Mushoku Tensei (LN) – Tome 5 – Chapitre 5

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Chapitre 5 : Objectifs confirmés

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Chapitre 5 : Objectifs confirmés

Partie 1

Après cela, nous avions, Paul et moi, passé beaucoup de temps à discuter. Nous n’avions pas discuté de choses particulièrement importantes, nous nous en étions tenus délibérément à des sujets plus triviaux.

Tout d’abord, il m’avait raconté comment les choses s’étaient passées dans le village de Buena pendant les années que j’avais passées dans la citadelle de Roa.

Paul avait deux femmes à ce moment-là, mais cela ne s’était apparemment pas traduit par deux fois plus de « plaisir ». Zenith et Lilia avaient eu des discussions secrètes et avaient trouvé un accord. En règle générale, on attendait de Paul qu’il ne touche pas à Lilia. La seule exception serait si Zenith tombait enceinte pour la troisième fois, mais dans ce cas, Paul serait tenu d’obtenir au préalable son approbation.

Zenith était encore un peu en conflit avec cet accord, mais je suppose qu’elle l’avait accepté dans la plupart des cas. C’était certainement très pratique pour mon père. Pour être honnête, j’étais un peu envieux.

« Alors, crois-tu qu’une troisième petite sœur va arriver ? »

« Nan. Pour une raison inconnue, nous avons beaucoup de mal à réussir… Je ne sais pas pourquoi. On t’a pourtant fait du premier coup. »

« Tu as donc réussi à avoir un fils aussi parfait à ton premier essai. Tu es vraiment un individu chanceux, père. »

« Te crois-tu vraiment drôle ? »

Cela ne semblait pas être le genre de conversation qu’un enfant de onze ans devrait avoir avec son père, mais nous nous amusions quand même tous les deux.

Il y a des choses sur lesquels nous n’avions pas discuté, comme le fait de savoir si Zenith et Lilia étaient toujours en vie. C’était pourtant un sujet tabou, nous savions tous les deux que le fait d’en parler ne ferait que nous mettre de mauvaise humeur.

« Est-ce que Sylphie se débrouillait bien sans moi ? »

« Oh oui. Cette fille est incroyable, Rudy. Je suppose que tu as un certain talent de professeur. »

D’après ce qu’il en savait, Sylphie se portait bien. Elle passait ses matinées à courir et à entraîner des techniques magiques de base, et l’après-midi, elle travaillait généralement sur ses sorts de guérison avec Zenith.

Soit dit en passant, la petite Aisha avait également commencé à recevoir des leçons de Lilia après quelques années, bien que celles-ci portaient principalement sur des sujets comme l’étiquette plutôt que le lancer de sorts.

« Quoi qu’il en soit, cette enfant est vraiment… euh, je suppose que le mot “sérieuse” lui convient. Elle venait toujours chez nous pour faire quelque chose dans ta chambre. »

« … Sais-tu si Sylphie a trouvé quelque chose là-dedans ? »

« Quoi ? Y avait-il quelque chose de caché que tu ne voulais pas qu’elle voie ? »

« Non, non ! Bien sûr que non. Ne sois pas ridicule, père. »

Ha ha. Quelle suggestion absurde !

« Eh bien, je suppose que de toute façon, tout a disparu. »

D’après ce que m’avait dit Paul, pratiquement tous les objets de la région de Fittoa avaient disparu lors de la catastrophe. Cela inclut tout, des petites choses comme les plumes d’oie et les bouteilles d’encre aux grandes structures comme les bâtiments et les ponts. Les seules exceptions étaient les objets que les gens avaient sur eux au moment de leur téléportation.

« Oh. Je vois… »

C’était dommage. Je ne me souvenais pas bien pourquoi, mais j’avais quand même ressenti une certaine mélancolie.

« Alors, qu’est-ce que tu faisais à l’époque, Rudy ? »

« Oh, tu veux parler de Roa ? »

Je m’étais lancé avec obligeance dans un rapide résumé de mon temps de tuteur.

L’histoire commença avec mon premier jour de travail, quand Éris me frappa, alors que j’avais presque complètement abandonné, puis elle continua avec notre « malheureux » enlèvement. J’avais expliqué qu’Éris s’était de peu échappée avec moi après que je nous aie sortis de cette situation difficile, mais qu’elle refusait toujours de prendre mes leçons au sérieux.

Ensuite, j’avais décrit comment j’avais appelé Ghislaine à l’aide et comment elle avait convaincu la petite dame d’être attentive en classe. Et après cela, j’avais raconté comment ma relation avec Éris s’était progressivement améliorée, avec nos cours de danse et les événements de mon dixième anniversaire.

« Ah, d’accord. Ton anniversaire. Désolé pour ça, gamin… »

« Pourquoi t’excuses-tu ? »

« Eh bien, n’ai-je pas pu être présent à ce moment-là ? »

Pour les habitants du royaume d’Asura, le dixième anniversaire d’un enfant était un événement d’une importance monumentale. Je ne comprenais pas encore exactement pourquoi, mais cela semblait être considéré comme une sorte de jalon chanceux. Votre famille était censée faire une grande fête et vous couvrir de cadeaux.

