Mushoku Tensei (LN) – Tome 5 – Chapitre 1 – Partie 2

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Chapitre 1 : Le Saint Pays de Millis

Partie 2

Notre priorité immédiate pour le moment était de trouver une auberge. C’était toujours notre priorité lorsque nous arrivions dans une nouvelle ville.

La plupart des auberges de Millishion semblaient être situées à une certaine distance des avenues principales, nous avions donc fini par errer dans les rues secondaires pendant un certain temps jusqu’à ce que nous en ayons trouvé un petit groupe. Après un rapide coup d’œil, je m’étais installé dans un endroit appelé Auberge du Lever du Jour. L’endroit n’était pas trop proche des rues principales de la ville, mais il était à bonne distance des bidonvilles. La zone semblait assez sûre. Il offrait toutes les commodités que je recherchais, et semblait avoir un prix permettant d’attirer les aventuriers de rang C ou B. Le principal inconvénient était qu’il ne semblait pas y avoir beaucoup de luminosité, mais je pouvais vivre avec cela.

Une fois que nous avions notre chambre, l’étape suivante consistait à déballer nos affaires et à nous organiser, après quoi nous allions visiter les lieux les plus importants de la ville, en particulier la guilde locale. Si nous avions le temps, nous ferions aussi un peu de tourisme, puis nous retournerions à notre auberge pour une réunion d’équipe. C’était notre routine habituelle à ce moment-là, en tout cas.

« On n’aurait pas pu s’installer dans un endroit moins cher ? », demande Éris, en regardant l’auberge d’un air interrogateur.

Je devais admettre qu’elle avait raison, surtout que je la sermonnais toujours, elle et Ruijerd, sur la nécessité de faire attention à notre argent. Mais pour l’instant, nous avions une certaine marge de manœuvre financière. Nous avions été bien payés pour les trois mois que nous avions passés à monter la garde à Doldia, et le chef guerrier bestial, Gyes, nous avait aussi donné une belle somme d’argent. Ces fonds s’élevaient à un peu plus de sept pièces d’or Millis. Nous devions éventuellement gagner plus d’argent ici, mais à court terme, nous pouvions nous permettre une vie un peu plus luxueuse.

« Ça ne peut pas faire de mal de se revaloriser de temps en temps, non ? »

Parfois, il était agréable de dormir dans un lit beaucoup plus moelleux.

Un rapide coup d’œil sur Éris me fit penser qu’elle n’était pas entièrement convaincue. J’avais quand même ouvert la porte de notre chambre.

C’était un petit espace propre et bien rangé. J’avais apprécié le fait qu’ils nous aient déjà fourni une table et des chaises dans le coin le plus éloigné. La porte avait une serrure fonctionnelle, et les fenêtres étaient munies de volets. Ce n’était pas tout à fait comparable aux hôtels d’affaires au Japon, mais selon les normes de ce monde, elle faisait certainement partie des auberges les plus agréables.

Maintenant que nous avions atteint notre chambre, nous avions quelques petites choses à régler.

Tout d’abord, notre équipement avait besoin d’un entretien régulier. Ensuite, nous devions faire l’inventaire de nos biens consommables et noter tout ce qui nous manquait. Ensuite, il fallait faire les lits, laver les draps, et faire un peu de balayage et de nettoyage général. Tout cela était devenu une routine pour nous trois, nous nous étions donc mis au travail sans échanger de mots.

Quand nous avions terminé, le soleil se couchait déjà et il faisait nuit dehors. C’était logique, puisque nous n’avions atteint Millishion qu’en début d’après-midi. Nous n’allions donc pas avoir le temps de passer à la Guilde aujourd’hui… non pas que cela ait trop d’importance.

Après un dîner rapide au bar à côté de l’auberge, nous étions tous les trois remontés dans notre chambre. Une fois que nous nous étions installés en cercle sur le sol, je m’étais éclairci la gorge et j’avais commencé les discussions.

« Très bien, je déclare ouverte cette réunion de l’équipe de Dead End. C’est notre première réunion depuis que nous avons atteint la capitale de Millis ! Faisons en sorte que ce soit une réunion mémorable ! »

J’avais dû dire « Applaudissements, s’il vous plaît » et taper dans les mains plusieurs fois avant qu’Éris et Ruijerd ne suivent avec hésitation. Honnêtement. Ces deux-là n’avaient jamais manqué de me décevoir.

