savent déjà que nous sommes ici. »

L’un des hommes vêtus de noir avait remarqué leur présence au moment où elle poussa Cliff au sol. Éris n’avait pas négligé sa légère réaction.

Elle ne savait pas exactement ce qu’ils allaient faire une fois leur mission accomplie, mais cela n’avait guère d’importance. Elle avait l’intention de prendre l’initiative ici et maintenant.

« Cache-toi ici, Cliff ! »

« Éris ! Non ! »

Tirant son épée, Éris fit un bond en avant vers les assassins.

Les hommes vêtus de noir s’étaient immédiatement dispersés, mais…

« Trop lent ! »

Éris avait agi beaucoup plus rapidement qu’ils ne l’avaient prévu. Son attaque principale était la technique de rang Avancé « Épée Silencieuse » du style du Dieu de l’Épée, un mouvement moins complexe que « l’épée de lumière », mais mortel en soi. Son épée siffla dans l’air sans le moindre bruit.

Au cours de sa formation avec Ghislaine et Ruijerd, ses compétences en matière de maniement de l’épée avaient été remarquablement affinées. Sa lame avait touché un des hommes à l’épaule, lui tranchant la cage thoracique en diagonale, le coupant en deux.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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