« Ce n’est pas grave. La famille d’Éris m’a organisé une merveilleuse fête. »

« Ah oui ? Qu’est-ce qu’ils t’ont donné ? »

« Un bâton très sympathique, même si le nom est un peu gênant. Il s’appelle Aqua Heartia — l’arrogant roi dragon d’eau. »

« Qu’est-ce qui ne va pas avec ce nom ? Il me semble plutôt cool. »

Est-il sérieux ? Le simple fait de dire tout cela à voix haute m’avait donné envie de m’enterrer dans un trou. Peut-être que dans ce monde, il était normal de donner des noms exagérés à des objets très puissants.

« Oh, ne t’ont-ils pas donné un autre cadeau, Rudy ? C’est Alphonse qui m’en a parlé. »

« Un autre cadeau ? »

Hmm. Qu’est-ce que ce serait ? Sagesse, courage et pouvoir illimité ? J’avais pourtant l’impression de manquer encore un peu sur tous ces fronts…

« Allez, je parle de la fille de Philip. Aujourd’hui, c’est la première fois que je la vois, mais c’est une enfant très mignonne. Et si dévouée aussi ! La façon dont elle t’a protégé était vraiment réconfortante… »

Mais personne ne m’avait vraiment donné Éris.

Ce que je voulais dire par là, c’est que Philip avait dit que j’avais sa permission de faire le premier pas, mais je n’avais pas encore fait grand-chose. Je me souciais d’Éris et je ne voulais pas précipiter les choses. Hier encore, elle était là pour moi quand j’avais le plus besoin d’elle. Je n’avais jamais eu personne pour me serrer dans ses bras et me caresser la tête jusqu’à ce que je m’endorme comme ça. Je n’avais jamais trahi sa confiance. Elle m’avait promis que nous pourrions passer à l’étape suivante quand j’aurais quinze ans. Mais même à ce moment-là, je me serais retenu si elle n’était pas encore prête.

Bien sûr, j’avais une libido un peu trop active, qui pourrait être encore plus forte dans quatre ans. Il y avait une chance que je ne puisse plus me contrôler… mais, pour le moment, j’avais l’intention d’essayer.

« Oui, Éris est importante pour moi. Mais je préfère ne pas parler d’elle comme si elle était un objet que j’ai reçu de ses parents. »

« Eh bien, je suppose que tu te marieras dans leur famille, donc c’est plutôt eux qui te reçoivent. »

« Qu… ? »

Qui se marie dans quoi ?

« Tu vas rejoindre la noblesse avec le soutien de Philip, pas vrai ? »

« De quoi parles-tu ? Quand est-ce que quelqu’un a dit quelque chose à ce sujet ? »

« Hein ? Je crois que c’était un an environ avant la catastrophe. Philip m’avait envoyé une lettre disant que toi et Éris vous entendiez bien, alors il voulait que vous vous mariiez dans sa famille. Si tu veux mon avis, la noblesse Asurienne est une bande de pourris, mais j’ai dit que tu pouvais faire ce que tu voulais… »

Intéressant. Philip avait donc déjà contacté Paul à ce sujet avant notre conversation le jour de mon dixième anniversaire. Même si j’avais rejeté l’idée, il avait probablement l’intention de passer les prochaines années à essayer de nous pousser tous les deux ensemble. Ce n’était pas du tout une proposition spontanée.

En tout cas, cela expliquait pourquoi Paul avait tiré quelques conclusions hâtives à propos d’Éris et moi. Deux jeunes gens amoureux, échoués dans un pays inconnu, seuls et profondément angoissés ? On pourrait penser qu’ils « apprendraient à mieux se connaître » au cours de leur voyage.

« D’après ton regard, je suppose que Philip t’a piégé. »

« Probablement. »

Nous avions tous les deux poussé simultanément des soupirs. Philip était un homme sournois, mais il fallait probablement l’être pour survivre dans le monde impitoyable de la haute noblesse asurienne.

« De toute façon, il semble que tu sois assez amical avec la petite dame. Est-ce que ça veut dire que Sylphie est... »

Paul hésita à la moitié de la phrase.

« Euh, désolé. Oublie ce que j’ai dit. »

Pour autant que nous le sachions, Sylphie restait parmi les disparus. Pourtant, je m’étais retrouvé à réfléchir à la question que Paul avait commencé à poser.

Je tenais à Sylphie, mais ce que je ressentais pour elle n’était pas tout à fait la même chose que ce que je ressentais pour Éris. Elle était plus comme une petite sœur pour moi, ou peut-être même comme une fille. J’avais été bouleversé de la voir se faire harceler et je voulais l’aider à grandir et je voulais qu’elle soit heureuse, mais nous nous étions séparées avant que ces sentiments ne se transforment en autre chose.

Ce n’était pas si différent de ce que j’avais avec Éris, mais ces jours-ci, elle me soutenait autant que je l’aidais. Si vous me demandiez laquelle d’entre elles m’intéressait le plus en ce moment, la réponse doit être Éris.