« Bon… Nous sommes enfin arrivés jusqu’ici, les amis. C’est un véritable exploit. »

Il y avait une réelle émotion dans ma voix lorsque j’avais dit ces mots. Il avait fallu beaucoup de temps et d’efforts pour en arriver là. Nous avions passé plus d’un an sur le Continent Démon, et quatre bons mois dans la Grande Forêt. Nous avions enfin atteint la région du monde où résidait l’humanité. La partie la plus dangereuse de notre voyage était maintenant derrière nous. À partir de là, les routes seront bien entretenues, et le terrain sera en grande partie beau et plat. Comparé à ce que nous avions vécu auparavant, ce devrait être du gâteau.

Bien sûr, en termes de distance, nous avions encore un très long voyage devant nous. La distance entre Asura et Millis représentait environ un quart de la circonférence de la planète. Même si les routes étaient belles, nous n’allions pas y arriver en une semaine. En fait, nous avions probablement encore une bonne année de voyage devant nous.

Compte tenu de cela, notre plus gros problème à long terme serait probablement de nature financière.

« Pour l’instant, je pense que nous devrions rester dans cette ville pendant un certain temps pour économiser un peu d’argent. »

« Pourquoi ? », demanda Éris en fronçant les sourcils.

C’était une question raisonnable. J’avais essayé de répondre aussi clairement que possible.

« Eh bien, nous avons bien traversé le Continent Démon et la Grande Forêt, mais les choses ont tendance à être beaucoup plus chères en territoire humain. »

J’avais repensé à l’étude de marché que j’avais réalisée en venant ici. Je n’avais jamais eu l’occasion de faire des recherches à Port Zant, mais je m’étais quand même souvenu de ce qui se passait dans les différentes parties du Continent Démon et dans la petite ville où nous nous étions arrêtés après les montagnes de la Wyverne Bleue. Presque tout était plus cher à Millis et dans le royaume d’Asura. Le tarif de nuit de cette auberge aurait été complètement ahurissant par rapport aux standards du Continent Démon.

L’humanité était évidemment une bande de rapaces. Nous nous souciions beaucoup plus de l’argent que toutes les autres races.

« La valeur de la monnaie Millis est très élevée. Et à ma connaissance seules les pièces d’Asura ont plus de valeur. Cela signifie que tout est cher ici, mais cela signifie aussi que les emplois à la Guilde locale seront très bien payés. Au lieu de nous arrêter une semaine dans chaque ville comme nous l’avions fait sur le Continent Démon, je pense qu’il est plus efficace pour nous de rester ici pendant environ un mois et d’économiser beaucoup d’argent d’un seul coup. »

Une fois que nous aurons une belle pile de pièces Millis de valeur dans nos poches, le reste du voyage se déroulerait beaucoup plus facilement. Elles nous aideraient beaucoup à traverser les régions sud du continent central.

« D’abord, on ne sait pas combien ils vont faire payer un Superd pour son passage sur le bateau vers le continent central », avais-je dit.

Éris fit une grimace au mot « bateau ». Notre précédent voyage en mer avait été un misérable souvenir pour elle. Je me sentais bien sûr très différent. Mes souvenirs de l’avoir réconfortée alors qu’elle avait le mal de mer avaient continué à être une source de grand plaisir.

« Tout bien considéré, je pense que nous devrions nous concentrer sur le fait de gagner de l’argent à Millishion pendant un certain temps, puis aller directement au Royaume d’Asura. Nous ne pourrons peut-être pas faire grand-chose pour améliorer la réputation des Superds pendant un certain temps, mais… ça te va, Ruijerd ? »

« Bien sûr », répondit Ruijerd, en hochant légèrement la tête.

Je ne m’attendais pas vraiment à ce qu’il fasse une objection. À ce moment-là, je l’aidais parce que je le voulais.

Personnellement, j’aurais été heureux de m’installer ici pendant un certain temps et de faire un réel effort pour changer l’opinion du public sur son peuple. Six mois ou un an de travail assidu dans une grande ville comme celle-ci pourrait avoir un impact considérable.

Cela dit, nous avions déjà passé un an et demi à nous rendre jusqu’ici. Je ne voulais pas faire durer ce voyage marathon encore plus longtemps que nécessaire. Je voulais dire, j’avais « disparu » depuis dix-huit mois maintenant, non ? Paul et Zenith étaient probablement très inquiets.

