Mushoku Tensei (LN) – Tome 5 – Chapitre 3 – Partie 2

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Chapitre 3 : Querelle familiale

Partie 2

Lorsque nous nous étions tus un moment, la dame en bikini posa une main sur l’épaule de Paul par-derrière.

« Capitaine, pourquoi ne pas en rester là ? Tu vois bien que c’est encore un jeune garçon. Il n’y a aucune raison d’être aussi dur avec lui. »

Je n’avais pas pu m’empêcher de grogner. C’était vraiment typique de Paul. Malgré toutes ses belles paroles, il ne pouvait même pas se contrôler avec les femmes. Comment un type comme lui avait-il pu prendre son pied en me parlant comme ça ?

Juste pour info, je n’avais pas posé un doigt sur Éris. J’avais effectivement eu mes moments de tentation. Parfois, mes pulsions pécheresses avaient failli prendre le dessus sur moi. Mais en fin de compte, je ne l’avais jamais touchée.

« Je ne suis pas sûr que tu as le droit de me faire la morale sur les femmes, Père. »

« … Quoi ? »

Les yeux de Paul se rétrécirent alors de façon inquiétante. Mais à ce moment-là, je n’avais pas remarqué.

« De toute façon, qui est cette fille derrière toi ? »

« Vierra ? Tu as un problème ? »

« Dis-moi, Mère et Lilia savent-elles que tu travailles si étroitement avec une si jolie femme ? »

« Non, elles ne le savent pas. Comment diable le pourraient-elles ? »

Le visage de Paul se tordit amèrement, mais je ne le regardais même pas. J’étais trop occupé à profiter du fait que j’avais enfin pris le dessus.

« Alors, tu peux les tromper à ta guise ? C’est une sacrée tenue que tu lui as d’ailleurs fait porter. Je suppose que je vais bientôt avoir un nouveau frère ou une nouvelle sœur. »

Tout à coup, je m’étais retrouvé allongé sur le sol avec le visage douloureusement palpitant. Paul me regardait de haut avec de la haine dans les yeux.

« J’en ai assez de tout ce merdier, Rudy. »

Il m’a frappé. Pourquoi ? Mais qu’est-ce qu’il se passe ?

« Regarde. Si tu es arrivé ici, tu es passé par le Port Zant à un moment donné, non ? »

« Oui. Et alors ? »

« Alors tu le savais déjà, pas vrai !? »

De quoi parlait-il ? ! Cela n’avait sérieusement plus aucun sens. Tout ce que je pouvais dire, c’était que Paul me cachait quelque chose… et qu’il était furieux que je ne sache pas ce que c’était ce « quelque chose ». Quelle blague ! Bon sang je ne savais vraiment rien. Le monde était rempli de choses que j’ignorais.

« Je ne sais même pas de quoi tu parles ! »

Je m’étais levé d’un bond et j’avais frappé Paul.

Alors même qu’il esquivait le coup de poing, j’activais mon œil de la clairvoyance.

Il m’attrapera la jambe et me fera trébucher.

J’avais fait un pas en avant sur le pied de Paul, et j’avais pivoté pour lui donner un autre coup de poing vers son menton.

Il esquiva mon coup de poing et me frappa avec un direct.

L’homme s’était bien déplacé pour quelqu’un de si manifestement ivre. J’avais canalisé ma magie dans ma main droite. Si je n’étais pas de taille face à Paul dans une bagarre de puncheur, je n’aurais qu’à utiliser mes sorts.

Le tourbillon que j’avais déclenché frappa mon père de plein fouet. Avec un cri de surprise muet, il fit un tête-à-queue dans les airs, s’envolant jusqu’au comptoir du bar. Le fracas des bouteilles brisées avait rempli la pièce alors qu’il touchait le sol.

« Bon sang ! C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ! »

Paul se leva aussitôt, mais tituba de façon instable lorsqu’il essaya de bouger.

Tu as trop bu, imbécile. Il avait été tellement plus fort avant. L’ancien Paul m’aurait empêché de lancer un tourbillon, même dans cette position délicate.

« Rudy, espèce de petit… »

« Capitaine ! »

Alors que Paul s’essoufflait, une autre femme se précipita à ses côtés. Cette fois, c’était la magicienne en robe. L’homme n’était-il vraiment entouré que de filles ? Et il avait ait eu le culot de me faire la morale.