Mais bien sûr, ce n’était pas comme si j’avais fait une comparaison approfondie des deux. En fait, il s’agissait plutôt du temps que nous avions passé ensemble. Éris faisait partie de ma vie depuis des années maintenant. Les gens adorent écrire des histoires sur des gars qui retrouvent leurs amis d’enfance, mais il était plus facile de tomber amoureux de quelqu’un après avoir passé beaucoup de temps à ses côtés. À ce jour, j’avais passé deux fois plus de temps avec Éris qu’avec Sylphie. Et nos années ensemble avaient été pour le moins mouvementées.

Bien sûr, cela ne signifiait pas que je n’étais pas inquiet pour mon amie disparue.

« J’espère que Sylphie va bien… »

« Eh bien, la fille n’est pas tout à fait à ton niveau, mais elle s’était mise au travail. Je veux dire, sais-tu qu’elle peut utiliser la magie de guérison sans incantations ? C’est suffisant pour gagner sa vie où que tu ailles. Les guérisseurs sont très précieux, au moins en dehors du continent Millis. »

« Oh. D’accord… »

Hein ? Attends. Est-ce qu’il vient de dire ce que je crois qu’il a dit ?

« Attends. Sylphie peut lancer des sorts de guérison en silence ? »

« Hm ? Oui. Zenith a été choquée au début. Mais tu peux faire ça aussi, non ? »

« Non, pas avec la magie de guérison. »

Je ne comprenais pas les principes sous-jacents de ces sorts, donc je n’avais jamais réussi à les lancer en silence. Peu importe le nombre de fois que je les utilisais, je ne comprenais pas les mécanismes par lesquels ils guérissaient le corps.

« Sans blague ? »

« Non. Je ne peux lancer ces sorts que si j’utilise les incantations. »

« Je ne vais pas prétendre en savoir beaucoup sur la magie, mais on dit que tout le monde est naturellement meilleur avec certains types de magie qu’avec d’autres. Je suppose que Sylphie a juste un don pour la guérison. »

Peut-être que Sylphie était devenue beaucoup plus forte que moi depuis que nous étions séparés. Maintenant, j’avais un peu peur de la revoir. Et si elle regardait ma magie et me disait :

« Rudy, tu n’as pas du tout progressé… »

Paul et moi avions continué à parler pendant un certain temps. À la fin de notre conversation, le gouffre qui s’était ouvert entre nous avait complètement disparu.

En début de soirée, deux des camarades de Paul étaient venus le chercher.

Plus précisément, c’était la dame en bikini et son amie magicienne. La première portait pour une raison inconnue des vêtements ternes et ordinaires aujourd’hui. C’était un changement radical par rapport à l’accoutrement qu’elle portait hier. Elle avait été l’une des causes de notre dispute, bien que… peut-être essayait-elle d’être attentionnée ?

« Père. »

« Oui ? »

« Je te fais bien sûr confiance. Mais après tout ce qui s’est passé hier, je veux juste vérifier formellement… Tu n’as pas de liaison ? »

« Non. »

C’était bon à entendre. Nous avions tous deux tiré des conclusions hâtives hier. Au lieu d’obtenir les faits réels, nous nous étions accusés mutuellement d’être des idiots fous de sexe sans… Oups. Non, non. J’avais déjà officiellement effacé ces événements de l’histoire.

En tout cas, il semblerait que Paul n’avait pas de temps ou d’énergie à consacrer aux femmes en ce moment. Il était concentré sur la recherche de sa famille, et il n’était pas prêt à risquer de la briser. Je devais tirer les leçons de son exemple et réduire mes propres bouffonneries perverses.

« Rudy. Vas-tu escorter Éris jusqu’à la région de Fittoa ? »

Avant son départ, mon père voulait apparemment confirmer que j’étais bien décidé.

J’avais répondu « Oui » d’un signe de tête ferme.

« Mais tu préfères que je rejoigne aussi l’équipe de recherche et de sauvetage ? »

« Non, ce ne sera pas nécessaire. Nous avons de toute façon l’obligation de ramener à Asura tous les membres de la famille Boreas que nous trouverons. »

« Cela semble être une mission très importante. Es-tu d’accord pour la laisser entre mes mains ? »

« Je ne peux pas penser à quelqu’un qui soit mieux adapté pour ce travail. Et tu as déjà évidemment gagné sa confiance. »

***

Partie 2

Il était évident que Paul avait beaucoup de foi en moi. Peut-être qu’il en avait un peu trop. J’avais l’impression qu’il avait tendance à surestimer mes capacités. Mais ça n’avait pas vraiment d’importance. Quoi qu’il pense de moi, j’allais essayer d’être à la hauteur de ses attentes cette fois-ci.

« Bien sûr, je pourrais toujours lui affecter quelques gardes du corps si tu préfères rester ici à Millishion », dit Paul avec un sourire.

Oh, je t’en prie.

En termes purement rationnels, se séparer d’Éris ici était une option valable. Non pas que je resterais à Millishion pour cet événement, je pourrais simplement partir à la recherche de ma famille dans une autre partie du monde. Par exemple, retourner sur le continent des démons pourrait être une approche raisonnable.

Mais cela n’était vrai qu’à un niveau purement rationnel. Je ne pouvais pas abandonner Éris pour mon propre bénéfice. Je devais la ramener chez elle, saine et sauve.