Je me demandais ce qu’ils faisaient en ce moment… Oh, oups. Je n’ai jamais eu le temps de leur envoyer une lettre.

J’en avais toujours eu l’intention, mais les événements conspiraient constamment pour me distraire. Ça avait dû m’échapper une demi-douzaine de fois maintenant. Eh bien, je peux bien le faire maintenant…

« Très bien. Faisons de demain un jour de repos, d’accord ? »

Ce n’était pas un concept nouveau pour nous. J’avais déjà annoncé plusieurs fois des « jours de repos ». Au début, c’était par souci pour Éris, mais à un moment donné, j’avais commencé à les appeler principalement pour mon propre bien. La jeune fille ne montrait aucun signe de fatigue, et Ruijerd était l’homme le plus coriace que je connaisse. J’étais sans aucun doute la mauviette de cette bande.

Bien sûr, j’étais beaucoup plus fort que je ne l’avais jamais été dans ma vie précédente, mais je ne pouvais pas tenir la chandelle à ces deux-là. J’étais quand même au moins au niveau d’un aventurier typique. L’épuisement physique n’était généralement pas un problème.

Par contre, l’épuisement mental? C’était une autre histoire. D’une part, j’avais encore des complexes à tuer des êtres vivants. Plus on abattait des monstres, plus le stress s’accumulait en moi.

Mais je n’appelais pas ce jour-là « jour de repos » à cause de la fatigue. Je voulais juste m’assurer que je n’oublierais pas d’écrire cette lettre. Si nous passions la journée de demain à rassembler des informations, à vérifier la liste des quêtes de la Guilde et à nous occuper de toutes les autres choses de notre liste à faire, cela allait encore me sortir de l’esprit. Cette fois-ci, j’allais prendre une journée pour m’occuper enfin de tout ça.

« Tu te sens encore mal, Rudeus ? »

« Non, celui-ci est un peu différent. J’ai besoin de prendre du temps pour écrire une lettre. »

« Une lettre ? »

J’avais fait un signe de tête à Éris.

« On devrait faire savoir à tout le monde à la maison qu’on va bien, non ? »

« Hmm… c’est vrai. Je suppose que je vais te laisser faire. »

« Oui, je m’en occupe. »

Demain, j’allais enfin y arriver. Je prendrais mon temps, je repenserais à l’époque où j’étais au village de Buena et j’écrirais à Paul et à Sylphie.

Lorsqu’il m’avait envoyé pour servir de tuteur à Éris, Paul m’avait averti de ne pas lui envoyer de lettres… mais dans ces circonstances, cela ne le dérangerait sûrement pas.

Les chances qu’une lettre leur parvienne n’étaient pas si bonnes, bien sûr. Lorsque Roxy et moi correspondions entre Asura et Shirone, nous avions l’impression qu’une lettre sur sept passait, et nous devions donc toujours envoyer plusieurs copies du même message. Il faudrait que je fasse de même cette fois-ci aussi.

« Au fait, qu’est-ce que vous allez faire tous les deux ? », avais-je demandé.

Éris avait répondu rapidement et énergiquement.

« Je vais aller tuer des gobelins ! »

« Des gobelins ? »

Attendez, attendez. Des gobelins ? Est-ce les gobelins que je connais ? Comme… des types jaune-vert, qui mesurait la moitié d’un homme normal, avec des massues grossières ? Ceux qui figurent toujours en bonne place dans les jeux pornos ayant des thèmes fantaisie ?

« Oui. J’ai vu quelqu’un près de moi qui a dit qu’il y en a beaucoup qui surgissent par ici. C’est exactement le genre de choses auxquelles les aventuriers devraient faire face, non ? »

Éris répondit avec joie.

Pour être parfaitement honnête, j’avais entendu parler d’eux pendant notre voyage. Dans ce monde, les gobelins étaient essentiellement considérés comme une sorte de vermine. Ils se reproduisaient rapidement et causaient toutes sortes de problèmes aux gens. Ils étaient assez intelligents pour communiquer verbalement, on pourrait donc techniquement les classer dans la catégorie des démons, mais la grande majorité d’entre eux vivaient comme des animaux sauvages. Donc, quand leur nombre commençait à échapper à tout contrôle, ils étaient généralement exterminés.

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