« Lâche-moi ! »

Poussant la magicienne à l’écart, Paul traversa la pièce pour revenir vers moi.

« Avec combien de femmes as-tu joué pendant mon absence, Paul ? »

« Ferme-la, bon sang ! »

Il lancera un direct avec sa main droite.

Tu parles d’un coup de poing télégraphié. C’était vraiment le Paul que je connaissais ? Même sans l’Oeil de la Clairvoyance, j’aurais probablement pu éviter celui-ci.

« Hah ! »

J’avais saisi son bras tendu et je l’avais tiré vers l’avant dans une sorte de lancer d’épaule à un bras. Bien sûr, je ne pouvais pas vraiment faire du vrai judo. J’avais utilisé un souffle de vent magique pour le propulser, puis je l’avais jeté au sol aussi fort que possible.

« Gah... ! »

Paul n’avait même pas réussi à amortir sa chute correctement. Alors qu’il était étendu maladroitement sur le sol, je m’étais laissé tomber et je lui montais dessus, en plaçant ses bras sous mes genoux comme Éris le faisait toujours.

« J’ai fait… du mieux que j’ai pu, d’accord !? »

Je l’avais frappé.

Et je l’avais frappé.

Et je l’avais encore frappé.

En serrant les dents, Paul me regarda avec des yeux pleins d’amertume et de fureur.

Qu’est-ce qui n’allait pas chez lui, bon sang ! Qu’est-ce que j’avais fait pour mériter ce regard !?

« Qu’est-ce que tu veux de moi !? J’étais bloqué dans un endroit totalement inconnu ! Je n’avais personne vers qui me tourner ! Et j’ai quand même réussi à faire tout ce chemin ! Ce n’est pas suffisant !? »

« Tu aurais pu faire mieux, et tu le sais ! »

« Ce n’est pas vrai ! »

Je l’avais encore frappé. Et encore.

Nous étions apparemment tous les deux à court de paroles. Paul leva les yeux vers moi, le sang coulant du coin de sa bouche.

Il avait l’air si irrité. Comme s’il avait affaire à quelqu’un de totalement déraisonnable. Pourquoi ? Je n’avais jamais vu une telle expression sur son visage avant. Cela ne lui ressemblait pas du tout. Bon sang, tout ça pour…

« Arrêtez ! »

Tout d’un coup, quelque chose m’avait frappé sur le côté. Je m’étais un peu balancé sous l’impact, et à l’instant suivant, Paul me poussa hors de lui et s’assit.

En supposant qu’une autre attaque allait suivre, je m’étais vite préparé. Mais Paul ne bougea pas vers moi… parce qu’il y avait maintenant une petite fille qui se tenait juste entre nous.

« Arrête ! Arrêtez ! »

La gamine avait le nez de Paul et les cheveux dorés de Zénith. Je l’avais reconnue immédiatement. C’était Norn. Norn Greyrat, ma petite sœur. Elle avait beaucoup grandi depuis la dernière fois que je l’avais vue. Elle devrait maintenant avoir cinq ans, non ? Peut-être même six ans. Pourquoi se tenait-elle devant moi avec les bras écartés ?

« Arrête de t’en prendre à papa ! »

 

 

Dans la confusion, j’avais cligné des yeux.

« Hein ? »

Tu t’en prends à papa ? Quoi ? Non, franchement…

Norn me fixait du regard, elle pouvait vraiment fondre en larmes à tout moment. Quand j’avais regardé dans la salle… pour une raison quelconque, tout le monde me regardait comme si j’étais le méchant.

« … Vous êtes sérieux ? »

J’avais senti mon sang se glacer. Les souvenirs des décennies précédentes avaient déferlé dans mon esprit. Des souvenirs de toutes les fois où j’avais été maltraité dans ma vie passée. À l’époque, chaque fois que j’avais essayé de me défendre, tout le monde dans la classe me regardait comme ça.

C’est cela. Je suppose que j’avais encore tort, hein ?

Peu importe. J’abandonne.