De plus, l’idée de quitter mon travail à moitié fait pour pouvoir travailler sur autre chose me rappelait quelques souvenirs désagréables. Dans ma vie précédente, je n’avais jamais vraiment terminé ce que j’avais commencé. Je ne voulais pas retomber dans cette habitude destructrice. Me connaissant, il était probable qu’Éris ne parvienne pas à atteindre Fittoa en toute sécurité et que ma recherche en solo sur le Continent Démon ne donne absolument rien.

Mieux valait donc se concentrer sur une chose à la fois. Après tout, il y avait aussi la question de Ruijerd à prendre en compte. Il était difficile d’imaginer notre ami têtu s’entendre avec des membres de l’équipe de recherche et de sauvetage choisis au hasard, et il serait probablement furieux si j’essayais de quitter notre groupe maintenant. Sur son carnet, cela serait qualifié de conduite indigne d’un guerrier.

« C’est gentil à toi de le proposer, mais je pense qu’il serait préférable que je la raccompagne. »

« Oui, de toute façon ce n’est pas comme si nous avions quelqu’un de plus fort que toi dans l’équipe. Pas étonnant que tu ne veuilles pas nous confier le travail. »

Il y avait une sorte de grimace sur le visage de Paul lorsqu’il dit ces mots.

Peut-être était-il un peu gêné par le fait que je l’avais battu dans une bagarre ? Il était clairement ivre à ce moment, j’avais donc eu l’impression que ça ne comptait pas… mais si je le disais maintenant, ce serait probablement plus humiliant qu’autre chose. Parfois, la meilleure chose à faire était de se taire.

« De toute façon, combien de temps resteras-tu à Millishion ? »

« Eh bien, nous prévoyons de gagner de l’argent ici pour la prochaine étape de notre voyage, donc probablement environ un mois. »

« Nous pouvons couvrir vos frais de voyage », déclara Paul.

Se tournant vers les deux jeunes femmes qui l’attendaient derrière lui, il s’était adressé à la douce magicienne aux taches de rousseur.

« Nous en avons mis de côté, non ? »

« Oui, M. Alphonse nous a confié des fonds à utiliser au cas où nous trouverions des membres de la famille Boréas. »

De toute évidence, l’ancien majordome de la famille avait laissé à Paul une somme d’argent destinée à assurer un retour confortable à tout membre de la famille d’Éris qu’ils trouveraient à Millis.

« Exact. Donc tout t’appartient. »

« Je vois… Eh bien, je suis content que tu n’aies pas tout gâché pour de l’alcool. »

« Pourquoi penses-tu que j’ai confié la gestion de l’argent à Shierra ? »

Pour une raison inconnue, Paul avait l’air fier de lui. J’étais un peu triste, mais je n’allais rien dire.

« Quel est exactement le montant ? », avais-je demandé.

« C’est l’équivalent de vingt monnaies royales », avait instantanément répondu Shierra.

Les monnaies royales étaient la monnaie la plus précieuse sur le continent de Millis. Si l’on considère qu’une pièce de pierre vaut 1 yen, cela équivaut à environ 50 000 yens chacune. Donc, vingt d’entre eux donnaient…

« Un million de yens ! »

« … Un million de quoi ? » dit Paul en plissant les sourcils.

OK, peut-être que ma première réaction était un peu trop joyeuse. Cependant, peux-tu vraiment me blâmer ? Depuis un an et demi, j’étais obsédé par chaque pièce que nous dépensions, et maintenant, ils m’avaient fait tomber un million de yens de nulle part.

« Mais franchement ! Avec une telle somme, tu pourrais passer toute ta vie dans l’insouciance ! »

« Eh bien, je suppose que tu pourrais probablement te construire une maison dans le sud avec cette somme. Mais ça ne te durera pas toute une vie. »

Quoi ? Mais c’est un million ! Un million de yens ! C’est comme… quoi, mille pièces de minerai vert ? ! Tu pourrais même payer le passage d’un Superd sur un bateau avec ça !

Oh, maintenant que j’y pense.

« Hm. En fait, il y a encore un autre problème à régler. »

« Sérieusement ? Qu’est-ce que c’est ? »

« Lors de notre passage au Port Venteux, ils voulaient une somme d’argent ridicule pour laisser un Superd prendre le bateau pour Millis. Je ne suis pas sûr de savoir comment ça se passe au Port Ouest, mais je suppose qu’ils vont aussi exiger un prix énorme. Je ne sais même pas si vingt pièces de monnaie royales seront suffisantes… »

« Ah, effectivement… »

Paul plia les bras en signe de reconnaissance. Il n’allait certainement pas me suggérer de laisser Ruijerd derrière moi.

« Shierra, que font-ils payer pour amener un Superd sur le continent central ? »

D’un petit signe de tête, Shierra répondit aussitôt.

« Cent pièces de monnaie royales. »

Avait-elle mémorisé tous les tarifs ? Cette fille semblait vraiment être au top. À bien y penser, elle ressemblait un peu à une « secrétaire à l’esprit vif »…

Alors que je regardais dans la direction de Shierra, nos regards s’étaient brièvement croisés. Elle poussa un petit cri et regarda immédiatement le sol. L’ex-bikiniiste s’avança pour la cacher de ma vue. Je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir blessé.

« Je suis désolée, mais elle est un peu mal à l’aise avec le contact visuel. Pourrais-tu essayer de ne pas trop la regarder ? »

« Uhm, ok... »

Ma relation avec Paul était redevenue normale, mais apparemment, les autres membres de son équipe ne m’aimaient toujours pas trop. Il fallait que je vive avec ça.

Plus important encore… cent pièces de monnaies royales, hein ? On parlait là d’environ cinq millions de yens. Ce n’était pas vraiment le genre de liquidité qu’on pouvait rassembler à la hâte. C’était suffisant pour faire soupirer un homme.

« Mais pourquoi est-ce toujours aussi cher pour les Superds ? »

« C’est parce que les règles ont été établies il y a quelque temps, à l’époque où la persécution de cette tribu était à son apogée », répondit Shierra de quelque part derrière la dame en bikini.

Au ton de sa voix, on aurait pu penser que c’était de notoriété publique, mais même les personnes travaillant au poste de contrôle du Port Venteux n’avaient pas pu me le dire. La poitrine de la jeune fille était assez petite, mais apparemment, elle avait un cerveau massif.

« De plus, le noble qui dirige le poste de douane du Port Ouest est bien connu pour sa haine des démons. Même si vous trouvez l’argent, il pourrait trouver une raison de vous refuser le passage. », ajouta Paul.

« D’accord. Uhm… peut-être pourrions-nous demander à la famille de Mère de tirer quelques ficelles en notre nom ? »

« Désolé, mais en l’état actuel des choses, ils prennent déjà des risques pour nous. Nous ne pouvons pas les entraîner dans d’autres problèmes pour l’instant. »

En d’autres termes, nous devrions probablement nous tourner à nouveau vers les passeurs. Cela n’avait pas très bien marché la dernière fois, j’espérais donc trouver un autre moyen. D’abord, nous étions toujours sur le même continent que le groupe que nous avions attaqué. Si les escrocs locaux avaient des connexions avec des syndicats plus importants, nous pourrions être à ce stade sur une sorte de liste noire.

Plus je réfléchissais au problème, plus cela me donnait mal à la tête.

« Très bien. Nous allons juste trouver quelque chose par nous-mêmes. »

« Désolé, mon petit », dit Paul, puis il sourit et se tourna vers les femmes qui l’attendent derrière lui.

« Hé, alors que pensez-vous de mon petit gars ? Vous avez vu comment il est autonome ? »

« Uhm, bien sûr. »

« Err... »

Les deux filles se regardèrent en souriant maladroitement. Elles n’étaient pas sûres de ce qu’il attendait d’elles. Se souvenait-il au moins de cette histoire de « bagarre dans un bar » d’hier ?

« Père, tu ne devrais pas prendre l’habitude de demander aux jeunes femmes d’évaluer ton “petit gars”. Cela pourrait ternir la réputation de la famille Greyrat. »

« Tes sales blagues n’aident pas non plus, gamin ! »

Paul et moi avions tous les deux éclaté de rire. Les deux femmes dans la salle n’étaient visiblement pas amusées, mais on ne pouvait pas plaire à tout le monde.

« Très bien, Rudy. Il est temps pour moi d’y aller. »

« OK. »

Enfin, se levant de son siège, Paul déplaça ses épaules assez bruyamment. Je n’avais même pas remarqué, mais il semblerait que nous parlions depuis longtemps.

Lorsque j’avais jeté un coup d’œil au comptoir, le barman avait un sourire un peu ironique. Avions-nous pris une de ses tables pendant la ruée du déjeuner ? Il fallait que je laisse un bon pourboire quand je payerais.

« Une fois que tu auras élaboré tes plans, contacte-moi. On devrait au moins dîner avec Norn avant que tu prennes la route. »

« Ça me paraît bien. »

Sur ce, Paul sortit du bar, les deux jeunes femmes le suivant de près.

Il avait vraiment l’air d’un vieil homme obscène parfois, pas vrai ?

♥♥♥

Peu de temps après le départ de Paul, Éris et Ruijerd étaient revenus au bar. Éris avait un œil au beurre noir et Ruijerd affichait une expression de malheur évidente sur le visage.

« Vous deux, que s’est-il passé ? »

« Rien », dit Éris, en croisant les bras avec un petit grognement irrité.

« Comment ça s’est passé avec cet homme ? »

« Nous nous sommes réconciliés. »

Dès que ces mots quittèrent ma bouche, les sourcils d’Éris s’étaient fortement rapprochés : « Quoi !? Pourquoi !? » Elle ponctua sa question en tapant du poing sur la table si fortement qu’elle se brisa bruyamment.

Mon Dieu, quelle puissante jeune femme...

« Je vois. Je suis heureux d’entendre cela. », dit calmement Ruijerd.

« Rudeus ! »

Éris m’avait saisi avec force par les épaules. Et c’était vraiment fort. L’emprise de cette fille était vraiment quelque chose.

« Pourquoi ferais-tu ça !? »

« Comment ça, pourquoi ? » avais-je demandé, quelque peu déconcerté.