Assez de ça. Il était temps pour moi de partir. Je n’avais rien vu de valable ici, et je n’avais rien fait de mal non plus. Autant retourner à l’auberge pour attendre Éris et Ruijerd. Nous pourrions quitter immédiatement cette ville… peut-être même demain ou le jour suivant. Ce n’était vraiment pas la fin du monde. La capitale n’était pas le seul endroit où nous pouvions gagner un peu d’argent. Je veux dire, le Port Ouest devait avoir sa propre branche de guilde, non ?

« Écoute, Rudy. Tu n’es pas le seul à avoir été téléporté par la Calamité. Tout le monde à Buena Village l’a été aussi. »

Paul disait quelque chose, même je ne comprenais vraiment rien.

Hm ? Quoi ?

Qu’est-ce qu’il venait juste de dire ?

« J’ai laissé un message pour toi dans les guildes de Port Zant et de Port Ouest. N’es-tu pas devenu un aventurier ? Pourquoi diable ne l’as-tu pas lu ? »

Hein ? Je n’avais jamais rien vu de tel au Port Zant…

Non, attends. Nous n’avions jamais eu la chance de visiter la guilde des aventuriers là-bas. J’étais allé directement chercher Ruijerd après notre arrivée, et cette sortie s’était terminée par mon enfermement dans une cellule de prison du village de Doldia.

« Pendant que tu étais parti profiter de tes petites vacances, un tas de gens sont morts. »

J’avais vu « l’incident de la téléportation » de mes propres yeux. J’avais vu l’ampleur de cette calamité magique. Pourquoi n’avais-je pas compris tout cela par moi-même ? Même l’Homme-Dieu a parlé d’une « énorme » catastrophe. Je n’avais aucune raison de penser qu’elle n’avait jamais atteint le village de Buena.

Donc… tout le monde avait disparu…

« Cela signifie-t-il que… Sylphie a aussi disparu ? »

« Tu es plus inquiet pour une fille que pour ta propre mère, Rudy ? », dit Paul, en fronçant les sourcils de manière irritante.

J’avais eu le souffle coupé dans la gorge.

« Quoi !? Tu n’as même pas trouvé Mère !? »

« C’est exact. Je ne la trouve nulle part ! Ni Lilia, d’ailleurs ! »

Les mots m’avaient frappé comme un coup de poing dans les tripes. Mes jambes tremblèrent et lâchèrent sous moi, j’ai trébuché en arrière, parvenant à peine à me rattraper sur une chaise avant de tomber.

« Nous avons cependant cherché. Nous avons cherché tous ceux qui ont disparu. C’est tout l’intérêt de l’équipe de recherche et de sauvetage. »

L’équipe de recherche et de sauvetage ? Tout le monde ici faisait partie d’une équipe de recherche organisée, alors ?

« Mais… pourquoi une équipe de recherche et de sauvetage enlèverait-elle des gens dans la rue ? »

« Parce que certains des déplacés ont été vendus comme esclave. »

Selon mon père, c’était un scénario courant : vous étiez téléporté dans un endroit totalement inconnu. Vous n’aviez aucune idée de l’endroit où vous vous trouviez. Et puis quelqu’un en profite pour vous tromper et vous asservir.

Paul et les autres membres de l’équipe avaient comparé d’innombrables dossiers à leurs listes de personnes disparues, étaient allés voir tous les esclaves qu’ils avaient trouvés, puis avaient essayé de convaincre leurs propriétaires de les libérer. Mais apparemment, beaucoup de ces personnes avaient fermement refusé de renoncer à leur « propriété ». Au vu des lois sur l’esclavage de Millis, peu importait la façon dont vous finissiez esclave, une fois que vous en étiez un, vous n’étiez rien de plus que la possession privée de votre propriétaire. Paul avait donc eu recours à la libération forcée des esclaves.

Naturellement, voler un esclave était un crime, mais il y avait certaines failles dans la loi. L’escadron en avait profité pour libérer de nombreuses personnes.

Bien sûr, ils étaient prêts à respecter les souhaits de tous ceux qui choisissaient de rester dans leur situation actuelle. Mais pratiquement tous les esclaves qu’ils avaient trouvés leur supplièrent d’être ramenés dans leur pays avec des larmes. Le garçon qu’ils avaient sauvé aujourd’hui en était un. Pas étonnant que le gamin avait eu un air si familier. C’était Somal, un des enfants qui s’en prenait à Sylphie à l’époque. L’année dernière, il avait été forcé de travailler comme une sorte de prostitué ici.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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