« Ne te souviens-tu pas à quel point tu étais déprimé hier !? »

« Bien sûr. Et j’apprécie ce que tu as fait pour moi. Cette étreinte m’a vraiment calmée. »

C’est seulement grâce à Éris que j’avais réussi à regarder Paul en face aujourd’hui. Si elle n’avait pas été là pour me réconforter, j’aurais pu rester enfermé dans ma chambre pendant des jours.

« Ce n’est pas de ça que je parle ! Cet homme n’est même pas venu pour ton dixième anniversaire, Rudeus. Et la façon dont il t’a traité hier était incroyable ! Tu as dû traverser tout le Continent Démon ! Tu as été enfermé dans une cellule de prison dans la Grande Forêt, bon sang ! Mais quand tu es enfin revenu à lui, il t’a dit en gros de te tirer ! Comment peux-tu pardonner à ce connard !? »

Wôw. C’était une sacrée diatribe.

J’avais compris où Éris voulait en venir. Quand tu le dis en ces termes, Paul avait l’air d’être un père vraiment minable. J’aurais même pu croire qu’il me détestait. Si j’avais été un enfant ordinaire, ses actes auraient été impardonnables.

***

Partie 3

Mais de la façon dont je voyais les choses, il était inévitable qu’il fasse quelques erreurs en essayant de s’occuper d’un fils comme moi. J’avais été réincarné avec mes souvenirs intacts, et j’en avais profité pleinement dès le début. Comment pouvait-on être un père « normal » pour un enfant aussi bizarre ? Paul avait eu du mal à trouver comment interagir avec moi, et c’était encore quant à comment m’élever. Et pour être honnête, je ne pensais pas s’il savait vraiment ce que cela signifiait d’être un bon père… ce n’était pas comme si je le savais aussi.

En tant que fils, tout ce que j’avais à faire était d’observer ses tentatives maladroites d’être un parent avec chaleur, compréhension, et juste une pincée de condescendance. Paul pouvait se tromper autant de fois qu’il le voulait. Je prenais ses erreurs au sérieux. Elles n’allaient pas me blesser aussi profondément que cette dispute d’hier.

Évidemment, nous allions, de toute façon, bientôt nous séparer.

« Éris. »

« Oui ? Quoi… ? »

Je ne savais pas trop quoi dire. Éris était en colère parce qu’elle se souciait de moi. Mais en ce qui me concernait, tout cela était déjà du passé.

« Mon père est un être humain. Tout le monde fait des erreurs, d’accord ? »

Après avoir dit ça, j’avais mis ma main sur son visage et je m’étais mis au travail pour soigner son hématome. Éris accepta mes attentions assez docilement, mais l’expression de son visage me disait qu’elle n’était pas convaincue. Une fois mon sort terminé, elle retourna à l’auberge dans notre chambre en boudant.

Alors que nous la regardions partir, j’avais parlé au troisième membre de notre groupe.

« Alors, Ruijerd… »

« Oui ? »

« D’où vient cette ecchymose sur son visage ? »

Cette chose n’était certainement pas là hier.

« J’ai eu du mal à l’arrêter », répondit Ruijerd d’un ton posé.

Hmm. Normalement, c’était le genre de type qui exploserait de colère s’il voyait quelqu’un frapper un enfant, mais peut-être que ses principes étaient plus souples que je ne le pensais. Éris avait dû se débattre comme une folle dans sa fureur. Et bien sûr, ils s’affrontaient constamment, alors ce n’était pas la première fois qu’il lui faisait un ou deux bleus…

Mais en regardant son visage de plus près, je m’étais rendu compte que ce n’était pas vraiment pertinent. Ruijerd n’était pas calme en ce moment. Ce n’était pas un homme expressif, mais je pouvais voir quelque chose comme de l’angoisse dans ses yeux.

Il n’avait jamais voulu la frapper. Il n’avait pas dû avoir le choix.

Je ne savais pas exactement ce qui s’était passé, ni quels mots ils avaient échangés. Mais il y avait une chose dont je pouvais être sûr : c’était ma faute s’ils s’étaient disputés. Mais j’avais pu faire la paix avec Paul grâce à cela… ce qui signifiait que je devrais leur être très reconnaissant.

« Merci, Ruijerd. Il aurait été difficile de me réconcilier avec mon père si elle l’avait tué. »

« Pas besoin de remerciement. »

Pourtant, à ce stade, Ruijerd avait apparemment dû frapper Éris pour l’arrêter. Cette fille devenait de plus en plus forte chaque jour.

Un peu plus tard, nous avions tenu tous les trois une rapide réunion d’équipe.

« Très bien. Commençons notre deuxième réunion officielle à Millishion ! »

Cette fois-ci, nous menions nos affaires dans le bar plutôt que dans notre chambre. En y repensant, je n’avais pas fait un pas en dehors de ce bâtiment de toute la journée. C’était un endroit confortable, et il n’y avait jamais eu trop de monde… même si j’étais sûr que le propriétaire avait des sentiments mitigés à ce sujet.

« N’avons-nous pas eu une réunion il y a deux jours ? » dit Éris.

Elle n’avait plus l’air d’être en colère. Je m’attendais à ce qu’elle boude dans la chambre pendant au moins deux heures, mais elle avait fini par sortir au bout d’une dizaine de minutes seulement. La fille savait comment avancer rapidement. Il faudrait que j’essaie de tirer les leçons de son exemple.

« Oui, mais la situation a changé depuis. Pour être précis, nous n’avons plus besoin de gagner de l’argent à Millishion. Je pense que nous devrions passer à autre chose assez rapidement. »

Avec vingt pièces de monnaie royales dans notre bourse, il n’y avait pas grand intérêt à essayer de se faire plus d’argent ici. Quant à la collecte d’informations, Paul m’avait déjà dit en gros tout ce qu’il savait. Notre campagne de relations publiques étant pour l’instant en veilleuse, il ne nous restait pas grand-chose à faire dans cette ville, comme je l’avais brièvement expliqué.

J’avais hésité à parler à Éris de l’état actuel de la région de Fittoa. Mais finalement, j’avais saisi l’occasion pour aller de l’avant et le faire. Il serait probablement préférable qu’elle sache ce qui nous attend, ne serait-ce que pour pouvoir se préparer.

« Éris, on dirait que notre maison n’existe plus. »

« Oui. »

« Aussi… Philip et Sauros sont toujours portés disparus. »

« Je ne suis pas surprise. »

« Personne ne sait non plus où se trouve Ghislaine, donc il est possible… »

« Écoute, Rudeus. Je m’attendais toujours à ce que les choses soient au moins aussi mauvaises. », dit Éris, en croisant les bras et en levant le menton en l’air.

Son regard était fixe. Son expression était aussi intense et arrogante que jamais. Il n’y avait aucune trace de doute ou d’incertitude dans ses yeux.

Éris n’avait pas oublié Fittoa. Elle était prête à affronter le pire.

Avec un petit grognement, elle continua.

« Je parierais que Ghislaine est toujours là quelque part, mais je savais qu’il y avait une bonne chance que Père et Grand-père soient morts. »

Après tout, nous étions tous les deux bloqués au milieu du Continent Démon. Je supposais qu’elle avait réalisé que beaucoup d’autres auraient pu atterrir dans des endroits tout aussi dangereux. Bien sûr, il y avait une chance qu’elle fasse preuve de courage en ce moment même. Avec Éris, il était difficile de faire la différence entre la confiance réelle et les fanfaronnades.

« Oh, je savais que tu essayais de me cacher tout ça. »

Je ne savais pas trop ce qu’elle pensait avec son « cachais ». D’après ce que je voyais, ce n’était pas seulement un mot en l’air. Éris avait réfléchi à sa manière. En d’autres termes, j’étais le seul à avoir complètement oublié la région de Fittoa.

C’était un peu gênant.

« Je vois. Bon, très bien alors. »

Éris était vraiment une jeune femme impressionnante. Ayant atteint cette conclusion, j’avais décidé de passer à notre prochain sujet.

« En tout cas, je pensais que nous pourrions quitter Millishion dans une semaine environ. »

« En es-tu sur ? », demanda Ruijerd.

« Pourquoi ne le serais-je pas ? »

« Une fois que nous serons partis, tu pourrais ne plus jamais revoir ton père. »

« Eh bien, c’est un peu inquiétant… »

Venant de Ruijerd, ces mots avaient un vrai poids. Mais ce n’était pas comme si je me dirigeais vers les lignes de front d’une guerre quelconque.

« Le fait est que j’ai aussi quelques autres membres de ma famille que je ne reverrai peut-être jamais. Pour l’instant, je pense que je devrais vraiment essayer de les retrouver. »

« Je vois. C’est assez vrai. »

Comme Ruijerd semblait convaincu sur ce point, j’étais passé à l’essentiel.

« Pour le reste de notre voyage, j’aimerais donner la priorité à la collecte d’informations. »

Nous resterions encore une semaine environ dans chaque grande ville que nous aurions atteinte. Mais au lieu de nous concentrer sur le gain d’argent, nous utiliserions principalement ce temps pour recueillir les rumeurs et les ragots locaux.

Avant tout, nous chercherions à retrouver les Fittoens déplacés. La route de Millis à Asura était l’équivalent de la route de la soie dans notre monde, aucune autre n’était plus fréquentée, en particulier par les marchands et les commerçants. L’équipe de recherche et de sauvetage avait sans doute passé au peigne fin chaque kilomètre de cette route. Il y avait quand même une chance de trouver quelque chose qu’ils avaient négligé.

Nous ferions aussi ce que nous pourrions pour améliorer la réputation des Superds pendant que nous fouillons. Mais malheureusement, le nom de Dead End n’était pas très connu à Millis et sur le continent central. Nous devrons peut-être reconsidérer notre approche précédente.

« Il y a cependant un problème. Je ne sais pas comment nous pouvons nous permettre de traverser la mer. »

C’était sans aucun doute le plus gros problème à l’heure actuelle. Dans ce monde, même les voyages maritimes « quotidien » étaient une affaire sérieuse. Il y avait de nombreuses façons de se faufiler à travers les frontières nationales sur terre, mais lorsqu’il s’agissait de bateaux, vos options étaient très limitées… surtout si vous étiez un Superd.

« À propos de ça, Rudeus… Regarde ça. »

Ruijerd sortit une enveloppe. C’était la même que celle qu’il allait me montrer hier, avant qu’il ne remarque mon état.

Je l’avais pris et l’avais examiné. Les mots « Au Duc Bakshiel » étaient griffonnés sur le devant. Au dos, j’avais trouvé un sceau de cire rouge, grossièrement imprimé avec quelque chose qui ressemblait à un blason de famille.

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Une lettre. Une de mes connaissances l’a écrite pour moi hier. »

Ah, oui… En y repensant, il avait mentionné qu’il allait aller saluer quelqu’un qu’il connaissait dans cette ville.

« Peux-tu nous dire qui est cette connaissance, Ruijerd ? »

« Un homme nommé Gash Broche. »

« Quelle est sa profession ? »

« Je ne sais pas. Il semblerait cependant qu’il ait un certain statut ici. »

Ruijerd expliqua ensuite qu’il avait rencontré Gash sur le Continent Démon il y a une quarantaine d’années, après avoir sauvé son groupe de voyageurs d’un groupe de monstres qui les avaient presque anéantis. Gash n’était qu’un enfant à l’époque, il avait d’abord regardé Ruijerd avec un mélange de terreur et d’hostilité. Après avoir passé un certain temps ensemble, ils s’étaient cependant séparés sur des bases relativement amicales. Ruijerd emmena son groupe en toute sécurité dans la ville la plus proche, et Gash lui avait dit de passer s’il venait à visiter Millishion.

Comme il n’avait jamais quitté le Continent Démon, Ruijerd avait complètement oublié cette offre. Mais il avait repéré l’homme avec son « troisième œil » alors que nous contournions les murs extérieurs de la ville, et tout lui était revenu. Intéressé par la façon dont les années avaient traité Gash, mais aussi un peu inquiet que l’homme ait pu l’oublier complètement, Ruijerd s’était rendu sur place pour lui rendre visite.

À sa grande surprise, Gash le reconnut instantanément et le reçut fort chaleureusement. Au début, Ruijerd avait juste l’intention de lui dire bonjour, mais apparemment, ils s’étaient bien entendus. Il avait fini par raconter toute l’histoire de notre voyage jusqu’ici et, une fois qu’il eut fini, Gash lui écrivit sur le champ une lettre et lui dit de la donner au responsable de Port Ouest.

C’était une histoire intéressante. Tout d’abord, Ruijerd ne se faisait pas aussi facilement d’amis. Peut-être que ce type ressemblait à Gustav des Hommes-Bêtes ? À en juger par la façon dont il avait rédigé une lettre informelle à un duc, il avait probablement une certaine influence dans le coin…

Honnêtement, je voulais jeter un coup d’œil à la lettre qui se trouve à l’intérieur. Mais, comme je l’avais rappelé, briser ce genre de sceau invaliderait son contenu.

« On dirait que ce Gash est probablement une sorte de noble, hein ? »

« Je ne pourrais pas le dire, mais il avait beaucoup d’hommes. »

Je ne savais pas ce que cela signifiait. Parlait-il de serviteurs ? Le mot « beaucoup » était aussi vraiment vague…

En tout cas, l’homme était un ami de Ruijerd. Je ne serais pas trop surpris s’il s’avérait être un prétendant bienveillant au rôle de Mamodo King.

« Étais-tu chez lui ? »

« Oui. »

« Était-ce grand ? »

« C’était effectivement le cas. »

« Uhm, quelle taille ? »

« Pas aussi grand que le château de Kishirisu. »

Le château de Kishirisu ? Bon, ça excluait le grand palais au milieu du lac. Non pas que je m’attendais vraiment à ce que le gars soit un membre de la famille royale. Pourtant, ce bâtiment devait être sacrément grand si Ruijerd utilisait un château comme point de comparaison.

Hmm…

Nous parlions ici d’un ami de Ruijerd. Ce n’était probablement pas un mauvais gars. Mais d’après ce que Paul m’avait dit plus tôt, le noble responsable du poste de douane de Port Ouest détestait les démons avec passion. Si notre ami Gash n’était que modérément influent, la remise de cette lettre pourrait se retourner contre lui. Peut-être devrions-nous prendre un peu de temps pour découvrir qui il était exactement ?

Mais Ruijerd avait l’air si fier quand il avait sorti cette lettre. Si j’exprimais des soupçons sur son nouveau copain, il me ferait sans doute un discours sur l’honneur et la confiance.

Bon, peu importe. Ce n’était pas comme si j’avais de meilleures idées. Pour l’instant, je pourrais aussi bien suivre le mouvement et rendre Ruijerd heureux. Je pourrais demander plus tard secrètement à Paul des renseignements sur ce Gash Broche.

« Très bien. Espérons que cette lettre fera l’affaire. », lui ai-je dit.

Ruijerd répondit par un petit signe de tête d’approbation.

Cela avait permis de clore pour l’instant le dossier. Nous allions quitter Millishion dans une semaine. D’ici là, nous accomplirions ce que nous pourrions à l’intérieur de la ville.

« Personnellement, ça ne me dérangerait pas de partir à la première heure demain matin ! »

Faisant un petit sourire suite à la proposition d’Éris, j’avais déclaré notre réunion d’équipe officiellement ajournée.

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